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Dans ce premier épisode de KOP, StreetPress enquête sur la frange la plus radicale des supporters lyonnais. Saluts nazis, cris de singe et agressions racistes : on vous révèle les liens entre ces supporters et les groupuscules violents de Lyon.

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00:00Que s'est-il vraiment passé dimanche soir à la fin du match entre l'Olympique lyonnais et l'Olympique de Marseille ?
00:11C'était presque une dizaine sur nous.
00:16J'aurais très bien pu mourir ce jour-là.
00:20Le football français a vécu l'une de ses soirées les plus cauchemardesques.
00:23Et d'un coup les supporters lyonnais sont arrivés.
00:25Ils se sont accrochés dans les grillages en train de faire des trucs de macaques,
00:28des salut nazis, montrant la guerre d'identité.
00:35Quand t'es noir et que tu veux au stade, c'est pas drôle.
00:37Quand t'es rebeu et que tu veux au stade, c'est pas drôle.
00:39Parce qu'encore une fois, il y a ces militants des somates qui essayent d'investir les tribunes et qui font du dégât.
00:55C'est pas drôle.
01:25Et à l'inverse, comment les supporters nourrissent la politique, notamment à l'extrême droite ?
01:29Il y aura cinq épisodes, un par semaine.
01:31Donc abonnez-vous dès maintenant pour ne rien rater parce que ça va être costaud.
01:34Je vous emmènerai en Grèce pour vous raconter l'expédition meurtrière de hooligans croates néo-nazis.
01:39En Hongrie, dans le club du Premier ministre très autoritaire Victor Orban.
01:43En Italie, avec des ultra anti-food business.
01:45Et en Pologne, au cœur d'une manif de l'extrême droite.
01:49Je pensais jamais vivre ce genre de choses dans ma carrière de journaliste.
01:56Mais pour ce premier épisode, on commence chez nous, en France.
01:59Je vous emmène à Lyon.
02:01Cette ville, c'est évidemment une place forte du foot français.
02:04Mais c'est aussi un laboratoire de l'extrême droite.
02:06Dans le centre-ville, des groupes nationalistes, identitaires et violents ont leurs propres locaux.
02:11Et leurs militants terrorisent et agressent la population.
02:17Certains supporters de l'Olympique Lyonnais sont marqués à l'extrême droite.
02:20Ces dernières années, ils ont été impliqués dans plusieurs actes de haine,
02:23par d'agressions racistes, de bagarres, de cris de singes et de salut nazi.
02:28Je vais vous raconter comment un week-end entre cousins s'est transformé en tabassage raciste après un match de Lyon.
02:33Et comment des militants néo-nazis et violents se croisent dans les tribunes lyonnaises.
02:48Ça y est, on vient d'arriver devant le groupe Amas Stadium.
02:50C'est le stade de l'Olympique Lyonnais.
02:52Et là, vous le voyez déjà, l'ambiance est super chaude.
02:55Parce que ce soir, l'OL reçoit Marseille.
02:58C'est un très gros match avec toujours une grosse ambiance.
03:05Ce soir-là au stade, il n'y a pas de supporters marseillais en tribune.
03:08Ils ont été interdits de déplacement par les autorités.
03:11Et ça car les relations entre les supporters des deux clubs sont très tendues.
03:15En avril 2023, au même match Lyon-Marseille,
03:18une vidéo prise sur le parvis du groupe Amas Stadium avait beaucoup tourné sur les réseaux.
03:22Je me souviens que je l'avais vue le lendemain du match.
03:24Et que j'avais été choqué de la violence.
03:26Choqué par ce qu'on entend.
03:31Choqué par ce qu'on voit.
03:33Un homme noir tabassé au sol par plusieurs gars.
03:35Il évite même de justesse un violent coup de pied.
03:38Et il arrive à se relever.
03:41J'ai retrouvé l'homme sur cette vidéo.
03:44Je ne réalise pas trop.
03:45Mais le coup-là, c'est vrai qu'il aurait été fatal.
03:49La vidéo, je l'ai vue sur Twitter le lendemain du match.
03:55Je me vois en train de me faire tabasser sur Internet.
03:58Ça m'a beaucoup surpris.
04:02Il s'appelle Kanjura et il est originaire de Lorient.
