"L'auteur des faits n'a jamais été retrouvé", Erwann, policier et orphelin de policier témoigne au sujet de la perte de son père

  • l’année dernière
Trois jeunes policiers sont morts dimanche matin dans un accident de la route dans la métropole lilloise. Le conducteur de l'autre véhicule impliqué, également décédé, était positif au cannabis et à l'alcool selon les résultats d'une analyse toxicologique. Le passager de ce véhicule, ainsi qu'une jeune fille présente dans la voiture de police, en vue de son transfert vers le centre hospitalier de Lille, sont grièvement blessés.
Transcript
00:00 -Mon sort, oui, j'ai perdu mon père lors d'un accident de la route
00:03 quand j'avais l'âge de 13 ans.
00:04 Après, le métier de policier, c'est un métier dangereux.
00:08 Je le vois encore aujourd'hui avec les collègues blessés.
00:10 Ils étaient seulement jeunes.
00:12 Je ne sais pas s'ils avaient des familles ou pas,
00:13 mais c'est une bien triste nouvelle pour tout le monde.
00:16 -Vous aviez 13 ans à l'époque du drame.
00:19 -C'est ça, exactement.
00:21 -Et ensuite, comment êtes-vous pris en charge ?
00:24 -A la suite de ça, un animateur d'Orphéopolis
00:27 est venu nous voir, ma mère et mon frère, avec moi,
00:33 pour nous présenter Orphéopolis.
00:34 C'est un orphelinat qui a été créé par la police et pour la police.
00:38 Il y a eu un accompagnement psychologique ainsi que financier
00:43 dans ces démarches, parce que c'est assez compliqué
00:45 de faire un parent ou un conjoint à n'importe quel âge.
00:49 -Cet accompagnement psychologique, notamment, dont vous parlez,
00:54 a duré combien de temps ?
00:57 -Alors ça, on avait des rendez-vous avec des psys,
01:01 j'y ai été une fois ou deux, je crois.
01:02 Je ne me souviens plus trop, j'étais assez jeune.
01:04 Après, c'était surtout lors des collos de vacances,
01:07 où on est réunis entre orphelins, soit d'un ou deux parents,
01:10 où là, on discutait beaucoup entre nous.
01:12 Et c'est ça, moi, qui m'a conforté dans la discussion
01:17 pour parler de la perte d'un parent.
01:20 Ce n'est pas quelque chose qu'on vit tous les jours.
01:21 -Dans l'histoire qui est la vôtre,
01:25 concernant l'accident dans lequel votre père a été victime,
01:31 le conducteur n'a jamais été retrouvé, c'est bien ça ?
01:35 -Oui, c'est bien ça. Il n'a jamais été retrouvé.
01:37 Il a pris la fuite après avoir percuté mon père dans un rond-point.
01:40 Il n'y a pas eu de suite au niveau de la procédure,
01:43 car l'auteur d'effet n'a jamais été retrouvé.
01:45 -Ca a été une attente continue pour vous,
01:48 qu'un jour la vérité soit faite ?
01:50 -J'aurais bien aimé qu'il soit retrouvé et jugé, c'est sûr.
01:53 Après, le destin en a décidé autrement.
01:57 On ne peut pas y revenir.
01:59 -Votre histoire, quand elle s'inscrit dans le temps,
02:04 c'est que vous choisissez ensuite,
02:05 vous allez nous dire à quel âge, de devenir vous-même policier.
02:09 -Oui, c'est ça. À l'âge de 20 ans, après mes études,
02:12 j'ai voulu devenir policier.
02:14 Dans un premier temps, en tant que policier auxiliaire.
02:16 C'est un grade qui nous permet de partir de la police sans difficulté.
02:21 J'ai vu que ça me confortait dans le choix de la diversité des missions.
02:25 J'ai été garain de la paix pendant 3 ans.
02:29 Je suis devenu motocycliste depuis un an et demi.
02:31 -Il s'agissait de rendre hommage à votre père
02:35 ou il n'y a pas forcément de lien avec lui ?
02:38 -Je ne sais pas si c'est rendre hommage ou pas.
02:41 Mais j'entendais raconter ses histoires, ses journées,
02:44 quand il était là.
02:45 Ou ses collègues racontaient ses journées.
02:47 Je trouvais que c'était des journées plutôt atypiques.
02:51 Elles n'étaient jamais ressemblantes.
02:53 Et ça, j'apprécie dans ce métier.
02:55 Parce que je suis quelqu'un plutôt d'hyperactif.
02:58 Donc le fait d'avoir des journées toujours différentes,
03:00 ça me conforte.

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