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Marc Gallix, avocat de Mohamed Haouas, rugbyman condamné à un an de prison ferme pour violences conjugales, s'est exprimé sur BFMTV à propos de la condamnation de son client.

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Transcription
00:00 Jean-Maître Galix, merci d'être avec nous en direct.
00:01 Vous êtes l'avocat de Mohamed Awas.
00:03 Vous venez d'entendre les mots de la compagne, de la femme de votre client.
00:09 C'est vrai que le fait qu'elle n'ait pas porté plainte signifie qu'elle avait envie de le retrouver à la maison le soir.
00:15 Ça a certainement posé dans la balance, non ?
00:17 Oui, bien évidemment.
00:18 Le fait qu'elle soit venue à l'audience avec un avocat et qu'elle explique que non seulement elle n'a pas déposé plainte,
00:24 mais en plus, elle souhaitait que son mari revienne vivre avec elle et les deux enfants.
00:29 C'est un des éléments, à mon avis, déterminants qui a conduit le tribunal à laisser mon client en liberté à l'issue de l'audience d'hier après-midi.
00:36 C'est une évidence.
00:38 Êtes-vous sûr que votre client, excusez-moi, ne va pas recommencer ?
00:41 Parce que la procureure était assez inquiète hier.
00:42 Elle voulait absolument de la prison ferme pour votre client parce qu'elle craignait justement des débordements.
00:51 Écoutez, moi, j'insistais sur un point quand même qui me paraît important.
00:56 C'est le fait qu'ils ont quand même vécu dix ans ensemble, presque dix ans ensemble.
01:00 Ils ont eu deux enfants.
01:02 Et pendant ces dix années de vie commune, il n'y a jamais eu d'acte de violence.
01:06 Donc, moi, j'ai plaidé en plus de ce que vous dites.
01:08 C'était extrêmement violent, Maître Galix, quand même.
01:10 Enfin, la scène est ahurissante.
01:12 Ahurissante, c'est très violent.
01:13 Et il n'a pas été condamné pour des violences, peut-être pendant dix ans.
01:18 Mais ça n'empêche que ça peut recommencer.
01:20 Non, mais bien sûr.
01:21 Mais ça n'a jamais été contesté.
01:23 En plus, c'était ça a été filmé, si vous voulez.
01:26 Donc, le fait de la faire tomber au sol et de lui porter un coup, c'est une scène violente.
01:32 On est mille fois d'accord.
01:33 Et je ne lui ai pas cherché des excuses sur ce point.
01:36 J'ai insisté sur le fait, encore une fois, que c'était la première fois,
01:40 alors qu'ils étaient ensemble depuis dix ans.
01:42 Donc, moi, j'ai plaidé que c'était un acte isolé.
01:45 Le tribunal l'a quand même sanctionné.
01:47 Il a quand même sanctionné parce qu'il est quand même condamné à un an de prison ferme,
01:50 ce qui n'est pas rien.
01:51 Ce n'est pas rien, un an de prison ferme.
01:53 La grande satisfaction pour moi, c'est qu'il soit sorti de prison.
01:56 Mais il a quand même un an de prison ferme qu'il devra exécuter
01:59 sous la forme certainement d'un bras seul électronique,
02:02 c'est-à-dire qu'il va avoir des contraintes.
02:04 Et donc, ce n'est pas non plus une impunité.
02:07 Il n'a pas bénéficié d'une impunité.
02:09 Mais compte tenu du contexte familial, sportif,
02:12 le tribunal a dit qu'il n'était pas opportun de le placer, de le maintenir en détention.
02:16 Donc, c'est une décision.
02:18 On ne peut pas considérer non plus que c'est une décision particulièrement bienveillante.
02:21 Il n'a pas du sursis.
02:22 Il a une peine d'imprisonnement ferme.
02:24 Mais le problème de la détention s'est posé.
02:27 Le tribunal a tranché plutôt en notre faveur.
02:30 Oui, parce qu'il avait un passif, votre client, est-ce qu'il regrette ?
02:34 Est-ce qu'il justifie son acte ou comment le justifie-t-il ?
02:37 Moi, je crois, ce qui est ressorti des débats hier,
02:41 c'est que mon client n'a pas supporté ou n'a pas accepté
02:46 que sa femme trouve un travail, parce que c'est la première fois
02:49 qu'elle se trouve dans un magasin proche du centre,
02:52 enfin, dans le centre-ville de Montpellier,
02:54 qu'elle côtoie des collègues de travail,
02:56 qu'elle se met à fumer alors qu'elle n'avait jamais fumé.
