• l’année dernière
18 juin 2013. Monique Sire n’arrive pas à joindre Amandine, sa fille de 30 ans. Ce silence ne lui ressemble pas. Elle décide alors dès le lendemain de se rendre à Roquecourbe, un petit village du Tarn, où se situe le discret pavillon que sa fille unique. Devant le domicile, Monique remarque que la porte d’entrée est grande ouverte. Dans le jardin, des ballerines et une boucle d’oreille sont retrouvées dans l’herbe. Et Amandine, quant à elle, s’est volatilisée. L’inquiétude monte. Seul indice pour les gendarmes en charge de l’enquête: la voisine indique avoir aperçu par sa fenêtre la jeune femme le jour de sa disparition. Elle serait arrivée accompagnée d’un homme en tenue de chantier conduisant un utilitaire blanc. Assistante d’éducation dans un lycée, la belle disparue est rentrée du travail ce jour-là en autostop. Qui est ce mystérieux suspect ? Amandine aurait-elle fait une mauvaise rencontre sur la route ? Les investigations s’éternisent au grand désespoir de la famille. Mais en avril 2016, coup de théâtre ! Une mère de famille de 60 ans, Irma Jehanno, se présente à la gendarmerie. Guerric, son fils de 28 ans, lui aurait confié avoir vu des choses étranges en rapport avec la disparition de la jeune Tarnaise. Troublant. d’autant que l’homme correspondrait parfaitement au profil dressé par la voisine. Alors, le jeune maçon est-il un coupable idéal ? Ou s’en serait-il pris à la jeune femme, qu’il connaît depuis l’enfance ? Et pourquoi ?

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Transcription
00:00 Cette maman au regard triste, c'est Monique Cyr.
00:06 Cela fait maintenant six ans qu'elle attend qu'on lui dise ce qui est arrivé à sa fille, Amandine Estrabourg.
00:13 Mystérieusement disparue en juin 2013, dans un petit village du Tarn.
00:20 - C'est tout le temps qu'on se pose la question, qu'on se dit mais où elle peut être?
00:25 - Je sens sa force, je sens qu'elle est là. Donc je lâcherai rien.
00:34 Ce drame tourmente également une autre maman, Irma Jeannot.
00:41 - Elle se sert tous les jours, elle ne peut pas se la lever la tête.
00:45 Sauf qu'Irma, elle, mène un tout autre combat.
00:49 Prouver l'innocence de son fils, Guéric Jeannot.
00:53 Accusé justement d'être le meurtrier d'Amandine.
00:57 - Mon fils est innocent, on a beau le clamer haut et fort, on ne nous entend pas.
01:03 Alors qu'hier encore, elles étaient amies, Monique et Irma sont devenues des ennemis irréconciliables.
01:11 Mais unies malgré elle, dans la même tourmente judiciaire.
01:17 - Il paiera son addition, il la paiera très cher.
01:20 J'en suis persuadée. Moi, j'ai foi en la justice.
01:24 Je comprends sa douleur.
01:25 Mais il faut le vrai coupable.
01:28 Voici l'affaire Amandine Estrabot.
01:32 L'histoire d'une jolie tarnesse dont la vie a volé en éclats à l'aube de ses 30 ans.
01:38 - J'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à mon amie.
01:41 - Il n'y a pas de corps, il n'y a pas d'ADN, il n'y a rien dans ce dossier.
01:47 - On est face au crime parfait.
01:50 - Très rapidement, toutes les pistes vont converger vers Guéric Jeannot.
01:53 - Il déclare l'avoir violée, frappée avec une clé à molette.
02:02 - Ils se sont acharnés sur lui pour lui faire avouer des choses qu'il n'avait pas envie d'avouer et qu'il n'a rien fait.
02:08 - C'est comme ça qu'on fabrique l'erreur judiciaire.
02:11 - Qu'on le dise où elle est, qu'on puisse faire ce qu'il faut pour elle, de l'avoir enfin près de nous.
02:16 *Musique*
02:25 Tout commence à 90 kilomètres de Toulouse, dans le petit village de Roquecourbe.
02:31 Nous sommes dans la soirée du 18 juin 2013.
02:35 Et alors que les habitants sont déjà endormis, une femme, elle, peine à trouver le sommeil.
02:42 Il s'agit de Monique Cyr, 54 ans.
02:50 Cela fait déjà quelques heures que sa fille, Amandine Estrabault, 30 ans, ne répond pas à ses appels.
02:56 Et cela ne lui ressemble pas.
02:59 - Voilà, je l'appelle et je l'appelle et puis bon, je tombe sur les répondeurs, je lui laisse un message.
03:08 Je leur appelle et puis rien.
03:14 - Monique et sa fille entretiennent une relation fusionnelle.
03:19 Elles sont très très proches l'une de l'autre.
03:21 - On s'appelait pratiquement tous les jours.
03:23 Donc je me suis couché mais vraiment pas, vraiment pas tranquille.
03:28 Je ne voulais pas m'endormir, j'étais vraiment perturbée.
03:31 La maman d'Amandine a un mauvais pressentiment.
03:34 Et les événements du lendemain vont lui donner raison.
03:39 Il est 8 heures du matin.
03:47 À peine réveillé, Monique Cyr se précipite sur son téléphone.
03:50 Mais là encore, aucun appel de sa fille.
03:53 Pas même un SMS.
03:56 - Et ça, ça l'inquiète parce que d'habitude, même si elle est occupée, elle rappelle.
04:01 Monique décide alors de contacter l'établissement où travaille Amandine.
04:07 Elle est assistante d'éducation dans ce lycée professionnel à Castres.
04:12 Et la jeune femme est connue pour sa ponctualité.
04:17 Peut-être est-elle déjà sur son lieu de travail.
04:19 C'est Sandrine, une collègue d'Amandine qui réceptionne l'appel.
04:24 Et elle n'a pas de très bonnes nouvelles à annoncer à Monique.
04:28 - Donc Monique nous appelle, nous demande si on a vu Amandine.
04:32 On lui dit que non, elle n'est toujours pas arrivée.
04:33 Chose très rare, puisque Amandine était très assidue.
04:37 Jamais de retard sur son lieu de travail.
04:40 Là, pour moi, ce n'était pas du tout normal.
04:47 Immédiatement, Monique saute dans sa voiture.
04:50 Tout juste un kilomètre la sépare du domicile de sa fille.
04:55 Car cette dernière habite le hameau de Corte Galine,
04:59 également située sur la commune de Roquecourbe.
05:02 Sur place, elle remarque tout de suite que quelque chose ne va pas.
05:14 - En arrivant devant la... Tournant le chemin, j'ai vu la porte grande ouverte.
