Michel Aubouin : "Il y a en France un énorme déni de la nationalité française !"

  • l’année dernière
Avec Michel Aubouin, ancien préfet, nous expose son dernier ouvrage : "Le défi d'être français" (Presses de la Cité)

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:29 de 2009 à 2013, c'est bien ça.
00:31 Et vous parlez justement de...
00:33 Vous étiez au ministère des Affaires Sociales,
00:35 aujourd'hui c'est le ministère de l'Intérieur,
00:37 et vous,
00:39 vous écrivez ce livre
00:41 que je recommande vraiment,
00:43 "Le défi d'être français".
00:45 Est-ce que c'est aujourd'hui un défi ?
00:47 Ou pratiquement, je ne dis pas un combat désespéré,
00:49 puisque vous rappelez très bien
00:51 que les trois quarts de la population
00:53 est encore française depuis des générations ?
00:55 Les trois quarts, donc faut quand même
00:57 rappeler les choses
00:59 avant de dire "ça y est, on est déjà remplacés,
01:01 c'est fini, il n'y a plus rien à faire, on s'en va".
01:03 Mais vous dites en même temps
01:05 "il y a péril en la demeure".
01:07 Et quand vous dites un défi,
01:09 mais alors justement c'est un défi
01:11 qu'on peut encore relever, et comment ?
01:13 - Oui, c'est un défi qu'on peut relever.
01:17 Je pense que si j'avais été totalement
01:19 désespéré,
01:21 je l'aurais écrit,
01:23 mais là, si j'avais été totalement désespéré,
01:25 je l'aurais pas écrit. C'est que je pense
01:27 qu'il faut aujourd'hui
01:29 se réarmer d'une certaine façon,
01:31 mentalement, pour pouvoir
01:33 affronter cette réalité
01:35 qui est en train de s'installer dans le pays,
01:37 qui fait que les Français,
01:39 qui soient d'origine française
01:41 ou qui soient d'origine étrangère,
01:43 ayant accepté de devenir français,
01:45 finissent par être,
01:47 ils sont toujours majoritaires,
01:49 nous sommes toujours majoritaires, mais finissent
01:51 par être mis en difficulté par
01:53 des populations qui soient
01:55 ne veulent plus devenir françaises,
01:57 soit sont devenues françaises
01:59 par hasard, et parfois d'ailleurs sans l'avoir demandé,
02:01 et qui ne se considèrent pas
02:03 comme françaises. - Alors, justement,
02:05 vous énumérez justement
02:07 un certain nombre de
02:09 personnes, mais ce qui est très frappant,
02:11 c'est que, comment il se fait
02:13 que d'un côté vous dites
02:15 la naturalisation c'est formidable, c'est un long processus,
02:17 etc., et je connais des gens
02:19 qui soient d'ailleurs maghrébins
02:21 ou autres et n'ont rien à faire,
02:23 qui attendent depuis des années l'naturalisation,
02:25 des polonais, des russes, etc.
02:27 Et il y a des gens,
02:29 première question quand même,
02:31 qui l'ont sans même la demander.
02:33 Et en fait, qui se fichent de savoir s'ils l'ont ou pas.
02:35 Alors, déjà ça,
02:37 est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de totalement
02:39 absurde ?
02:41 - Oui, il y a quelque chose qui est assez
02:43 absurde, et ça c'est sûr. A l'origine,
02:45 il faut bien comprendre que
02:47 la nationalité française, elle s'est
02:49 construite, d'un point de vue juridique,
02:51 elle s'est construite à la fin du 19ème
02:53 siècle, et à ce moment-là,
02:55 on était, il y avait, comment dire,
02:57 la France se voyait comme
02:59 une puissance suffisante pour
03:01 que la nationalité
03:03 s'impose d'elle-même, pour que la langue s'impose d'elle-même.
03:05 En fait, on était encore dans la France républicaine,
03:07 colonialiste, il faut dire les choses clairement,
03:09 et donc on avait une vision très,
03:11 comment dire, on était en aplomb
03:13 par rapport au reste de la société.
03:15 On n'a pas compris que tout ça avait changé depuis,
03:17 les lois sont restées. - Non mais les lois,
03:19 les lois disent, stipulent quoi ? On va pas
03:21 faire tout l'inventaire, mais quand même.
03:23 - Oui, c'est compliqué. Donc,
03:25 "et français", celui qui est
03:27 né en France,
03:29 d'un parent français.
03:31 - C'est ça, c'est la loi, rappelons-le,
03:33 parce que c'est important. - Voilà, c'est important.
03:35 - D'un parent, né en France, d'un parent français.
03:37 - D'un parent français. - D'accord. - Ça fait quand même
03:39 une grande
03:41 partie des Français d'aujourd'hui,
03:43 et dans cette partie-là, il faut bien dire
03:45 qu'il y a toujours une majorité de gens qui ont eu une
03:47 généalogie française
03:49 sur une très longue carrière. - Vous dites bien les 3/4
03:51 aujourd'hui, vous pensez à peu près. - Entre les 2/3 et les
03:53 3/4, parce que je vois bien que c'est des chiffres
03:55 de l'INSEE, mais que l'INSEE révise ces
03:57 chiffres au fur et à mesure des années.
03:59 Donc, entre les 2/3 et les 3/4.
04:01 Ensuite, on a, donc,
04:03 les Français volontaires. Les Français volontaires,
04:05 c'est les naturalisés. Donc, c'est des gens
04:07 qui sont nés étrangers, mais qui veulent
04:09 devenir Français, qui font un effort considérable,
04:11 il faut dire les choses clairement,
04:13 qui sont reçus souvent dans des cérémonies
04:15 de naturalisation, qui sont très émouvantes, je le raconte
04:17 parce que je l'ai vécu plusieurs fois.
04:19 Et ces gens-là sont parfois
04:21 plus Français que les Français, je ne devrais pas le dire
04:23 comme ça, mais enfin, ils transmettent à leurs enfants,
04:25 à leurs petits-enfants, des valeurs
04:27 de la France que parfois on oubliait dans les familles françaises.
04:29 Donc ça, c'est très important.
04:31 Simplement, le chiffre des naturalisés
04:33 diminue d'année en année.
04:35 Donc, en fait, on a quand même de moins en moins d'étrangers,
04:37 on a quand même de plus en plus d'étrangers en France. - Parce que pour finir,
04:39 on va en parler longuement,
04:41 la naturalisation ne peut se faire
04:43 que volontairement, on est bien d'accord ?
04:45 - Oui, la naturalisation, c'est volontaire.
04:47 - D'accord. - C'est volontaire. - On va en parler tout de suite
04:49 après, on va aborder justement
04:51 toutes les facettes de ce défi
04:53 français, de ce défi d'être
04:55 français, avec Michel Auboin.
