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00:00 On passe à notre invité qui pour une fois n'est pas coutume, nous vient des étoiles.
00:04 Il est le premier Sénégalais à avoir un astéroïde qui porte son nom.
00:08 Son travail bénéficie de la reconnaissance internationale.
00:10 Ainsi, il est à Paris pour recevoir le prix Marcel Moy, décerné pour la première fois à un Africain.
00:17 Merci Maram Khaire d'être l'invité du journal d'Afrique de France 24.
00:20 Merci à vous de me recevoir.
00:22 Alors, on va essayer de parler un petit peu de vous parce que, évidemment, vous avez une actualité chargée.
00:26 Mais racontez-nous parce que ce n'est pas commun, évidemment, d'avoir cette passion pour les étoiles.
00:31 Et vous, c'est né à l'âge de 12 ans au Sénégal.
00:34 Écoutez, tout à fait, c'est né à l'âge de 12 ans et je peux dire que le virus ne m'a jamais quitté.
00:39 Et c'est un virus qui est tenace et peut-être c'est pour ça qu'on essaie aujourd'hui de l'inoculer à toutes les personnes que nous rencontrons autour de nous.
00:45 J'avais pour rêve, en fait, de faire de ma vie autour de l'astronomie.
00:50 Et malheureusement, il n'y avait pas d'enseignement de l'astronomie au Sénégal, il n'y avait pas d'infrastructure.
00:55 Et il fallait faire un choix à un moment donné.
00:57 Donc, le choix a été de sortir, d'aller étudier ici en France.
01:01 Et les parents n'étaient pas très d'accord, en fait, pour que je fasse de l'astronomie,
01:05 en prévision d'un retour où je n'aurais pas de travail dans mon propre pays.
01:08 Donc, après quelques années ici, j'ai été obligé, en fait, d'opter pour l'ingénierie système,
01:12 en essayant de garder toujours cette passion pour l'astronomie.
01:15 Et à un moment, je me suis dit, en fait, qu'il ne fallait pas du tout être égoïste.
01:18 Mais il faut penser à ces jeunes qui sont derrière moi, qui auront envie également de se tourner vers les étoiles,
01:24 de faire de l'astronomie, mais qui ne pourraient pas avoir les infrastructures nécessaires au Sénégal.
01:28 Donc, j'ai pris la décision de rentrer en 2006 pour mettre en place cette association
01:33 pour la promotion et la vulgarisation de l'astronomie,
01:35 mais travailler également pour connaître toutes les infrastructures nécessaires
01:40 pour que demain, toute personne intéressée par les sciences spatiales
01:43 puisse le faire dans notre propre pays sans avoir besoin peut-être de sortir.
01:47 - Alors là, vous avez été nommé depuis mars à la tête de l'agence
01:52 qui vient d'être lancée justement, l'agence sénégalaise des études spatiales.
01:58 Avant de parler de ça et de votre ambition au sein de cette agence,
02:01 j'aimerais qu'on parle un petit peu de ce que vous avez fait grâce à la NASA,
02:05 parce que vous avez travaillé sur trois missions au sein de la NASA,
02:07 sur cette question dont on parle peu et qui finalement est assez passionnante.
02:12 Moi, j'ai trouvé ça vertigineux.
02:13 Vous avez trouvé des traces, justement, de l'astronomie sur le continent africain
02:18 et en particulier au Sénégal sur un site. Racontez-nous.
02:22 - Écoutez, c'est partie déjà effectivement de cette collaboration avec la NASA
02:25 qui a démarré en 2018.
02:26 Donc, on a été contacté par la NASA pour l'accompagner dans sa mission d'exploration
02:31 du système solaire.
02:32 Donc, il y a ce qu'on appelle des campagnes d'occultation stellaire
02:34 qui jouent une importance capitale dans la réussite des sondes
02:38 que la NASA envoie dans l'espace.
02:40 Et donc, d'abord, c'était la sonde New Horizon qui a été visitée
02:42 à la planète Pluton et qui devait aller rencontrer un astéroïde
02:45 à 6 milliards de kilomètres de notre planète.
02:48 Donc, on a accompagné la NASA dans cette première mission.
02:50 Une deuxième mission a suivi pour une nouvelle sonde qui s'appelle Lucy
02:53 en 2020 puis en 2021.
02:55 Et une réalisatrice a souhaité faire un film pour la NASA
03:00 dans le cadre de cette dernière mission.
03:02 Et puis, je pense qu'ils l'ont orienté naturellement
03:05 vers ce que nous étions en train de faire ensemble au niveau du Sénégal.
03:08 Et c'était parti pour être un film biographique.
