Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews
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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous pour Midi News.
00:00:04 En quelques instants, place à l'hommage, à l'émotion forcément.
00:00:08 Une minute de silence dans les hôpitaux de France après la mort de Karen Mezino,
00:00:14 cette soignante de 37 ans, poignardée au CHU de Reims.
00:00:17 On évoquera aussi le profil dangereux laissé libre de l'agresseur
00:00:22 qui a déjà agressé quasiment dans les mêmes conditions il y a quelques années
00:00:27 au nom d'un membre d'une institution spécialisée au programme de la sécurité dans les hôpitaux
00:00:32 mais aussi les problèmes autour de la psychiatrie dans notre pays.
00:00:36 Vous voyez ces deux images à l'écran à la fois Reims, la tente avant l'hommage et la minute de silence
00:00:43 et puis à Paris, à l'hôpital Pompidou, la présence de la Première Ministre Elisabeth Borne
00:00:49 et du ministre de la Santé François Braun.
00:00:52 Je salue nos invités Olivier Dertiguel, bonjour à vous.
00:00:55 Maître Pierre Gentillet, bonjour, merci d'être là.
00:00:57 Yann Bastière, déléguée nationale Unité SGP Police nous accompagne, bonjour.
00:01:01 Notre spécialiste pour les justices Noémie Schultz est également présente, bonjour à vous.
00:01:05 Kevin Bossuet, professeur, est également présent dans le Midi News, bonjour.
00:01:09 Alors ces images, il y a d'un côté évidemment l'émotion que nous allons revoir
00:01:14 et la prise de parole de la Première Ministre tout d'abord.
00:01:18 Elle est une personne qui a été soulagée pour sauver. C'est le service des autres et le don de soi au quotidien.
00:01:27 Karen Mezzino était une soignante, c'était l'une d'entre vous.
00:01:32 Infirmière au CHU de Reims, elle se donnait pleinement pour ce métier qu'elle avait choisi.
00:01:39 L'énergie et la douceur, l'empathie et le professionnalisme,
00:01:46 elle a toujours été là pour soutenir ses collègues, pour soigner ses patients.
00:01:52 Voilà qui était Karen Mezzino, voilà les mots de tous ceux qui ont eu la chance de la croiser.
00:01:58 Lundi, un terrible drame lui a pris la vie.
00:02:03 Avec vous, je pense à sa famille, à ses deux enfants, Maël et Éliott, à ses proches et à ses collègues.
00:02:14 Avec vous, je pense à la communauté hospitalière rémoise, profondément choquée.
00:02:20 Je pense à sa collègue Christine, seconde victime de ce drame, très grièvement blessée et à qui nous témoignons tout notre soutien.
00:02:31 Je pense à tous ceux qui sont intervenus immédiatement et avec courage pour tenter de les protéger de l'irréparable.
00:02:40 Derrière notre peine, il y a ce sentiment d'injustice, il y a cette volonté de protection.
00:02:48 Les ministres travaillent pour que toutes les mesures soient prises pour la sécurité de celles et ceux qui nous soignent.
00:02:55 Je m'y engage à mon tour.
00:02:58 Aujourd'hui, toute la communauté des soignants est en deuil et tout notre pays a le cœur serré.
00:03:05 C'est pourquoi je vous invite à vous rassembler autour de la mémoire de Karen Medzino, à vous recueillir et à lui rendre hommage en observant ensemble une minute de silence.
00:03:18 (...)
00:03:47 (...)
00:04:16 (...)
00:04:45 (...)
00:05:14 (...)
00:05:33 Une minute de silence observée dans les hôpitaux de France.
00:05:36 Une femme qui a perdu la vie dans de terribles circonstances et puis énormément de questions évidemment que nous allons soulever.
00:05:43 Vous voyez l'émotion, enfin on imagine évidemment l'émotion à Reims.
00:05:48 Peut-être aussi une forme de colère en tous les cas, beaucoup, beaucoup d'interrogations.
00:05:51 Et puis à l'hôpital Pompidou, la Première ministre et le ministre de la Santé qui dialogue avec ce personnel médical des soignants dans tout son ensemble, forcément sous le choc.
00:06:03 Une minute de silence observée pour rendre hommage à Karen Medzino, soignant de 37 ans, poignardée à mort au CHU de Reims.
00:06:11 On va forcément aussi après le temps de l'émotion s'arrêter sur les questions avec vous Noémie Chou.
00:06:16 C'est le profil de l'agresseur après les révélations autour de l'agression quasiment dans les mêmes circonstances qu'il avait commises il y a quelques années
00:06:24 à l'encontre de quatre membres d'une institution spécialisée et puis surtout ensuite le parcours ou le non-parcours judiciaire.
00:06:30 Oui, cet homme, Franck F., avait agressé en juin 2017, donc pratiquement il y a six ans, jour pour jour, quatre personnes.
00:06:40 Il s'en était pris au personnel de la structure spécialisée dans l'accompagnement des personnes souffrant d'un trouble psychique où il résidait.
00:06:46 On le rappelle, cet homme souffre de troubles lourds. Il est sous curatel depuis plusieurs années et donc il résidait dans un ESAT.
00:06:54 C'est un établissement qui accueille des personnes fragiles psychiquement.
00:07:00 Une enquête avait été ouverte pour violences aggravées et confiée à un juge d'instruction.
00:07:05 Le 30 juin 2022, après cinq années d'enquête, le juge d'instruction a décidé de transmettre le dossier à la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Reims
00:07:16 pour statuer sur la question de la responsabilité pénale de cet homme.
00:07:21 Ce juge avait estimé en effet qu'il était susceptible d'être déclaré irresponsable pénalement en raison de l'abolition de son discernement au moment des faits,
00:07:31 mais il voulait que ce soit acté par une formation collégiale.
00:07:36 La chambre d'instruction, ce sont trois magistrats qui tranchent.
00:07:39 Et justement, la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Reims devait se réunir après-demain, ce vendredi.
00:07:46 Ça, c'est un hasard du calendrier, mais quand même dix mois après le moment où le juge d'instruction avait décidé de transmettre le dossier.
00:07:55 Il y a effectivement ce délai de dix mois qui s'est écoulé.
00:07:58 Pendant ce temps-là, cet homme, il n'était pas sous contrôle judiciaire.
00:08:01 Aucune contrainte.
00:08:02 Pas de contrainte. Il était libre de ses mouvements.
00:08:05 Alors que la chambre d'instruction qui devait se réunir et qui va d'ailleurs se réunir, même si sur le fond l'audience sera peut-être renvoyée,
00:08:11 aurait pu décider de prendre des mesures de sûreté, c'est-à-dire aurait pu décider d'hospitaliser cet homme, cette audience, cette agression, cette attaque.
00:08:21 Vous soulevez l'élément, pardonnez-moi, attendez, Elisabeth Lévy, un élément essentiel, c'est pourquoi n'y a-t-il pas eu une mesure de privation de liberté quasi automatique ?
00:08:32 J'imagine aussi que pour le responsable que vous êtes, le policier que vous êtes, Yann Bastiard, là vraiment les bras nous entombent.
00:08:40 Il ne s'agit pas d'essayer de colorer une décision de justice, mais de ne pas comprendre qu'un tel individu dangereux qui a tenté de poignarder des gens,
00:08:48 ne soit pas sous le coup de main.
00:08:50 Qui avait poignardé.
00:08:51 Qui a, tout à fait, effectivement.
00:08:53 Sonia, vous m'emmenez sur un terrain qui est celui de la justice. C'est dans la phase juridictionnelle.
00:08:59 Noémie vient d'en parler. On est sur un terrain qui nous échappe à nous, policiers.
00:09:04 Bien sûr que la récidive, que ces gens, je suis aussi citoyen, que ces gens dangereux puissent être encore dans la nature.
00:09:12 On en attend. Ça nous laisse un petit peu, on peut pantoie face à de tels drames qui surviennent derrière.
00:09:19 On ne peut que le déplorer. Ensuite, les moyens de la justice, quels sont-ils ? Les moyens de la psychiatrie, je crois que vous allez y revenir.
00:09:25 Il va falloir régler ça à court ou moyen terme.
00:09:29 J'entends sur les moyens, mais la chambre d'instruction qui a été défiée 5 ans après les faits.
00:09:33 C'est surtout ça. Vraiment, c'est abyssal.
00:09:36 C'est le temps de l'enquête. Après, il faut savoir que les juges d'instruction, ils ont des dizaines de dossiers aussi,
00:09:41 des dizaines d'enquêtes à mener en même temps, que parfois les juges d'instruction partent, ils changent de poste
00:09:47 et vous avez un nouveau juge d'instruction qui arrive, qui récupère toute une pile de dossiers.
00:09:50 Ce dossier-là n'était peut-être pas sur le haut de la pile.
00:09:52 Mais dans ce cas-là, mesure de privation de liberté, internement, c'est mathématique.
00:09:56 Alors, je n'ai pas le détail précis de ce qu'il est devenu de cet homme pendant ces 6 années.
00:10:01 Est-ce qu'il y a eu des moments d'hospitalisation ?
00:10:03 Hors les murs, en tous les cas, si je puis dire.
00:10:05 Mais c'est quoi un ESAC ?
00:10:06 Un ESAC, c'est un établissement, je vous dis, une structure spécialisée dans l'accueil des personnes souffrant d'un trouble.
00:10:12 Mais la vraie question, c'est…
00:10:14 Pas du tout, c'est pas enfermé, c'était une structure d'accueil, il était libre de rentrer et de sortir.
00:10:18 Mais il y a effectivement beaucoup de…
00:10:20 Vous avez toutes les informations ? La vraie question, c'est le délai, effectivement, que vous avez souligné, Noémie Schultz,
00:10:25 et quand même le fait que… parce qu'une mesure de privation de liberté peut être décidée par un préfet également.
00:10:30 Ça peut être immédiat.
00:10:32 Ce n'est pas seulement un magistrat, ça peut être un préfet qui décide pour des…
00:10:36 Je parle sous votre contrôle, je me suis renseignée, pour des questions de sécurité, de mise à l'abri…
00:10:41 On peut imaginer que s'il n'y a pas eu… si ça n'a pas été décidé, c'est qu'il a été estimé, encore une fois,
00:10:47 là on voit à tort, que cet homme-là ne présentait pas à ce moment-là un danger.
00:10:52 On attend beaucoup de la conférence de presse…
00:10:54 Il s'est fait attaquer et avoir tenté de poignarder, enfin avoir poignardé des têtes à seins.
00:10:57 Il y a six ans, encore une fois, ce qui s'est passé, peut-être a-t-il été hospitalisé dans un premier temps
00:11:03 et qu'au bout d'un moment, les médecins…
00:11:05 Nous n'avons pas tout ce parcours-là.
00:11:07 Il nous manque encore des pièces de ce parcours judiciaire pour comprendre précisément.
00:11:11 On a raison d'aborder les questions judiciaires. Elles sont criantes.
00:11:16 Elles s'explosent au visage, si je puis dire.
00:11:18 Elles sont là, oui. En observant la minute de silence, moi j'ai pensé à la minute de silence à Pau en décembre 2004,
00:11:24 où il y avait eu ce drame absolu des deux infirmières psychiatriques, l'hôpital psychiatrique de Pau.
00:11:29 À l'époque, deux questions avaient été posées.
00:11:31 La sécurisation des établissements de santé et la situation de la psychiatrie
00:11:35 sur le fait que des personnes qui devraient être internées, soignées, accompagnées, sont dehors.
00:11:41 C'était en 2004.
00:11:43 C'est qu'une question de moyens, M. D'Artiguel, vraiment.
00:11:45 Je pense qu'il y a une défaillance de notre société aujourd'hui sur la santé mentale et sur la psychiatrie.
00:11:52 C'est quelque chose d'aller au profondeur sur un sujet qu'on a envie de cacher.
00:11:55 En 20 ans, la moitié des lits fermés, c'est une conséquence directe.
00:12:01 On ne peut pas tout résumer à travers la question des moyens, mais évidemment,
00:12:05 c'est quand même ici, a priori, un angle majeur qu'on ne peut pas ne pas traiter.
00:12:10 On parlait tout à l'heure de la durée de l'enquête.
00:12:12 La durée de l'enquête, on en revient à cette question sempiternelle des moyens dans la justice.
00:12:18 Quand bien même, on avait traité cette affaire plus tôt,
00:12:23 on imaginait que cette personne ait pu être mise en internement,
00:12:28 avant nous, là, ce n'est même plus sur la justice, c'est sur la psychiatrie,
00:12:32 la capacité pour réinterner.
00:12:35 Il faut d'abord protéger la société, enfermer et se réinterroger sur les moyens de la justice.
00:12:40 Je vous pose la question.
00:12:42 Elle a eu tel produit pour qu'elle l'a introduite ?
00:12:44 La volonté.
00:12:45 On en aurait, je ne pense pas qu'on soit une place près.
00:12:48 Et je pense que si un préfet dit, non mais peut-être,
00:12:51 mais si un préfet dit cet homme est dangereux, il faut l'interner.
00:12:54 Je pense qu'on trouve une place dans un autre.
00:12:56 Je veux dire, c'est pas, j'ai ce sentiment.
00:12:58 On parle beaucoup, effectivement, de ces moyens.
00:13:00 Alors d'abord, il y a quand même aussi, même dans un monde merveilleux,
00:13:04 la psychiatrie, c'est difficile.
00:13:05 Soigner la maladie mentale, c'est extrêmement difficile.
00:13:08 C'est sujet à des échecs répétés.
00:13:11 C'est très difficile d'atteindre une forme de guérison.
00:13:13 Et je trouve qu'on devrait aussi s'interroger sur le fait
00:13:17 qu'il y a dans notre société aujourd'hui, il me semble quand même plus
00:13:20 qu'à d'autres périodes, des gens chez qui, disons, le surmoi,
00:13:25 en quelque sorte, la capacité...
00:13:27 On va analyser l'aspect.
00:13:28 Mais là, on est face à un profil dangereux qui s'est attaqué à quatre personnes
00:13:31 et qui a quand même dit, je pense que c'est prouvé,
00:13:33 j'en veux aux personnes en blouse blanche.
00:13:36 Pardonnez-moi, on n'est pas dans un profil qui a été fragilisé
00:13:40 par la crise du Covid ou quoi que ce soit.
00:13:41 Nous sommes dans des troubles psychologiques lourds.
00:13:43 Donc, quelle est la mesure d'urgence pour le protéger presque lui-même,
00:13:47 peut-être de lui aussi, et les autres ?
00:13:49 C'est forcément l'internement.
00:13:51 Un préfet peut le décider.
00:13:52 Et quand même, la question, voilà, pourquoi ce n'a pas été décidé
00:13:55 par manque d'une place ?
00:13:56 Pour protéger la société.
00:13:57 Je pense que la question sans jeter l'opropre sur personne peut être posée.
00:14:02 Oui, mais le risque de rester suspendu en l'occurrence.
00:14:04 Parce qu'on ne sait pas, on n'a pas les informations justement,
00:14:07 les raisons pour lesquelles on n'a pas pu placer.
00:14:09 Est-ce que ce n'est pas manque de moyens ?
00:14:11 Quel a été le bilan ici fait par le psychiatre ?
00:14:14 Souvenez-vous, on a eu à commenter plein de fois ce genre d'affaires.
00:14:16 Il y a poignardé 4 personnes.
00:14:18 Je suis d'accord.
00:14:20 Les délais de justice sont là aussi, lorsqu'on parle de 6 ans.
