Helena Noguerra, chanteuse et comédienne

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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcript
00:00 culture média avec Philippe Vandel et avec Elena Noguera. - J'ai appris une info, bonjour Elena Noguera.
00:05 Vous faites quoi dans le clip ? - Philippe Vandel, mais vous avez oublié que j'étais dans le clip des yeux noirs.
00:09 - J'avais complètement oublié et j'ignorais que c'était un clip signé Gainsbourg. - J'avais 15 ou 16 ans je crois et c'était donc une de mes
00:16 premières apparitions en tout cas avec mon nom
00:19 associé à l'image parce que j'étais mannequin mais là c'est la première fois où on disait
00:23 Elena Noguera dans le clip d'Indochine. Bah oui j'étais les yeux noirs d'Indochine.
00:28 - Incroyable, j'ignorais complètement, j'en apprends des choses dans cette émission. Vous êtes protéiforme, c'est votre mot, mannequin à l'époque,
00:34 réalisatrice, animatrice télé, romancière et comédienne.
00:36 On vous a vu dans plein de films, L'Arnaqueur, vous avez tourné sous la direction d'Agnès Jahouy, Fabien Toniente, Philippe Catherine, Christophe Honoré.
00:42 C'est pas rien et j'en oublie, vous êtes aussi chanteuse. Cet album est aujourd'hui.
00:46 C'est à l'auteur de théâtre que je m'adresse. J'ai écrit plusieurs pièces
00:50 et justement votre actualité se passe sur les planches, pas n'importe où, au théâtre du rond-point, une référence au lieu de la création à Paris.
00:56 Et vous montez sur scène pour une pièce écrite par Elena Nogueira.
00:59 Ça s'appelle "Un dernier rêve pour la route". Ça n'a pas commencé, ça démarre le 6 juin jusqu'au 24.
01:04 J'ai pas vu la pièce, j'ai pas vu la répétition. J'ai eu la chance de lire le texte.
01:07 Pour résumer, d'abord comment vous définiriez cette pièce ? C'est une fable ou pas ? Qu'est-ce que ça raconte ?
01:12 - Si c'est ça. Je dirais que c'est une fable.
01:14 C'est un tête-à-tête entre une jeune femme démissionnaire et sa mère plutôt toxique.
01:22 Et on va traverser
01:25 les cinq derniers rêves de cette femme
01:28 qui est plutôt dépressive, mais les rêves sont plutôt joyeux.
01:32 - La femme qui est dépressive c'est la reine-mère ou c'est Elena ?
01:34 - Non c'est la jeune femme, Elena.
01:36 Et donc la reine-mère, il y a ce tête-à-tête qui ressemble un peu à "Qu'est-il arrivé à Baby Jane" qui est un peu dark, un peu gothique.
01:43 Et qui est traversée par cinq rêves que fait cette jeune femme et qui eux sont
01:47 comme si, je dirais, c'est un peu prétentieux mais j'adore prétendre,
01:53 comme si David Lynch avait forniqué avec Alice au Pays des Merveilles.
01:57 C'est féérique, donc il y a une fée qui est interprétée par Romain Brault qui est magnifique,
02:03 il y a un prince interprété par Pierre Nott, les frères sont des lapins apparaissant lapins.
02:08 Et donc c'est vraiment sur scène, les costumes sont impressionnants, les lumières aussi,
02:14 et c'est un peu dadaïste aussi.
02:16 - On peut dire un mot du décor ? C'est un lit ? C'est un endroit qui vous est cher ?
02:22 - Vous dites "je fais tout au lit" ? - Mais oui c'est vrai. Alors j'ai changé parce qu'il y a quelques années,
02:27 à mes 50 ans, j'ai décidé d'être une autre personne.
02:30 Alors c'est pas possible beaucoup beaucoup, mais j'ai décidé de changer des choses et donc j'ai pris mes plus grosses
02:37 caractéristiques et je me suis dit "je ne peux pas être définie".
02:39 Vous voyez, je sais pas comment vous dire, il y a des gens qui disent "je suis comme ça, j'en n'y peux rien, je dis des conneries,
02:46 je suis méchant, mais je suis comme ça". - C'est le "sois-même-isme" même, je sais plus quel philosophe appelait ça.
02:50 Les gens qui se vont d'être eux-mêmes, le "sois-même-isme".
02:52 - Et bien le "sois-même-isme". - Et ça vient d'une phrase de Goethe ou de Nietzsche qui en allemand était "Werde was du bist",
02:57 "Deviens ce que tu es" qui est devenu maintenant un slogan pour des baskets.
