Le 8 novembre 2022, Emmanuel Macron conviait à l'Elysée les patrons des 50 sites les plus polluants de France. Objectif?: accélérer la transition énergétique des grandes industries. Le président leur fixait un cap?: diminuer par deux les émissions en 10 ans avant d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les équipes de LCP se sont rendues à Fos-sur-Mer, à 50 km à l'Ouest de Marseille, l'une des plus grandes zones industrialo-portuaires de France et l'une des plus polluantes. Ici se côtoient tous les plus grands noms de l'industrie, Arcelor Mittal, Kem One, Esso et bien d'autres. Ils émettent chaque année 18 millions de tonnes de CO2.
Leur mutation est en marche pour atteindre les objectifs fixé par l'Etat.
Mais comment transformer ces industries polluantes et à quel prix ?
Production d'hydrogène vert, d'acier bas carbone, installation de panneaux photovoltaïques, et développement d'un parc éolien offshore, autant de projets qui font de Fos le laboratoire de la décarbonation. Mais pour ne pas commettre les erreurs d'autrefois, les projets doivent aujourd'hui emporter l'adhésion des habitants et riverains de la zone, car désormais leur voix compte.
Un magazine de Marion Becker et Pierre-Yves Deheunynck
Montage Maxime Riou
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Leur mutation est en marche pour atteindre les objectifs fixé par l'Etat.
Mais comment transformer ces industries polluantes et à quel prix ?
Production d'hydrogène vert, d'acier bas carbone, installation de panneaux photovoltaïques, et développement d'un parc éolien offshore, autant de projets qui font de Fos le laboratoire de la décarbonation. Mais pour ne pas commettre les erreurs d'autrefois, les projets doivent aujourd'hui emporter l'adhésion des habitants et riverains de la zone, car désormais leur voix compte.
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NewsTranscription
00:00...
00:02Fosses-sur-mer, à 50 km à l'ouest de Marseille,
00:06un village provençal
00:08cerné par l'une des plus grandes zones industrielles
00:11au portuaire de France
00:13et l'une des plus grandes sources de pollution.
00:16Ici, 18 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année.
00:21Là, vous avez la torche qui émet fortement de pollution,
00:25fortement de CO2,
00:27et c'est pour ça qu'il faut rentrer dans la décarbonation.
00:31L'Etat a fixé un objectif ambitieux,
00:35atteindre la neutralité carbone en 2050.
00:38L'industrie est en pleine mutation.
00:41Décarboner, c'est pour être là demain.
00:44C'est une condition de survie.
00:46En quelques années,
00:48Fosses est devenu le laboratoire de la décarbonation.
00:52L'hydrogène et le méthane de synthèse,
00:54c'est une des briques à la disposition des industriels
00:57pour pouvoir demain se décarboner.
00:59Décarboner, mais à quel prix ?
01:02Certains projets suscitent l'inquiétude des habitants.
01:05Personne n'a expliqué qu'on recouvrait les étangs,
01:08qu'on mettait une usine à tel endroit, qu'on clôturait.
01:11On ne peut pas s'être battus pendant 20 ans contre les pollutions
01:15et ne pas accompagner le mouvement qui nous amène à zéro émission.
01:18La réindustrialisation est en marche
01:22pour libérer l'industrie des énergies fossiles.
01:25Un chantier titanesque.
01:28Musique rythmée
01:31...
01:51René Raymondi est le maire de Fosses-sur-Mer.
01:54Enfant du pays, il a vu les industriels
01:57s'installer sur ces terres, aux portes de la Camargue.
02:02J'avais 10, 11 ans, quand ESSO a commencé à se construire
02:06et Arcelor dans la continuité.
02:08Tout ça n'était que du marécage, dans le passé.
02:11Musique rythmée
02:13Dans les années 60, l'Etat décide de créer un nouveau port
02:16et d'implanter des usines.
02:18Le complexe industriel aux portuaires sort de terre.
02:22Musique rythmée
02:25Ici, Eugène Cullman est seul maire.
02:28La sidérurgie, c'est-à-dire les hauts fourneaux et la scie.
02:32...
