HOT ONES : Jean-Pascal Zadi, la street vs le piment

  • l’année dernière
Apparemment tenter un rap avec la bouche en feu, c'est pas évident. Jean-Pascal Zadi est le nouvel invité de Kyan Khojandi sur le plateau de Hot Ones !

Basé sur le programme “Hot Ones” créé par Complex Networks et First We Feast.
Complex EP : Sarah Honda, Chris Schonberger, Nick Wang

Produit par :
Cameron’s / Storynation
CANAL+ / Studio Bagel

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😹
Fun
Transcript
00:00 Donc au Corrico tu poses un peu...
00:01 J'ai l'impression que je suis à Châtelet la nuit
00:02 et qu'il y a un mec qui m'agresse
00:05 dans la gorge
00:07 et qui me dit "donne ton portefeuille"
00:09 et qui me pique la gorge.
00:11 Allez vous faire foutre !
00:12 Dans la vraie rue, il n'y a que des loups-garous.
00:16 Et moi, je suis un loup-garou.
00:17 Donc c'est pas les piments là qui vont me faire quoi que ce soit.
00:19 Aaaaaah !
00:20 Qu'est-ce qui se passe ?
00:22 Ah oui, après ça descend un peu dans la gorge.
00:23 Viens on kicke sur les morts.
00:27 Mais qu'il y a de...
00:28 Wouuuuh !
00:29 J'vais vous parler là frère.
00:30 Fin de l'émission, allez salut, bonne année !
00:32 Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.
00:40 Je suis Kian Khojandi, bienvenue dans Hot Ones,
00:42 l'émission où je pose des questions
00:44 avec des sauces piquantes à l'intérieur.
00:46 Aujourd'hui, je reçois Jean-Pascal Zadi
00:49 qui vient ici même sur Canal+
00:51 pour son sketch show "Coco Rico".
00:52 Jean-Pascal Zadi, on a pu le voir dans...
00:55 "En place" ou "Tout simplement noir"
00:57 et là il va avoir "Tout simplement chaud".
00:58 Comment ça va JP ?
00:59 Bah franchement tu connais, nous c'est la rue,
01:01 y'a pas n'a n'a n'a ni.
01:03 Moi j'ai hâte d'en découdre avec les piments là
01:05 parce que moi j'ai des trucs à me prouver.
01:07 À moi et au monde entier, donc y'a pas de soucis.
01:09 Tu connais le concept de l'émission ?
01:10 Ouais, je connais ouais.
01:11 10 questions, 10 sauces.
01:12 À chaque question, sa sauce.
01:14 Plus on va avancer dans les questions,
01:16 plus y'aura de piments dans les sauces.
01:18 Tu connais l'échelle de Scoville ?
01:19 J'ai entendu parler ouais.
01:20 C'est l'échelle avec laquelle on mesure un peu
01:22 le degré de piquance des sauces.
01:24 Donc on part de 1700 Scoville
01:27 avec la première gentille myrtille.
01:28 C'est de l'eau pour nous ça frérot.
01:30 De l'eau, voilà de l'eau.
01:30 Dis-moi à partir de quand ça devient chaud ?
01:32 À partir de été 82
01:34 et on arrivera jusqu'à 1 500 000 Scoville.
01:36 La Captain Lethal, nouvelle sauce de cette saison.
01:39 C'est le pire que vous avez hein.
01:41 Moi je m'attendais à 2 millions.
01:42 Écoute-moi bien Kyan Khojandi,
01:43 nous on est là pour des vrais que truffes.
01:45 Nous on est des cainfries, tu vois ce que je veux dire ?
01:46 En toute souplesse, je te le dis tout de suite frérot.
01:49 Tu vas voir de toute façon à un moment donné le piment,
01:51 ça a un effet un peu euphorisant, un peu défoncé.
01:54 C'est possible que tu te mettes à parler de Wesh le banc ?
01:56 Oh putain nom de Dieu !
01:58 Ah oui d'accord, ok.
02:00 Ou encore du fait que tu as gagné la Coupe de France de fair play en 95.
02:04 Ah je suis fier.
02:05 Comment ça s'est passé ?
02:06 Je jouais en Normandie dans une équipe en -15.
02:08 Sportivement on n'était pas ouf,
02:10 mais il se trouve qu'on était très très très gentils.
02:12 Et on perdait les matchs et à la fin de la saison,
02:16 comme on a pris un seul carton jaune,
02:18 la Fédération Française de Football a dit
02:19 "Putain les gars, il faut faire un truc pour eux".
02:21 Et ils nous ont donné une médaille et un trophée de champion de France de fair play.
02:25 Donc je suis le seul dans cette pièce à être champion de France de quelque chose.
02:29 Si jamais tu es en galère avec le piment,
02:34 tu as des choses qui sont là pour t'aider.
02:36 Tu as de l'eau glacée,
02:37 tu as de la chantilly,
02:38 tu as du miel et tu as du lait citron.
02:40 Ok, ouais je vois, des fois les gens ils font comme ça.
02:42 Tu manges pimenté ?
02:42 Moi je suis un Ivoirien,
02:44 donc le piment ça fait partie de notre truc.
02:46 Donc j'en ai mangé beaucoup quand j'étais jeune.
02:48 Mais après quand tu grandis,
02:49 tu renies un peu tout ce que tu étais avant.
02:51 C'est normal.
02:52 Donc j'ai pas mangé de piment depuis très très longtemps.
02:55 Ok, et ben on passe à la première question, c'est parti.
02:57 Allez.
02:58 Gentil Myrtille.
02:59 Ah on met à côté, on met pas à côté ?
03:03 Si comme tu veux, moi j'aime bien mettre à côté et tremper.
03:05 Ah on met direct, nous on a pas le temps avec les nananis.
03:07 Écoute-moi bien Kyan Khojandi,
03:09 ça va être ton émission qui sera pas showbiz.
03:12 Là on sera dans le concret, dans la rue, t'as capté ou pas ?
03:14 La hurle, la vraie.
03:15 Ouais la vraie, la vraie.
03:16 Donc ton piment à la Myrtille,
03:18 pour moi c'est du Nutella.
03:19 Ça va, vas-y je le mange.
03:21 J'adore cette confiance.
03:24 Je l'adore.
03:25 Tu veux rien ?
03:26 Oh my god, c'est sucré, c'est sucré.
03:29 Il y a un petit truc.
03:30 Il y a quand même un petit truc.
03:34 Mais ça va.
03:36 T'arrives sur Canal avec un sketch show qui s'appelle Cocorico,
03:38 pourquoi Cocorico ?
03:39 Cocorico, parce que c'est une manière de s'approprier les codes nationaux.
03:43 Et Cocorico à la base, je voulais que ça s'écrive avec un C.
03:46 Et c'est Farid, mon fils, le comique,
03:49 parce que je le considère comme mon fils,
03:50 sans moi il est rien du tout.
03:51 C'est lui qui m'a dit "non mais mets un K, J, P,
03:54 vas-y, ils sont un peu modernes, machin,
03:55 mets un circonflexe, ça fait comme si on s'approprie la France,
03:58 on s'approprie avec nos codes à nous".
