Le député LFI Manuel Bompard, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
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00:00 Bonjour M. le député, bienvenue dans la matinale de CNews.
00:02 La police nationale, on le disait, est en deuil.
00:04 4 personnes, dont 3 jeunes policiers de 24 et 25 ans,
00:07 Manon, Steven et Paul, sont morts dans une collision
00:09 entre un véhicule de police et une autre voiture
00:11 qui, selon les premiers éléments,
00:12 est arrivée en contresens dans la métropole lilloise.
00:14 Gérald Darmanin se rend sur place.
00:16 Il faut rendre hommage à ces jeunes policiers
00:18 qui étaient en mission et dont aucune mission n'est anodine.
00:20 Bien évidemment, bien évidemment.
00:22 Et je profite de ce micro pour le faire, leur rendre hommage
00:25 et puis transmettre toutes mes condoléances
00:28 à leur famille, à leurs proches, à leurs collègues,
00:31 qui j'imagine sont affectés aujourd'hui.
00:33 C'est un drame.
00:34 Et oui, bien sûr qu'il faut rendre hommage.
00:36 On parlait aussi beaucoup des policiers en première ligne
00:39 dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
00:40 Vous êtes député des Bouches-du-Rhône.
00:42 Marseille fait partie de votre circonscription.
00:44 3 jeunes hommes ont été tués par balle tôt dimanche matin
00:47 dans un des quartiers de l'Est de Marseille.
00:50 Est-ce que l'État, est-ce que vous, la puissance publique,
00:52 puisque vous êtes un élu de la République,
00:54 êtes impuissant face à cette montée de la violence
00:57 que rien n'arrive à endiguer
00:58 et la montée du trafic de stupéfiants ?
01:00 Non, je ne pense pas qu'on puisse être impuissant.
01:02 Je pense qu'on a des leviers pour agir.
01:04 Mais c'est vrai que c'est une situation qui est dramatique.
01:07 Il faut rappeler quand même que c'est des personnes qui meurent.
01:11 Donc c'est des familles endeuillées.
01:14 C'est des mères qui perdent leurs petits.
01:17 Parfois, c'est des adolescents de 16 ans qui ont été tués.
01:20 C'est parfois des personnes âgées.
01:21 C'est parfois des mères de famille qui sont tuées aussi.
01:24 Je voudrais dire aussi, parce qu'on parle beaucoup
01:26 de règlement de compte, et je fais miens les propos
01:30 qui sont celles de la préfète de police de Marseille,
01:32 qui dit elle-même, arrêtons d'utiliser ce terme,
01:34 parce qu'il y a des gens qui sont aujourd'hui impactés,
01:36 qui n'ont rien à voir avec le trafic de drogue,
01:38 et c'est d'abord des meurtres et des assassinats.
01:40 Et ensuite, sur le fond, maintenant, de qu'est-ce qu'il faut faire...
01:42 Est-ce que vous ne vous sentez pas un peu impuissant
01:44 face à ces arrivées de drogue massive qu'on n'arrive pas à stopper ?
01:47 Justement, je pense que c'est à ça qu'il faut s'attaquer.
01:50 Et je pense qu'on n'utilise de mon point de vue
01:53 pas de manière suffisante les bons moyens d'action
01:56 et les bons moyens d'action, c'est de remonter les filières,
01:59 c'est donc d'investir et de créer davantage de postes
02:02 et de donner davantage de moyens à la police judiciaire
02:05 pour qu'elle puisse faire ce travail d'enquête.
02:07 C'est rétablir les effectifs de douane qui ont été supprimés,
02:09 comme vous savez que sur le port de Marseille,
02:11 je crois qu'il y a un conteneur sur 10 000 qui est examiné.
02:14 La drogue, elle arrive bien par quelque part,
02:17 mais c'est aussi faire en sorte d'avoir des mesures d'accompagnement.
02:19 Je veux le dire ici, il y a des collectifs de familles
02:21 de victimes qui se sont montées, qui disent, par exemple,
02:24 quand vous avez un jeune aujourd'hui qui veut sortir d'un réseau,
02:27 il faut qu'il puisse être protégé, qu'il puisse être mis de côté
02:29 pour ne pas subir ensuite des représailles.