02:33A côté, la chimie, l'air liquide, ICI, Péchinet
02:37et puis tous les grands du pétrole,
02:40déjà concentrés sur les bords de l'étang de Berthe,
02:42mais un peu à l'étroit.
02:44...
02:55On voit là-bas les grandes éoliennes,
02:57les portiques du grand port maritime.
02:59Bien évidemment, en contrepoint, au fond, ArcelorMittal,
03:03dépôt pétrolier de fosses, qui est un hub essence.
03:08La raffinerie, ESSO.
03:11Aujourd'hui, le génie industriel est en nous.
03:13Le trois-quarts des habitants ont travaillé dans ces usines
03:17ou ont travaillé directement pour la ville.
03:19Si l'industrie fait vivre les habitants,
03:22pendant des décennies,
03:24elle a émis des polluants dangereux pour la santé
03:26et rejeté des millions de tonnes de carbone dans l'atmosphère.
03:31Aujourd'hui, la zone industrielle
03:33veut devenir la pionnière de l'industrie décarbonée,
03:36un modèle, après avoir longtemps été pointé du doigt.
03:41Les pollutions qu'on connaissait il y a 20 ans,
03:44qui ont créé de graves soucis sanitaires,
03:46on les a de moins en moins aujourd'hui.
03:49Et la décarbonation qui est devant nous
03:51devrait, au fil du temps, en 2030, 2035,
03:56faire disparaître la grande majorité des émissions,
04:00en particulier celle du carbone.
04:02Quand on prend Fos, Le Havre et Dunkerque,
04:06c'est 50 % des émissions de gaz carbonique de toute la France.
04:10Donc il y a véritablement de quoi faire.
04:13Il y a un magnifique chantier devant nous.
04:16Et moi, je suis fier parce que, quelque part,
04:20ce ne sont pas nos combats contre la pollution,
04:22mais c'est la prise de conscience planétaire
04:25que le réchauffement climatique est là
04:27et qu'il faut agir très vite.
04:29Et que Fos soit au cœur de ce mécanisme de survie,
04:36ça me rend quelque part un peu fier, voilà.
04:39Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, de combattant de cette pollution,
04:44je suis devenu le promoteur de cette industrie de domaine,
04:49de cette transition énergétique
04:51et de cette décarbonation en particulier.
04:54Un pari à plus de 11 milliards d'euros d'investissement.
04:58Et le temps presse.
05:00D'ici 2030, les industriels devront diviser par deux
05:03leurs émissions de CO2
05:05avant d'atteindre la neutralité en 2050.
05:09Alors, ils ont entamé leur mutation,
05:12à l'image de Petro-Ineos,
05:14le plus gros site pétrochimique et de raffinage du sud de la France.
05:19La raffinerie traite chaque année
05:2210 millions de tonnes de pétrole brut,
05:25cette énergie fossile dont il faudrait se passer.
05:28Le site de la Vera émet chaque année
05:311,6 million de tonnes de CO2.
05:34Là, on arrive sur la partie des trois agrocomplexes
05:38où on a un complexe hydrocraqueur, que vous voyez là,
05:41avec une unité principalement orientée vers la production de diesel.
05:47Comment décarboner quand on raffine du pétrole ?
05:51Si Petro-Ineos continue de produire des carburants,
05:54la raffinerie cherche à moins polluer.
05:57Elle a mis en place un projet de décarbonation
06:00dénommé Blue Sky.
06:02Damien François est ingénieur sur ce projet.
06:06Je vais essayer de passer, mais il y a des travaux de partout.
06:11Pour moins polluer, il faut d'abord moins consommer
06:14et utiliser une énergie plus propre pour faire fonctionner ces machines,
06:19passer au tout électrique.
06:21L'électricité doit remplacer le gaz et le pétrole.
06:27Comme vous pouvez le constater,
06:28il y a des travaux qui sont en train d'être menés
06:31parce qu'on a un projet d'électrification de notre raffinerie.
06:36D'ici fin 2025, on devrait avoir doublé la capacité de la raffinerie
06:40en termes de disponibilité électrique.
06:43Ça a commencé déjà en 2014 pour ce four-là,
06:46qui fonctionnait avec du fioul liquide,
06:48donc qui émettait beaucoup de CO2, du soufre.