04:00 J'ai dit "ah il est pas con le gamin".
04:01 Et j'ai mis les K.
04:03 Cocorico !
04:04 C'est notre manière à nous de revendiquer notre francitude, tu vois.
04:08 Et on est vraiment attachés à ça et j'aimais bien quoi.
04:10 Liberté totale pour l'écrire le sketch show ?
04:12 Méga liberté totale,
04:13 mais de toutes les façons je me mets jamais de limites moi.
04:15 J'ai aucune limite.
04:16 Tu bois de l'eau déjà ?
04:17 Non !
04:18 Parce que j'ai soif !
04:19 Ah oui !
04:19 C'est pas par rapport au piment,
04:20 ça même je bois ça comme ça, ça ferait rien.
04:22 Bah bois ça directement alors.
04:24 Bah tout de suite !
04:25 Ma seule limite c'est de pas blesser les gens.
04:27 Quand tu sens que tu regardes un sketch et que
04:29 y'a un truc qui peut blesser les gens parce que c'est mal amené,
04:32 parce que c'est raté, tu peux rater des trucs.
04:33 Moi je suis pas le gars genre toute puissance,
04:35 "mais non c'est chamé, c'est des cons, ils ont rien compris".
04:38 Eh tu peux rater un sketch.
04:39 Donc si on rate un truc et que ça peut être mal interprété,
04:42 allez ça dégage.
04:43 J'ai pas de problème avec ça.
04:44 Et alors Farid est directeur de collection.
04:46 Tu connais le Renoi, faut le valoriser.
04:48 Faut le valoriser un gosse.
04:50 Parce qu'on le connait du stand-up,
04:50 mais moi j'étais assez surpris de le voir en directeur d'écriture en fait.
04:53 Il écrit super bien, il est hyper intelligent,
04:55 il aime ça, il a son équipe avec Jason Brokers,
04:58 avec Paul Duchavanne, avec Kytouch,
05:01 et Jérôme et l'autre fille qui sont des potes à oim et tout.
05:03 Et même Tocou aussi qui a écrit,
05:05 fallait que quelqu'un prenne la direction du truc.
05:07 Et comme Farid a un égo démesuré,
05:09 on pouvait pas le mettre hauteur comme les autres.
05:11 Et il est tellement narcissique mon fils,
05:13 on a dit "bon tu es le directeur de la collection",
05:15 il a dit "OK !"
05:16 Tu vois, donc ils ont bien taffé.
05:18 Par contre il y a beaucoup de sketchs qu'on a jetés à l'écriture,
05:20 mais comme ça on a pu faire le tri.
05:22 Il y aura un numéro 2 du coup.
05:23 Inch'Allah.
05:24 Je te le souhaite.
05:24 On passe à la deuxième ?
05:25 Vas-y on passe à la deuxième.
05:26 C'est parti, 4 mots douces.
05:27 En fait je pense que ça,
05:31 faut l'affronter comme dans la vie,
05:32 se dire que c'est une petite épreuve
05:34 et que ça va le faire.
05:35 Tu vois ce que je veux dire ?
05:35 Complètement.
05:36 T'en as mis beaucoup ou pas ?
05:41 Je me rends pas compte.
05:42 J'en ai mis beaucoup, je te jure j'en ai mis beaucoup.
05:43 J'ai vraiment badigeonné le bail.
05:45 En place, tu incarnes Stéphane Blais,
05:47 un mec qui veut devenir président.
05:48 Ouais.
05:49 Ça serait cool que tu aies peut-être des conseils.
05:51 On allait rencontrer un gars,
05:53 il s'y connaît un peu quoi.
05:54 Oui, il fait voir.
05:54 Monsieur le président, cher Stéphane Blais,
05:57 je vais vous donner quelques conseils,
05:58 vous les suivrez ou pas,
06:00 mais je vous livre une expérience.
06:03 D'abord le premier jour,
06:05 prenez soin de bien accompagner votre prédécesseur
06:08 parce que sinon,
06:09 il vous envoutera toute sa vie.
06:12 Ensuite, de bien choisir la météo pour le premier jour.
06:18 Prenez un temps idéal, bleu,
06:22 avec un soleil qui sera celui d'Austerlitz.
06:27 Évitez la pluie.
06:28 La pluie après, ce sera une malédiction.
06:30 On dira toujours que vous apportez finalement le mauvais temps,
06:35 alors qu'en fait, le mauvais temps,
06:38 aujourd'hui, tout le monde le souhaite.
06:40 Après, le soir même, évitez de prendre l'avion.
06:44 L'avion peut toujours avoir un défaut.
06:48 La foudre peut s'abattre sur lui.
06:50 Et donc pour aller rencontrer le chancelier d'Allemagne,
06:53 évitez de prendre l'avion.
06:54 Prenez le train tout doucement, prenez votre temps.
06:57 En réalité, le conseil que je vous donne,
07:00 c'est d'être normal.
07:01 Même si ça surprendra finalement,
07:02 venant d'où vous venez,
07:05 avec ce que vous représentez,
07:07 eh bien dites que vous êtes normal.
07:09 Vous verrez, c'est le meilleur argument.
07:11 - Oh putain, ça fait plaisir de ouf, ça !
07:14 - Ça fait grave plaisir. - Incroyable !
07:16 - Vous avez des contacts un peu partout ici !
07:18 - Président de la République de Rotouans.
07:20 - Oh putain, c'est ouf, ça !
07:21 - Ça te dirait d'être président de la République ?
07:23 - Pas du tout !
07:24 Je suis pas assoiffé de pouvoir, de position, de dominance, machin, tout ça.
07:29 Pour moi, la politique, c'est vraiment celle qu'on fait au quotidien.
07:32 C'est Abdoulaye, l'entraîneur de mon fils au foot,
07:35 qui vient gratuitement entraîner les enfants
07:38 et qui donne des conseils et qui éduque aussi un petit peu à sa manière.
07:41 Pour moi, la vraie politique, c'est social.
07:43 Parce que je viens d'un milieu populaire, tu connais, nous, c'est la strip.
07:45 - C'est la hurle. - La vraie hurle.
07:47 Je pense à tous les éducateurs qui m'ont pris en main au foot, machin, tout ça,
07:51 et je pense que c'est eux les vrais héros, quoi, vraiment.
07:53 - Imagine, t'es président pour une semaine.
07:57 - Ouais. - Qu'est-ce que tu fais ?
07:58 - On essaye de mettre en place un système où le peuple,
08:01 il a vraiment, vraiment le plein pouvoir et il peut vraiment faire des trucs.
08:05 Donc je serai écologiste, je serai à fond dans le peuple,
08:08 et je donnerai plus de moyens pour les éducateurs, les profs, l'hôpital,
08:11 les vrais gens, les éboueurs, les caissières.
08:14 Je nique tout le budget là-dedans.
08:16 C'est pas grave, je me barre dans une semaine.
08:17 - OK. - Voilà.
08:19 Et à la fin, je mets la 7e République.
08:20 - OK, c'est bon, c'est noté.
08:22 - Et après, je taille. Faites ce que vous avez à faire.