00:14:24 Honnêtement, ça n'a rien d'étonnant.
00:14:27 Des affaires qui sont traitées, j'ai 2-3 affaires sur un des dossiers
00:14:31 que j'ai traité lorsque j'étais encore enquêteur.
00:14:33 9 ans de cambriolages, 9 ans pour traiter une série de cambriolages.
00:14:37 Donc vous vous dites que sur des faits aussi graves,
00:14:40 on est sur des délais de justice,
00:14:43 Maître, vous ne pourrez pas me contredire là-dessus,
00:14:45 qui sont extrêmement longs, avec une dangerosité d'un individu
00:14:48 qui n'est même plus à prouver.
00:14:51 Oui, effectivement, il y a des recherches de moyens.
00:14:55 Quand le ministre de la Santé dit qu'il va réunir un comité
00:14:58 pour décider des mesures de sécurité, est-ce que c'est la vraie question ?
00:15:01 Vous pouvez mettre des portiques partout, des vigiles partout
00:15:04 dans tous les hôpitaux, est-ce que vous pouvez en payer ?
00:15:06 C'est mieux que rien peut-être.
00:15:07 Mais est-ce que vous pouvez empêcher ce genre de propriétaires ?
00:15:09 C'est pas la question prioritaire, non.
00:15:10 Peut-être déterminé, on verra sa motivation, on reste prudent, Noemi,
00:15:13 mais qui en voulait aux blouses blanches, de rentrer ou d'attendre
00:15:16 à l'extérieur de l'hôpital.
00:15:18 Voilà.
00:15:19 Donc le vrai problème finalement, c'est peut-être justement
00:15:23 la psychiatrie qui est le parent pauvre du soin dans notre pays.
00:15:28 Bien sûr, la psychiatrie est le parent pauvre du soin dans notre pays,
00:15:31 mais attention, il n'y a pas qu'un problème de moyens,
00:15:34 il y a aussi un problème de recrutement.
00:15:35 Parce que quand vous regardez à l'hôpital public,
00:15:38 40% des postes de psychiatres ne sont pas pourvus.
00:15:41 Il y a beaucoup de postes également d'infirmiers ou d'infirmières
00:15:44 psychiatriques qui ne sont pas pourvus.
00:15:46 Donc les moyens sont là, simplement c'est devenu un métier
00:15:49 tellement compliqué avec une violence quotidienne.
00:15:51 Aller interroger des psychiatres, aller interroger des infirmiers
00:15:55 ou des infirmières qui travaillent dans ces centres,
00:15:57 c'est de la violence quotidienne.
00:15:59 C'est des crachats, ce sont des insultes, ce sont des coups,
00:16:01 avec un salaire qui est peu important, puisque une infirmière,
00:16:04 un infirmier commence à 1700 euros.
00:16:07 Donc comment voulez-vous que des jeunes soient motivés
00:16:10 pour aller travailler dans ces hôpitaux avec un si faible salaire
00:16:13 et avec au bout l'assurance qu'ils vont se faire malmener ?
00:16:17 La formation d'infirmiers psychiatriques n'existe plus.
00:16:19 Oui, pareil, il n'y a pas que l'idéologie,
00:16:23 et je me tourne vers vous sans le faire exprès Olivier,
00:16:25 mais est-ce qu'il n'y a pas quand même dans la psychiatrie ?
00:16:28 Par l'enfermement, la volonté de ne pas enfermer.
00:16:30 Je ne sais pas si c'est encore vrai aujourd'hui,
00:16:32 mais autour de lecture de Michel Foucault qu'on connaît,
00:16:36 surveiller et punir, oui, mais il y a eu quand même
00:16:39 un truc pragmatique. Il y a eu cette idée à un moment
00:16:41 qu'il ne fallait plus enfermer, qu'il fallait que la psychiatrie
00:16:44 soit dans la vie. Il y a eu des décisions politiques
00:16:47 de réduction des coûts, alors que ce n'est pas aussi
00:16:50 pour moi concernant la psychiatrie, avec des réductions de lits,
00:16:54 et avec cette théorie qui disait "on va accompagner les gens
00:16:57 dehors, chez eux". Ça ne fonctionne pas.
00:17:00 Je vous assure, attention, ce n'est pas la masse
00:17:03 des gens qui ont des troubles. Là, nous sommes dans un...
00:17:06 Bien sûr, mais comment un tel procès sort des radars ?
00:17:08 C'est tout, c'est ça la question.
00:17:09 Pourquoi ?
00:17:10 Et pourquoi ?
00:17:11 Parce que sur l'inefficacité de politiques publiques...
00:17:14 Est-ce qu'il n'y a que ça ? Écoutons le député
00:17:16 de la France Insoumise, François Ruffin, ce matin sur Europe 1,
00:17:19 qui a beaucoup travaillé sur la psychiatrie.
00:17:21 Lui parle justement de ces moyens et d'une volonté
00:17:23 de ne pas voir ça dans notre société en réalité.
00:17:25 Ne pas voir, ne pas affronter, prendre à bras le corps ces sujets.
00:17:29 Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
00:17:32 On a un hôpital qui va mal, qui est déjà pauvre,
00:17:36 et à l'intérieur de ça, on a une psychiatrie
00:17:38 qui est le parent pauvre dans l'hôpital.
00:17:40 Ce sont des malades. Et donc il s'agit de les soigner
00:17:42 avec le maximum d'humanité et de permettre aux infirmiers,
00:17:44 aux infirmières, aux psychiatres de pouvoir apporter le soin
00:17:47 qu'ils sont en capacité d'apporter.
00:17:49 Mais aujourd'hui, ils n'ont pas les moyens
00:17:51 de faire effectivement leur travail.
00:17:53 C'est un vrai sujet, on va continuer à en parler
00:17:56 avec vous Noemi sur le profil, et plus largement
00:17:58 sur les derniers éléments de l'enquête,
00:18:00 puisque notez-le, à partir de 13h30,
00:18:02 c'est le procureur de Reims qui va s'exprimer potentiellement
00:18:05 de nouveaux éléments peut-être sur ce qui manque
00:18:07 dans ce parcours. Noemi, on va voir.
00:18:09 Oui, et notamment ce procureur qui,
00:18:11 dans un communiqué de presse, avait dans un premier temps
00:18:13 dit que la juge d'instruction avait rendu une ordonnance
00:18:15 de non-lieu en raison de l'irresponsabilité pénale.
00:18:19 En fait, ce n'était pas exactement ça,
00:18:21 c'était la volonté de transmettre à la Chambre de l'instruction.
00:18:23 Donc il va sans doute effectivement apporter des éléments
00:18:26 sur le profil, le parcours de cet homme.
00:18:29 Bien, on aura l'occasion de le suivre,
00:18:31 et évidemment de le commenter avec vous.
00:18:33 Actualité, vous voyez, c'est une terrible loi des séries,
00:18:37 parce qu'il y a évidemment cette terrible agression.
00:18:41 Il y a ce qui s'est passé à Roubaix avec les policiers,
00:18:44 et puis ce conducteur qui était sous stupéfiants et alcoolisés.
00:18:47 Et puis il y a ce qui s'est passé hier vers 20h,
00:18:50 attrape une conductrice qui a percuté une fillette de 6 ans.
00:18:53 Cette femme de 21 ans a tenté de fuir,
00:18:56 et puis elle a été rattrapée, interpellée.
00:18:59 Elle a été testée positive aux stupéfiants.
00:19:02 Alors, est-ce qu'on est surpris ?
00:19:04 On est très attristés, plus que ça,
00:19:06 par les ravages des stupéfiants en volant.
00:19:08 Et on va commencer par écouter, c'est la moindre des choses,
00:19:10 par rapport à ce qui s'est passé.
00:19:12 On va écouter le père de cette fillette au micro de RTL.
00:19:15 Il est sidéré, il est toujours sous le choc,
00:19:17 mais il trouve les mots, justement,
00:19:19 pour qualifier ce qui s'est passé.
00:19:21 Ecoutez-le.
00:19:23 - Qu'est-ce que vous ressentez aujourd'hui ?
00:19:36 - De la haine, parce que c'est impensable
00:19:38 que je dois renverser une gamine là-bas et je la tue.
00:19:40 C'est impensable, c'est impensable.
00:19:42 Je ne sais même pas qui a donné le permis à cette demoiselle.
00:19:45 Que la justice soit faite.
00:19:47 Qu'elle paye le prix cher, parce qu'elle m'a pris une part de moi.
00:19:50 Je n'arrive pas à la faire. Je l'ai accompagnée juste hier à l'école.
00:19:54 Elle était bien, elle était toute belle.
00:19:56 Je rentre le soir de taf, ma fille, elle n'est plus là.
00:19:59 Je n'arrive pas, je n'arrive pas.
00:20:01 Même dans mon crâne, je n'arrive pas à accepter l'aider.
00:20:04 - Il y a un bastiage, un ravage du cannabis,
00:20:06 de la cocaïne de plus en plus de personnes
00:20:08 et qui prennent le volant.
00:20:10 Quand on entend le débat sur "faut-il changer l'homicide
00:20:12 involontaire en homicide rôtier",
00:20:14 est-ce que c'est le vrai sujet ?
00:20:15 Bien sûr que c'est important pour les familles de victimes,
00:20:17 mais est-ce que c'est ça le vrai fond du sujet ?
00:20:19 - Non, ce n'est pas le vrai fond du sujet.
00:20:21 Le fond du sujet, c'est l'usage banalisé de stupéfiants,
00:20:25 quels qu'ils soient.
00:20:26 Alors là, on le rapporte à des cas graves.
00:20:29 On reviendra peut-être sur le drame que nous avons connu
00:20:32 dans nos rangs à Roubaix dimanche matin,
00:20:34 où il y a certainement ça.
00:20:36 Je veux revoir ça ici.
00:20:38 Ce serait une usagère occasionnelle.
00:20:40 Je ne connais pas, attention, je ne présage pas
00:20:42 des suites de l'enquête, on ne connaît pas le taux
00:20:44 d'imprégnation de cette conductrice au cannabis.
00:20:48 Il faut aller doucement.
00:20:50 Mais quoi qu'il arrive, l'usage du stupéfiant
00:20:52 est une problématique dès lors qu'on le combine
00:20:54 à la conduite automobile.
00:20:56 - Est-ce qu'il y a un tabou à le dénoncer ?
00:20:58 On n'a que des campagnes de prévention depuis des années.
00:21:01 Pourquoi sur les stupéfiants, ce n'est ni festif,
00:21:05 les conséquences sont tragiques.
00:21:07 Pourquoi il n'y a pas de campagne ?
00:21:09 Je ne dis pas que ça va être efficace.
00:21:11 Pourquoi ce tabou ? C'est étrange quand même.
00:21:13 - C'est comme pour l'obésité peut-être.
00:21:15 - Ce n'est pas les mêmes conséquences.
00:21:17 - Il n'y a plus rien qui va contre cet usage
00:21:22 de produits stupéfiants ou même l'alcool ?
00:21:25 - Vous, non.
00:21:26 - Comment ?
00:21:27 - Vous, la police, non.
00:21:28 - Je pense que la puissance publique doit pouvoir
00:21:30 porter des campagnes, doit pouvoir être plus sensible
00:21:32 sur la prévention.
00:21:33 Nous, nous ne sommes qu'un outil.
00:21:34 J'ai été policier formateur antidrogue, vous voyez.
00:21:36 Donc j'allais dans les lycées, j'allais faire cette...
00:21:41 comment dire...
00:21:42 attirer l'attention, ces actes de prévention,
00:21:44 cette sensibilisation.
00:21:45 Aujourd'hui, mes collègues continuent à le faire,
00:21:47 les gendarmes aussi, avec leurs formateurs
00:21:49 reléants antidrogue.
00:21:50 Mais est-ce que vous voyez des campagnes institutionnelles
00:21:53 de prévention ?
00:21:54 - Je ne crois pas qu'elles auraient beaucoup d'effets.
00:21:56 - Je ne suis pas d'accord avec vous.
00:21:57 - Commençons quand même.
00:21:58 - C'est ça.
00:21:59 - C'est bizarre qu'il y en ait autant sur l'alcool
00:22:01 et rien sur la drogue.
00:22:02 Est-ce qu'on ne veut pas dire la réalité ?
00:22:03 C'est-à-dire que c'est banalisé, c'est tous les âges,
00:22:05 tous les milieux sociaux, et c'est à l'école ?
00:22:07 - Bien sûr.
00:22:08 Il y a une part d'idéologie là-dedans.
00:22:10 Quand vous essayez de faire intervenir des policiers
00:22:13 sur la consommation du cannabis, vous avez une partie
00:22:16 des enseignants qui racontent qu'il faut arrêter,
00:22:19 ce n'est que du cannabis, c'est une drogue douce.
00:22:21 Moi, je n'en peux plus de cette hiérarchie
00:22:23 entre les drogues douces, enfin les drogues dites douces,
00:22:26 et les drogues dites dures.
00:22:27 Une drogue est une drogue.
00:22:29 La consommation du cannabis a des conséquences
00:22:32 désastreuses sur les adolescents, alterne le comportement
00:22:36 et ça produit en effet des accidents de la route.
00:22:39 Donc à un moment donné, il faut qu'on lutte
00:22:41 contre toutes les drogues et cette hiérarchie est irresponsable.
00:22:44 - Pardon, mais excusez-moi juste pour vous répondre.
00:22:46 La hiérarchie, elle n'est pas faite au nom du fait
00:22:48 qu'il y aurait des drogues super et des drogues dangereuses.
00:22:51 Elle est faite parfois au nom d'un principe d'efficacité
00:22:54 parce que je vous rappelle que les douanes sont moins puissantes
00:22:58 en termes économiques, en termes de réseaux, en termes d'argent
00:23:01 que les cartels de la drogue.
00:23:03 Donc, si vous voulez, c'est très difficile de lutter.
00:23:05 Il y a aussi une déferlante.
00:23:07 Il ne faut quand même pas méconnaître cela.
00:23:10 Je voulais juste quand même attirer votre attention sur une chose.
00:23:13 C'est évidemment tout à fait répréhensible de prendre son volant
00:23:16 en étant positif, mais comme vous l'avez dit,
00:23:18 on ne sait pas depuis combien de temps.
00:23:20 Vous ne pouvez pas dire aujourd'hui avec certitude,
00:23:22 elle sortait d'une place, donc elle n'était pas en train de conduire
00:23:25 à tombeau ouvert, que c'est la drogue qui a été la cause
00:23:28 dans cette affaire. Vous ne pouvez pas l'affirmer.
00:23:30 - Vous élargissez le débat avec ce qui s'est passé à Roubaix
00:23:32 et malheureusement avec ce qui se passe dans d'autres...
00:23:35 - C'est un autre cas. - Non, non.
00:23:37 - Soyons un peu prudents, parce qu'on n'a pas l'enquête.
00:23:39 - On ne réglera rien. - C'est très mal pour nous.
00:23:41 - D'abord, je voudrais réagir. Je ne pense pas que les enseignants
00:23:43 en classe fassent la promotion des drogues.
00:23:45 - Une partie. - Je ne pense pas qu'une partie
00:23:47 des enseignants fasse devant leur élève la promotion des drogues.
00:23:50 Je referme le chapitre. Mais on devra s'interroger
00:23:52 pourquoi la France a un record européen en termes de consommation
00:23:56 de cannabis et de cocaïne.
00:23:58 - Malgré une loi répréhensible.
00:24:00 - Pourquoi dans la société française, on ne réglera rien
00:24:03 si on ne s'attaque pas à l'usage ? - Et donc pourquoi ? Dites-moi.
