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C’est une déclaration d’amour aux oiseaux. Le vétérinaire et directeur régional de l’Office français de la biodiversité en Centre-Val de Loire publie une "éloge" de ces animaux. Une étude révèle le déclin des oiseaux, la population a décliné de 25% en Europe en 40 ans.

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Transcription
00:00 Parce que ce matin on va faire chanter les oiseaux avec un passionné qui n'imagine
00:04 pas son quotidien sans croiser Rouge-Gorge, Mésange, Lorient, Rossignol, Bergeronette
00:11 et autres hupes.
00:12 Bonjour Jean-Noël Riffel.
00:14 Bonjour Eric Delvaux.
00:15 Vous êtes directeur de l'Office français de la biodiversité dans le centre Val-de-Loire
00:20 vétérinaire.
00:21 Vous avez publié ce livre intitulé « Éloge des oiseaux de passage » journal d'un ornithologue
00:26 un peu perché paru aux éditions Équateur.
00:29 Vous entendez derrière ? J'entends le merle noir chanter.
00:32 Vous dégainez en peu de temps.
00:34 Parce que vous écrivez qu'on confond souvent en France les martinets avec les hirondelles,
00:41 les corbeaux avec les corneilles.
00:42 Comment expliquer notre méconnaissance des oiseaux ?
00:46 Alors effectivement je pense qu'on est encore trop indifférent à ce que nous apportent
00:51 les oiseaux, à la beauté qu'ils nous procurent au quotidien, que ce soit par leur chant qui
00:55 peut être un baume sonore comme le merle qu'on vient d'entendre, par la beauté de leur plumage,
00:59 par la diversité de leur comportement, les paradenuptiales, etc.
01:02 Et je pense qu'il faut qu'on réapprenne à pénétrer leur intimité et leurs secrets.
01:06 Et je pense que ce qui nous manque de plus en plus dans cette époque d'une modernité
01:11 parfois un peu effrénée, parfois un peu épileptique, c'est de se reconnecter avec
01:15 le vivant, de revivre l'expérience de la nature.
01:17 Et ça c'est à portée de tous.
01:19 Quand on habite en ville, ce matin j'ai passé quelques minutes dans le petit square en bas
01:23 de votre studio où j'ai entendu le pinson, j'ai entendu une griffe musicienne.
01:26 Ils sont là.
01:27 Vous ne les avez pas vus ? Vous les avez entendus ?
01:28 Je ne les ai pas vus, je les ai entendues.
01:30 Mais sur la méconnaissance, notre méconnaissance, ça pourrait être comblé si on apprenait
01:34 ça à l'école très tôt ?
01:35 Oui, moi c'est été, je pense que l'enfance est décisive.
01:38 Moi c'est rentré en moi par trois choses.
01:43 Dès lecture, en feuilletant les ouvrages de la H.U.N.
01:47 Esselet, de Paul Géraudet, célèbre ornithologue littéraire, ou de Jacques Delamain, en lisant
01:51 le formidable voyage de Nils Holgersson qui partait à la poursuite des oies.
01:54 Ça c'est quelque chose qui a hanté mon imaginaire.
01:56 Je me dis un jour, mais quel bonheur de pouvoir suivre des oies sauvages.
01:59 Ce qui est entré en moi, c'est aussi ces rencontres avec des naturalistes et des personnes
02:04 qui m'ont appris à poser le regard sur les oiseaux.
02:06 Donc ça peut se faire à l'école par des professeurs qui vous l'apprennent, en vous
02:09 emmenant notamment en classe de montagne, au bord de mer, etc.
02:12 Mais aussi à la faveur de rencontres avec des naturalistes qui vous apprennent à poser
02:16 votre regard sur les oiseaux.
02:17 Alors pour apprécier la compagnie des oiseaux, il faut être, écrivez-vous, et vous reprenez
02:22 les mots d'un grand poète, il faut être perpétuellement en état de poésie.
02:27 Ça veut dire quoi ? Expliquez-nous.
02:29 Oui, ça c'est les mots de Novalis.
