• l’année dernière
France 2, 26/10/1993 :
- Coming-Next
- Publicités
- Bande annonce "Martineau"
- Spot "Multipoints"
- Spot promo "France Inter"
- Spot promo "Mortadela"
- Bande annonce "L'Instit"
- Début "Bas Les Masques" (Mireille Dumas)

A noter :
- La publicité "France Télécom" avec Jean Rochefort
- 2ème saison pour "Bas Les Masques" avec un générique remanié.

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Transcription
00:00 Tout de suite, Balaymasques avec Mireille Dumas.
00:07 ♪ ♪ ♪
00:15 ♪ ♪ ♪
00:25 Ce que vous ne laisseriez pas faire à vos enfants,
00:28 pourquoi le feriez-vous vous-même ?
00:31 Depuis un an, la Barclays, avec son compte-chèque dynamique,
00:34 aurait pu vous faire gagner de l'argent sur votre compte en banque.
00:38 ♪ ♪ ♪
00:43 Aujourd'hui, personne ne peut se permettre de perdre de l'argent par négligence.
00:48 36 63 10 10
00:52 La vie est formidable.
00:54 Elle vous donne une peau qu'on a envie de croquer.
00:56 Jeune, fraîche.
00:58 Mais quand on commence à l'apprécier, elle perd sa jeunesse et sa fraîcheur.
01:02 Heureusement, avec Oil of Olas, on peut faire quelque chose.
01:05 Parce qu'Oil of Olas contient des fluides hydratants proches de ceux de la peau,
01:08 Oil of Olas pénètre rapidement dans l'épiderme.
01:11 Ses capteurs actifs fixent comme des aimants l'hydratation essentielle à la peau.
01:14 La peau est jeune, fraîche, à croquer, comme la vie.
01:18 La jeunesse a un visage. Oil of Olas.
01:23 ♪ ♪ ♪
01:29 ♪ Emportée par la foule ♪
01:31 Mireille Mathieu revient.
01:33 Elle chante.
01:35 Edith Piaf.
01:37 ♪ Nous ne formons qu'un seul corps ♪
01:39 ♪ Non, je ne regrette rien ♪
01:43 C'est quoi ce petit chose ?
01:46 Eh bien, c'est un petit chose.
01:48 Un vrai petit fromage, qui dans son petit pot fraîcheur reste toujours tendre.
01:52 C'est un petit chose et pas autre chose.
01:54 ♪ ♪ ♪
02:11 Ligne Roset invente sans cesse de nouvelles façons de vous asseoir,
02:15 de ranger, de vous lever et même de dîner.
02:19 On dîne japonais ?
02:21 Le Ligne Roset, l'imagination dans la vie de tous les jours.
02:25 Il y a un nouveau Hollywood Lights en sucre.
02:31 Son goût dure longtemps.
02:33 Longtemps.
02:35 Depuis très longtemps.
02:37 Un nouveau Hollywood Lights en sucre, au goût qui dure...
02:40 Qui dure longtemps.
02:42 Nouveau Hollywood Lights en sucre, un goût qui dure des siècles.
02:48 Mon savon 2 en 1, c'est nouveau.
02:51 C'est un gel douche et un lait hydratant longue durée.
02:54 Deux fois plus crémeux que d'autres gels douche,
02:57 il peut laisser la peau hydratée pendant des heures.
03:00 Avec mon savon 2 en 1, c'est comme si j'avais utilisé un lait corporel.
03:05 18 heures après ma douche, ma peau est toujours hydratée, éclatante de santé.
03:09 Nouveau, mon savon gelé lait longue durée, pour une peau qui respire la santé.
03:17 Si chaque jour, des hommes remarquables contrôlent à chaque étape les produits Labelle Rouge,
03:22 c'est pour garantir officiellement leur qualité supérieure.
03:26 Et ce n'est pas tous les jours facile.
03:31 Labelle Rouge, officiellement bon.
03:34 Stress, pollution, votre cuir chevelu est agressé,
03:38 pellicules, cheveux ternes et de mains, chute de cheveux.
03:42 La solution, c'est Petrolane.
03:44 Un complexe unique, riche en extraits naturels.
03:47 Chaque matin, en massage, Petrolane stimule le cuir chevelu,
03:51 élimine les pellicules, ralentit la chute des cheveux.
