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Le procureur de la République de Reims s'exprime ce mercredi 24 mai sur l'agression mortelle au CHU de Reims. Une infirmière est morte et une secrétaire médicale a été blessé grièvement. Le suspect faisait l'objet de soins psychiatriques depuis 1985. 

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Transcription
00:00 Mesdames, Messieurs, bonjour.
00:02 Merci d'avoir bien voulu répondre
00:04 à mon invitation pour ce point presse.
00:07 A titre liminaire,
00:17 avec le directeur départemental de la Sécurité publique,
00:20 qui a piloté l'enquête à mes côtés,
00:23 au nom de mon équipe et de l'institution
00:26 que je représente, que nous représentons,
00:29 nos premières pensées seront pour les victimes
00:31 de ce drame affreux, pour leurs familles et leurs proches,
00:35 et pour tous les membres de la communauté hospitalière
00:37 et médicale de Reims et d'ailleurs,
00:39 qui sont aujourd'hui dans la peine et la douleur
00:42 et avec lesquels nous travaillons au quotidien.
00:45 Je vous rappelle que j'interviens
00:48 en titre des dispositions de l'article 11
00:50 du code de procédure pénale,
00:52 qui autorise le procureur de la République
00:54 à transmettre publiquement des informations
00:57 normalement couvertes par le secret de l'enquête.
01:01 Ceci sous le bénéfice de la présomption d'innocence.
01:05 Voici quels sont les éléments
01:06 que je souhaite porter à votre connaissance.
01:09 Lundi 22 mai 2023, peu avant 13h30,
01:13 un individu se présentait au CHU de Reims,
01:16 au service de l'unité de médecine et santé au travail,
01:19 et agressait violemment une secrétaire de 56 ans
01:23 et une infirmière de 37 ans à coups de couteau,
01:27 alors qu'elles étaient dans un vestiaire.
01:29 Il tentait de prendre la fuite,
01:30 mais était très rapidement interpellé
01:31 par les agents de sûreté de l'hôpital,
01:34 puis par les services de police qui y avisaient de l'agression.
01:36 C'était immédiatement rendu sur place.
01:39 Il était placé en garde à vue à 13h40 ce lundi
01:43 pour des faits de tentative d'assassinat,
01:45 et l'enquête était confiée au commissariat central de Reims.
01:49 Dans la nuit du 22 au 23 mai,
01:51 malgré l'importance des soins prodigués,
01:54 l'infirmière, âgée de 37 ans, décédait.
01:58 Une autopsie était réalisée dans la journée du 23 mai
02:01 qui mettait en évidence une pluralité de blessures.
02:04 Le décès était dû à une hémorragie interne
02:07 provoquée par des lésions d'organes thoraciques et abdominaux
02:10 résultant d'une agression par arme blanche.
02:13 Elle était mère de deux enfants de 8 et 11 ans.
02:17 Sa collègue, secrétaire médicale,
02:20 bien que grièvement blessée, était hors de danger
02:24 et avait pu être entendue par les enquêteurs dès le 23 mai
02:27 disant avoir reçu 5 coups de couteau.
02:30 L'effet était alors requalifié par mon parquet
02:32 d'assassinat et tentative d'assassinat.
02:35 La cinétique des faits semblait simple.
02:37 Dans la mesure où l'individu appréhendé,
02:38 rémois de 59 ans, célibataire, sans activité professionnelle,
02:43 avait agi seul à l'aide d'un couteau de type couteau de cuisine
02:47 disposant d'une lame de 15 à 20 cm,
02:50 couteau dont il était trouvé porteur
02:51 au moment de son interpellation.
02:54 Il devait indiquer durant son interrogatoire
02:56 qu'il avait acheté ce couteau qui paraissait neuf
02:59 le jour des faits.
03:00 Ce point n'a toutefois pas pu être vérifié
03:04 compte tenu de l'imprécision des déclarations du mis en cause.