02:31 Je cite plusieurs poètes, effectivement.
02:33 Je pense que l'observation des oiseaux est un état de poésie.
02:39 Elle fait appel à, si vous voulez, une disponibilité des sens, à la fois des yeux de Louis.
02:46 Donc c'est une expérience multisensorielle.
02:49 Elle fait aussi appel à des qualités qui sont propres aux poètes.
02:52 Le silence, la solitude, le temps qu'il faut savoir éprouver.
02:56 Qu'on ne sait plus éprouver aujourd'hui.
02:59 Qu'on ne sait plus assez éprouver.
03:01 Et ça, ça procure un émerveillement, une contemplation et parfois une sidération qui
03:07 est propice à certains poèmes, notamment.
03:10 Mais en fait, vous revendiquez un certain art de vivre, si on vous entend bien ce matin.
03:15 Vous faites une sorte d'éloge du calme, j'ai envie de dire, et de la lenteur même.
03:19 Absolument.
03:20 Je revendique cela.
03:22 Le quiet dans votre livre.
03:24 Pardon ? Le quiet dans votre livre.
03:26 Le quiet, tout à fait, le calme.
03:27 Moi, les oiseaux m'ont appris l'approfondissement de la patience, l'éloge de l'attente, le
03:33 sens de la quête.
03:34 Cette capacité à s'immerger dans un paysage, à devenir en quelque sorte un homme ou une
03:38 femme oiseau.
03:39 Carrément.
03:40 Carrément, voilà.
03:41 Et ça, il faut être discret, il faut avoir l'essence en éveil, je vous le disais.
03:46 Il faut aussi être capable de laisser un peu le tintamarre et le vacarme du monde.
03:53 Mais pas si simple d'observer les oiseaux, d'autant qu'ils ont, vous le dites dans votre
03:57 livre, une farouche habitude à se dérober à nos regards.
04:01 Ils ne veulent pas nous livrer leurs secrets, leurs comportements ?
04:04 Alors, ils ne nous les livrent pas en première intention.
04:07 Il faut de la patience, il faut de la persévérance, de la punacité.
04:10 Encore une fois, c'est une quête.
04:12 Il y a certains oiseaux qui se livrent assez facilement et d'autres pour lesquels, je
04:15 le cite dans le livre, je parle du tétralire, il m'a fallu des heures et des heures pour
04:19 réussir à voir cet oiseau.
04:21 Parfois, on peut rester des heures devant un buisson en espérant apercevoir l'éclat
04:25 d'une aile et rien ne se passe.
04:26 Mais on est en communion avec la nature et au-delà de ça, c'est ça le plus important.
04:30 On ne sait pas regarder les oiseaux, on ne sait pas non plus les écouter.
04:34 Pour vous, c'est compliqué, mais pour vous, c'est simple.
04:45 C'est la hupe faciée, vous voyez qu'elle est moins inspirée que le maire.
04:47 La hupe faciée, c'est un oiseau magnifique qui est zébré comme un zèbre sur son plumage,
04:55 sur ses ailes.
04:56 C'est pas celle qu'on appelle la hupe persane ?
04:57 Alors, effectivement, il y a un poème persan qui s'appelle « La conférence des oiseaux »
05:02 où la hupe emmène ses congénères vers le dieu Simorgh et en fait, elle les emmène
05:06 aussi en quête d'eux-mêmes.
05:07 C'est un oiseau mythique, légendaire, mais très très beau avec une coiffe d'un roux
05:11 férugineux absolument superbe, pas très inspiré au niveau du chant par rapport au
05:14 maire.
05:15 Vous voyez que c'est très répétitif.
05:16 Oupoupoupoupoupoupoupoup.
05:17 Qu'avons-nous perdu à ne plus savoir écouter les bruits de la nature, les chants des oiseaux
05:22 en particulier ?
05:23 Je pense qu'on perd une part de la beauté de la poésie du monde, encore une fois.
05:27 On perd cette expérience de la nature, cette connexion au vivant avec un peu les oiseaux
05:33 quand je pense par exemple aux oiseaux migrateurs.