06:50On a remplacé les brûleurs de ce four pour les passer à des brûleurs gaz.
06:53Effectivement, ça fait partie de notre amélioration
06:56d'efficacité énergétique, mais aussi de notre décarbonation,
06:58puisqu'on a réduit l'impact de CO2
07:00grâce aux changements de combustible sur ce four.
07:04Ces projets ont permis de réduire de 70 % les émissions polluantes
07:09et de 8 % les émissions de CO2.
07:12A terme, la raffinerie aimerait ne plus utiliser d'énergie fossile
07:16dans ses procédés de fabrication.
07:19On peut travailler dans l'industrie,
07:21faire tout ce qui est possible
07:23et être sensible aux questions environnementales ?
07:26Oui, ça en va d'une part pour l'image de marque de notre société.
07:30L'objectif d'une société comme la nôtre, c'est pas de polluer.
07:33C'est par contre répondre à un besoin,
07:34le besoin de produire des carburants pour chacun,
07:37pour tout le monde, pour la mobilité, pour la vie de tous les jours.
07:40Mais c'est aussi pour nous, en tant que citoyens,
07:43comme je disais, c'est important,
07:44parce qu'on vit aussi aux alentours pour la plupart.
07:48L'objectif, c'est pas non plus d'avoir un environnement dégradé
07:51lorsqu'on quitte l'usine.
07:53Donc, voilà, c'est important
07:56et on est très sensibles à ces points-là.
07:59Au-delà des attentes de la société et de l'image pour l'industriel,
08:04c'est un enjeu stratégique pour l'avenir de la raffinerie,
08:08car la France aimerait se passer du pétrole.
08:11En 2035, il n'y aura plus de nouveaux moteurs thermiques,
08:15la demande de carburants pourrait chuter.
08:18Alors, Petro Ineos doit anticiper sa conversion
08:21pour produire des énergies plus propres.
08:23Le directeur suit de près l'évolution du projet Blue Sky.
08:28On les prend un par un, puis on va plus dans le détail.
08:31Oui, très bien.
08:32Sur le projet Blue Sky,
08:34alors, toute la fresque des projets d'optimisation énergétique,
08:39celle-ci, elle est bien avancée.
08:42Sur les projets d'électrification,
08:46on est en train de...
08:47On finalise la courbe d'augmentation de nos consommations électriques.
08:52C'est parfait.
08:53L'avenir d'une raffinerie dans un monde décarboné,
08:57dans le futur, c'est quoi ?
08:58C'est devenir une plateforme...
09:00Ça sera une plateforme multi-énergie.
09:03Ça sera donner des e-fuels,
09:06des carburants qui seront verts.
09:09Ça sera fabriquer ces carburants avec de l'hydrogène renouvelable.
09:13Ça sera donner accès à de la mobilité par l'hydrogène.
09:17L'électricité renouvelable,
09:20c'est un concept qui n'est pas forcément...
09:23On travaille dessus, mais qui est en cours d'élaboration.
09:27Cet hydrogène, un de nos projets,
09:31est de remplacer cet hydrogène fossile
09:33par de l'hydrogène renouvelable
09:35qui a été produit par électrolyse de l'eau,
09:38à partir d'électricité renouvelable,
09:41donc empreinte carbone zéro.
09:43C'est un vrai levier pour nous
09:46pour réduire nos émissions de CO2 directes.
09:48C'est un avantage stratégique si on arrive à être parmi les premiers.
09:52C'est pour ça qu'on travaille dessus.
09:54Pour avoir une proposition de carburant
09:58avec cette composante verte.
10:00Le plus tôt possible.
10:01Exactement.
10:02Pour cette plateforme du futur,
10:05Petro Ineos devra investir 1,6 milliard d'euros.
10:10Des investissements colossaux
10:12pour développer l'énergie du futur,
10:14l'hydrogène.
10:15Ici, à Fos, elle suscite de grands espoirs.
10:20C'est ici, justement, que GRT Gaz et ses partenaires
10:24ont développé le premier démonstrateur de production d'hydrogène
10:27à échelle industrielle,
10:30Jupiter 1000.