00:24:05 - Complètement. - Je m'interroge sur ce qui a pu
00:24:08 provoquer une telle réalité. - C'est tout le monde.
00:24:12 - Je suis d'accord avec le fait... - La France particulièrement,
00:24:14 avec les portes françaises. - Des campagnes de sensibilisation
00:24:16 par le passé, je pense par exemple à la vitesse sur la route,
00:24:19 ont eu quand même leur forme d'efficacité.
00:24:21 - J'ai entendu. - C'est-à-dire que l'absence totale
00:24:23 d'un discours public concernant la nocivité de ces produits
00:24:27 est une faute politique et de politique publique.
00:24:29 - Mais parce que ça fait des années qu'on laisse dire et faire
00:24:31 et entretenir une certaine fable autour d'un caractère fictif
00:24:35 de certaines drogues dites de douce dans certains milieux,
00:24:38 et que ce n'est pas grave et que ce serait même cool de le faire.
00:24:40 - Sauf que ce qui a été "certains milieux", c'est aujourd'hui
00:24:43 très répandu. - Mais quelque soit, exactement.
00:24:46 - Et puis il y a aussi un camp politique, il faut le dire,
00:24:49 qui essaye de poser depuis un certain temps le débat
00:24:53 de la légalisation ou non de certaines drogues.
00:24:55 Et alors généralement, ce qu'on nous répond, on nous répond
00:24:57 "Oui, mais attendez, aujourd'hui, l'alcool est légal".
00:24:59 Et c'est vrai d'ailleurs, l'alcool est une circonstance aggravante
00:25:01 si vous commettez un homicide involontaire, enfin au volant.
00:25:04 Mais ce n'est pas du tout le même niveau d'addiction.
00:25:06 - Eh bien vous nous direz quoi ? - Ce n'est pas du tout le même niveau d'addiction.
00:25:08 - On va marquer une pause, on va continuer à en parler.
00:25:10 On verra les circonstances, malheureusement, de ce terrible drame
00:25:12 hier à Trappes et on pense à cette famille, la famille d'abord
00:25:16 de cette fiette. Nous parlerons aussi de Roubaix.
00:25:19 Demain, le président de la République sera sur place.
00:25:22 Beaucoup, malheureusement, d'actualités tragiques,
00:25:25 mais avec des leçons, peut-être un sursaut à ce moment-là.
00:25:28 A tout de suite.
00:25:30 Merci d'être avec nous en direct. Nous avons vécu, il y a quelques instants,
00:25:35 l'hommage à la minute de silence dans les hôpitaux français
00:25:38 après ce qui s'est passé au CHU de Reims avec Karen Mezino,
00:25:41 cette infirmière poignardée. Actualité tragique, nous parlerons
00:25:45 de cette fiette renversée à Trappes, mais tout d'abord, les titres,
00:25:48 c'est News Info.
00:25:50 Le tabac et les contrefaçons continuent de battre des records de saisie.
00:25:56 La douane française a réalisé une année 2022 exceptionnelle.
00:25:59 Près de 650 tonnes de tabac et de cigarettes ont été saisies
00:26:02 l'année dernière, compte 402 en 2021.
00:26:05 Cinq usines clandestines de fabrication de cigarettes
00:26:08 ont d'ailleurs été démantelées en France en 2022.
00:26:11 L'islamologue Tariq Ramadan a été acquitté
00:26:14 de l'accusation de viol et contrainte sexuelle.
00:26:17 Un tribunal suisse a jugé qu'il n'y avait pas de preuves contre lui.
00:26:20 Il recevra par ailleurs environ 151 000 francs suisses,
00:26:23 c'est-à-dire 154 000 euros d'indemnité de l'État de Genève.
00:26:26 La partie plaignante a immédiatement annoncé faire appel.
00:26:29 Enfin, Emmanuel Macron se rendra à Roubaix demain
00:26:32 pour un hommage à l'École nationale de police de la ville.
00:26:35 Il va rendre hommage aux trois jeunes policiers tués dans une collision
00:26:38 dimanche. Emmanuel Macron rencontrera les familles
00:26:41 et les collègues des trois victimes.
00:26:44 Que s'est-il passé hier aux alentours de 20h à Trappes
00:26:47 avec cette conductrice qui a percuté une fillette de 6 ans,
00:26:50 une femme de 21 ans qui a tenté de fuir, rattrapée, interpellée.
00:26:53 Elle a été testée positive au stupéfiant.
00:26:56 On ne connaît pas, et c'est important de le préciser le taux
00:26:59 justement de stupéfiant dans son organisme.
00:27:02 Trop tôt pour faire un lien malgré tout.
00:27:05 Évidemment, il y a le deuil, l'émotion du père de cette fillette
00:27:08 qu'on a entendue et plus largement regardée,
00:27:11 les circonstances de tout cela.
00:27:14 Le drame s'est déroulé ici en quelques secondes hier soir.
00:27:17 Il est aux alentours de 20h lorsqu'une jeune fille
00:27:20 âgée de 6 ans traverse cette chaussée à vélo
00:27:23 et est renversée par une automobiliste qui prend la fuite.
00:27:26 Quelques minutes plus tard, son père, rentrant du travail,
00:27:29 découvre le corps de son enfant sans vie, au sol.
00:27:32 Ce matin, les habitants du quartier sont choqués.
00:27:35 C'est absolument terrifiant.
00:27:38 C'est un drame terrible pour la famille.
00:27:41 On imagine, on se projette une petite fille.
00:27:44 Moi, je suis grand-père.
00:27:47 Une petite fille de 6 ans, comme ça,
00:27:50 arrachée à l'amour de ses parents, c'est très choquant.
00:27:53 - Franchement, c'est touchant parce que voir son enfant
00:27:56 sortir, jouer avec ses amis, quand tu le soignes,
00:27:59 après, comme quoi ton enfant est décédé, c'est aussi choquant
00:28:02 que je n'ai pas de mots, franchement.
00:28:05 - La conductrice âgée de 21 ans a rapidement été interpellée
00:28:08 et placée en garde à vue.
00:28:11 Son ami probatoire est été sous l'empire de stupéfiants
00:28:14 au moment de l'accident.
00:28:17 - Ça devient grave, ça devient pénible parce que maintenant,
00:28:20 c'est tous les jours qu'on entend ça.
00:28:23 C'est des accidents à la cocaïne.
00:28:26 Je trouve ça déplorable.
00:28:29 Je suis papy de 4 garçons.
00:28:32 Je commence à m'inquiéter énormément.
00:28:35 - Le parquet de Versailles a ouvert une enquête
00:28:38 sur le fait que les gens qui ne font pas de la cocaïne
00:28:41 ne font pas de la cocaïne.
00:28:44 - C'est ce même qualificatif d'homicide involontaire.
00:28:47 On va s'arrêter sur cela.
00:28:50 C'est la loi terrible des séries.
00:28:53 Il y a une question qui nous se fond dans quelques instants
00:28:56 avec Jeanne Cancard sur place.
00:28:59 Ravage du cannabis, de la cocaïne, des stupéfiants,
00:29:02 c'est de plus en plus de personnes qui prennent le volant.
00:29:05 Fumer un joint le soir sur son canapé,
00:29:08 c'est un acte banal.
00:29:11 C'est un délit.
00:29:14 - C'est grave, c'est interdit ?
00:29:17 - Pourquoi se dire sur l'alcool ?
00:29:20 On peut faire une soirée avec des amis
00:29:23 et se dire que l'on ne prend pas la voiture
00:29:26 ou que quelqu'un d'autre conduit.
00:29:29 Pourquoi ce discours et ce comportement,
00:29:32 si les gens ne se le disent pas alors qu'elles savent
00:29:35 que leur réaction est banalisée ?
00:29:38 - Olivier est optimiste sur l'alcool.
00:29:41 J'ai le sentiment que si on arrêtait un jour
00:29:44 et qu'on arrêtait tout le monde à l'instant T,
00:29:47 on trouverait des gens normaux, sympathiques
00:29:50 qui ont bu un coup de trop.
00:29:53 Chacun pense qu'il est plus fort que le produit.
00:29:56 En plus, la cocaïne a un effet désinhibant.
00:29:59 Les gens ont l'air de se prendre pour des dieux.
00:30:02 Evidemment, ils pensent que...
00:30:05 Cela dit, je continue à penser, Sonia,
00:30:08 malgré la douleur des victimes d'entendre ce mot,
00:30:11 je continue à penser qu'on ne peut pas
00:30:14 prendre un risque, même stupidement,
00:30:17 et stupidement est un faible mot,
00:30:20 ça n'est pas la même chose que de prendre une arme
00:30:23 et d'aller tuer quelqu'un.
00:30:26 Ce que je comprends,
00:30:29 on va transformer ça en homicide volontaire,
00:30:32 ça veut dire qu'il n'y a plus de gradation,
00:30:35 de différence entre les actes.
00:30:38 Malheureusement, on ne peut pas simplement légiférer...
00:30:41 - On va en parler avec Noémie.
00:30:44 Vous avez raison, mais on est toujours tiraillés
00:30:47 entre ce que vous dites et le fait que ces familles
00:30:50 soient horrifiées d'entendre cela.
00:30:53 On va rejoindre Jeanne Cancart.
00:30:56 Jeanne, on va attendre aussi, au fur et à mesure de l'enquête,
00:30:59 d'avoir tous les éléments autour de ce qui s'est passé.
00:31:02 Ce qui est sûr, c'est que l'émotion est plus que palpable.
00:31:05 - Sonia, c'est un quartier,
00:31:08 même toute une vie, qui est endeuillée.
00:31:11 Pour vous donner un ordre d'idée,
00:31:14 le drame s'est noué, la petite fille,
00:31:17 la fillette, Rama, 6 ans,
00:31:20 qui ne s'est pas rencontrée avec ses parents,
00:31:23 ses deux soeurs et son frère.
00:31:26 Dans le quartier, beaucoup de monde la connaissait.
00:31:29 Pourquoi ? Parce qu'elle faisait souvent du vélo,
00:31:32 avec des amis, avec sa soeur.
00:31:35 Hier soir, au moment du drame,
00:31:38 elle faisait du vélo, de la bicyclette.
00:31:41 A ce moment-là, elle était avec deux amis.
00:31:44 Sa soeur a voulu monter sur le trottoir,
00:31:47 mais la fillette était déjà en arrêt cardiorespiratoire.
00:31:50 Elle a succombé à ses blessures.
00:31:53 Elle a été accompagnée à l'hôpital par son père.
00:31:56 Nous avons croisé un ami de la famille,
00:31:59 qui a passé la nuit avec cette famille,
00:32:02 avec ce papa, qui est sous le choc,
00:32:05 qui ne réalise pas vraiment.
00:32:08 Il est au commissariat avec la maman,
00:32:11 ses parents, que tout le monde connaît dans le quartier.
00:32:14 Ce matin, des personnes viennent se recueillir,
00:32:17 déposer une rose blanche,
00:32:20 une peluche qui a été faite à la main
00:32:23 pour rendre hommage à cette fillette.
00:32:26 Ce quartier est très dangereux.
00:32:29 Il y a déjà eu des accidents,
00:32:32 pas très loin d'ici, auparavant, aujourd'hui,
00:32:35 Trappes et ce quartier, particulièrement,
00:32:38 qui est totalement endeuillé,
00:32:41 a été placé en garde à vue.
00:32:44 Le parquet a ouvert une enquête pour homicide,
00:32:47 involontaire, avec fait aggravant de stupéfiants.
00:32:50 - Merci, Jeanne Cancard, pour ces éléments.
00:32:53 Le père de la fillette dont vous avez parlé,
00:32:56 qui veut que justice soit faite
00:32:59 avec ces mots, "qu'elle paye le prix cher".
00:33:02 Sur place, vous avez beaucoup de recueillement.
00:33:05 Des riverains qui sont venus déposer des fleurs,
00:33:08 une pensée, un petit mot en hommage à cette fillette
00:33:11 qu'ils ont connue et dont ils connaissent
00:33:14 la famille et les parents.
00:33:17 - Je sais qu'un enfant de 6 ans est mort.
00:33:20 C'est déjà très triste.
00:33:23 Mais ça ne devrait pas arriver.
00:33:26 Ça fait 50 ans que je suis là,
00:33:29 donc je n'ai pas connaissance d'un drame de ça.
00:33:32 - Ce carrefour, c'est mortel.
00:33:35 Il y a toujours des accidents.
00:33:38 C'est les voitures,
00:33:41 les vélos qui se sont renversés.
00:33:44 C'est incroyable.
00:33:47 - Le politique ne pourra pas rester sans rien faire.
00:33:50 Il y a une loi des séries,
00:33:53 il y a des tragédies trop fortes,
00:33:56 trop médiatisées,
00:33:59 qui ne laisseront pas...
00:34:02 - Le politique ne pourra pas rester sans rien faire.
00:34:05 Gérald Darmanin avait dit qu'il transformerait
00:34:08 cet homicide involontaire.
00:34:11 - Tout le monde est sensible
00:34:14 quand on écoute les témoignages de ce père.
00:34:17 Tout le monde est sensible quand on voit
00:34:20 qu'une fillette de 5 ans a été renversée.
00:34:23 Gérald Darmanin veut transformer
00:34:26 ce homicide involontaire en homicide routier.
00:34:29 Qu'est-ce que ça va changer dans les peines ?
00:34:32 Si c'est une question morale,
00:34:35 et j'y suis même opposé,
00:34:38 de passer d'homicide involontaire à homicide routier
00:34:41 pour faire comprendre qu'il y a quand même une intention,
00:34:44 je pense que c'est une mauvaise idée.
00:34:47 - Quand vous consommez de telles substances,
00:34:50 vous devez savoir qu'il y a la possibilité
00:34:53 de tuer quelqu'un qui est beaucoup plus importante
00:34:56 que vous.
00:34:59 - L'intention est l'élément capital en droit pénal.
00:35:02 Avoir conscience d'un risque,
00:35:05 ce n'est pas avoir l'intention de tuer.
00:35:08 - Vous êtes cramponné sur le code.
00:35:11 Et sur l'évolution de la société
00:35:14 avec une banalisation de la prise de stupéfiants.
00:35:17 Comment on y répond ?
00:35:20 - Je pense par de la prévention,
00:35:23 et par la prévention.
00:35:26 - Les peines existantes sont assez lourdes.
00:35:29 - Pour un homicide involontaire,
00:35:32 la peine est de 5 ans de prison.
00:35:35 Si vous avez une circonstance aggravante,
00:35:38 par exemple la prise de cannabis,
00:35:41 vous montez à 7 ans de prison.
00:35:44 Si vous avez deux circonstances aggravantes,
00:35:47 ça monte jusqu'à 10 ans de prison.
00:35:50 C'est assez rare que de telles peines soient prononcées.
00:35:53 C'est beaucoup pour un délit.
00:35:56 On rappelle que l'homicide involontaire est un délit.
00:35:59 Pourquoi c'est un délit ?
00:36:02 On parle d'homicide involontaire parce qu'il n'y a pas
00:36:05 l'intention de tuer.
00:36:08 On pourrait dire qu'il avait bu,
00:36:11 qu'il avait pris du cannabis,
00:36:14 mais il faut en droit pénal pour être condamné pour meurtre,
00:36:17 c'est-à-dire pour homicide volontaire,
00:36:20 il faut avoir la volonté de tuer.
00:36:23 - Est-ce que le code pénal est aujourd'hui adapté
00:36:26 aux attentes de la société ?