04:57 A tout de suite. - Et vous avez la parole
04:59 sur Sud Radio pour interpeller
05:01 Michel Auboin sur son dernier livre,
05:03 "Le défi d'être français". Vous nous appelez
05:05 au 0826-333, on a top off, ça s'appelle
05:07 0826-333,
05:09 à tout de suite sur Sud Radio.
05:11 - Les français parlent au français.
05:13 Je n'aime pas
05:15 la blanquette de veau.
05:17 Je n'aime pas la blanquette de veau.
05:19 - Sud Radio Bercov dans tous
05:21 ses états.
05:23 - Et Michel Auboin, pour
05:25 son plus récent ouvrage,
05:27 "Le défi d'être français",
05:29 c'est vrai, c'est devenu un défi.
05:31 Alors, on a parlé de la naturalisation
05:33 Michel Auboin, mais au fond,
05:35 aujourd'hui, qu'est-ce qui fait que justement
05:37 des gens peuvent
05:39 se sentir français ou pas ?
05:41 Et en tout cas, ce n'est pas
05:43 du tout leur problème, être français.
05:45 Est-ce qu'il n'y a pas eu deux choses,
05:47 vous en parlez très bien dans votre bouquin,
05:49 dans votre livre, il y a ce côté
05:51 où au fond, on ne s'en préoccupe plus,
05:53 y compris les princes qui nous gouvernent
05:55 et nos élites, et d'un autre côté
05:57 les gens qui disent "oh, c'est plus un problème,
05:59 la France, allez,
06:01 ce n'est pas un sujet d'actualité".
06:03 - Il y a quand même une partie,
06:05 moi je suis étonné d'ailleurs,
06:07 je ne l'avais pas bien mesuré, mais je le mesure mieux
06:09 depuis la sortie de ce livre, il y a quand même une partie
06:11 des français, et notamment de nos élites françaises
06:13 qui pensent que la France est ringarde.
06:15 - Oui, carrément.
06:17 - Qui pensent que les frontières,
06:19 alors, ça a un peu changé
06:21 depuis l'histoire de l'Ukraine, parce qu'on se dit
06:23 "tiens, c'est étrange, il existe encore des frontières,
06:25 on est obligés de se battre pour les défendre,
06:27 mais quand même, bon, les frontières ont été tombées,
06:29 le libéralisme international
06:31 provoque
06:33 ou assure le bonheur
06:35 de l'homme, et ça suffit,
06:37 et puis après tout,
06:39 la France est européenne, elle a quand même
06:41 confié une grande partie de ses décisions
06:43 à l'Europe, et elle vient
06:45 comme ça.
06:47 Moi je pense,
06:49 et dans les plurinationalistes,
06:51 c'est-à-dire, je vois
06:53 quand même une partie des gens que je rencontre
06:55 qui pour certains, partiennent
06:57 à l'élite politique ou administrative,
06:59 des gens qui revendiquent une deuxième nationalité,
07:01 qui vont chercher... - Sinon une troisième.
07:03 - Alors sinon une troisième, quand j'étais
07:05 directeur, j'en ai même vu quelqu'un
07:07 qui, du fin fond de l'Afrique, téléphonait
07:09 pour avoir une cinquième nationalité, donc
07:11 on peut tout
07:13 revendiquer,
07:15 mais quand même,
07:17 cette idée qu'être français,
07:19 uniquement français, c'était devenu
07:21 quelque chose de désuet, quoi.
07:23 - Et vous dites que ça s'est répandu dans la classe
07:25 dite dirigeante.
07:27 - Je pense, alors je peux pas le dire
07:29 tout à fait comme ça, et puis
07:31 je sais, je peux pas généraliser,
07:33 mais on l'a quand même,
07:35 c'était quand même un peu perceptible.
07:37 Et moi d'ailleurs, en tant que
07:39 moi je suis français d'origine française,
07:41 et je suis même Chartrain d'origine
07:43 Chartraine, et ce depuis le Moyen-Âge, ce qui fait que
07:45 c'était
07:47 compliqué pour moi de leur dire
07:49 il existe quand même dans ce pays des gens
07:51 qui sont français d'origine française. - Et puis y'a une histoire !
07:53 - Et puis y'a une histoire !
07:55 Et donc, dans le défi
07:57 d'être français, il y avait les deux choses, c'est-à-dire que
07:59 pour moi,
08:01 y'avait cette façon de dire
08:03 comment je suis français, et
08:05 d'une certaine façon, je porte le devoir d'expliquer
08:07 aux autres ce qu'est la France, puisque
08:09 j'appartiens à cette histoire,
08:11 et puis pour ceux qui sont en face de moi
08:13 qui sont français sans le savoir, ou qui
08:15 ont pas l'intention de l'être, de leur dire
08:17 voilà, si vous voulez devenir français, voilà
08:19 à quoi il faudrait vous conformer,
08:21 et si vous êtes français, et que vous faites
08:23 semblant de ne pas l'être,
08:25 voilà les risques que vous encourrez
08:27 si vous voulez rester en France sans être français.
08:29 - En fait, c'est
08:31 "When in Rome, do as the Romans do"
08:33 vous êtes un homme vivé comme les Romains.
08:35 - Voilà. - Mais on a l'impression,
08:37 ça, on l'a entendu depuis
08:39 une décennie, etc.,
08:41 on a l'impression que c'est battu en brèche,
08:43 et vous le dites dans votre livre, d'un côté par
08:45 ce côté "oui mais la France,
08:47 petit pays, c'est devenu, c'est pas très...
08:49 allez, c'est quantité négligeable,
08:51 d'importance nulle, ou presque,
08:53 et d'un autre côté,
08:55 il y a, et vous le dites très bien
08:57 et j'en connais, ces
08:59 étrangers, ou ces gens nés d'ailleurs,
09:01 qui pratiquent un culte
09:03 à l'histoire de France, aux valeurs
09:05 non seulement de la République,
09:07 mais de l'histoire de France,
09:09 la monarchie et autres,
09:11 et puis, qui se désolent de voir
09:13 cette espèce de...
09:15 comme ça, de décomposition française, si on peut dire.
09:17 - Oui, oui, c'est
09:19 très évident.
09:21 Quand on rencontre des personnes
09:23 qui viennent de l'ex-Afrique
09:25 francophone, ou de l'Afrique francophone,
09:27 une grande partie
09:29 d'entre eux ont un discours
09:31 complètement antinomique
09:33 avec le discours officiel sur la France
09:35 colonisatrice. C'est-à-dire qu'en fait, ils viennent en disant
09:37 "on aime la France,
09:39 on a appris le français à l'école, on aime la France,
09:41 on aime ses valeurs, la République...
