Harcèlement dans les transports : Des femmes tentent de se protéger avec une « chemise de métro » / Débat dans "Morandini Live" sur CNews avec Alice Cordier
Harcèlement dans les transports : Des femmes tentent de se protéger avec une « chemise de métro » / Débat dans "Morandini Live" sur CNews avec Alice Cordier
Category
📺
TVTranscript
00:00 C'est quelque chose que font les femmes aujourd'hui, certaines femmes, pour prendre le métro.
00:04 Donc littéralement le subway shirt c'est justement la chemise de métro, c'est pour les femmes qui sont victimes de harcèlement,
00:08 qui ont peur d'être victimes de harcèlement et qui du coup vont prendre une mesure préventive, à savoir que
00:12 quand elles sortent de jour ou de nuit plus ou moins habillées, elles vont mettre une chemise sur elles
00:17 pour prendre le métro, pour éviter justement des comportements agressifs.
00:20 Donc en fait là encore c'est les victimes qui se ringuent, c'est encore dans la même...
00:23 En fait c'est obligé de se cacher, de cacher les vêtements qu'on met, parce que si on a le droit, une fille a le droit de sortir
00:28 et d'avoir envie d'être sexy, enfin encore heureux, mais si elle est un peu sexy, elle se dit "je vais me faire emmerder dans le métro".
00:34 Donc voilà, elle est obligée de se couvrir, de mettre des choses amples, des choses larges, pour se cacher,
00:39 parce qu'on n'est pas en sécurité. Regardez ce reportage et on en parle juste après.
00:43 Un geste presque devenu un réflexe pour cette jeune fille, enfiler une veste juste avant de monter dans la rame.
00:49 On se retrouve de tout un peu dans le métro, donc forcément avoir une chemise c'est quand même plus rassurant je pense.
00:54 Dans les transports en commun, près de 90% des femmes affirment avoir déjà été victime de harcèlement.
00:59 Alors pour tenter d'échapper à ces regards ou gestes déplacés, une technique est mise en avant sur les réseaux sociaux.
01:06 Le subway shirt, en français, chemise de métro. Le principe, porter des vêtements amples pour cacher une tenue estivale.
01:14 Je fais comme ça, hop ! Dans le métro. Dans le métro, on se rhabille.
01:19 Des fois je prends même le pantalon et le sweat que je mets par-dessus ma robe.
01:23 Une défense adoptée par de nombreuses parisiennes, victimes de mauvaises expériences.
01:28 On m'a déjà acheté des pièces comme quoi j'étais une prostituée.
01:31 J'étais en petite jupe au-dessus du genou et un t-shirt basique un peu comme celui-là.
01:37 Cette mère de famille rencontrée dans le métro donne même des consignes à sa fille qui ne connaît pas Paris.
01:42 D'éviter une jupe trop courte, plutôt je ne dis pas forcément un pull comme elle a là, mais de se mettre une petite manche.
01:49 Juste à côté de nous, une jeune femme tente de faire de la résistance, mais nous avoue que ce n'est pas évident.
01:54 Je ne vais pas me priver de me mettre en tenue d'été s'il fait chaud, mais je vais flipper forcément.
01:59 A l'intérieur du métro et même dans la rue, aujourd'hui, une femme sur deux déclare renoncer à s'habiller comme elle le souhaite, par crainte des regards et des commentaires.
02:08 Berthille Faure, vous êtes conseillère au Réseau du deuxième arrondissement de Paris.
02:12 Vous vous rendez compte qu'aujourd'hui, vous avez vu, une femme sur deux renonce à s'habiller comme elle le souhaite, de peur d'être harcelée.
02:18 Et quand une jeune fille vient en tenue d'été, même pas en tenue sexy, en tenue d'été, on dit qu'elle fait de la résistance.
02:25 C'est plus que regrettable, c'est scandaleux. Dans le dixième arrondissement, vous savez, on a la gare du Nord, la gare de l'Est,
02:32 on a pas mal d'endroits comme ça où les femmes ne se sentent pas en sécurité.