10:35On est sur un électrolyseur PEM, nouvelle technologie.
10:38C'est le seul électrolyseur PEM construit par McPhee
10:41pour le projet.
10:43500 kW de puissance.
10:44Il va produire environ 90 nm3 d'hydrogène.
10:48La réaction se passe dans les stacks qui sont devant vous,
10:51les petits réservoirs.
10:54L'électricité, produite à partir d'énergies renouvelables,
10:58est plongée dans ces réservoirs d'eau.
11:01Le courant électrique casse alors les molécules d'eau
11:04en séparant la molécule d'oxygène de celle d'hydrogène.
11:09L'hydrogène ainsi obtenu
11:10peut être intégré dans le réseau de gaz
11:13où il se mélange au gaz naturel.
11:16Sur ce site, on va s'attacher à tester
11:20vraiment ces équipements,
11:22les pousser un peu au bout de leurs capacités
11:25pour être en mesure de produire en relativement grande quantité
11:28l'hydrogène dont on va avoir besoin demain
11:31pour décarboner l'industrie.
11:34Pour aller plus loin dans la décarbonation,
11:36Jupiter 1000 capte et utilise la pollution de l'usine voisine
11:41pour produire du méthane de synthèse,
11:44un système prometteur.
11:47Donc là, le principe, on va rentrer du CO2 et de l'hydrogène,
11:51donc l'hydrogène qu'on a fabriqué chez nous
11:54et le CO2 qu'on a capté sur l'usine qui est à côté
11:57pour la décarboner.
11:59Et on va mélanger notre hydrogène et notre CO2.
12:02On va les faire passer à travers un réacteur
12:04avec une poudre catalytique,
12:06avec un catalyseur plutôt à l'intérieur.
12:09Et la réaction va créer du coup un e-gaz,
12:12donc du e-méthane qu'on va après injecter
12:15directement dans le réseau gaz naturel existant.
12:18Là, on va arriver sur la phase vraiment de production
12:21où on va tester à pleine charge le process.
12:24Super.
12:27L'idée derrière, quand on sera en production plus industrielle,
12:31ce sera que ce e-méthane, ce méthane de synthèse,
12:34finalement, il puisse être utilisé
12:37en substitution du gaz naturel fossile
12:39pour derrière décarboner les usages
12:42qui seront les plus compliqués à décarboner
12:45au niveau des usages de gaz.
12:48Ces gaz de synthèse pourraient devenir le carburant
12:51du transport routier ou des transports maritimes et aériens,
12:55les plus difficiles à remplacer aujourd'hui.
13:00La décarbonation de l'industrie,
13:03elle ne pourra pas se faire sans l'hydrogène ou le méthane ?
13:06L'hydrogène et le méthane de synthèse ou le biométhane
13:10sont des composantes
13:13qui vont permettre de décarboner l'industrie.
13:16Il n'y a pas de solution universelle et miracle,
13:18sinon on l'aurait déjà appliquée, je vous garantis.
13:21C'est une des briques qui sera à la disposition des industriels
13:25pour pouvoir demain se décarboner.
13:28Les industriels misent déjà sur la précieuse molécule.
13:32Deux projets d'envergure devraient voir le jour.
13:35Gravity sera la première usine française
13:38de production par hydrogène de fer bas carbone.
13:43Une usine de production d'hydrogène,
13:45elle, fabriquera dès 2026
13:47des carburants de synthèse pour l'aviation.
13:50Elle se nomme H2V.
13:53Elles s'installeront ici, à Fos,
13:55sur les terres du Grand port maritime de Marseille,
13:592e port de France et 3e de Méditerranée.
14:03Le port, ce ne sont pas que des quais pour accueillir les bateaux.
14:06Il a décidé de mettre à disposition une partie de ces terrains libres
14:10pour développer l'énergie du futur.
14:13L'endroit où on est, ici, très précisément,
14:16c'est le futur terminal sur lequel on souhaite
14:18que soient développées des éoliennes mises au large en Méditerranée.
14:25Elle se situe exactement là.