05:35 Ils accomplissent tous les ans ces cycles-là sur des distances parfois considérables.
05:38 C'est quelques grammes qui font des kilomètres incroyables.
05:41 Tout ça, on devrait être admiratif par rapport à ça et être plus attentif à tout ça.
05:47 Et puis ces oiseaux, ils ont des choses à nous dire, ils ont des augures.
05:51 Mais qu'est-ce qu'ils ont à nous dire précisément ?
05:54 Je pense qu'ils nous parlent de l'état du monde.
05:56 Je pense qu'ils nous parlent… Les oiseaux sont des bio-indicateurs de la qualité des
05:59 écosystèmes, de nos écosystèmes quels qu'ils soient.
06:01 Donc des oiseaux qui disparaissent, c'est de la beauté du monde qui s'efface et ça
06:05 nous questionne aussi sur les raisons pour lesquelles ils disparaissent.
06:08 Alors ça, on va évidemment y revenir, surtout avec l'actualité de cette semaine.
06:11 Mais juste un dernier mot, vous en parlez donc avec beaucoup de poésie ce matin.
06:15 C'est très beau de vous entendre.
06:16 Votre livre aussi est délicieux à lire.
06:19 Vous écrivez à un moment donné par exemple « Leur vie est une fuite permanente ». Tellement
06:22 c'est difficile effectivement de les voir.
06:24 En même temps, dans toute cette poésie, on se dit qu'il faut une discipline de faire
06:28 pour les connaître et puis pour les reconnaître, pour les voir, pour les observer.
06:31 Oui, il faut de la persévérance, ça se travaille.
06:34 Mais il n'y a pas besoin de voyager à l'autre bout du monde encore une fois ou de s'entourer
06:39 des plus grands scientifiques pour appréhender les oiseaux.
06:42 C'est à la portée de chacun, c'est gratuit, de 7 à 77 ans.
06:45 Les oiseaux, quand vous marchez, ils traversent votre regard, à un moment donné ils traversent
06:50 le ciel, vous les apercevez.
06:51 Je pense qu'il faut savoir capter ces moments-là.
06:53 Et puis après, on peut adhérer à des associations de protection de la nature, s'entourer de
06:56 personnes qui vous apprendront à mieux pénétrer dans ce cas.
06:59 Dites-nous ce matin, vous êtes là à France Inter, dites-nous comment fait-on pour observer
07:03 les oiseaux ? D'abord où, quand et avec une paire de jumelles à la main ?
07:07 Alors où ? Partout, même en ville.
07:09 Quand ? De moment superbe.
07:11 Le printemps en ce moment, vous voyez, il chante le chorus matinale des oiseaux, c'est
07:14 lui qui nous réveille.
07:15 J'imagine que c'est lui qui réveille aussi la matinale ce matin, avec le merle que vous
07:18 m'avez fait écouter.
07:19 Mais si je veux voir la rousserelle effarvate, j'ai trouvé ce mot magnifique.
07:23 Il faut que je me pointe où pour espérer l'avoir ? Et comment je fais ?
07:26 Alors déjà, je vous conseille d'écouter Olivier Méchant et ce qu'il a fait sur la
07:30 rousserelle effarvate qui retranscrit bien cette ambiance des roselières, parce que
07:35 c'est un oiseau des roselières.
07:36 Donc il faut aller au bord d'un étang où il y a des roseaux.
07:39 Et peut-être, vous l'entendrez, ça c'est certain, parce qu'elle a un chant assez caractéristique.
07:43 Donc je vous conseille d'aller sur une application pour entendre ce chant.
07:46 Voilà, si vous y habituez.
07:48 Et si vous avez un peu de chance, vous la percevrez peut-être au bout d'une tige de roseau.
07:52 Alors dans ce paradis, il y a l'autre face que vous décrivez aussi, ce déclin de la
07:57 biodiversité Jean-Noël Riffel.
08:00 Ça vous a sauté aux yeux, et plutôt aux oreilles, quand vous avez regardé les films
08:03 de sauté dans les années 70-80.
