L’association Ecoprod aide le secteur à réduire l’impact environnemental des tournages d’émissions et de fictions
De France Télévisions à TF1, en passant par M6, Canal Plus ou les sociétés de production Mediawan et Banijay, ils sont 280 groupes audiovisuels à avoir rejoint Ecoprod, une association qui accompagne la transition écologique du secteur. Car c’est une industrie particulièrement polluante. En France, elle émet 1,7 million de tonnes de CO2, l’équivalent d’une ville comme Amiens. Cela concerne les tournages d’émissions de télé, de séries ou de publicité.
Il existe des solutions pour développer des pratiques plus durables, comme la réduction des transports, la réutilisation des décors, la mise en place d’une cantine bio. « Cela implique d’avoir un temps de préparation plus long, d’embaucher un éco-référent ms en parallèle on peut faire des économies sur l’énergie », explique Pervenche Beurier, la déléguée générale d’Ecoprod, invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt
De France Télévisions à TF1, en passant par M6, Canal Plus ou les sociétés de production Mediawan et Banijay, ils sont 280 groupes audiovisuels à avoir rejoint Ecoprod, une association qui accompagne la transition écologique du secteur. Car c’est une industrie particulièrement polluante. En France, elle émet 1,7 million de tonnes de CO2, l’équivalent d’une ville comme Amiens. Cela concerne les tournages d’émissions de télé, de séries ou de publicité.
Il existe des solutions pour développer des pratiques plus durables, comme la réduction des transports, la réutilisation des décors, la mise en place d’une cantine bio. « Cela implique d’avoir un temps de préparation plus long, d’embaucher un éco-référent ms en parallèle on peut faire des économies sur l’énergie », explique Pervenche Beurier, la déléguée générale d’Ecoprod, invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt
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00:00 Bonjour Céline Bidarco, votre invitée média est la déléguée générale d'Ecoprod,
00:04 association qui accompagne la transition environnementale des secteurs cinématographique et audiovisuel.
00:10 Elle était présente à Cannes pour remettre un prix à des films engagés dans une démarche
00:14 éco-responsable.
00:15 Bonjour Pervenche Beurier.
00:16 Bonjour.
00:17 C'est un vrai sujet le respect de l'environnement dans ce secteur du cinéma et de l'audiovisuel
00:21 car c'est une industrie très polluante.
00:23 On peut commencer peut-être par donner quelques chiffres.
00:24 Quel est l'impact écologique d'un tournage ?
00:27 Alors oui, en effet, un tournage, l'industrie audiovisuelle ou l'industrie cinématographique
00:33 ont un impact assez fort en termes environnemental.
00:36 Globalement, Ecoprod a fait une étude en 2020 qui indique que l'ensemble du secteur
00:44 audiovisuel français représente et met 1,7 millions de tonnes d'équivalent CO2.
00:49 Alors, ça ne veut rien dire comme ça puisque personne n'a une image précise de ce que
00:53 signifient les millions de tonnes mais c'est l'équivalent d'une ville comme Amiens sur
00:58 un an.
00:59 Mais là, on parle de quoi ? Uniquement des tournages de fiction ? Je parle pour la télé
01:03 ou pour les plateformes puisque on est dans une émission média ou alors vous parlez
01:08 même des tournages d'émissions de télé ?
01:10 Tout compris.
01:11 Les tournages d'émissions télé, flux, la publicité aussi, l'audiovisuel au sens
01:16 vraiment large.
01:17 Qu'est-ce qui est polluant précisément ?
01:18 Alors, si vraiment on regarde ce chiffre, le plus polluant c'est finalement le transport
01:23 des données et des vidéos, c'est-à-dire le streaming.
01:26 Donc ça, ce n'est pas ce sur quoi on a travaillé à Cannes.
01:29 Donc quand on regarde Netflix ou Prime Vidéo, ce n'est pas bon pour la planète, on est
01:33 d'accord ?
01:34 Oui, exactement.
01:35 Ecoprod fédère des acteurs du secteur qui souhaitent s'impliquer pour des pratiques
01:39 plus durables, plus vertueuses.
01:40 Vous avez je crois 280 membres des groupes de médias, des producteurs TF1, France Télé,
01:45 Canal+, M6, Arte, Media One, Banijay.
01:47 Il y a encore de grands groupes chez qui vous sentez des réticences ?