02:32 Voilà, il y a beaucoup de choses à faire sur le sujet
02:35 et je pense qu'on peut faire davantage que ce qu'on fait aujourd'hui.
02:37 Éric Ciotti affirme qu'il y a un lien entre immigration et délinquance.
02:40 Il dit dans les réseaux de trafiquants de drogue, ce dont on parle,
02:43 l'utilisation de mineurs étrangers qui servent de dégâteurs
02:46 dans les quartiers devient extrêmement fréquente.
02:47 Vous le constatez ça aussi ?
02:49 Écoutez, franchement, la plupart des gens, moi je ne sais pas,
02:51 je ne connais pas l'identité de toutes les personnes
02:53 qui ont été tuées ou de toutes les personnes qui sont arrêtées par la police,
02:56 mais je crois que la plupart ont la nationalité française,
02:59 donc il ne faut pas raconter n'importe quoi.
03:00 Si maintenant on veut s'attaquer à ce fléau, parce que c'est un fléau,
03:03 alors je pense qu'il faut se poser la question de comment on remonte les filières.
03:07 Et au sommet de la chaîne, il y a des grands trafiquants
03:10 qui généralement sont des trafiquants qui ont la nationalité française.
03:12 Comment on fait pour les attaquer ?
03:13 Ils ne sont pas en métropole.
03:14 Eh bien justement, mais regardez par exemple,
03:16 quand il y a eu le déclenchement par la Russie de la guerre en Ukraine,
03:21 on a dit on va saisir les avoirs des oligarques russes
03:24 qui sont sur le territoire national.
03:25 Pourquoi on ne saisit pas les oligarques des grands trafiquants
03:28 qui se réfugient à l'étranger ?
03:30 Et puis à un moment, il faudra quand même le dire,
03:31 il va falloir ouvrir le débat en France sur la question de la légalisation du cannabis,
03:36 parce qu'aujourd'hui vous avez des effectifs de police
03:39 qui sont utilisés pour aller sanctionner des petits consommateurs,
03:42 mais pas suffisamment de moyens qui sont mis pour remonter les filières,
03:46 pour lutter contre le trafic d'armes.
03:47 Comment ça se fait qu'on trouve une Kalachnikov maintenant,
03:49 comme si on allait au supermarché pour la trouver ?
03:51 Ça c'est un travail d'investigation à faire.
03:53 Donc je pense que ce débat, il faudra l'ouvrir.
03:54 On a la législation la plus répressive en France
03:57 et on est là où on consomme le plus.
03:59 Donc là, il y a quand même un problème.
04:00 Mais vous ne pensez pas justement que le problème, ce sont les consommateurs
04:02 et que c'est eux qu'il faut aussi responsabiliser en leur disant
04:05 "Attention, si vous achetez ça, vous cautionnez toutes ces filières mafieuses et délueurantes".
04:09 Mais c'est ce qu'on fait depuis des années et des années,
04:11 Laurence Ferrari, ça n'a pas fonctionné.
04:13 Je veux dire, la prohibition, elle a montré son échec.
04:16 Je parle du point de vue du cannabis.
04:18 Bien évidemment qu'un consommateur, quand il fait ça, il participe à ce réseau.
04:22 Mais je pense que c'est la mauvaise solution de fonctionner comme ça.
04:25 Je pense qu'au contraire, le débat, il doit s'ouvrir sur la question de la légalisation,
04:29 y compris parce que ça sera plus efficace pour mener
04:32 et mettre en place des politiques de santé publique
04:34 et que ça permettra de tarir un certain nombre de réseaux
04:36 et de concentrer nos moyens sur les réseaux d'autres drogues,
04:40 sur les réseaux de trafic d'armes, de trafic d'êtres humains,
04:42 qui sont des mafias organisés à l'échelle internationale
04:44 et sur lesquels on a besoin de mettre des moyens d'enquête et d'investigation.
04:47 – Revenons-en à l'immigration, puisque Éric Ciotti en parlait longuement hier.
