Retrouvez "Le court sur la main" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-court-sur-la-main
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00:00 Le tennis est un sport individuel.
00:03 Pourtant, il n'est jamais plus beau que lorsqu'il est collectif.
00:07 Des champions, des champions s'engagent hors des cours pour des causes qui leur tiennent à cœur.
00:12 Bienvenue dans "Le cours sur la main",
00:15 un podcast produit en partenariat avec BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:22 Le cours sur la main
00:24 Arthur Hache, Yannick Noah, père spirituel et frère de lutte
00:47 Le 5 juin 1983, un Français soulève victorieusement la coupe des Mousquetaires sur le central de Roland-Garros.
00:54 A ce moment-là, bien sûr, on n'imaginait pas que 40 ans plus tard, on attendrait toujours son successeur.
01:00 Vraiment, je suis heureux pour ce qui est arrivé à Yannick, qui a consenti des sacrifices depuis un bon bout de temps.
01:07 Je crois que dans Yaoundé, il n'y avait pas beaucoup de voitures qui circulaient aujourd'hui dans les rues.
01:13 Tout le monde écoutait et vraiment s'adhérait à la fête là-bas.
01:17 Au moment de commenter à chaud la victoire de son fils,
01:20 Zachary Noah a une pensée pour Yaoundé.
01:23 Parce que c'est sa ville natale, parce que c'est là où a grandi Yannick.
01:27 Mais aussi et surtout, parce que c'est là, à Yaoundé, que l'une des plus belles histoires du tennis français a débuté.
01:34 Il faut remonter 12 années en arrière.
01:42 En 1971, un tennisman américain étant tourné en Afrique de l'Ouest pour jouer des matchs-exhibition.
01:48 Et pas n'importe quel tennisman.
01:50 Arthur Ashe, premier joueur noir à remporter un tournoi du Grand Chlem, l'US Open en 1968.
01:57 Premier joueur afro-américain à être sélectionné dans l'équipe de coupe d'Evise des États-Unis, qu'il remporte la même année.
02:03 Bref, Arthur Ashe est une star, un symbole aussi, et un homme engagé.
02:11 La tournée d'Arthur Ashe passe par le Cameroun.
02:14 Il n'y a pas plus de 8 ou 9 cours de tennis dans tout le pays.
02:17 Pendant une halte à Yaoundé, Arthur Ashe commence à échanger quelques balles avec les gamins du coin.
02:22 Parmi eux, un jeune garçon, d'une dizaine d'années.
02:25 Un certain Yannick Noah.
02:28 Le niveau du jeune franco-cameroonais l'impressionne tellement, que quelques jours plus tard, il en parle à Philippe Châtrier,
02:35 le président de la Fédération française de tennis.
02:38 Une place lui est trouvée en sport étudiant à Nice.
02:40 La carrière du futur vainqueur de Roland-Garros 83 vient de démarrer.
02:45 Et le jeune Yannick Noah ? Que garde-t-il de sa rencontre avec son idole ?
02:52 Des souvenirs et des rêves plein la tête, bien sûr.
02:55 La raquette d'Arthur Ashe, offerte par le champion, et puis une affiche, dédicacée, où est écrit
03:02 "Pour Yannick, on se retrouve à Wimbledon".
03:05 Comme dans un scénario trop parfait pour être vrai, les deux se retrouvent effectivement à Wimbledon, des années plus tard.
03:12 En 1978, sur une idée d'Arthur Ashe, Yannick Noah dispute le tournoi de double,
03:18 aux côtés de celui qui est devenu son mentor.
03:21 Deux ans après, en 1980, Arthur Ashe met un terme à sa carrière à cause de problèmes au cœur.
03:27 Ironie du sort pour un champion qui n'en manquait pas.
03:30 Transfusé pendant un double pontage, il contracte le sida. Il en meurt le 6 février 1993, à l'âge de 49 ans.
03:39 L'histoire de ma vie passe par Arthur. C'est Arthur qui a commencé à m'ouvrir les premières portes, à m'aider, à me donner sa confiance.