03:00 - Voilà et en fait on m'a dit ça, quelqu'un m'a un peu agressée, quelqu'un de proche, et j'ai dit "m'arrête" et m'a répondu "mais je suis comme ça".
03:07 Et cette phrase a déclenché chez moi une volonté de me redéfinir et donc pour revenir à ce goût du lit,
03:14 je me suis dit, une des fortes caractéristiques
03:17 quand on parle de moi on va dire "elle aime être au lit", et bien figurez-vous je suis sortie de mon lit
03:23 et je me lève tôt et je me couche tôt et je suis encore plus active qu'auparavant. Avant j'étais active au lit mais non pas de
03:30 manière sensuelle, j'écrivais au lit, je mangeais au lit, je lisais au lit et maintenant je fais les mêmes actions mais
03:36 habillée et assise. - Et là je suis en train de me dire "mais qu'est-ce qu'elle fait pour les miettes" mais c'est pas ce genre de questions pour David et Camilo.
03:43 - Ça me dérange pas les miettes.
03:46 C'était un clu, quand on aime vivre au lit il faut vivre avec des choses. - Et donc sur scène, moi j'ai pas vu, on voit un immense lit,
03:52 qu'est-ce qu'on voit alors ? - Alors il y a un immense lit qui a été dessiné par Manu qui est le
03:56 scénographe, que Catherine Chaub, la metteur en scène, a décidé de faire. Donc c'est un énorme lit, toute la scène est un lit.
04:05 La reine mère
04:07 a un rocking chair dessus, tous les meubles de la pièce sont dans les draps et en fait on est
04:15 engouffrés dans ce rêve géant qui va jamais quitter la scène en fait.
04:20 On bascule entre le réel et le rêve tout le temps. Donc les lumières nous font basculer, les musiques...
04:27 - On va s'intéresser au réel parce que vous dites que quasiment tout est personnel dans cette pièce.
04:31 Hélèna Nogueira, un dernier rêve pour la route. Culture Média continue sur Europe 1, à tout de suite.
04:36 - Culture Média sur Europe 1, Philippe Vandel, vous recevez Hélèna Nogueira qui monte sur scène à partir du 6 juin au Théâtre du Rond-Point à Paris.
04:43 Elle monte sur scène avec cette pièce, un dernier rêve pour la route, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, pièce écrite par ses soins.
04:48 Vous dites dans le dossier de presse que quasiment tout est personnel. Hélèna, déjà c'est un peu votre double.
04:53 - C'est vrai mais en fait... - Il y a aussi la puisse change.
04:56 - Oui, en fait Hélèna, c'est comme ça qu'on dit en portugais.
05:00 Et effectivement c'est inspiré de faits réels, c'est une pièce inspirée de faits réels.
05:07 - On a envie de savoir quels sont ces faits.
05:09 - Il faut voir la pièce.
05:13 - Il faut raconter parce que ici on raconte et ensuite les gens qui vous entendent disent "Waouh, j'ai trop envie de voir".
05:18 - Alors, une mère toxique, je connais. On peut dire ça comme ça, la pauvre, mais écoutez...
05:24 - La reine mère, elle est jouée par Christiane Cohen-Bich.
05:27 - Je vais utiliser un mot plus gentil pour elle, disons qu'elle est tellement fantasque que parfois c'en est douloureux.
05:32 - Ça changera ma question qu'elle est arrivée, c'est comment était votre maman ?
05:35 - Une maman fantasque, tellement fantasque que ça peut en être douloureux.
05:41 - C'est toxique, je trouve ça un peu dur après, mais oui c'est quelqu'un qui vit dans un rêve.
05:48 - C'est quelqu'un de très différent.
05:50 - Vous dites "J'ai écrit cette pièce pour explorer la tyrannie maternelle à travers les yeux d'un magicien sous psychotropes".
05:54 - On va évacuer le côté psychotropes.
05:56 - Déjà parce qu'on sent qu'ils sont bien tous tous barrés.
05:59 - Et puis on est mercredi, il y a des enfants qui nous écoutent.
06:03 - En quoi la tyrannie maternelle est un sujet qui vous touche ?
06:06 - Je pense qu'on doit être tous traversés par ça, je pense que c'est un des grands traumas,
06:11 c'est le premier amour qui est celui que la mère porte à l'enfant,
06:15 et qui nous définit pour beaucoup dans le monde.
06:20 C'est-à-dire que notre position au monde elle va être très définie par cette attention,
06:24 cette inattention qu'a la mère envers le petit enfant.
06:27 - Mais pourquoi la tyrannie spécifiquement pour vous ?