05:18 Et l'angoisse de Monique va monter d'un cran,
05:24 car sur cette porte grande ouverte,
05:26 elle remarque immédiatement les clés de sa fille.
05:30 Et ce n'est pas tout.
05:36 Une fois à l'intérieur,
05:38 elle constate impuissante que la maison est déserte.
05:44 - Il n'y a rien dans la maison, il n'y a personne.
05:46 Elle appelle, personne ne répond.
05:48 - Je l'appelais, j'avais toutes les pièces, c'est introuvable.
05:52 Plus troublant encore, la mère de famille découvre avec stupeur
05:59 qu'Amandine est partie en laissant chez elle tous ses effets personnels.
06:03 - Il y a le sac qui est posé dans l'entrée.
06:08 Le téléphone portable également.
06:12 Donc là, c'est évident que pour Monique,
06:16 il s'est passé quelque chose de grave.
06:19 Au comble de l'inquiétude,
06:24 Monique Cyr décide alors d'alerter la gendarmerie de Rocquecourbe.
06:28 Quelques minutes plus tard, une patrouille arrive sur les lieux.
06:33 Alors qu'un premier gendarme prend la déposition de la mère de famille,
06:38 sous le choc,
06:40 l'autre officier décide de faire le tour des lieux.
06:43 Et c'est dans le jardin qu'il découvre justement des éléments
06:50 qui laissent présager le pire.
06:52 - Il m'a dit il a une paire de chaussures,
06:55 j'ai dit comment, il m'a dit des ballerines.
06:57 - Et ça, ça pose aussi un véritable problème.
07:04 Que font les ballerines d'Amandine à même le sol posé là?
07:09 - Parce que ces ballerines, elles les portaient la veille.
07:13 Plus inquiétant encore, le gendarme découvre également un bijou.
07:20 Une paire de boucles d'oreilles qui semblent avoir été piétinées.
07:24 - Elles sont toutes tordues, toutes abîmées.
07:27 Les deux.
07:29 A proximité des boucles d'oreilles piétinées et des ballerines,
07:35 les herbes hautes sont couchées comme écrasées.
07:40 Tout laisse alors penser que la jeune femme aurait été victime
07:43 d'une attaque violente dans son jardin.
07:45 - Ça ressemble à une lutte, une bagarre.
07:49 - Cette zone de lutte, je veux parler de l'herbe foulée
07:53 et de ces ballerines et de ce boucle d'oreilles,
07:55 démontre qu'il y a eu une agression.
07:56 - Ça sent tellement irréel, tellement irréel.
08:01 Une enquête pour disparition inquiétante est alors confiée
08:08 à la section de recherche de Toulouse.
08:10 La disparition d'Amandine Estrabot cache-t-elle vraiment une agression?
08:19 Qui pourrait bien en vouloir à cette jolie tarnaise?
08:24 Qui, vous allez le voir, était appréciée de tous.
08:27 Et surtout, s'est-il vraiment passé un drame dans ce petit pavillon de Roquecourbe?
08:34 Amandine Estrabot est ce que l'on appelle une enfant du cru.
08:43 Élevée à Roquecourbe, sa famille est installée dans ce petit village du Tarn
08:49 depuis déjà plusieurs générations.
08:51 Elle grandit dans la nature et développe très vite une passion
08:57 pour les sports de plein air.
09:00 Casse-cou et pleine d'énergie, elle devient une jeune adulte bien dans sa peau
09:05 qui ne passe pas inaperçue.
09:07 - En fait, Amandine, c'était une croqueuse de vie.
09:13 Elle voulait profiter de la vie.
09:14 Une fille très pêchue, très dynamique, toujours la banane.
09:20 - Toujours le soin dans les yeux et sur les lèvres.
09:27 - Elle rigolait souvent et elle avait un beau sourire en plus.
09:31 - Ouais, elle était jolie tout le temps.
09:33 Un joli brin de fille qui est aussi une femme amoureuse.
09:38 En 2010, elle fait la connaissance d'un professeur de 15 ans, son aîné.
09:44 - Elle avait beaucoup d'espoir dans cette relation parce que c'est vrai
09:47 que l'homme était intéressant, cultivé, lui avait appris à voyager.
09:51 Turquie, Portugal.
09:56 Grâce à son petit ami, Amandine découvre le monde pour la première fois de sa vie.
10:02 Et c'est aussi grâce à son amoureux qu'elle se découvre des talents cachés,
10:09 tels que le chant.
10:10 - Il l'accompagnait musicalement et elle, elle chantait.
10:15 C'est au travers de cette personne qu'elle a découvert ses talents de chanteuse.
10:23 Cette voix que vous entendez, c'est celle d'Amandine lors d'un enregistrement
10:28 qu'elle a justement réalisé avec son compagnon.
10:50 - La première fois que j'ai entendu chanter, j'ai dit mais c'est ta voix,
10:54 mais je ne reconnaissais pas sa voix.
10:55 - On voyait que ça la rendait heureuse.
10:58 Ça se voyait sur elle.
11:00 - Mais le chant, c'est vrai que ça lui a amené,
11:03 ça lui a amené vachement de confiance en elle.
11:06 Épanouie et heureuse, car Amandine a semble-t-il trouvé l'amour de sa vie.
11:12 Pourtant, vous allez voir que malgré les apparences,
11:16 tout n'était pas si rose dans la vie privée de la jeune Tarnèze.
11:20 Alors, son chevalier servant pourrait-il être impliqué dans cette mystérieuse affaire?
11:26 Alors qu'Amandine Estrabeau vient de disparaître,
11:36 les enquêteurs apprennent que ces derniers mois,
11:39 la jolie Brune connaissait des difficultés dans son couple.
11:46 - Elle s'y perdait, quoi, elle s'y perdait dans cette relation.
11:50 - Le professeur était jaloux, jaloux, possessif.
11:53 Il était, il était impossible à vivre en réalité.
11:56 - Ça la faisait souffrir pour rien.
11:59 - Elle en souffre parce qu'il y avait beaucoup d'amour.
12:01 C'est une personne qu'elle aimait énormément.
12:03 Mais pour elle, la meilleure solution, c'est de se séparer.
12:06 Le 13 juin 2013, suite à une énième crise de jalousie de son compagnon,
12:14 Amandine met définitivement un terme à leur histoire
12:17 et déménage dans le petit pavillon de Roquecourbe,
12:21 dont elle est propriétaire depuis quelques années.
12:24 Une rupture qui intervient trois jours seulement avant sa disparition.
12:29 - Elle avait eu une rupture trois jours avant.
12:33 Pour moi, évidemment, j'ai pensé à son ex copain.
12:35 Évidemment, j'ai pensé à lui.
