Le GUD, c’est l’acronyme le plus célèbre de l’extrême droite étudiante. Créé il y a 55 ans, le groupe est connu pour sa violence et ses liens avec le FN. Reformé en 2022, composé de néonazis entraînés au combat, il défile dans les rues de Paris.
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00:00 "On a vu un groupe de 40-30 mecs cagoulés, ils m'ont agressé à 4."
00:12 Un mouvement étudiant d'extrême droite, réputé pour sa violence.
00:16 "Ils sont là pour casser du noir de l'arabe, du juif et des femmes qui portent le foulard."
00:21 "Arrête la révolution, on va se faire révolucion."
00:31 Salut à toutes et tous, je suis Christophe de Streetpress.
00:35 Il y a quelques semaines, on vous racontait le retour du GUD à Paris.
00:38 Le GUD, c'est l'acronyme le plus célèbre de l'extrême droite étudiante.
00:41 Ces néonazis sont pour certains fichés par l'État, ils s'entraînent à la baston et ils défilent dans les rues de la capitale.
00:47 Depuis sa création, Streetpress documente les faits d'armes de ce groupe.
00:51 D'ailleurs, on a écrit des dizaines d'articles sur le sujet.
00:53 Dans cette vidéo, je vais vous expliquer le GUD.
00:56 Je vais vous raconter l'histoire de ce syndicat étudiant né il y a 55 ans.
00:59 Je vais vous parler de ses liens avec le Rassemblement National et je vais vous dire pourquoi ce mouvement est de retour.
01:04 Déjà, le GUD, c'est l'acronyme de Groupe Union Défense.
01:09 Après quelques années en sommeil, ils se sont réactivés à Paris à l'automne 2022.
01:13 Ils l'ont fait savoir avec beaucoup de communication.
01:17 La plupart des membres viennent des Zouaves Paris.
01:25 Les Zouaves, c'est une bande dissoute en 2022 par le gouvernement, mais qui est toujours active sous l'étiquette du GUD.
01:30 Depuis novembre, ces militants s'entraînent au combat dans les parcs de la capitale en faisant des fights.
01:35 Ils participent à des manifestations contre l'AGPA ou contre l'avortement.
01:39 Ils traquent également dans les universités comme à Assas, le fief historique du groupe.
01:43 Mais ils vont aussi dans des universités classées à gauche, comme la Sorbonne ou Sciences Po.
01:48 Et le 17 février dernier, ils ont agressé des étudiants à Nanterre.
01:51 J'ai discuté avec Safia Aitouarabi.
01:53 Elle est étudiante dans cette fac, c'est la vice-présidente de SOS Racisme et elle était sur place ce jour-là.
01:58 Ils ont intimidé un étudiant, clac, chassé.
02:03 Une étudiante qui portait le foulard est passée par là, ils l'ont insultée.
02:06 Ce qui se passe, c'est que des vigiles, des travailleurs de l'ARATP et des jeunes qui habitaient les quartiers aux alentours ont fini par les dégager.
02:16 Vraiment un côté raciste et islamophobe et on se rend compte bien que c'est l'identité même du GUD.
02:22 Les universités, c'est là où le GUD s'est créé.
02:24 On est en décembre 68 à Assas et le mouvement s'appelle alors "Groupe Union Droit".
02:34 Très rapidement, il prend pour symbole le rat noir qui deviendra le surnom des GUDAR.
02:38 Et dans leur cortège, les GUDAR affichent allègrement la croix celtique.
02:41 Dès sa création, le GUD fait preuve de violence.
02:49 Ça c'est Nicolas Lebourg qui le rappelle.
02:51 Il est historien et spécialiste de l'extrême droite.
02:53 Il a une stratégie extrêmement claire.
02:55 C'est par la violence qu'on va rassembler tous les militants isolés qui ont peur des gauchistes après mai 68.
03:01 Et c'est une stratégie très claire qui va fonctionner en un an et demi.
03:05 Ils vont rassembler 1200 étudiants.
03:07 Et durant leur histoire, les GUDAR ont eu différentes cibles.
03:10 Dans les années 1970, c'est une violence qui est uniquement orientée envers les militants d'extrême gauche qui sont encore nombreux en France.
03:16 A partir des années 1980, il y a un écroulement de l'extrême gauche en France.
03:20 Donc que faire ?
03:22 Alors le but, c'est de trouver la solution.
03:24 Ça va être de la violence beaucoup plus raciale.