03:07 Il semblait avoir agi sans mobile apparent
03:10 envers les victimes ou le service dans lequel elles travaillaient
03:13 dans la mesure où ils n'avaient pas de rendez-vous dans ce service
03:15 et n'étaient pas suivis au sein de ce service.
03:19 En revanche, dès son interpellation,
03:22 il avait déclaré à plusieurs reprises au fonctionnaire de police
03:25 en vouloir au milieu hospitalier,
03:27 indiquant avoir été maltraité depuis plusieurs années
03:30 par le milieu psychiatrique.
03:32 Il ajoutait en vouloir, je cite, "aux blouses blanches",
03:34 précisant que chaque fois qu'il croiserait une blouse blanche,
03:37 il la planterait car il voulait se venger.
03:40 Plusieurs membres du personnel médical
03:42 qu'il avait vu déambuler dans le service
03:44 quelques courtes minutes avant son passage à l'acte
03:47 avaient entendu des termes de même nature.
03:51 Si son interpellation n'avait pas posé de difficultés,
03:53 sa garde à vue et ses interrogatoires
03:56 ont été particulièrement difficiles.
03:58 En effet, j'ai décidé d'une garde à vue en milieu hospitalier
04:02 au regard des préconisations médicales.
04:04 Par ailleurs, s'agissant de ces déclarations,
04:08 il devait indiquer spontanément au policier interpellateur
04:11 qu'il avait donné plusieurs coups de pouteau à des infirmières.
04:14 En garde à vue, si certains de ses propos
04:16 ont été totalement incohérents,
04:19 il reconnaissait avoir volontairement agressé
04:21 les 2 membres du personnel de santé
04:23 en raison de leur qualité
04:25 et parce qu'il en voulait à la psychiatrie
04:26 qu'il qualifiait de criminel, d'assassin
04:28 ou encore de faux jetons.
04:30 Il ajoutait avoir pensé son forfait depuis plusieurs mois
04:34 et reconnaissait que le couteau dont il s'était servi
04:38 lui appartenait bien.
04:40 Sur le plan de ses antécédents pénaux,
04:43 il n'a jamais été condamné,
04:45 mais avait été mis en examen à Châlons-en-Champagne
04:48 pour des faits de violence aggravée.
04:50 Il lui était reproché d'avoir, le 21 juin 2017,
04:54 commis des violences avec un couteau
04:55 sur 4 personnels de l'ESAT, où il travaillait alors.
05:00 A la suite de ces faits, le magistrat instructeur
05:03 devait rendre une ordonnance de transmission de pièces
05:05 aux fins de saisine de la chambre de l'instruction
05:08 et non de non-lieu, comme je l'ai indiqué par erreur
05:10 lors de mon 1er communiqué de presse,
05:12 ordonnance rendue le 30 juin 2022
05:16 et qui était liée à l'existence d'une pluralité d'expertises
05:20 faisant état de l'abolition du discernement de l'intéressé.
05:23 Cette procédure, je le rappelle,
05:25 permet, lorsqu'une personne est susceptible
05:27 d'être déclarée irresponsable
05:30 en raison de l'abolition de son discernement,
05:32 tout en considérant que les faits commis lui sont imputables,
05:36 d'imposer aux mises en cause des mesures de sûreté
05:39 pouvant aller jusqu'à l'hospitalisation d'office.
05:42 Une audience doit en ce cas avoir lieu
05:44 devant la cour d'appel et qui, au cas d'espèce dans ce dossier,
05:48 doit avoir lieu le 26 mai 2023.
05:51 C'est à l'issue de cette audience que la cour d'appel
05:53 peut être amenée à prendre des mesures de sûreté
05:56 pouvant, comme je l'ai indiqué,
05:57 aller jusqu'à l'hospitalisation sous contrainte.
06:00 Je précise à ce stade que rien dans les éléments d'enquête
06:04 ne permet de faire un lien entre le passage à l'acte
06:07 et la date d'audience du 26 mai.