03:54 Votre cuir chevelu respire, vos cheveux sont nets.
03:58 Pour garder des cheveux plus forts, plus longtemps, lotion Petrolane.
04:01 Et aujourd'hui, pour les cheveux gras, nouvelle lotion séborégulatrice.
04:05 Jacques-Yves Cousteau, en vidéo.
04:10 Dauphins et baleines, castors, hippopotames et requins.
04:15 Embarqué à la découverte des plus beaux animaux,
04:19 avec le commandant Cousteau.
04:21 Une collection de 5 cassettes vidéo avec France 2,
04:24 pour découvrir à ses merveillés.
04:26 Oui, oui Fred.
04:30 Ah, excusez-moi une seconde Fred.
04:33 C'était pas le temps de signal d'appel.
04:35 Vous êtes en train de parler, si une autre personne vous appelle,
04:38 hop, j'appuie.
04:40 Oui ma chérie, oui je te rappelle, non.
04:42 Ah d'accord.
04:44 Et hop, j'appuie.
04:46 Ah non, vous êtes toujours là Fred.
04:49 Avec le signal d'appel, on peut me joindre quand je suis déjà en ligne.
04:52 C'était pas temps.
04:54 Je regardais mon père avec de grands yeux.
04:57 Des yeux pleins de rire.
04:59 Aujourd'hui, rien n'a changé.
05:05 Sauf que maintenant, c'est moi qui fais le clown.
05:08 En effet, ce vache qui rit.
05:12 Sacré vache qui rit.
05:14 Aujourd'hui, les affaires sont plus dures.
05:19 Alors quand Hewlett Packard vous propose ses meilleurs micros à des prix vraiment accessibles,
05:25 le monde devient plus rassurant.
05:27 Hewlett Packard, des micros de qualité après micro.
05:31 [Musique]
05:35 Foutez le camp je vous dis !
05:42 Vous me paraissez bien tendu !
05:44 Attention, il y a du rififi chez les osse-ray-culteurs.
05:47 Martino, le détective Fingal, sort de sa coquille.
05:50 On se demande qui ça peut amuser ce petit jeu.
05:52 Vous avez de gros ennuis.
05:56 Allez, t'en occupe pas, avance !
05:58 Au secours ! Qu'est-ce que tu racontes là ?
06:00 Julien Guillomard et l'inspecteur Martino.
06:04 Un vendredi noir à 20h50 sur France 2.
06:07 Possesseur de la carte multipoint, c'est à vous.
06:11 Saisissez-vous de votre carte multipoint immédiatement.
06:14 Voici le code multipoint valable sur France 2 aujourd'hui
06:19 et il y en a un autre sur France 3.
06:21 Et bien maintenant que vous avez votre carte multipoint dans la main,
06:24 tapez la touche "action".
06:26 Entrez le code qui est sur l'écran, oui, voilà, comme ça,
06:28 et zou ! Tapez la touche "entrée".
06:30 Vous venez de gagner 100 multipoints, et voilà !
06:33 Pour en savoir plus et participer, 36 68 03 23 et 36 15 France 2.
06:38 La gonzesse !
06:46 Bordel.
06:55 France Inter !
06:57 Nous sommes ravis de vous recevoir dans "Rien n'a si rien".
07:01 Pour deux raisons. Parce que vous avez réussi vos débuts sur les planches
07:03 et parce qu'effectivement vous n'allez pas chanter dans cette émission.
07:06 France Inter ? Écoutez, ça n'a rien à voir.
07:11 [Musique]
07:32 France 2, avec Monsieur Bricolage, partenaire de votre soirée, vous donne rendez-vous.
07:39 [Musique]
07:42 Papa, s'il te plaît, j'en peux plus.
07:44 Joue, joue maintenant.
07:46 Non, dis-lui qu'il arrête, papa.
07:48 Qui est-ce qui t'a fait ça ? Guillaume !
07:50 Confronté au douloureux problème de l'enfance battue,
07:52 l'instit pourra-t-il briser le mur du silence ?
07:55 Guillaume !
07:56 Il est parti faire le jeu de la mort.
07:58 Voulez-vous revenir, Monsieur Novak ?
08:01 Je sais que vous battez votre fils.