08:26 - Comment t'as fait ? - J'ai fait comme ça.
08:28 C'est-à-dire que tu tires dans le tas, mais tu calcules pas, tu vois.
08:30 - C'est irresponsable, pour le coup. - Ouais, mais c'est la strip,
08:32 c'est le geste qu'on aime bien.
08:33 C'est pas tirer concrètement sur les gens, c'est le fait de faire ça
08:36 qui fait qu'on est content, tu vois.
08:38 - Là, on passe à Coco Dingo.
08:42 14 700 sur l'échelle de Scoville.
08:44 - Elle en est mis vraiment beaucoup. - Mais elle est bonne.
08:51 - Ouais, elle est bonne. - Souvent, avec tes persos,
08:52 ça part d'un petit événement qui prend des proportions énormes,
08:55 qui vient de plus en plus compliquées, c'est arrivé dans la vraie vie.
08:58 - Ayley, mon fils, il a un pote qui s'appelle Lamine,
09:00 qui traîne tout le temps à la maison.
09:01 Ils sont partis au Grec, ils arrivent là-bas, Lamine, il avait son vélo.
09:04 Il y a une dame qui arrive et qui dit "mais dis donc, ton vélo là,
09:08 mon fils, il a perdu le sien la semaine dernière,
09:10 serait pas toi qui l'as volé ?"
09:11 Et elle prend le vélo, elle s'en va.
09:13 - Quoi ?
09:14 - Et mon fils, il rentre à la maison et il court avec Lamine.
09:17 "Papa, il y a une dame, elle est venue, elle a pris le vélo de Lamine,
09:23 elle a dit qu'on l'avait volé, tout ça, papa, viens, viens !"
09:27 J'étais en chaussons, frère, je suis "vas-y, je prends mes chaussons,
09:30 tac, je cours au Grec !"
09:32 J'arrive là-bas, il n'y a plus la dame.
09:33 Et je dis à Lamine "c'est pas contre toi, mais le vélo, tu l'as eu où, en fait ?"
09:38 Il me dit "non, c'est mon voisin qui me l'a donné !"
09:42 "Bon, on va aller chez toi, faut que je voie c'est qui qui t'a donné le vélo,
09:45 j'ai pas envie de me mettre dans une sauce pour rien."
09:47 Je vais dans l'immeuble de Lamine, "vas-y, on monte au 6ème",
09:49 je tape à la porte. - En chaussons ?
09:51 - Ouais, en chaussons, tout ça en chaussons.
09:53 J'arrive devant la dame et tout.
09:54 "Le vélo que vous avez offert à Lamine, il vient d'où, en fait ?"
09:58 Elle me dit "pourquoi ?" Je dis "parce qu'il y a une dame qui est venue,
10:00 elle a pris le vélo de Lamine, elle a dit qu'elle l'avait volé et tout ça."
10:04 "Quoi ?! Non, pas du tout ! C'est un vélo que j'avais offert à mon fils,
10:08 et comme mon fils, il est trop grand maintenant, je l'ai donné à Lamine,
10:11 parce que Lamine est super gentil, donc je sais quoi, cette histoire..."
10:14 Je dis "calmez-vous, madame, j'ai un César, je suis dans le cinéma,
10:17 je vais régler l'histoire."
10:19 "Est-ce que vous avez la facture du vélo ?"
10:21 "Non, mais c'est mon mari qui a la facture, il travaille à l'usine, il finit à 22h."
10:25 "Bon, c'est pas grave, c'est bon le vélo, vas-y, madame, le cinéma français s'en occupe."
10:29 Je prends tout le monde, on va dans l'immeuble de la dame et tout,
10:34 je sonne, on sent que la dame elle est là, elle ouvre pas la porte.
10:37 "Vas-y, qu'est-ce qu'on fait ?"
10:39 Première fois de ma vie, j'appelle les keufs.
10:41 "Ouais, allô, c'est Jip et Zadji, meilleur espoir du cinéma français,
10:45 il y a quelqu'un qui a volé le vélo de mon neveu, tout ça, c'est comment et tout, là ?"
10:50 Le keuf, il me dit "mais monsieur, vous avez la facture ?"
10:52 Je dis "non, j'ai pas la facture", il me dit "mais monsieur, si vous avez pas la facture, on peut rien faire."
10:55 - J'ai tellement envie de savoir la fin, j'ai tellement envie de savoir la fin... - Attends !
10:58 Le soir, je rentre chez WAM, je me dis "ah, c'est mort, frère, un tonton camerounais,
11:02 tu crois vraiment qu'il a gardé la facture du vélo depuis 6 ans ?"
11:06 Je dis "non, je connais l'Afrique, on n'est pas des grands rangeurs de factures."
11:09 Je dis "vas-y, c'est mort, laisse tomber", mais j'avais mal au cœur.
11:13 Le lendemain matin, je me réveille à 9h.
11:15 "Bon, allô, oui, monsieur Jipez a dit 'bon, j'ai la facture, venez, on va aller chercher'."
11:20 Je me lève. "Allez, vas-y."
11:22 - Chausson ? - Non, là, je me suis habillé.
11:24 Là, j'ai mis un jogging, basket et tout.
11:26 On arrive devant l'immeuble de la meuf, et là, je vois la dame avec le vélo et son fils à elle.
11:32 La dame, elle vient voir mon fils.
11:34 "Alors, explique-nous l'histoire, qu'est-ce qui s'est passé ?"
11:37 Mon fils, il a été incroyable.
11:38 Il la regarde dans les yeux, il a 9 ans.
11:40 "Mais madame, vous êtes venue, vous avez pris le vélo, vous nous avez traité de voleurs."
11:43 Elle dit "non, j'ai pas dit ça, j'ai dit juste qu'il y a quelqu'un qui a pris le vélo,
11:48 et ça ressemblait au vélo."
11:49 Et moi, je dis à la dame "mais madame, si ils étaient blancs, est-ce que vous auriez agi comme ça ?"
11:54 Là, la meuf, catastrophée.
11:55 "Vous me traitez de raciste !"
11:57 Je lui dis "eh, pensez ce que vous voulez."
11:59 S'il y a un problème avec les vélos, prenez votre téléphone,
12:02 demandez le numéro des parents, vous appelez, on règle le truc.
12:05 Là, vous avez pris ça comme ça parce que vous vous êtes dit qu'il y a personne derrière eux, il y a rien.
12:08 Ce que vous savez pas, c'est que le père est meilleur espoir du cinéma français.
12:11 Et c'est un acteur qui compte dans le cinéma français.
12:13 Donc j'aurais pas laissé cette histoire.
12:15 Et donc, c'est le bon vélo, et Lamine m'a pas dit merci.
12:19 C'est-à-dire qu'il a pris son vélo, "allez, salut, bonne journée !"
12:23 Il a continué sa journée tranquille.
12:25 Alors que j'ai niqué mon samedi après-midi, j'ai niqué mon dimanche matin.
12:29 - C'est un vrai court-métrage ? - Je sais pas si c'est un court-métrage,
12:32 mais en tout cas, ce qu'elle a fait, cette dame, peut-être qu'elle s'en est pas rendu compte,
12:35 mais c'était tellement violent que je me voyais pas abandonner et dire à Lamine "bah, désolé mon pote !"