06:10 S'agissant de son profil,
06:12 souffrant de schizophrénie et de paranoïa,
06:15 il faisait l'objet de soins psychiatriques depuis 1985,
06:19 avec de nombreux séjours hospitaliers,
06:21 et était reconnu adulte handicapé.
06:24 En 2017, sur fond de pathologies sévères
06:27 de type syndrome persécutif et psychose chronique
06:30 depuis l'adolescence,
06:32 il stoppait son traitement psychotrope
06:34 et passait violemment à l'acte,
06:35 comme je l'ai indiqué il y a un instant,
06:37 ce qui entraînait une nouvelle mesure d'hospitalisation.
06:41 Ainsi, ces dernières années,
06:44 il a été hospitalisé en psychiatrie
06:46 du 22 juin 2017 au 30 août 2019,
06:50 puis du 22 septembre 2020 au 17 octobre 2021,
06:54 et enfin du 12 juillet 2021 au 14 septembre 2021.
06:59 Il avait par ailleurs été placé une première fois
07:02 sous mesure de curatel renforcé,
07:05 de 1998 à 2007,
07:07 la curatrice étant à l'époque sa mère.
07:11 En mars 2019, il était à nouveau placé
07:14 sous mesure de curatel renforcé,
07:16 partiellement à sa demande.
07:19 La mesure de curatel renforcé
07:20 était confiée au gérant tutel
07:22 de l'établissement de santé mentale
07:24 de Châlons-en-Champagne pour une durée de 5 ans,
07:27 soit jusqu'en mars 2024.
07:30 L'enquête a mis en évidence
07:35 une divergence de point de vue
07:36 entre la mandataire judiciaire
07:38 et le psychiatre de l'intéressé.
07:40 La première estimant à plusieurs reprises,
07:44 entre 2021 et 2023,
07:46 que depuis au moins décembre 2020,
07:49 l'intéressé ne prenait plus régulièrement son traitement,
07:53 tandis que le psychiatre estimait
07:54 que la situation était stabilisée,
07:57 que le traitement était pris
07:58 et que la mesure même de protection
08:00 ne se justifiait plus.
08:02 Entre 2021 et 2023,
08:05 malgré plusieurs demandes d'une mise en cause
08:07 de voir la mesure de protection
08:09 de curatel renforcé levée
08:11 et plusieurs certificats et expertises médicales
08:13 allant dans le même sens,
08:15 le juge des tutelles de Reims
08:17 a toujours refusé la levée
08:18 de la mesure de curatel renforcé
08:21 au regard notamment des rapports du mandataire
08:23 sur la dangerosité et la difficulté
08:26 à s'assurer du maintien effectif des soins,
08:28 voire de périodes importantes de rupture de soins.
08:32 Rupture de soins qui ont pu être reconnues
08:34 par l'intéressé lui-même
08:35 dans le cadre des investigations menées
08:37 par le juge des tutelles.
08:39 La mandataire, qui a été entendue
08:41 dans le cadre de la présente enquête,
08:43 a fait état de plusieurs crises verbales
08:45 depuis l'été 2022,
08:47 la dernière le 15 mai 2023,
08:50 et a précisé s'en être ouverte à plusieurs reprises
08:52 au psychiatre depuis deux ans,
08:55 faisant des signalements non suivis des faits,
08:57 selon elle, précisant que la mère de l'intéressé
09:00 qui n'a pu être entendue
09:01 avait les mêmes craintes d'un nouveau passage à l'acte.
09:04 Elle ajoutait ne pas avoir été surprise
09:06 de ce nouveau passage à l'acte.
09:08 Fin octobre 2022,
09:10 elle avait même sollicité du juge des tutelles
09:12 son désaisissement
09:13 au regard de la dangerosité potentielle
09:16 et imprévisible de l'intéressé
09:18 en lien avec sa pathologie psychotique,
09:20 justifiant, selon elle, un suivi médical permanent.
