Présidentielle en Turquie : Recep Tayyip Erdogan réélu président avec 52 % des voix

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00:00 Bonjour à tous, c'est donc à Istanbul, juché sur un bus, que Recep Tayyip Erdogan a pris la parole pour revendiquer la victoire devant ses partisans.
00:08 Le président sortant vient de l'emporter. C'est désormais officiel au second tour de l'élection présidentielle avec 52% des suffrages.
00:17 Son rival Kemal Kiliceoglu a lui recueilli, vous le voyez, un peu moins de 48% des voix.
00:24 Je vous propose d'écouter Recep Tayyip Erdogan.
00:26 Vous avez choisi la direction que vous vouliez donner à notre pays pour les cinq prochaines années.
00:34 Vous nous avez confié la responsabilité. Je veux tous vous remercier.
00:40 Si Dieu le veut, nous nous montrerons dignes de votre confiance, comme nous l'avons été pendant 21 ans.
00:48 Nous continuerons d'en être dignes. Qu'est-ce que j'avais dit ? Nous ne nous arrêterons pas ce dimanche. Nous irons jusqu'à la tombe.
00:59 Bye bye Kemal.
01:03 Et on va tout de suite prendre la direction d'Ankara. Ludovic Defuco, vous vous trouvez aux abords du palais présidentiel.
01:09 Il y a une foule massive rassemblée ce soir aux abords du palais.
01:15 Le président réélu, Recep Tayyip Erdogan, y est attendu sur place dans les prochaines heures.
01:21 Oui, c'est ça. Voir les prochaines minutes, d'après ce que sa conseillère m'a dit.
01:27 D'ailleurs, c'est assez surprenant qu'il prenne la parole à Ankara au palais présidentiel et pas, comme il en a l'habitude, sur le balcon du QG de son parti, la KP.
01:38 C'est un signal pour dire qu'il fête sa victoire dans la capitale, non pas comme un chef de parti, mais comme le président de tous les Turcs, le président de la Turquie.
01:50 Il y a effectivement beaucoup de monde. Je me suis un peu éloigné pour qu'on puisse s'entendre. Il n'y a pas assez de réseaux pour qu'on puisse établir une connexion vidéo.
01:57 Je peux vous raconter un peu par téléphone ce que je vois. Il y a beaucoup de drapeaux turcs, beaucoup de joie, beaucoup de danse, beaucoup de famille.
02:04 Il y a énormément d'enfants, beaucoup d'enfants en bas âge d'ailleurs. C'est un peu ça que les gens nous disent.
02:09 C'est aussi la victoire des valeurs familiales, des valeurs traditionnelles de la famille turque.
02:14 Et puis, quand on discute avec les gens, on sent que c'est une victoire teintée de beaucoup de revanchisme.
02:20 C'est-à-dire qu'ils nous disent, voilà, l'opposition, ils s'y sont mis à 6, à 7 ou 8, mais ils n'y arrivent pas.
02:26 Tout le monde veut nous faire tomber, mais c'est nous qui restons les plus forts.
02:30 Et puis, c'est aussi un signal pour le monde, parce que c'est ça qu'ils nous disent.
02:34 Ils ont l'impression que le monde entier leur en veut, que le monde entier veut voir tomber Recep Tayyip Erdogan.
02:39 Mais rien n'est fait. C'est toujours lui qui est au pouvoir.
02:42 Évidemment, ils n'ont pas la sensation qu'il est favorisé par, disons, le système, puisque tous les médias lui sont favorables,
02:49 ou la grande majorité, que les médias publics sont devenus des médias d'État, que les institutions sont verrouillées.
02:54 Et enfin, vous savez, on parle de toutes ces choses-là très régulièrement sur nos antennes,
03:00 mais c'est pas du tout comme ça qu'ils voient les choses.
03:02 Eux, ils ont l'impression d'être toujours dans le viseur d'une sorte de complot généralisé
03:08 avec des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur qui feraient tout pour faire tomber leur réisse et qui n'y parviennent pas.
03:13 Et ça rend leur victoire, pour eux, ce soir, d'autant plus belle, d'autant plus éclatante, quel que soit le score.
03:19 52%, ça montre aussi un pays divisé, mais c'est pas comme ça qu'ils le voient.
03:24 Pour eux, c'était écrasant et c'est une démonstration de force.
03:26 Ludovic, comment expliquer ce tel engouement de plus de la moitié des Turcs, donc,
03:32 pour un président qui est au pouvoir depuis 20 ans et qui laisse un pays dans une situation économique plutôt désastreuse ?
03:41 Son bilan n'est pas forcément reluisant et pourtant, on continue d'en demander pour 5 ans.
03:47 Oui, je crois que, pour dire les choses rapidement, il y a deux choses à prendre en compte.
03:52 D'abord, il y a quand même un socle électoral extrêmement fort qui votera pour lui quoi qu'il arrive,
03:57 surtout au niveau de l'Anatolie et Central, des populations beaucoup plus conservatrices et rurales
04:04 qui, en plus, peut-être ressentent moins la crise économique que des populations plus urbaines, peut-être aussi plus jeunes, plus diplômées.
04:14 Ça, c'est la première chose. Et puis, je crois qu'il y a aussi, pour tous ceux qui auraient pu être tentés par le changement
04:20 et qui ont pu même, à un moment, être sensibles aux arguments de l'opposition,
04:24 qui, quelque part, trivialement, avaient un boulevard avec la situation économique,
04:29 avec la réponse très tardive et défaillante après les tremblements de terre.
04:36 Mais le problème, et c'est ce que beaucoup de partisans du président ou même d'abstentionnistes m'ont dit,
04:41 le problème, c'est l'absence de crédibilité, de confiance en la capacité de l'opposition à mener fermement le pays.
04:49 Ça reste quand même, je pense, une société qui a besoin d'un leader fort.
04:53 C'est ce à quoi Recep Tayyip Erdogan les a habitués.
04:56 Et la stratégie de l'opposition n'a pas convaincu ceux qui auraient pu, à un moment, être tentés.
05:01 Parce qu'ils ont vu Kemal Kiliç Daroğlu essayer de séduire un électorat pour s'en aliéner un autre
05:07 et puis du coup pour essayer de séduire le second, mais du coup s'aliéner les premiers.
05:13 Et l'attelage qu'il a monté avec tous ces partis différents qui représentent des sensibilités parfois même contraires,
05:19 finalement, n'a pas convaincu ces électeurs qui auraient pu éventuellement basculer d'un camp à l'autre,
05:25 même si ça reste toujours très compliqué de basculer d'un camp à l'autre ici dans ce pays,
05:29 parce que les camps sont vraiment retranchés, la société est vraiment clivée.
05:33 Et c'est aussi ça l'un des héritages, l'un des succès, on peut dire,
05:39 ou plutôt l'un des produits, l'une des conséquences de ce long règne d'Erdogan qui va donc se continuer encore.
05:44 - Ludovic Defoucault en direct d'Ankara, merci beaucoup.
05:48 ou le candidat de l'opposé.

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