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00:00 Bonjour Agathe Crow, vous êtes animatrice de prévention et chargée de projet au planning familial 37.
00:06 Cette hausse des consultations que révèle cette étude avec toujours un public majoritairement masculin,
00:12 est-ce que ce n'est pas une désillusion pour vous qui tentez de sensibiliser les jeunes d'année en année ?
00:18 Non, c'est vraiment en corrélation avec ce qu'on voit sur le terrain.
00:26 On voit effectivement une consommation de porno assez significative chez les jeunes et notamment chez les garçons.
00:33 Comment on explique ces chiffres effarants ?
00:36 Je pense que peut-être les jeunes manquent d'espace pour parler de sexualité
00:41 et qu'il y a cette curiosité qui nous touche tout à chacun de vouloir apprendre, savoir comment ça se passe.
00:49 Il semblerait que pour beaucoup de jeunes, le porno soit un support qui leur semble assez pertinent.
00:55 On peut dire qu'il y a une sorte d'héritage du Covid.
00:57 On a connu la solitude des plus jeunes qui n'allaient pas à l'école.
01:01 Est-ce que ça a permis de visualiser plus de porno ?
01:06 C'était un phénomène qu'on observait nous avant, de toute manière, dans nos interventions sur le terrain auprès des jeunes.
01:12 Après je pense que ce n'est pas impertinent de dire que peut-être le Covid a maintenu ce phénomène, voire même peut-être l'a exacerbé.
01:20 L'étude stipule que ces consultations massives de sites porno se font essentiellement sur le téléphone portable, à l'abri des parents.
01:29 C'est le bon coupable de la situation ?
01:32 Je ne sais pas. En tout cas, c'est le support le plus adapté, le plus pratique.
01:37 On sait que maintenant les jeunes ont le téléphone dans la poche un peu en permanence, avec des forfaits internet,
01:43 avec tout ce qu'il faut pour aller voir tout ça.
01:46 Il y a un petit souci aussi au niveau de la législation.
01:50 Il faut rappeler quand même que le porno est interdit aux moins de 18 ans.
01:54 Pour accéder à un site pornographique quand on a moins de 18 ans, c'est très facile.
01:58 Il suffit de cliquer sur un bouton en affirmant qu'on a bien 18 ans.
02:02 Je pense que ça c'est déjà un des premiers problèmes.
02:05 L'État ne fait pas assez, justement ?
02:07 L'État tente de légiférer. L'État pourrait sûrement faire mieux, effectivement.
02:14 Après, il y a des soucis de liberté informatique et de droit international aussi,
02:20 parce que les sites qui proposent des contenus pornographiques ne sont souvent pas en France, hébergés ailleurs qu'en France.
02:28 Je pense que ça doit poser des petits soucis en termes de législation.
02:32 L'Arkham tente quand même de fermer, de resserrer la possibilité de regarder.
02:37 Elle veut notamment condamner certaines plateformes.
02:41 Ça aussi, il faut aller encore plus loin, ou pas ?
02:43 Oui, en tout cas, ça bouge.
02:45 C'est des sujets qu'on aborde depuis assez récemment, je dirais.
02:50 C'est bien que le gouvernement, que les pouvoirs publics s'emparent de cette question
02:55 et admettent qu'il y a sûrement un souci à ce niveau-là.
02:59 Les conséquences sont quand même assez visibles.
03:04 Ça donne des visions de la sexualité qui sont un peu biaisées,
03:10 qui sont basées sur des notions de performance et moins de plaisir.
03:14 La question du consentement, on sait que dans le porno,
03:17 elle n'est jamais très centrale et que souvent, il n'y a pas de ce consentement.
03:23 Ou alors, si il y en a, elle n'est souvent pas respectée.
03:25 Même si le consentement, on en parle quand même de plus en plus dans la société.
03:28 On fait de la prévention davantage.
03:30 On en parle heureusement de plus en plus.
03:33 Mais je vous dis, les principaux supports d'éducation pour les jeunes d'auto-éducation, si je puis dire, c'est le porno.
03:39 Et malheureusement, dans le porno, le consentement, il est rarement présent.
03:43 - Le problème, il est dans les foyers. Les mentalités n'ont pas changé.
03:46 Il y a toujours ce tabou du sexe.
03:49 - Ça dépend des familles, je dirais.
03:51 Alors, il y a des poids culturels, culturels.
03:54 Il y a des poids divers et variés, des facteurs divers et variés.
04:02 Je ne sais pas si les familles sont les premières concernées dans l'éducation à la santé sexuelle, à la vie affective.
04:10 Je pense aussi à l'éducation nationale, à cette obligation de trois heures d'éducation à la vie affective et à la santé sexuelle.
04:17 - Qui ne sont pas respectées. Vous l'avez condamné il y a quelques mois.
04:19 - Voilà, exactement.
04:21 Donc voilà, il y a tout ça. Je pense que c'est un truc plutôt global.
04:25 - Vous conseillez quoi aux parents qui sont tombés sur ces chiffres hier de l'ARCOM ?
04:30 Il faut faire quoi pour essayer d'aborder la question de la sexualité avec ces jeunes ?
04:35 - Il faut en parler, je pense. C'est la première chose.
04:38 Et si les parents ne se sentent pas en parler, il y a des associations et des professionnels qui sont là pour le faire, qui peuvent prendre le relais.
04:44 Il arrive très souvent qu'il y ait des parents qui nous appellent pour prendre rendez-vous pour leurs enfants, sans les parents.
04:49 Et puis on n'est pas la seule association à le faire.
04:52 Il y a des professionnels à l'éducation nationale aussi qui sont là pour le faire.
04:56 En tout cas, c'est de laisser le dialogue ouvert et de surtout ne pas diaboliser les choses.
05:00 Et voilà, de ne pas se voiler la face. Le porno existe, la sexualité des jeunes existe, elle est là.
05:06 Donc il faut pouvoir s'en saisir, accompagner, plutôt que de sanctionner et de couper le dialogue, je pense.
05:12 - Et avoir du recul sur ces vidéos pornographiques.
05:15 Merci beaucoup Agathe Croix d'être intervenue ce matin sur notre Antet.
05:19 Je rappelle que vous êtes animatrice de prévention et chargée de projet au planning familial 37.
05:23 Merci à vous.