12:36 - Amandine s'était beaucoup confiée sur ses craintes que lui inspirait cet ex compagnon.
12:44 Et elle en avait peur.
12:45 Elle s'était confiée le dimanche précédent sa disparition,
12:47 où elle disait clairement qu'elle avait peur de cet homme.
12:49 - J'en ai parlé au gendarme.
12:51 Et cette violence, les gendarmes vont en avoir la confirmation
12:58 grâce à un SMS découvert dans le portable de la jeune femme.
13:02 Ce message est adressé à son ex compagnon,
13:06 quelques jours seulement avant leur rupture.
13:13 - J'ai peur. Je suis sur la défensive face à ta colère, tes agressions,
13:17 ta violence, tes provocations.
13:19 Tu n'arrives pas à parler, tu hurles, tu déverses sur moi tout ton mal être.
13:25 Les gendarmes tiendraient t il une piste sérieuse?
13:31 Cette séparation cacherait t elle un terrible drame?
13:38 L'ex compagnon de la jeune Tarnèze focalise à présent tous les soupçons
13:43 dans cette affaire de disparition.
13:44 Alors, les enquêteurs lui rendent une petite visite.
13:48 - Les enquêteurs ont fait des perquisitions à la fois dans son appartement,
13:52 puis également dans sa voiture, parce qu'un corps,
13:56 il faut le transporter et un corps, quand on le met dans le coffre,
13:59 ça laisse toujours des traces.
14:00 Un poil, un cheveu, de la transpiration.
14:06 Le suspect fait également l'objet d'un examen médical approfondi
14:10 pour déceler d'éventuelles traces de griffure, de bleu ou de cou.
14:15 Car s'il y a eu lutte dans le jardin d'Amandine,
14:19 comme le pressentent les gendarmes,
14:21 l'homme a peut être gardé des stigmates de cette éventuelle altercation.
14:27 - Si dans la bagarre, il s'agrippe à sa victime,
14:32 il peut avoir des particules de peau, d'ADN, invisibles à l'oeil nu.
14:36 Il grade sous l'ongle et il voit si on retrouverait par extraordinaire
14:40 l'ADN d'Amandine.
14:42 Ça n'a pas été le cas.
14:43 À partir du moment où on ne trouve pas de traces de sang,
14:47 d'éléments intéressants à l'enquête, ni chez lui, ni dans sa voiture,
14:51 on le met hors de cause.
14:53 L'ex compagnon, qui nie farouchement être impliqué dans cette affaire,
15:00 présente un solide alibi le jour de la disparition d'Amandine.
15:04 - Après, les enquêteurs m'ont dit non, non, il n'y est pour rien.
15:09 Arrêter avec lui n'est pour rien.
15:11 On peut vous le certifier.
15:13 Privés du seul suspect dans cette affaire,
15:21 les enquêteurs doivent repartir à zéro.
15:24 Et ils sont face à une véritable énigme.
15:30 Il faut dire que la maison et le jardin d'Amandine
15:34 ont été passés au crible et qu'aucun ADN suspect
15:39 n'a été retrouvé sur place.
15:41 Dans ces conditions, la seule solution pour faire avancer l'enquête,
15:47 c'est de retrouver Amandine coûte que coûte.
15:51 Seulement, cela fait déjà plus de 48 heures qu'elle a disparu.
15:55 Alors Monique, sa maman, prie pour que ses recherches
16:00 lui ramènent sa fille vivante.
16:01 - Moi, je disais, mon Dieu, est ce qu'elle va me téléphoner,
16:04 me dire, on l'a trouvé.
16:07 C'est une situation qui est tellement angoissante.
16:15 Des centaines de gendarmes et de militaires sont donc à pied d'oeuvre
16:22 pour passer au peigne fin les environs de la maison d'Amandine Estrabourg.
16:27 - Il y a des recherches d'envergure qui sont entreprises.
16:31 Les militaires du 8e RPI Madecastre viennent en nombre.
16:35 - Il y a des rivières, il y a bien sûr des gouffres.
16:41 Il y a des sortes de montagnes,
16:45 des endroits escarpés et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'endroits à fouiller.
16:50 - Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
16:55 En effet, dans cette région granitique de près de 5000 hectares,
17:00 les recherches s'éternisent.
17:02 Alors, les habitants de Roquecourbe, choqués par cette disparition,
17:08 décident de prêter main forte aux gendarmes.
17:11 - Ça a pris les tripes un peu à tout le monde.
17:14 On a envie de participer, de rechercher.
17:18 - On est allé marcher pour essayer de la trouver, mais...
17:21 C'était un sentiment bizarre de vouloir la trouver
17:25 et d'avoir peur de la trouver.
17:27 Malgré ces battues d'envergure,
17:34 les jours défilent sans qu'Amandine ne soit retrouvée.
17:38 Alors que lui est-il arrivé ?
17:41 Et surtout, un témoin a-t-il aperçu la jeune femme
17:45 le jour de sa disparition ?
17:47 - Je l'ai vu.
17:49 - Le jeune homme a-t-il aperçu la jeune femme
17:51 le jour de sa disparition ?
17:53 Dans le Tarn, la presse s'empare de l'affaire Amandine Estrabou
18:04 et l'annonce de sa disparition tourne en boucle
18:09 à la télévision régionale.
18:11 - Si vous avez aperçu cette jeune fille,
18:13 n'hésitez pas à contacter la gendarmerie.
18:16 - Je ne sais pas si vous avez appris
18:19 que la jeune femme est en train de disparaître.
18:22 - Je ne sais pas si vous avez appris
18:25 que la jeune femme est en train de disparaître.
18:28 - Je ne sais pas si vous avez appris
18:31 que la jeune femme est en train de disparaître.
18:34 - Je ne sais pas si vous avez appris
18:37 que la jeune femme est en train de disparaître.
18:41 - Je ne sais pas si vous avez appris
18:44 que la jeune femme est en train de disparaître.
18:48 - Le mardi 18 juin 2013,
18:50 Amandine travaillait au lycée de Castres
18:53 jusqu'en début d'après-midi.
18:55 Ce jour-là, avant de partir,
18:57 elle a déjeuné avec sa collègue à la cantine.
19:00 Lorsque soudain...
19:02 (Bruit de téléphone)
19:05 - Amandine a reçu un appel pendant ce repas,
19:08 donc elle a quitté le réfectoire.
19:10 - Au bout du fil, un ami d'Amandine,
19:13 qui lui annonce qu'il ne peut pas venir la chercher
19:16 au lycée comme prévu.
19:18 Il faut dire qu'à cette époque,
19:20 la jeune femme n'avait pas de voiture.
19:24 Alors Amandine est très contrariée,
19:27 car elle comptait vraiment sur son ami pour rentrer chez elle.