03:11 Mais j'ai souhaité en fait qu'on fasse apparaître dans ce film
03:14 les traces d'une astronomie, aussi bien dans la civilisation musulmane
03:19 parce qu'on s'est rendu compte en fait que depuis 100 ans,
03:22 ils s'en servaient régulièrement pour orienter les mosquées vers la Mecque.
03:26 Ils s'en servaient pour mesurer la trajectoire et position du soleil
03:29 pour pouvoir déterminer les heures de prière et un calendrier lunaire.
03:32 Donc, tout ça, en fait, c'était intéressant.
03:34 Mais la grande découverte, en fait, ça a été des sites mégalithiques
03:38 qui sont dans la région sénégambienne.
03:40 Donc, c'est incroyable.
03:42 Mais aujourd'hui, le Sénégal abrite la plus grande concentration
03:46 de cercles mégalithiques, près de 1900 cercles qui ont été construits
03:49 entre 2000 et 3000 ans.
03:51 Et ce qu'on a découvert dans le cadre de ce film,
03:53 avec un de mes amis qui est à la NASA,
03:56 on a fait des mesures et on s'est rendu compte que 1900 cercles,
04:00 les échantillons que nous avons pu nous étudier,
04:02 ont été positionnés sur la base de connaissances astronomiques,
04:05 les équinoxes, les solstices, ainsi de suite.
04:07 Et une chose intéressante, c'est que ça date de 2000-3000 ans.
04:13 Donc, sans les connaissances modernes que nous avons aujourd'hui
04:15 avec de l'astronomie.
04:17 Mais en faisant ces mesures avec le GPS,
04:19 on est arrivé à des précisions incroyables,
04:21 jusqu'à trouver des angles de 23 degrés
04:24 qui correspondent à l'axe d'inclinaison de la Terre
04:27 dans sa rotation.
04:30 Mais également, de retrouver des sortes de boussoles sur le sol
04:35 où vous avez avec précision les angles nord, sud, est, ouest,
04:39 les positions de coucher, levé du soleil pendant toute une année.
04:44 Et ça, c'est extraordinaire.
04:45 C'est extraordinaire et passionnant.
04:47 Alors, un mot, racontez-nous, justement,
04:49 l'Agence spatiale sénégalaise, c'est tout nouveau.
04:52 Comme ambition, il y a ce satellite
04:54 qui devrait être lancé en 2023.
04:55 Où est-ce qu'on en est?
04:57 Écoutez, le président de la République,
04:59 Son Excellence Macky Sall, a pris la décision le 23 mars,
05:02 d'ailleurs, c'était lors du lancement de ce film,
05:04 de créer l'Agence sénégalaise d'études spatiales.
05:06 Et ça a été concrétisé par le décret le 29 mars.
05:09 Alors, l'objectif aujourd'hui, c'est d'accompagner ce projet
05:13 qui est déjà le premier satellite qui est en cours de développement.
05:16 Nous espérons qu'il puisse être finalisé d'ici la fin de l'année.
05:19 Si ce n'est pas le cas, ce sera en 2024.
05:21 Il est en cours de développement.
05:22 - À Montpellier.
05:23 - À Montpellier, au CSUM de Montpellier,
05:25 où les jeunes sénégalais sont en train de se former.
05:27 Mais de façon beaucoup plus globale,
05:29 cette Agence a pour mission aujourd'hui de définir
05:31 une politique et une stratégie spatiale pour le Sénégal,
05:34 de coordonner toute l'activité spatiale du pays,
05:36 mais également d'aller vers au moins les axes prioritaires,
05:39 qui sont les axes de développement.
05:41 Faire du spatial un levier de croissance,
05:43 un levier de développement et d'atteindre des objectifs
05:45 de développement durable.
05:46 Ça va être les infrastructures que nous allons construire au sol,
05:49 le développement de la formation, parce qu'aujourd'hui,
05:51 on tient beaucoup à cet aspect transfert de compétences.
05:53 - Bien sûr.
05:54 - Ça va être la coopération internationale.
05:56 On n'a pas aujourd'hui la vocation de réinventer la roue.
06:00 Il y a des choses qui se font très bien.
06:01 Et nous allons travailler aussi bien avec les pays africains
06:04 que les pays occidentaux pour aller le plus rapidement
06:07 occuper cette place que nous voulons
06:09 dans la grande table des nations spatiales.
06:12 - C'est tout ce qu'on vous souhaite.
06:13 Merci à vous, Mariam Karé, d'être venue sur ce plateau
06:16 du Journal de l'Afrique. C'est ainsi que l'on se retrouve.