12:40 - Lamine, c'est quoi sa vie ? - Lamine, il vit chez sa grand-mère.
12:42 C'est le meilleur pote de mon fils.
12:44 En fait, quand je vois Lamine, je me vois moi quand j'étais petit.
12:47 Pas trop de zaye, c'est un peu la galère, tu vois.
12:50 Et en fait, ma famille, ça me fait penser à mes potes chez qui j'allais quand j'étais petit.
12:54 Où t'arrivais là-bas, y avait de la pizza, du jus, on était comme des oufs !
12:58 - Du jus quoi ? - Du jus, frère !
12:59 À l'époque, jus, yaourt, c'était incroyable !
13:03 Donc il me fait penser à moi quand j'étais petit.
13:05 Donc c'est vraiment mon gars, quoi. Et mon fils l'aime bien, donc voilà.
13:08 [Musique]
13:11 - Alors c'est une sauce un peu spéciale. - Ouais.
13:13 C'est une sauce japonaise à base de wasabi.
13:14 Et il se trouve que le titre de la sauce, c'est "Nos âmes et nos actes".
13:18 [Rires]
13:19 C'est fou, hein ?
13:20 [Rires]
13:21 - Pourquoi ça te fait rire ? - Ça me fait rire, "Nos âmes et nos actes",
13:23 parce que c'est un classique du rap français.
13:24 [Rires]
13:25 C'est le premier album que j'ai sorti avec mes gars, "La Cellule", avec AL1 et Drama.
13:29 Et moi, mon nom, c'était "Mac Zed".
13:31 "Mac Zaddy", t'as capté ?
13:33 Le nom était pas terrible, mais le flow était là.
13:35 Et donc, "Nos âmes et nos actes", c'est la première fois que je me rends compte
13:38 que je suis capable de faire un truc.
13:40 Positif, en fait.
13:41 C'est ce qui me permet de prendre confiance en moi.
13:43 J'ai tout fait pour pas arriver dans le...
13:46 "Dit le machin, tout ça, shit, machin..."
13:48 - Ça s'est présenté à toi ? - On me l'a proposé,
13:50 mais ça m'a même jamais floré l'esprit.
13:52 - C'est dû à quoi ? - J'avais peur de mon père.
13:54 [Rires]
13:56 Une peur concrète et frontale.
13:59 J'avais peur de mon père, et puis, tu sais...
14:01 Parce que moi, je viens d'un milieu, tu vois...
14:02 - Attends, je vais manger ton truc. - Vas-y, vas-y.
14:05 [Renifle]
14:07 Ça va.
14:08 Moi, je viens d'un milieu vraiment...
14:11 pauvre.
14:13 Mes parents, ils se sont débrouillés pour acheter une maison,
14:15 genre à Yves, c'est dans le sud de Caen.
14:18 Donc, c'est pas un truc de bourgeois, mais au moins, ils avaient une maison.
14:20 Mais bon, on est neuf frères et sœurs, avec des cousins qui vivaient chez nous et tout.
14:24 En gros, dans la maison, on était peut-être 15, tu vois.
14:26 Donc, mes parents avaient trop de problèmes.
14:28 C'est ce qui fait aussi que j'ai pas mal tourné,
14:30 parce que je voulais pas être un poids pour mes parents.
14:32 C'est une époque aussi où tu partais en vacances à Sarcelles ?
14:34 Oui, chez mon cousin, qui j'adore d'ailleurs, qui s'appelle Franck.
14:37 J'ai vu un truc aussi qui a été vraiment charnière pour moi,
14:41 c'est qu'on va aux Flanades avec mon cousin.
14:43 C'est le centre commercial à Sarcelles.
14:45 Et je vois un immeuble Secteur A, frère.
14:47 Le groupe de rap des années 90.
14:48 Voilà, avec Stomy, Passy, Doc Gineco, Arsenic.
14:52 Là, c'était le bureau de leur label.
14:53 Et je sais pas, ça a été un choc pour moi,
14:55 parce que je savais pas qu'on était capables d'être des entrepreneurs,
14:57 faire du business, faire des trucs et tout.
14:59 Et là, je vois ça concrètement, je me dis,
15:01 mais on peut s'extraire de notre condition en travaillant,
15:04 en faisant des choses.
15:04 Donc, les premières références concrètes que j'ai de réussite, c'est Secteur A.
15:08 - Imagine, tu retournes en enfance. - Ouais.
15:10 - Petite carte postale de Sarcelles. - Ouais.
15:12 - Tu dois l'envoyer à ta famille. - Ouais.
15:14 - Qu'est-ce que t'écris dedans ? - Oh putain, elle est bien la carte.
15:16 - Sarcelles. - Mais c'est la rue de mon cousin !
15:18 C'est la rue César Franck !
15:20 - C'est beau. - Ouais, elle est super.
15:21 Non, je mets dessus, "Salut papa, salut maman, ça va ?
15:24 Je suis avec Franck, on rigole bien,
15:26 on traîne avec des mecs un peu bizarres, qui ont des cuirs et tout,
15:29 mais moi en tout cas, je rigole bien."
15:31 Voilà, pour moi, Sarcelles, c'est la rigolade.
15:33 Mais après, moi, j'ai eu de la chance de connaître le ghetto que l'été.
15:37 Mais c'était pas la même chose pour les gars qui vivaient là-bas toute l'année.
15:40 Ouais, c'était des bons souvenirs.
15:41 - Été 82. On est à 57 000 Scoville. - Ah ouais.
15:48 - Là, pour l'instant, tu te sens bien ? - Méga bien.
15:50 Là, pour l'instant, c'est promenade de santé, frère.
15:52 - Tu dis qu'avec tes enfants, tu te sens un peu déconnecté.
15:58 - Attends, ça commence.
15:59 - Tu dis qu'avec tes enfants, tu te sens un peu déconnecté niveau expression.
16:04 - Ouais. - Je te propose qu'on fasse un quiz vocabulaire.
16:06 - Vas-y, OK. - Je te propose des nouvelles expressions d'argot.
16:09 - Voilà.
16:10 - On va dire que... - Ça commence, Kyan, ça commence.
16:13 - On va dire, t'as 40 ans.
16:14 Si tu trouves ce que ça veut dire, tu perds 5 ans.
16:17 - Ouais. - Si tu trouves pas, tu prends 5 ans.
16:19 - Vas-y, OK. - Pour voir ta street cred.
16:21 - Ça commence à être chaud, Kyan. - C'est quoi du thal ?
16:23 - Du thal ? Vas-y, donne-moi un thal, vite fait.
16:26 - Street cred.
16:28 - Je sais pas ce que c'est du thal. - C'est de l'argent.
16:30 - De l'argent ? - Ouais.
16:32 - Plus 5 ans. - Plus 5 ans, vas-y.
16:33 - Il est sangap. - Mais c'est quel argot, ça, frère ?
16:35 - Ça, ça vient de Saint-Denis. - Ça veut dire il est chinois, non ?
16:37 - Il est claqué au sol. - Ah, il est claqué au sol.
