La prison de Gradignan suspend ses admissions à cause de la surpopulation carcérale

  • l’année dernière
Avec Christine Maze, batonnnière du barreau de Bordeaux

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-05-29##

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Transcription
00:00 Et 7h11 sur Sud Radio, c'est à la une depuis deux semaines maintenant, la maison d'arrêt de Gradignan près de Bordeaux n'accepte plus de nouveaux détenus.
00:10 Je vous le disais, une décision historique appelée stop écrou en cause de la surpopulation carcérale qui dépasse sur place les 200%.
00:16 Pour en parler, je reçois la bâtonnière de Bordeaux. Bonjour Christine Maaz.
00:20 Bonjour, bonjour.
00:22 Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:24 Alors vous avez écrit vendredi au ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, pourquoi avez-vous décidé de l'interpeller ?
00:30 La situation n'est plus du tout tenable à Gradignan.
00:33 Oui, la situation n'est plus tenable. Alors depuis très longtemps, bien évidemment, nous avons dénoncé les conditions d'indignité dans lesquelles se trouvent aujourd'hui les détenus,
00:45 mais aussi le personnel, puisque c'est évidemment l'impossibilité pour le personnel de travailler sur la réinsertion du fait du taux d'occupation à 235%.
00:57 Il y a aujourd'hui 130 détenus par terre, 3 détenus dans 9 mètres carrés avec un détenu qui dort sur un matelas.
01:05 Et puis des conditions d'indignité absolue avec une maison d'arrêt vétuste, terriblement sale aussi avec tout ce que cela comporte.
01:18 Et j'ai interpellé le garde des Sceaux pour lui demander de venir parce qu'il a évoqué dans ses dernières déclarations qu'il n'y avait pas de réinsertion possible dans des maisons d'arrêt dites "surpeuplées".
01:34 Il faut qu'il vienne pour trouver les mesures qu'il impose.
01:38 Vous aviez déjà observé auparavant dans votre carrière une telle situation, vous l'avez dit, aussi bien pour les détenus que pour les surveillants ou quoi ?
01:45 Bien sûr, je crois qu'aujourd'hui les surveillants ne peuvent pas travailler sur la réinsertion. Ils sont dans l'incapacité de faire leur cœur de métier.
01:56 C'est un personnel à bout de souffle, une situation explosive qui a amené cette situation stop-écrou qui a été décidée.
02:06 C'est une mesure de choc, puisqu'il y avait eu dans la maison d'arrêt de Villepinte, sous la présidence de Hollande, un stop-écrou qui posait moins de difficultés d'ailleurs.
02:19 Parce que la maison d'arrêt de Villepinte, il y a d'autres maisons d'arrêt qui jouxtent cette maison d'arrêt-là.
02:26 Mais nous, c'est vrai qu'ici en Aquitaine, c'est compliqué parce que ça veut dire des détenus qui s'éloignent évidemment de leur famille, mais évidemment de leur conseil.
02:37 Puisque aujourd'hui, c'est la maison d'arrêt de... ça c'est le centre de détention de Mont-de-Marçon qui reçoit les détenus.
02:48 On avait notamment un agent qui disait sous couvert d'anonymat, dans la presse, qu'à un moment c'était soit on arrête d'accueillir de nouveaux détenus, soit il y avait un risque réel de mutinerie à terme.
02:59 On en est arrivé là.
03:01 Le stop-écrou a été décidé après deux agressions de personnel dans la même semaine.
03:08 Un détenu qui a cassé sa cellule ne voulait pas y rentrer puisqu'il y avait trois détenus dans ces neuf mètres carrés.
03:16 Oui, alors c'est vrai que la nécessité de retravailler sur tout ce qui est notamment l'assignation à résidence ou surveillance électronique,
03:27 toutes ces alternatives à la détention, c'est une nécessité.
03:33 Les avocats doivent s'emparer évidemment de ces moyens-là juridiques qui existent, ce qui est important de dire.
03:43 Mais ce qui est important de dire aussi c'est que la détention provisoire est très usitée.
03:49 Je ne suis pas là pour dire qu'il ne faut pas de prison. Je ne suis pas là pour dire ça.
03:53 Je suis là pour dire qu'il faut des moyens pour travailler aujourd'hui dans des conditions décentes et des conditions qui sont moins indignes que celles dans lesquelles nous nous trouvons.
04:04 C'est vrai que de dire "on construit des maisons d'arrêt d'abord, la nouvelle maison d'arrêt".
04:09 C'est le cas d'ailleurs, ce sera le cas bientôt à Gradignon.
04:11 2027 ! 2027 !
04:14 C'est à la fois proche et loin.
04:16 On a encore le temps.