19:30 - Donc elle revient, elle était assez perturbée
19:33 en nous signalant qu'elle n'a plus personne, finalement,
19:36 pour la ramener chez elle.
19:38 Donc je lui demande "Tu vas faire comment pour rentrer ?"
19:42 Et elle me dit "Je vais lever le pouce
19:44 et je vais rentrer en stop."
19:46 Je lui dis "C'est pas sérieux, tu vas pas rentrer en stop."
19:49 Amandine est une très jolie fille.
19:52 Moi, ça m'effrayait, l'idée de faire de l'autostop.
19:55 Mais il n'effrayait absolument pas Amandine.
19:59 (Bruit de voiture)
20:01 - En exploitant les caméras de vidéosurveillance de la ville,
20:04 les enquêteurs réussissent à reconstituer le trajet
20:07 effectué par Amandine ce jour-là.
20:10 À 13h, la jeune femme quitte effectivement à Pieds-de-Bouche.
20:14 La ville de Castres, où elle travaille,
20:17 pour se diriger vers son domicile, situé à 12 km de là.
20:20 - On la revoit dans un village intermédiaire.
20:23 Là encore, elle est à pied, elle fait du stop.
20:26 Et puis ensuite, elle doit effectuer 80-90 % du trajet à pied.
20:29 (Bruit de voiture)
20:32 - Les investigations de la police ont été faites.
20:35 - On a fait un trajet à pied.
20:39 - On a fait un trajet à pied.
20:42 - Les investigations vont être faites avec des chiens renifleurs
20:45 pour essayer de retracer la piste qui a été empruntée par Amandine.
20:48 Et la piste du chien renifleur s'arrête
20:51 à un endroit, à un moment donné, à environ 1 km de chez elle.
20:54 (Bruit de voiture)
20:58 - C'est là que sa trace disparaît.
21:01 On ne sait plus trop ce qui s'est passé à ce moment-là.
21:04 - Et si le chien perd la trace d'Amandine,
21:07 c'est certainement que la jeune femme a été prise en stop
21:10 à cet endroit précis, à seulement 1 km de chez elle.
21:13 (Bruit de voiture)
21:17 Puis, on en est certains, Amandine est rentrée
21:20 à son domicile cet après-midi-là.
21:23 Car souvenez-vous, son portable,
21:26 ses clés de maison, ses chaussures,
21:29 ainsi que ses boucles d'oreilles
21:32 ont été retrouvées chez elle à Roquecourbe.
21:36 L'enlèvement est probablement survenu après.
21:39 Les enquêteurs doivent à présent trouver
21:42 le mystérieux conducteur qui a pris Amandine en stop.
21:45 (Bruit de voiture)
21:48 (Musique angoissante)
21:51 De son côté, Monique Cyr refuse de se laisser abattre
21:54 et elle décide de se lancer
21:58 dans une gigantesque campagne d'affichage
22:01 afin de faire avancer l'enquête.
22:04 - C'est ce qu'on a fait.
22:07 C'était le but, quoi, de dire à la personne
22:10 qui avait enlevé Amandine de nous la rendre, quoi,
22:13 de pas lui faire de mal et qu'il nous la ramène.
22:17 - Son visage était placardé partout.
22:20 (Musique angoissante)
22:23 - On pouvait pas faire un pas sans la voir.
22:26 - C'était très dur,
22:29 être un jour amenée à distribuer les affiches
22:32 avec le portrait de sa fille, de son enfant,
22:36 et de la gendarmerie.
22:39 C'est une démarche...
22:42 qui vous serre le coeur comme un étau.
22:45 (Musique angoissante)
22:48 - Alors, le cri du coeur de cette maman va-t-il être entendu ?
22:51 Le mystérieux conducteur qui aurait pris Amandine
22:55 sur le bord de la route va-t-il se manifester ?
22:58 Vous allez voir qu'un témoin inespéré
23:01 va relancer toute l'enquête.
23:04 Car le jour de sa disparition,
23:07 Amandine aurait été vue en compagnie d'un homme.
23:10 (Bruit d'un moteur)
23:13 (Musique angoissante)
23:17 Ce témoin providentiel,
23:20 c'est la voisine d'Amandine qui souhaite garder l'anonymat.
23:23 Au gendarme, elle affirme avoir vu la jeune femme
23:26 rentrer chez elle le jour de sa disparition,
23:29 aux alentours de 16h30.
23:33 Et ce n'est pas tout.
23:36 La voisine affirme aussi qu'Amandine était à bord
23:39 d'une fourgonnette blanche.
23:42 - Elle va voir Amandine revenir à son domicile
23:45 accompagnée d'un homme au volant d'une fourgonnette blanche.
23:48 - Du siège conducteur serait descendu un homme,
23:51 1,70 m, à peu près,
23:55 assez costaud.
23:58 - Le domicile de la voisine se situe
24:01 à une trentaine de mètres de chez Amandine.
24:04 Et de cette distance, la femme n'aurait pas aperçu
24:07 le visage du conducteur.
24:10 Mais selon elle, tout dans l'attitude
24:14 de la jeune Tarnèze indiquait qu'elle n'avait pas peur
24:17 de cet homme. - Amandine avait l'air très à l'aise.
24:20 Elle rentrait chez elle. Si elle acceptait que cet homme
24:23 la raccompagne chez elle, si elle acceptait que cet homme
24:26 pénètre chez elle, c'est bien sûr qu'elle connaissait ce garçon.
24:29 - Grâce à son témoignage, la voisine ajoute une précision
24:32 qui va s'avérer capitale pour la suite de l'enquête.
24:36 - Cette personne portait
24:39 une tenue de chantier, avec notamment
24:42 un pantalon de travail avec un liseré orange.
24:45 - Qui est le conducteur
24:48 de cette camionnette blanche, on n'en sait rien.
24:51 C'est probablement un ouvrier.
24:55 - Les enquêteurs cherchent donc à présent
24:58 un homme d'1,70 m de type caucasien
25:01 qui travaillerait dans le bâtiment
25:04 et conduirait une fourgonnette blanche.
25:07 ...
25:10 (Sifflement)
25:13 Et pour avoir une chance de le retrouver,
25:16 il commence par arrêter tous les camions blancs de la région.
25:19 Encore une fois, la tâche s'annonce laborieuse.
25:22 - Les camionnettes blanches
25:25 sont enregistrées dans l'appartement du Tarn.
25:28 Il y en a environ 100 000.
25:32 C'est compliqué de trouver la bonne.
25:35 - Il y a énormément de petites entreprises de construction.
25:38 Il y a des maçons, des plâtriers, des granitiers.