08:03 L'instit, concerto pour Guillaume, avec Gérard Klein.
08:06 Un mercredi de la vie bouleversant, à 20h50 sur France 2.
08:10 [Musique]
08:38 [Musique]
08:46 Bonsoir. Merci de votre fidélité au rendez-vous de Bal et Masque.
08:50 Ils ont cherché en vain la tendresse, l'affection nécessaire à un enfant pour grandir,
08:55 ou bien ils se sont battus contre un amour trop envahissant, trop étouffant.
08:59 Depuis l'enfance, ils sont en guerre avec leurs parents,
09:02 et aujourd'hui encore, ils tentent de faire la paix,
09:05 d'obtenir reconnaissance, respect ou liberté.
09:08 La romancière Catherine Pancol a rompu avec sa mère il y a six mois, définitivement.
09:13 Elle va nous expliquer comment elle en est arrivée à prendre une telle décision.
09:17 Nous essaierons aussi de comprendre pourquoi Léla déteste son père,
09:21 comment Patrick a pu rester si longtemps sous l'emprise de sa mère,
09:25 et ce qui pousse Gisèle à sacrifier des années de sa vie à des parents qui l'ont mal aimée.
09:30 Nous irons aussi dans un foyer d'hébergement provisoire pour adolescents en fugue,
09:34 et à Moscou, où les générations cohabitent parfois dans la haine, sur quelques mètres carrés.
09:39 Mais tout de suite, écoutons le témoignage de Catherine Pancol.
09:42 Catherine Pancol, vous êtes romancière, vous avez 43 ans, vous êtes mariée,
09:51 vous avez deux petits-enfants, alors vous, vous avez une histoire à votre mère très très longue,
09:56 pleine de conflits, et vous venez définitivement là de rompre.
10:00 - Oui.
10:01 - Il y a six mois, de rompre avec elle. Pourquoi ?
10:03 - Parce qu'on est arrivé à un stade où j'ai vu la haine dans ses yeux.
10:08 C'est terrible de voir la haine dans les yeux de sa propre mère,
10:14 qui vous a mis au monde, qui vous a donné la vie.
10:17 C'est quelque chose qui me fait mal à chaque fois.
10:19 Donc je me suis dit, là, c'est fini, j'arrête.
10:22 Et je pense que si elle avait pu...
10:24 Mais c'est dur, ce que je vais dire, mais je l'ai vue dans ses yeux,
10:27 et je pense que si elle avait pu me tuer, à ce moment-là, elle l'aurait fait.
10:30 C'était comme par hasard un moment où je sortais un livre, le dernier,
10:33 "La vue de l'extérieur", que ça commençait à bien marcher,
10:36 par hasard on était ensemble, ce qui nous arrive très très rarement,
10:40 parce qu'on ne se voit pas beaucoup,
10:42 et que à chaque fois qu'il y a quelque chose de bien qui m'arrive,
10:46 elle ne le supporte pas.
10:48 C'est comme si je lui volais un truc à elle, que ça lui appartenait,
10:50 et que c'était sur moi que ça tombait.
10:52 Et là, quand j'ai vu ce regard, mais de folie,
10:54 j'ai attrapé de la folie et de la haine,
10:57 je me suis dit, mais j'arrête, c'est fini,
11:00 je ne veux plus retomber dans cette relation.
11:02 Sauf qu'il peut la vivre.
11:04 - Catherine, vous dites la haine dans le regard,
11:08 c'est dans les mots ou simplement dans le regard ?
11:10 C'est quelque chose qui est indicible,
11:12 et que seule une fille peut comprendre.
11:15 - Oui, souvent le maman me disait par exemple,
11:17 "Si tu n'étais pas ma fille, je te haïrais."
11:19 Quand je vous entendais ça plusieurs fois, vous me disiez, "Bon, elle me hait."
11:25 - Et vous, puisque vous avez bien un regard,
11:28 quelle explication vous apportez à la haine de votre mère ?
11:32 Elle vous en veut de quoi ?
11:34 - Je crois qu'elle m'en veut de vivre la vie qu'elle aurait voulu avoir.
11:37 C'est-à-dire que maman a voulu être journaliste,
11:39 elle n'a jamais été journaliste,
11:41 elle a failli être journaliste, et à la dernière minute,
11:43 elle a eu peur, elle s'est dit que ce n'était pas un métier sûr,
11:45 et elle a préféré être fonctionnaire.