08:05 C'est-à-dire ?
08:06 En fait, les films, moi j'aime beaucoup Claude Sauté, mais pas que.
08:10 Les films des années 70, vous entendez la bande-son pour certains d'entre eux, où
08:15 vous avez des acteurs qui sont dans des paysages agricoles notamment, où vous entendez des
08:19 chants d'oiseaux, notamment le bruit en jaune, etc.
08:21 Et en fait, ces ambiances sonores sont des marqueurs de la biodiversité d'une époque.
08:25 Et aujourd'hui, il y a la bioacoustique, il y a par exemple Fernand de Roussenne qui
08:29 depuis des années est un archiviste des ambiances sonores, des paysages sonores, et qui nous
08:33 en disent long sur l'évolution de la densité des oiseaux et de la diversité des oiseaux
08:40 dans les milieux naturels, quels qu'ils soient forestiers, agricoles.
08:43 Et en 40 ans, le nombre d'oiseaux des champs a diminué de 60% en Europe.
08:50 Qui s'en préoccupe au final ?
08:51 Alors, on doit tous s'en préoccuper, parce que notre sort, le sort de l'humanité,
08:56 est intimement lié au sort des oiseaux, comme il est lié au sort des insectes.
08:59 Donc, il faut s'en préoccuper.
09:01 Il y a de nombreuses études qui sont venues étayer ce constat-là.
09:05 Il n'est pas totalement noir, je dirais qu'il est outre-noir, si je peux reprendre
09:09 les mots de Pierre Soulages.
09:10 On va remettre les choses quand même dans le contexte, parce que là, on fait référence
09:13 à cette étude qui a été publiée cette semaine, qui a fait pas mal de bruit, qui
09:18 révèle pour la première fois que l'agriculture intensive est la première des causes de déclin
09:25 des oiseaux.
09:26 Les pesticides tuent les insectes, les insectes sont nécessaires à la survie alimentaire
09:30 des oiseaux.
09:31 Et donc, on découvre que 25% des oiseaux en Europe, c'est-à-dire un quart des oiseaux,
09:37 sont morts en seulement 40 ans.
09:39 Ce qui est quand même absolument énorme.
09:40 Et comment vous avez réagi à ces chiffres ? Est-ce que vous les connaissiez ?
09:43 Alors, ces chiffres sont éloquents, ils sont vertigineux.
09:46 Je suis tout à fait d'accord avec vous.
09:47 Les oiseaux laissent beaucoup de plumes.
09:49 On voit qu'il y a une vitesse et une puissance de leur effondrement qui est sans précédent,
09:53 très clairement.
09:54 Après, ce n'était pas un scoop.
09:55 C'est une étude qui est grande, inédite.
09:57 C'est 20 000 sites, 40 ans de données, 28 pays, 170 espèces.
10:01 Donc voilà, c'est vraiment d'une vastitude.
10:03 Avant, on considérait que le réchauffement climatique jouait un rôle plus important
10:06 que les pesticides.
10:07 C'est multifactoriel.
10:08 Dans cette étude, les oiseaux sont soumis à un cocktail de pression.
10:10 Le modèle agricole intensif, vous l'avez dit, ce n'est pas que les produits phytosanitaires,
10:15 c'est aussi la monoculture, etc.
10:17 La perte des haies, des bosquets, c'est l'urbanisation galopante, c'est le changement climatique,
10:21 vous l'avez dit, la destruction des habitats, le trafic aussi d'espèces.
10:24 Donc il y a plusieurs causes.
10:25 Il y a même plus.
10:26 Il y a les éoliennes, l'urbanisation, l'éclairage nocturne, le changement climatique évidemment.
10:29 La chasse et même la prédation par les chats ?
10:32 Aussi, voilà.
10:33 Mais les chats n'ont pas un rôle majeur.
10:35 Je pense qu'ils ont bon dos.
10:36 On parle de la première cause.
10:39 La première cause, c'est l'agriculture intensive.
10:41 Oui, les engrais de synthèse.
10:43 Je pense que ce n'est pas nouveau.