04:51 Les Républicains tentent de faire pression sur le gouvernement
04:53 en présentant deux propositions de loi avec un texte dur,
04:56 pouvoir déroger aux droits européens,
04:58 soumettre à la politique migratoire un référendum,
05:00 rétablir le délit des lourds séjours clandestins abrogés il y a 10 ans,
05:04 limiter l'aide médicale d'État.
05:06 Vous comprenez cette démarche des Républicains ?
05:09 Ils tentent de faire pression sur le gouvernement ?
05:10 – Non, ils tentent surtout de faire diversion.
05:12 – Pourquoi ?
05:12 – Parce qu'ils ont été complètement divisés dans la bataille sur les retraites,
05:17 ils ont été incapables d'avoir une position qui soit une position unie,
05:20 et donc ils trouvent le plus petit dénominateur commun entre eux
05:23 pour essayer de donner le sentiment…
05:25 – Ça vous allait bien qu'ils soient divisés sur les retraites
05:26 puisqu'une partie est d'accord avec vous ?
05:27 – Mais je n'ai pas dit que ça ne m'allait pas,
05:29 j'ai juste constaté que c'était le cas.
05:31 Écoutez, franchement, le problème aujourd'hui du pays,
05:34 je l'assume et je le dis,
05:36 je pense que le problème aujourd'hui du pays, ce n'est pas l'immigration,
05:38 le problème du pays, c'est les problèmes de pouvoir d'achat,
05:41 c'est des gens qui ont vu leur revenu baisser relativement à l'inflation,
05:45 c'est des gens, il y en a plus de 40% qui se privent aujourd'hui
05:48 en matière d'alimentation par exemple,
05:50 c'est des gens qui arrêtent de se soigner,
05:52 c'est des services publics qui sont à l'arrêt, qui sont exsangues,
05:54 vous allez dans notre système de santé, tout le monde pourra le constater,
05:57 ça c'est la difficulté principale, pour le reste,
05:59 reprendre les propositions et faire un copier-coller du programme de Marine Le Pen,
06:04 franchement je trouve que ce n'est pas à la hauteur
06:06 de ce que devraient normalement être les Républicains,
06:09 c'est-à-dire un parti de gouvernement sérieux.
06:10 – Alors justement, vous dites qu'il y a des Français et les Républicains,
06:12 le nôtre, qui ne peuvent pas se soigner, qui n'ont pas les moyens de se soigner,
06:15 ils mettent ça évidemment en rapport avec l'aide médicale d'État,
06:19 certains étrangers en situation illégale ont les moyens de se faire soigner
06:22 par l'État français, c'est normal ?
06:24 – Justement, regardez, précisément, je disais,
06:26 c'est des copiers-coller des propositions de Marine Le Pen,
06:28 c'est le cas par exemple sur l'aide médicale d'État,
06:30 il faut que tout le monde comprenne ici,
06:32 que quand une personne est sur le territoire national,
06:34 quel est des papiers auxquels elle n'en est pas,
06:36 si elle est porteur d'un virus,
06:37 on a tous intérêt à ce qu'elle soit soignée,
06:39 parce que si elle n'est pas soignée,
06:41 alors c'est une maladie qui peut se propager,
06:42 qui peut se propager sur quelqu'un qui lui, est en situation régulière,
06:45 donc c'est précisément sur cet exemple-là,
06:48 le contre-exemple parfait de la mauvaise mesure,
06:50 c'est-à-dire faire donner le sentiment qu'en coupant l'aide médicale d'État,
06:53 on va rendre service au pays, non, on va mettre le pays en difficulté,
06:56 on va faire peser sur les Français et les Français…
06:58 – Peut-être qu'on va dissuader un certain nombre de migrants
07:00 de venir sur notre sol ?
07:01 – Non mais attendez, je ne crois pas qu'il y ait une personne
07:04 qui parte de chez lui en se disant "ah, il y a l'aide médicale d'État,
07:06 donc je vais aller dans tel ou tel pays".
07:08 Les parcours d'immigration, Laurence…
07:09 – Je ne pense pas que ça fait partie de la traîche à notre pays pour les migrants.