25:41 C'est un milieu rural où les gens travaillent avec leurs véhicules.
25:44 Des dizaines et des dizaines de fourgons
25:47 de petites estafettes blancs ont été contrôlés.
25:50 ...
25:54 La chasse aux camions blancs ne donne rien.
25:57 Alors, de son côté, la maman d'Amandine désespère.
26:00 - On s'est dit surtout "C'est qui ?
26:03 "Qui a pu rencontrer quelqu'un du village ?"
26:06 On s'est dit "Parce que je le crois, je l'ai vu."
26:09 - On se pose beaucoup de questions sur tout le monde.
26:13 Toute la journée, toutes les nuits, c'est "Et si ?"
26:16 - "Lui, pas lui ?" Voilà.
26:18 - Il y a encore un meurtrier autour de nous ? Personne ne sait.
26:21 ...
26:24 - Les habitants de Roquecourbe sombrent peu à peu dans la peur,
26:27 car tous craignent de voir l'un des leurs
26:31 mêlé à ce terrible drame.
26:34 Et vous allez voir que l'auteur de la disparition d'Amandine
26:37 pourrait bien être, en effet, un enfant du village.
26:40 ...
26:43 A Roquecourbe, cela fait maintenant 10 mois
26:46 qu'Amandine Estrabault n'a pas donné signe de vie.
26:50 ...
26:53 C'est alors qu'une habitante de la commune
26:56 pousse la porte de la gendarmerie.
26:59 Elle a des révélations à faire.
27:02 - Cette mère de famille va à la gendarmerie
27:05 parce qu'elle est aussi troublée comme l'ensemble du village
27:08 par la disparition d'Amandine Estrabault.
27:12 - Cette mère de famille, la voici. C'est Irma Geanu.
27:15 Elle vient expliquer aux enquêteurs que son fils guéric,
27:18 aurait aperçu lors d'une partie de pêche en forêt
27:21 un homme au comportement suspect.
27:24 - C'est Guéric qui allait à la pêche
27:27 et qui voyait toujours ce bonhomme au bord de la rivière
27:31 avec un sac à dos et une pelle pliante.
27:34 Voilà, ce bonhomme, il se promène. Qu'est-ce qu'il fait ?
27:37 - Si on voit des personnes marcher à cet endroit, c'est bizarre.
27:40 C'est un coin de pêche un peu isolé.
27:43 - Où les pêcheurs vont et où les promeneurs ne vont pas.
27:47 - Les promeneurs, des endroits comme ça.
27:50 Plus inquiétant, l'odeur que son fils guéric aurait sentie
27:53 en croisant le chemin de ce mystérieux promeneur.
27:56 - Guéric Geanu aurait dit à sa mère,
27:59 "J'ai senti une odeur de cadavre en putréfaction."
28:02 - Mais pour les enquêteurs,
28:05 quelque chose cloche dans les révélations
28:09 de la mère de famille.
28:12 Pourquoi son fils guéric ne s'est-il pas présenté lui-même
28:15 à la gendarmerie ?
28:18 Irma Geanu, sans le savoir, vient de mettre le feu aux poudres.
28:23 - La mère, de toute bonne foi, elle va dire au gendarme,
28:26 "Voilà ce que mon fils m'a dit."
28:29 - Elle se doute pas qu'à ce moment-là,
28:33 elle est en train d'agiter tel un chiffon rouge
28:36 et de faire venir les enquêteurs sur son propre fils.
28:41 ...
28:44 - Irma ne se rend pas compte qu'elle est en train de faire
28:47 de son fils guéric un suspect potentiel.
28:50 Et une nouvelle fois, elle va orienter les soupçons vers lui
28:55 en s'épanchant auprès de la maman d'Amandine,
28:58 une conversation que Monique Cyr n'est pas prête d'oublier.
29:03 - J'ai croisé sa maman, qui est venue me parler.
29:06 Mais comme d'une maman, on peut parler à une autre maman.
29:09 Elle m'a dit que son fils était fatigué, qu'il l'emmène mal.
29:13 - J'ai dit, "Mon fils, il va pas bien, il fait de la dépression,
29:16 "il fait plus rien, il est resté dans sa chambre,
29:19 "il regarde la télé et il joue aux jeux."
29:22 - Et au cours de cette étrange conversation,
29:25 Irma prononce une phrase lourde de sens
29:28 qui va glacer le sang de la maman d'Amandine.
29:31 - Elle m'a dit, "Oui, mais il est bizarre,
29:35 "il dit qu'il est pas un assassin."
29:38 ...
29:41 Je me rappelle que j'ai senti du froid me passer dans mon dos.
29:46 C'était quelque chose de...
29:49 Je sais pas, je lui ai posé trop de questions, de peur de...
29:52 Je lui ai dit, "Comme un assassin ?"
29:55 Elle m'a dit, "Oui, il dit qu'il est pas un assassin."
29:59 - La maman d'Amandine, lorsqu'elle entend ça,
30:04 elle pense qu'il est pour quelque chose dans l'histoire.
30:08 Et c'est logique, en tout cas, c'est la mère de la disparue.
30:11 - En parlant de mon fils, je pensais pas à l'histoire d'Amandine.
30:14 C'était pas du tout, puisque jamais il a évoqué Amandine.
30:17 Jamais. Sûr que je n'aurais pas dû me confier à elle.
30:21 - En effet, pour la mère de Guérique,
30:24 il s'agit juste d'un terrible malentendu.
30:27 Alors où est la vérité dans cette histoire ?
30:30 Guérique pourrait-il être responsable
30:33 de la disparition d'Amandine ?
30:37 Une chose est sûre,
30:39 il va devoir s'expliquer sur ces étranges révélations.
30:42 Guérique Géano est un enfant du village.
30:50 Il a toujours vécu dans la petite commune.
30:53 Mais plus intéressant encore,
30:56 l'homme exerce le métier de maçon à Roquecourbe.
30:59 - Donc, effectivement,
31:02 Guérique peut correspondre à la description
31:05 de la voisine d'Amandine.
31:08 - Souvenez-vous, le 18 juin 2013,
31:12 jour de la disparition d'Amandine Estrabaud,
31:15 la jeune femme est vue en compagnie d'un homme en tenue de chantier.
31:18 C'est la dernière fois qu'elle sera vue vivante.
31:21 Alors était-elle avec Guérique ?
31:24 - Guérique Géano mesure 1,70 m.
31:30 C'est exactement la taille décrite par la voisine.
31:33 Tous les jours, il travaille avec une fourgonnette blanche.
31:36 - Il correspond parfaitement au profil recherché.
31:39 - Placé en garde à vue le 17 juin 2014,
31:49 soit un an après la disparition d'Amandine,
31:52 Guérique Géano, assisté de son avocat,
31:55 doit à présent s'expliquer.