11:47 Elle voulait écrire, elle a écrit beaucoup de manuscrits.
11:49 Elle écrit bien, mais elle n'est jamais arrivée à se faire publier.
11:52 Or, moi j'écris, je me fais publier.
11:55 Et puis ça va très très très loin.
11:57 Je pense que...
11:59 Souvent, quand je suis en face d'elle, j'ai l'impression qu'elle veut me piquer,
12:03 je ne sais pas, mon pull, mes cheveux, mon mari, mes enfants, ma maison.
12:07 Vous voyez, j'ai l'impression que...
12:11 Et moi, je l'explique en pensant qu'elle m'a eue à 20 ans,
12:14 et qu'elle n'a rien eu le temps de vivre,
12:16 qu'elle s'est retrouvée avec un petit bébé à 20 ans,
12:18 qu'elle se prenait pour Scarlett O'Hara parce qu'elle était très belle, très jolie,
12:21 elle avait tous les garçons du monde à ses pieds, qu'elle était dans la séduction,
12:24 c'était une femme qui n'était pas du tout dans l'indépendance et l'affirmation de sa personne,
12:29 elle était complètement dans la séduction, tournée vers l'autre,
12:31 et qu'elle s'est retrouvée coincée à 20 ans avec une petite fille en plus,
12:36 parce que j'ai appris plus tard qu'elle voulait un garçon.
12:39 - Ce mot qui est fort, le mot de haine,
12:41 vous l'avez ressenti tout à coup,
12:44 j'imagine que c'était présent tout au long de votre enfance et de votre adolescence.
12:49 C'était quoi vos relations ?
12:52 - En fait, tant que j'étais petite, ça s'est plutôt bien passé,
12:55 parce que je crois qu'elle devait avoir l'impression qu'elle me tenait,
12:58 donc elle me possédait, j'étais sa créature,
13:02 et j'étais comme une pâte à modeler.
13:05 Cela dit, je me souviens qu'à 13 ans, par exemple, j'ai fait une fugue,
13:09 je n'en pouvais plus, je suis partie, j'étouffais.
13:12 Au bout de deux jours, je l'ai appelée, ou d'un jour, je l'ai appelée,
13:16 et j'ai dit que j'étais chez une copine et que je ne reviendrai pas avant 15 jours,
13:20 j'avais vraiment besoin de vivre à mon compte.
13:22 Donc j'ai mis beaucoup de temps à m'apercevoir qu'en fait,
13:25 c'était elle qui ne m'aimait pas et pas moi qui ne l'aimais pas.
13:28 Vous voyez, parce qu'un enfant, c'est vrai, se culpabilise.
13:31 Je me disais, si elle ne t'aime pas, c'est de ta faute.
13:33 Donc je faisais beaucoup d'efforts, et j'essayais de remplir un tonneau sans faux,
13:36 parce que je ne faisais jamais les choses comme il fallait.
13:39 Donc ça a commencé comme ça, petite, et pourtant, je faisais des études,
13:43 j'ai eu mon bac à 16 ans, j'étais vraiment dans un rapport de...
13:46 Je voulais attraper son regard, voilà, je n'arrivais jamais à attraper son regard.
13:49 Elle ne me regardait pas.
13:51 C'est terrible pour un enfant de ne pas être regardé.
13:54 Heureusement, j'avais mon père à côté.
13:56 Alors ce qui est drôle, c'est que mon père, qui a été, entre guillemets, un "mauvais père",
14:00 parce qu'il est parti, il trompait maman tout le temps,
14:04 il oubliait de payer la pension alimentaire,
14:06 enfin, il nous oubliait de venir nous chercher le dimanche,
14:09 et en même temps, c'est lui qui m'a donné l'amour.
14:12 C'est vraiment lui qui a tout fait bien.
14:14 On a eu les chaussures orthopédiques, les appareils dentaires, les bonnes écoles,
14:17 on a appris l'anglais, le piano, c'était très bien.
14:20 On a eu la forme, mais pas le fond, on n'a pas eu l'amour.
14:24 Mais en même temps, c'est très dur de s'en sortir quand on est enfant,
14:28 parce que comment je pouvais aimer papa qui n'était pas aimable,
14:32 et ne pas aimer maman qui était aimable.