09:24 Le psychiatre qui le suit depuis 2017
09:27 a également été entendu et a indiqué aux enquêteurs
09:30 que, selon lui, il n'y avait pas eu
09:32 de rupture de traitement ces dernières années,
09:34 ni même ces derniers mois,
09:35 qu'il ne s'attendait pas à un tel passage à l'acte
09:38 et estimait son patient stabilisé.
09:41 Sur les six derniers mois,
09:42 ce psychiatre a vu le mis en cause en consultation
09:45 cinq fois,
09:46 la dernière fois le 10 mai 2023.
09:50 Et le psychiatre a précisé
09:52 que l'intéressé était passé au service
09:56 le lundi 22 mai au matin,
09:58 sans doute pour prendre son traitement,
10:00 mais qu'il ne l'avait pas vu.
10:03 L'intéressé venait tous les jours de semaine
10:05 au service médical prendre ses cachets
10:08 et le vendredi, il venait récupérer son sachet de cachet
10:11 pour le week-end.
10:13 En semaine, la prise des médicaments
10:15 se fait devant les infirmiers,
10:17 mais il n'est pas vérifié la réalité
10:19 et la complétude de l'ingestion.
10:22 Pour le week-end, il est remis un sachet au patient
10:24 le vendredi, à charge pour lui de prendre ses médicaments.
10:29 Sur l'intéressé, lorsqu'il a été appréhendé,
10:32 il a été trouvé porteur de plusieurs cachets
10:34 pouvant correspondre à une partie
10:36 de la prise médicamenteuse du jeudi.
10:38 En perquisition à son domicile,
10:41 nous avons pu appréhender un sachet de médicaments
10:43 semblant correspondre à la prescription
10:46 qui avait pu lui être remise le vendredi après-midi.
10:49 Ce sachet n'était ni ouvert ni entamé.
10:52 J'ai ouvert ce jour une information judiciaire
10:55 des chefs d'assassinat et tentative d'assassinat,
10:58 c'est-à-dire meurtre avec préméditation,
11:01 compte tenu d'une part des propres déclarations
11:03 de l'intéressé sur son intention depuis plusieurs mois
11:06 de tuer des personnels de santé,
11:08 et d'autre part en raison de sa venue armée
11:11 dans un service où il n'avait aucune raison de se trouver.
11:15 J'ai sollicité sa mise en examen de ses chefs
11:17 et son placement en détention provisoire
11:19 avec placement rapide en unité hospitalo-carcérale,
11:22 notamment au regard du risque de réitération des faits,
11:26 des risques de pression sur victimes et témoins,
11:29 et compte tenu de la gravité des faits
11:31 et de troubles particulièrement graves et persistants
11:33 causés à l'ordre public.
11:35 Il appartiendra cet après-midi
11:37 aux juges d'instruction et aux juges des libertés
11:39 de la détention devant lesquels il comparaîtra
11:41 d'apprécier les suites qu'il convient de réserver
11:44 à mes demandes.
11:45 Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
11:48 L'information judiciaire, outre la cinétique des faits,
11:52 devra notamment s'attacher à cerner au mieux
11:54 la personnalité de mise en cause
11:56 et son degré de conscience dans le passage à l'acte,
11:59 mais devra également rechercher s'il y a eu
12:01 ou non continuité dans la prise en charge médicale
12:03 ou au contraire rupture de soins à l'initiative du mis en cause.
12:07 Et dans cette dernière hypothèse,
12:09 si cette rupture a pu participer au passage à l'acte meurtrier
12:12 et plus généralement, si l'on peut parler de crime de haine
12:16 ou d'un crime de folie.
12:17 Je vous remercie.
12:19 Nous sommes à votre disposition pour répondre à quelques questions.