31:58 Mais face aux gendarmes, loin de les convaincre,
32:02 le garçon va aggraver son cas.
32:05 - Il est prostré, il est...
32:08 Il est complètement inactif, quoi. Il réagit pas.
32:11 - C'est un garçon un peu obscur.
32:14 Il arrive pas à s'expliquer.
32:17 C'est quelqu'un qui parle pas beaucoup.
32:21 - En effet, Guérique Géano n'apporte aucune précision
32:24 quant aux propos rapportés par sa mère, Irma.
32:27 Voici ce qu'il déclare aux gendarmes.
32:30 - Pourquoi n'avez-vous pas prévenu les gendarmes
32:33 lorsque vous avez senti cette odeur de charogne ?
32:36 - Je ne sais pas.
32:38 - Pourquoi avez-vous dit à votre mère "Je ne suis pas un assassin" ?
32:42 - Je ne sais pas pourquoi. J'avais peur qu'on me soupçonne.
32:45 - Guérique Géano était révolté
32:48 d'avoir été désigné comme l'auteur possible.
32:51 - Il comprend pas très bien pourquoi on vient le chercher, lui.
32:54 - Guérique Géano n'y farouche pas.
32:58 Guérique Géano nie farouchement avoir ramené la jeune femme
33:01 dans son camion et encore moins lui avoir fait du mal.
33:04 Problème, les enquêteurs savent que Guérique était bien
33:10 à Roquecourbe le jour de la disparition d'Amandine.
33:13 - Guérique Géano travaillait à proximité immédiate
33:19 du domicile où elle a disparu et où elle a été enlevée.
33:22 - Alors, Guérique se serait-il absenté du chantier
33:25 sur lequel il travaillait ce jour-là pour prendre en stop
33:28 et enlever Amandine ?
33:31 A cette question des gendarmes, là encore,
33:35 le maçon botte en touche.
33:37 - Sur son emploi du temps, c'est le flou artistique.
33:40 Quand on lui dit "Vous travaillez à cette époque-là",
33:43 il dit "Oui", mais en plus de ça, on sait pas sur quel chantier
33:46 il était. - Toutes les personnes
33:48 qui ont travaillé avec Guérique Géano le 18 juin 2013,
33:51 ses collègues de travail et son employeur vont être interrogés.
33:55 Tous les employés de cette entreprise,
33:57 y a pas un qui dit la même chose.
33:59 - Aucun témoin ne semble donc en mesure de dire
34:03 ce que faisait Guérique Géano le 18 juin 2013,
34:06 vers 16h30,
34:08 heure à laquelle il aurait été vu par la voisine d'Amandine.
34:12 Plus accablant encore,
34:15 lors de la perquisition menée au domicile du maçon,
34:18 un élément capital est découvert dans sa chambre à coucher.
34:25 - On va retrouver chez Guérique Géano un pantalon de chantier
34:28 avec un lit de lait orange, le même pantalon
34:30 qui a été vu par la voisine.
34:32 ...
34:34 - L'étau se resserre de plus en plus
34:36 autour du jeune Tarnet, car tout semble indiquer
34:39 qu'il pourrait être le mystérieux conducteur
34:42 de la camionnette blanche.
34:45 D'autant plus que Guérique, l'enfant du village,
34:48 connaît Amandine Estrabot.
34:50 Il ne manquait plus qu'une seule chose,
34:53 qu'un mobile.
34:55 Et les enquêteurs ne vont pas tarder à en trouver un.
34:58 - Plusieurs personnes d'un entourage de Guérique Géano
35:02 vont bien confirmer que celui-ci avait le béguin
35:05 pour Amandine Estrabot.
35:07 - Et lorsque Guérique serait amoureux,
35:09 sans passer le montre,
35:11 il n'aurait pas toujours le comportement d'un prince charmant.
35:14 - Guérique Géano a été considéré
35:18 comme relativement violent par ses anciennes compagnes.
35:23 - Une petite amie aurait déclaré avoir subi
35:27 une agression physique,
35:30 peut-être une gifle,
35:32 en tout cas, une situation houleuse avec Guérique.
35:37 - En garde à vue, Guérique,
35:39 mis face aux témoignages de cette ex-compagne,
35:43 aurait reconnu les faits.
35:45 Alors, pour les enquêteurs, le mobile du crime
35:48 leur paraît clair.
35:50 Il s'agit d'un crime passionnel.
35:53 - On va penser immédiatement à une agression sexuelle
35:56 liée au fait qu'il s'agissait d'un homme
35:59 qui nourrissait probablement une forme de désir amoureux
36:03 vis-à-vis d'Amandine et qui aurait tenté une approche de séduction
36:06 et qui, face à ce rejet, aurait vu rouge.
36:09 - Mais face au gendarme, Guérique Géano nie
36:12 s'en être pris à Amandine.
36:14 D'ailleurs, durant les 29 heures d'audition,
36:18 il a répété qu'il n'est pas le meurtrier de la gendarmèse.
36:21 Les enquêteurs cherchent donc des indices matériels
36:24 et perquisitionnent le camion que l'homme conduisait
36:27 le jour du drame.
36:30 Camion qui aurait pu servir à ramener Amandine.
36:33 - Le frugan qui aurait été utilisé a été passé au crible.
36:36 Il n'y a pas de prétexte pour dire
36:40 que l'homme n'a pas été tué.
36:43 - Le frugan qui aurait été utilisé
36:46 n'a pas été découvert.
36:49 Donc la moindre trace,
36:52 le moindre profil génétique, rien.
36:55 - Guérique Géano est donc relâché.
36:59 Car sans corps et sans preuve tangible
37:02 de son implication dans la disparition
37:05 de la jeune femme, impossible de le mettre en exemple.
37:08 Les mois, puis les années passent.
37:11 Sans le prétexte,
37:14 sans qu'aucun élément nouveau ne vienne relancer l'enquête
37:17 sur la disparition d'Amandine Estrabault.
37:21 De son côté, Monique vit le cauchemar
37:24 que toute mère redoute.
37:27 Ne pas savoir où est son enfant.
37:30 - C'était toute une vie.
37:33 Ma fille, moi, je l'ai désirée.
37:36 Avant de la voir, je ne savais même pas
37:40 si je pouvais avoir un enfant.
37:43 On l'a désirée.
37:46 Ca fait un mois, là, et puis il arrive ça.
37:49 C'est...
37:52 - Et alors que la maman d'Amandine commence peu à peu
37:55 à perdre espoir de connaître enfin la vérité,
37:59 une incroyable arrestation que personne n'attendait
38:02 va relancer toute l'affaire
38:05 sur la disparition de sa fille.