16:39 - Ça veut dire qu'il est nul. - Il est nul, quoi.
16:41 - Il m'a pas cala. - Ouais, il m'a pas calculé.
16:43 - Yes. - Fimbi.
16:44 - C'est une fémeux, non ? - Ouais, c'est ça.
16:45 - Une meuf, quoi, ouais. - Je suis steine.
16:47 - Ça veut dire je suis fatigué, non ? - Ouais, je suis tranquille.
16:49 - Je suis tranquille. - On l'accepte ou pas ?
16:51 - Non. - On l'accepte pas.
16:52 - On l'accepte pas.
16:53 Je sais pas d'où il vient ton argot, là, mais frérot, les gens, ils t'ont blagué.
16:56 - Eh, tu thales. - Ou alors t'as 50 ans.
16:58 - Non, non, je suis très jeune. - Parce qu'il a 50 ans ?
17:00 - 45. - 45.
17:01 - J'ai 45 et les Français m'adorent, t'inquiète. Y a pas de souci.
17:04 Là, ça pique pas de ouf, mais ça pique un peu.
17:08 - Ça chauffe. - Là, ça commence.
17:10 - À partir de maintenant, les sauces sont directement sur les nuggets.
17:16 Si tu dois te frotter les yeux, ne le fais pas avec tes doigts.
17:19 - Je vais te dire un truc, Yannick, aujourd'hui.
17:21 On a vécu des vrais trucs dans la rue.
17:22 On a failli aller en tôle plusieurs fois. Tu vois ce que je veux dire ?
17:25 Dans la vraie rue, y a pas de place pour les chenapans.
17:28 Dans la vraie rue, y a que des loups-garous. Tu vois ce que je veux dire ?
17:30 Et moi, je suis un loup-garou.
17:31 Donc c'est pas les piments, là, qui vont me faire quoi que ce soit.
17:34 T'as capté ? - Santé.
17:35 - Laisse-moi parler encore. - OK.
17:37 J'ai un peu peur, laisse-moi gagner du temps.
17:38 - J'ai peur de croire que moi, j'arrive là, c'est boum boum.
17:41 Non, moi, y a pas de nanani.
17:43 Moi, c'est boum boum.
17:44 Et tu sais ce que je fais avec ton piment ?
17:46 - Je le cranche d'une bouchée, voilà.
17:48 - C'est quoi, les bails ?
17:52 - T'as parlé avec Belmondo ? - Ouais, j'ai parlé avec Jean-Paul.
17:57 - Et il paraît que ça t'a même fait pleurer. - Attends, attends, attends.
18:01 Attends, attends, attends, attends, attends.
18:03 - T'as croqué vénère. - Ouais, j'ai croqué vénère,
18:04 parce que moi, c'est la rue. - Pourquoi tu bois ?
18:06 - Non, c'est pas la rue, ça. - OK, vas-y, y a pas de souci.
18:08 - Attends.
18:11 Attends.
18:14 - Ouais.
18:15 - Donc Belmondo ? - J'avais un pote qui faisait un documentaire sur Belmondo.
18:20 Et il m'a dit...
18:22 Parce qu'il sait que... C'est dur, Ken.
18:25 - C'est vraiment dur. - Mais non, c'est la rue.
18:27 - C'est vraiment dur. - Attends, je vais boire.
18:30 - Non, non, pourquoi tu... Mais non, c'est la rue ou...
18:32 - Je suis d'accord avec toi, c'est la fucking street.
18:34 Donc ouais, j'ai un pote qui a fait un documentaire sur Belmondo.
18:37 Comme il sait que j'aime bien Belmondo, il m'a dit "vas-y, viens".
18:39 Parce que moi, je viens d'une famille nombreuse et tout, comme je t'ai dit.
18:42 Et les seuls moments où on était tous ensemble, c'est dur.
18:45 C'est quand on regardait les films avec Belmondo et tout.
18:48 Donc c'est un peu...
18:49 - Attends. - OK, tu bois.
18:52 - C'est un peu...
19:02 C'est un peu ma Madeleine de Proust, tu vois.
19:04 Et donc j'arrive dans le truc, là je le vois.
19:06 Mon cœur, il bat de ouf.
19:08 Attends, on est gros, putain.
19:09 Et je viens de t'appeler "Négro".
19:12 Voilà, je commence à faire de l'effet d'âge.
19:17 Ça me fait un effet de ouf.
19:22 Et il est là, souriant, beau gosse, gentil.
19:26 Et je lui dis "quand j'étais petit, vous étiez vraiment un modèle.
19:30 Vous m'avez fait quand même aimer la France.
19:31 Vous me rappelez ma famille".
19:33 Je crois qu'il s'en fout un peu quand je lui parle,
19:34 mais il me regarde, il me sourit.
19:36 Très content, il me dit "merci, merci".
19:38 Et après, je m'en vais.
19:40 Et après, je m'effondre.
19:41 Non, moi, je suis le genre de gars qui pleure jamais.
19:46 Vraiment, je suis un plouc là-dessus.
19:48 On m'a pas éduqué à pleurer.
19:49 J'ai jamais vu mes parents pleurer.
19:51 J'ai jamais vu ma mère pleurer.
19:52 J'ai jamais vu mon père pleurer.
19:54 Et là, quand je vois Belmondo, je sais pas ce qu'il me prend.
19:56 Des larmes, des larmes.
19:58 C'est le seul gars qui m'a fait pleurer.
19:59 Est-ce que je peux t'offrir quelque chose ?
20:00 Arrête de me dire, y'a pas Belmondo qui va dire
20:02 "Oh, chuppé mon gars, il est mort".
20:05 Arrête.
20:06 Vas-y, commencez pas vos trucs, là.
20:07 Ouais, je vois très bien, ouais.
20:13 Tu te rappelles de ça, le dimanche soir ?
20:14 Deux films sinon rien ?
20:15 C'est de ça qu'on parle.
20:17 C'est exactement ça.
20:18 Franchement, c'est beaucoup d'émotions, quoi.
20:20 N'importe quoi.
20:24 C'est la fille de mes rêves, ouais.
20:27 Les plans sociaux, alors.
20:28 Non, mais...
20:33 C'est avec Franck, c'est toi ?
20:35 Ouais.
20:36 C'est incroyable, incroyable.
20:38 Ça évoque un truc, hein ?
20:41 Ça évoque plein de trucs.
20:43 Y'a plein de gens qui m'ont dit
20:44 "Mais comment t'es arrivé dans le milieu du cinéma ?"
20:46 Parce qu'en vrai, moi je suis pas cinéphile.
20:48 Mais je me rends compte que de m'être tourné vers ces métiers-là,
20:50 y'a peut-être un rapport avec ma famille,
20:52 avec mes frères et sœurs,
20:54 on était tous ensemble et tout.
20:55 Et pour la petite anecdote,
20:57 quand j'ai fait "Tout simplement noir",
20:58 moi ça m'a fait l'effet de...
20:59 Surtout, je suis à ma place.
21:01 Parce que mon premier film, je l'ai fait à 38 ans.
21:03 C'était quand même en galère.