01:50 Non, aucun grand groupe ne peut avoir de réticences.
01:54 Je dirais que ce soit par cynisme, parce qu'ils sont obligés d'un point de vue presque réglementaire,
01:58 ou simplement parce qu'ils sont composés de professionnels qui sont aussi des citoyens,
02:02 qui ont une conscience, qui sont engagés.
02:04 Et je dirais presque qu'en termes d'image de marque, s'ils veulent garder leurs salariés,
02:11 les grands groupes de toute façon s'y mettent.
02:12 Mais je crois qu'il y a une prise de conscience générale de ces enjeux.
02:15 Alors faire de l'éco-production, ça passe par quoi ? Quelle pratique concrète faut-il
02:19 mettre en place lors d'un tournage ?
02:20 Alors d'abord, ça ne se passe pas lors d'un tournage, ça se passe avant le tournage.
02:24 Il faut vraiment se préparer à l'avance.
02:26 C'est-à-dire que d'emblée, quand on décide de produire de façon responsable son film,
02:31 il faut regarder, j'irais presque, dès la phase de préparation, voire la phase d'écriture,
02:34 si le scénario en tant que tel n'implique pas déjà lui-même d'être extrêmement polluant.
02:38 Si on parle d'un tournage et qu'on a prévu de tourner dans 5 ou 10 lieux différents,
02:43 forcément il y aura un impact en termes de transport, puisqu'il faudra transporter
02:46 le matériel technique, les équipes, éventuellement faire des allers-retours.
02:50 Donc tout ça, ça se fait avant le tournage.
02:53 Cette réflexion doit être avant le tournage.
02:55 C'est comme si, avant le tournage, il fallait porter des lunettes vertes, c'est-à-dire
02:59 lire tout le scénario, toute l'organisation du tournage, au regard de ses enjeux environnementaux.
03:06 Ça coûte plus cher du coup de faire un tournage ?
03:08 Alors ça, c'est une grande question.
03:10 C'est la question évidemment principale des producteurs et des diffuseurs.
03:13 Et comme toujours, ça dépend.
03:15 C'est-à-dire que ça peut impliquer d'avoir un temps de préparation un peu plus long,
03:21 d'avoir des gens qui vont être spécialisés sur ces questions.
03:23 C'est des nouveaux métiers qui émergent, les éco-managers ou les éco-référents.
03:26 Donc ce sont des métiers, des postes qu'il faut payer.
03:29 En revanche, ça implique aussi, généralement, une certaine sobriété.
03:32 Donc on va faire des économies sur l'énergie.
03:34 Si on décide de tourner en lumière naturelle plutôt qu'en utilisant des lumières électriques,
03:43 qui sont généralement plus raccordées sur des groupes électro,
03:46 ça coûte moins cher.
03:48 Donc il y a un processus de sobriété, faire des achats de seconde main, ça coûte moins cher.
03:53 Ça se prépare.
03:53 Faire des produits recyclés pour les décors, par exemple ?
03:55 Exactement.
03:56 Pour les décors.
03:57 Alors, il y a toute cette logique.
03:58 Prenons l'exemple du décor, parce que c'est très concret, c'est matériel,
04:01 on se représente bien les choses.
04:03 Le décor, il y a deux solutions.
04:05 Soit on tourne en décor naturel, ce qui est finalement le moins impactant,
04:08 à condition que le décor naturel ne soit pas à l'autre bout du monde.
04:11 Si on décide de tourner sur une plage à l'autre bout du monde,
04:13 en Afrique du Sud, parce qu'il y a des jolies plages là-bas,
04:15 évidemment, c'est raté puisqu'on a déplacé le bilan carbone.
04:18 Et à condition aussi de respecter la faune et la flore.
04:21 Oui, alors il y a l'aspect biodiversité.
04:23 Et sur l'aspect décor, on peut aussi réfléchir à la conception des décors,
04:26 c'est-à-dire les éco-concevoir, faire en sorte qu'ils soient ensuite réutilisables,
04:29 démontables, qu'on puisse les stocker.
04:31 Il y a des ressourceries spécialisées là-dessus pour stocker les décors de cinéma
04:34 ou d'ailleurs dans tout le secteur de la culture qui sont en train de se développer.
04:37 Pareil pour les accessoires, il faut essayer de trouver des accessoires
04:41 qui ne sont pas créés exprès pour le film.