00:36:29 Un député, en l'occurrence Eric Poget, répond non.
00:36:32 Il va falloir, et c'est le rôle d'un législateur,
00:36:35 peut-être adapter cela, malgré les réticences légitimes.
00:36:38 Écoutez-le et vous répondez après.
00:36:41 - Actuellement, un homicide routier lorsqu'il y a
00:36:44 consommation de drogue ou d'alcool est considéré
00:36:47 comme un homicide involontaire.
00:36:50 C'est une double peine pour les familles de victimes.
00:36:53 Ce n'est pas un homicide volontaire,
00:36:56 car il n'y a pas l'intention de donner la mort.
00:36:59 Mais à partir du moment où il y a consommation volontaire
00:37:02 de drogue ou d'alcool et qu'il y a un accident de la route
00:37:05 qui cause la mort, je propose de faire évoluer le droit
00:37:08 et la loi et qu'on ait une réponse adaptée à cette situation
00:37:11 et à ce qu'on appelle le "quantum de peine".
00:37:14 - Aujourd'hui, le code pénal ne répond pas aux attentes
00:37:17 des victimes. C'est pour cela qu'il faut créer
00:37:20 ce code, cet homicide routier. Lorsque la peine est prononcée,
00:37:23 comment est-ce qu'on fait pour qu'il y ait une effectivité
00:37:26 de la peine ? C'est-à-dire qu'au bout de 6 mois, 1 an ou quelques temps,
00:37:29 la personne ne soit pas remise en liberté dans un cadre légal
00:37:32 qui existe, parce que ça, c'est la triple voire la quadruple
00:37:35 peine pour les familles. Il faut travailler sur
00:37:38 le droit, c'est l'objet de ma proposition de loi. Il faut travailler
00:37:41 sur la préventive avant que le procès intervienne
00:37:44 et il faut travailler sur l'effectivité de la peine, c'est-à-dire post-procès.
00:37:47 - Donc, vous avez entendu, si on le change en homicide routier,
00:37:50 le quantum de peine change également. - C'est ce qu'il faut.
00:37:53 Ce n'était pas ce qu'avait à l'esprit Gérald Darmanin quand, il y a quelques semaines,
00:37:56 il a parlé de la création d'un homicide routier. C'était
00:37:59 uniquement un changement sémantique. C'était effectivement pour répondre
00:38:02 à cette souffrance des victimes d'entendre au moment du procès
00:38:05 notamment une coordination pour homicide involontaire. On changeait
00:38:08 la qualification, mais le quantum des peines, en tout cas dans l'esprit du ministre de l'Intérieur,
00:38:11 c'était après l'affaire Palmade, n'était pas
00:38:14 de changer les peines en cours.
00:38:17 C'était toujours un maximum de 10 ans s'il y a deux circonstances
00:38:20 aggravantes, sachant que si vous êtes en état de récidive, ça peut
00:38:23 être doublé, donc ça peut monter jusqu'à 20 ans. - Alors là, ça change beaucoup.
00:38:26 Ça change l'esprit aussi, du coup. C'est-à-dire que ça devient un crime.
00:38:29 C'est ce que vous avez dit. - Oui, mais attendez. Est-ce que ça changera
00:38:32 quelque chose au fait que des gens prennent leur... Est-ce que si vous changez
00:38:35 le nom, est-ce que ça va changer ? - Non, parce que là, ne faites rien.
00:38:38 Pas de prévention. Il y a une impuissance. - Mais attendez. Excusez-moi, Sonia.
00:38:41 C'est pas parce que je suis pas d'accord avec vous que je... - Non, mais non. La prévention ne sert à rien.
00:38:44 Durcir les peines ne sert à rien. - Alors, je peux vous répondre.
00:38:47 Si on n'est pas d'accord avec vous, vous dites qu'on peut rien faire. Je pense, par exemple,
00:38:50 que les tribunaux pourraient prononcer les peines.
00:38:53 C'est tout simplement cela. Prononcer des peines.
00:38:56 Prononcer des peines effectives. Mais, pardon.
00:38:59 Vous avez parlé de la douleur des familles que je comprends,
00:39:02 que je respecte. Mais, justement,
00:39:05 la justice est une œuvre de raison et on ne peut pas
00:39:08 simplement, si vous voulez, pour répondre à l'émotion
00:39:11 de "aussi légitime soit-elle",
00:39:14 changer le conseil. - Alors, moi, je ne suis
00:39:17 absolument pas d'accord. Moi, je juge un arbre
00:39:20 à ses fruits et la conséquence de ce genre
00:39:23 de conduite, c'est la mort d'une fillette.
00:39:26 On n'est pas ici dans l'émotion, Elisabeth.
00:39:29 On est dans un fait concret. - Attendez de savoir ce qui s'est passé.
00:39:32 - D'accord, mais une fillette, aujourd'hui, est morte.
00:39:35 Moi, je suis désolé. À partir du moment où on boit de l'alcool,
00:39:38 où on consomme de la drogue, à partir du moment
00:39:41 où on prend le volant, on a entre les mains une arme en puissance
00:39:44 et si on tue dans cet état, pour moi,
00:39:47 ça doit être condamné comme un crime intentionnel. Je suis désolé.
00:39:50 - Notre débat ne porte pas forcément sur Trapp. Il porte sur l'affaire
00:39:53 Palmad, il porte aussi sur ce qui s'est passé à Roubaix, il porte sur
00:39:56 une loi à déciré terrible d'affaires qui ont traîné des conséquences
00:39:59 dramatiques. - Mais pour cette affaire
00:40:02 de Trapp, la journaliste
00:40:05 de CNews présente, donne
00:40:08 des éléments que nous n'avions pas pour l'instant et il faut que le travail
00:40:11 de l'enquête judiciaire puisse s'effectuer.
00:40:14 Elle parle de ce
00:40:17 carrefour, de son accidentologie, de ce qui s'est passé.
00:40:20 Il faut avoir l'ensemble des éléments. Après, est-ce qu'il est
00:40:23 criminel de prendre sa voiture en ayant bu
00:40:26 ou en ayant consommé des stupéfiants
00:40:29 par rapport à ce que ça peut produire ? Oui.
00:40:32 Mais le débat qu'on a, on le connaît,
00:40:35 c'est qu'on sait très bien que si on va sur
00:40:38 l'intentionnalité et qu'on bascule d'un délit
00:40:41 à un crime, ça peut aussi ouvrir à d'autres
00:40:44 formes d'intentionnalité. Donc il faut qu'on ait le débat.
00:40:47 C'est surtout quand on pose
00:40:50 la question à des spécialistes, à des avocats
00:40:53 en droit routier, à des gens qui font de la prévention routière,
00:40:56 c'est pas le combat numéro un qu'ils mettent en avant.
00:40:59 La question notamment du contrôle,
00:41:02 qu'il y ait plus de contrôle que quand on prend sa voiture,
00:41:05 on se dise qu'il y a de très fortes chances qu'on soit
00:41:08 à contrôler et tout ça nous renvoie toujours au même problème
00:41:11 qui est la question des moyens. Mais c'est vrai
00:41:14 qu'aujourd'hui, il y a sans doute un sentiment que
00:41:17 c'est quand même assez rare de se faire contrôler quand on prend le volant
00:41:20 et qu'on a bu et qu'on a consommé du cannabis et donc
00:41:23 on va sans doute réussir à passer entre les mailles du filet.
00:41:26 Vous avez déjà fait un contrôle ?
00:41:29 Oui, bien entendu, dans ma carrière, oui, bien sûr.
00:41:32 C'est retrait immédiat sur le cannabis ?
00:41:35 A l'inverse, ça fait à peu près 20 ans que je n'ai pas été contrôlé
00:41:38 sur un contrôle classique, une vingtaine d'années que je n'ai pas soufflé
00:41:41 dans un ballon, parce que c'était des ballons au bord de la route à une certaine époque.
00:41:44 Mais c'est tellement rare, effectivement,
00:41:47 cette peur du gendarme n'est pas là. On se dit "je vais fumer un joint sur une soirée
00:41:50 ou boire plus que de raison parce que le risque de chance
00:41:53 est d'être contrôlé". Donc la prévention n'est pas là sur les stupéfiants,
00:41:56 la peur du gendarme n'est pas là, reste la justice.
00:41:59 Mais l'application, Noémie Schultz l'a donné tout à l'heure,
00:42:02 le quantum des peines est important, appliquons et rendons ces peines
00:42:05 effectives. Mais on le dit dans tous les domaines.
00:42:08 Mais ça c'est faisable d'ici demain.
00:42:11 Et pour le reste, non ?
00:42:14 Non, c'est pas possible de changer le code pénal en une seconde.
00:42:17 Non mais ça par exemple, ce que je veux dire, vous n'avez pas besoin ni de changer la loi,
00:42:20 il faudrait que les juges comprennent
00:42:23 que leur boulot est aussi de sanctionner.
00:42:26 On a bon courage à les admettre. Oui, bon courage.
00:42:29 Vous avez beaucoup d'espoir, vous êtes atteint par un idéalisme forcené.
00:42:32 Oui, bien sûr. Mais attendez, admettons qu'on passe ça en crime,
00:42:35 le problème restera le même, puisque le problème c'est l'application des peines.
00:42:38 Je vous dis, même si demain on passe à 15 ans ou à 20 ans d'emprisonnement,
00:42:41 aujourd'hui les peines ne sont pas appliquées correctement.
00:42:44 Maître, il y a une question de symbolique qu'on ne peut plus nier dans une société
00:42:47 où aujourd'hui la consommation de stupéfiants est banalisée,
00:42:50 où la délire des victimes est médiatisée.
00:42:53 Le politique ne peut pas raisonner comme vous et moi, assis autour de cette table,
00:42:56 parce qu'il est tous les jours, matin, midi et soir,
00:42:59 on lui dit "mais qu'est-ce que vous faites pour nous ?"
00:43:02 Il doit réagir exclusivement comme ça, doit-il réagir dans l'émotion ?
00:43:05 C'est l'histoire de la politique, ça.
00:43:08 Là on parle d'un fait, mais il faut voir aussi dans les grandes masses.
00:43:11 Et à Roubaix, ce qui s'est passé. Demain, le président de la République va être à Roubaix,
00:43:14 où trois policiers, trois jeunes policiers ont perdu la vie,
00:43:17 où le conducteur était sous l'emprise d'alcool des stupéfiants.
00:43:20 Qu'est-ce qu'il va dire ? Missile involontaire ?
00:43:23 On fait une loi pour trois personnes ? C'est un drame.
00:43:26 Non mais ce n'est pas trois personnes, ça se multiplie.
00:43:29 C'est une réalité générale et elle ne se fait pas sur des cas particuliers.
00:43:32 Affaire Palmade, Lafayette, Roubaix, le père de Julien Courbet,
00:43:35 vous voulez que je vous cite ?
00:43:38 Mais Pierre, on est plus...
00:43:41 Ça devient un fait société, ce n'est plus un fait divers.
00:43:44 Pourquoi quand vous parlez de violence, vous me dites fait de société ?
00:43:47 Et là, ce serait des faits divers ?
00:43:50 Non mais attendez, c'est en fait société, la drogue au violent.
00:43:53 La question c'est l'importance de ce fait.
00:43:56 Il faut quand même rappeler que la mortalité sur la route a été divisée par 5 ou par 6
00:43:59 par rapport aux années 80 et depuis notamment que...
00:44:02 Grâce à Jacques Chirac, on avait fait son...
00:44:05 La sécurité, les véhicules...
00:44:08 On ne peut pas dire qu'aujourd'hui, il y en a de plus en plus.
00:44:11 Là effectivement, c'est ce qu'on dit, il y a ces affaires qui sont absolument terribles.
00:44:14 En tout cas, qu'à une banalisation de la drogue,
00:44:17 et je parle d'ailleurs sur ce que vous dit votre contrôle,
00:44:20 il y a des affaires qui sont absolument terribles.
00:44:23 La banalisation de la drogue, et je parle d'ailleurs sur ce que vous dit votre contrôle,
00:44:26 qui a conduit à des affaires dramatiques.
00:44:29 Est-ce qu'il y en a plus ? Je ne sais pas. Elles sont plus médiatisées, je dis.
00:44:32 Peut-être parce que c'est un fait de société que la drogue circule partout.
00:44:35 Il y a 5 millions de consommateurs réguliers.
00:44:38 Donc le problème, c'est la consommation.
00:44:41 C'est le consommateur. C'est la banalisation.
00:44:44 Et pour Ange, dans une société civilisée,
00:44:47 le symbole c'est aussi très important.
00:44:50 Il faut mettre en avant des limites.
00:44:53 Peut-être que si on fait passer de l'homicide involontaire à l'homicide volontaire,
00:44:56 ça n'aurait pas des conséquences extraordinaires sur le terrain,
00:44:59 mais au moins le symbole sera posé.
00:45:02 Et moi, je crois beaucoup à cette notion de symbole et à cette notion de valeur.
00:45:05 Ce n'est pas seulement du symbole, c'est erroné.
00:45:08 Je pense que c'est erroné. Ce n'est pas un homicide volontaire.
00:45:11 Rince, l'émotion tout à l'heure, la minute de silence,
00:45:14 on y pense avec ce qui s'est passé autour de Karen Mezino.
00:45:17 On va écouter ce qu'a dit Elisabeth Born,
00:45:20 qui était à Paris, à l'hôpital Pompidou.
00:45:23 Tous les hôpitaux français ont observé tout à l'heure à Medi cette minute de silence.
00:45:26 Karen Mezino était une soignante.
00:45:29 C'était l'une d'entre vous.
00:45:32 Infirmière au CHU de Rince,
00:45:35 elle se donnait pleinement pour ce métier qu'elle avait choisi.
00:45:38 L'énergie et la douceur,
00:45:41 l'empathie et le professionnalisme,
00:45:44 la présence toujours pour soutenir ses collègues,
00:45:47 pour soigner ses patients.
00:45:50 Voilà qui était Karen Mezino.
00:45:53 Voilà les mots de tous ceux qui ont eu la chance de la croiser.
00:45:56 On a parlé tout à l'heure du profil de l'agresseur Neumenschutz.
00:45:59 On attend à partir de 13h30 la prise de parole du procureur de Rince.
00:46:02 On s'est attardé sur ce parcours judiciaire,
00:46:05 sur ces manques de moyens,
00:46:08 sur ces manques de moyens qui sont en train de se produire.
00:46:11 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:14 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:17 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:20 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:23 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:26 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:29 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:32 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:35 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:38 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:41 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:44 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:47 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:50 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:53 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:56 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:46:59 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:02 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:05 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:08 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:11 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:14 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:17 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:20 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:23 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:26 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:29 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:32 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:35 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:38 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:41 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:44 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:47 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:50 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:53 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:56 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:47:59 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:02 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:05 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:08 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:11 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:14 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:17 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:20 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:23 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:26 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:29 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:32 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:35 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:38 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:41 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:44 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:47 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:50 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:53 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:56 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:48:59 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:02 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:05 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:08 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:11 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:14 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:17 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:20 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:23 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:26 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:29 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:32 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:35 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:38 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:41 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:44 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:47 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:50 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:53 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:56 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:49:59 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:02 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:05 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:08 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:11 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:14 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:17 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:20 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:23 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:26 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:29 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:32 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:35 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:38 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:41 Il a parlé de ces manques de moyens.
00:50:44 - Merci d'être avec nous.
00:50:47 A partir de 13h30, on suivra en direct la prise de parole
00:50:51 du procureur de Reims.