09:43 Moi, je connais des amis
09:45 marocains, par exemple, qui vous parlent de Louis Hôté
09:47 beaucoup mieux que moi, parce que pour eux, c'est une
09:49 sorte de héros national, quoi. Et donc,
09:51 ces gens-là viennent avec une vision très positive
09:53 de la France, ils viennent aussi avec
09:55 une vision de leur émigration qui est très positive,
09:57 parce que, contrairement à l'image qu'on donne ici,
09:59 les gens qui émigrent réussissent
10:01 souvent, par rapport à l'endroit
10:03 d'où ils sont partis. Et ils sont
10:05 très fiers d'avoir réussi, et ils sont souvent très fiers
10:07 d'avoir transmis
10:09 cette idée de la réussite à leurs enfants
10:11 qui, eux-mêmes, pourraient réussir par l'école.
10:13 Donc, on a quand même d'un côté
10:15 un schéma qui est assez positif, mais qui est
10:17 battu en prêche en France,
10:19 par des discours généraux
10:21 sur le thème
10:23 "la France",
10:25 "l'histoire de la France",
10:27 c'est une histoire de...
10:29 - De prédation,
10:31 de colonie, etc.
10:33 - C'est le mot que je cherchais, de prédation.
10:35 - Mais justement, Michel Oboy,
10:37 vous dites, alors, est-ce que ça marche encore ?
10:39 Parce que vous dites, ces immigrés
10:41 qui ont réussi, etc., il y en a des milliers,
10:43 voire beaucoup plus, des centaines de milliers,
10:45 mais est-ce que,
10:47 justement, on a l'impression,
10:49 aujourd'hui, que la transmission
10:51 ne se fait plus, vis-à-vis des
10:53 enfants de la quatrième génération
10:55 ou autres ?
10:57 - Ce qui est très étonnant, c'est que
10:59 on voit, dans des familles
11:01 qui étaient intégrées, des jeunes
11:03 générations qui se désintègrent.
11:05 - C'est ça. Pourquoi ? Comment et pourquoi ?
11:07 - Dans les familles maghrébines en particulier,
11:09 on voit très bien des parents
11:11 qui se pensaient totalement intégrés
11:13 et qui se retrouvent face à des enfants
11:15 qui, eux, ne s'estiment pas français.
11:19 Ce qui est d'ailleurs assez étonnant, parce qu'à chaque fois
11:21 que je rencontre des collégiens ou des lycéens
11:23 qui me disent "moi, je suis marocain, je suis algérien, je suis malien",
11:25 et qui sont pourtant tous français.
11:30 - Qui ont tous leur cadre d'identité.
11:32 - Et qui ont tous leur cadre d'identité, et je leur dis
11:34 "mais vous retournez dans votre pays,
11:36 parfois, et vous êtes perçus
11:38 comment, là-bas ? Parce que quand vous allez au Maroc,
11:40 vous qui n'y êtes pas né et qui y allez une fois tous les deux ans,
11:42 on vous prend quand même pour des français, non ?"
11:44 Alors, à ce moment-là, ils sont très gênés,
11:46 parce qu'effectivement, on les prend pour des français.
11:48 Quand vous allez au Maroc,
11:50 les immigrés sont considérés comme des étrangers.
11:52 - C'est vrai, mais c'est au cœur de votre livre,
11:54 Michel Oboy, qu'est-ce qu'il fait ?
11:56 C'est pas facile,
11:58 sinon on le saurait, mais ça se saurait,
12:00 et puis il y a des réponses sûrement plus complexes
12:02 et surtout diverses.
12:04 Mais qu'est-ce qu'il fait que quelqu'un qui va en France,
12:06 qui a une identité française, il peut se dire, moi,
12:08 après tout, moi je m'en fous d'être français ou pas,
12:10 mais le problème est là, c'est qu'il dit,
12:12 je suis pas français, je suis africain.
12:14 Qu'est-ce qui fait qu'il revendique
12:16 sa nationalité, enfin, sa nationalité,
12:18 son origine, beaucoup plus que sa nationalité ?
12:20 - Ben, on...
12:22 - On va en parler, on va en parler
12:24 juste après cette petite pause,
12:26 mais je voudrais qu'on s'attarde un peu là-dessus,
12:28 parce que ça fait partie du défilé de français,
12:30 fondamental.
12:32 - Et vous avez la parole sur Sud Radio
12:34 pour interpeller Michel Oboy sur son livre,
12:36 le défilé de français. Vous nous appelez
12:38 au 0826 300 300,
12:40 à tout de suite sur Sud Radio.
12:42 - Sud Radio.
12:44 Les Français parlent
12:46 au français.
12:48 Les carottes sont cuites.
12:50 Les carottes sont cuites.
12:52 - Sud Radio Bercov
12:54 dans tous ses états. - Et comment
12:56 les Français parlent au français aujourd'hui
12:58 alors qu'il y a un défi d'être français ?
13:00 C'est ce que raconte, et très bien,
13:02 Michel Oboy dans son livre paru
13:04 aux presses de la cité, et qu'il y a
13:06 aussi un déni. On parlait,
13:08 vous savez, juste avant je vous ai posé
13:10 la question, comment ça se fait que ces gens,
13:12 ces jeunes, etc.,
13:14 qui ont la carte d'identité, ils disent
13:16 "mais je suis marocain".
13:18 D'un côté, et d'un autre côté,
13:20 comment il se fait qu'un CRS,
13:22 en tout cas un policier,
13:24 on a passé ça un peu plus tôt dans l'émission,
13:26 dite à cette dame qui s'avance avec
13:28 un drapeau français à Paris, je rappelle,
13:30 place d'Enfer au Chorant 2023,
13:32 "cachez-le madame, cachez-le".
13:34 Moi je suis assez sidéré,
13:36 je trouve ça assez terrifiant
13:38 qu'un officier
13:40 de police puisse
13:42 demander à ce qu'on cache le drapeau français.
13:44 Qu'il aurait dû avoir
13:46 l'habitude de saluer par ailleurs.
13:48 Tout ça est quand même très étonnant.
13:50 Sur le déni, moi je le constate
13:52 régulièrement, quand je fréquente
13:54 des classes de collège ou lycée,
13:56 et ça m'est arrivé il n'y a pas très longtemps encore,
13:58 devant une classe de seconde,
14:00 ils étaient une trentaine à peu près,
14:02 comme je parlais de la nationalité,
14:04 j'aurais posé la question.
14:06 - Vous faites beaucoup de tours de conférences dans les lycées ?
14:08 - Un peu, et surtout j'ai passé deux ans à essayer de comprendre
14:10 la violence des jeunes,
14:12 donc du coup j'en ai vu quelques-uns.