14:35 Donc j'ai été coincée entre les deux, ça m'a pris très très très longtemps pour m'en sortir.
14:39 J'arrivais à se dire, c'est pas parce que c'est ma mère qu'elle va m'aimer,
14:42 et c'est pas parce que c'est ma mère que je dois l'aimer.
14:44 - Vous ne pensez pas que cet amour, justement, énorme, apparemment,
14:47 qui vous liait à votre père, a aussi, d'une certaine manière, éloigné votre mère ?
14:53 - Oui, moi je pense que forcément ça a éloigné maman au bout d'un moment.
14:58 Ça devait être très irritant que j'aime un homme qu'elle n'aimait plus aussi.
15:02 Mais c'est vrai que maintenant qu'on en parle, je me souviens qu'à la maison,
15:06 c'était fou d'ailleurs, il y avait mon frère et maman d'un côté de la table,
15:11 et mon père et moi.
15:13 Puis à un moment ils se sont divorcés, donc moi je suis restée dans la famille,
15:17 mais un peu en pièce rapportée quand même.
15:19 Puisque la relation très forte c'était maman et mon frère, et papa et moi.
15:23 Et du reste, mon père n'a jamais regardé mon frère,
15:25 et maman n'a jamais voulu me regarder, moi.
15:27 Donc c'était... Elle n'était pas à l'aise avec une fille.
15:30 Parce que je crois que dès que je suis arrivée, j'étais une rivale pour elle, pour tout.
15:34 Et du reste, quand elle parle de moi petite fille, elle me dit toujours "tu étais une peste".
15:37 "Tu étais méchante, tu étais une peste, ta fille est beaucoup plus gentille que toi".
15:41 Ce qui est terrible, parce qu'on ne peut pas dire qu'une petite fille est une peste.
15:45 - Cette rivalité avec vous, elle se manifestait comment ?
15:49 - Elle se manifestait... Alors quand j'étais adolescente,
15:53 donc j'avais à peu près 15 ans, elle en avait 35, on était habillés pareil, très souvent.
15:57 J'achetais un truc court, c'était la mode.
16:00 Nous on se mettait du court, elle s'achetait une robe courte.
16:04 Et puis quand j'ai commencé à avoir des petits copains, c'est vrai qu'elle était très charmante.
16:09 Elle était... Il y avait un rapport qui n'était pas normal avec ces garçons qui avaient 18, 19 ans.
16:18 Maman qui en avait quand même 39, 40.
16:20 - C'est quoi une relation pas normale ?
16:22 - C'est-à-dire que par exemple, moi j'avais le droit d'amener mes petits copains à la maison,
16:25 donc on dormait à la maison, et maman nous apportait des petits déjeuners.
16:28 Au lit le matin. Alors quand j'avais cet âge-là, je trouvais ça formidable,
16:32 parce que je me disais, c'est bien, on n'a pas la galère d'aller à l'hôtel,
16:35 ou d'aller dans les voitures, tous les trucs qu'on fait quand on est adolescent ou jeune.
16:39 Et après je me suis rendue compte qu'elle leur faisait autant de charme, pas que moi.
16:44 Mais c'est vrai que je me rappelle de scènes où elle apportait le plateau du petit déjeuner,
16:48 et moi je reculais un peu dans le lit, et que c'était un dialogue entre mon Jules et maman.
16:52 - Elle a eu un comportement de séduction aussi avec votre mari, plus tard ?
16:56 - Oui. Ah ben oui. C'est-à-dire que moi je lui ai offré sur un plateau le prince charmant qu'elle n'avait pas rencontré.
17:02 Ce coup de bol, j'ai épousé quelqu'un. D'ailleurs je me suis demandé aussi pourquoi j'avais épousé un prince charmant.
17:07 C'était pour se faire plaisir à maman, vous voyez.
17:09 Et elle a été, vers le jour où je lui ai dit que j'épousais ce monsieur-là, d'abord elle m'a dit "c'est pas possible,
17:14 un type aussi bien ne va pas t'épouser toi, c'est pas... non, il y a une erreur de casting".
17:19 Et ben j'ai dit... c'est sans arrêt des scènes comme ça.