21:04 Ma meuf, les gosses, pas d'argent.
21:07 C'était dur.
21:08 Donc j'avais pas ma place.
21:09 Et quand je fais "Tout simplement noir"
21:10 et que je réalise et que je joue dedans,
21:12 tout rentre dans l'ordre.
21:14 Tu vois ?
21:15 Prêt pour la fièvre ?
21:18 Vas-y, on y va.
21:19 Elle me met un coup de chou, la fièvre.
21:20 Ah ouais ?
21:21 Je crois qu'un gros coup de chou.
21:22 Parce que moi, je croque tout.
21:24 Franchement, je te respecte ouf si tu fais ça.
21:25 J'ai un problème avec ça.
21:26 J'ai toujours envie de prouver,
21:27 je sais pas pour quoi.
21:28 Et là, tu me l'as dit
21:29 et regarde ce que je fais.
21:30 Je te regarde.
21:31 Franchement, t'es courageux.
21:34 J'ai plein de défauts.
21:35 Mets-le.
21:36 Ouh, la vache.
21:37 Oh, nom de Dieu.
21:40 Je sens que ça descend.
21:45 C'est pas un piment qui reste là,
21:47 il descend un peu.
21:48 Toi, tu vas pas boire, hein ?
21:49 Eh, dis-moi,
21:51 tu vas pas boire, hein ?
21:52 Y a pas de souci.
21:54 Eh, frérot !
21:56 On a vécu des vrais que trucs dans la rue.
21:57 Bah oui, c'est pas là que...
21:58 Attends.
21:59 J'ai beaucoup de défauts,
22:01 mais je sais que je suis courageux.
22:03 Tu sais, y a plein de choses
22:04 que je dis à mes enfants.
22:05 Y a un truc que je leur dis,
22:06 c'est d'écouter leurs émotions.
22:08 C'est-à-dire que s'ils ont envie de pleurer,
22:10 ils peuvent pleurer.
22:11 S'ils sont pas contents d'un truc,
22:13 il faut qu'ils le disent.
22:14 Et je leur dis,
22:15 le dernier élément pour réussir sa vie,
22:16 c'est le courage.
22:17 Je sais que ça,
22:18 mes parents, ils me l'ont transmis.
22:19 Y a un de tes proches,
22:20 tu nous as confié
22:21 que t'as refusé des films bien payés,
22:23 alors que toi-même,
22:24 t'étais en galère.
22:25 Oui, c'est vrai.
22:26 Aujourd'hui, j'espère que ça s'est un peu arrangé.
22:27 Aujourd'hui, l'argent est là, frérot.
22:28 Y a pas de souci.
22:29 T'as pas vu le gilet,
22:30 comment il brille, frérot ?
22:31 Le problème, c'est que
22:32 tu dois un max de doser au fisc.
22:33 Et y a trois films qui se présentent à toi.
22:35 Tu dois absolument en faire un.
22:37 Vas-y.
22:38 Le premier film
22:40 que tu dois peut-être accepter,
22:41 c'est "Prout alors".
22:44 Oh putain !
22:45 Mais l'affiche est pas mal.
22:47 Un scientifique invente un filtre d'amour
22:49 dont l'effet secondaire
22:50 est que tu lâches des caisses.
22:51 Ça, c'est le genre de...
22:54 Ça me fait vraiment rire.
22:55 Je sais pas pourquoi, mais...
22:56 Deuxième choix.
22:57 Ça me fait vraiment rire.
22:58 Une vraie merde à te proposer.
22:59 Vas-y.
23:00 La cave du siècle.
23:01 Mamadou décide d'adopter
23:02 tous les enfants de son quartier
23:03 pour devenir l'homme le plus riche de France.
23:04 Oh la vache !
23:06 Là, c'est vraiment dur.
23:07 Mais ça dépense et payé combien ?
23:08 T'imagines !
23:12 Et enfin, "Zombiete".
23:13 Un virus qui transforme
23:15 toutes les extrémités du corps en b*tes
23:16 et qui se répand dans le monde.
23:17 Non, je fais pas "Zombiete".
23:18 Parce que j'ai un problème aussi,
23:20 c'est que j'ai des gosses.
23:21 Et donc, dès qu'il y a
23:22 des trucs un peu de gros mots,
23:24 des gens qui s'embrassent et tout,
23:26 on montre pas ça aux gosses.
23:27 Donc là, des doigts en b*tes et tout,
23:28 non, je fais pas ça.
23:29 Donc, on va te retrouver dans "Prout alors".
23:31 "Prout alors", j'aime bien
23:32 parce que ça dit un truc.
23:33 Et j'aime bien la transformation physique.
23:35 On parle de prout,
23:36 on parle de paix,
23:37 on parle d'amour.
23:38 Ça fait rire les gosses.
23:39 Ça fait rire les gosses,
23:40 il y a de la bonhomie.
23:41 Moi, j'aime bien.
23:42 Ok.
23:43 "Prout alors".
23:44 Ouais, "Prout alors".
23:45 La bombe, c'est vraiment là
23:47 où tu vas sentir quelque chose.
23:48 Ok.
23:49 Là, tu me fais vraiment peur.
23:50 Regarde-moi dans les yeux.
23:51 Arrête.
23:53 J'y arrête.
23:54 Vas-y, frérot.
23:56 Nous, c'est la rue,
23:57 y a pas de nanani.
23:58 Il y a des nananas.
24:00 C'est créé.
24:01 Je me sens en cendrier de téléphone.
24:04 Qu'est-ce qu'il se passe ?
24:07 C'est le bois de la gorge, des fois.
24:11 Non, je suis fait.
24:17 C'est le bois de la gorge.
24:25 C'est le bois de la gorge.
24:26 C'est le bois de la gorge.
24:27 C'est le bois de la gorge.
24:28 Qu'est-ce que c'est que ce truc ?
24:29 Ah oui, après, ça descend un peu dans la gorge.
24:43 Faut pas que ça tombe dans la gorge.
24:54 Non, ça part en couille.
24:55 Ça veut pas dans la gorge.
24:57 Vous parlez, là, frère ?
24:58 On fait une émission.
24:59 Allez, salut, bonne année.
25:00 T'es un rappeur ?
25:01 Non, c'est fou, là.
25:07 Ah oui, d'accord, je comprends.
25:08 Non, c'est fou, ce qui se passe.
25:13 C'est fou, ce qui se passe.
25:14 Donc, Cocorico, entre les sketches,
25:15 tu kicks un peu des morceaux et tout.
25:16 J'en ai rien à foutre, Kyan.
25:17 Je te propose qu'on se fasse un petit kickage, là.
25:19 Tu veux kicker quoi ?
25:20 Là, sous piment, on kick sous piment.
25:21 Allez.
25:22 C'est pas possible.
25:24 C'est pas possible.
25:25 Allez, viens on kick sous piment.
25:27 Je te pose un beat et tu kicks tranquille.
25:29 Je vais pas réussir, Kyan.
25:30 C'est bien de la rue, JP.
25:32 C'est la rue.
25:33 À chaque fois que j'arrive dans le...
25:43 Je peux pas, Kyan.