02:37 Ni les hommes, je peux vous dire que quand vous sortez de la gare du Nord, vous avez beau être un mec, vous ne vous sentez pas en sécurité non plus.
02:42 Il y a aussi une statistique qui est assez parlante, il y a huit femmes sur dix qui ont peur de rentrer chez elles seules le soir,
02:47 quand on en arrive justement à ces stratégies d'évitement, de contournement, pour éviter les regards déplacés, les insultes, les moqueries.
02:55 Juste, attendez, excusez-moi Berthille Faure, vous faites juste un constat là ? Le constat c'est ça ?
03:00 Voilà, bah oui, on a tous le même, merci, au revoir et rentrez chez nous.
03:03 Le constat, je pense que c'est bien de le poser.
03:05 Oui, mais on l'a vu.
03:06 On l'a vu le constat.
03:08 Maintenant, on ne peut pas non plus dire qu'il n'y a rien qui est fait.
03:12 Ça s'aggrave.
03:13 Oui, vous distribuez des flyers, en effet, je pense que ça va nous sauver.
03:19 Je pense qu'on est toutes rassurées.
03:21 Le gouvernement marche sur ses deux jambes, c'est-à-dire qu'il y a des stratégies de communication et une stratégie d'action.
03:28 La stratégie d'action, ça peut être la loi, ça peut être le soutien des associations.
03:31 Qu'est-ce qu'il y a mis en place au niveau de la réaction ?
03:33 Il y a ensuite la communication.
03:35 Quand vous souhaitez lutter contre...
03:38 Vous faites trop de communication et pas assez d'action, c'est ça le problème avec vous ?
03:41 La sécurité routière, vous faites à la fois de l'action, vous pouvez poser des flèches, des radars, et il y a en même temps la communication.
03:47 Pour la lutte contre les violences sexistes, contre les insultes, etc., il y a également une stratégie de communication.
03:54 Je ne pense pas, une seule seconde, que le ministère de l'Intérieur pense que c'est avec les 5 millions de flyers qu'il va régler...
03:59 Et il s'en va quoi les flyers ?
04:00 Est-ce que vous les avez lus les flyers ?
04:03 Les flyers...
04:04 Vous croyez que le harcèleur va lire le flyer et va dire "Oh mon Dieu, mais qu'est-ce que j'ai fait ?"
04:10 Mais ce n'est pas ça, c'est une partie de la réponse.
04:13 Parce que le flyer, qu'est-ce qu'il dit ?
04:15 En fait, il donne les bonnes réponses à avoir quand vous êtes une victime ou quand vous êtes un témoin.
04:19 On le sait, monsieur, il faut aller à la police et que les commissariats ne nous prennent pas en face de la police.
04:23 Mais non, justement, tout le monde ne le sait pas.
04:25 Contrairement à ce que vous pensez, justement, si on regarde...
04:28 Ludo-Victorov, la société de 2023, elle fait peur.
04:31 La meilleure réponse, c'est la réponse des femmes sur l'action ou l'inaction.
04:35 Tout simplement, maintenant, elle se protège. C'est de l'autodéfense.
04:38 C'est-à-dire que tout ce qu'elle fait jusqu'à présent ne suffit pas.
04:41 Donc le seul moyen, quand en fait la société ne répond pas ou le gouvernement ne répond pas, c'est l'autodéfense.
04:46 L'autodéfense, c'est se protéger, mais c'est pour moi un échec total de la société moderne.
04:49 Gérald Briant.
04:50 Attends, je vous donne la parole.
04:52 Il y a eu l'impression, il y a quelques années, de se dire "on va mettre des caméras dans le métro et on va régler tous les problèmes".
05:00 Et je me rappelle des débats qu'il y avait...
05:02 Mais non, mais on ne règle pas tous les problèmes avec une solution.