14:14 Et là,
14:16 c'était assez intéressant,
14:18 parce que sur les trente,
14:20 il n'y en a pas un qui a levé le doigt pour dire
14:22 "je suis français". - Vous avez posé la question
14:24 "qui est français ?" - Qui est français ?
14:26 - Pas un seul. - Non, pas un seul.
14:28 Je commence à interroger, alors toi tu es quoi ?
14:30 - Moi je suis marocaine, je suis malienne, je suis soudanais,
14:32 je suis... ok.
14:34 Et puis à un certain moment, je me dis "c'est quand même pas possible
14:36 que dans cette classe il n'y ait pas un français",
14:38 et donc j'en repère un au fond,
14:40 je lui dis "toi t'es pas français",
14:42 il me dit "non je suis italien", je lui dis "c'est ton père
14:44 qui est italien ?" il me dit "non c'est le père de mon grand-père".
14:46 C'est le père de mon grand-père.
14:48 Et donc je suis italien, parce que je ne peux pas dire
14:50 que je suis français, évidemment.
14:52 - Il avait presque honte
14:54 de dire qu'il était français. - Je pense qu'il avait
14:56 totalement honte d'être français.
14:58 Et ça,
15:00 c'était des élèves très sages,
15:02 on n'était pas du tout en banlieue,
15:04 enfin aujourd'hui on n'était pas...
15:06 - C'était pas des délinquants... - Parce que souvent quand je vais en banlieue,
15:08 ils ne savent pas du tout de quelle nationalité ils sont,
15:10 donc c'est encore pire, mais là eux ils savaient.
15:12 Et ils le revendiquaient.
15:14 Donc oui, il y a un déni
15:16 d'être français. Alors si on
15:18 creuse un peu, on voit bien que
15:20 la France n'est plus enseignée,
15:22 parce qu'on a quand même arrêté
15:24 d'enseigner l'histoire de la France.
15:26 - Plusieurs professeurs nous l'ont dit, oui.
15:28 - Oui. - On n'enseigne plus
15:30 l'histoire de France. - Ben non.
15:32 Quand on lit
15:34 les programmes scolaires, évidemment il y a des touches
15:36 d'histoire de France dans l'histoire, mais enfin je veux dire,
15:38 on n'enseigne pas l'histoire de la France
15:40 en tant qu'objet. On ne dit pas "la France est constituée
15:42 sous Philippe Auguste, elle a connu des rois..."
15:44 etc. On ne le dit plus ça.
15:46 On n'enseigne plus la géographie
15:48 de la France non plus.
15:50 Donc on n'enseigne plus
15:52 les rivières, les montagnes,
15:54 l'outre-mer, etc. Donc c'est vrai
15:56 qu'il y a une méconnaissance assez grande de ce qu'est la France.
15:58 On ne...
16:00 On n'enseigne
16:02 plus vraiment la littérature française non plus
16:04 comme un objet à part, parce que ça,
16:06 pour le coup, il y a bien quelque chose qui distingue
16:08 la France de tout le reste des nations européennes,
16:10 c'est quand même bien la littérature.
16:12 Donc on ne le dit pas.
16:14 Et globalement, on est dans un monde
16:16 très incertain,
16:18 très fluctuant,
16:20 dans lequel la France est un objet un peu
16:22 étrange, quoi.
16:24 Et ça, je pense...
16:26 Alors sur les jeunes
16:28 qui deviennent français,
16:30 sans l'avoir voulu, parce que c'est ça un peu
16:32 la question, donc...
16:34 devient français
16:36 une fille ou un garçon qui est né en France
16:38 et qui a fait 5 années de scolarité
16:40 en France. C'était la grande loi
16:42 de naturalisation, qui était liée
16:44 aux lois de Jules Ferry, c'est-à-dire, dès lors
16:46 que vous faites votre école en France, vous devenez français par principe.
16:48 - Même si vous n'êtes pas né en France.
16:50 - Même si vous n'êtes pas né en France.
16:52 C'est une loi
16:54 extrêmement ouverte, dynamique,
16:56 mais qui repose sur le fait que l'éducation nationale
16:58 enseigne la France.
17:00 C'est ça qui a disparu. À l'époque, il y avait l'enseignement,
17:02 la vice le disait,
17:04 connaître l'histoire de France pour l'aimer, etc.
17:06 Tout ça a disparu.
17:08 Mais il reste cette disposition. Alors cette disposition,
17:10 en plus, au fil des années, elle est devenue
17:12 de plus en plus libérale, et aujourd'hui,
17:14 on peut demander la nationalité française
17:16 dès l'âge de 13 ans.
17:18 Ça ne sert à rien. Les parents ne la demandent pas.
17:20 C'est les parents qui la demandent auprès du tribunal.
17:22 Mais par contre, ça sert quand ils veulent passer le bac.
17:24 Parce que lorsqu'on passe son bac, il faut avoir des papiers
17:26 d'identité. C'est quand même plus facile
17:28 d'avoir des papiers d'identité français quand on est français
17:30 que des papiers d'identité
17:32 du Congolais.
17:34 Donc, en fait,
17:36 la veille du bac, ils vont
17:38 au tribunal, et les parents demandent
17:40 pour eux leur nationalité française, auquel ils ont droit.
17:42 Et donc, ils ont des papiers français,
17:44 mais ça n'a aucun intérêt pour eux,
17:46 parce que personne ne leur dit nulle part
17:48 qu'ils sont devenus français,
17:50 et donc ils ont franchi une frontière.
17:52 - Et que c'est intéressant, peut-être,
17:54 ce serait pas mal. - Et que ça serait intéressant.
17:56 - Et un autre facteur, Michel Auboin,
17:58 dont vous parlez beaucoup, est la langue française.
18:00 Qu'est-ce qui se passe avec la langue française ?
18:02 Qu'est-ce qui fait que même
18:04 des Français dits de sous, je sais pas,
18:06 parlent quand même beaucoup moins,
18:08 enfin, bien français, qu'ils ne le parlaient
18:10 encore il y a une ou deux générations ?
18:12 - On est très surpris, parce que, effectivement,
18:14 j'avais une mère
18:16 qui était d'origine très populaire,
18:18 qui n'était pas beaucoup allée à l'école, etc.,
18:20 et qui écoutait la radio,
18:22 quand j'étais petit,
18:24 parce qu'on y parlait bien le français.
18:26 Et donc, on a été élevés
18:28 dans cette idée
18:30 qu'il fallait parler correctement français.
18:32 Et je pense
18:34 que c'était l'une des valeurs de la France.
18:36 Alors, on a le français oral,
18:38 qui s'est beaucoup dégradé, il nous reste le français écrit,
18:40 mais malheureusement,
18:42 le niveau de lecture moyen diminue aussi,
18:44 donc l'accès à la lecture
18:46 devient plus médiocre qu'auparavant.