25:45 À chaque fois que j'arrive dans le...
25:46 Ouais, frérot, je peux pas.
25:53 À chaque fois qu'on arrive dans le game,
25:55 je pose un beat.
25:56 C'est moi.
25:58 Je peux pas, Kyan.
25:59 Kyan, j'ai envie de mourir.
26:02 Kyan !
26:04 Mais qu'est-ce que tu fais ?
26:05 Le beat est là.
26:06 Le beat est là.
26:07 Eh ! Eh !
26:08 On a fait...
26:09 Je peux...
26:10 Kyan, je...
26:13 Concrètement, je peux pas.
26:14 Kyan, je peux pas.
26:20 Qu'est-ce qu'on prend ?
26:21 C'est fou, ce qui se passe.
26:22 Ça ne s'arrête pas.
26:23 Kyan, je vais tomber.
26:27 Kyan, je vais mourir.
26:28 Mais c'est quoi, les deux trucs, après ?
26:34 Non, mais...
26:37 C'est de l'acide.
26:38 C'est quoi ?
26:39 Non, Kyan, je peux plus.
26:41 Honnêtement, c'est le plus dur.
26:42 C'est celui-là ?
26:43 Ouais.
26:44 Faut que je te dise un truc.
26:45 Je sais que j'ai un putain de flow.
26:46 Moi, mon problème, c'est les paroles.
26:47 Donc, écoute juste le flow.
26:50 Écoute pas le texte et tu vas kiffer.
26:52 Vas-y.
26:53 Mag Zadi, on est là.
26:55 On représente pour tous les calepins.
26:57 Pour tout ce qui est à faire.
26:58 T'inquiète pas, la boulangerie, c'est nous.
27:00 On fait ce qui est à faire.
27:01 Photo.
27:02 Eh ! Il sait pas ce qui s'est passé.
27:04 Mais t'inquiète pas, demanda Dame So.
27:07 Wesh, la famille.
27:08 Qu'est-ce qui se passe ?
27:09 Ah !
27:10 Zipé Zadi, le Z.
27:11 Kyan, dans quoi je me suis embarqué ?
27:17 Tu sais comment ça passe ?
27:18 Là, il y a encore des restes, là.
27:19 Ah, vache.
27:20 Je vais essayer.
27:21 Faut appuyer sur le...
27:24 C'est dégueulasse.
27:30 Ouais.
27:32 Tu penses vraiment que j'ai un vrai flow ?
27:33 Dis la vérité.
27:34 Franchement, t'as un flow singape.
27:35 Ah, t'es vraiment méchant.
27:38 Tu sais que je suis premier degré avec le rap.
27:40 Je croyais vraiment que t'allais me sentir un truc.
27:41 Non, franchement, t'en as tellement rien à foutre que c'est de l'art.
27:44 Ça veut dire ? J'ai pas compris.
27:47 Tu t'en bats les couilles, complètement.
27:48 Mais non.
27:49 Je pose.
27:50 Non, non, non.
27:51 C'est ce que je perçois, en fait.
27:52 Oui, mais je m'en bats pas du tout les couilles.
27:53 Et justement, je me dis, waouh, il est tellement à l'aise.
27:55 Si tu t'écoutes bien, je suis sur le beat.
27:56 Non, j'ai pas dit que t'étais pas sur le beat.
27:57 Moi, je suis incapable de faire ce que tu fais.
27:59 Ah ouais ?
28:00 Jamais je dis, je suis allé dans une boulangerie.
28:01 Jamais.
28:02 Moi, mon problème, c'est les lyriques, je t'ai dit.
28:03 J'ai vu, j'ai vu qu'il y avait...
28:04 OK.
28:05 Je sais que j'ai un vrai flow.
28:06 Un million de Scoville.
28:12 C'était la dernière sauce de l'ancienne saison.
28:15 Et maintenant, c'est l'avant-dernière sauce.
28:16 JP, t'es prêt ?
28:17 Vas-y, on y va.
28:18 Hé, nous, c'est la rue, frère.
28:19 Y a pas de nanani, frère.
28:20 Hé, t'as cru quoi ?
28:21 Y a pas de nanani.
28:24 Vas-y, viens, on mange le baiouèche.
28:26 Vas-y.
28:27 T'as mangé ?
28:28 Bah oui.
28:29 Ah, t'es chaud.
28:30 Ah, t'es chaud, Guillaume, t'es chaud.
28:31 Allez, go, allez, go, go, allez, JP.
28:33 Ah, il a mangé un gros goût, hein.
28:36 Ouais, bah, c'était...
28:37 Franchement, respect, hein.
28:38 Respect à JP Zaddy, il a beaucoup mangé.
28:40 Il est en train de regarder ce que ça a fait.
28:47 Ah, c'est fou.
28:52 C'est fou.
28:53 C'est dingue.
28:54 En fait, ça t'attaque...
28:58 Mais tranquillement, mais après, tu vois ce que je veux dire ?
29:01 T'as dit dans...
29:03 T'as dit dans une interview
29:05 que moi, jeune, noir, pauvre, français,
29:06 issu d'une famille nombreuse avec des dents avancées,
29:08 puisse réussir, ça relève au miracle.
29:09 On m'a toujours dit que je ne pourrais pas faire tel métier
29:11 ou rentrer dans telle entreprise.
29:13 À force qu'on me le répète
29:14 et que la société m'impose ce constat,
29:15 j'avais fini par y croire.
29:17 J'ai fini par me mettre moi-même des barrières.
29:19 Et ces barrières mentales-là, il faut les enlever.
29:22 On a la chance d'être en France,
29:23 il peut se passer plein de choses,
29:25 on peut faire plein de trucs,
29:26 on peut tout faire.
29:28 Il faut que les gens, ils sachent,
29:29 notre seule mission dans la vie, c'est d'être heureux.
29:31 Et le bonheur, c'est méga important.
29:33 - Comment on se débarrasse d'une pensée aussi puissante ?
29:35 - Moi, je pense que je suis un peu teubé aussi.
29:37 Et je pense que pour réussir, il faut être un peu teubé.
29:40 C'est-à-dire pas avoir conscience des choses, quoi.
29:43 Genre pas avoir peur d'être en galère,
29:45 pas avoir peur d'être en chien,
29:47 et juste s'écouter, quoi.
29:49 Un petit soupçon d'inconscience,
29:50 un petit soupçon de courage,
29:52 un tout petit peu de talent,
29:54 beaucoup de travail,
29:55 et tu fais ce que tu peux.
29:57 - Beaucoup de travail, quand même.
29:58 - Je ne crois pas du tout que je suis un gars talentueux.
30:00 Par contre, je pense que je suis un gars
30:01 qui a beaucoup travaillé
30:02 et qui est très courageux.
30:04 C'est chaud, ce qui se passe là, non ?
30:06 - Ouais.
30:08 - En gros, ça me fait du bien.
30:10 - Moi, je babe.
30:11 - Je te jure, ça me fait du bien, frère.
30:15 Ça me fait vraiment du bien.
30:16 - Dernière sauce, JP.
30:22 - Mais l'avant-dernière, elle a attaqué un coup !