07:12 – Franchement, les parcours d'immigration sont des parcours extrêmement complexes,
07:15 avec des gens qui passent dans 2, 3, 4 pays,
07:17 au gré malheureusement d'ailleurs des réseaux
07:20 qui les trimbalent d'un pays à l'autre,
07:22 parfois dans des situations extrêmement difficiles,
07:24 regardez les gens quand ils passent en Libye par exemple,
07:26 à quoi ils sont confrontés,
07:28 donc je ne crois pas qu'ils regardent s'il va y avoir l'aide médicale d'État,
07:30 parce qu'ils ne savent pas où ils vont aboutir.
07:32 Mais précisément, comprenez, j'essaye vraiment de faire comprendre aux gens
07:36 que supprimer l'aide médicale d'État est une absurdité d'un point de vue sanitaire,
07:40 que ça va mettre des gens en danger, que ça va nous mettre tous en danger,
07:43 donc c'est précisément une très mauvaise mesure.
07:45 – Mais justement, vous évoquez ces réseaux mafieux,
07:47 ces passeurs qui abusent de ces migrants,
07:49 ne faut-il pas justement envoyer un signal de dire
07:52 "voilà, on ne peut plus venir dans notre pays"
07:54 de façon à protéger ces gens-là de l'exploitation
07:57 et de la misère dans laquelle ils se retrouvent sur notre sol ?
07:58 – Justement, c'est un peu, ce n'est pas du tout le même sujet,
08:02 mais c'est un peu la même discussion qu'on avait tout à l'heure
08:03 sur le trafic de drogue.
08:05 Est-ce que vous allez vous attaquer aux personnes qui sont trimbalées comme ça
08:09 parce qu'elles ont dû partir de chez elles pour des difficultés économiques,
08:13 climatiques, pour des conflits militaires dont elles sont les victimes ?
08:17 Est-ce que vous pensez que c'est en s'attaquant à eux
08:18 que vous allez régler le problème ?
08:19 Non, ce qu'il faut faire c'est s'attaquer aux filières,
08:22 aux filières qui font du trafic d'êtres humains par exemple,
08:25 et ça c'est pareil, ça nécessite des moyens
08:27 qui sont des moyens d'investigation,
08:28 parce qu'il faut remonter des réseaux,
08:30 et ça c'est un travail d'enquête qui est un travail sérieux.
08:31 – Mais le font les policiers ?
08:32 – Bien sûr, bien sûr que ceux qui sont en place le font,
08:35 mais quand vous discutez avec eux,
08:37 vous savez que notamment la police judiciaire,
08:38 elle souffre d'un manque de moyens, d'une réorganisation par ailleurs
08:41 qui a laissé des traces, et je pense qu'il faudrait mieux concentrer
08:44 nos moyens sur cette manière-là de faire,
08:47 plutôt que de faire de la communication,
08:49 parce que c'est de la communication par ailleurs.
08:50 – Pour les LR, vous voulez dire ?
08:51 – Mais bien évidemment, écoutez, je vous donne un exemple,
08:54 un des deux projets de loi, c'est un projet de loi constitutionnel,
08:57 un projet de loi constitutionnel, pour qu'il puisse être adopté en France,
08:59 il faut qu'il soit adopté par référendum,
09:01 tout le monde sait très bien qu'il n'aboutira pas,
09:02 ce n'est pas les Républicains qui ont le pouvoir de déclencher un référendum.
09:05 – De toute façon, tout le monde a beaucoup de mal à déclencher un référendum,
09:07 comme vous le savez.
09:08 – Je sais, mais c'est bien ce que je vous dis,
09:09 le président de la République est le seul qui a le pouvoir
09:11 de convoquer ce référendum, donc vous voyez bien qu'il ne va pas le faire,
09:14 donc la proposition des Républicains est un exercice de communication.