17:23 Quand j'ai eu ma petite fille, Charlotte, elle est venue me voir à la clinique, donc deux ou trois jours après,
17:29 donc on est dans un petit espèce d'état de nirvana, on tient son bébé, on n'en vient pas d'avoir fait un bébé.
17:36 Et elle rentre dans la chambre, elle regarde Charlotte, ça, et puis en partant elle m'a dit
17:40 "maintenant tu vas connaître la haine d'une fille pour sa mère".
17:43 Et moi j'ai été...
17:45 - Ah oui, ça a dit ses exprimés.
17:47 - C'est ça que j'aime bien au "Je suis chez elle", vous savez, c'est tellement exprimé qu'on ne peut pas se tromper.
17:51 Il y a un moment où on se dit "bon, c'est pas du non-dit".
17:55 Et ce que j'aime beaucoup chez elle, c'est que c'est du dit.
17:57 Et ce que je regrette, c'est qu'on ne puisse pas pousser toutes les deux le dit plus loin.
18:01 Que je ne puisse pas lui dire "écoute, tu ne m'aimes pas, voilà pourquoi je pense que tu ne m'aimes pas,
18:05 voilà pourquoi je pense que j'ai été obligée d'être violente,
18:08 et voilà pourquoi je voudrais t'aimer, et voilà pourquoi tu devrais m'aimer".
18:12 - Quand vous parliez de vos enfants, vous avez été une mère qui avait un certain âge, on va dire.
18:18 Vous avez eu votre premier enfant à 38 ans, et le second à 39 ans et demi.
18:24 Est-ce que c'est parce que vous aviez justement peur, vous avez dû attendre longtemps ?
18:28 Est-ce que c'est lié à votre vie avec elle ?
18:30 - C'est lié à la fois ou deux. C'est lié d'abord à mon père, avec qui j'étais très très attachée,
18:34 et puis avec qui j'avais un rapport aussi très très bizarre, parce que papa c'était pas simple non plus.
18:40 Et puis, oui, c'était pas simple du tout, c'est pas pour rien que j'ai fait un livre sur lui,
18:47 350 pages de... Mais c'était aussi lié à maman, parce que je savais qu'elle ne m'avait pas aimée,
18:52 donc je me disais "j'arriverais pas à aimer un enfant, moi, comment je vais faire ?"
18:56 Et d'ailleurs, Charlotte, je suis restée un an, j'avais très très très envie de l'aimer,
19:01 mais je me disais "je ne vais pas y arriver, et comment on fait pour aimer un enfant ?"
19:04 - Catherine, vous avez failli dire d'ailleurs, "je ne sais pas comment aimer",
19:09 vous avez dit "un enfant", vous avez failli dire "un homme".
19:12 - Ah mais c'est pareil !
19:13 - Oui. Est-ce que ça a été aussi difficile, vous, d'aimer justement un homme ?
19:17 - Je pense que c'est encore plus dur, un homme !
19:19 Parce qu'un homme, il doit passer à travers le souvenir de la mère, et le souvenir du père.
19:26 Comme moi, j'ai eu deux grands tueurs, quand même, comme parents.
19:29 C'était des... Pas du tout dans le même genre, hein, mais c'était des spécialistes, quand même, de la chasse armée.
19:37 - Et pourquoi vous n'avez pas écrit un livre aussi violent, à l'égard de votre mère ?
19:41 Vous auriez sorti tout ce que vous aviez.
19:44 - D'abord, j'ai écrit le livre sur papa parce qu'il était mort,
19:47 et je pense qu'il ne faut pas écrire sur les gens quand ils sont vivants,
19:49 parce que ça peut quand même leur faire de la peine.
19:52 C'est pour ça que je parle très très peu, en fait, de ma vie privée dans les livres.
19:56 Enfin, si, j'ai parlé de papa dans "Les Angres Cruelles", mais il était mort.
19:59 Et puis, de toute façon, maman, je pourrais écrire n'importe quoi sur elle, je pense qu'elle ne lirait pas.
20:03 Elle ne lit pas mes livres.
20:04 - Aucun ? - Aucun.
20:06 Elle a peut-être lu moi d'abord parce que je suis passée apostrophe.
20:08 Donc ça, tout d'un coup, j'avais le saut Bernard Pivot qui fait qu'on pouvait lire.
