Turquie : virage nationaliste de Kiliçdaroglu avant le second tour

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00:00 Je vous le disais également en titre, J-2 avant le second tour de la présidentielle et des législatives en Turquie.
00:05 Depuis le premier tour, la campagne s'est nettement radicalisée.
00:08 Le candidat de l'opposition Kemal Kéliç Arurlu multipliant notamment les sorties anti-réfugiés pour séduire l'électorat ultranationaliste,
00:15 grand vainqueur du premier tour au sein de l'Assemblée nationale en tout cas, en rejoint à Istanbul Ludovic de Foucault.
00:20 Ludovic, malgré ses efforts de Kemal Kéliç Arurlu pour séduire cet électorat,
00:26 Recep Tayyip Erdogan est toujours donné en tête selon les sondages.
00:30 Bonjour Ashren.
00:33 Oui, on voit que la chasse aux voix nationalistes, ultranationalistes ne favorise pas l'opposition, en tout cas au niveau des sondages.
00:41 Alors pourquoi ? D'abord parce qu'il s'agit des réservoirs de voix qui n'est pas si important au fond, 2.800.000 voix.
00:49 On sait par ailleurs que c'est un électorat qui est volatile et qui pourrait, qui devrait se répartir entre les deux camps.
00:56 Je vous rappelle que le monsieur 5%, le troisième homme de cette présidentielle, Sinan Oğan, a déclaré son soutien à Recep Tayyip Erdogan,
01:05 tandis que le principal parti qui le soutenait, le parti de la victoire, a lui déclaré son soutien à Kemal Kéliç Arurlu.
01:12 Donc cet électorat se voyait un peu comme le juge de paix dans cette élection, ça ne sera pas le cas.
01:19 En revanche, on peut dire qu'il aura réussi à imposer ses thèmes dans cette entre-deux-tours de la présidentielle.
01:25 Maintenant pour Kemal Kéliç Arurlu, il en est persuadé, il reste encore des voix à aller chercher chez les abstentionnistes.
01:31 Et il a ciblé deux catégories en particulier, les électeurs du sud-est turc, donc un territoire majoritairement peuplé de Kurdes.
01:39 C'est vrai que là on a vu qu'au premier tour, la participation était un peu plus faible que la moyenne nationale.
01:45 Et puis il reste aussi les jeunes, cette fameuse génération Z, dont on dit qu'elle est moins intéressée par la politique, plus désabusée.
01:53 Donc voilà, Kemal Kéliç Arurlu en est persuadé, il y a encore quelques millions de voix à aller chercher.
01:58 Et il exhorte vraiment tout le monde à se rendre aux urnes dimanche prochain.
02:02 Ça risque quand même, même à ce niveau là, d'être difficile, puisque je vous rappelle qu'au premier tour, la participation était déjà exceptionnelle à 87%.
02:11 Et cette fin de campagne, Ludovic, a été ultra violente à l'égard des réfugiés, notamment des Syriens.
02:20 Oui, alors ça fait quand même quelques années que ce sentiment xénophobe, ce sentiment même raciste, parfois on peut le dire,
02:27 anti-réfugiés, anti-syriens en particulier, monte. On l'a beaucoup documenté pour France 24.
02:33 On a vu d'ailleurs ce sentiment monter à mesure que l'économie chutait.
02:37 C'est vraiment deux mouvements, on va dire, qui sont corrélés.
02:40 Et c'est vrai que l'opposition a vraiment surfé sur ce sentiment, voire l'a encouragé, parce qu'elle y voyait un moyen, un angle, si vous voulez,
02:47 pour enfoncer un coin dans la popularité, dans la politique gouvernementale.
02:52 Après, le camp Erdogan n'est pas en reste. C'est-à-dire qu'on voit bien que l'opposition est la plus brutale, la plus offensive sur ce sujet.
02:59 On voit fleurir dans les villes des affiches, des pancartes de l'opposition, avec écrit "les Syriens partiront".
03:06 C'est évidemment extrêmement violent pour toutes ces familles syriennes qui vivent dans le pays depuis 10 ans
03:10 et qui savent très bien ce qui les attend si elles devaient rentrer en Syrie.
03:13 Mais comme je vous le disais, le camp Erdogan n'est pas en reste et on le voit renouer avec un projet de renvoi,
03:19 de départ volontaire des Syriens de Turquie vers la Syrie.
03:24 Le projet, c'est d'installer ces Syriens dans le nord-est de la Syrie,
03:29 donc des territoires qui sont de facto sous contrôle, sous administration, sous occupation, on peut dire, de la Turquie.
03:35 La Turquie y construit des milliers de logements, demande même l'aide de l'Union Européenne pour ce faire
03:42 et veut installer là-bas des populations syriennes qui vivent en Turquie mais qui ne sont pas originaires de ces territoires
03:49 qui sont justement à l'origine peuplés de Kurdes.
03:52 C'est pour ça qu'il y a beaucoup d'observateurs, d'associations, d'organisations, d'ONG qui critiquent ce projet en parlant d'ingénierie démographique.
04:01 Donc effectivement la communication est beaucoup plus brutale et violente côté opposition,
04:06 mais vous posez la question à n'importe quelle Turque, honnêtement, aujourd'hui, à propos des Syriens
04:11 quelle que soit leur affiliation politique, vous verrez qu'il y a vraiment un consensus dans la société turque, tout le monde veut qu'ils partent.
04:18 Merci beaucoup Ludovic pour ces précisions et on vous retrouvera bien évidemment dimanche soir dans le cadre de notre édition spéciale consacrée au second tour.

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