09:16 – Encore un tout petit mot du Parlement qui va peut-être étudier
09:19 la proposition de M.Liott pour abroger la réforme des retraites,
09:22 ça sera étudié le 8 juin, vous souhaitez évidemment que ce texte soit mis au débat,
09:26 mis au vote dans l'hémicycle, mais ce n'est pas du tout ce que souhaite
09:29 le gouvernement qui tente absolument de l'empêcher par le biais de l'article 40
09:33 qui stipule qu'on ne peut pas adopter un amendement qui…
09:40 – Qui crée une charge, c'est l'argument qu'ils utilisent,
09:43 mais c'est absurde, puisque…
09:45 – Pourquoi ?
09:46 – Mais d'abord parce que eux-mêmes, les macronistes,
09:48 ont déposé ces derniers mois à l'Assemblée nationale
09:51 un certain nombre de propositions de loi qui créent une charge financière
09:54 et ils n'ont pas été jugés irrecevables, parce que c'est le principe,
09:58 il y a une initiative parlementaire qui est accordée aux députés
10:01 qui peuvent faire des propositions de loi et c'est le cas de cette niche Liott.
10:04 Et d'ailleurs, le bureau de l'Assemblée nationale s'est déjà réuni
10:08 et a déjà dit que cette proposition de loi était recevable.
10:10 Écoutez, la réalité c'est que le gouvernement, le pouvoir en place aujourd'hui,
10:15 sait qu'il est minoritaire et a peur du vote des parlementaires,
10:19 comme il a peur d'ailleurs du vote des Français, et donc il a refusé,
10:22 on en parlait, d'avoir eu recours au référendum sur ce sujet,
10:26 parce que cette réforme, elle est rejetée par une majorité des Français,
10:29 parce que cette réforme, elle est rejetée par l'ensemble des organisations syndicales
10:32 et qu'on va avoir une opportunité de voter le 8 juin.
10:35 Moi, j'appelle tous les députés à voter l'abrogation de ce texte de loi
10:39 et j'appelle celles et ceux qui nous écoutent à manifester,
10:41 puisqu'il y a une journée de manifestation le 6 juin,
10:43 parce que c'est le succès de la journée du 6 juin
10:45 qui permettra de remporter le vote du 8 juin.
10:48 À manifester dans le calme, évidemment, pacifiquement,
10:51 et en dénonçant les violences qui déroulent parfois en tête de cortège, parfois en tête de...
10:56 Écoutez, moi j'ai toujours appelé les Françaises et les Français
10:59 à manifester calmement, bien évidemment,
11:02 mais il faut aussi que le pouvoir en place comprenne que s'il coupe...
11:05 Il y a toujours un "mais" avec vous.
11:06 Non, il n'y a pas de "mais".
11:07 Si, là vous venez de me le dire.
11:08 On appelle à manifester pacifiquement, mais...
11:10 Alors je vais enlever le "mais" si vous voulez regarder.
11:12 Non, non, je n'ai jamais dit "mais".
11:15 Si, c'est pas grave.
11:16 Non, mais d'accord.
11:17 Expliquez-vous.
11:18 Je pense que c'est assez clair de dire "j'appelle les gens à manifester dans le calme",
11:21 mais je ne suis pas d'accord avec l'utilisation de la violence.
11:24 Ok, alors oui d'accord, mais là vous partez sur autre chose.
11:27 Mais le mot "mais", il est dans le dictionnaire, on a encore le droit de l'utiliser.
11:30 Non, mais la condamnation de la violence avec le "mais", en fait, elle est difficile.
11:34 Mais je ne...
11:36 Alors je vais arrêter d'utiliser "mais" si vous voulez.
11:39 Donc je ne sais pas quel mot je peux utiliser.
11:42 J'ai quand même le droit de dire que quand le pouvoir en place coupe peu à peu tous
11:47 les canaux démocratiques qui permettent de régler une situation de blocage politique
11:52 comme celle à laquelle on assiste aujourd'hui.
11:53 Qui a fait obstruction à l'Assemblée ?
11:54 Le gouvernement en utilisant l'article 47.2 de la Constitution.
11:59 En déposant des milliers d'amendements.
12:00 D'accord, mais qui a limité...
12:01 C'est vous.
12:02 Laurence Ferrer, qui a limité le temps de débat à 15 jours ? C'est moi ?
12:05 Non, mais c'est vous qui avez fait obstruction.