10:44 On le savait déjà parce qu'il y a déjà eu des études, notamment en France, menées
10:46 par le Muséum d'Histoire Naturelle avec le suivi temporel des oiseaux communs, qui
10:49 montrent que les premiers perdants sont les oiseaux des milieux agricoles.
10:52 Dans cette histoire, si vous voulez, il y a des gagnants et des perdants et des grands
10:55 perdants.
10:56 On a quand même le sentiment qu'on a minimisé pendant très longtemps l'impact de ces
11:00 pesticides sur la biodiversité.
11:02 Je pense que peut-être qu'on n'a pas été assez loin et assez fort et qu'il est
11:08 urgent de changer de paradigme, d'aller plus loin, plus fort.
11:10 Il y a un certain nombre de politiques publiques, malgré tout, qui ont été portées pour réduire
11:14 les produits phytosanitaires, éco-phyto.
11:15 Là, il y a un plan éco-phyto 2030.
11:17 On connaît, il y a suffisamment d'études scientifiques, je crois qu'il y en a 1200,
11:21 qui relatent, vous l'avez dit, l'impact des produits phytosanitaires sur les oiseaux.
11:24 Il y a deux types.
11:25 Effet direct, c'est-à-dire que ça abîme la santé des oiseaux, ça joue sur les hormones
11:31 thyroïdiennes qui jouent sur le vol et le comportement des oiseaux, ça joue sur la
11:35 fragilisation des coquilles et donc ça a un impact sur la reproduction des espèces
11:40 d'oiseaux.
11:41 Et puis, c'est un impact indirect en réduisant la biomasse, c'est-à-dire cette quantité
11:44 d'insectes qui est nécessaire à cette communauté d'oiseaux insectivores notamment,
11:48 et notamment aux oiseaux des milieux agricoles, comme la louette des champs, comme le bruyant
11:52 proié notamment.
11:53 C'est un peu surprenant de vous entendre ce matin parce que, je le rappelle, vous
11:56 êtes le directeur d'un office français de la biodiversité dans la région Centre-Val-de-Loire
12:01 et vous nous dites finalement "bon voilà, les pesticides, il y en a et on fait avec".
12:04 Alors, ce n'est pas ce que je vous dis.
12:05 Je vous dis qu'il est important, et c'est le rôle d'ailleurs de l'OFB, c'est d'impulser
12:10 des changements transformateurs, de sortir du tout-chimie, de développer des solutions
12:14 alternatives etc.
12:15 Et nous, par exemple, pour être très concret, à l'OFB, on impulse l'agroécologie, on
12:20 impulse l'agroécologie au quotidien.
12:21 Donc on travaille avec les agriculteurs pour promouvoir ce modèle d'agroécologie, c'est
12:26 quand même un modèle qui réenchante le vivant dans les parcelles et les pâtures.
12:29 Donc par exemple, en Beauce, moi j'habite à Orléans, au nord d'Orléans il y a la
12:33 Beauce qui est plutôt un modèle monoculture tourné vers le blé, assez productiviste.
12:38 Et bien on arrive là-bas à aménager des bordures de champs avec une flore diversifiée
12:44 sur ces bordures de champs qui fait revenir des insectes auxiliaires aux cultures, donc
12:47 bénéfiques pour les cultures, la coccinelle, le carabe etc.
12:50 Et ça fait revenir aussi les oiseaux.
12:51 Mais là, très concrètement sur cette étude dont on est en train de parler, vous allez
12:56 agir l'OFB et vous allez demander à ce que cette liste de pesticides utilisés dans l'agriculture
13:01 intensive soit un peu revue et un peu corrigée ?
13:03 Il y a déjà un certain nombre de...
13:04 Vous avez la capacité de faire ça ?
13:05 Nous on est surgis d'appliquer la réglementation et de la porter et d'en faire la pédagogie.
13:10 Parce que les normes, elles sont très importantes.
13:12 Il y a des choses qui vont dans le bon sens.
13:14 Il y a suffisamment de normes environnementales.
13:16 Après il faut qu'elles soient comprises, appropriées et appliquées.
