Le Marrakech du rire est un festival international annuel d'humour qui se tient depuis 2011 à Marrakech, au Maroc. Créé par l'humoriste Jamel Debbouze, il est composé de plusieurs spectacles et Galas qui sont diffusés chaque année depuis sa création sur les chaînes de télévision M6, TV5Monde, 2M et Edan TV.
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PersonnesTranscription
00:00 *musique*
00:02 *applaudissements*
00:04 *musique*
00:06 Stop, stop, ça y est, asseyez-vous, c'est pas un mariage là, hein !
00:08 *rires*
00:10 Merci beaucoup, et ça, ça me rappelle l'ambiance de mon premier
00:12 spectacle. Mon premier spectacle, vous l'avez pas vu,
00:14 j'avais choisi comme thème la société
00:16 de beau gosse dans laquelle on vit.
00:18 Parce qu'on vit dans une société, si t'es pas beau, c'est chou.
00:20 Hein, tu me comprends toi ?
00:22 *rires*
00:24 Ah bah courage, t'as une sale gueule, c'est la vie mon frère !
00:26 Mais ouais, mais faut s'accepter comme on est !
00:28 En plus, bon non, on rigole, mais certaines personnes,
00:30 elles s'acceptent pas, elles sont obligées de faire de la chirurgie esthétique,
00:32 en plus ça coûte cher la chirurgie esthétique.
00:34 Moi j'ai une cousine à moi, Malika, elle aimerait bien
00:36 se faire gonfler les lèvres. Bon, comme elle a pas d'argent,
00:38 une fois par semaine, je lui mets une patate, tu vois.
00:40 *rires* Mais c'est pour l'aider, c'est pour l'aider.
00:42 Non mais, on vit dans un monde
00:44 où on te juge par rapport à ton physique.
00:46 Même mon iPhone X, quand je fais une reconnaissance faciale,
00:48 il bug, c'est pas grave là ! *rires*
00:50 Et moi, y a deux types de personnes,
00:52 quand je les crois, il se passe un truc.
00:54 C'est les mecs bourrés et les enfants.
00:56 A chaque fois que je croise un mec bourré, il croit qu'il est dans le dos là.
00:58 *rires*
01:00 Tu sais, c'est toujours la même chose. *bruit de bouche*
01:02 *bruit de bouche*
01:04 "Oh, un pélican !" *rires*
01:08 Et les enfants, ils jouent avec mon visage, ils croient que je suis en pâte à modeler moi !
01:11 L'autre jour, je tenais un bébé, il m'a suissé le nez pendant 20 minutes !
01:14 Et moi, ça m'arrive souvent, tu sais, dans la rue,
01:16 je croise des gens, on me demande des photos,
01:18 ça me fait plaisir en plus. Une fois, la dernière fois,
01:20 j'ai vu un mec super joli, il est venu me voir, il m'a dit "Boudère, on peut prendre une photo ?"
01:22 Je lui ai dit "Oui, y a pas de problème."
01:24 Il m'a dit "Lala, t'es gentille, en plus, c'est le portrait craché de ma soeur."
01:26 *rires*
01:28 J'ai dit "Putain, la pauvre !"
01:30 Après, il montre une photo, il manque un oeil, des chicos,
01:32 je lui ai dit "Faut pas abuser quand même, oh !"
01:34 Et même sur la photo, elle plie de la gueule, oh !
01:36 Tiens, vendredi dernier,
01:38 je vais à la mosquée, je crois un mec,
01:40 il me dit "Eh Boudère, tu vas prier, là ?" Je lui ai dit "Ouais, mais franchement,
01:42 t'es pas rancunier, hein ?"
01:44 *rires*
01:46 *applaudissements*
01:48 *applaudissements*
01:50 Et je savais pas, quand je choisisse en ce temps,
01:52 tu sais, de la bogosité, je savais pas que j'allais
01:54 devenir le représentant des moches de France.
01:56 *rires*
01:58 Je te jure, des moches, ils en venaient des cars entiers pour venir voir mon spectacle !
02:00 Je crois qu'ils venaient directement de
02:02 Mochy, un pays où y a que des têtes de fous !
