Retrouvez "Le court sur la main" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-court-sur-la-main
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00:00 Le tennis est un sport individuel.
00:03 Pourtant, il n'est jamais plus beau que lorsqu'il est collectif.
00:07 Des champions, des champions s'engagent hors des cours pour des causes qui leur tiennent à cœur.
00:12 Bienvenue dans "Le cours sur la main",
00:15 un podcast produit en partenariat avec BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:22 Le cours sur la main
00:24 Billie Jean King, combattante pour l'égalité
00:28 Pour ce match du sexe, le sport spectacle a montré son véritable visage et ce matin, il me fait peur.
00:38 La pifrerie était vraiment à son comble.
00:41 Qu'en pense donc Borotra ou Cochet ou d'autres tennismen célèbres
00:45 qui ont toujours respecté à travers les années l'esprit sportif ?
00:49 Oui, vraiment, comme aurait dit sans doute César de chez Pagnol
00:53 "Oh mon pauvre, ces américains, ils sont fadas"
00:57 Nous sommes le 20 septembre 1973.
01:00 Ce que le journaliste Roger Coudert considère comme une pifrerie
01:04 est pourtant le match qui suscite l'intérêt de toute l'Amérique.
01:07 D'un côté du filet, Billie Jean King, 29 ans, l'incontestable numéro 1 mondial du tennis féminin.
01:14 De l'autre, Bobby Riggs, 55 ans, qui dominait le tennis masculin au milieu des années 40.
01:21 Macho et provocateur, Bobby Riggs a toujours trouvé le tennis féminin inférieur à celui pratiqué par les hommes.
01:29 Et pour le prouver, il défie toutes celles qui veulent bien jouer contre lui.
01:33 A commencer par la meilleure d'entre elles, Billie Jean King.
01:38 Pour lui, c'est le moyen de retrouver un peu de l'éclat de sa gloire passée.
01:43 Pour elle, c'est bien plus que ça.
01:46 "C'était primordial que je gagne.
01:48 En cas de défaite, ça aurait pu donner une bonne raison à certains de ne plus nous soutenir financièrement.
01:53 En 1973, les femmes ne pouvaient même pas posséder de carte de crédit.
01:57 Autant vous dire que je ressentais une énorme pression."
02:01 La partie se joue devant les 30 000 spectateurs de l'astrodôme de Houston
02:10 et 50 millions de téléspectateurs de 37 pays différents.
02:14 La pression est énorme, mais le score final est sans appel.
02:17 Billie Jean King gagne en 3 sets secs, 6-4, 6-3, 6-3,
02:22 et remporte ce qu'on appellera dorénavant la bataille des sexes.
02:26 Ce match du 20 septembre 1973 joua un rôle majeur dans la reconnaissance du tennis féminin.
02:33 Mais Billie Jean King avait déjà commencé le travail trois ans plus tôt.
02:37 Et d'ailleurs, en ce début des années 70,
02:40 il n'y a pas que dans le tennis que les femmes luttent pour se faire entendre.
02:44 "Il y a déjà eu des tas de grèves de femmes, mais d'une manière isolée et clandestine,
02:52 et qu'on voudrait que les femmes se mettent ensemble,
02:55 et se mettent à faire la grève au grand jour, de plus en plus, et d'une manière illimitée.
02:59 Tiens, si on faisait la grève de ça, de ça, de ça, qu'est-ce qui se passerait ?
03:03 Et notamment si toutes les femmes sortaient de leur cuisine,
03:06 ou qu'elles ne veuillent plus s'occuper de leurs enfants,
03:08 bon, ça serait vraiment terrible, et je crois que l'équipe serait obligée de s'arrêter,
03:12 de jouer le jeu qu'ils jouent actuellement."
03:15 Au début des années 70, le monde voit déferler la deuxième vague féministe,
03:22 et en France, le MLF vit ses premières heures.
03:26 Les femmes sont dans la rue.
03:28 Elles se battent pour obtenir l'égalité de fait avec les hommes,
03:31 et la fin des préjugés dont elles sont la cible.
03:34 Une lutte que les tennis-women livrent, elles aussi, à leur niveau.
03:38 Parce que les organisateurs de tournois prêtent peu d'attention au tennis féminin,
03:42 et parce que les montants des prize-monnaies, les prix décernés aux lauréates,
03:46 sont souvent cinq à dix fois inférieurs à ceux des hommes.
03:49 Alors, Billie Jean King prend la tête de la fronde,
03:52 avec sa coéquipière de double et numéro trois mondiale, Rosi Casals.
03:59 Le 23 septembre 1970, King, Casals et sept autres joueuses
04:04 trouvent un soutien de poids auprès de Gladys Heldman,
04:07 la présidente du magazine World Tennis.
04:10 Grâce à cette dernière, celles qu'on appellera plus tard les Originals Nine,
04:14 signent un contrat symbolique d'un dollar avec une marque de cigarette
04:17 pour lancer un circuit féminin parallèle au circuit classique.
04:21 Les premiers tournois féminins, avec un prize-monnaie digne de ce nom, voient enfin le jour.
04:26 Peu à peu, d'autres joueuses rejoignent les rangs des frondeuses,
04:30 comme la française Françoise Dür.
04:32 « Je suis allée à l'un des premiers tournois à San Francisco en janvier.
04:35 À ce moment-là, on était seize.
04:37 Lors d'un autre tournoi à Détroit, on n'avait pas beaucoup de public.
04:40 Alors avec Billie Jean, on a distribué des billets devant un supermarché. »
04:44 Très vite, une quarantaine de joueuses participent à ce circuit d'une dizaine de tournois.
04:49 La Fédération américaine de tennis tente bien de l'interdire.
04:53 Mais sans le savoir, les instances ont déjà perdu la partie.
04:57 Juin 1973.
05:03 70 joueuses sont réunies dans une salle du Gloucester Hotel de Londres.
05:08 La TP, l'Association des Joueurs Professionnels, existe depuis un an.
05:13 Et c'est maintenant au tour des femmes de créer leur propre structure.
05:17 À la manœuvre, Billie Jean King, évidemment.
05:20 « Tant que nous n'avons pas créé une association de joueuses, nous ne sortons pas d'ici. »
05:25 Deux heures plus tard, la WTA voit le jour.
05:29 Aujourd'hui, en 2023, près de 100 nationalités évoluent sur le circuit WTA.
05:38 Et le tennis est devenu l'un des tout premiers sports féminins dans le monde.
05:42 Après Billie Jean King, d'autres ont repris le flambeau pour plus d'égalité.
05:46 Martina Navratilova, Chris Evert, Kim Kleysters ou encore Venus Williams.
05:52 Il faudra attendre 2007 pour que Wimbledon, l'Open d'Australie et Roland Garros suivent l'exemple de l'US Open.
06:00 Et qu'enfin, la parité dans les prize money soit instaurée.
06:03 Et il faudra attendre décembre 2018 pour que la WTA annonce une série de mesures
06:09 facilitant le retour à la compétition des femmes après une grossesse.
06:13 Ainsi qu'un nouveau code vestimentaire pour laisser plus de choix aux joueuses.
06:17 Aujourd'hui, IGAZ Viatech, la nouvelle numéro 1 mondiale,
06:22 milite pour une stricte égalité du prize money toute l'année.
06:25 Et pas seulement pour les tournois du Grand Chlem.
06:27 Le match pour plus d'égalité entre les hommes et les femmes continue.
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