13:18 Et ce temps-là, il est très très long.
13:21 Parfois il peut être un peu long.
13:22 Et notre rôle à l'OFB, c'est de faire en sorte aussi que les choses s'accélèrent.
13:26 Alors Jean-Noël Riffel, vous venez de le dire, je reprends vos mots, l'Office français
13:32 de la biodiversité, votre employeur est chargé de limiter le tout chimie.
13:36 Aujourd'hui, c'est justement la journée mondiale des abeilles.
13:39 Est-ce que vous confirmez ce matin que votre employeur a bien envoyé une note très surprenante
13:43 à ses inspecteurs pour ne pas infliger d'amende aux arboriculteurs qui abuseraient de pesticides
13:49 pendant la floraison ? En clair, vous a-t-on effectivement demandé de fermer les yeux
13:54 sur les épandages illégaux ?
13:55 Non, je pense qu'il y a un malentendu.
13:57 Voilà.
13:58 Information du Monde.
13:59 J'ai lu comme vous l'article du Monde.
14:02 Je pense que l'idée c'était de dire, on réalise des missions de police de l'environnement.
14:07 On agit en judiciaire sur le contrôle des produits phytosanitaires.
14:10 Avant de réprimer, il faut informer et prévenir.
14:14 On a une nouvelle réglementation qui s'applique.
14:15 Encore une fois, il faut qu'elle soit comprise pour être appliquée.
14:17 Donc le sens du message, c'était celui-ci.
14:20 C'est-à-dire police préventive avant police répressive.
14:23 Et encore une fois, on fait ça sous l'autorité des parquets.
14:25 Donc nous, on est simplement là pour relever, constater les infractions.
14:28 Et d'ailleurs, c'est quand même les parquets, les procureurs de la République qui suivent
14:30 ou pas.
14:31 Parce que la directive qui dit "les arboriculteurs, en période de floraison, vos temps de dépandage
14:39 sont limités parce qu'il faut protéger les abeilles", cette directive-là, elle date
14:43 de quand ?
14:44 En fait, ça, c'est un nouvel arrêté ministériel du 20 novembre 2021 qui s'applique depuis
14:48 le 1er janvier 2022.
14:49 En fait, qui est en interdiction...
14:50 Voilà, et donc en un an et demi, il faut continuer à faire de la pédagogie ?
14:52 Parce que c'est ça que vous êtes en train de nous dire ?
14:53 Il y a le temps de l'application.
14:54 Non, non.
14:55 Ce que je peux vous répondre, c'est qu'il y a des contrôles des arboriculteurs qui
14:58 sont menés par l'OFB, que ça se fait sous l'autorité des parquets, mais qu'il y a un
15:01 travail d'information, etc.
15:03 Parce que c'est une réglementation qui est complexe avec des dérogations pour certaines
15:06 cultures aussi par rapport à certains modes d'application des produits phytosanitaires.
15:11 Donc voilà, pour vous répondre, on ne fait pas rien, ça c'est faux, c'est un faux débat.
15:15 Et vous ne baissez pas les yeux ?
15:16 Et on ne baisse pas les yeux du tout.
15:17 Je peux vous assurer qu'en région centre-Val-de-Loire, il y a des contrôles qui seront menés sous
15:19 l'autorité des parquets.
15:20 Des contrôles et des sanctions donc ?
15:21 Et il y aura des sanctionnaires.
15:22 Après, on est quand même sur du délit.
15:23 Vous n'avez encore jamais sanctionné personne ?
15:25 Il y a déjà eu des sanctions à l'OFB sur les produits phytosanitaires.
15:29 Donc ça existe, c'est déjà le cas.
15:31 Mais c'est quand même sur du délit.
15:32 Donc il faut savoir qu'on est sur des peines de prison et une forte amende, 150 000 euros
15:35 d'amende.
15:36 Et donc, contrairement à ce qu'affirme le monde, on ne vous a pas demandé de fermer
15:39 les yeux sur les appendages illégaux.
15:40 Non.
15:41 Un mot sur la sécheresse.