02:04 Mais, tu sais que ça fait peur, quand le rideau s'ouvre,
02:06 800 personnes, "Boudère ! Boudère !"
02:08 *rires*
02:10 Je leur ai dit "Boudère, tu nous représentes !"
02:12 Ils m'ont dit "Nooooon !"
02:14 Et après, ils venaient me voir dans la loge, "Boudère !
02:16 Je peux avoir un autographe ?"
02:18 Je leur ai dit "Mais t'faut une ordonnance, hein, toi, ouais !"
02:20 *rires*
02:22 C'est vrai !
02:24 Bon, ce premier spectacle, comme je débutais dans le métier,
02:26 je connaissais pas les gens, tu vois.
02:28 J'avais pris un mec pour gérer ma carrière,
02:30 j'avais pris Abdelkrim, un mec qui a grandi chez moi, tu vois.
02:32 Mais pour vous expliquer Abdelkrim,
02:34 il faut que je vous explique l'état d'esprit d'Abdel.
02:36 Abdel, c'est un mec qui fume beaucoup de...
02:38 Il fume du shit, il en mange tellement, il est toujours défoncé.
02:40 Je te jure, un jour, il est rentré chez lui,
02:42 il a regardé son père pendant une heure, comme ça.
02:44 Son père lui a dit "Pourquoi tu me regardes comme ça ?"
02:46 Il lui a dit "Je sais pas où je t'ai vu, moi."
02:48 *rires*
02:50 C'est son père.
02:52 Et c'est lui qui a géré ma carrière.
02:54 Je te jure, hein.
02:56 Elle m'a fait une petite tournée et tout.
02:58 La première date que j'ai jouée, c'était à Roubaix, dans le Nord.
03:00 Mortel Roubaix.
03:02 Ouais, c'est un public extraordinaire.
03:04 Mais ils ont des têtes à Roubaix, mon frère !
03:06 Et là, ils testent des médicaments.
03:08 Comment je me sentais beau gosse, moi, à Roubaix !
03:10 Je marchais dans les rues, je dis "Georges Cloulet".
03:12 Les filles, comme vous voyez, elles se décomposaient.
03:14 Bon, elles ne s'étaient pas très décomposées à la base.
03:16 *rires*
03:18 Après, Roubaix, on a été joué dans le Maghreb.
03:20 J'ai commencé par la Tunisie.
03:22 Ouais, franchement, la Tunisie, mortelle.
03:24 Alors, la Tunisie, pour ceux qui ne connaissent pas,
03:26 c'est par étapes.
03:28 La première étape, tu t'accueilles avec cet accent un peu chantant.
03:30 "Ça va, Boudel ? Bienvenue chez toi, monsieur le Président."
03:32 *rires*
03:34 La deuxième étape, ils t'emmènent manger.
03:36 C'est très bon, mais c'est très épicé.
03:38 La troisième étape, c'est la chiasse.
03:40 Et pendant quinze jours que j'avais l'intérêt,
03:42 même mon corps, il me dirait "deux chiennes, oh !"
03:44 Après, la Tunisie, j'ai joué ici, au Maroc,
03:46 dans mon pays d'origine.
03:48 Bref, c'était super. Franchement, c'était super.
03:50 Voilà.
03:52 En plein spectacle, pendant une demi-heure, ça se passe super bien.
03:54 Et en plein spectacle, il y a un chat qui est rentré sur scène.
03:56 Il n'avait même pas payé sa place, ce petit bâtard, là.
03:58 Chat, chat du Maroc.
04:00 *chuchote*
04:02 Je lui fais "arrête, Boudère, déjà, c'est la misère ici, arrête."
04:04 *rires*
04:06 Après, il m'a dit "jouons en Algérie."
04:08 *cris de joie*
04:10 J'ai kiffé. Franchement, l'Algérie, c'est l'un des plus beaux pays du monde.
04:12 Vraiment. En plus, avant d'y aller,
04:14 moi, je connaissais pas l'Algérie.
04:16 Enfin, que dans "Envoyé spécial", tu vois.