00:50:54 Et puis, nous évoquerons dans quelques instants
00:50:57 le maire de Saint-Brévin qui dénonce la récupération politique
00:51:00 autour d'un rassemblement tout à l'heure dans sa commune.
00:51:03 Mais tout d'abord, le journal. Rebonjour, chère Audrey Bertheau.
00:51:06 - Bonjour Sonia.
00:51:09 La réaction a été observée dans tous les hôpitaux de France.
00:51:12 À midi, une minute de silence en hommage à l'infirmière
00:51:15 Karen Mezino, tuée en début de semaine.
00:51:18 Vous voyez ces images à l'hôpital européen
00:51:21 Georges Pompidou à Paris.
00:51:24 La Première ministre Elisabeth Borne a pris la parole
00:51:27 juste avant de respecter cette minute de silence.
00:51:30 - Karen Mezino était une soignante.
00:51:33 C'était l'une d'entre vous.
00:51:36 Elle se donnait pleinement pour ce métier qu'elle avait choisi.
00:51:39 L'énergie et la douceur,
00:51:42 l'empathie et le professionnalisme,
00:51:45 la présence toujours pour soutenir ses collègues,
00:51:48 pour soigner ses patients.
00:51:51 Voilà qui était Karen Mezino.
00:51:54 Voilà les mots de tous ceux qui ont eu la chance de la croiser.
00:51:57 - Dans le reste de l'actualité,
00:52:00 une fillette de 6 ans a été percutée hier soir
00:52:03 par une voiture.
00:52:06 L'accident a eu lieu à Trappes, près de Paris.
00:52:09 L'enfant n'a pas pu être réanimé.
00:52:12 La conductrice était âgée de 21 ans.
00:52:15 Elle était positive aux stupéfiants.
00:52:18 Jeanne Cancart, vous êtes à Trappes.
00:52:21 Jeanne, sur place, l'émotion est très forte.
00:52:24 - Évidemment, Audrey.
00:52:27 Émotion très vive dans ce quartier.
00:52:30 - La fille a été nouée au carrefour.
00:52:33 Elle habite à quelques centaines de mètres d'ici.
00:52:36 Avec ses parents, ses 2 soeurs et son frère.
00:52:39 Elle faisait de la bicyclette, du vélo hier soir.
00:52:42 Avec sa petite soeur et 2 amis.
00:52:45 Lorsqu'une voiture ne la voyant pas
00:52:48 a roulé dessus rapidement.
00:52:51 La fille a succombé à ses blessures.
00:52:54 Elle a été transportée dans un établissement médical
00:52:57 avec son papa.
00:53:00 Nous avons passé une partie de la matinée
00:53:03 avec un ami de la famille.
00:53:06 Il a passé une partie de la nuit avec le papa.
00:53:09 Il est traumatisé sous le choc.
00:53:12 Il ne réalise pas.
00:53:15 Vous voyez à l'image quelques petites fleurs.
00:53:18 Quelques peluches ont été déposées ici.
00:53:21 Pour témoigner de leur tristesse.
00:53:24 - Merci beaucoup.
00:53:27 Emmanuel Macron se rendra à Roubaix demain
00:53:30 pour un hommage à l'école nationale de police de la ville.
00:53:33 Il va rendre hommage aux 3 jeunes policiers
00:53:36 tués dans une collision dimanche.
00:53:39 Emmanuel Macron rencontrera les familles
00:53:42 et les collègues des 3 victimes.
00:53:45 L'Etat prévoit d'ouvrir un centre d'accueil temporaire
00:53:48 de sans-abri à Brue au sud de Rennes.
00:53:51 L'annonce a été faite en début de semaine.
00:53:54 Philippe Salmon, le maire de la commune
00:53:57 a fait part de son mécontentement après l'annonce de ce projet.
00:54:00 Il redoute des débordements.
00:54:03 - On voit bien qu'il y a une extrême tension en ce moment.
00:54:06 Il y a Calac, Saint-Brévin, il y a eu un problème à Saint-Snou
00:54:09 à 20 km de chez nous il n'y a pas longtemps.
00:54:12 On sait qu'à un moment ou à un autre
00:54:15 il peut y avoir ce genre de débordements.
00:54:18 Avec les migrants qu'on a, les personnes qu'on accueille
00:54:21 ça se passe très bien parce que ce sont des gens
00:54:24 qui veulent s'intégrer, qui sont accompagnés.
00:54:27 Je ne dis pas que les gens qui seront dans le SAS
00:54:30 ne seront pas accompagnés mais simplement à un moment
00:54:33 ça peut exacerber un certain nombre de réflexes
00:54:36 qui peuvent avoir des conséquences graves.
00:54:39 - Le pollen est de retour.
00:54:42 81 départements ont été placés en alerte rouge.
00:54:45 Le Nord et le Nord-Ouest, vous le voyez, 15 départements
00:54:48 sont en alerte jaune.
00:54:51 En France, près de 25% de personnes souffrent d'allergies respiratoires.
00:54:54 Voilà pour l'essentiel à 13h.
00:54:57 - Merci Audrey.
00:55:00 Nous reviendrons sur cette fiète décédée à Trappes.
00:55:03 A 13h30, nous écouterons la prise de parole du procureur de Reims
00:55:06 autour de ce qui s'est passé avec la mort de Karine Mezinov-Poignardier.
00:55:09 Tout d'abord, cette actualité autour du maire de Saint-Brévin.
00:55:12 Vous le savez, on en a beaucoup parlé.
00:55:15 Ce maire qui a vu son domicile incendié
00:55:18 après tout ce qui s'est passé autour d'un transfert
00:55:21 d'un centre de migrants.
00:55:24 Les DIL dénoncent, vous allez le voir, dans un communiqué
00:55:27 une récupération politique. Pourquoi ?
00:55:30 Parce qu'il y a un rassemblement tout à l'heure
00:55:33 à l'initiative de la gauche, de l'extrême-gauche.
00:55:36 Voici ce que dit Annick Morras.
00:55:39 - Je suis très désolé pour le débat politique,
00:55:42 notamment par l'extrême-gauche.
00:55:45 Je regrette aussi la discrétion de la droite sur cette thématique.
00:55:48 En réalité, ce qu'il nous dit, ce n'est pas un soutien
00:55:51 de la part de l'extrême-gauche, c'est une opération politicienne.
00:55:54 Qu'en pensez-vous ?
00:55:57 - C'est assez clair.
00:56:00 - Il est de quelle couleur, ce maire ?
00:56:03 - Qu'en pensez-vous de ce qu'il dit ?
00:56:06 Il a dénoncé un abandon de l'État.
00:56:09 Il a dénoncé un mensonge du préfet
00:56:12 qui ne l'aurait pas défendu suffisamment.
00:56:15 - On nous a surtout expliqué que tout ça, c'était comme d'habitude.
00:56:18 La méchante extrême-droite, les fascistes de reconquête.
00:56:21 - En l'occurrence, il y a une enquête qui est en cours.
00:56:24 - Il y a eu des menaces provenant de...
00:56:27 - Est-ce que nous savons ?
00:56:30 - Pardon, Olivier, je n'ai pas terminé.
00:56:33 - Il y a une personnalité émargeante dans telle ou telle partie.
00:56:36 Je ne sais rien.
00:56:39 - Ce que dit le maire.
00:56:42 - Ils essaient de criminaliser toute réticence, toute critique
00:56:45 face à l'immigration.
00:56:48 Il y en a partout, dans tous les villages de France.
00:56:51 - Attendez, Elisabeth.
00:56:54 Il faut qu'on mette les choses au clair.
00:56:57 Il a vu son domicile incendié.
00:57:00 - Il est menacé.
00:57:03 On parlera du débat de fond.
00:57:06 Il vient en commission d'enquête.
00:57:09 Il dit que le préfet n'a rien fait.
00:57:12 Il a menti.
00:57:15 Il dit qu'il a reçu des menaces d'extrême-droite.
00:57:18 Il dit qu'il dénonce la récupération politique de l'extrême-gauche.
00:57:21 Il est plutôt équilibré, ce maire.
00:57:24 On peut peut-être le croire sur les menaces.
00:57:27 - Je me suis mal exprimée.
00:57:30 C'est difficile de placer une phrase entière.
00:57:33 - Vous y arrivez quand même.
00:57:36 - Non, c'est faux.
00:57:39 Il y avait certainement eu des menaces
00:57:42 de personnalités d'extrême-droite.
00:57:45 Mais nous expliquez que c'est une grande opération.
00:57:48 - Il y a l'enquête pour la suite.
00:57:51 - Nous ne savons pas qui a fait l'incendie.
00:57:54 - Vous avez raison.
00:57:57 - Je suis favorable à ce qu'on puisse écouter très précisément
00:58:00 et ne pas en rajouter,
00:58:03 concernant le témoignage du maire devant la commission d'enquête.
00:58:06 Qu'est-ce qu'il dit ?
00:58:09 Il fait le récit de ce qui s'est passé.
00:58:12 Il dit que c'est une décision de l'État,
00:58:15 que l'État n'a pas défendu.
00:58:18 Il fait la pédagogie de cet aménagement.
00:58:21 Il parle de l'accueil des demandeurs d'asile
00:58:24 dans sa commune depuis que le centre est installé.
00:58:27 Plus de 400 demandeurs d'asile.
00:58:30 Il précise l'identité politique de ceux qui ont mené
00:58:33 le durcissement du climat.
00:58:36 Il parle d'un candidat aux élections législatives
00:58:39 de reconquête qui vient des côtes d'Armor.
00:58:42 Il parle du candidat RN de son territoire à Saint-Brévin.
00:58:45 Les manifestations qui ont eu lieu ont été relayées
00:58:48 sur les réseaux sociaux par ce que j'appelle moi
00:58:51 la fachosphère.
00:58:54 Y compris lui, dans la commission...
00:58:57 - C'est large.
00:59:00 - Sonia, y compris lui...
00:59:03 - C'est une expression que je dénonce
00:59:06 parce que la fachosphère, ça peut vous concerner un jour.
00:59:09 - Sonia, y compris lui, dans son audition,
00:59:12 dit précisément la fachosphère sur les réseaux sociaux.
00:59:15 C'est pour ça que je n'enlève...
00:59:18 Premier point. Second point.
00:59:21 Je pense que l'indignation aurait dû partir
00:59:24 de l'incendie criminel. L'enquête est en cours.
00:59:27 Concernant la mobilisation aujourd'hui,
00:59:30 il ne s'y associe pas. Ce n'est pas l'extrême-gauche
00:59:33 mais la gauche.
00:59:36 - Vous la doubez quand il dit "extrême-droite".
00:59:39 - Je ne la doube personne.
00:59:42 - Vous m'avez dit "les menaces d'extrême-droite",
00:59:45 mais quand c'est l'extrême-gauche qui le dénonce,
00:59:48 vous ne l'employez pas.
00:59:51 - Pour moi, Olivier Faure, Fabien Roussel et Mme Tendelier,
00:59:54 dans mon horizon politique, ce n'est pas l'extrême-gauche.
00:59:57 - Marie Tendelier, c'est l'extrême-centre.
01:00:00 - J'ai un petit désaccord avec lui sur ce point.
01:00:03 - C'est très intéressant ce débat.
01:00:06 On voit bien où est-ce qu'on veut nous amener.
01:00:09 Il y a une petite musique qu'on entend
01:00:12 qui nous fait dire qu'il y a eu des manifestations avant.
01:00:15 - Il faut être honnête que vous, dans un autre coin de France,
01:00:18 vous avez...
01:00:21 - J'étais et je suis toujours avec ces habitants à Belhave,
01:00:24 dans un petit village dans l'Indre,
01:00:27 où un maire veut installer dans sa commune un centre de migrants
01:00:30 alors que la majorité de la population y est opposée
01:00:33 et qu'il n'y a aucune consultation locale.
01:00:36 Mais pour autant, évidemment,
01:00:39 on ne va pas s'en prendre à un maire.
01:00:42 - C'est le maire qui veut l'installer
01:00:45 ou c'est l'État qui le lui impose?
01:00:48 - C'est lui qui veut l'imposer.
01:00:51 Je veux rester sur ce point.
01:00:54 On a le droit d'avoir un avis politique
01:00:57 pour l'accueil de migrants.
01:01:00 Mais on a aussi la possibilité,
01:01:03 on a le droit de manifester contre l'installation
01:01:06 de ces centres de migrants dans des campagnes
01:01:09 où de toute manière, ce n'est pas adapté.
01:01:12 - Ces gens sont venus de l'extérieur, Pierre Gentillet,
01:01:15 à cette commune.
01:01:18 - On essaie d'interdire le débat,
01:01:21 on essaie d'interdire les manifestations
01:01:24 contre cette forme d'immigration en France.
01:01:27 Et donc, on ne peut plus manifester.
01:01:30 - Ce n'est pas vrai.
01:01:33 On a le droit de manifester dans notre pays.
01:01:36 Ce que l'on met en avant, c'est qu'il y a l'érection
01:01:39 d'une violence politique qui peut venir de l'extrême gauche
01:01:42 et elle peut également venir de l'extrême droite.
01:01:45 Et je pense que ce que ce maire dénonce,
01:01:48 c'est qu'il n'y a pas de conscience nationale
01:01:51 pour soutenir les élus parce que le discours qu'il porte,
01:01:54 c'est un discours républicain et démocrate.
01:01:57 C'est la démocratie qui se destructure et qui se dilue.
01:02:00 Il y en a marre d'un côté d'une instrumentalisation
01:02:03 de l'extrême gauche, de l'autre d'une instrumentalisation
01:02:06 de l'extrême droite.
01:02:09 - Vous avez le même plan ?
01:02:12 - Oui, les violences viennent des deux côtés.
01:02:15 Je me fais autant attaquer par l'un que par l'autre.
01:02:18 A partir du moment où on a un discours un peu pondéré,
01:02:21 on se fait attaquer.
01:02:24 On est associé à la fascisphère.
01:02:27 J'ai un discours républicain, je serai un fasciste ventripotant.
01:02:30 C'est quand même incroyable.
01:02:33 Il faut condamner les violences des deux côtés
01:02:36 et soutenir ce maire parce que derrière,
01:02:39 c'est la démocratie et la République qui sont dans le jeu.
01:02:42 - Vous avez dit quelque chose qui est factuellement
01:02:45 en train de changer, mais ce n'est pas pour vous le reprocher.
01:02:48 C'est de dire que tout le monde peut manifester dans ce pays.
01:02:51 Je constate qu'encore aujourd'hui,
01:02:54 il y a eu l'interdiction d'un colloque
01:02:57 qu'on peut trouver tout à fait antipathique,
01:03:00 sur Dominique Wehner de l'Institut Iliade,
01:03:03 qui était proche du Grèce, qu'on appelait la nouvelle droite
01:03:06 quand vous n'étiez pas née.
01:03:09 Tout le monde ne peut pas manifester aujourd'hui
01:03:12 puisque Gérald Darmanin lui-même a demandé au préfet d'interdire.
01:03:15 On ne sait pas ce que ça veut dire,
01:03:18 mais c'est ce que le président de la République a dit.
01:03:21 - C'est la justice qui l'a autorisée.
01:03:24 - J'attends de quelqu'un comme vous
01:03:27 qu'il se lève pour défendre la liberté d'expression
01:03:30 des gens avec qui il n'est pas d'accord.
01:03:33 - Il le fait tout le temps.
01:03:36 - Il le fait tout le temps.