04:04Et c'est la première fois qu'il témoigne devant une caméra.
04:08Ce week-end-là, avec ses cousins, ils font 8 heures de route depuis la Bretagne
04:11pour passer le week-end à Lyon et assister au match.
04:17En tout, dans le groupe, ils sont 7, tous des supporters marseillais.
04:20Et ce sont eux qui ont filmé ces vidéos.
04:24On était placés dans les tribunes sud, au-dessus des supporters lyonnais.
04:29Pour ce match, ils n'ont pas le droit d'être là.
04:30Car un arrêté préfectoral a interdit la présence des fans marseillais
04:34ailleurs que dans le parkage, la tribune réservée aux supporters adverses.
04:38On n'avait rien de visible sur nous qui disait qu'on était supporters marseillais.
04:42Il y avait beaucoup de supporters marseillais autour de nous.
04:44On n'était vraiment pas les seuls.
04:48Nous, on est contents.
04:49Nous aussi, on est enjaillés par le moment.
04:51On commence à snapper, on rigole.
04:53Franchement, bonne ambiance.
04:56C'est à la fin du match que le mood va radicalement changer.
04:59Marseille marque le but de la victoire à la dernière minute.
05:02Et le groupe des Lorientais explose de joie.
05:08Visiblement un peu trop au goût de certains supporters lyonnais.
05:12Je vois entre 15 et 20 personnes cagoulées, habillées tout en noir, débarquer.
05:18Le gars, il arrive, il me pose une question, il me dit
05:20« Tu supportes Marseille, toi ? »
05:22Moi, j'ai réagi, je dis « Ouais, et tu vas faire quoi ? »
05:24Donc, il commence à poser son poing sur mon visage.
05:27Il me fait reculer un petit peu.
05:29Et là, c'est le bordel.
05:31Ils nous ont vite pris à partie.
05:32J'essaie de me défendre, je mettais des coups par-ci, par-là.
05:35Mais quand je mettais un coup, j'en recevais deux derrière.
05:37À ce moment-là, j'étais clairement plus moi-même.
05:40L'injustice, c'est un sentiment avec lequel je ne peux pas.
05:45Il fallait que je me fasse justice moi-même.
05:49La sécurité intervient en tribune pour séparer les deux groupes.
05:52Mais Kandjoura s'échappe et retrouve ses agresseurs sur le parvis du stade.
05:56Une deuxième bagarre éclate.
05:58Et c'est à ce moment-là que la vidéo a été enregistrée.
06:01J'en reçois le coup fatal, si je peux dire.
06:03Un peu entre la nuque et le haut de mon dos.
06:06Et là, je suis ni sonné, ni sonné.
06:09Je vois Kandjoura par terre.
06:11Pas inconscient, mais tu lui parles et il ne te répond pas.
06:14C'est là que j'ai eu peur.
06:17Kandjoura est pris en charge par les secours et emmené à l'intérieur du stade, à l'infirmerie.
06:21Les autres membres du groupe sont aussi avec lui.
06:23Ils pensent qu'ils sont enfin en sécurité.
06:26Soudain, il y a tous les supporters qui ont réussi à rentrer d'un coup.
06:28Et du coup, c'est là que la troisième bagarre commence.
06:31Pour moi, ça n'allait jamais s'arrêter.
06:33Je ne sais même pas comment on allait sortir du stade.
06:35Et là, ce qui va se passer, c'est lunaire.
06:37Pour pouvoir sortir du stade et éviter les supporters qui les attendent à l'extérieur,
06:41les gars vont se faire aider par une entreprise de nettoyage qui travaille au groupe Amma Stadium.
06:45Ils nous ont donné une polaire, une casquette.
06:48On était entre guillemets déguisés.
06:49Au début, on se dit que c'est n'importe quoi ce qui se passe.
06:52Franchement, on a appris des vidéos.
06:54On se dit que c'est une dinguerie.
07:00On est plusieurs à l'arrière du camion.
07:02On se fait escorter du stade en sortant incognito,
07:05exfiltré, agent secret, comme dans les films.
07:08Kandjoura est amené en ambulance à l'hôpital.
07:11Par chance, il n'a que des hématomes.
07:13J'aurais pu y rester ce jour-là.
