SMART JOB - Bien dans son job du mercredi 24 mai 2023
Mercredi 24 mai 2023, SMART JOB reçoit Aurélie Feld (Présidente, LHH France)
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00:00 [Musique]
00:12 Bien, dans son job, on parle beaucoup de recrutement, d'intérim, de chasseurs de têtes, de talents,
00:18 mais si on s'intéressait aussi aux carrières internes et aux talents qui sont dans l'entreprise.
00:23 On en parle avec vous Aurélie Feld, ravie de vous accueillir.
00:26 Vous êtes la présidente de LHH France. Alors LHH France, c'est Altédia ?
00:33 C'est ça, LHH France c'est Altédia, c'est une entreprise de conseil, d'accompagnement RH.
00:38 On fait aussi du recrutement, de la formation, de l'assessment, toutes sortes de prestations et de conseils autour de la sphère RH.
00:47 Focus aujourd'hui sur cette importance de valoriser, c'est bien ça l'enjeu, les carrières internes.
00:53 Pourquoi ? Parce qu'auparavant on allait plutôt chercher à l'extérieur, ce que finalement on ne voyait pas devant nous, c'est un petit peu l'image.
01:00 Effectivement, avant, il y avait pléthore de compétences sur le marché, et donc c'était parfois plus simple d'aller chercher des gens qui étaient prêts maintenant,
01:10 plutôt que de se dire qu'on les avait peut-être en interne à condition de les accompagner un peu.
01:15 Mais le marché a changé, et aujourd'hui, si c'est très important pour les entreprises de bien s'occuper de leurs salariés,
01:21 c'est bien parce qu'il y a d'abord des pénuries de compétences, et ces pénuries de compétences font que concrètement,
01:29 la seule solution pour avoir la bonne compétence au bon endroit au bon moment, c'est de la construire soi-même.
01:34 Mais vous, cabinet de conseil, quand vous rencontrez des clients qui vous disent "tous, on galère, on ne recrute pas, on n'y arrive pas",
01:40 comment on met en place d'un point de vue très concret une forme d'ingénierie pour aller sourcer les talents en interne ? Ce n'est pas si simple ?
01:48 Ce n'est pas si compliqué non plus. En fait, d'abord, ça mobilise l'ensemble des acteurs de l'entreprise.
01:56 Ça mobilise évidemment les RH, ça mobilise les managers, ça mobilise aussi les salariés eux-mêmes,
02:01 qui doivent entrer dans cette démarche de manière un peu volontaire.
02:04 Ça peut prendre appui sur les entretiens annuels, il n'y a pas besoin non plus d'inventer une usine à gaz.
02:11 Ça peut être finalement relativement simple, relativement souple. Il s'agit de rendre visibles les besoins de compétence de l'entreprise
02:18 et d'aider les salariés à savoir vers où s'orienter en fonction de ce qu'ils ont déjà dans leur valise au départ.
02:25 Donc effectivement, ça passe évidemment par le filtre des RH, de l'entretien annuel, et ensuite il y a quand même un travail de reventilation,
02:31 d'un collaborateur qui vous dit "moi j'étais plutôt en expertise comptable, mais je vois que la tech dans l'entreprise, ça bouge et on embauche, ça m'intéresse".
02:38 Comment on fait pour le faire passer de la compta au service data ?
02:43 Vous avez parlé de l'essentiel. L'essentiel c'est d'abord l'envie du collaborateur.
02:49 S'il n'a pas envie, on n'y arrivera jamais. En revanche, s'il a envie, s'il a aussi un certain nombre d'embryons de compétence ou d'adjacence de compétence,
02:57 et si on l'accompagne correctement, effectivement on peut transformer probablement un contrôleur de gestion en data scientist.
03:03 Et ça, ça se fait avec évidemment quand même un parcours de formation, qui va être soit conçu par l'entreprise pour répondre à ses propres besoins,
03:12 soit trouvé sur le marché de la formation par l'entreprise, parfois même un peu des deux.
03:17 Et c'est comme ça que le collaborateur connaîtra une nouvelle vie dans l'entreprise.
03:22 Concrètement, aujourd'hui les entreprises ont pris conscience de ce que vous évoquez en ce moment sur notre plateau,
03:27 c'est-à-dire qu'elles ont pris conscience qu'il fallait bâtir ensuite à l'intérieur des programmes de formation
03:32 La DRH peut aussi solliciter un collaborateur, lui dire "mais je pense que tu pourrais peut-être"
03:38 Je pense qu'elle est là aussi pour ça.
03:39 Bien sûr, la DRH, elle peut tout à fait, c'est même plutôt recommandé, aller vers les collaborateurs pour leur proposer des pistes pour l'après.
03:51 Elle a même tout intérêt à le faire, puisque au-delà des aspects de rémunération et de flexibilité du travail,
03:57 qui sont très importants aujourd'hui pour les collaborateurs, et évidemment de sens au travail,
04:02 ce qui compte ensuite c'est les perspectives.
