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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 - Et vous écoutez Culture Média jusqu'à 11h, on vous parle d'un film qui sort mercredi au cinéma et ça s'appelle "Apache", Philippe Vandel.
00:07 - Bonjour Niels Schneider. - Bonjour Philippe Vandel.
00:09 - Comédien, on vous a découvert dans "Les amours imaginaires" de Xavier Dolan, c'était en 2010, vous avez été césarisé pour "Diamant noir", c'était en 2016.
00:15 Vous avez vu également dans "Sibyl" de Justine Trier, les choses qu'on dit, les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret.
00:20 Et voici donc à l'affiche d'"Apache", film de Romain Quiraux, Artus, Bruno Lochet, Dominique Pinan, Alice Izzaz complètent la distribution.
00:27 Ça sort mercredi, film très intéressant, d'abord en ce qu'il a une portée historique avant toute chose, qui était les Apaches.
00:33 - Oui, oui, oui, alors moi je connaissais très très peu de choses sur les Apaches.
00:37 C'est un peu les premiers gangs parisiens qui terrorisaient la population parce qu'ils avaient la haine des bourgeois.
00:46 Ils s'attaquaient principalement aux bourgeois, c'était des fils d'ouvriers qui voulaient pas terminer à l'usine comme leurs parents.
00:54 Ils exerçaient vraiment un pouvoir de fascination parce qu'ils avaient une identité très singulière.
01:04 Ils piquaient des codes comme ça aux bourgeois avec leurs chaussures brillantes, leurs foulards rouges, ils étaient à la fois très stylisés et en même temps ils faisaient très très peur.
01:15 - Je cite Romain Quiraux, le réalisateur, puisque vous en parlez, il dit en 1902, parce que c'est à cette époque qu'on appelle la Belle Époque,
01:22 ça s'est terminé avec l'arrivée de la guerre de 1914, qu'ils ont été envoyés sur le front, comme beaucoup évidemment,
01:26 et malheureusement, en 1902, dit Romain Quiraux, la presse surnomme Apaches les bandes de malfrats qui sévissent dans la capitale
01:32 et qui ont en commun leur détestation de la police, des bourgeois et du travail jugé asservissant.
01:38 On a l'impression, quand j'ai lu ça, d'entendre une interview de jeunes dans les manifs contre la réforme de la retraite.
01:45 A quel point c'est actuel ?
01:47 - Oui, il y a des échos qui sont assez évidents, c'est-à-dire qu'on voit les premières dérives de l'industrialisation,
01:55 c'est-à-dire que la jeunesse parisienne était poussée finalement dans les banlieues, le baron Haussmann avait transformé la ville,
02:05 et finalement, la jeunesse parisienne n'avait plus de quoi se payer de logement à Paris.
02:11 Et oui, l'écart de classe sociale se faisait sentir de plus en plus fort et il y a des échos très très forts.
02:19 - C'était pas seulement des petites bandes comme la bande à Bonneau, parce que les Apaches en tout, ils étaient 30 à 80 000 dans Paris.
02:25 Ils vivaient de quoi ? Et après, je vous demandais, de quoi vivaient votre bande ?
02:28 - Alors, ils vivaient de... - De petits boulots ?
02:34 - Ouais, de petits boulots, de vols surtout, de l'arcin, et de... Oui, ils volaient, c'était vraiment des bandits.
02:43 - Et alors, ce qu'il reste de cette époque, il y a des mots d'argot, le taf, la thune, un daron qui est revenu à la mode et il est condé, pour dire la police.
02:51 L'histoire de votre bande Apaches, de quoi s'agit-il ? Si on doit la résumer.
02:57 - Alors, j'ai un esprit de synthèse vraiment très médiocre, mais c'est l'histoire finalement de...
03:03 - Moi aussi, c'est pour ça que je vous pose la question à vous. Et en plus, avec la Nouvelle Heure, adieu l'esprit de synthèse.
03:09 - Alors, c'est l'histoire de Billy, c'est une fille des rues. - C'est Ali Cizaz.
03:16 - C'est Ali Cizaz, voilà. Et son frère se fait... Elle veut partir à New York, elle rêve d'Amérique, et son frère se fait tuer par un chef de gang, un chef Apaches, que je joue.
03:33 Et elle va se venger finalement, elle veut venger son frère et s'infiltrer dans cette bande.
03:42 - On écoute la bande-annonce.