38:08 ...
38:13 A Roquecourbe,
38:15 Guérique Géanaud a repris le cours de sa vie.
38:18 Il travaille dans une carrière
38:21 et projette même d'acheter une maison
38:24 pour quitter enfin le cocon familial.
38:27 Seulement le 7 avril 2016,
38:30 tout s'effondre.
38:32 Alors qu'il travaille sur un chantier,
38:35 Guérique Géanaud est interpellé en grande pompe
38:38 par les gendarmes.
38:42 - Ils sont venus le chercher au travail,
38:45 à l'improviste, jeudi 20e, voilà.
38:48 - C'était une légion qui allait le chercher au chantier.
38:51 Il y avait des gendarmes partout.
38:54 ...
38:57 J'ai cru que j'étais un terroriste.
39:01 ...
39:04 - La question reste à venir.
39:07 Car cette fois-ci, après 48 heures de garde à vue,
39:10 Guérique est mis en examen pour enlèvement
39:13 et séquestration sur la personne d'Amandine Estrabon.
39:16 Alors, comment expliquer
39:20 que cet homme sans antécédents judiciaires,
39:23 relâché 2 ans plus tôt,
39:26 alors qu'il était soupçonné des mêmes faits,
39:29 se retrouve aujourd'hui en détention provisoire ?
39:32 - C'est vrai que ses auditions sont pas claires,
39:35 que son emploi est pas clair,
39:39 que son comportement n'est pas clair.
39:42 Mais il y a pas de corps, pas d'ADN, rien dans le dossier.
39:45 - Il n'y a pas une raison raisonnable
39:48 qui permette d'expliquer la situation
39:51 dans laquelle se trouve plongée Guérique Géanaud.
39:54 Je peux pas comprendre.
39:57 - Pour la famille Géanaud,
40:01 Guérique fait figure de coupable idéal.
40:04 12 cris à l'erreur judiciaire.
40:07 - Pour moi, c'est un acharnement, totalement.
40:10 Je veux dire, il faut quelqu'un.
40:13 Mon frère était un peu faible, peut-être, à ce moment-là,
40:16 quand il a été entendu, et ils ont joué avec ça.
40:20 Ils se sont dit "Il est maçon, il a un camion de la même couleur,
40:23 "il a un pantalon, c'est peut-être lui.
40:26 "Et puis, on n'a personne d'autre, alors bon, c'est lui."
40:29 C'est vraiment fou.
40:32 - Je connais son caractère, je connais s'il est bien,
40:35 s'il est pas bien, son ressenti. Je sais qu'il a rien fait.
40:39 - Il n'existe pas un élément matériel
40:43 susceptible d'établir
40:46 l'éventuelle participation
40:49 de Guérique Géanaud.
40:52 L'erreur judiciaire, c'est la volonté de s'affranchir de la preuve.
40:55 - Alors, les enquêteurs
40:59 ont-ils vraiment arrêté un innocent ?
41:02 Rien n'est moins sûr,
41:05 car quelques semaines seulement après son incarcération,
41:08 Guérique va faire des révélations particulièrement troublantes.
41:11 Des révélations qui vont faire basculer toute l'enquête.
41:14 ...
41:17 ...
41:21 Incarcérée à la prison de Seysse, à côté de Toulouse,
41:24 dans l'attente de son procès.
41:27 Guérique Géanaud va de nouveau faire parler de lui.
41:30 Dans l'établissement pénitentiaire,
41:33 il se murmure qu'il ne serait pas imprévenu
41:36 très discret. Il aurait avoué
41:40 à ses co-détenus le viol
41:43 et le meurtre d'Amandine Estrabault.
41:46 - Il déclare l'avoir violée,
41:49 frappée avec une clé à molette.
41:52 Il dit qu'il n'était pas trop sûr qu'elle était morte.
41:56 ...
41:59 Il dit l'avoir enterrée et que, comme c'était un petit gabarit,
42:02 il aurait passé 2 heures à creuser de manière assez profonde
42:05 pour qu'on ne la retrouve pas.
42:08 Voilà ce que Guérique Géanaud, qui crie son innocence,
42:11 raconte à ses co-détenus.
42:14 ...
42:18 -Je sais même pas si la dignité du ferme les yeux,
42:21 il a mis la terre sur elle, sur son corps.
42:24 Même de la chauve, apparemment.
42:27 La réalité, elle est là, monsieur.
42:30 Elle est là, la réalité, elle est pas ailleurs.
42:33 Enterrée comme un chien, pire qu'un chien, même.
42:36 ...
42:40 -Et Guérique Géanaud aurait été encore plus précis
42:43 dans ses révélations. Il aurait également dessiné
42:46 un plan du lieu où se trouverait le corps d'Amandine,
42:49 en plein coeur de la forêt,
42:52 non loin de la maison de la disparue.
42:55 -C'est-à-dire que de sa main, il dessine un plan
42:59 de l'endroit où il aurait enterré Amandine,
43:02 avec une croix où il a écrit "Amandine".
43:05 -A partir du moment où les magistrats
43:08 prennent connaissance de ce plan, de nouvelles fouilles
43:11 vont intervenir dans la forêt du Sidobe
43:13 pour tenter de retrouver le corps d'Amandine.
43:17 -Mais cette fois-ci, grâce aux confidences
43:20 de Guérique Géanaud, les recherches se concentrent
43:23 sur un périmètre beaucoup moins étendu que la première fois.
43:27 -On prie, on se dit "mon Dieu, faites qu'il la trouve,
43:30 "faites que ça avance, que les choses en fin aboutissent".
43:33 -Pour se donner toutes les chances de retrouver
43:36 le corps d'Amandine, les enquêteurs vont même extraire
43:39 Guérique Géanaud de sa cellule pour le transporter
43:42 sur les lieux qu'il a lui-même décrits.
43:45 -Et l'on s'est dit, sur les lieux
43:49 du crime présumé, cet homme aura un choc tel
43:52 qu'il manifestera par son comportement,
43:55 soit qu'il est l'auteur des faits, soit qu'il en sait davantage.
43:59 -Seulement, c'est tout le contraire
44:02 qui va se passer. Muré dans le silence,
44:05 Guérique Géanaud ne va apporter aucune aide aux enquêteurs.
44:09 -Cette mise en situation a laissé l'impression
44:15 que l'on avait affaire à un homme qui, véritablement,
44:18 ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
44:20 -Malgré les recherches approfondies
44:23 dans toutes les zones dessinées par Guérique,
44:26 le corps d'Amandine Estrabault reste toujours introuvable.
44:29 ...
44:32 Selon les proches du jeune homme, une seule explication possible.