03:26 De la violence raciste, pas des choses comme elles sont.
03:28 Avec des cibles essentiellement d'origine africaine et maghrébine.
03:32 Mais aussi une particularité du GUD, c'est des affrontements contre les étudiants juifs d'extrême droite, très procionnistes.
03:39 Malgré leurs nombreux bastons, le groupe ne sera jamais dissous par le gouvernement.
03:43 Et pour l'anecdote, le groupe a même été payé pour faire la sécurité des campagnes présidentielles de la droite, parfois au pouvoir.
03:49 Pompidou en 69, Giscard en 74 et 80 et Raymond Barre en 88.
03:54 Peu après sa naissance, le GUD participe à la création d'un autre mouvement politique néofasciste, Ordre Nouveau.
04:00 Qui va lui-même donner naissance en 1972 au Front National.
04:04 Mais au départ, le GUD et le FN, ça reste une histoire compliquée.
04:08 Le GUD tente au début des années 80 un mouvement de jeunesse unifié avec le Front National de la Jeunesse.
04:13 Qui n'en veut pas.
04:14 In fine, dans les années 90, des grands rapprochements se font au début des années 90.
04:18 Et on se retrouve avec une situation où, en gros, si on va donner des coups de poing,
04:23 on dit que c'est le GUD, si on fait un collage, c'est pour le Front National de la Jeunesse.
04:27 A l'époque, le leader du Front National de la Jeunesse est Samuel Maréchal, le père de Marion Maréchal-Le Pen.
04:33 Celui du GUD est Frédéric Chatillon.
04:35 En 1994, une manifestation du groupe tourne au drame à Paris.
04:40 Sébastien Desieux, un militant nationaliste, fait une chute mortelle alors qu'il fuit les policiers.
04:45 Une manifestation a alors lieu avec le FN pour commémorer son décès.
04:49 Quelques jours plus tard, les GUDAR et le FNJ tentent de faire éruption chez le ministre de l'Intérieur Charles Pascois.
04:54 Sans succès, ils décident ensuite d'aller dans les locaux de Fun Radio pendant une émission de 10 foules.
04:59 6 militants sont interpellés.
05:01 Et une de leurs avocates est une certaine Marine Le Pen.
05:04 Mais les liens entre le GUD et le FN ne s'arrêtent pas là.
05:07 Frédéric Chatillon, l'ancien président des GUDAR, devient un cadre du parti sous Marine Le Pen.
05:12 "Des apparitions furtives. Frédéric Chatillon filmé par hasard début février dans un meeting à Lyon."
05:18 Pareil pour ses autres acolytes du GUD, Axel Lustau et Olivier Duguay.
05:22 C'est la GUD Connection, comme l'appelle Mathias Destal, dans son livre "Marine est au courant de tout".
05:27 "La GUD Connection va arriver très tôt au FN.
05:30 Dès 1995, elle va commencer à s'occuper des campagnes et de la communication des campagnes du front.
05:39 Mais elle va ensuite monter réellement petit à petit les échelons du FN,
05:42 en même temps que Marine Le Pen va, elle, grimper dans les étages du paquebot.
05:47 En 2007, quand elle est directrice de la campagne de son père,
05:52 c'est Riwal, la société de Frédéric Chatillon, qui fait la communication de la campagne.
05:57 Et c'est surtout quand elle devient présidente du parti en 2011
06:01 que la GUD Connection va être présente partout, à tous les étages, omniprésente.
06:07 On ne la voit jamais, mais elle est partout."
06:09 Au cours des années 2010, une nouvelle équipe du GUD s'affiche également avec des têtes du FN.
06:13 Sur des photos, on voit à plusieurs reprises le chef GUDAR, Édouard Klein,
06:17 avec Julien Rochdy, alors directeur national du FNJ,
06:20 et aussi ici, avec Marion Maréchal-Le Pen.
06:23 Celle qui est à ce moment-là députée FN pose également en 2014 avec Logan Djan,
06:27 un autre ras noir bien connu.
06:29 Durant cette période, les ras noirs font un nouveau preuve de beaucoup de violence,
06:33 contre des personnes racisées, contre des militants de gauche,
06:36 contre des journalistes, mais aussi contre leurs propres membres.
06:39 En octobre 2015, Logan Djan et plusieurs autres GUDAR,
06:42 comme Loïc Lepriol ou Romain Bouvier, ont frappé et torturé chez lui, Édouard Klein.