07:14S'ils étaient armés, s'ils avaient des couteaux sur eux,
07:17ou quelconque armée que je prenne un coup fatal,
07:20j'aurais clairement pu y rester.
07:22Je n'ai jamais été victime de racisme concrètement dans ma vie.
07:27C'est triste qu'un match de foot en soit arrivé.
07:38Je suis dans le Vieux Lyon, dans le 5e arrondissement.
07:41C'est vraiment la carte postale de Lyon,
07:43les petites rues piétonnes, les pavés.
07:45C'est un endroit très touristique.
07:47Mais ce qu'on sait moins, c'est que c'est aussi
07:49le bastion de l'extrême droite lyonnaise d'ici.
07:51La porte bleue que vous voyez derrière moi,
07:53c'est un bar associatif qui a été fondé
07:56et qui est géré par les identitaires.
07:58Juste à côté, il y a aussi l'agogé.
08:00C'est une salle de sport, pareil, qui est gérée par les identitaires.
08:03Ils ont leur bar, ils ont leur salle de sport.
08:05Ici, c'est vraiment chez eux.
08:07Il y a des escaliers qui n'en finissent plus.
08:09C'est vrai que là, ici, c'est hyper coupe-gorge.
08:11J'imagine que tu viens ici à 23h30 en vendredi soir,
08:15il y a deux ou trois crânes rasés.
08:17Autre ambiance.
08:24Vas-y, tu peux y aller.
08:26Arthur Veillerabot connaît bien Lyon car il y a vécu pendant des années.
08:29C'est un journaliste indépendant qui enquête sur l'extrême droite,
08:32notamment pour Street Press.
08:34Et si vous ne voyez pas son visage,
08:36c'est parce que les journalistes qui bossent sur ces milieux-là
08:38sont régulièrement menacés de mort.
08:42Aujourd'hui, à Lyon, on va dire qu'il y a trois groupes principaux.
08:45Il y a les remparts d'un côté, le groupe identitaire
08:48qui possède la traboule et l'agogé aujourd'hui,
08:50qui va défendre l'idée d'une civilisation européenne blanche.
08:53C'est le groupuscule qui a succédé à Génération Identitaire.
08:56Le groupe d'extrême droite, Génération Identitaire,
08:59a été dissous ce mercredi en Conseil des ministres.
09:02Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
09:04affirme que ce groupe incite à la discrimination,
09:06à la haine et à la violence.
09:08En mai 2024, le ministère de l'Intérieur a aussi lancé
09:10une procédure de dissolution contre le groupe Les Remparts.
09:13Le deuxième groupe principal, c'est Lyon Populaire,
09:15qui s'inscrit dans la dynamique néofasciste.
09:19Lyon Populaire est né à la suite de la dissolution
09:21du Bastion Social en 2019,
09:23qui était lui-même l'organisation qui succédait
09:26au groupe Union Défense.
09:28Et le dernier gros groupe, c'est l'Action Française.
09:30C'est un mouvement royaliste.
09:31De leur côté, ils défendent le retour d'un roi en France.
09:38Pas tous les militants de ces groupuscules,
09:39mais une grande majorité d'entre eux
09:41se retrouvent pour mener des actions violentes.
09:43Par exemple, l'attaque d'une librairie anarchiste
09:45dans les pentes de la Croix-Rousse,
09:47qui s'appelle La Plume Noire.
09:48L'agression de fêtards identifiés comme étant des jeunes Arabes
09:52qui ont été attaqués au couteau par des militants identitaires.
09:55C'est le soir de la demi-finale France-Maroc.
09:58Près de 150 militants d'extrême droite
10:00se retrouvent pour mener des expéditions punitives.
10:02Ou alors, par exemple, l'irruption dans des conférences
10:05menées par des organisations de gauche.
10:06Encore récemment, il y a eu l'attaque d'une conférence
10:08sur le thème de la Palestine.
10:11Il y a aussi des attaques de cortège en manifestation,
10:13comme lors du mouvement des Gilets jaunes
10:15en 2018 et 2019.
10:17Ces gens-là, ils sont quand même une minorité,
10:19et la seule chose qui fait qu'ils tiennent jusqu'ici,
10:21c'est par la terreur.
10:22Lui, c'est Raphaël Arnaud.