12:06 Non, mais qui a limité le temps de débat à 15 jours ?
12:08 D'accord, ok.
12:09 Non, mais répondez à ma question.
12:10 Vous avez fait obstruction à l'époque et maintenant vous dites "il faut voter".
12:11 C'est le gouvernement, vous êtes d'accord ? On aurait pu tout à fait décider que le
12:14 débat allait durer un mois, deux mois, trois mois.
12:17 Qui a coupé tous les canaux d'expression démocratique ? Qui a refusé d'avoir recours
12:22 au référendum ? Qui a empêché les députés de voter ?
12:25 Le Conseil constitutionnel a priori.
12:26 C'est pas moi qui ai empêché...
12:27 Le Conseil constitutionnel c'est pas le gouvernement.
12:28 Non, qui a refusé d'avoir eu recours au référendum ? C'est le président de la
12:31 République qui aurait tout à fait pu décider tout seul de le déclencher.
12:34 Le Conseil constitutionnel il a rétoqué le référendum d'initiative partagée, ça
12:37 c'est autre chose.
12:38 C'est pas moi non plus qui ai décidé d'avoir eu recours à l'article 49.3 de la Constitution
12:42 pour empêcher les députés de voter.
12:43 C'est le président de la République et la Première ministre.
12:46 C'est pas moi qui m'apprête à empêcher ou à chercher tous les moyens possibles pour
12:50 empêcher la proposition de loi d'abrogation d'être discutée à l'Assemblée nationale.
12:54 C'est le gouvernement et le président de la République.
12:56 La petite musique que vous faites entendre c'est "il y a une violence de l'État contre
12:59 nous donc du coup voilà, on légitime la violence dans la France".
13:03 Non je dis pas ça.
13:04 C'est que dans une démocratie, les points de blocage, quand il y a une opposition entre
13:09 ce que veut faire le pouvoir et une majorité de la population, la bonne manière de le
13:12 régler c'est par la démocratie.
13:14 Donc c'est par le vote des parlementaires, le vote des citoyennes et des citoyens.
13:20 C'est comme ça qu'on règle le problème.
13:21 Sinon, et dire ça n'est pas une justification de quoi que ce soit, sinon vous avez des gens
13:25 qui disent "ça sert à rien, j'ai manifesté pacifiquement, j'ai l'impression que j'ai
13:29 pas entendu, on me demande pas mon avis, ils votent contre moi, à la fin qu'est-ce que
13:33 je fais, j'essaye de trouver d'autres moyens et bien sûr que je le souhaite pas".
13:37 Mais je pense que tout le monde peut comprendre que ça conduit à ce type de situation et
13:41 comme personne ne le souhaite, il faut donc faire en sorte de produire et de proposer
13:44 des sorties, que ce soit des sorties politiques et démocratiques à cette situation.
13:47 C'est quoi la "mauvaise république" que vous dénoncez ?
13:50 C'est la Ve République.
13:51 C'est la nôtre ?
13:52 Ce sont des institutions que vous remettez en cause ?
13:53 C'est les institutions de la Ve République, bien évidemment oui.
13:56 Quand Jean-Luc Mélenchon il dit "ah bah la mauvaise république", j'ai entendu des gens
13:59 dire "ah mon dieu, mon dieu, mais Jean-Luc Mélenchon ça fait depuis 20 ans qu'il est
14:02 opposé à la Ve République, il faut se réveiller".
14:04 Ça fait plus de 40 ans qu'il vit de cette république en même temps.
14:07 Et alors ?
14:08 Non non mais voilà.
14:09 Parce qu'il est élu de la Ve République.
14:10 C'est assez rigolo quand même.
14:11 De toute façon je vais vous dire que pour passer à la VIe République, il faut bien
14:13 prendre le pouvoir dans le cadre des institutions de la Ve République.
14:16 Donc oui nous sommes opposés à la Ve République et je pense que la situation à laquelle on
14:21 assiste depuis plusieurs mois devrait faire réfléchir tout le monde.