01:03:39 - Est-ce qu'il y a eu récupération ?
01:03:42 Comment réagit-il ?
01:03:45 - Il y sera tout à l'heure un député comme François Ruffin.
01:03:48 Regardez ce qu'il a mis en avant.
01:03:51 - Quand on se lève et qu'on applaudit le maire de Saint-Brévin,
01:03:54 qui ne se lève pas ?
01:03:57 Les élus du RN, les députés frontistes,
01:04:00 ne se lèvent pas dans l'hémicycle,
01:04:03 n'applaudissent pas, ils restent assis et les bras croisés.
01:04:06 Pourquoi ?
01:04:09 Est-ce parce qu'ils cautionnent le fait qu'un maire en France
01:04:12 ait vu sa maison à moitié incendiée
01:04:15 et ses voitures brûlées ?
01:04:18 - On l'interroge.
01:04:21 Il répond sur l'attitude du RN dans l'hémicycle.
01:04:24 - Une marche de soutien après la démission.
01:04:27 Une marche de soutien une fois qu'il est en train de quitter la ville.
01:04:30 C'est quand même un peu pour se faire plaisir
01:04:33 et pour avoir des belles images, pour montrer sa belle âme.
01:04:36 D'ailleurs, dans l'autre sens, ça aurait été pareil.
01:04:39 - Mais il n'y a pas quand même un anonymisme
01:04:42 qui devrait être évident.
01:04:45 - Ce qui tue ce pays, c'est le sectarisme.
01:04:48 Moi, j'en ai autant marre du sectarisme d'une certaine droite
01:04:51 que du sectarisme d'une certaine gauche.
01:04:54 Je pense que sur certains sujets, on peut quand même se retrouver
01:04:57 et arrêter de tout politiser.
01:05:00 Et moi, il y a quelque chose qui m'a choqué quand même,
01:05:03 c'est lors de la réforme sur les retraites,
01:05:06 les cortèges, les élus représentent quand même quelque chose.
01:05:09 Donc, à un moment donné, il faut arrêter avec cette petite guéguerre
01:05:12 politicienne puisque ça abîme la démocratie.
01:05:15 Si les gens aujourd'hui sont dégoûtés par tous ces débats,
01:05:18 c'est parce qu'on est sans arrêt là-dedans et on sent que derrière,
01:05:21 il y a beaucoup de faux. Quand vous croisez des députés
01:05:24 qui s'écharpent au sein de l'Assemblée nationale et qui se retrouvent après
01:05:27 au Bourbon, le café à côté de l'Assemblée nationale, pour rigoler,
01:05:30 faire se soigner, il faut rigoler un petit peu.
01:05:33 - Il va être rassemblée une partie de ceux qui seront tout à l'heure à Saint-Brévin.
01:05:36 Parmi eux, il y aura peut-être ceux qui ont mis le pied
01:05:39 sur un ballon de foot à l'effigie du ministre du Travail
01:05:42 et qui vont venir dire "non mais attention, la violence dans notre société
01:05:45 est montée d'un cran, ce n'est pas possible".
01:05:48 - C'est exact, ce que vous dites. Et tu as oublié notre sectarisme et notre radicalisme,
01:05:51 celui de l'hypercentre, qui ne va pas permettre
01:05:54 que le vote ait lieu sur le texte Lyot.
01:05:57 - Le garde des Sceaux a réagi.
01:06:00 - Comme c'est assez rare, écoutons-le, Eric Dupont-Moretti
01:06:03 sur Saint-Brévin.
01:06:06 - D'après les remontées d'informations depuis 2018,
01:06:09 le taux de poursuite, mesdames et messieurs les sénateurs,
01:06:12 est de 95%
01:06:15 en cas d'atteinte aux élus.
01:06:18 Lorsque l'infraction est caractérisée et qu'un auteur a été identifié,
01:06:21 100% des mises en cause poursuivables
01:06:24 font l'objet d'une réponse pénale.
01:06:27 Dans cette affaire particulière de Saint-Brévin,
01:06:30 la justice locale, de ce qui m'a été remonté,
01:06:33 n'a pas été aux abonnés absents.
01:06:36 - Intéressant, ça, parce que
01:06:39 ça va un peu à l'encontre de ce qu'on pense intuitivement,
01:06:42 c'est qu'ils ont été abandonnés. Alors, soit, je suppose que le garde des Sceaux
01:06:45 ne ment pas, donc on n'oserait imaginer...
01:06:48 - C'est un politique comme un autre, mais je suppose que non, parce que...
01:06:51 - On est quand même... - Donc, il y a des poursuites, ce qui sera intéressant,
01:06:54 c'est de savoir si après les poursuites, il y a des audiences
01:06:57 et si après les audiences, il y a des peines.
01:07:00 Ce serait quand même intéressant de le savoir.
01:07:03 - Roubaix, demain, le président de la République sera sur place
01:07:06 après le ministre de l'Intérieur. Et les mots du ministre de l'Intérieur,
01:07:09 alors, c'est une enquête aussi qui se poursuit.
01:07:12 Donc, au début, on a dit assez rapidement "accident de la route".
01:07:15 Et puis, hier, Georges Fenech nous a dit
01:07:18 "attention, il vaut mieux rester prudent".
01:07:21 Est-ce que ces personnes ont voulu aussi, je ne sais pas,
01:07:24 "accident rôtier" ? Ou peut-être ont-ils eu un geste
01:07:27 en reconnaissant cette voiture de police, qui avait un gyrophare, quand même ?
01:07:30 Ont-ils provoqué cet accident ?
01:07:33 Donc, moi, je veux dire que l'enquête se poursuit. Je ne vais pas qualifier ce qui s'est passé,
01:07:36 si ce n'est que c'est une tragédie avec la mort de trois jeunes policiers.
01:07:39 Le président de la République sur place,
01:07:42 c'est tout à fait normal.
01:07:45 C'est un hommage national aussi,
01:07:48 qui aura lieu pour une famille, comme on l'a dit.
01:07:51 Comment vous êtes aujourd'hui, quelques jours après,
01:07:54 parce qu'il y a eu le choc, la sidération, l'émotion ?
01:07:57 Et aujourd'hui, quel est le sentiment qui prime ?
01:08:00 Le recueillement. De toute façon, si le président de la République
01:08:03 se déplace à l'École nationale de Roubaix pour cet hommage national
01:08:06 à nos trois jeunes collègues, nous sommes toujours dans le recueillement.
01:08:09 La colère est là, certes. L'enquête, le temps de l'enquête,
01:08:12 de le rappeler est encore là, pour connaître
01:08:15 tous les éléments qui pourront en sortir.
01:08:18 Mais pour l'instant, restons dans le recueillement,
01:08:21 dans l'émotion qui nous touche tous face à ce drame.
01:08:24 Et la présence du président de la République n'est pas
01:08:27 un acte totalement anodin.
01:08:30 Il a parlé de décivilisation.
01:08:33 Il a prononcé le mot de décivilisation, ce qui est très intéressant.
01:08:36 Certains parlent dans ce même mot, évidemment.
01:08:39 On en parle à son entretente chez Laurence Ferrari,
01:08:42 qui voit aussi le symptôme, selon lui, plus largement,
01:08:45 d'une violence qui s'enquisse, qui s'installe, qui s'enracine.
01:08:48 Écoutons le président du Sénat.
01:08:51 Ce drame, il est révélateur de toutes ces violences que nous vivons.
01:08:54 Violence vis-à-vis des élus.
01:08:57 Souvenez-vous de ce que nous avons vécu la semaine dernière,
01:09:00 les semaines d'avant à Saint-Brévin et dans d'autres endroits.
01:09:03 Violence vis-à-vis des blouses blanches.
01:09:06 - On va en parler dans un instant.
01:09:09 - Écharpe tricolore, blouse blanche, uniforme de policier et de gendarme.
01:09:12 - Pompier.
01:09:15 - Bien sûr.
01:09:18 Je crois que la question centrale, c'est quand même le retour
01:09:21 de l'autorité dans ce pays.
01:09:24 - L'autorité ne se décrète pas, ni vis-à-vis de l'instituteur,
01:09:27 ni vis-à-vis de l'infirmier, du personnel soignant,
01:09:30 ni vis-à-vis du policier, ni vis-à-vis du pompier.
01:09:33 Si on ne commençait pas à l'école très jeune à dire aux gamins
01:09:36 qu'ils ont tous les droits, que c'est eux le centre de tout.
01:09:39 L'idéologie de l'éducation nationale ne favorise pas tellement
01:09:44 l'acquisition d'un surmoi.
01:09:47 Ce qui me frappe dans cette société, c'est le nombre de gens,
01:09:50 et ça peut nous arriver de désir à tous, qui pètent les plombs
01:09:53 très facilement. - Jamais, ça ne t'est jamais arrivé.
01:09:56 - Non, jamais. Mais je ne frappe pas.
01:09:59 - C'est important. On ne supporte plus la frustration.
01:10:02 - On ne supporte plus les contraintes.
01:10:05 - On a oublié qu'à l'hôpital, on a tous découvert ces dernières années
01:10:10 des choses qui n'existaient pas il y a 20 ou 30 ans,
01:10:13 c'est des petites pancartes disant qu'en cas d'agression,
01:10:16 il y aurait des poursuites.
01:10:18 - Je l'ai aussi découvert sur un train récemment,
01:10:21 et j'ai été choquée par ça. Il est besoin dans notre société
01:10:25 de préciser que si on insulte quelqu'un, on agresse quelqu'un,
01:10:29 c'est interdit. C'était affiché dans un train. On en est là.
01:10:33 - Et à Air France, quand vous prenez un avion,
01:10:35 parce qu'ils se font engueuler tout le temps, etc.,
01:10:37 et les policiers peut-être aussi ?
01:10:39 - Dans une société qui a besoin de préciser ça,
01:10:41 où est-ce qu'on en est dans le degré de violence et de laisser aller ?
01:10:44 C'est une vraie question. C'est drôle que vous en parliez,
01:10:47 cet affichage. - Moi, ça me frappe à chaque fois.
01:10:50 - Il est affiché qu'on ne doit pas insulter, qu'on ne doit pas agresser
01:10:53 sous peine, etc. - C'est nul.
01:10:56 - On est obligé de prévenir. - On marche sur la tête.
01:11:01 - Complètement. C'est frapper de bon sens qu'on ne doit pas insulter,
01:11:05 s'en prendre à quelqu'un de violent sur ces personnes chargées
01:11:08 de mission de service public ou dépositaires de l'autorité publique.
01:11:11 Le niveau est au-dessus. - Alors, c'est vrai que si vous attendez
01:11:13 40 heures aux urgences, on peut comprendre que ça vous inquiète.
01:11:16 Je ne dis pas que ça excuse, mais c'est aussi très compliqué.
01:11:19 - C'est vrai parce que je pense aussi que le manque de personnel,
01:11:23 de voir notre système de santé se dégrader d'année en année,
01:11:27 je pense que c'est quelque chose d'insupportable pour les Français
01:11:30 qui se disent que ce n'est pas possible, que ce n'est pas digne d'un pays
01:11:32 comme la France. Ça n'autorise rien, mais ça peut expliquer quand même
01:11:35 une profonde frustration. - On a tous eu cette expérience humaine,
01:11:40 malheureusement, ou familiale, l'engorgement des urgences hospitalières
01:11:45 par ce qu'on appelle la bobologie, c'est-à-dire que tout le monde
01:11:49 est là aujourd'hui, sans signer ce qui a pu fonctionner.
01:11:53 Par exemple, le statut du médecin de famille, tel qu'il pouvait opérer
01:11:58 dans nos vies et ce que ça permettait. - Tu as raison.
01:12:02 - Moi, je connais aujourd'hui des jeunes médecins qui me disent
01:12:04 "mais Olivier, le sacerdoce qu'il y avait avant, les anciennes générations
01:12:08 qui ouvraient les cabinets, etc., nous, on ne veut plus vivre comme ça".
01:12:11 C'est aussi des phénomènes de société. - On va marquer une pause un peu plus tôt
01:12:15 pour retrouver en direct dans quelques instants la prise de parole du procureur
01:12:19 de Reims, c'est important, sur le profil de l'agresseur.
01:12:23 Restez avec nous, on se retrouve dans quelques instants à peine.
01:12:26 Nous sommes en direct, Midi News, dans quelques instants,
01:12:33 la prise de parole du procureur de Reims. Nous évoquerons aussi ce qui s'est passé,
01:12:38 beaucoup d'émotions autour de cette minute de silence et surtout
01:12:40 les interrogations et les attentes, mais tout d'abord, le rappel des titres,
01:12:43 c'est News Info.
01:12:45 - Le gouvernement présente en ce moment en Conseil des ministres
01:12:51 son projet de loi sur le partage de la valeur. Cette loi vise notamment
01:12:55 à généraliser les dispositifs d'intéressement, de participation
01:12:58 ou les primes de partage de la valeur à toutes les entreprises
01:13:01 de plus de 11 salariés. L'exécutif voit dans cet accord la preuve
01:13:05 qu'un dialogue social est encore possible.
01:13:07 Les partis de gauche ont appelé à un grand rassemblement cet après-midi
01:13:11 à Saint-Brévin-les-Pins. Une marche est prévue à 17h pour soutenir
01:13:14 le maire des missionnaires de cette commune.
01:13:16 Olivier Faure, Fabien Roussel ou encore Marine Tondelet sont notamment attendus.
01:13:21 Et les dons des Français aux associations ont globalement stagné.
01:13:25 Le syndicat France Générosité a publié son baromètre pour la première fois
01:13:29 depuis 10 ans. Les dons des Français stagnent en tenant compte
01:13:32 de l'inflation. Le montant total des dons est même en chute
01:13:35 de près de 4% en 2022.
01:13:39 Une minute de silence observée pour rendre hommage à Karen Mezino,
01:13:43 cette soignante de 37 ans poignardée à mort au CHU de Reims.
01:13:46 Émotion et certainement colère, je ne sais pas, mais beaucoup,
01:13:50 beaucoup d'interrogations sur le profil de cette agresseur.
01:13:54 Sans doute que le procureur de Reims nous donnera quelques éléments
01:13:57 supplémentaires. Ce sera à suivre dans quelques minutes.
01:14:00 Tout d'abord, rappelons ce qui s'est passé tout à l'heure
01:14:03 en fin de matinée autour de cette minute de silence.
01:14:08 Derrière notre peine, il y a ce sentiment d'injustice.
01:14:12 Il y a cette volonté de protection. Les ministres travaillent
01:14:17 pour que toutes les mesures soient prises pour la sécurité
01:14:20 de celles et ceux qui nous soignent. Je m'y engage à mon tour.
01:14:24 Aujourd'hui, toute la communauté des soignants est en deuil
01:14:29 et tout notre pays a le cœur serré.
01:14:32 C'est pourquoi je vous invite à vous rassembler autour de la mémoire
01:14:37 de Karen Mezino, à vous recueillir et à lui rendre hommage
01:14:42 en observant ensemble une minute de silence.
01:14:45 Bien, et les interrogations que nous avons relayées avec Noémie Schultz
01:14:58 autour justement du profil de cet agresseur,
01:15:02 elles sont résumées par Vincent Faandes.
01:15:05 Regardez.
01:15:07 Âgé de 59 ans, Franck F. était déjà connu de la justice
01:15:11 pour des faits similaires à ceux perpétrés au CHU de Reims lundi.
01:15:15 Souffrant de lourds problèmes psychiques et sous curatel
01:15:19 depuis plusieurs années, il était résident d'une structure spécialisée.