10:23C'est le porte-parole de la Jeune Garde,
10:25une organisation antifasciste qui documente
10:27les violences de l'extrême droite dans la ville
10:29et qui va même jusqu'à l'affrontement physique.
10:31En février 2019, en pleine manif Gilets jaunes,
10:34il y a eu une manifestation de la Jeune Garde
10:37En février 2019, en pleine manif Gilets jaunes,
10:40ils se battent contre un groupe de militants radicaux.
10:43Ils chargent l'arrière de la manifestation,
10:45comme des dingues, avec des armes,
10:47des boucles de pétanque, des barres,
10:49et on décide de les affronter.
10:56Les 85 qui débarquent dedans, on retrouve de tout.
10:59Il y a des militants du baston social,
11:01et avec cette petite touche lyonnaise,
11:03où du coup il y a certains onégales lyonnais
11:04qui se sont greffés à ça.
11:07Où est le gars ?
11:10Mais peut-être bien que s'il y avait eu
11:12moins cette présence politique dans les tribunes de Lyon,
11:15politique d'extrême droite j'entends,
11:16voire des nazis, peut-être bien qu'on n'en serait pas là
11:19dans la situation actuelle à Lyon.
11:21Peut-être bien que les locaux n'auraient pas pu
11:23perdurer comme ils perdurent aujourd'hui.
11:25Peut-être bien que les violences auraient été moins accrues,
11:27et ça c'est sûr que c'est des choses
11:29qui se posent réellement.
11:30Quand j'entends ça, je me pose des questions.
11:32À quel point les groupes de supporters de l'Olympique Lyonnais
11:34sont politisés, et quels sont les liens
11:36avec les groupuscules présents dans la ville ?
11:38Christophe Cécile Garnier est mon collègue
11:40chez Street Press.
11:41C'est un spécialiste de l'extrême droite radicale,
11:43et il a écrit un livre sur le supporterisme.
11:46Dans le stade, en général, il y a plusieurs types
11:48de supporters.
11:49Les deux d'un principal, c'est l'Ultra,
11:51qui est là en fait pour soutenir son équipe
11:53et faire des animations.
11:55Et il y a le hooligan.
11:56Le hooligan, son but c'est d'abord la violence.
11:58La plupart du temps, beaucoup de groupes hooligans
12:00en France vont être politisés,
12:02alors que du côté des groupes Ultra,
12:04en général, on se réclame apolitique.
12:06Bon, pour mieux comprendre,
12:08faisons une cartographie des tribunes lyonnaises.
12:10Dans le virage nord, il y a les Bat-Gones.
12:16C'est un des premiers groupes Ultra français
12:18à s'être créé, et c'est un groupe qui comporte
12:20des milliers de membres.
12:25Quand ils se fondent, au départ, dans les années 80,
12:27on se rend compte qu'il a des accointances
12:29avec l'extrême droite la plus radicale.
12:31L'une de ses premières écharpes, par exemple,
12:33c'est une croix celtique avec une devise qui est
12:36« notre honneur s'appelle fidélité »,
12:38qui est une référence en fait directe
12:40à la devise de l'ASS.
12:47Au fil du temps, on est arrivé en fait un peu
12:50au lissage de la position des Bat-Gones.
12:52Aujourd'hui, on n'est plus sur une ligne
12:54qui est, on va dire, pour qu'on accueille tout le monde,
12:57la politique n'a pas sa place dans la tribune,
12:59même si en fait, il y a encore aujourd'hui
13:01des vestiges de ces connexions en fait
13:03avec l'extrême droite.
13:05Les Bat-Gones ont des liens privilégiés
13:07avec un groupe d'Ultra madrilènes
13:09qui s'appelle les Ultras sourds,
13:11qui est en fait un groupe d'Ultra qui est néo-nazi,
13:13qui a été interdit notamment du stade de Madrid
13:15pour ses nombreux dérapages.
13:17En face, dans le virage sud,
13:19il y a Lyon 1950.
13:25Officiellement, c'est un groupe qui n'est pas politique,
13:27mais contrairement aux Bat-Gones,
13:29il y a beaucoup plus une porosité politique.
13:31C'est là en fait où on va retrouver
13:33des militants radicaux identitaires,
13:35des militants radicaux néofascistes
13:37qui vont venir se retrouver au stade.