20:12 Enfin, les autres sont passées apostrophes, elle n'a pas lu.
20:14 - Elle le fait peut-être en cachette, non ?
20:16 Elle ne vous le dit pas pour vous pénaliser, non ?
20:18 - Non, mais non, non, non.
20:20 Elle est très fière de ne pas les lire.
20:22 Je sais qu'à un moment, la barbare, elle allait le lire au magasin Réuni,
20:27 parce qu'elle ne travaillait pas loin.
20:28 Elle lisait quelques pages, mais elle ne voulait pas l'acheter, surtout.
20:31 Et puis, le dernier, vu de l'extérieur, elle n'a carrément pas lu.
20:34 Elle n'a pas lu, elle n'a pas acheté.
20:36 Elle ne me parle jamais de ce que je fais.
20:38 Alors si, ça reste à moi en tant que maman qui va souffrir.
20:41 Elle voudrait que je répète le même schéma qu'elle.
20:44 On a des discussions, elle me dit "Mais pourquoi tu travailles ?
20:46 Tu devrais t'occuper de tes enfants."
20:47 Je lui dis "Mais attends, moi, je deviens folle si je travaille pas."
20:49 "Moi, je me suis sacrifiée pour toi. Tu pourrais te sacrifier pour tes enfants."
20:52 "Pourquoi moi, je me suis sacrifiée et pas toi ?"
20:54 Et là, je ne veux plus repartir dans cette souffrance.
20:57 Je trouve ça trop malsain.
20:59 Et il y a un moment où je me dis "Mais tu deviens maseau, tu te complais."
21:02 Et ça, je ne peux pas.
21:04 Je ne suis jamais restée avec un homme qui me faisait du mal.
21:06 Je ne sais pas pourquoi je vais rester avec une mère qui me fait du mal.
21:08 Je ne sais pas pourquoi on est au monde des enfants qui vous appartiennent
21:10 et que vous avez manipulé jusqu'à la fin de leur vie
21:12 et qu'on est obligé d'aimer ses parents.
21:14 On n'est pas obligé d'aimer ses parents.
21:16 C'est pour ça que je suis venue ici ce soir.
21:18 Parce que je me suis dit, si je prends la parole au public,
21:20 vu qu'elle ne lit pas mes livres,
21:22 là, et encore, je ne vais pas la regarder.
21:24 - Elle le saura, c'est ça ?
21:26 - Oui, là, je me suis dit "Ca y est, c'est définitif.
21:28 La rupture est consommée, je parle."
21:30 - J'ai l'impression que c'est un non-retour.
21:32 C'est une façon de dire...
21:34 Parce qu'elle ne va pas vous pardonner d'en avoir fait table.
21:36 - Non, mais on est tellement loin dans le débit-crédit
21:38 que de toute façon, je veux dire,
21:40 j'ai tellement de débit chez elle et je n'ai rien en crédit.
21:42 Donc, je veux dire, ça va être un truc de plus.
21:44 Le fait que j'en parle, je ronds un tabou,
21:46 qui est le tabou du silence.
21:48 Et ça, ça va être très très dur pour elle.
21:50 Mais je pense qu'elle ne va pas la regarder, l'émission.
21:52 Je suis à peu près sûre.
21:54 Mais... Parce qu'elle est forte aussi.
21:56 Elle est très très costaud.
21:58 Mais bon, tant pis.
22:00 Moi, j'ai parlé, j'ai dit ce que j'avais à dire
22:02 et puis maintenant, c'est fini.
22:04 On passe à autre chose.
22:06 C'est pour ça que je suis venue ce soir.
22:08 Parce que c'est vrai que je n'ai jamais écrit sur maman.
22:10 Je n'ai pas des personnages de mère très sympathiques dans mes livres.
22:12 Mais...
22:14 Je me suis dit "là, ça y est, c'est fini.
22:16 Et puis, basta, cosy, on n'en parle plus."
22:18 - Est-ce que le sens de votre témoignage
22:20 n'est pas aussi pour vos enfants ?
22:22 - Oui, mais mes enfants, en même temps, je les...
22:24 Oui.
22:26 C'est-à-dire que ce qui me frappe dans les familles,
22:28 c'est la répétition.
22:30 Ça, c'est un truc qui m'angoisse terriblement.