03:46 Mais surtout qui m'a donné un rêve. Le rêve d'un môme qui avait les yeux grands ouverts, et qui a vu un champion qu'il admirait.
03:52 Et il m'a aidé tout le long de ma carrière.
03:54 Mais Arthur c'est quelqu'un qui se battait pour ses idées, c'était quelqu'un qui existait au-delà de sa raquette.
03:59 Et lorsqu'il est arrivé au plus haut niveau et qu'il a eu le pouvoir et la parole, il n'a jamais oublié d'où il venait.
04:04 C'est quelqu'un qui a été respecté, qui sera toujours respecté pour l'homme qu'il était.
04:08 Les résultats, les Wimbledon, Open d'Australie, US Open n'ont pratiquement pas d'importance quand on pense à la dimension qu'avait Arthur.
04:17 Arthur Ashe était de tous les combats.
04:25 L'intégration des sportifs afro-américains, la défense des réfugiés haïtiens, la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, l'aide aux enfants atteints du sida.
04:33 Dès 1969, Arthur Ashe crée la National Junior Tennis and Learning League, une structure qui prodigue des cours de tennis aux enfants américains issus de milieux défavorisés.
04:44 Conscient que les jeunes dans les banlieues françaises sont tout aussi délaissés qu'outre-Atlantique, Noah s'inspire d'Arthur Ashe.
04:51 Il lance Fête le Mur en 1996, une association qui vise à introduire et pérenniser la pratique du tennis dans les quartiers dits sensibles.
05:00 Quand j'entends les réactions des uns et des autres, je suis assez halluciné.
05:04 On a l'impression qu'il y a des gens qui débarquent, qui découvrent qu'il y a des problèmes dans les cités, qui découvrent qu'il y a des gens qui sont oubliés, qui découvrent qu'il y a des gens qui sont traités comme des animaux.
05:13 Or, je veux croire que les cités, quand même, on en entend parler depuis un moment, mais qu'est-ce qui est fait concrètement pour les cités ?
05:19 Rien n'est fait, ou tellement peu.
05:22 Fête le Mur offre des leçons et des raquettes aux enfants, mais aussi des sessions de soutien scolaire, des vacances éducatives, des sorties culturelles.
05:30 L'objectif n'est pas de former des champions, mais d'utiliser le tennis comme un outil social.
05:35 J'ai vraiment le sentiment qu'on ne fait pas assez de sport, que c'est un bon moyen d'apprendre pas mal de valeurs,
05:42 à savoir le respect de l'adversaire, le respect de soi-même, la volonté.
05:47 Quand on a la possibilité d'avoir des enfants assez jeunes, on crée un lien et ces enfants, par la suite, se rendent compte d'abord qu'ils ne sont pas laissés à l'abandon,
05:55 qu'ils prennent confiance en eux.
05:57 Et dans la mesure où on a des partenaires qui sont fidèles depuis des années, très souvent, il y en a qui ont la possibilité d'entrer dans des sociétés, dans la société en général.
06:07 Notre objectif, c'est de faire en sorte que le tennis serve de tremplin.
06:10 On a tellement de jolis résultats que du coup, on est foutus, il faut qu'on continue jusqu'au bout.
06:15 Depuis plus de 25 ans, Noah ne ménage pas sa peine pour son association.
06:22 Il en fait régulièrement la promotion sur les plateaux de télé.
06:25 Il empile les kilomètres pour inaugurer les nouveaux sites.
06:28 Il visite inlassablement les sections locales.
06:31 Aujourd'hui, Fête le Mur est présente dans plus de 130 quartiers en France métropolitaine et en Outre-mer.
06:37 Arthur H. aurait apprécié.
06:40 Des quartiers du Bronx ou de Harlem, au banlieue des grandes villes françaises.
06:46 Des terrains de tennis de Yaoundé, au cours central de Wimbledon ou de Roland-Garros.
06:52 Arthur H. et Yannick Noah, c'est l'histoire d'un passage de témoin.
06:57 D'une même envie d'agir et de faire bouger les lignes.
07:00 Et d'un engagement qui se perpétue.
07:03 répétue.
07:03 [Musique]