02:58 Donc, moi, je dis que c'est de la jalousie.
03:00 C'est tout simplement.
03:01 Il a été jaloux de voir que sa femme avait une vie sociale
03:07 que pour l'instant, elle n'avait pas,
03:08 puisque jusqu'à présent, elle s'occupait des enfants,
03:11 elle les amenait à l'école.
03:12 Donc, je pense que c'est la jalousie qui l'a amené à commettre cet acte,
03:17 qui est de toute façon très répréhensible.
03:18 C'est encore une fois, moi, je ne soutiens pas là-dessus.
03:22 - Maître Galix, la question que je vous pose,
03:24 c'est est-ce qu'il se rend compte de la gravité des faits ?
03:29 - Alors ça, c'est une bonne question.
03:30 Je pense qu'il se rend compte de la gravité des faits,
03:33 mais comme je l'ai plaidé également,
03:34 c'est un garçon qui a vécu dans des conditions difficiles,
03:37 dans un quartier défavorisé de Montpellier.
03:40 Donc, il a vécu certainement dans un climat de violence.
03:43 Il avait réussi à se stabiliser,
03:45 puisque depuis les faits qui lui ont valu deux condamnations,
03:49 une condamnation et certainement une autre le 30 juin,
03:52 il n'avait plus rien fait de répréhensible,
03:55 en tout cas en ce qui concerne les violences.
03:57 - Maître Galix, on se dit les choses franchement,
03:59 vous et moi, ce que vous laissez entendre en substance,
04:01 et on peut tout à fait l'entendre,
04:03 c'est qu'au fond, il ne se rend pas vraiment compte, votre client.
04:08 C'est-à-dire, vous dites, il est jaloux,
04:09 il n'acceptait pas que sa femme travaille, que sa femme fume,
04:11 et moi, des collègues.
04:14 Voilà, c'est ce que vous nous dites.
04:15 Mais ce que vous nous dites,
04:16 c'est qu'il ne se rend pas compte de la gravité des faits.
04:18 Vraiment, je pense que vous et moi.
04:20 - Je ne dis pas ça, puisque c'est quand même excusé,
04:23 c'était des excuses qui paraissaient sincères.
04:25 Non, moi, je dis simplement que,
04:27 et c'est d'ailleurs ce que j'ai proposé,
04:28 mais sur ce point, le tribunal ne m'a pas suivi.
04:30 Moi, j'ai proposé un sursis probatoire,
04:32 en plus de la partie ferme,
04:34 qui lui aurait permis de, justement,
04:35 et là, vous avez raison,
04:36 qui lui aurait permis de prendre conscience
04:38 de la gravité du geste qu'il a commis,
04:41 et donc d'avoir des soins,
04:46 ne serait-ce que sur le plan psychologique,
04:47 pour comprendre qu'on ne doit pas avoir
04:50 ce type de réaction à l'égard d'une femme,
04:52 quand même si on a des sentiments de jalousie,
04:55 ce n'est pas du tout comme ça qu'on règle les problèmes.
04:57 Donc là, sur ce point, le tribunal ne m'a pas suivi.
04:59 Mais je pense que, même avec une peine d'emprisonnement ferme,
05:02 il devrait aller consulter,
05:05 soit des psychologues, soit un psychologue,
05:07 pour comprendre pourquoi il a ce type de réaction.
05:10 Oui, c'est votre avis, votre sentiment personnel.
05:12 Il a besoin d'être accompagné
05:13 pour ne pas reproduire un tel geste épouvantable,
05:19 mais être en longtemps.
05:19 Pourquoi le tribunal ne vous a pas suivi ?
05:21 Pourquoi il n'y a pas d'obligation de soins ?
05:23 Mais alors, moi je l'ai proposé, madame,
05:26 je l'ai proposé au tribunal,
05:27 qui ne m'a pas suivi sur ce point.
05:29 Ils ont mis une peine d'emprisonnement ferme,
05:32 sèche, sans accompagnement.
05:35 Donc, moi, je suis, encore une fois,
05:37 je ne vais pas vous dire aujourd'hui à 100%
05:40 que les faits ne se reproduiront plus.
05:42 Sauf que je constate objectivement
05:44 que pendant dix ans, ça s'est bien passé,
05:46 que dans sa vie sportive, sur un terrain de rugby,
05:49 il a également un comportement,
05:52 il a un comportement qui, bon,
05:54 qui quand même, il a valu de jouer en équipe de France.