18:52 - Et en plus, on a apporté, parce qu'on faisait tout
18:54 pour maintenir sauvegarder un français,
18:56 on a apporté ce cadeau du ciel,
18:58 qui est l'écriture inclusive.
19:00 - Oui, alors, j'ai l'impression que ça ne va pas passer,
19:02 heureusement,
19:04 l'Académie française se bat,
19:06 on attend des décisions juridiques,
19:08 moi, je pense que ça ne passera pas,
19:10 parce que là, on est définitivement
19:12 fini, quoi !
19:14 Parce que la langue française, le français,
19:16 il ne faut pas l'oublier, je l'ai rappelé l'autre jour
19:18 à quelques-uns de vos
19:20 confrères qui m'ont regardé avec des grands yeux,
19:22 mais le français, c'est à l'origine
19:24 du latin, parlé par des Gaulois.
19:26 C'est ça, l'origine du français.
19:28 Alors, évidemment, ça s'est transformé petit à petit, en roman,
19:30 pré-roman, etc.,
19:32 et à la fin, c'est devenu le français sous François Ier.
19:34 Mais c'est quand même ça, à la base.
19:36 C'est quand même une langue très ancienne,
19:38 ça fait déjà 2000 ans, quoi.
19:40 Et c'est,
19:42 ce n'est pas moi qui le dis, c'est François Choueng,
19:44 mais c'est quand même la seule
19:46 grande langue du monde
19:48 qui est capable de rentrer dans
19:50 des, comment dire,
19:52 dans des strates d'abstraction
19:54 qui permettent
19:56 de penser un peu plus loin
19:58 que d'autres langues. Voilà.
20:00 Je le dis de façon un peu courte,
20:02 je ne suis pas un linguiste, mais en tout cas,
20:04 il y a cette idée... - C'est une langue qui a ses
20:06 subtilités. - C'est une langue qui est très subtile
20:08 et qui, et c'est pour ça aussi qu'elle
20:10 a nourri la littérature, la poésie,
20:12 etc. C'est pour ça qu'il ne faut pas la perdre.
20:14 Je n'ai aucun avis sur les autres langues,
20:16 mais en tout cas, le français avait
20:18 sa valeur en soi,
20:20 qu'elle ne peut pas échanger avec d'autres langues.
20:22 - Et qu'est-ce qui fait alors, justement,
20:24 on va pas, on va en parler
20:26 avec nos auditeurs aussi, mais,
20:28 relever ce défi ?
20:30 C'est travaux d'Hercule,
20:32 ou... - Moi, je pense que c'est d'abord,
20:34 il faut,
20:36 en fait, si on écrit, enfin, vous et moi
20:38 d'ailleurs, si on écrit, c'est pour
20:40 que d'autres
20:42 prennent conscience de ceux auxquels
20:44 on croit, ou auxquels on a fini par aboutir.
20:46 Parce que ce livre est le fruit
20:48 d'une réflexion
20:50 de plusieurs, j'ose pas dire dizaines d'années,
20:52 mais c'est une très longue réflexion. J'ai mis très longtemps
20:54 à comprendre où était le nœud du problème, quoi.
20:56 Et pour avoir tourné tout autour, et puis,
20:58 comme souvent, un matin, on se lève et on se dit
21:00 "ça y est, j'ai compris, quel est le sujet ?" Bon, maintenant
21:02 que je l'ai, il faut que j'explique aux autres,
21:04 parce que je ne crois pas
21:06 que nos dirigeants,
21:08 quels qu'ils soient... - Et donc, vous dites "le nœud du sujet".
21:10 Si vous allez le dire en une phrase, c'est quoi ?
21:12 - Ben, le nœud du sujet, c'est
21:14 il faut
21:16 réhabiliter...
21:18 En fait, il faut redonner
21:20 aux Français la fierté d'être Français,
21:22 mais d'abord, aux Français. - Oui, mais comment ?
21:24 - Et donc, réhabiliter, réinterroger
21:26 leur histoire, réhabiliter,
21:28 il faut pas refaire l'histoire
21:30 de la vie, c'est
21:32 l'histoire républicaine qu'on nous a enseigné,
21:34 qui est complètement dépassée, mais il faut réécrire cette histoire,
21:36 parce qu'aujourd'hui, les historiens sont prêts,
21:38 moi j'en connais beaucoup, ils sont tout prêts
21:40 à la rédiger, donc il faut réécrire cette histoire,
21:42 il faut
21:44 redonner du sens à ce
21:46 qu'est la langue française, la littérature
21:48 française, etc., ce qui fait le fondement
21:50 de notre culture.
21:52 C'est pas la seule chose, mais enfin, je veux dire, c'est quand même
21:54 l'essentiel, si on travaille sur la langue
21:56 et l'histoire, je pense qu'on ferait faire un grand pas
21:58 à la France. - Bien raison, mais en fait,
22:00 la fierté aussi, elle se gagne à coups de symboles,
22:02 et ce serait bien d'avoir,
22:04 pas seulement c'est très bien, on parle,
22:06 c'est très intéressant, parce qu'on parle
22:08 du symbole footballistique,
22:10 mais ça ne suffit pas, c'est pas le symbole
22:12 footballistique qui va arranger les choses,
22:14 c'est encore une fois la culture,
22:16 l'éducation. - Oui, c'est évident,
22:18 c'est l'éducation. - C'est ça
22:20 qui est au cœur du problème, et je crois
22:22 que ce serait bien de...
22:24 Voilà, je crois que nous avons déjà un auditeur,
22:26 Richard Lucien. - Oui, nous avons Emmanuel
22:28 de PESSAC, bonjour Emmanuel. - Bonjour Emmanuel.
22:30 - Bonjour André, bonjour à vous tous,
22:32 bonjour à votre invité, merci de mettre
22:34 le doigt justement sur plein de choses,
22:36 parce que finalement vous avez résumé trois quarts de mon intervention,
22:38 donc...
22:40 - Bon, il reste le quart,
22:42 allez-y Emmanuel. - Il reste le quart,
22:44 en fait le quart pour moi c'est aussi
22:46 quel est le projet que les
22:48 dirigeants, qui sont censés être en charge
22:50 de la France, nous donnent. - Oui, bonne question.
22:52 - Parce que s'il n'y a pas de projet,
22:54 quand on dit qu'il n'y a pas de budget,
22:56 il n'y a pas de projet. Bon, le budget, on est déjà dans un...
22:58 Je ne vais pas dire le mot, mais on est déjà...
23:00 C'est déjà compliqué. - Emmanuel, quoi qu'il en coûte.