04:04 Ce qui fait qu'on reste dans une entreprise, au-delà du fait qu'on peut s'y sentir bien,
04:07 c'est qu'on arrive à s'y projeter, qu'on s'y voit évoluer.
04:11 Et plus l'entreprise a conçu, mis en place des démarches de mobilité interne,
04:16 plus finalement elle répond à cette aspiration-là du salarié.
04:19 Vous dites que c'est un enjeu stratégique et économique, ça veut dire que la capacité de retenir ces collaborateurs
04:24 et de les faire grandir, ça veut dire que c'est bon pour l'entreprise cette stratégie-là ?
04:28 C'est essentiel pour l'entreprise, pour au moins deux raisons.
04:33 La première c'est qu'aujourd'hui, la seule certitude c'est l'incertitude.
04:36 Et donc développer le muscle de l'agilité au sein de l'entreprise,
04:40 c'est la seule façon de pouvoir se réorienter tactiquement au fur et à mesure de l'évolution des choses.
04:47 Et la mobilité, ça participe de cette agilité.
04:50 Donc si une entreprise veut être agile, elle doit encourager ses salariés au mouvement interne.
04:56 Et par ailleurs, je vous le disais en début de cet échange,
05:01 l'entreprise ne trouvera pas les compétences dont elle a besoin sur le marché.
05:04 D'abord parce qu'elles ne sont pas disponibles, et ensuite parce que l'éducation nationale,
05:08 que ce soit l'enseignement secondaire pro ou l'enseignement supérieur,
05:11 ne sait pas construire les parcours de formation.
05:13 Adapté.
05:14 Ce n'est même pas adapté, c'est aussi vite que les transformations arrivent.
05:17 Et donc sa seule solution à l'entreprise pour avoir la bonne compétence au bon endroit au bon moment,
05:21 c'est de la construire.
05:23 Donc c'est vraiment un enjeu stratégique.
05:25 Donc vous nous siez la branche des cabinets de chasseurs de tête,
05:27 de ceux qui disent "attendez, les talents sont à l'extérieur, il faut leur donner envie",
05:31 parce qu'il y a cet enjeu-là quand même.
05:33 Je vous rappelle Arnaud qu'on fait aussi du recrutement.
05:35 Mais oui, c'est ça !
05:36 Non, ces démarches pour moi elles sont complémentaires.
05:39 Oui, il y a des talents qu'on peut trouver à l'extérieur,
05:42 mais il y a aussi des talents qui sont pénuriques.
05:44 Vous parliez des talents de la tech, du numérique, de la data.
05:48 Ces talents-là, même si on doublait les capacités à former qui existent aujourd'hui,
05:55 on n'arriverait pas à en avoir suffisamment.
05:57 Donc finalement, la seule solution c'est d'en produire aussi.
06:01 Ça veut pas dire qu'on va en produire exclusivement à l'intérieur,
06:03 mais ça veut dire qu'on n'a pas d'autre choix que de se muscler à l'intérieur pour en produire aussi.
06:08 En tout cas les RH qui nous regardent, les DRH qui nous regardent, pivotent,
06:11 ou en tout cas vous les encouragez vivement à pivoter et à bien réfléchir à ces enjeux.
06:16 Oui, et si je peux me permettre, je pense que c'est plus facile pour une grande entreprise
06:21 avec un service RH un peu organisé que pour une plus petite entreprise.
06:25 En revanche, des plus petites entreprises peuvent peut-être se rassembler
06:30 soit à l'échelle d'un bassin d'emploi, soit à l'échelle d'une branche ou d'une filière,
06:34 et travailler en inter-entreprise pour développer la mobilité et les compétences.
06:41 Ça c'est très intéressant, et salariés pouvant passer d'un secteur à un autre,
06:44 d'une entreprise finalement à une autre dans ce bassin d'emploi.
06:46 Oui, parce qu'on connaît les aires de mobilité géographiques des Français
06:49 qui sont toutes petites, 53 km de mémoire,
06:51 et donc être en capacité de retenir les talents sur un bassin,
06:55 ça bénéficie à l'ensemble du bassin.
06:56 Merci Aurélie Feld d'être venue nous rendre visite,
06:59 présidente de LHH France, entreprise qui a 50 ans,
07:02 ex-Altédia, et je rappelle que vous avez reçu à l'occasion de la 7e édition
07:07 le prix des 100 jours EIM KPMG, faut-il le préciser.
07:11 Merci beaucoup.
07:12 C'est toujours un plaisir de recevoir un prix.
07:13 Merci de nous avoir rendu visite.
07:14 On tourne une page, on fait de la philo, je ne sais pas si la philo vous intéresse,
07:17 mais je suis persuadé que le sujet de l'intelligence artificielle vous intéresse.
07:20 Est-ce que l'IA va remplacer les managers ?
07:23 Question posée aujourd'hui par Pierre Delbé, c'est notre rubrique Smartphilo.