04:45 Pour les repas aussi sur les tournages, je crois qu'il y a des choses à faire.
04:48 Oui, effectivement, c'est surtout les postes du tournage.
04:52 Donc effectivement, là je parlais du décor,
04:54 il y a toute l'équipe qu'il faut nourrir, la table régie.
04:58 Donc c'est la table où il y a les snacks qui sont à disposition de l'équipe toute la journée.
05:02 Il faut privilégier le vrac, le bio, le local,
05:05 comme en fait les citoyens sont censés faire chez eux finalement.
05:10 Après, la cantine aussi, privilégier les repas végétariens.
05:12 Un repas végétarien est 14 fois moins impactant en termes d'émissions de gaz et effets de serre
05:18 qu'un repas qui contient du bœuf.
05:20 Donc finalement, quand on nourrit énormément de gens
05:23 qui ont une cantine avec plusieurs centaines de figurants,
05:26 ça peut vite permettre de réduire l'impact carbone.
05:28 Et ça, les acteurs, y compris les plus célèbres,
05:32 acceptent ces nouvelles "contraintes" ?
05:36 Alors, nous on travaille vraiment avec les entreprises au sein des co-prod,
05:40 on fait des aires à les entreprises,
05:41 mais évidemment on a besoin du relais des acteurs
05:43 puisque c'est eux déjà qu'on voit le plus, qui sont les plus médiatisés,
05:47 qui ont souvent la possibilité de porter un message.
05:50 Donc ça dépend des acteurs.
05:51 Là récemment, c'est créé un collectif à l'initiative des acteurs
05:55 justement pour créer une charte des acteurs
06:00 qui voudraient prendre en compte les enjeux environnementaux sur les tournages.
06:03 Donc j'espère que ça sera suivi des faits, ça vient d'être annoncé à Cannes.
06:05 D'accord. Alors, est-ce qu'il faudrait des règles contraignantes ?
06:08 Il y a le CNC, qui est le Centre National du Cinéma,
06:10 qui finance les tournages et qui les finance davantage quand ils sont éco-responsables.
06:13 Mais est-ce qu'il faudrait aller plus loin selon vous ?
06:15 Alors, le CNC ne finance pas davantage les films éco-responsables.
06:19 Le CNC a lancé une contrainte qui est de faire un bilan carbone,
06:22 prévisionnel et définitif des films qui subventionnent,
06:26 peu importe le résultat du bilan carbone.
06:28 Évidemment, c'est une première étape, parce que c'est dire que si on admet qu'on a eu un bilan carbone important,
06:33 la subvention tombe quand même.
06:35 Donc ça, c'est une première étape, parce qu'on a besoin de données
06:38 pour pouvoir ensuite établir ce qui est effectivement un tournage plus ou moins impactant,
06:41 puisque chaque film est un prototype
06:44 et on n'a pas tellement de bases de données pour savoir ce qui est le plus impactant.
06:47 En revanche, des éco-bonus existent au niveau régional.
06:50 Par exemple, la région Île-de-France ou la Corse
06:52 ont mis en place des éco-bonus prenant en compte ces critères environnementaux.
06:55 - Et vous, Ecoprod, vous venez de remettre pour la deuxième année le prix Ecoprod à Cannes,
06:59 en plein festival, et ils récompensent un film français et un film étranger
07:02 produits de manière éco-responsable.
07:04 On peut dire qui sont les lauréats et pour quelles raisons ils ont été primés ?
07:07 - Oui, alors on a le film français, c'est "Acide" de Juste Filippo,
07:12 et le film international, c'est "La Chimera" de Alice Rohrbacher.
07:17 - Un film italien ? - Un film italien.
07:20 Ce qui a vraiment compté aux yeux du jury, c'est le fait que les deux avaient une démarche très globale.
07:25 Ils ont engagé un personnel ou des consultants spécifiques
07:28 pour pouvoir les accompagner sur ces enjeux.
07:30 Tout le monde a été mobilisé, le réalisateur, l'équipe de production, les directeurs de production,
07:34 mais aussi tous les techniciens sur les tournages,
07:37 des décorateurs en passant par la régie, etc.
07:40 - Félicitations à eux, et merci à vous, Père Vangeburier, d'être venu ce matin sur France Info.
07:45 - Merci à vous. - Vous êtes déléguée générale de l'association Ecoprod.