13:39L'un de ces militants radicaux dont parle Arthur,
13:41c'est Calixte.
13:43Lui est l'un des cadres de Lyon Populaire,
13:45donc le mouvement néofasciste.
13:47Il publie de nombreuses photos où il est au groupe Amas Stadium
13:49sur notamment les barrières qui longent le stade,
13:51ce qui fait de lui en fait un membre actif du groupe.
13:53On a un autre militant
13:55qui lui s'appelle Pierre-Louis Perrier.
13:57C'est un jeune militant des remparts de Lyon
13:59qui s'est fait connaître en février
14:01pour avoir agressé au couteau plusieurs personnes.
14:03Plusieurs coups de couteau
14:05ciblés à la poitrine et au visage.
14:07Deux des victimes souffrent de blessures légères.
14:09La troisième reste cinq heures au bloc opératoire.
14:11Il a été condamné depuis.
14:13Aujourd'hui, il est en détention.
14:15Mais ce jeune militant identitaire
14:17est un habitué du groupe Amas Stadium
14:19et un habitué de Lyon 1950.
14:25Et je vous donne un dernier exemple.
14:27Celui de Renaud Manheim.
14:29On le voit ici en photo avec Marion Maréchal-Le Pen,
14:31candidate aux élections européennes en 2024.
14:33Lui, c'est vraiment une figure
14:35de l'extrême droite lyonnaise.
14:37C'est le leader du groupe néo-nazi
14:39Blood and Honor
14:41qui a été dissous par le gouvernement.
14:43Et qui continue aujourd'hui encore d'aller au stade
14:45et d'aller à chaque fois dans la section
14:47des Lyons 1950.
14:49Toujours dans le virage sud,
14:51il y a un petit groupe qui a beaucoup
14:53fait parler de lui ces derniers mois.
14:55La MEDZA.
14:57C'est un groupe de hooligans, de tendances néo-nazis
14:59qui s'est créé en 2006.
15:01Il comporte à son plus fort une quarantaine de membres.
15:03Sur ses drapeaux, la MEDZA utilise des symboles
15:05qui ne laissent aucun doute sur leurs opinions politiques.
15:07Le premier, c'est une Totenkopf.
15:09Une tête de mort utilisée
15:11par une division de l'Allemagne nazie.
15:13C'est un drapeau qu'ils ont pu
15:15mettre sur la tombe de Mussolini,
15:17l'ancien dirigeant fasciste italien
15:19durant la Seconde Guerre mondiale.
15:21Sur ses drapeaux, il y a une carte de France
15:23avec un guignol, le symbole de Lyon.
15:25Mais il y a aussi un blason avec trois fleurs de lys
15:27qui font référence à une autre division SS,
15:29la division Charlemagne.
15:31Des français qui se sont battus pour Hitler.
15:33Officiellement à Lyon,
15:35dans le stade de Lyon, la MEDZA n'existe pas.
15:37C'est un groupe de supporters
15:39mouvants, ce qui n'est pas reconnu par le club
15:41officiellement. Mais en fait,
15:43on les voit beaucoup dans les parcages visiteurs.
15:45Et dans les parcages visiteurs,
15:47ils n'ont pas une petite place.
15:49On les voit vraiment tout devant le parcage,
15:51à afficher leur drapeau. Ils sont complètement
15:53intégrés dans tout l'écosystème des supporters
15:55présents ultra.
15:57Mais la MEDZA s'est surtout fait remarquer
15:59lors d'une soirée qui a choqué le football français.
16:01Ces incidents, c'était ce soir
16:03avant le match Marseille-Lyon.
16:05C'était l'affiche de la dixième journée
16:07de Ligue 1. Des quarts de joueurs
16:09de l'OL et de supporters
16:11ont été attaqués
16:13par des Marseillais.
16:15Fabio Grosso, l'entraîneur de Lyon, reçoit un projectile
16:17dans la tête et la rencontre est annulée.
16:19En tribune,
16:21la haine continue. Des supporters
16:23lyonnais s'adonnent aux pires provocations racistes.
16:25Jamais, nous ne céderons face à ceux
16:27qui cassent, détruisent,
16:29ou salissent le sport.
16:35Ça, c'était l'avant-match.
16:37Je travaillais tranquille, comme d'hab.