04:18 Et le mec qui a acheté mon spectacle, il m'a dit
04:20 "T'inquiète pas, Boudère, le peuple algérien, ils sont très gentils,
04:22 très accueillants et chaleureux."
04:24 Et c'est vrai, ils sont gentils, accueillants, chaleureux.
04:26 Bon, ils sont accueillants partout, sauf dans les cafés et les restaurants.
04:28 Non, non, il m'a dit "Boudère, fais attention,
04:30 les serveurs, c'est des mecs hyper vénères,
04:32 ils travaillent 30 heures par jour,
04:34 c'est possible, en Algérie, ils cherchent pas à calculer."
04:36 Il m'a dit "Donc, quand tu parles à un serveur,
04:38 faut lui parler gentiment, sinon ça peut dégénérer."
04:40 Et un matin, j'étais prendre un petit déjeuner, et c'était à mon tour
04:42 d'appeler le serveur, tu vois.
04:44 *soupir*
04:46 "Votre intestin."
04:48 "Oui, je peux avoir un café à croissants, s'il vous plaît ?"
04:50 Le mec, il me ramène "Café croissant vraiment cool."
04:52 Bon, je goûte le croissant, il était un peu bizarre, tu vois.
04:54 Il dit "Excusez-moi, votre croissant est un peu bizarre,
04:56 on dirait même un croissant d'hier."
04:58 Il m'a dit "Alors ?"
05:00 "Alors, je veux un croissant d'aujourd'hui."
05:02 Il m'a dit "Viens demain."
05:04 *Rires*
05:06 "Le croissant d'aujourd'hui, je viens demain."
05:08 "Allez, on va l'attendre, hein."
05:10 *Rires*
05:12 "Non, mais elle a pas compris, il faut qu'on prenne chez lui."
05:14 Et grâce à ce premier spectacle,
05:16 je te jure, je suis rentré dans le monde de l'artistique, tu vois.
05:18 Je suis devenu pote avec Jamel Debouze,
05:20 Ramzi, Eric,
05:22 Kev Adams. Et t'as vu, quand tu rencontres
05:24 tous ces gens connus, tu vois, faut garder les pieds sur terre.
05:26 Et aujourd'hui, moi, il y a une personne qui me
05:28 permet de garder les pieds sur terre, c'est mon fils
05:30 parce que depuis 7 ans, je suis papa.
05:32 *Applaudissements*
05:36 En plus, mon fils est très beau.
05:38 *Rires*
05:40 J'aime pas ce rire-là, hein.
05:42 Non, mais vous avez fait la même réaction que la sage-femme
05:44 quand je suis venu le chercher, le petit, hein.
05:46 Je suis venu et c'était la sage-femme qui tenait mon fils.
05:48 "Bonjour, monsieur. Alors,
05:50 le papa n'a pas pu venir ?"
05:52 *Rires*
05:54 J'ai dit "Madame, c'est moi le père, hein. Bon, on va faire une recherche
05:56 ADN, quand même, hein."
05:58 En plus, moi, j'étais là à la naissance
06:00 et moi, je lui ai coupé le kit main libre, là.
06:02 *Rires*
06:04 Et moi, mon fils, quand il est né, il a pas pleuré.
06:06 Parce que dans la famille, on est des bons hommes, tu vois.
06:08 Non, il a pleuré que quand j'ai pris dans mes bras,
06:10 je lui ai dit "Regarde, c'est papa !"
06:12 *Rires*
06:14 "Mais t'es pas d'accord,
06:16 ce bâtard, là ?"
06:18 Je voyais dans ses yeux, je disais "Mais putain, c'est pas possible.
06:20 Sur mille, mes connus, je tombe sur Shrek !"
06:22 *Rires*
06:24 Et en plus, moi, on m'avait pas dit
06:26 qu'avant d'avoir un enfant, faut d'abord prendre
06:28 un crédit à la banque. Parce que ça coûte cher,
06:30 les enfants. Les couches, par exemple.
06:32 Moi, je pensais que c'était une couche jusqu'à l'âge de 10 ans.
06:34 Mais je savais pas qu'il chiait dessus toutes les 5 minutes.