14:27Ce qu'il faut imaginer, c'est un grand terre-plein
14:30avec des énormes flotteurs dessus,
14:32avec deux terrains de foot, en acier ou en béton,
14:35et à côté, des éléments d'éoliennes, eux aussi, assez importants en taille,
14:39et surtout, une immense grue,
14:42une des plus grandes grues du monde,
14:44puisqu'elle est capable de porter 2 à 320 à une hauteur de 200 m.
14:47C'est vraiment une énorme grue
14:49qui va soulever les éléments pour intégrer, pour construire l'éolienne.
14:53Et puis, devant le terre-plein, il y aura un quai.
14:55Et sur ce quai, avec des flotteurs qui seront en flottaison,
14:59des éoliennes en préparation,
15:01et puis les amener en mer pour les stocker
15:03en attendant qu'elles partent au large.
15:05Le port veut devenir le hub de l'éolien offshore en Méditerranée.
15:12Les énergies renouvelables et l'hydrogène joueront un rôle majeur
15:16pour tenir les objectifs de décarbonation,
15:18mais à quel prix ?
15:20Si les projets de la zone industrielle au portuaire
15:23sont bien accueillis par les habitants,
15:25un autre projet, situé à quelques kilomètres
15:29de l'autre côté de la ville de Fos, les inquiète.
15:37Du site, c'est bien qu'on voit des dames, des randonneuses.
15:39Bonjour, mesdames.
15:42Bonjour, mesdames.
15:44Vous êtes au courant du projet qu'ils veulent faire ici ?
15:47Moi, je suis contre.
15:49Nous aussi, nous sommes contre.
15:50Qu'est-ce qu'ils veulent faire ?
15:52Ils veulent recouvrir les étangs de 500 hectares de panneaux solaires.
15:56Ils ne serviront pas ?
15:57Si, ils vont servir,
15:58mais ils vont servir à faire fonctionner
16:00une partie d'une usine à hydrogène qu'ils mettent sur le plan d'Eros.
16:05Au revoir, mesdames.
16:07Avec ce projet, dénommé Ivance,
16:10l'entreprise Géoselle espère produire ici,
16:13sur ses étangs d'eau salée, de l'hydrogène bas carbone
16:17dont auront besoin les industriels de la zone.
16:21Dès qu'il a été informé de ce plan,
16:23Jean-Louis Sagnal a monté un collectif
16:25pour préserver ses étangs.
16:27Je rappelle qu'il y en a un.
16:29La population...
16:31On leur a dit qu'on allait décarboner la planète,
16:34que FOSS allait être pionnier dans le monde
16:36et qu'on allait sauver tout le monde.
16:39Et donc, il est difficile d'être contre cette idée-là.
16:44Mais personne n'a expliqué qu'on allait recouvrir les étangs,
16:48mettre une usine à tel endroit, clôturer.
16:51On prévoit une nouvelle ligne haute tension de 125 000 volts.
16:55Et puis, recouvrir ce lac, ça veut dire...
16:59Là, pour le coup, condamner toute vie, évidemment,
17:02dans le lac et autour.
17:05C'est une zone de survol des oiseaux.
17:08Les industries, on les a acceptées
17:10tant qu'elles sont à l'intérieur de la zone
17:12qui leur a été dédiée, spécifiquement délimitée pour elles.
17:18Et d'ailleurs, nous, ça fait 20 ans qu'on existe
17:20et ça fait 20 ans qu'on suit toutes les industries,
17:23on fait partie de toutes les commissions de suivi de sites,
17:26on en a eu une,
17:27on en a eu une, on en a eu une,
17:29on en a eu une, on en a eu une,
17:31on en a eu une, on en a eu une,
17:33on en a eu une, on en a eu une,
17:34on en a eu une, on en a eu une,
17:37on a élaboré les plans de prévention des risques technologiques
17:40avec les industriels,
17:41on entretient des rapports qui sont cordiaux
17:43avec les industriels parce que cette activité nous fait vivre.
17:48Nous ne sommes pas du tout contre la technologie photovoltaïque,
17:53on n'est pas du tout contre le développement industriel de fosses,
17:56on n'est pas du tout contre les énergies renouvelables,
17:59nous sommes contre l'implantation de ce projet
18:02sur certes partie est de la ville
18:04de la ville qui nous semble totalement déraisonnable.