12:29 Est-ce qu'après son passage à l'acte dans le vestiaire du service,
12:32 est-ce qu'il a prononcé des mots
12:34 et est-ce qu'il s'est promené dans le centre hospitalier ?
12:37 Est-ce qu'il y a eu une déambulation avec ce couteau ?
12:40 Il y a eu une déambulation avant le passage à l'acte.
12:44 Ensuite, il a cherché à prendre la fuite,
12:47 ce qui fait qu'un certain nombre de personnels de santé
12:49 ont pu le voir juste avant ou juste après le passage à l'acte.
12:53 Mais dans tous les cas, la cinétique a été extrêmement courte
12:56 puisque les services de sécurité de l'hôpital
12:59 ont été très rapidement avisés.
13:01 La police est intervenue également de manière extrêmement rapide
13:05 et il s'est passé moins de 10 minutes
13:08 entre le moment des faits et le moment où il a été appréhendé.
13:12 Durant sa déambulation, il a déjà sorti le couteau ?
13:17 Un certain nombre de gens ont vu le couteau.
13:20 Donc il est possible qu'effectivement,
13:22 dans sa déambulation, il ait eu le couteau en main.
13:28 Oui, c'est possible.
13:30 Il a manifestement cherché un petit peu sa voie et son chemin,
13:33 se trouvant face à des murs ou à des portes qui étaient fermées,
13:37 ce qui a pu le conduire à revenir également sur ses pas.
13:41 Il n'a pas menacé d'autres services après son passage à l'acte ?
13:50 On a des témoignages qui disent
13:52 qu'il s'en est allé au service radio avec son couteau.
13:56 Je n'ai pas cette information-là.
13:57 Je ne sais pas si M. le directeur peut en dire quelque chose.
14:00 Qu'il ait fui sans connaître nécessairement tous les lieux
14:04 et donc ait pu se rendre dans d'autres services,
14:07 c'est tout à fait possible.
14:09 Il n'y a pas eu d'autres menaces après son passage à l'acte ?
14:13 Pas à ma connaissance.
14:14 En revanche, un certain nombre de personnels
14:17 ont pu entendre des propos du même type
14:20 que ceux qu'il a pu énoncer lorsqu'il a été en garde à vue.
14:24 Elle a été extrêmement difficile
14:34 compte tenu de sa pathologie et de son comportement.
14:38 Il y a eu des moments où il a été extrêmement volubile, vociférant.
14:44 Il y a eu d'autres moments où les choses ont été beaucoup plus calmes.
14:49 Il a été vu à plusieurs reprises par des généralistes
14:51 et par des psychiatres,
14:53 ce qui a nécessité d'ailleurs son placement
14:56 en garde à vue hospitalière.
14:58 Et ses interrogatoires ont été courts,
15:01 pour partie cohérents dans les réponses
15:03 qui ont pu être données,
15:05 et d'autres fois manifestement totalement incohérents.
15:09 Comment expliquer qu'aucune mesure de sûreté
15:11 n'a été prise à suite de la révélation de 2017 ?
15:15 Comme je vous l'ai indiqué,
15:22 il n'y a pas eu aucune mesure de sûreté
15:24 qui a été prise après l'agression de 2017,
15:28 puisqu'il a été hospitalisé sous contrainte
15:31 pendant quasiment deux ans après l'agression de 2017.
15:37 (Propos inaudibles)
15:53 Durant la période intermédiaire,
15:56 dans les informations que nous avons eues en 48 heures,
15:58 en 48 heures d'enquête,
15:59 puisque ça n'était pas évidemment le coeur de l'enquête,
16:03 je vous ai indiqué les périodes d'hospitalisation,
16:07 qu'elles aient été libres ou sous contrainte,
16:10 dans tous les cas, en psychiatrie.
16:12 Il a continué à avoir un suivi médical.
16:18 Absolument.
16:19 (Propos inaudibles)
16:25 Ou libre ou sous contrainte.