23:02 Quoi qu'il en coûte. - Oui, c'est ça, mais quoi qu'il en coûte,
23:04 toujours pour les mêmes. Et du coup,
23:06 si vous voulez, quel est le projet ? Parce que
23:08 effectivement l'histoire est archi importante
23:10 pour s'identifier. Ma femme
23:12 est franco-espagnole. Quand elle est venue en France,
23:14 elle a dû passer par des fourches,
23:16 pourtant elle a toute une famille en plus militaire
23:18 qui était française.
23:20 Elle a dû effectivement montrer un petit peu
23:22 sa patte blanche pour avoir sa nationalité française.
23:24 Et moi, je trouve que dans ces cas-là,
23:26 ils sont au moins parlé la langue, connaissent l'histoire,
23:28 etc. Ce qui n'est plus du tout enseigné.
23:30 Mais quel est le projet ? C'est les 3% de Bruxelles ?
23:32 C'est le CO2 ? Quel est le projet
23:34 de Français ? Parce que les autres pays qui tiennent,
23:36 ils ont un projet national.
23:38 Alors c'est le seul pays en France où on met un drapeau français
23:40 en été été de fachos. Moi, je trouve ça formidable.
23:42 Et moi, je trouve qu'il manque
23:44 simplement par complaisance
23:46 et puis aussi par
23:48 volonté de faire disparaître la France,
23:50 c'est un peu le caillou dans la chaussure
23:52 du mondialisme, de donner
23:54 un projet. De dire qu'était la France
23:56 et où elle veut en venir. Et aujourd'hui, on n'en a aucun.
23:58 Alors évidemment, identifier
24:00 des jeunes qui viennent de partout, ou même des jeunes
24:02 de banlieue avec qui je discute, je suis allemandaire,
24:04 j'habite du côté de Bordeaux et je discute
24:06 aussi avec des jeunes de cité,
24:08 la France, pour eux, c'est là où ils sont nés.
24:10 Et ça n'a pas de sens
24:12 plus que ça. Alors évidemment, si l'éducation nationale
24:14 s'en mêle pas et qu'il n'y a pas un même dirigeant
24:16 ou des dirigeants qui nous donnent une vision
24:18 de l'outre-mer, la puissance française,
24:20 on est quand même le plus premier ou le deuxième
24:22 domaine maritime mondial. Tout ça, on l'a effacé.
24:24 On a effacé France Haut, on a effacé
24:26 toute la visibilité de ce que pouvaient les jeunes
24:28 s'identifier à un pays qui
24:30 est loin d'être un timbre-poste
24:32 sur le monde. Voilà.
24:34 Merci de m'avoir laissé parler
24:36 et puis bon courage.
24:38 - Alors le projet, Michel Aumoy,
24:40 je sais bien que vous n'êtes pas au pouvoir,
24:42 mais quand même, le projet, vous êtes citoyen français
24:44 comme nous tous ici,
24:46 c'est vrai que ce que dit Emmanuel,
24:48 il pointe quand même sur le fait que
24:50 on a l'impression, quand il dit projet
24:52 d'État, c'est-à-dire qu'on n'a même plus
24:54 envie de parler de la France, c'est-à-dire que quand chacun,
24:56 quand on entend un discours politique,
24:58 même médiatique, intellectuel,
25:00 oui, on dit la France
25:02 comme une espèce de chiffon,
25:04 comme ça, une espèce de yet sur la boutonnière,
25:06 mais ça s'arrête là. - Oui, c'est vrai,
25:08 mais ce qu'il faut, enfin moi j'apprécie beaucoup,
25:10 je suis totalement d'accord avec ce qui vient d'être dit
25:12 par Emmanuel, mais ce qu'il faut bien comprendre
25:14 c'est que la France,
25:16 c'est aussi le peuple français,
25:18 qu'on oublie toujours dans cette affaire, parce que
25:20 toute son histoire est celle-ci,
25:22 on a une élite,
25:24 on a souvent eu une élite internationale
25:26 à la tête de la France, quand même,
25:28 c'est pas très nouveau, mais
25:30 y compris sous l'ancien régime,
25:32 rappelez-vous Catherine de Médicis,
25:34 - Mazarin - Mazarin, et tout ça,
25:36 on a l'habitude, sauf qu'à chaque fois
25:38 c'est le peuple français qui fait, c'est le peuple français
25:40 qui a défendu Verdin, c'est le peuple français
25:42 qui a fait la résistance, etc.
25:44 Aujourd'hui, la vraie question c'est
25:46 elle est où la place du peuple français dans cette affaire ?
25:48 Alors, la France adhère à l'Europe,
25:50 et parfois
25:52 elle fait semblant de penser qu'elle est encore autonome,
25:54 c'est un peu la grande ambiguïté
25:56 dans laquelle nous vivons, mais si
25:58 elle adhère à l'Europe, elle n'est pas la seule,
26:00 et les autres nations européennes qui adhèrent aussi à l'Europe
26:02 défendent des positions sur la base
26:04 de leur identité nationale,
26:06 on l'a vu, on le voit, j'en cite pas
26:08 d'autres pays, mais vous voyez bien
26:10 les autres pays, les pays les plus forts
26:12 d'une certaine façon, moi j'ai travaillé
26:14 avec l'Europe quand j'étais directeur d'administration centrale
26:16 c'était l'intégration de la Pologne,
26:18 on s'est dit la Pologne, pays lointain,
26:20 marginal de l'Europe, etc.