14:24 Quelles sont ces institutions qui permettent à un homme seul d'imposer une réforme que
14:28 personne ne veut ? Quelles sont ces institutions ? Est-ce qu'on pense que c'est des institutions
14:33 qui sont bonnes ? Franchement c'est des institutions qui sont issues d'un temps,
14:36 qui ont une histoire, pourquoi pas.
14:38 Non je ne dis pas pourquoi pas qu'elles ont une histoire.
14:40 Non mais ce que je veux dire c'est qu'au moment où elles étaient mises en place,
14:43 moi je n'y étais pas né, mais elles avaient sans doute un certain nombre de justifications.
14:47 Mais aujourd'hui la société elle a bougé, les choses elles ont évolué, on a besoin
14:52 de reconstruire des institutions.
14:53 On voit bien qu'on est dans une crise politique, qu'il y a plein de gens qui ne vont plus
14:56 voter, qui ne se sentent pas représentés.
14:58 Ces questions-là si on veut faire en sorte d'y répondre positivement, c'est la proposition
15:03 que nous formulons.
15:04 Il faut qu'on réécrive ensemble les règles du jeu.
15:05 C'est ce que nous proposons, une assemblée constituante pour récréer les institutions
15:08 de la VIème République.
15:09 Et des gens qui parfois ont recours à la violence parce qu'ils se sentent peut-être
15:14 absolument coincés, est-ce que la violence des mots précède la violence, n'engendre
15:19 pas cette violence dans la rue ou physique ?
15:21 Ça dépend lesquels, mais je suis vous faites référence.
15:24 On se fait référence à l'agression d'une petite neveu de Brigitte Macron, M. Tronieu.
15:28 Elle est intolérable cette agression et je pense que ça a été dit par tout le monde.
15:33 Je ne crois pas que les personnes qui ont agressé le petit neveu de M. Macron aient
15:37 fait référence à des propos qui avaient été prononcés par telle ou telle personne.
15:42 Quand on chante Macron, on peut te décapiter.
15:43 Quand on est un député de la France Insoumise, évidemment, on se dit que les mots ont du sens.
15:46 Non, il n'y a pas de député de la France Insoumise, il est conseiller régional, il
15:50 n'est pas député.
15:51 Mais que les choses soient très claires, j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer
15:56 sur ce sujet, les slogans, les chamboules, tout, ça participe de notre culture populaire.
16:02 Et il n'y a pas de lien entre le fait de pouvoir prononcer, par exemple, des slogans
16:06 contre la monarchie, puisque ce dont vous parlez, c'est un slogan contre la monarchie,
16:09 et de s'en prendre physiquement au président de la République.
16:12 Macron peut recommencer.
16:13 Lui-même a répondu à ce sujet, vous savez très bien que ce n'est pas la personne du
16:17 président de la République qui est mise en cause quand vous dites cette chose-là.
16:20 Écoutez, il faut dire les choses franchement.
16:22 L'incitation à la haine ou l'incitation à la violence, c'est un délit dans notre
16:26 pays.
16:27 Donc si des gens considèrent que tel ou tel slogan est une incitation à la violence,
16:31 ils portent plainte, mais ils ne le font pas.
16:32 Et vous savez pourquoi ils ne le font pas ? Parce qu'ils savent très bien que la justice
16:35 ne condamnera pas ça comme une incitation à la violence, parce que ça participe de
16:38 notre culture populaire, rebelle, on utilise des slogans.
16:41 Donc c'est acceptable, voilà.
16:42 Non, ce n'est pas acceptable.
16:43 Ce qui est inacceptable, ce qui est inacceptable, c'est les faits, les actes, les actes de
16:49 violence, ils sont inacceptables.
16:50 Et à la France Insoumise, vous ne trouverez pas une seule personne pour vous dire que
16:54 ces actes sont acceptables.
16:55 Et il faut distinguer ce qui est de l'ordre des actes qui sont commis et ce qui est de
16:59 l'ordre du débat politique et du débat public.
17:01 Manuel Bompard était notre invité ce matin.
17:03 Merci d'être venu.
17:04 Merci à vous.
17:05 Dans la matinale de CNews à vous.
17:05 Merci à vous.
17:06 [Musique]
17:09 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]