18:09Le soir même, les habitants ont rendez-vous à la maison de la maire.
18:13Géoselle va tenter de les convaincre, car désormais, toutes les nouvelles
18:19installations qui ont un impact sur l'environnement doivent faire
18:22l'objet d'une concertation et d'un débat public.
18:25Plus question d'imposer les usines, comme dans les années 60.
18:30Les dirigeants de Géoselle le savent.
18:33Une partie de la ville est hostile au projet.
18:36La séance s'annonce houleuse.
18:40Bonsoir à tous, je suis très heureux de vous voir aussi nombreux
18:42aujourd'hui pour ouvrir cette concertation.
18:47Moi, j'ai bien entendu les questions et les oppositions de certains
18:51concernant le projet que nous portons aujourd'hui.
18:54Nous sommes là ce soir, comme nous serons présents à chaque
18:57moment de la concertation, pour déjà vous écouter, vous répondre
19:03et j'espère débattre, parce que ce mot pour moi est quand même
19:06très important, et avoir un échange ouvert et constructif.
19:13Le projet, c'est tout d'abord une ferme solaire qui permet de
19:17produire de l'énergie, de l'électricité décarbonée, puisque
19:20c'est de l'énergie solaire.
19:22Ça correspond, en décarbonation, à éviter d'émettre 105 000 tonnes
19:29de CO2 par an, 105 000 tonnes, c'est la moitié du bilan carbone
19:34de la ville de Marseille.
19:36Et à l'échelle d'une année, le projet sera autonome en énergie,
19:39c'est-à-dire qu'il apportera autant d'énergie qu'il n'en a besoin
19:43pour produire de l'hydrogène.
19:45Il y a madame ici, il y a monsieur en vert là, il y a monsieur
19:51là-bas ici, il y a monsieur qui est là-bas, il y a monsieur ici,
19:54il y a monsieur ici.
19:55Écoutez, moi je me demande pourquoi on veut absolument détruire
19:58ces deux états, c'est le seul poumon de vie qu'il nous reste
20:00un petit peu, le seul poumon de verre de l'eau, alors qu'on en a
20:04du côté ouest une zone industrielle, où cette zone industrielle,
20:09il n'y a plus rien, il n'y a plus d'arbres, les marais sont en train
20:12de rouvrir, et donc pourquoi ne pas l'installer là ?
20:21Mais en fait, on ne prévoit pas de détruire les étangs,
20:24on vient superposer des panneaux photovoltaïques.
20:28Vous avez effectivement mentionné d'autres zones pour implanter
20:32ces 500 hectares de panneaux photovoltaïques.
20:34Aujourd'hui, trouver un foncier sans déboiser, sans détruire
20:38la nature, pour mettre 500 hectares de panneaux photovoltaïques,
20:43c'est quasiment impossible dans la région.
20:58Le projet tel qu'il est présenté actuellement, est vraiment
21:02une dégradation impensable et désastreuse pour la ville.
21:07Donc, je disais, il faudrait renoncer à ce projet pour permettre
21:13aux habitants de respirer un peu mieux.
21:22Alors, posez-vous la question, est-ce que vous voulez continuer
21:26à avoir des cancers dans la région ?
21:28Est-ce que vous voulez continuer à subir cette pollution ou vous
21:32voulez vivre avec une énergie renouvelable ?
21:35C'est la question qu'il faut se poser.
21:37On est courts ou on est cons, mais posez-vous cette question.
21:41Monsieur le maire, vous avez la parole.
21:44Pour le maire de Fos, soutien du projet.
21:48On va vous donner un micro.
21:49Les réticences des habitants ne seront pas sans conséquences
21:53sur leur avenir.
21:54Que direz-vous à vos enfants dans 40 ans ?
21:59Que vous vous êtes battus contre des projets.
22:02Oui, oui, oui, que vous vous êtes battus contre des projets.
22:07Attendez, c'est comme ça la concertation ?
22:09Bravo les démocrates.