22:32 Quand je vois que j'ai une fille d'abord
22:34 et un petit garçon après,
22:36 que moi, je suis l'aînée,
22:38 que mon frère a 18 mois de moins que moi,
22:40 comme Charlotte et Clément,
22:42 il y a des trucs qui me...
22:44 Ça me fout la trouille.
22:46 Quand je vois que Charlotte a exactement le même caractère que moi,
22:48 je me dis "il faut arrêter cette chaîne de répétition."
22:50 Donc, c'est vrai que je veux les protéger,
22:52 mais en même temps, je les protège en les élevant
22:54 comme je les élève.
22:56 - Vous croyez que tout le monde est prêt à entendre, Catherine,
22:58 ce que vous venez de dire, à savoir
23:00 qu'on n'est pas obligé d'aimer ses parents ?
23:02 - Non, je crois que c'est un tabou.
23:04 Comme je pense qu'on ne devient pas mère instantanément,
23:06 qu'être mère, c'est répéter
23:08 la situation où on était fille.
23:10 Donc, je pense que c'est très dur.
23:12 Et de la même manière, je pense qu'on n'est pas obligé
23:14 d'aimer sa mère si elle veut vous tuer
23:16 à chaque instant, parce que là, c'est plus votre mère.
23:18 La fonction des parents,
23:20 c'est quand même de donner un maximum d'amour
23:22 pour que les enfants soient indépendants.
23:24 Et c'est comme le pompiste
23:26 qui met de l'essence dans votre voiture,
23:28 elle roule, et l'amour, c'est l'essence
23:30 que les parents mettent dans le cœur des enfants
23:32 et ils roulent pour s'en aller.
23:34 On ne fait pas des enfants pour soi,
23:36 pour dire "Regardez comme je suis belle et intelligente
23:38 parce que mes enfants ont tout bon."
23:40 Ce n'est pas vrai.
23:42 Les enfants, c'est séparé de vous.
23:44 Or, maman, il fallait qu'on corresponde à sa vision de la vie.
23:46 Et c'est terrible quand il faut obéir
23:48 à un moule.
23:50 Alors, sur moi, ça n'a pas marché du tout.
23:52 Et c'est aussi là où on s'est affronté sans arrêt.
23:54 Moi, j'ai fait exactement ce que je voulais
23:56 parce que je crois qu'au fond,
23:58 j'avais cet amour de papa
24:00 qui me propulsait.
24:02 Je chaotais, je sortais à droite et à gauche,
24:04 je sortais des rails, quelquefois.
24:06 Mais j'avais la conscience de ce que j'étais
24:08 puisque j'avais cet homme qui me regardait et aimait très très fort.
24:10 Donc, moi, j'ai été propulsée par cet amour.
24:12 C'est une rampe de lancement, l'amour du père.
24:14 Et la mère, c'est ce qui vous donne votre identité.
24:16 - Tout ce que vous dites, en tout cas,
24:18 c'est que l'amour, c'est l'importance
24:20 et d'être propulsée par l'amour et d'avoir la reconnaissance.
24:22 - Oui, le respect, le mot que vous avez utilisé.
24:24 C'est ça, c'est les parents qui ne respectent pas leurs enfants,
24:26 qui ne les reconnaissent pas
24:28 comme individus.
24:30 - A part entière.
24:32 - Et je me souviens quand maman me disait
24:34 "Mais je ne comprends pas, j'ai tout fait pour toi."
24:36 Je lui disais "Mais tu aurais mieux fait de respirer,
24:38 de ne pas étouffer, de respirer."
24:40 Elle a tout fait pour nous.
24:42 Elle s'est étouffée, elle.
24:44 - Vous, aujourd'hui, quelle mère vous essayez d'être ?
24:46 - Je me suis fait de faire l'opposé.
24:48 Je les écoute énormément.
24:50 Et puis, je leur explique, par exemple.
24:52 Je leur dis que ce n'est pas évident d'être une maman,
24:54 qu'on peut être énervé.
24:56 Que là, je suis énervée,
24:58 là, qui m'énerve vraiment.
25:00 Je décode tout.
25:02 Mais que je les aime.
25:04 Je leur dis toujours "Mais je vous aime."
25:06 Là, je suis fâchée avec toi parce que tu as fait ça,

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