01:15:22 En 2017, il agresse quatre membres du personnel de cet établissement.
01:15:27 L'un d'eux est hospitalisé. L'affaire est alors confiée
01:15:31 à un juge d'instruction. Mais après cinq ans d'enquête,
01:15:35 le 30 juin 2022, le dossier est transmis à la chambre d'instruction
01:15:39 de la cour d'appel de Reims pour statuer sur la responsabilité pénale
01:15:44 de l'agresseur. L'audience, qui devait avoir lieu vendredi matin,
01:15:48 c'est-à-dire dix mois plus tard, est bien maintenue.
01:15:51 Mais en attendant, Franck F. n'était soumis à aucun contrôle judiciaire.
01:15:56 Et pour le moment, le doute plane quant à sa présence ou non
01:15:59 devant la chambre d'instruction.
01:16:02 - Et avant la prise de parole du procureur de Reims,
01:16:05 la question de la sécurité. Le ministre de la Santé, François Brondé,
01:16:08 va réunir un comité pour discuter de ces sujets.
01:16:11 - Nous voilà sauvés. - C'est un urgentiste.
01:16:14 Il connaît ces sujets-là. Pourquoi réunir encore un comité
01:16:17 pour savoir s'il faut mettre des portiques, des vigiles et assurer
01:16:20 la sécurité des hôpitaux dans lesquels parfois on rentre comme dans un moulin ?
01:16:23 Pourquoi ? - Mais moi, ce qui m'ennuie...
01:16:25 - Attentons de savoir de plus. - C'est quand même compliqué
01:16:28 pour notre société. Vous dites "on rentre dans un hôpital comme dans un moulin",
01:16:31 mais c'est un peu la vocation de l'hôpital qu'on puisse y entrer.
01:16:34 C'est un lieu d'accueil, un lieu de soins. - Dans tous les services ? Pardonnez-moi.
01:16:37 - Non, on ne rentre pas au bloc opératoire, mais qu'on entre à l'hôpital,
01:16:40 si vous voulez, ça paraissait en tous les cas avant quelque chose
01:16:45 de logique et de normal. Donc, l'idée que nos hôpitaux,
01:16:49 comme les écoles, rappelez-vous Saint-Jean-de-Luz, on ne l'a pas cité,
01:16:52 mais devraient devenir maintenant des endroits où on flique tout le monde
01:16:56 à l'entrée, on couille, on met des scanners, ça paraît quand même...
01:16:59 Imaginez, vous connaissez la pitié salpétrière, essayez d'imaginer
01:17:03 de contrôler les entrées-sorties dans cette immense ville hospitalière.
01:17:07 - La question, c'est qu'on voit bien dans ce type d'annonce,
01:17:10 s'il faut améliorer la sécurité des établissements de santé, faisons-le,
01:17:14 mais on sent très bien qu'il y a une tactique de diversion,
01:17:17 qu'on n'aborde pas le vrai sujet, que le vrai sujet, on l'a dit tout à l'heure,
01:17:22 c'est la psychiatrie, que le vrai sujet, c'est la manière dont notre société
01:17:25 aujourd'hui est voulue. - D'accord, mais demain...
01:17:27 - On peut faire le comité théodule sur la sécurisation des établissements.
01:17:30 - Mais comment on les protège, ce personnel, avant d'engager tout un débat
01:17:33 qu'on n'a pas engagé depuis 40 ans sur la psychiatrie ?
01:17:35 Comment on fait pour qu'ils n'aillent pas à la peur au ventre, travailler ?
01:17:38 - J'ai entendu qu'à Marseille, ils ont un bouton d'urgence.
01:17:41 - Pardonnez-moi. Allez-y. Allez-y, allez-y, on va attendre l'installation
01:17:45 du procureur. - Il faut sécuriser ces établissements.
01:17:48 On parlait effectivement, je me rappelle, sur le plateau...
01:17:52 - Allez, on y va, on va écouter, pardonnez-moi, le procureur de Reims.
01:17:56 - ...répondre à mon invitation pour ce point presse.
01:18:00 À titre liminaire, avec le directeur départemental de la sécurité publique
01:18:13 qui a piloté l'enquête à mes côtés, au nom de mon équipe et de l'institution
01:18:19 que je représente, que nous représentons, nos premières pensées
01:18:23 seront pour les victimes de ce drame affreux, pour leurs familles
01:18:27 et leurs proches, et pour tous les membres de la communauté hospitalière
01:18:30 et médicale de Reims et d'ailleurs, qui sont aujourd'hui dans la peine
01:18:34 et la douleur et avec lesquels nous travaillons au quotidien.
01:18:38 Je vous rappelle que j'interviens au titre des dispositions de l'article 11
01:18:43 du code de procédure pénale qui autorise le procureur de la République
01:18:47 à transmettre publiquement des informations normalement couvertes
01:18:52 par le secret de l'enquête. Ceci sous le bénéfice de la présomption d'innocence.
01:18:58 Voici quels sont les éléments que je souhaite porter à votre connaissance.
01:19:02 Lundi 22 mai 2023, peu avant 13h30, un individu se présentait au CHU de Reims
01:19:09 au service de l'unité de médecine et santé au travail et agressait violemment
01:19:14 une secrétaire de 56 ans et une infirmière de 37 ans à coups de couteau
01:19:20 alors qu'elles étaient dans un vestiaire. Il tentait de prendre la fuite
01:19:24 mais était très rapidement interpellé par les agents de sûreté de l'hôpital
01:19:27 puis par les services de police qui, avisés de l'agression,
01:19:30 s'étaient immédiatement rendus sur place. Il était placé en garde à vue
01:19:34 à 13h40 ce lundi pour des faits de tentative d'assassinat
01:19:38 et l'enquête était confiée au commissariat central de Reims.
01:19:42 Dans la nuit du 22 au 23 mai, malgré l'importance des soins prodigués,
01:19:47 l'infirmière, âgée de 37 ans, décédait.
01:19:51 Une autopsie était réalisée dans la journée du 23 mai
01:19:54 qui mettait en évidence une pluralité de blessures.
01:19:57 Le décès était dû à une hémorragie interne provoquée par des lésions
01:20:01 d'organes thoraciques et abdominaux résultant d'une agression par arme blanche.
01:20:06 Elle était mère de deux enfants de 8 et 11 ans.
01:20:10 Sa collègue, secrétaire médicale, bien que grièvement blessée,
01:20:15 était hors de danger et avait pu être entendue par les enquêteurs
01:20:19 dès le 23 mai, disant avoir reçu cinq coups de couteau.
01:20:23 Les faits étaient alors requalifiés par mon parquet d'assassinat
01:20:26 et tentative d'assassinat. La cinétique des faits semblait simple.
01:20:30 Dans la mesure où l'individu appréhendé, rémois de 59 ans,
01:20:33 célibataire, sans activité professionnelle, avait agi seul
01:20:38 à l'aide d'un couteau de type couteau de cuisine disposant d'une lame
01:20:41 de 15 à 20 cm, couteau dont il était trouvé porteur au moment
01:20:45 de son interpellation. Il devait indiquer, durant son interrogatoire,
01:20:49 qu'il avait acheté ce couteau, qui paraissait neuf, le jour des faits.
01:20:53 Ce point n'a toutefois pas pu être vérifié compte tenu de l'imprécision
01:20:58 des déclarations du mis en cause. Il semblait avoir agi sans mobile
01:21:02 apparent envers les victimes ou le service dans lequel elle travaillait,
01:21:06 dans la mesure où il n'avait pas de rendez-vous dans ce service
01:21:09 et n'était pas suivi au sein de ce service. En revanche,
01:21:13 dès son interpellation, il avait déclaré à plusieurs reprises
01:21:17 aux fonctionnaires de police en vouloir au milieu hospitalier,
01:21:20 indiquant avoir été maltraité depuis plusieurs années
01:21:23 par le milieu psychiatrique. Il ajoutait en vouloir, je cite,
01:21:27 aux blouses blanches, précisant que chaque fois qu'il croiserait
01:21:30 une blouse blanche, il la planterait car il voulait se venger.
01:21:33 Plusieurs membres du personnel médical, qu'il avait vu déambuler
01:21:37 vers le service quelques courtes minutes avant son passage à l'acte,
01:21:41 avaient entendu des termes de même nature.
01:21:44 Si son interpellation n'avait pas posé de difficultés,
01:21:47 sa garde à vue et ses interrogatoires ont été particulièrement difficiles.
01:21:51 En effet, j'ai décidé d'une garde à vue en milieu hospitalier
01:21:55 au regard des préconisations médicales. Par ailleurs,
01:21:59 s'agissant de ses déclarations, il devait indiquer spontanément
01:22:03 au policier interpellateur qu'il avait donné plusieurs coups de couteau
01:22:06 à des infirmières. En garde à vue, si certains de ses propos
01:22:10 ont été totalement incohérents, il reconnaissait avoir volontairement
01:22:14 agressé les deux membres du personnel de santé en raison de leur qualité
01:22:18 et parce qu'il en voulait à la psychiatrie qu'il qualifiait de criminel,
01:22:21 d'assassin ou encore de faux jetons. Il ajoutait avoir pensé
01:22:25 son forfait depuis plusieurs mois et reconnaissait que le couteau
01:22:30 dont il s'était servi lui appartenait bien.
01:22:34 Sur le plan de ses antécédents pénaux, il n'a jamais été condamné
01:22:38 mais avait été mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des faits
01:22:42 de violences aggravées. Il lui était reproché d'avoir, le 21 juin 2017,
01:22:47 commis des violences avec un couteau sur quatre personnels de l'ESAT
01:22:51 où il travaillait alors. À la suite de ces faits, le magistrat instructeur
01:22:56 devait rendre une ordonnance de transmission de pièces
01:22:59 aux fins de saisine de la chambre de l'instruction et non de non-lieu,
01:23:02 comme je l'ai indiqué par erreur lors de mon premier communiqué de presse,
01:23:05 ordonnance rendue le 30 juin 2022 et qui était liée à l'existence
01:23:11 d'une pluralité d'expertises faisant état de l'abolition du discernement
01:23:15 de l'intéressé. Cette procédure, je le rappelle, permet, lorsqu'une personne
01:23:20 est susceptible d'être déclarée irresponsable en raison de l'abolition
01:23:24 de son discernement, tout en considérant que les faits commis
01:23:28 lui sont imputables, d'imposer aux mises en cause des mesures de sûreté
01:23:32 pouvant aller jusqu'à l'hospitalisation d'office.
01:23:35 Une audience doit en ce cas avoir lieu devant la Cour d'appel et qui,
01:23:39 au cas d'espèce dans ce dossier, doit avoir lieu le 26 mai 2023.
01:23:44 C'est à l'issue de cette audience que la Cour d'appel peut être amenée
01:23:47 à prendre des mesures de sûreté pouvant, comme je l'ai indiqué,
01:23:50 aller jusqu'à l'hospitalisation sous contrainte. Je précise à ce stade
01:23:54 que rien dans les éléments d'enquête ne permet de faire un lien
01:23:58 entre le passage à l'acte et la date d'audience du 26 mai.
01:24:02 S'agissant de son profil, souffrant de schizophrénie et de paranoïa,
01:24:07 il faisait l'objet de soins psychiatriques depuis 1985,
01:24:11 avec de nombreux séjours hospitaliers, et était reconnu adulte handicapé.
01:24:17 En 2017, sur fond de pathologies sévères de type syndrome persécutif
01:24:21 et psychose chronique depuis l'adolescence, il stoppait son traitement psychotrope
01:24:27 et passait violemment à l'acte, comme je l'ai indiqué il y a un instant,
01:24:31 ce qui entraînait une nouvelle mesure d'hospitalisation.
01:24:35 Ainsi, ces dernières années, il a été hospitalisé en psychiatrie
01:24:39 du 22 juin 2017 au 30 août 2019, puis du 22 septembre 2020 au 17 octobre 2021,
01:24:47 et enfin du 12 juillet 2021 au 14 septembre 2021.
01:24:53 Il avait par ailleurs été placé une première fois sous mesure de curatel renforcé
01:24:58 de 1998 à 2007, la curatrice étant à l'époque sa mère.
01:25:04 En mars 2019, il était à nouveau placé sous mesure de curatel renforcé,
01:25:10 partiellement à sa demande.
01:25:12 La mesure de curatel renforcé a été confiée au gérant de tutelle
01:25:16 de l'établissement de santé mentale de Châlons-en-Champagne
01:25:19 pour une durée de 5 ans, soit jusqu'en mars 2024.
01:25:25 L'enquête a mis en évidence une divergence de point de vue
01:25:30 entre la mandataire judiciaire et le psychiatre de l'intéressé,
01:25:34 la première estimant à plusieurs reprises, entre 2021 et 2023,
01:25:40 que depuis au moins décembre 2020, l'intéressé ne prenait plus régulièrement
01:25:45 son traitement, tandis que le psychiatre estimait que la situation
01:25:49 était stabilisée, que le traitement était pris et que la mesure même
01:25:53 de protection ne se justifiait plus.
01:25:56 Entre 2021 et 2023, malgré plusieurs demandes du mis en cause,
01:26:00 de voir la mesure de protection de curatel renforcé levée,
01:26:05 et plusieurs certificats et expertises médicales allant dans le même sens,
01:26:09 le juge des tutelles...
01:26:18 On va écouter de nouveau le procureur de la République de Reims
01:26:21 avec toutes ses précisions très importantes sur, évidemment,
01:26:24 l'agression d'une très grande violence de cette infirmière qui est décédée.
01:26:27 On l'écoute de nouveau.
01:26:29 ...l'intéressé lui-même dans le cadre des investigations menées
01:26:32 par le juge des tutelles. La mandataire, qui a été entendue
01:26:36 dans le cadre de la présente enquête, a fait état de plusieurs crises
01:26:40 verbales depuis l'été 2022, la dernière le 15 mai 2023,
01:26:45 et a précisé s'en être ouverte à plusieurs reprises au psychiatre
01:26:48 depuis deux ans, faisant des signalements non suivis des faits,
01:26:52 selon elle, précisant que la mère de l'intéressé, qui n'a pu être
01:26:55 entendue, avait les mêmes craintes d'un nouveau passage à l'acte.
01:26:59 Elle ajoutait ne pas avoir été surprise de ce nouveau passage à l'acte.
01:27:03 Fin octobre 2022, elle avait même sollicité du juge des tutelles
01:27:07 son dessaisissement au regard de la dangerosité potentielle
01:27:11 et imprévisible de l'intéressé en lien avec sa pathologie psychotique,
01:27:15 justifiant, selon elle, un suivi médical permanent.
01:27:19 Le psychiatre, qui le suit depuis 2017, a également été entendu
01:27:24 et a indiqué aux enquêteurs que, selon lui, il n'y avait pas eu
01:27:27 de rupture de traitement ces dernières années, ni même ces derniers mois,
01:27:30 qu'il ne s'attendait pas à un tel passage à l'acte et estimait
01:27:34 son patient stabilisé. Sur les six derniers mois, ce psychiatre
01:27:38 a vu le mis en cause en consultation cinq fois, la dernière fois
01:27:42 le 10 mai 2023. Et le psychiatre a précisé que l'intéressé
01:27:48 était passé au service le lundi 22 mai au matin, sans doute
01:27:54 pour prendre son traitement, mais qu'il ne l'avait pas vu.