06:29 - Parce que je trouve que ça peut, et ça l'est souvent, devenir tyrannique,
06:33 ce pouvoir de la mère du ventre qui vous dit "toute une vie, fais pas ci, fais pas là".
06:39 Il y a comme une sensation de propriété de l'être humain qu'on a mis au monde.
06:44 - Elle vous disait ça votre mère ?
06:45 - Je la frôle, mais je la comprends par moi-même également.
06:47 - Non mais votre mère vous a quand même laissé aller tourner, puisqu'on en parlait tout à l'heure,
06:50 à 15 ans, un clip avec Gainsbourg.
06:52 - Oui oui c'est vrai.
06:53 - Donc c'est pas la marque d'une mère tyrannique.
06:55 - Non mais la tyrannie n'est pas forcément l'empêchement de faire.
06:59 La tyrannie elle est souterraine, c'est une tyrannie psychologique.
07:05 La tyrannie elle est ailleurs que dans "tu ne sortiras pas de cette maison
07:09 parce que je te préfère sous mon toit".
07:12 La tyrannie elle est ailleurs.
07:15 Chacun peut-être la reconnaît.
07:18 - Jamais j'aurais pensé vous poser cette question, mais vu que c'est le thème de la pièce,
07:21 et vous-même vous êtes mère, quelle maman êtes-vous et quelle maman étiez-vous ?
07:24 - Vous êtes votre enfant très jeune.
07:26 - Oui, j'étais une maman un peu, je dirais presque inconséquente,
07:31 mais quoique très concernée.
07:33 Mais c'est difficile à résumer et à répondre comme ça.
07:37 Je pense que j'ai été chouette et pas chouette en même temps.
07:41 Et puis je connais cette tyrannie, c'est-à-dire cette manière de passer les mains dans les cheveux de quelqu'un,
07:48 comme si c'était votre enfant.
07:52 Oui c'est ça, c'est-à-dire qu'on est en public et puis d'un seul coup vous lui touchez les cheveux,
07:56 mais en fait ça ne devrait pas avoir lieu.
07:58 Vous voyez, ce sont des gestes que je trouve assez tyranniques.
08:02 C'est comme une description de territoire, vous voyez, c'est un marquage de territoire public.
08:08 Je décortique un peu tous les gestes de tout un chacun, je suis en train de devenir ma boule en fait.
08:14 - On se le disait tous, mais on ne voulait pas le dire à vous, je plaisante.
08:17 Au JDD, il y a presque 10 ans, vous disiez "les enfants sont chiants et cons".
08:21 - Oui, alors j'adore la provocation, c'est vrai, j'aime beaucoup.
08:25 Parfois j'ai aussi un goût de la provocation qui va plus loin que moi-même,
08:31 c'est-à-dire comme je suis une personne publique,
08:33 parfois j'utilise la parole pour créer quelque chose qui va faire penser.
08:38 Et qui après, on m'associe à cette chose comme si c'était vraiment mes convictions profondes,
08:44 or parfois je ne suis qu'un élément perturbateur.
08:47 - Il faut faire attention parce que si votre fils il lit ça...
08:49 - Non mais il le sait, il me connaît évidemment, je l'ai mis au monde et il cohabite avec moi.
08:53 Enfin on ne vit plus ensemble, rassurez-vous, mais disons qu'on a un compagnonnage qui est long.
08:59 Donc il connaît, il a du recul pour ça.
09:01 Mais c'est vrai qu'il y a une provocation,
09:03 parce que c'était à l'époque, c'était un petit peu provocateur de dire ça sur les enfants.
09:09 - En tout cas, avec ce récit que vous faites de vous-même comme ça,
09:12 même en creux, même par petites touches,
09:14 on a une idée de la dimension onirique et profonde de la pièce.
09:17 Parce que ce n'est pas seulement des petits lapins et les whiskyrolles.
09:20 On est aussi dans le cadre de l'absurde et parfois on va très loin dans l'introspection,
09:23 comme on vient de l'entendre ici.
09:25 - Oui, c'est ça, c'est une espèce d'objet qui je pense me ressemble beaucoup,
09:29 c'est-à-dire c'est joyeux, c'est charmant, c'est solaire,
09:32 et en même temps, sous les sourires et sous les petites choses provocatrices,
09:36 il y a quelque chose qui est peut-être abyssal et qui est moins drôle qu'il n'y paraît.
09:43 - On va continuer à parler de culture avec Hélène Handoguera,
09:46 on va parler de littérature, on va parler de séries,
09:48 et Culture Média continue sur Europe 1.