16:27 En 2017, c'est une hospitalisation sous contrainte.
16:31 En 2021, de juillet en septembre,
16:33 c'est une hospitalisation sous contrainte.
16:37 Je n'ai pas eu la vérification et la confirmation
16:39 que la dernière période d'hospitalisation,
16:41 enfin, pardon, la période intermédiaire d'hospitalisation
16:44 de septembre 2020 à octobre 2020
16:47 était une hospitalisation sous contrainte.
16:51 Mais dans tous les cas,
16:52 ces périodes ont été des hospitalisations en psychiatrie.
16:56 (Propos inaudibles)
16:59 Et en intervalle, il n'y avait pas de mesure de contrôle judiciaire.
17:02 (Propos inaudibles)
17:23 Je...
17:24 Il est assez difficile pour moi de vous répondre,
17:26 dans la mesure où ni mon parquet ni la juridiction de Reims
17:29 ne sont concernés par le dossier de Chalon
17:32 et par le débat devant la cour d'appel.
17:35 La seule chose que je puis vous dire sur le plan légal
17:38 est que les mesures de contrôle judiciaire
17:42 peuvent être prises pour que, justement, il y ait des soins.
17:44 Et je vous ai indiqué qu'entre 2017 et 2019,
17:48 puis en 2020, il y avait eu un certain nombre de mesures
17:51 d'hospitalisation sous contrainte
17:52 et dans l'intervalle de soins qui étaient prodiguées.
17:56 Et par ailleurs, il n'existe pas de délai dans la loi
18:01 pour permettre à la cour d'appel de statuer,
18:03 dans les situations identiques à celles-là,
18:06 les seuls délais contraints sont liés aux situations
18:10 dans lesquelles les gens sont en détention provisoire.
18:13 (Propos inaudibles)
18:17 Pardon ?
18:18 (Propos inaudibles)
18:22 C'est exact.
18:23 (Propos inaudibles)
18:25 Oui, je vous l'ai indiqué, son psychiatre ne s'attendait pas
18:28 à un tel passage à l'acte et pour lui, il était stabilisé.
18:31 Comme je vous l'ai également indiqué,
18:33 il l'a vu cinq fois au cours des six derniers mois.
18:36 Il venait tous les jours au rendez-vous pour prendre,
18:40 récupérer ou prendre ses médicaments.
18:43 La dernière fois, le matin même des faits.
18:46 Mais je vous ai également indiqué qu'on a trouvé
18:48 une partie des médicaments et de la posologie sur lui
18:54 et ce qui semble ressembler au traitement
18:56 qu'il aurait dû prendre le week-end dernier à son domicile.
19:00 -Comment explique-t-on ce désaccord
19:02 entre deux personnes qui semblent être très proches
19:04 de l'une de les autres ?
19:05 -Je ne suis pas en état de vous l'expliquer.
19:07 J'en ai fait le constat au regard des 48 heures d'enquête.
19:13 Et comme je vous l'ai indiqué, l'information judiciaire
19:16 devra aussi nous éclairer davantage sur le temps plus long
19:21 pour essayer de comprendre l'existence,
19:24 les raisons de cette divergence de point de vue.
19:28 -Tu parlais de la question sur le psychiatre,
19:29 mais tu n'as jamais expliqué pas d'une personne dangereuse.
19:33 -Je ne sais pas si le terme a été employé dans une question
19:37 ou dans la réponse.
19:40 Le médecin qui le suit et qui le connaît bien
19:42 depuis plus de cinq ans a indiqué que c'était quelqu'un
19:46 qui avait des troubles sévères
19:48 et qu'il connaissait l'existence de ces troubles sévères.
19:51 En revanche, pour les raisons que je vous ai indiquées,
19:54 il considère qu'il était stabilisé.
19:57 -C'est une question technique.
19:59 Est-ce que la mandataire et le psychiatre,
20:01 dans ce cas, se parlent entre eux ?