03:45 - A ri, à peu et à sang, les Apaches vont régner la terreur !
03:49 - Le gang n'obéissait à aucune loi. Il semait la terreur en toute impunité.
03:53 - Tous Beaumont travaillaient pour Jésus, le chef des loups de la pute.
03:57 - Chef Beaumont, vers, à vous. Parce que vous, vous mettez pas un genou.
04:00 - Je suis un guerrier, là. - Et pourtant, ça m'empêche pas de se tuer des gens de temps en temps.
04:04 - Un nouveau commissaire a été nommé pour nettoyer la ville.
04:08 - Pourquoi ils veulent se débarrasser de nous ?
04:11 - Ah bah parce qu'on fout un peu le bordel quand même, on va pas se mentir.
04:14 - C'est quoi ton nom ? - Billy.
04:17 - Je veux devenir une Apache.
04:20 - Moi, j'avais un plan. Ils pensaient que m'enfermer suffirait à l'anéantir.
04:26 - Mais la rage qui brûle en moi est incontrôlable.
04:29 - Et elle va devenir leur pire cauchemar.
04:39 - Une histoire de vengeance, Billy veut se venger. Se venger comment ?
04:43 Évidemment, rien ne va se passer comme prévu. On en parle avec Neil Schneider.
04:46 "Apache", ça sort mercredi, il revient dans quelques instants.
04:49 Vous êtes sur Europe 1 dans Culture Média, à tout de suite.
04:51 - Le film "Apache" sort mercredi avec à l'affiche, entre autres, Neil Schneider.
04:56 Il est votre invité jusqu'à 11h, Philippe Vandel.
04:59 - Alors on l'a dit, c'est l'histoire d'une vengeance, celle de la petite Billy.
05:02 Vous êtes Jésus, vous êtes l'auteur de ce crime qu'elle voudra venger.
05:07 Vous êtes surtout la figure tutélaire de cette bande d'apaches.
05:10 Qui est Jésus ? Comment vous avez abordé ce rôle ?
05:12 - Alors Jésus, c'est le chef d'un gang.
05:17 - D'un gang, bien sûr. Il n'y a pas les apaches.
05:20 - Il n'y a pas les apaches, il y avait vraiment plusieurs gangs.
05:23 Et c'est un fils d'ouvrier qui...
05:28 Il le tue pas par... Il a un côté quand même un peu cinglé.
05:34 Il le tue dans une partie de roulettes russes.
05:38 Donc il n'a pas peur de la mort.
05:41 Il s'appelle Jésus, pas parce que c'est le fils de Dieu,
05:44 mais parce qu'il a la réputation d'être increvable.
05:48 Et on raconte qu'il a pris 17 coups de couteau, il s'en est sorti.
05:55 Et voilà, c'est un personnage qui a une sorte de violence en lui,
05:59 et en même temps une envie de vivre très fort.
06:02 - Si mes enfants avaient 6 ans et 7 ans, ils les ont plus,
06:05 ils diraient c'est un gentil ou c'est un méchant ?
06:09 - Je crois que c'est...
06:12 Les anglais disent "a cool bastard".
06:15 - Un bâtard cool.
06:17 - C'est un bâtard gentil.
06:20 - Oui, parce qu'on s'y attache. Il est méchant, mais on s'y attache quand même.
06:23 - On s'y attache parce que justement il a eu une rage de vivre.
06:27 Il a eu une fureur de vivre.
06:29 Et comme il savait qu'ils n'allaient pas vivre très vieux,
06:33 il profite finalement de la vie peut-être plus que les autres.
06:37 - Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce film et dans ce rôle ?
06:40 - C'est des films qu'on fait très peu en France.
06:42 C'est tout un imaginaire qu'on laisse beaucoup aux Américains,
06:44 je trouve, aux Anglo-Saxons, aux Coréens,
06:47 mais qu'on fait très peu en France.
06:49 On a peur, j'ai l'impression, en France, du cinéma de genre.
06:53 Il y en a de plus en plus aujourd'hui avec Du Courneau,
06:56 il y en a Jussie Filippo, je pense que Stine Major,
07:00 on se le réapproprie, alors qu'en France,
07:03 c'est pas qu'on a inventé le film de genre,
07:05 mais il y en avait beaucoup à l'origine du cinéma,
07:07 qu'on pense à Méliès, qu'on pense à Murnau.
07:10 - Murnau, c'est pas en France.