05:56 Et puis, en ce qui concerne,
05:58 pour revenir à votre question sur l'obligation de soins,
06:00 il a rendez-vous devant un juge,
06:03 le juge de l'application des peines, le 26 juin,
06:06 pour justement mettre en place un aménagement de peine.
06:08 Et ce magistrat, ça c'est important, madame,
06:11 ce magistrat aura la possibilité de l'obliger à suivre des soins.
06:15 Autrement, il pourra lui dire "Monsieur, on n'accepte pas
06:17 que vous ayez embrassé l'électronique
06:19 pour exécuter cette peine d'un an d'emprisonnement".
06:21 Mais maître Gallix, en tout cas, merci pour votre honnêteté,
06:23 votre transparence.
06:25 Vous dites "Rien ne garantit qu'il ne recommence pas",
06:28 c'est ce que craignait la procureure hier,
06:30 et c'est pour ça qu'elle avait requis de la prison ferme.
06:34 Donc l'avenir de votre client est en suspens.
06:38 Je voudrais aussi qu'on vous pose une question,
06:39 et Wilfried Templier, de l'RMC, est avec nous sur ce plateau,
06:42 sur son avenir professionnel, Wilfried.
06:45 Effectivement, maître, parce que son avenir professionnel
06:47 est donc sportif.
06:48 On rappelle que Mohamed Awaz, qui est un joueur du Montpellier-Hérault
06:51 jusqu'à la fin du mois de juin, jusqu'à la fin de la saison,
06:54 doit rejoindre Clermont.
06:55 Là, est-ce Clermont-Auvergne ou devait rejoindre Clermont ?
06:58 Parce qu'on va poser cette question,
06:59 puisque hier, lors d'une conférence de presse de fin de saison,
07:02 le président de Clermont, Jean-Michel Guillon,
07:05 a annoncé qu'en l'état des éléments connus,
07:07 Mohamed Awaz ne pourra pas porter les couleurs du club.
07:11 Donc, est-ce que...
07:12 Voilà, c'est une question qui est en suspens.
07:14 Quel est l'avenir de Mohamed Awaz ?
07:16 Est-ce que...
07:16 Il a dit apparemment qu'au 1er juillet, il était disponible pour Clermont.
07:20 Qu'en est-il, justement, maître ?
07:22 Alors, là, on est dans un autre domaine,
07:25 c'est-à-dire le domaine des relations de travail,
07:27 un domaine contractuel.
07:31 Déjà, je vous dis une chose qui est évidente,
07:33 c'est qu'il a signé un contrat avec l'ASM pour une durée de 3 ans
07:37 à partir du 1er juillet 2023.
07:40 Donc, l'ASM annonce très clairement,
07:44 à travers un communiqué de presse qui est arrivé hier soir,
07:48 que Mohamed Awaz ne fera pas partie du club de Clermont-Ferrand.
07:52 Or, moi, je considère qu'il commette une erreur grave,
07:55 en tout cas sur le plan juridique,
07:57 dans la mesure où le contrat de Mohamed Awaz
07:59 a commencé à courir à partir du 1er juillet.
08:02 Et lorsqu'on décide de rompre un contrat,
08:05 parce que votre salarié,
08:07 parce que c'est un salarié comme un autre,
08:09 même si les joueurs de rugby professionnels
08:11 ne respectent pas ces obligations,
08:13 encore faut-il qu'il soit sous contrat.
08:15 Or, Mohamed Awaz, pour l'instant,
08:16 est sous contrat avec le club de Montpellier.
08:18 Donc, seul le club de Montpellier pourrait dire aujourd'hui,
08:22 sauf que la période est très courte,
08:23 puisque le contrat s'arrête le 30 juin,
08:26 pourrait dire "on ne renouvelle pas votre contrat".
08:28 Mais Clermont décide de ne pas le prendre dans son effectif,
08:31 alors que le contrat de Mohamed Awaz
08:33 n'a pas encore commencé à courir.
08:34 Donc, il va y avoir un problème juridique
08:37 et forcément, des négociations vont être entreprises,
08:40 vont commencer avec le club.
08:41 Parce que Mohamed Awaz,
08:43 j'ai l'impression qu'ils vont rester sur leur position.
08:45 Il va falloir forcément qu'on négocie une indemnité.

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