16:39Le parc-ville, là-bas, tout le monde,
16:41tout le temps du monde. Lui, c'est Oufik.
16:43Il ne rate pas un match au vélodrome.
16:45Toujours dans le virage nord,
16:47toujours à côté de la tribune visiteur.
16:49Et d'un coup, les supporters lyonnais sont arrivés.
16:51Ils se sont accrochés
16:53dans les grillages, en train de faire des trucs
16:55de macaques, des saluts nazis, montrant
16:57la garde d'entité, la France aux Français.
16:59Ils sont rentrés dans le mood
17:01agressif. Et dans le
17:03parquage lyonnais, le drapeau de la MEDZA
17:05est brandi fièrement.
17:11Ça ne m'a pas surpris du tout,
17:13la vérité. Tout le temps, ils viennent,
17:15ils font des saluts nazis.
17:17Pendant ce tournage au pied du stade vélodrome,
17:19j'ai aussi rencontré deux supporters
17:21marseillais. Ils ont participé
17:23au caillassage des bus des supporters lyonnais.
17:25T'as vu où il y a le feu rouge et tout ?
17:27Là, c'est un croisement bizarre. Ouais, c'est là-bas.
17:29Ils s'appellent Ben et Hugo.
17:31C'est des pseudos, ce n'est pas leur vrai prénom.
17:33Ils ont bien voulu me raconter la scène,
17:35à condition de ne pas montrer leur visage.
17:37C'est la première fois que des supporters marseillais,
17:39impliqués dans ces incidents, parlent devant une caméra.
17:41On regarde les joueurs passer, on les charrie,
17:43on les insulte. Il y a des cars qui continuent
17:45à passer, sauf que ces cars-là,
17:47ils ne sont pas comme les joueurs.
17:49C'était bizarre un peu. Je voyais, il y avait des tensions,
17:51ça s'approchait du car et tout.
17:53Il n'y en a pas un dans le car qui ne fait pas un doigt d'honneur,
17:55qui ne fait pas un signe nazi. Il n'y en a pas un
17:57qui n'a pas une tête de crâne rasée
17:59avec des tatouages, avec des signes.
18:01Ça veut dire qu'ils ne se cachent pas.
18:07Ils nous ont insultés comme on les a insultés.
18:09C'est un macaque, sale fils de pute.
18:11Va niquer, t'es mort.
18:13Frérot, c'est plus rapide que le stade.
18:15Ça va d'un côté, ça va de l'autre.
18:17On est vifs à Marseille. J'attrape ce que je peux
18:19et je jette aussi.
18:21Je n'ai rien fait de mal. Tu as vu, ça a cassé sur
18:23le car.
18:25Je n'ai tué personne. Il ne s'est pas rentré
18:27à l'intérieur. J'ai vu mon projectile.
18:29Il n'a rien fait. Il y en a plein
18:31qui ont été comme moi. Il a lancé une fusée.
18:33Je crois qu'elle a pété la vitre et elle est rentrée à l'intérieur.
18:35Si je ne dis pas de conneries.
18:37Oh la vache, ils ont pu virer.
18:39D'après la version d'Hugo,
18:41il n'a pas attaqué le bus des joueurs lyonnais,
18:43uniquement celui des supporters.
18:45Après, ça a pété plus loin.
18:47Là-bas,
18:49je ne suis pas témoin.
18:51Ce qui s'est passé, ça a été bref et rapide.
18:53C'est entre
18:55des supporters qui ne vaut rien.
18:57Sur les photos des bus de Lyon
18:591950 publiées après l'attaque,
19:01on voit que les vitres sont explosées.
19:03Plusieurs supporters ont été
19:05blessés à l'intérieur.
19:07Le lendemain, le groupe ultra-public
19:09a communiqué pour condamner les gestes racistes
19:11dans le parkage.
19:13Quant à la MEDZA,
19:15le groupe entre dans le viseur des services de renseignement.
19:17Il songe à le dissoudre
19:19selon une note interne que s'est procurée
19:21Street Press. En janvier 2024,
19:23deux membres du groupe sont condamnés
19:25à six et quatre mois de prison ferme
19:27pour les saluts nazis et le drapeau.
19:29Et ça, le fait
19:31qu'il y ait un procès, il faut que vous compreniez
19:33que c'est une rareté.