01:27:58 L'intéressé venait tous les jours de semaine au service médical
01:28:02 prendre ses cachets et le vendredi, il venait récupérer son sachet
01:28:06 de cachet pour le week-end. En semaine, la prise des médicaments
01:28:10 se fait devant les infirmiers, mais il n'est pas vérifié
01:28:14 la réalité et la complétude de l'ingestion. Pour le week-end,
01:28:18 il est remis un sachet au patient le vendredi, à charge pour lui
01:28:21 de prendre ses médicaments. Sur l'intéressé, lorsqu'il a été appréhendé,
01:28:26 il a été trouvé porteur de plusieurs cachets pouvant correspondre
01:28:30 à une partie de la prise médicamenteuse du jeudi. En perquisition
01:28:34 à son domicile, nous avons pu appréhender un sachet de médicaments
01:28:38 semblant correspondre à la prescription qui avait pu lui être remise
01:28:42 le vendredi après-midi. Ce sachet n'était ni ouvert, ni entamé.
01:28:47 J'ai ouvert ce jour une information judiciaire des chefs d'assassinat
01:28:52 et tentative d'assassinat, c'est-à-dire meurtre avec préméditation,
01:28:56 compte tenu d'une part des propres déclarations de l'intéressé
01:29:00 sur son intention depuis plusieurs mois de tuer des personnels de santé,
01:29:04 et d'autre part en raison de sa venue armée dans un service
01:29:07 où il n'avait aucune raison de se trouver. J'ai sollicité sa mise en examen
01:29:11 de ses chefs et son placement en détention provisoire avec placement
01:29:15 rapide en unité hospitalo-carcérale, notamment au regard du risque
01:29:19 de réitération des faits, des risques de pression sur victimes
01:29:23 et témoins, et compte tenu de la gravité des faits et de troubles
01:29:27 particulièrement graves et persistants causés à l'ordre public.
01:29:30 Il appartiendra cet après-midi au juge d'instruction et au juge
01:29:34 des libertés de la détention devant lesquels il comparaîtra d'apprécier
01:29:37 les suites qu'il convient de réserver à mes demandes.
01:29:40 Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
01:29:43 L'information judiciaire, outre la cinétique des faits,
01:29:47 devra notamment s'attacher à cerner au mieux la personnalité
01:29:50 du mis en cause et son degré de conscience dans le passage à l'acte,
01:29:54 mais devra également rechercher s'il y a eu ou non continuité
01:29:57 dans la prise en charge médicale ou au contraire rupture de soins
01:30:00 à l'initiative du mis en cause, et dans cette dernière hypothèse,
01:30:04 si cette rupture a pu participer au passage à l'acte meurtrier
01:30:07 et plus généralement, si l'on peut parler de crime de haine
01:30:11 ou d'un crime de folie. Je vous remercie.
01:30:14 Nous sommes à votre disposition pour répondre à quelques questions.
01:30:18 Est-ce qu'après ce passage à l'acte dans le vestiaire du service,
01:30:27 est-ce qu'il a prononcé des mots et est-ce qu'il s'est promené
01:30:30 dans le centre hospitalier ? Est-ce qu'il y a eu une déambulation
01:30:34 avec ce coup de couteau ?
01:30:36 Il y a eu une déambulation avant le passage à l'acte.
01:30:40 Ensuite, il a cherché à prendre la fuite, ce qui fait qu'un certain
01:30:43 nombre de personnels de santé ont pu le voir juste avant
01:30:46 ou juste après le passage à l'acte, mais dans tous les cas,
01:30:49 la scénétique a été extrêmement courte, puisque les services
01:30:53 de sécurité de l'hôpital ont été très rapidement avisés.
01:30:56 La police est intervenue également de manière extrêmement rapide
01:31:00 et il s'est passé moins de 10 minutes entre le moment des faits
01:31:05 et le moment où il a été appréhendé.
01:31:08 Durant sa déambulation préalable, il y avait déjà sorti le coup de couteau ?
01:31:12 Un certain nombre de gens ont vu le couteau, donc il est possible
01:31:16 qu'effectivement, dans sa déambulation, il ait eu le couteau en main.
01:31:23 Oui, c'est possible.
01:31:25 Il a manifestement cherché un petit peu sa voie et son chemin,
01:31:28 se trouvant face à des murs ou à des portes qui étaient fermées,
01:31:33 ce qui a pu le conduire à revenir également sur ses pas.
01:31:36 Il n'a pas menacé d'autres services après son passage à l'acte ?
01:31:45 On a des témoignages qui disent qu'il s'en est rendu
01:31:48 aux services radios avec son couteau.
01:31:51 Je n'ai pas cette information-là, je ne sais pas si M. le directeur
01:31:54 peut en dire quelque chose.
01:31:56 Qu'il ait fui, sans connaître nécessairement tous les lieux,
01:32:00 et donc ait pu se rendre dans d'autres services,
01:32:02 c'est tout à fait possible.
01:32:04 Il n'a pas eu d'autres menaces après son passage à l'acte ?
01:32:08 Pas à ma connaissance. En revanche, un certain nombre de personnels
01:32:12 ont pu entendre des propos du même type que ceux qu'il a pu énoncer
01:32:17 lorsqu'il a été en garde à vue.
01:32:20 Vous avez été comme divisé par la garde à vue ?
01:32:27 Elle a été extrêmement difficile compte tenu de sa pathologie
01:32:32 et de son comportement. Il y a eu des moments où il a été
01:32:36 extrêmement volubile, vociférant. Il y a eu d'autres moments
01:32:41 où les choses ont été beaucoup plus calmes.
01:32:44 Il a été vu à plusieurs reprises par des généralistes
01:32:47 et par des psychiatres, ce qui a nécessité d'ailleurs
01:32:50 son placement en garde à vue hospitalière.
01:32:53 Ses interrogatoires ont été courts, pour partie cohérents
01:32:58 dans les réponses qui ont pu être données,
01:33:00 et d'autres fois manifestement totalement incohérents.
01:33:04 Comment expliquer qu'aucune mesure de sûreté n'a été prise
01:33:07 à suite de la réaction en 2017 ?
01:33:15 Comme je vous l'ai indiqué, il n'y a pas eu aucune mesure
01:33:19 de sûreté qui a été prise après.
01:33:22 L'agresseur souffre donc de schizophrénie et de paranoïa
01:33:26 depuis des années, depuis 1985. Il en voulait récemment
01:33:32 aux blouses blanches. Beaucoup d'informations,
01:33:34 dont une essentielle, et ça va être peut-être l'un
01:33:37 des éléments essentiels de cette terrible affaire,
01:33:40 la mère avait donné l'alerte et le psychiatre ne s'attendait pas
01:33:44 à un tel passage à l'acte. Donc là, il y a une distorsion
01:33:47 énorme Noémie Schultz, c'est peut-être là le sujet essentiel.
01:33:50 Oui absolument, la différence de point de vue entre
01:33:54 la mandataire de justice, donc la personne qui était en charge
01:33:57 de sa cure à tel, et le psychiatre, puisque cette femme a expliqué,
01:34:03 elle a été entendue par les enquêteurs, elle a expliqué que selon elle,
01:34:06 il ne prenait plus, cet homme, son traitement depuis décembre 2021.
01:34:11 Le psychiatre, qui lui a été entendu également, a lui affirmé
01:34:15 que le traitement était suivi et la situation était stabilisée.
01:34:18 Cette mandataire, elle fait état de plusieurs crises verbales
01:34:22 depuis l'été dernier, donc tout au long de cette année.
01:34:27 Elle a fait des signalements au psychiatre, la mère de cet homme
01:34:30 avait elle-même la crainte d'un nouveau passage à l'acte.
01:34:33 Cette mandataire avait demandé son dessaisissement car elle avait peur.
01:34:37 Le psychiatre, lui, qui le suit depuis 2017, a réitéré le fait que
01:34:43 selon lui, il n'y avait pas eu de rupture de traitement,
01:34:45 qu'il ne s'attendait pas à un tel passage à l'acte,
01:34:47 qu'il le pensait stabilisé.
01:34:49 Cela pose la question de la prédiction d'un tel passage à l'acte.
01:34:54 C'est glaçant Noémie.
01:34:56 C'est vrai que cela interroge, car certaines personnes se sont inquiétées
01:35:00 et ont perçu un changement dans son comportement.
01:35:03 Ce qu'on a aussi appris, car on se posait la question tout à l'heure,
01:35:06 de ce qui s'est passé depuis la première agression,
01:35:08 il a été hospitalisé à de nombreuses reprises.
01:35:10 Cet homme qui souffre de schizophrénie et de paranoïa,
01:35:15 qui suit des soins depuis les années 80, depuis 1985,
01:35:19 qui en 2017 avait arrêté son traitement de psychotropes,
01:35:22 ce qui avait entraîné ce premier passage à l'acte,
01:35:25 a été hospitalisé à trois reprises dans des hôpitaux psychiatriques
01:35:30 entre 2017 et aujourd'hui.
01:35:33 On imagine que quand il ressortait, les médecins estimaient
01:35:36 que son état était stabilisé.
01:35:38 C'est important car on comprend mieux.
01:35:40 On pouvait se demander pourquoi il était dehors.
01:35:42 On peut estimer qu'il était capable car il y avait un traitement.
01:35:45 Ce traitement, quand il est suivi, est sans doute efficace.
01:35:48 La question est d'avoir arrêté ce traitement.
01:35:50 Le procureur nous donne des éléments.
01:35:52 Il indique que des sachets de médicaments ont été retrouvés.
01:35:55 Des sachets qui lui ont été confiés le vendredi.
01:35:58 Il se rendait tous les matins dans la structure médicale
01:36:01 pour prendre son traitement.
01:36:03 Mais cette structure fermait le week-end.
01:36:05 - Sa mère a prévenu d'un éventuel passage à l'acte.
01:36:08 Elle a prévenu d'un passage à l'acte.
01:36:10 - Elle a dit qu'elle avait peur.
01:36:12 - Elle a fait part de sa crainte d'un nouveau passage à l'acte.
01:36:15 - Tout le monde doit avoir une sorte de réplique.
01:36:18 De se dire que ce psychiatre est affreux.
01:36:21 Ayons un peu d'humilité.
01:36:23 La psychiatrie est particulièrement dans le cadre
01:36:26 d'affections de type psychotique.
01:36:28 On n'est pas dans un cas de névrose.
01:36:30 On est dans un cas de psychose qui ne marche qu'avec
01:36:33 ses antipsychotiques.
01:36:35 Ils sont très importants.
01:36:37 Dans le cas de Pau, on avait un jeune homme
01:36:40 qui avait arrêté de prendre...
01:36:42 - Qui a eu l'anthésoprénie.
01:36:44 - La psychiatrie est très dure.
01:36:46 - Ça vous honore ces nuances.
01:36:48 - L'alerte a été donnée.
01:36:50 - Ça va être un vrai sujet.
01:36:52 - On peut saluer le procureur communique.
01:36:55 Il communique, c'est factuel, c'est précis, c'est cadré.
01:36:59 C'est le seul dans l'institution judiciaire
01:37:02 qui a fait un effort pour faire en sorte
01:37:05 que le procureur communique.
01:37:07 - Comment on peut avoir une telle différence ?
01:37:10 - On va parler dans les tréfonds de la psychiatrie.
01:37:13 Comment on peut avoir une telle différence de perception ?
01:37:16 La mère connaît très bien son fils.
01:37:18 Elle n'est pas spécialiste de ses troubles,
01:37:21 mais elle le connaît.
01:37:23 Elle anticipe un passage à l'acte quand celui
01:37:26 qui doit connaître cette matière-là dit que...
01:37:29 - Et ce médecin le suit depuis plusieurs années.
01:37:32 - Est-ce que la collégialité dans ce moment-là,
01:37:35 est-ce qu'il est le seul ?
01:37:37 Est-ce que la question de la collégialité
01:37:39 ne peut pas renforcer certaines décisions ?
01:37:41 - Et puis les structures fermées le week-end.
01:37:44 - De toute façon, je reprends les propos du procureur.
01:37:47 La perquisition a été là et très importante.
01:37:50 Aussi bien ce dont il a été trouvé porteur
01:37:53 et à son domicile, il n'a pas suivi son traitement.
01:37:56 C'est tellement déclencheur de ne plus être...
01:37:59 - C'est facile de le dire ici, mais on peut anticiper
01:38:02 qu'un tel individu avec de si lourds troubles
01:38:05 ne suive pas le traitement et qu'il puisse passer à l'acte.
01:38:08 - C'est la difficulté de ces maladies mentales.
01:38:11 Quand ces personnes ne sont pas à l'hôpital,
01:38:14 on ne peut pas être sûr qu'ils suivent correctement le traitement.
01:38:17 - Cette affaire va être lourde de leçons pour la suite.
01:38:20 - Souvent, quand ils suivent le traitement,
01:38:23 ils ont le sentiment d'aller mieux.
01:38:26 - Il y a des patients qui ont des traitements
01:38:29 qui ne sont pas toujours faciles à supporter.
01:38:32 Les effets secondaires ne sont pas toujours faciles à supporter.
01:38:35 Vous avez des patients qui arrêtent le traitement
01:38:38 parce qu'ils ont le sentiment que ça va mieux.
01:38:41 - Ce n'est pas la première fois qu'on est confronté à ce type de moment.
01:38:44 - Ce qui m'interpelle, c'est que la mère a tiré la question.
01:38:47 Non pas pour une dégradation de l'état de son fils,
01:38:50 mais par rapport à un passage à l'acte.
01:38:53 - C'est un indice qui paraît assez lourd, tangible, réel.
01:38:56 Dans ces cas-là, il va y avoir aussi beaucoup de questions
01:38:59 sur comment on appréhende ces individus,
01:39:02 le rôle de la psychiatrie, l'encadrement.
01:39:05 Le procureur a rappelé qu'il aurait pu y avoir
01:39:08 une hospitalisation d'office juste après.
01:39:11 - Il a été hospitalisé.
01:39:14 Le procureur a parlé assez vite.
01:39:17 Je n'ai pas eu le temps de noter précisément les dates d'hospitalisation.
01:39:20 Mais il y a eu à trois reprises des hospitalisations
01:39:23 sur de très longues durées.
01:39:26 Il y en a eu une entre 2017 et 2019.
01:39:29 Vous avez une période de 18 mois à 2 ans
01:39:32 au cours de laquelle il a été hospitalisé.
01:39:35 On peut estimer qu'au bout d'un certain temps,
01:39:38 s'il prend son traitement, il ne représente plus un danger.
01:39:41 A posteriori, on va dire qu'il était toujours dangereux.
01:39:44 Mais il faut partir du principe que les médecins
01:39:47 qui décident à ce moment-là qu'il peut sortir
01:39:50 ont des éléments tangibles qui leur permettent de prendre sa décision.
01:39:53 - Malgré tout, ça va susciter un débat avec cette différence notable,
01:39:56 essentielle, de fond, entre la mandataire
01:39:59 et ce psychrate.
01:40:02 Ce qu'on retiendra aussi, c'est vraiment l'hommage
01:40:05 à cette jeune infirmière.
01:40:08 On pense aussi à la secrétaire médicale qui a été blessée.
01:40:11 La violence, on ne va pas s'arrêter sur cela.
01:40:14 Mais de l'agression est édifiante.
01:40:17 Merci d'avoir participé à cette émission.
01:40:20 Merci pour votre éclairage, Naomi Schultz.
01:40:23 Je suppose que dans les prochaines éditions,
01:40:26 vous aurez l'occasion d'intervenir pour plus de précisions autour de cette affaire.
01:40:29 Belle après-midi à vous et à demain.
01:40:32 [Musique]