44:36 Guérique a avoué un crime qu'il n'aurait pas commis,
44:40 car il aurait subi des pressions de la part de ses co-détenus.
44:44 -On l'a tapé, il a donné des coups de poing,
44:47 ils se sont acharnés sur lui pour lui faire avouer des choses
44:51 qu'il n'avait pas envie d'avouer et qu'il n'a rien fait.
44:55 -Il n'a même pas réfléchi.
44:56 Je pense qu'il l'a fait vraiment pour être tranquille,
44:59 pour se dire "je vais faire ça, il ne va plus m'emmerder".
45:04 -En prison, il vaut mieux être un dur,
45:06 ou en tout cas avoir l'apparence d'un dur,
45:09 que l'apparence d'une mauvaise victime d'une erreur judiciaire.
45:12 -Les confidences en prison de Guérique
45:15 vont particulièrement alourdir son cas aux yeux de la justice.
45:19 Déjà mis en examen pour enlèvement et séquestration,
45:24 il est désormais accusé du viol et du meurtre d'Amandine.
45:28 Et le Tarnay risque maintenant
45:31 jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.
45:34 ...
45:37 Sonnette
45:38 Aujourd'hui, à Roquecourbe,
45:41 plus de six ans après le début de cette terrible affaire,
45:45 et malgré la mise en examen de Guérique Géano,
45:48 les proches d'Amandine Estrabaud
45:51 n'ont toujours aucune explication
45:53 sur les circonstances précises de sa disparition,
45:57 son corps n'ayant jamais été retrouvé.
46:01 -Moi, j'ai besoin de savoir.
46:03 J'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à mon amie.
46:06 -C'est long et il faudrait qu'on sache tout.
46:10 -Parce que c'est pas possible de vivre en se disant...
46:13 "C'est pas... C'est rien."
46:16 Sauf qu'elle est plus là, quoi.
46:18 -De son côté, Monique,
46:21 la maman d'Amandine Estrabaud a une intime conviction.
46:26 Guérique Géano serait le seul à savoir
46:29 où se trouve le corps de sa fille.
46:32 Et pour cause, selon elle,
46:34 il serait le seul responsable de la disparition de son enfant.
46:39 -Tout nous ramène à lui depuis le début, donc...
46:43 Dire qu'il n'est pour rien, qu'il est innocent...
46:46 On sait très bien que c'est lui.
46:50 -Pourtant, selon la Défense,
46:54 dans cette affaire, il persiste trop d'incohérences
46:58 pour faire de Guérique Géano un coupable.
47:00 Notamment concernant les déclarations
47:04 du seul témoin de ce dossier.
47:07 Souvenez-vous, la voisine d'Amandine,
47:11 qui avait aperçu la jeune femme le jour de sa disparition,
47:15 en compagnie d'un homme qui l'a ramenée chez elle
47:18 à bord d'une camionnette blanche.
47:21 Mais dans ces déclarations,
47:24 deux éléments ne colleraient pas avec le profil du jeune Tarnet.
47:28 -La voisine connaît Guérique,
47:33 son mari connaissait Guérique, allait à la pêche avec Guérique.
47:36 -Vous avez quelqu'un qui vient chez vous
47:39 pour aller à la pêche avec votre mari,
47:42 et vous le voyez descendre d'une camionnette
47:44 en face de chez vous avec votre nouvelle voisine,
47:47 et vous ne vous dites pas "Tiens, c'est Guérique."
47:50 Non, elle ne se dira pas que c'est Guérique,
47:53 puisqu'elle ne le reconnaîtra pas.
47:55 -Et ce n'est pas tout.
47:57 Toujours selon la Défense,
47:59 non seulement la voisine n'a pas reconnu Guérique,
48:02 mais elle aurait même affirmé que le camion qu'elle a vu
48:05 ne ressemblait pas du tout à celui de l'entreprise
48:09 qui embauchait Guérique ce jour-là.
48:11 -Lorsque les gendarmes lui montreront les photographies,
48:14 elle dira "Ce n'est pas celui-là.
48:16 "Celui-là a les bords beaucoup trop arrondis.
48:18 "Celui que j'ai vu avait des bords beaucoup plus tranchants."
48:21 -Malgré ces éléments qui pourraient remettre en cause
48:27 la culpabilité de Guérique Géanaud,
48:29 Monique nourrit un dernier espoir.
48:34 Elle voudrait qu'Irma, la maman de l'accusé,
48:38 puisse convaincre son fils de passer aux aveux.
48:41 -Moi, je ne suis pas à sa place,
48:45 mais j'irai voir mon fils en prison,
48:48 et je lui dirai "Quoi que tu aies fait,
48:50 "tu es mon fils, tu resteras ma femme,
48:52 "je ne vais pas te rejeter.
48:54 "Je serai toujours là, mais il faut que tu parles.
48:56 "Dis-moi ce qu'il en est.
48:58 "Est-ce que tu as fait quelque chose de mal ?
49:00 "Est-ce que tu as fait du mal à Mandine ?
49:03 -Je peux vous dire qu'en tant que maman, je l'ai fait.
49:06 Je n'étais pas bournée, je ne lui ai pas demandé.
49:08 Je lui ai dit "Ne m'emmène pas, dis-moi si c'est passé quelque chose."
49:12 Elle a toujours dit que non.
49:13 Je comprends sa douleur, qu'elle veut savoir,
49:16 mais il faut le vrai coupable.
49:18 Il ne faut pas condamner quelqu'un qui n'a rien fait.
49:22 -C'est à Albi, devant les assises du Tarn,
49:31 que le possé de Guérique Géanaud devrait avoir lieu
49:34 à l'automne 2020.
49:36 L'homme risque la réclusion à perpétuité.
49:39 Tous espèrent que ce procès permettra enfin
49:43 de connaître la vérité
49:45 sur le destin tragique d'Amandine Estrabeau.
49:48 Musique sombre
49:51 ...
49:55 A Roquecourbe,
49:57 personne ne peut oublier le sourire si communicatif
50:01 de la jolie Tarnèse.
50:03 Son visage est désormais gravé sur une stèle,
50:06 au pied d'un arbre surnommé "l'arbre de l'espoir",
50:11 et planté en souvenir de la disparue.
50:14 ...
50:16 -J'y vais de temps en temps.
50:18 J'y souris, j'y passe la main sur la plaque.
50:20 ...
50:23 -Il me semble parfois l'avoir marché, l'avoir arrivé vers moi.
50:27 ...
50:29 Donc c'est trop de souffrance.
50:32 ...
50:38 Moi, je tiens et je vis au quotidien
50:41 pour que justice soit faite et bien faite.
50:45 Voilà.
50:46 ...
50:54 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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