07:12 - Comment ? - Murnau, c'est allemand.
07:14 - C'est allemand, mais je veux dire même en Europe.
07:17 Et finalement, c'est les Américains qui ont récupéré ces codes-là.
07:24 Et bref, ça me plaisait de faire un cinéma qui soit à la fois généreux,
07:30 qui soit fun. - Parce que c'est à la fois très réaliste,
07:33 il y a des séquences très réalistes,
07:34 en même temps c'est une fable.
07:35 C'est chapitré comme une histoire, comme une saga.
07:40 - On a essayé de rendre ça réaliste,
07:43 dans le sens que, à l'écriture comme ça,
07:45 ça pouvait être très stéréotypé.
07:47 Et le danger, c'était...
07:49 - Et ce qu'il fallait faire, le défi,
07:51 c'était de rendre ça quand même le plus incarné possible.
07:53 - Alors, c'est un film très dans l'air du temps
07:55 qu'a signé Romain Quiraux, très politiquement correct.
07:58 Par exemple, le tueur en grand-cœur,
08:00 comme vous dites, c'est cool bastard.
08:01 En revanche, les flics sont tous des ripoux,
08:03 le curé est alcoolique, il ne croit plus en Dieu,
08:05 tout est à front renversé.
08:07 - Oui, il s'amuse avec les codes.
08:13 Et puis le personnage de Billy, c'est aussi un personnage assez féminin,
08:18 dans le sens qu'à l'époque, les femmes étaient principalement des prostituées.
08:22 C'était un monde principalement d'hommes,
08:25 et le personnage de Billy tient tête à Jésus.
08:29 - Et je ne sais même pas si le mot féminisme existait.
08:32 Il a aussi joué Romain Quiraux, le résetteur, avec les anachronismes.
08:36 Par exemple, dans la bande-son, on peut entendre,
08:38 on est en 1900, on peut entendre ceci.
08:40 Donc ça, c'est hip-hop à "Wanna be your dog",
08:49 ou alors on peut aussi entendre cela.
08:51 - Je ne sais pas.
08:53 Quand il faut ou quand il faut pas.
08:56 Quand il faut ou quand il faut pas.
08:58 - Vous l'avez à Nice ou pas ?
09:00 - Avec les filles...
09:02 - Richard Anthony, non ?
09:03 - Philippe Laville.
09:05 Avec les filles, je ne sais pas.
09:07 Et même votre tenue est anachronique.
09:09 C'est un vieux manteau Dior.
09:11 Pourquoi bien sûr, non ?
09:13 La costumière ou le costumier auraient pu choisir un manteau d'époque.
09:16 Il a choisi un manteau Dior, qui n'avait pas été fondé à l'époque.
09:19 - Il a aimé s'amuser avec ça, parce que plutôt que...
09:21 Il voulait surtout éviter la reconstitution parfaite, historique,
09:25 et du film d'époque un peu poussiéreux,
09:28 comme ça, en sépia.
09:30 Et ce qu'il voulait faire, surtout, c'était retranscrire l'esprit Apache.
09:35 Et l'esprit Apache, c'est vraiment la...
09:39 une grande liberté, quoi.
09:41 Une grande liberté avec des choses qui ne vont pas forcément ensemble,
09:45 d'assez bigarrés et un peu punk.
09:50 - Ouais, et un peu punk, ouais. Punk 77.
09:52 - Ou 76, donc pas tout à fait Apache.
09:54 Là encore, anachronisme.
09:56 - Ouais, exactement.
09:58 - Et les colts, c'était comme Buffalo Bill,
10:00 parce que c'est aussi western.
10:02 Il y a un côté western à Paris.
10:04 - Oui, mais il s'est amusé aussi avec ça,
10:06 parce que, en fait, Buffalo Bill était venu
10:09 pendant l'expo 2900 à Paris.
10:12 - J'ai appris ça.
10:13 - C'est pour ça, en fait, qu'on les appelait les Apaches,
10:15 parce qu'il y avait une sorte de fascination
10:17 pour la violence des Amérindiens.
10:21 Et finalement, la sauvagerie de ce gang-là
10:26 rappelait ce qu'on racontait sur ces Indiens d'Amérique.
10:30 - Ça s'appelle "Apache", ça sort mercredi.
10:32 Film de Romain Quiraux avec Neil Schneider.
10:34 C'est notre invité dans Culture Média.