04:18 Et c'est vrai que la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui n'est pas nouvelle, elle est très ancienne, elle est explosive.
04:26 Donc j'en appelle, oui j'en ai appelé au garde-vaisseau à M. Eric Dupont-Moretti,
04:33 qui connaît très bien la prison et qui doit venir parce que ce n'est pas neutre ce qui se passe à Gradignon aujourd'hui.
04:42 Est-ce qu'il vous a déjà répondu le courrier ? Vous l'avez envoyé vendredi je crois.
04:46 Vendredi, j'ai envoyé. J'espère qu'il va me répondre parce que c'est nécessaire.
04:52 Pas encore de réponse en tout cas pour l'instant.
04:53 Pas de réponse encore à ce jour.
04:55 Vous l'avez dit, cette question de la surpopulation carcérale à Gradignon, elle n'est pas nouvelle.
05:00 Et encore récemment, je voyais en novembre dernier, le tribunal administratif qui avait intimé à l'administration pénitentiaire
05:05 de prendre un certain nombre de mesures pour garantir un minima des conditions sanitaires dignes, le droit à la santé.
05:10 C'est-à-dire que tout ça c'est resté lettre morte jusqu'à présent ?
05:13 Je vais vous dire, c'est nous qui avons initié avec les syndicats, l'Ordre des avocats de Bordeaux a initié cette procédure.
05:21 Nous avons eu diverses mesures qui ont été mises en place.
05:24 Je suis allée vérifier dans le cadre des visites inopinées que la loi me permet de faire.
05:29 Je suis allée voir si cette ordonnance avait été respectée.
05:32 Quelques mesures ont été respectées, notamment qu'en matière d'hygiène, la nourriture ne soit pas transportée avec le linge sale.
05:42 Ça a été fait.
05:44 Il y a eu des mesures pour reboulonner les lits superposés.
05:49 Il y a eu certaines mesures pour fermer les fenêtres.
05:54 En matière de santé, les extractions médicales qui étaient ordonnées ne sont pas toujours réalisées.
06:01 Mais pas parce qu'il n'y a pas de volonté de le faire, parce qu'il n'y a pas assez de personnel pour le faire,
06:05 parce qu'il n'y a pas assez de moyens financiers pour pouvoir le faire.
06:09 Ça c'est un vrai souci.
06:11 Tout ce qui est d'ordre médical n'est pas réalisé aujourd'hui.
06:15 Et ça c'est l'urgence finalement aujourd'hui.
06:18 C'est ce que vous demandez aussi à Eric Dupond-Moretti, au-delà de sa venue bien sûr sur place.
06:22 Depuis le début de l'opération Stop Écrou, comment la situation a-t-elle évolué,
06:26 globalement à la maison d'arrêt de Gradignon ?
06:28 C'est très tendu.
06:29 Vous imaginez bien que c'est une mesure qui tend aussi les magistrats qui veulent très bien faire leur travail.
06:35 Ça a des conséquences aussi pour les maisons d'arrêt aux alentours ?
06:39 Bien sûr, mais c'est toute une chaîne pénale qui est aujourd'hui en situation difficile,
06:46 avec un manque de magistrats, avec une impossibilité de donner du temps comme il devrait être donné peut-être au dossier.
06:55 Ce que je veux dire c'est que tout le monde est de très bonne volonté.
06:58 Moi je vois des magistrats remarquables, je vois des juges qui travaillent souvent sur leur bonne volonté aussi.
07:05 Très tendu, puisqu'il manque quand même un nombre important de magistrats, ne serait-ce que à Bordeaux.
07:10 Et c'est toute la chaîne qui est aujourd'hui en difficulté.
07:15 On a un vrai souci, ce stop-écrou et le résultat de défaillance importante que l'on voit, qu'on dénonce.
07:25 Et je crois qu'il faut vraiment que les mesures soient prises et qu'elles ne soient pas prises sur des effets d'annonce.
07:30 Mais il faut vraiment que le ministre s'engage d'abord à venir, premièrement,
07:34 ne pas laisser une situation s'en venir alors même que c'est une mesure phare qui n'a jamais existé sur la maison d'arrêt de Gradignon.
07:42 Et deuxièmement, de prendre des mesures qui doivent être adaptées, parce que la maison d'arrêt, la nouvelle, ne sera ouverte qu'en 2026.
07:49 Peut-être plus tard d'ailleurs, on n'est pas fondable des problèmes d'ouverture sur des maisons d'arrêt.
07:56 Et puis avec une chaîne pénale qui aujourd'hui a besoin d'avoir des ressources.
08:02 - Christine Maz, en tout cas, bâtonnière du Barreau de Bordeaux, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur ce radio.
08:06 On suit bien sûr ce dossier et on continuera de le suivre. On verra justement quels sont les retours que vous avez dû garder.
08:12 Merci à vous, bonne journée. - Merci à vous.

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