22:12Il n'y a pas de choix, c'est comme ça, parce que sinon,
22:15les panneaux et l'hydrogène, on les fera en Espagne.
22:18Les panneaux et l'hydrogène, on les fera au Maroc.
22:21On les fera bien ailleurs.
22:22Et effectivement, on se retrouvera sans industrie,
22:27sans électricité et sans tout le reste.
22:31Applaudissements
22:36La concertation s'est achevée au début de l'été.
22:39Le rapport issu des réunions publiques soulève le clivage
22:42au sein des participants, la défiance des opposants
22:45et le rejet d'une lieu d'implantation d'ivance.
22:48Un avis consultatif.
22:51Romuald de Meunier et Jean-Louis Sagnal ont le sentiment
22:54d'avoir réussi à faire bouger les lignes.
22:59On s'est fait entendre, c'est certain.
23:01C'est certain, on s'est fait entendre.
23:03Est-ce qu'on a réussi à arrêter le projet ?
23:08Ça ne l'est pas.
23:10On s'est fait entendre.
23:12Ça a permis aux gens et notamment aux décideurs
23:15de changer leur regard sur la chose.
23:19Et c'est ça qui est important.
23:20Nous restons, bien sûr, demandeurs et optimistes
23:24pour l'abandon complet du projet sur cette zone.
23:29Ils ont remporté une première victoire.
23:33Face à l'opposition, désormais, le maire demande lui aussi
23:37le retrait du projet.
23:39Géoselle a pris acte des inquiétudes exprimées
23:42lors de la concertation.
23:44Ivance ne verra pas le jour tel qu'il a été présenté.
23:47Depuis son siège, la directrice du projet
23:50travaille à une alternative.
23:53On a entendu des oppositions pendant la concertation,
23:56mais on n'a pas entendu d'opposition
23:58contre le principe de notre projet.
24:00C'est-à-dire, c'est un point qu'on a noté,
24:03c'est-à-dire qu'on n'a trouvé personne qui nous dise
24:07votre projet n'a pas de sens, c'est-à-dire de décarboner.
24:10Ce n'est pas ça qui a été remis en cause.
24:12Parmi les oppositions,
24:16il y a des questions de sécurité
24:19autour de l'usine de l'usine d'hydrogène
24:23et également des questions d'impact paysager.
24:28On va revoir le projet en profondeur.
24:31On ne va pas le faire tel qu'il avait été présenté au départ.
24:35Maintenant, un projet d'une telle ampleur,
24:36la revue d'un projet d'une telle ampleur, ça prend du temps.
24:40Malgré les réserves, Géoselle n'abandonne pas le projet.
24:46La zone industrielle au portuaire n'a pas d'autre choix
24:49que de décarboner, développer de nouvelles énergies
24:53et une industrie plus propre.
24:56L'opportunité d'un renouveau économique pour la ville et ses habitants.
25:00Quand vous annoncez panneaux photovoltaïques,
25:03hydrogène, SAF, e-carburant, ce qui va se faire, c'est énorme.
25:11Au moment de la construction, c'est peut-être 30 000 emplois.
25:14Comment les acheminer sur les chantiers, ça va être une sacrée aventure.
25:18Un autre défi attend Fauss, celui des infrastructures.
25:24La départementale qui mène aux ports et aux industries est déjà saturée.
25:28Tous les jours, la même file de camions s'étire.
25:32Malheureusement, rien n'est adapté, que ce soit le réseau routier,
25:36qui, effectivement, est le même depuis 50 ans.
25:42On n'a pas mesuré l'importance de ce qui se passait ici.
25:46Mais il nous faut, comme les autres, les outils nécessaires.
25:50J'ai beau prendre mon bâton de pèlerin et monter sur Paris
25:54pour essayer d'expliquer tout ça,
25:56chaque fois, effectivement, j'ai des oreilles attentives,
26:00des oreilles intéressées, mais au bout du bout,
26:03pas grand-chose qui se passe.
26:06Fauss attend des investissements publics à la hauteur des enjeux
26:10et du chantier colossal entrepris par les industriels.
26:15L'enjeu est stratégique pour atteindre l'objectif de neutralité carbone
26:19fixé par l'État pour 2050.