20:03 Est-ce que c'est deux personnes qui se sont séparées ?
20:06 -Non, ils se parlent et la mandataire nous a indiqué
20:09 avoir fait un certain nombre de signalements
20:11 auprès du psychiatre.
20:12 Et il y avait donc cette divergence de point de vue
20:15 portée à la connaissance également du juge des tutelles,
20:17 mais le juge des tutelles n'est pas là
20:19 pour prendre une mesure d'hospitalisation
20:22 sous contrainte.
20:23 -Excusez-moi, c'est le psychiatre qui est souverain
20:25 quand il y a comme ça une divergence de vue
20:28 sur un dossier ?
20:29 -En tout cas, c'est le monde médical
20:31 qui est souverain en la matière.
20:34 -Est-ce que dans un deuxième temps,
20:36 la question du point de vue de la qualité d'une psychiatre
20:38 pourrait se poser compte tenu des divergences
20:41 entre les différents signalements,
20:43 qui ont été multiples, visiblement,
20:46 et le psychiatre qui, lui,
20:49 n'était pas du tout sur la même ligne ?
20:52 -Madame, aujourd'hui, après 48 heures d'enquête
20:55 et à deux jours à peine après les faits,
20:59 je reproche à un seul individu un assassinat
21:02 et une tentative d'assassinat.
21:04 Je ne peux pas aller plus loin pour vous répondre.
21:06 -Est-ce que l'instruction,
21:08 en fait, c'est des droits,
21:10 permettent que tout ça aclere les responsabilités
21:14 des différents internements,
21:16 des différentes personnes qui sont en contact
21:18 avec tout ce qui se passe ?
21:19 -Le rôle de l'instruction est de faire la vérité
21:22 sur des faits pénalement répréhensibles
21:25 et uniquement sur des faits pénalement répréhensibles.
21:29 -Si son irresponsabilité pénale
21:31 est actée après l'obdition de l'homme en l'oblige,
21:35 est-ce que ça pourrait aussi être le cas
21:36 pour cette affaire de séance ?
21:38 -L'irresponsabilité pénale se mesure dossier par dossier
21:41 et comportement par comportement.
21:44 Je veux dire par là que le dossier de 2017
21:47 et l'éventuelle décision de la cour d'appel
21:50 sur ce dossier-là n'a pas d'incidence
21:54 sur l'analyse qui peut être faite
21:55 de la responsabilité ou de l'irresponsabilité pénale
21:58 dans le présent dossier.
22:00 Il y aura d'autres expertises qui seront réalisées.
22:03 -Est-ce que vous voyez que,
22:06 face à l'acte en 2017,
22:08 qu'on attend une décision de justice le 26 et le 23,
22:11 est-ce que c'est un temps long ?
22:14 Est-ce que vous l'avez suffisamment oublié ?
22:16 -Madame, encore une fois,
22:17 c'est un dossier que mon parquet ne connaissait pas,
22:20 n'avait pas à traiter.
22:22 Je me refuserai donc à apporter une quelconque appréciation
22:25 sur un dossier qui ne ressort pas de ma compétence
22:27 et sur laquelle, d'ailleurs,
22:29 je n'ai évidemment pas toutes les informations.
22:32 -Il n'y a pas de problème de...
22:36 -Non.
22:37 -Non.
22:38 -Non, absolument pas.
22:41 Et aucun antécédent,
22:44 pénaux, par exemple,
22:46 d'ivresse publique et manifeste,
22:47 de conduite sur un pied dans un état alcoolique, non.
22:51 -Est-ce que le premier a manifesté
22:53 l'horreur, le regret ?