30:24 - Mais t'as vu, elle était moins que...
30:25 - Mais l'autre, elle était folle !
30:27 Folle de chez folle !
30:29 - Est-ce qu'on est prêts, JP ?
30:30 - Attends. Une seconde.
30:31 - Est-ce qu'on peut parler un peu ?
30:32 - Je vois bien que tu parles.
30:33 - Attends !
30:34 - Depuis le début, tu parles pour meubler.
30:35 - Attends, on peut parler encore un peu, Kyan, avant le truc.
30:37 - Il y a une tradition.
30:38 On met une goutte finale sur son nugget
30:42 avant de le manger.
30:43 - Kyan est un putain de pervers.
30:45 - JP, j'étais ravi de te rencontrer.
30:47 - Moi aussi.
30:48 - Je l'ai mis trop !
30:51 Je l'ai mis vraiment beaucoup trop, Kyan.
30:53 - Vas-y, on y va quand même.
30:55 Nous, c'est la rue, frère.
30:56 - C'est ça.
30:57 - Ta mère t'a dit "Rigole bien avec tes amis blancs,
31:08 mais n'oublie pas que t'es noir."
31:10 - Ouais.
31:11 Ma mère m'a dit ça.
31:13 - Franchement, ça passe, ça pique, mais ça passe.
31:18 - C'est facile, ça passe.
31:19 - Ma mère, c'est une meuf, vraiment, une meuf.
31:22 - Waouh, comment je parle ?
31:25 - C'est...
31:26 - C'est une meuf.
31:30 - Ma mère, elle a beaucoup conscience
31:33 de tout ce qui est négritude, machin.
31:35 Un peu plus que mon père, quand même.
31:38 Mon père, c'était un peu Patrick Sébastien, Interville, tu vois.
31:41 Mais ma mère, c'était vraiment...
31:43 Elle nous faisait regarder des films sur l'apartheid.
31:46 Quand Nelson Mandela est sorti de prison.
31:50 C'était sur la 5, je me rappelle,
31:52 on a regardé la sortie de Nelson Mandela toute la journée.
31:54 Ma mère tenait absolument à ce qu'on regarde ça.
31:56 Alors que les gens étaient dehors et tout.
31:59 C'était un samedi, je crois.
32:00 Moi, j'ai passé ma journée
32:05 à voir Nelson Mandela comme ça dans la rue,
32:07 sur la voiture, machin et tout.
32:09 Parce que j'ai beaucoup d'amis vers la adolescence.
32:11 Quand ils se sont aperçus qu'ils étaient noirs,
32:13 ils sont partis un peu en dépression, tout ça.
32:15 Moi, j'étais déjà au courant.
32:17 Donc ma mère m'avait déjà expliqué.
32:21 Elle m'avait expliqué que ma vie n'allait pas être la même que les autres
32:24 parce que je suis noir.
32:25 Et que le fait d'être noir, ça allait me changer beaucoup de choses
32:27 et que ça allait me rendre les choses difficiles.
32:29 Et c'est ça qu'elle m'a amené, ma mère.
32:31 La conscience nègre.
32:35 La négritude, la conscience d'être nègre,
32:38 la conscience d'être un Africain, la conscience que...
32:40 Bien sûr que c'est relou d'être confronté à des refus,
32:43 à du racisme, à machin, je dis pas que c'est bien.
32:45 C'est relou.
32:46 Mais moi, j'étais préparé.
32:48 Et ça me faisait pas peur.
32:49 Tu vois ce que je veux dire ?
32:51 C'est pas pour rien que c'est mon premier film.
32:53 Je cours un peu en noir.
32:55 Je cours un peu en noir parce que c'est vraiment ce que j'ai au fond de moi.
32:59 C'est ce que j'ai.
33:01 C'est vraiment ce que je suis.
33:03 C'est vraiment ce à quoi on m'a éduqué.
33:05 Cette fierté d'être Français et cette fierté d'être noir.
33:07 Et que les deux, ils vont ensemble.
33:09 C'était facile aussi à l'époque, dans les années 80-90,
33:12 c'était facile d'avoir honte d'être noir.
33:14 Quand on voit les images qu'on avait de nous à la télé,
33:18 comment on était représentés,
33:20 comment on parlait de nous dans les livres.
33:22 Je me rappelle un jour, quand j'étais au collège,
33:25 il y avait une description du diable dans un livre de français.
33:32 Et toute la description qui disait du diable, frère, c'était un renoi.
33:36 Et toute la classe était tournée vers WAM comme ça et tout.
33:39 "Le diable, c'est peut-être ta famille, non, J.P."
33:42 Ouais, mais on était gosses, frère, on était au collège.
33:45 Ma mère m'a appris qu'il fallait être fier.
33:47 Quelquefois, c'était même quelque chose à valoriser.
33:52 Ça, c'est ma daronne qui m'a...
33:54 Mon papa, je l'adore, mais il est plus dans la rigolade.
33:57 - Elle a vu tout simplement noir ? - Oui, elle a vu tout simplement noir.
33:59 - Qu'est-ce qu'elle en a pensé ? - Nous, on est quand même des Africains,
34:01 donc on est quand même dans la pudeur.
34:03 On n'est pas là à se dire "Oh, c'est chanmé, mon fils !"
34:05 - Est-ce qu'elle était fière ? - Fière, mais elle ne me l'a pas dit.
34:07 - Elle ne te l'a toujours pas dit ? - Elle n'a pas besoin de me le dire concrètement.
34:10 "J.P., je suis fier de toi." On n'est pas dans une série, frère.
34:13 Sérieux, on est dans la vraie rue, on est dans la hurle, frère.
34:17 Il y a une distance quand même qu'on met avec les sentiments.
34:19 - Tu dirais à ton fils que tu es fier ? - À mon fils ?
34:22 Je lui dis tous les jours. Je crois que je dis trop, même.
34:25 Mais en même temps, il faut contrebalancer.
34:27 Des fois, il veut faire des trucs, je dis "Bah non, pourquoi ?"
34:30 "Bah, comme ça."
34:32 Juste que c'était un peu de difficulté, parce que c'est quoi cette vie, mon frère ?
34:36 - J.P. ? - Ouais.
34:39 - Je crois bien que... - J'ai tenu le choc, quand même.
34:41 T'as tenu le choc, t'as réussi au 2-1, ce mec.
34:43 J.P. ZANI !
34:45 Bravo, J.P. ! J'espère que cette émission vous a plu.
34:50 Si ça vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner à la chaîne du studio Bagel.
34:53 - Et n'oubliez pas... - Y a pas de nanani.
34:55 - Y a pas de nanana. - Demande à ta mamie.
34:57 - Ou à ta nana. - Exactement.
34:59 - Ça, c'est des vraies lyriques, frère. - Les boum-boum, frère.
35:02 Exactement.
35:03 - Celle-là, elle était folle, frère. - Ouais.
35:06 - Celle-là, elle était folle, frère. - Elle était...
35:08 Oh, nom de Dieu !
35:10 Mais non, mais toi, t'es un fou.
35:12 Deux tournages dans la journée ?
35:14 Non, mais t'es malade !

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