26:22 Sauf que la Pologne est arrivée avec son identité
26:24 polonaise, ils ont pris leur place aussitôt
26:26 et aujourd'hui ils font partie des grandes puissances
26:28 de l'Europe, donc c'est bien
26:30 les identités nationales qui font la force
26:32 - La Hongrie, et je ne parlais pas
26:34 de la Chine, de la Russie et des autres
26:36 - Evidemment, on voit bien aujourd'hui
26:38 que l'identité nationale est essentielle
26:40 dans la défense des identités
26:42 - Donc il faut la promouvoir cette identité
26:44 - Il faut la promouvoir, alors y compris
26:46 en terme d'économie - Et l'inventorier, pardon
26:48 - Surtout il faut l'inventorier, il faut savoir
26:50 bien sûr, il faut l'inventorier - Quand on parle
26:52 - On se retrouve tout de suite
26:54 et vous continuez de nous appeler au 0826
26:56 300 300, vous avez la parole sur Sud Radio
26:58 pour interpeller Michel Obouin et son livre
27:00 "Le défi d'être français"
27:02 On y va en Estone avec Julien, à tout de suite
27:04 sur Sud Radio, 0826 300 300
27:06 Ici Sud Radio
27:08 Ici Sud Radio
27:10 Les Français parlent au français
27:12 Les Français parlent au français
27:14 Je n'aime pas la blanquette de veau
27:16 Je n'aime pas la blanquette de veau
27:18 Je n'aime pas la blanquette de veau
27:20 Sud Radio Bercoff dans tous ses états
27:22 Vous êtes bien sur Sud Radio
27:24 dans le face à face d'André Bercoff
27:26 avec Michel Obouin qui nous expose
27:28 son dernier ouvrage "Le défi d'être français"
27:30 Vous avez la parole au 0826 300 300
27:32 On accueille Julien de l'Estone
27:34 Bonjour Julien
27:36 - Oui, bonjour André, bonjour à votre invité
27:38 - Bonjour Julien
27:40 - Sujet qui fait réagir, effectivement
27:42 parce que, en vous entendant
27:44 je suis obligé de
27:46 penser à notre
27:48 délitement, à notre dilution
27:50 en fait, on a vraiment l'impression que la France
27:52 est en dilution du fait de notre appartenance
27:54 à l'Union Européenne
27:56 et plus généralement même à la mondialisation
27:58 Moi je me souviens quand Chirac
28:00 vous vous souvenez André, disait "cette Europe
28:02 est une histoire, cette Europe mollusque"
28:04 Aujourd'hui, on nous impose
28:06 vraiment au forceps, un peu comme la réforme
28:08 des retraites, l'Union Européenne
28:10 malgré le nom de 2005, il faut toujours
28:12 le rappeler et on comprend
28:14 qu'en fait,
28:16 quand à l'époque un certain Jean-Marie Le Pen
28:18 qu'on aime ou qu'on n'aime pas, c'est pas le problème, disait
28:20 que nous étions en train de devenir la province France
28:22 il faut
28:24 t'avouer effectivement que c'est le cas
28:26 et on a en face de ça un Macron qui est obsédé
28:28 par l'Union Européenne
28:30 et moi ce qui me frappe en fait
28:32 c'est de voir, je vais très souvent à l'étranger
28:34 c'est de voir le drapeau européen
28:36 dans beaucoup de pays, en Amérique Latine
28:38 au Moyen-Orient etc. et même pas très loin
28:40 de chez nous, en Suisse, où le drapeau est
28:42 arboré fièrement sans tomber dans un nationalisme
28:44 parce que j'entends déjà les arguments
28:46 en face en nous disant "oui mais vous êtes des
28:48 vilains réactionnaires nationalistes"
28:50 pas du tout, c'est juste un équilibre
28:52 et voilà, le drapeau c'est un
28:54 symbole important dans une nation
28:56 on n'entend plus parler de nation
28:58 on n'entend que parler de bloc
29:00 de continent et je pense que c'est
29:02 effectivement dangereux mais moi je voudrais juste terminer là-dessus
29:04 et pour en conclure
29:06 c'est que la cancel culture bien sûr elle participe
29:08 à effacer notre histoire et donc tout ce qui
29:10 fait nation et surtout
29:12 également le fait qu'on soit dans
29:14 Schengen, moi ça me fait quand même bien rire
29:16 parce que tous les opposants politiques
29:18 que ce soit Mme Le Pen ou M. Zemmour
29:20 en fait ne peuvent pas contrôler et réguler
29:22 il ne s'agit pas de mettre à zéro une immigration
29:24 mais de la réguler et voilà
29:26 donc c'est important
29:28 tant qu'on est là-dedans on ne peut pas
29:30 maîtriser des flux pour qu'ils soient équilibrés
29:32 et c'est aujourd'hui tout le problème
29:34 je pense pour faire nation il faut un équilibre
29:36 ça ne veut pas dire zéro mais ça veut dire faire un équilibre
29:38 aujourd'hui avec l'offre politique actuelle
29:40 c'est impossible, malheureusement.
29:42 - Qu'est-ce que vous en pensez
29:44 Pierre ?
29:46 - Oui, la question
29:48 d'immigration elle est
29:50 effectivement au coeur du sujet parce que
29:52 on a une sorte de
29:54 vous avez raison de parler d'équilibre, on a une sorte de
29:56 rapport de force, c'est-à-dire que notre capacité
29:58 moi je pense, parce qu'il y a beaucoup de sujets sur l'immigration
30:00 actuellement, moi je pense
30:02 que la question ce n'est pas la question de l'immigration
30:04 c'est la question de l'intégration, c'est-à-dire quelle est notre capacité
30:06 à intégrer jusqu'où on peut aller ?
30:08 C'est assez facile à démontrer, il nous reste
30:10 quel est notre déficit en matière de logement, d'emploi
30:12 de santé
30:14 etc. et on voit très bien que
30:16 on est incapable d'intégrer
30:18 ceux qui veulent venir
30:20 par centaines de milliers
30:22 c'est cette question-là qui est posée.
30:24 Après, la place de la France dans l'Europe
30:26 c'est à la France de se la faire aussi
30:28 c'est-à-dire que, moi je suis un peu sévère
30:30 parce que j'ai un peu
30:32 participé à des travaux
30:34 à l'époque où j'étais directeur de l'intégration
30:36 mais la France ce n'est pas la mieux placée
30:38 pour défendre sa position en Europe. Il faudra un jour
30:40 s'expliquer pourquoi et comment
30:42 mais on voit très bien. - On ferait une émission là-dessus
30:44 - Sans doute, oui. - Incroyable.
30:46 - Alors qu'on était quand même
30:48 dans les nations fondatrices de l'Europe
30:50 et on ne comprend pas bien quand on est
30:52 dans les instances pourquoi on est
30:54 aussi mal représenté et aussi mal
30:56 défendu.
30:58 Et on voit bien que d'autres pays européens
31:00 avec les mêmes règles juridiques
31:02 que les nôtres, arrivent
31:04 à s'affranchir de ce que nous
31:06 nous pensons être un carcon. Donc je pense que
31:08 il y a un moment, la France doit peser aussi
31:10 pour faire valoir sa position
31:12 dès lors qu'elle a une position.
31:14 - Il faudrait savoir si certains
31:16 n'adoptent pas ce que dénonçait
31:18 il y a cinq siècles Étienne Laboécy
31:20 dans son traité de la
31:22 servitude volontaire. Ce qu'il n'a pas
31:24 certains qui se mettent
31:26 justement dans cette servitude volontaire
31:28 qui est toujours un péché
31:30 non seulement contre l'esprit mais contre la vie.
31:32 - Merci beaucoup à Julia
31:34 et on accueille Lila de Lyon.
31:36 Bonjour Lila. - Bonjour Lila.
31:38 - Bonjour M. Vercoff et bonjour à votre
31:40 invité. En écoutant
31:42 votre invité, là je rajouterai
31:44 quelque chose à mon premier
31:46 propos. On parle
31:48 d'abord le titre "Le défi d'être
31:50 français". Le défi
31:52 pour moi, j'aurais aimé
31:54 qu'il s'appelle plutôt "La joie, le bonheur
31:56 l'envie d'être français"
31:58 plutôt qu'un défi. Quoique
32:00 le défi est juste
32:02 par rapport à ce que je vais dire.