15:42 Là aussi, cette saison, êtes-vous en mesure, vous aussi, là encore, de contrôler à l'Office
15:47 français de la biodiversité, de contrôler dans de bonnes conditions tous les abus d'utilisation
15:52 durant les périodes de sécheresse pour faire appliquer les directives, pour économiser
15:56 l'eau.
15:57 Êtes-vous là aussi opérationnel ?
15:58 On est opérationnel.
15:59 Effectivement, on a anticipé, parce qu'on a vécu une crise sécheresse majeure, d'ailleurs
16:02 qui a impacté fortement les milieux aquatiques, mais aussi terrestres.
16:05 On a des oiseaux qui ont souffert, pour revenir aux oiseaux des Martinet, notamment les hirondelles
16:09 ont souffert de cet excès de chaleur.
16:11 Parce que c'est des oiseaux qui nichent sous les toits et qui sont victimes d'un renforcement
16:17 fort de la chaleur et qui peut parfois tuer les jeunes oiseaux.
16:20 Donc oui, on est en ordre de marche là-dessus pour agir.
16:22 L'eau, c'est un bien commun important.
16:24 Il faut que l'usage de l'eau soit beaucoup plus raisonné et il faut responsabiliser
16:31 les utilisateurs de l'eau, quelles qu'ils soient, collectivités territoriales, nous,
16:35 chacun d'entre nous, agriculteurs, etc.
16:36 Et c'est notre rôle aussi d'accompagner, de faire respecter les arrêtés de restrictions
16:39 d'usage de l'eau.
16:40 Jean-Noël Riffel, est-ce que votre essai, qui encore une fois est très beau à lire,
16:45 qui se veut très poétique, est finalement quand même à la hauteur de toutes ces menaces,
16:50 de tous ces enjeux dont on est en train de parler ? Ou est-ce que c'est trop doux ?
16:53 Si la poésie est douce, parfois la poésie peut percuter aussi les âmes.
16:59 Il y a des grands textes de poètes, qu'une fois que vous les avez lus, vous ne les oubliez
17:04 jamais.
17:05 Peut-être que ça peut être des déclics aussi pour…
17:07 L'émerveillement est un premier pas vers le respect.
17:09 Et pour lutter contre l'indifférence encore au sort des oiseaux.
17:13 Je voudrais juste, si vous me permettez, dire ces mots de Robert Merle.
17:16 Je pense qu'il résume assez bien le ton de mon livre et ce dont on vient d'évoquer
17:19 ensemble.
17:20 L'émerveillement s'use.
17:21 Mais il faut se rappeler.
17:22 Il faut se rappeler le bonheur qu'on a d'avoir tout ça quotidiennement devant les yeux.
17:27 La terre, le ciel, les nuages, les oiseaux.
17:29 Et c'est si fragile maintenant.
17:31 C'est si fragile.
17:32 On va se faire un petit plaisir avant de nous quitter.
17:35 Est-ce que vous reconnaissez ?
17:39 Alors je vous vois acquiescer.
17:44 C'est une alouette.
17:46 Je ne suis pas certain d'alouette.
17:49 Bécasse on me dit plutôt.
17:51 Bécasse.
17:52 C'est sûr.
17:53 Sur nous, non.
17:54 C'est écrit sur ma feuille.
17:55 C'est écrit sur ma feuille.
17:56 Que comme étant un son de Bécasse.
18:00 Merci beaucoup Jean-Noël Riffel d'être venu présenter votre livre ce matin.
18:04 « Éloge des oiseaux de passage ». Oiseaux de passage, ce ne sont pas simplement les
18:08 oiseaux migrateurs.
18:09 Oiseaux de passage.
18:10 Non, effectivement.
18:11 C'est tous ces oiseaux qui traversent notre quotidien.
18:12 Ils viennent saisir nos regards et nous ravissent.
18:14 Journal d'un ornithologue un peu perché.
18:17 Eh bien merci.
18:18 Ça nous a fait du bien de vous entendre ce matin.
18:19 Merci à vous les deux.
18:20 Merci infiniment.

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