22:56 -Non, il n'a manifesté aucun regret,
23:02 aucune empathie vis-à-vis des victimes,
23:05 mais pour être totalement objectif,
23:07 et comme je le disais tout à l'heure,
23:08 au regard des difficultés que nous avons eues
23:10 pour rentrer en contact avec lui
23:12 et pouvoir avoir quelques réponses
23:13 aux questions qui ont été posées,
23:15 on peut être interrogatif sur sa capacité
23:18 à avoir un tel comportement
23:22 ou une telle prise de conscience à ce stade.
23:25 -Est-ce que les victimes étaient personnellement visées ?
23:28 -Non.
23:30 Non, non, ils ne les connaissaient manifestement pas.
23:33 Encore une fois, ils n'avaient aucun contact
23:35 avec ce service,
23:37 semblent avoir agi, entre guillemets, à l'aveugle.
23:40 Et on voulait, au blouse blanche, comme il l'a dit,
23:43 et plus particulièrement au service de psychiatrie,
23:45 qui n'était justement pas le service
23:47 dans lequel travaillaient ces deux personnes.
23:50 Madame.
23:51 -Vous voulez justement aller en psychiatrie.
23:53 Est-ce que les détails sur le traitement
23:55 de la maladie de l'enfant sont là ?
23:58 -Il semble considéré
24:01 que la psychiatrie a gâché sa vie
24:05 et la contraint à un certain nombre de traitements,
24:08 qu'ils soient médicamenteux ou hospitaliers,
24:12 qu'elle est à l'encontre de son bien-être.
24:14 C'est une des raisons, d'ailleurs,
24:16 pour lesquelles il avait sollicité à deux reprises
24:18 la main levée de la mesure de protection,
24:21 puisqu'il souhaitait passer le permis de conduire
24:26 et acheter une voiture,
24:27 et les médicaments qu'il prenait lui causaient
24:30 des effets secondaires qui étaient manifestement incompatibles
24:33 avec les souhaits qui pouvaient être les siens
24:35 quant à la conduite.
24:38 -Suis les faits, je ne sais pas si vous l'avez précisé,
24:41 mais vous avez parlé du nombre de coups de couteau
24:43 qu'a reçus la secrétaire médicale.
24:44 Est-ce qu'on a une idée du nombre de coups de couteau
24:46 qu'a reçu l'infirmière ?
24:48 -On a une idée du nombre de coups de couteau
24:49 qu'a reçu l'infirmière, puisqu'une autopsie a eu lieu.
24:52 Je vous en ai donné les conclusions
24:55 et je n'envisage pas d'aller plus loin.
24:56 -Concernant les responsabilités pénales,
24:59 vous pourriez nous en dire.
25:01 S'il s'avère que les enfants
25:04 ne prenaient pas ces médicaments
25:06 quand on les met dans ces tas de confinement,
25:08 est-ce que ça relèverait les responsabilités pénales
25:11 si on prenait ces médicaments
25:13 et qu'ils étaient déjà traités ?
25:15 -Madame, si je vous ouvre une information judiciaire,
25:17 c'est pour permettre au juge d'instruction
25:20 et à la procédure de répondre à des questions
25:22 auxquelles, pour l'instant, je n'ai pas de réponse.
25:24 -Vous avez déjà fait l'échec de votre mention
25:28 et vous avez dit que c'était un problème de police.
25:30 Vous avez dit que c'était un problème de police.
25:32 Nous avons vérifié, entre 2021 et 2023,
25:37 à son domicile, il y a eu 4 interventions.
25:40 2, en réalité, le même jour,
25:43 manifestement liées à l'hospitalisation
25:46 sous contrainte de juillet 2021.
25:49 Une pour des troubles de voisinage
25:53 et une, enfin, parce qu'il était lui-même victime
25:56 de la part d'une tierce personne.
25:58 ...
26:04 Ca peut être des tapages, des menaces de cette nature-là.
26:07 ...
26:13 S'il n'y a pas d'autres questions...
26:15 -Il y a eu des menaces ?
26:17 -Oui, absolument.
26:19 ...
26:23 Merci beaucoup, mesdames, messieurs.
26:25 ...

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