06:47 La scène a été filmée et des extraits ont été révélés par Mediapart en 2016.
06:52 "J'te dis en plus !"
06:54 "J'te dis en plus !"
06:56 "Lève-toi on vient de te dire !"
06:58 "Lève-toi, assume tes actes !"
07:00 "Vas-y assume !"
07:02 La scène dure une vingtaine de minutes.
07:04 Loïc Lepriol intimide d'abord plusieurs fois Klein avec un couteau,
07:07 Romain Bouvier lui, donne un gros coup de pied au visage de Klein et menace de le pendre.
07:11 Et alors que Klein est nu, il lui ordonne de danser la Macarena.
07:14 "Main de ta chatte putain ! T'as encore pu foutre un poil ! Dépêche-toi ! Dépêche-toi !"
07:20 Lepriol et Bouvier, ça vous dit quelque chose ?
07:22 Les deux sont les meurtriers présumés du rugbyman Federico Martin Arambrou,
07:26 qui a été assassiné à Paris fin mars 2022.
07:29 "Le suspect est une figure, vous nous dites, des milieux de l'ultra droite."
07:32 "Oui, les membres du GUD, groupe union défense, mouvement étudiant d'extrême droite,
07:36 Loïc Lepriol est âgé de 27 ans, c'est un ancien militaire,
07:39 il a été formé à l'école des mousses de la marine à Brest."
07:42 Retour en 2017, le GUD s'auto-dissout.
07:44 Et ça, ça a deux conséquences.
07:46 D'abord la création du mouvement néo-fasciste Bastion Sociale
07:49 dans des villes comme Lyon, Strasbourg ou Marseille.
07:51 Et à Paris, ça entraîne la création des Zouaves.
07:54 Eux, c'est une bande de hooligans d'extrême droite.
07:56 Ils sont menés par Marc de Cacré, un ultra violent fan du 3ème Reich.
08:00 En 2022, c'est eux qui agressent les militants de SOS Racisme
08:04 au meeting de Zemmour à Villepinte.
08:06 Et dans la foulée, ils sont dissous par le gouvernement.
08:09 "Enfin, c'est la plus violente scène qui a eu lieu en arrière-plan
08:11 du discours du candidat Bataille Rangée, au fond de la salle,
08:14 entre des militants de SOS Racisme et des pro-Zemmour.
08:18 L'un d'eux a asséné plusieurs coups de poing à une femme,
08:21 un premier meeting très tendu."
08:23 Réactiver le GUD, c'est donc reformer un groupe
08:25 au nom bien connu et au potentiel symbolique fort.
08:28 Et ça permet aussi de s'inscrire dans l'histoire de ces aînés.
08:30 "On ne peut pas imaginer qu'une génération reprenne le nom du GUD,
08:35 l'image du GUD, même si c'est libre sur le marché, si j'ose dire,
08:38 sans sentiment des générations précédentes.
08:40 Parce que le GUD, c'est à la fois un mythe pour la gauche,
08:43 qui en a la trouille, mais un mythe pour l'extrême droite,
08:46 parce que ça représente le dynamisme, ça représente l'assurance,
08:49 ça représente effectivement une certaine force.
08:52 C'est une marque qu'on mobilise, mais il faut que ceux
08:54 qui ont utilisé cette marque avant soient d'accord avec vous."
08:56 Pour Safia et Touarabi de SOS Racisme,
08:58 le tractage et leurs actions violentes montrent qu'ils n'ont pas
09:01 vraiment changé depuis les années 60.
09:03 "C'est-à-dire qu'ils ont pour ADN le génocide des juifs
09:06 pendant la Seconde Guerre mondiale, la Shoah,
09:08 et aussi la guerre d'Algérie et l'Algérie française.
09:12 Ça, c'est leurs ADN, c'est quelque chose vraiment
09:14 qu'ils comptent encore porter dans leurs lignes politiques,
09:17 et ça, c'est important de le savoir pour tous les étudiants mobilisés,
09:20 et notamment les militants antiracistes."
09:22 Voilà, c'est la fin de cette vidéo.
09:25 Merci à vous de l'avoir regardée.
09:27 Je vous rappelle que nos nombreux articles sur le GUD
09:29 sont disponibles sur notre site streetpress.com.
09:31 On espère que ça vous a plu, alors n'oubliez pas de vous abonner,
09:34 d'activer la cloche, et moi je vous dis à très vite sur Streetpress.