32:04 Vous parliez
32:06 de certains
32:08 individus qui malgré tout
32:10 sont nés en France
32:12 ils ont toujours vécu dans le pays
32:14 et qui disent "oui mais je suis aussi
32:16 au Maroc, je suis
32:18 dans un autre pays". - Soudanais.
32:20 - Mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi
32:22 des regards, des réflexions
32:24 très jeunes. On vous fait comprendre
32:26 que malgré que vous soyez nés en France
32:28 que pour vous
32:30 il n'y a pas de soucis, il n'y a pas de problèmes
32:32 on vous fait toujours par un regard
32:34 par une réflexion, on vous ramène
32:36 toujours à vos origines
32:38 aux origines de vos parents
32:40 et vous donc. Il y a ça aussi
32:42 on ne parle pas assez aussi
32:44 des français qui ne veulent pas
32:46 intégrer une certaine population
32:48 on peut prendre
32:50 Mohamed qui sort majeur de sa promotion
32:52 et François qui sort
32:54 deuxième. François il rêve
32:56 d'aller travailler à l'étranger
32:58 Mohamed lui dit "je veux travailler pour la France
33:00 où j'ai fait mes études"
33:02 et on lui fait comprendre "tu ne voudrais pas aller voir
33:04 si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs"
33:06 déjà. Et par rapport
33:08 à ce que disait votre invité
33:10 dans ses dernières réflexions
33:12 moi quand j'écoute
33:14 je vais parler du président
33:16 le président de la république
33:18 chaque fois que je l'entends parler de la France
33:20 je me dis
33:22 toujours "mais quand c'est que tu parles
33:24 la France c'est des français, c'est un
33:26 peuple"
33:28 et ce qu'ils n'ont pas compris il me semble
33:30 regardez lorsqu'il y a des
33:32 il y a des, comment on appelle ça
33:34 des gros marchés
33:36 chaque
33:38 gouvernant de chaque pays
33:40 fait tout pour tirer
33:42 vers son peuple
33:44 les sous-marins tout ça, ils n'ont pas compris
33:46 une chose, on peut faire partie de l'Europe
33:48 mais il faut être un hargneux
33:50 pour son pays
33:52 parce qu'ils font partie de l'Europe
33:54 mais je peux vous dire que les allemands
33:56 ils bataillent pour l'Allemagne
33:58 les polonais pour la Pologne
34:00 et on voit pas là
34:02 ces élites françaises en train de dire
34:04 d'accord l'Europe mais attendez d'abord
34:06 c'est le peuple parce que il y en a marre
34:08 de dire la France. - D'abord la nation
34:10 exactement. - C'est le peuple
34:12 et au niveau de l'histoire je voulais aussi
34:14 dire quelque chose. - Lila attendez attendez
34:16 on a, je sais que vous avez
34:18 beaucoup de choses à dire mais je voudrais déjà
34:20 que Michel Auboyne réponde
34:22 juste là dessus, moi je crois
34:24 que c'est plus nuancé ce qu'il faut dire
34:26 sur le problème
34:28 vous savez de
34:30 des, parce que malheureusement chaque
34:32 nation peut tomber
34:34 et on tombe un peu partout
34:36 regardez ce qu'il se passe en Tunisie aujourd'hui
34:38 et ailleurs sur des discriminations
34:40 je pense qu'en France
34:42 on se bat beaucoup en tout cas contre la
34:44 SUP même s'il y a des gens qui ne le sont pas
34:46 mais je voudrais laisser la parole à Michel Auboyne. - Oui
34:48 c'est vrai vous avez raison parce que
34:50 le modèle français est quand même un modèle
34:52 d'intégration contrairement au modèle anglo-saxon par exemple
34:54 alors que les pays anglo-saxons
34:56 peuvent recevoir beaucoup plus de monde
34:58 c'est pas très grave pour eux
35:00 parce qu'en fait
35:02 les personnes qui arrivent forment des communautés
35:04 qui ont parfois des représentations
35:06 politiques mais qui n'accèdent pas au pouvoir central
35:08 la France n'est pas bâtie sur ce modèle
35:10 elle est bâtie sur l'égalité de chacun
35:12 des habitants de ce pays
35:14 et c'est beaucoup plus compliqué, c'est totalement
35:16 antinomique avec les communautés donc en fait
35:18 c'est pour ça qu'on est aujourd'hui
35:20 en difficulté de façon particulière
35:22 par rapport à d'autres pays
35:24 - Sauf une chose, Michel Auboyne, elle a
35:26 tout à fait raison, c'est que
35:28 et quand elle dit qu'il faut être hargneux pour
35:30 se battre pour son peuple et pour
35:32 ses intérêts, les intérêts du peuple
35:34 et de la nation, et là on a l'impression
35:36 et c'est pas seulement le gouvernement actuel
35:38 que c'est pas le cas depuis très très longtemps
35:40 - C'est clair qu'il faut
35:42 pour se battre, c'est comme pour faire la guerre
35:44 c'est-à-dire qu'il faut croire à la nation
35:46 il faut croire au drapeau
35:48 on se bat pour le drapeau, et vous avez raison de dire que
35:50 c'est bien le peuple français qui est visé dans cette affaire
35:52 c'est lui dont on parle aujourd'hui
35:54 c'est lui, moi je suis très content
35:56 que vous ayez employé un mot qui est la joie d'être français
35:58 parce qu'en fait c'est ça que j'ai essayé de passer aussi
36:00 dans ce livre, c'est-à-dire
36:02 quand même quoi, enfin quel pays
36:04 merveilleux qu'est le nôtre, et puis
36:06 juste la dernière chose
36:08 j'aime bien votre accent parce que
36:10 un autre propos du livre
36:12 c'est de dire que nous les français, nous sommes
36:14 d'abord des provinciaux, on a presque tous
36:16 une histoire provinciale, un ancrage, un terroir
36:18 et conserver
36:20 cette diversité des terroirs c'est aussi très important
36:22 - C'est fondamental effectivement
36:24 et je sais que beaucoup de lecteurs de Sud Radio
36:26 partagent cela
36:28 à très vite et merci
36:30 - Merci beaucoup chers auditeurs d'être toujours aussi
36:32 nombreux à nous écouter et merci à Michel Aubouin
36:34 ancien préfet qui nous expose son dernier ouvrage
36:36 "Le défi d'être français" aux éditions
36:38 Presse de la Cité - Et je dirais bon anniversaire
36:40 à notre réalisateur Thibault Sadler
36:42 - Joyeux anniversaire à Thibault, tout de suite l'émission
36:44 de Brigitte Lahaie, à tout de suite sur Sud Radio

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