06:36 En plus, des gros caca de bonhomme,
06:38 pendant 2 mois, je croyais que c'était mon loup qui chiait dans la couche.
06:40 Et c'est tellement cher, les couches.
06:42 Ça m'a traversé l'esprit d'en voler des couches.
06:44 Un matin, je suis arrivé devant un supermarché,
06:46 j'ai dit "Je vais faire un carnage aujourd'hui."
06:48 Rien à foutre.
06:50 Après, je me suis dit "Boudère, tu imagines, tu te fais attraper en train de voler des couches.
06:52 C'est la honte. Tu sais, tu vas en prison
06:54 pour voler des couches.
06:56 Et tu imagines, dans la cour de promenade, il y a tous les prisonniers, là.
06:58 Hein, t'es là pour quoi, toi ?
07:00 Moi ?
07:02 Hmm...
07:04 Grosse équipe, grosse équipe !
07:06 Le gang des Pampers, moi, c'est nous !
07:08 *Rires*
07:10 Et aujourd'hui, mon fils, il a 7 ans.
07:12 Et je te jure, je sais pas comment l'éduquer.
07:14 Je sais pas ce que je dois l'éduquer comme mon père m'a éduqué.
07:16 Alors attention, moi, je suis pas dans le cliché
07:18 du père arabe qui tape ses enfants.
07:20 Mon père ne m'a jamais tapé.
07:22 Nous, c'était comme la petite maison d'après-midi, pareil.
07:24 On avait rien à manger, jouer du violon, tout, pareil.
07:26 *Rires*
07:28 Non, mon père, il m'a jamais... Non, une fois, j'ai fait une grosse bêtise, il a voulu me taper.
07:30 Il m'a dit "Où tu veux que je te tape ? T'es déjà capoté, où ?"
07:32 *Rires*
07:34 Non mais, aujourd'hui,
07:36 mon fils, il a 7 ans,
07:38 et je vous jure que j'ai peur pour lui, parce qu'on vit dans un monde très violent.
07:40 Je me dis "Mais comment je vais faire, moi,
07:42 le jour où mon fils, il aura sa première embrouille au collège ?"
07:44 Tu sais quand il dit au mec "Ouais, tu vas voir,
07:46 je vais te ramener mon père,
07:48 tu vas voir !"
07:50 *Rires*
07:52 "Ramène ta mère, quoi,
07:54 tu me ramènes moi !"
07:56 Mais non, mais, parce qu'il va falloir
07:58 que j'aille à la sortie de l'école pour voir qui c'est qui a embrouillé mon fils.
08:00 Mais t'imagines un petit peu la scène
08:02 à 17h à la sortie de l'école ?
08:04 Avec qui tu t'es embrouillé, déjà ?
08:06 Abdoulaye ? Oh là là...
08:08 *Rires*
08:10 Je t'ai déjà dit qu'ils sont balèzes, ces mecs-là.
08:12 "Moi, c'est quel Abdoulaye ?"
08:14 "Quoi, c'est lui ?"
08:16 "Mais qu'est-ce qu'il fait en 5ème, celui-là, là ?"
08:18 *Rires*
08:20 "Mais c'est le proche, lui, non ?"
08:22 "Non, mais vas-y, prends une pierre et reste derrière, on sait jamais,
08:24 ça part."
08:26 "Abdoulaye, traverse, c'est moi le père du petit, traverse, traverse !"
08:28 "M'sien-Lah, je vais te faire renverser."
08:30 "Traverse !"
08:32 Après, il faudra que je me batte avec Abdoulaye,
08:34 parce que, aux yeux de mon fils, je suis l'homme le plus fort de la planète.
08:36 Mais t'imagines, je perds la bagarre.
08:38 Je serais plus crédible, quand je dirais à mon fils,
08:40 "Eh, il est 22h, va te coucher."
08:42 *Rires*
08:44 Je vais appeler Abdoulaye, on va voir qui va dormir le premier.
08:46 Merci, c'était Gouder, merci Maraté !
08:48 *Applaudissements*
08:50 *Musique*
08:52 (acclamations)