05:04 Est-ce que je peux finir ce que je vais dire ou je m'arrête tout de suite ?
05:08 Allez-y, allez-y.
05:09 C'est vous qui décidez.
05:10 Non, c'est pas lui qui décide, c'est moi.
05:11 Vous pouvez continuer.
05:12 Donc on avait dit "oui, vous allez voir, ça va être important".
05:14 On avait parlé de vidéoprotection à l'époque, enfin pour ceux qui ont un petit peu de mémoire et tout ça.
05:17 Bon, manifestement, ça n'a pas réglé le problème.
05:19 Ça a permis peut-être de le rendre plus visible et peut-être des fois de faciliter des enquêtes de police.
05:23 Moi, je crois qu'il y a un souci aujourd'hui.
05:25 C'est que c'est vrai qu'il faudrait que le geste de portée plainte...
05:29 Mais c'est le cas aujourd'hui.
05:30 C'est le cas.
05:31 Attendez, attendez.
05:32 Pour regarder la statistique.
05:33 Attendez, c'est pas ça que je veux parler.
05:35 Que le geste de portée plainte soit simplifié au maximum.
05:39 Mais même Gérald Bruyant...
05:40 Vous avez...
05:41 Attendez, excusez-moi, je suis pas une femme.
05:42 Attendez, écoutez-moi.
05:43 Je suis pas une femme, mais vous avez un mec qui vous met la main au cul pour parler clairement dans le métro.
05:46 Vous allez porter plainte.
05:47 Mais enfin, comment vous le retrouvez ? Il n'y a pas de témoin.
05:52 Écoutez, j'ai une élue.
05:54 Une élue, une camarade Barbara, qui elle s'est fait agresser cette semaine.
06:00 Mais c'est quoi l'agression ?
06:01 C'est une agression sexuelle.
06:04 C'est une agression, etc.
06:06 Et a tout de suite été portée plainte et elle a fait le job.
06:11 Et après, il se passe quoi ? Ça sert à quoi ?
06:14 Je veux dire, une fille qui se prend une main aux fesses dans le métro, elle va aller porter plainte.
06:17 Mais c'est des délits !
06:18 Mais je suis d'accord avec vous.
06:19 Mais vous savez bien que ça ne va rien donner.
06:21 Une main aux fesses, ça va donner quelque chose.
06:23 Ça ne donne rien.
06:24 Ça ne donne rien.
06:25 Moi, j'ai plainté, ça fait depuis que j'ai 13 ans que ça m'arrive dans l'espace public.
06:28 13 ans.
06:29 Depuis que j'ai 13 ans et la majorité des filles de mon âge, c'est la même chose.
06:32 Ça ne donne rien quand on porte plainte.
06:33 Parce qu'on ne sait pas qui c'est.
06:34 On ne sait pas qui c'est, on ne le retrouve pas.
06:35 Et même si on sait qui c'est, qu'on le recroise toujours dans la même rue, il faut que ce soit du flagrant délit pour que la police puisse donner quelque chose.
06:40 C'est pareil, vous le savez, dans le métro, il y a ce qu'on appelle les frotteurs aussi qui se frottent contre les filles.
06:45 Vous ne le retrouvez jamais.
06:46 Pour empêcher ça, la meilleure arme, c'est quoi ?
06:48 La meilleure arme, c'est qu'il y ait dans un wagon...
06:50 C'est d'arrêter l'immigration, monsieur.
06:52 Bien sûr.
06:53 Moi, je connais très bien...
06:54 On ne va pas partir sur l'immigration.
06:55 Il n'y a que des immigrateurs.
06:56 Après, l'LGBT, l'immigration...
06:59 Allez, ne partons pas sur l'immigration.
07:01 On va changer de sujet.
07:02 Vous cochez toutes les cases, vous l'intolérance, c'est formidable.
07:05 On va parler d'Elisabeth Borne, ça ne va pas vous mettre d'accord, mais avec cette question...