19:35Cet article du journal L'Équipe le raconte très bien.
19:37Aujourd'hui, la plupart des procédures judiciaires
19:39pour des actes racistes dans les stades
19:41n'avancent pas.
19:43À ce stade, il me manquait
19:45une chose. Je voulais parler à un supporter
19:47pour qu'il me raconte les tribunes de l'intérieur.
19:49Je sais que les groupes ultra ne parlent pas aux journalistes
19:51mais j'ai quand même tenté ma chance.
19:53J'ai contacté les Bad Gowns, qui ont refusé,
19:55et Lyon 1950, qui ne m'a pas répondu.
19:57Mais j'ai fini par rencontrer Julien.
19:59Il témoigne à visage caché pour sa sécurité
20:01car il est militant dans des assauts de gauche
20:03à Lyon. Il a été abonné pendant 13 ans
20:05au Virage Nord, dans la même tribune que
20:07les Bad Gowns.
20:09J'ai toujours voulu faire partie de cette tribune parce que c'est là où il y avait l'ambiance
20:11et on sentait que c'est là où ça vivait.
20:15Mais jamais
20:17être adhérent à Bad Gowns
20:19parce qu'il y a un gros lien avec l'extrême droite.
20:21Du coup, c'était l'heure de question de faire partie
20:23de ce groupe-là en tant que tel. Même si
20:25paradoxalement, on était
20:27dans la même tribune.
20:29Les scènes racistes à Gerland, l'ancien stade
20:31de l'ON.
20:35À domicile, on sentait que c'était tenu,
20:37qu'il y avait un truc, ça se savait.
20:39C'était diffus, il y avait un racisme diffus.
20:41Les gens étaient lookés d'une certaine manière,
20:43habillés en Lonsdale, crânes rasés.
20:45On voyait bien quand même l'idéologie
20:47des gens, en tout cas en bas du virage.
20:49Mais par contre, il était spécifié.
20:51On sentait qu'il y avait un truc, il disait pas de politique au stade.
20:53Il y avait des petits groupes comme ça qui venaient, qui n'avaient pas vu devenir dans le virage.
20:55On sentait vite que la tension était tournée vers eux.
20:57Surtout des personnes maghrébines.
20:59Des membres du DBG venaient vers eux,
21:01avec des sandwichs aux saucissons, en disant
21:03c'est bon de porc, c'est bon de porc, machin, tout ça,
21:05pour commencer un peu à chauffer.
21:07Et puis il y avait toujours, dans le match,
21:09des sources de petits pogos qui se mettaient en place,
21:11sur l'air du Connemara,
21:13où à la fin, sur le refrain, tout le monde sautait,
21:15se poussait, donc c'était plutôt bon enfant.
21:17Sauf que là, quand ils ciblaient ces personnes-là,
21:19ils les entouraient, et puis ils les fracassaient
21:21au moment du pogo.
21:23Et à l'extérieur, c'était pire,
21:25parce que là, c'était vraiment le lâcher,
21:27le lâcher pristotal, il y avait beaucoup d'alcool.
21:29Dès qu'en bus, on croisait des voitures
21:31avec des personnes noires ou arabes,
21:33c'était des cris de singes, des salut nazis au gogo,
21:35parce qu'à domicile, il n'y en avait pas beaucoup,
21:37même boire pas, en tout cas.
21:39C'est quand Julien commence à militer dans l'antifascisme à Lyon
21:41qu'il se rencontre des liens entre les groupuscules
21:43de la ville et le stade.
21:45En manifestation, je me suis retrouvé face
21:47à des gugus d'extrême droite.
21:49Quand tu te retrouves face à face avec une personne en manif
21:51et que la semaine d'après, sur un déplacement
21:53à Bordeaux, je me retrouve à côté de lui
21:55au virage, dans le parquage lyonnais,
21:57et je le retrouve encore au match d'après à Gerland.
21:59Si à un moment donné, lui, il me remet,
22:01je suis fini.
22:03Ils vont venir à 20 sur moi,
22:05je vais me faire tabasser, je vais ramasser, c'est fini pour moi.
22:07Julien a arrêté son abonnement en 2010.
22:09Et pour lui, le club a une grande responsabilité
22:11dans la situation actuelle.
22:13La direction, elle sait ce qui se passe, il y a des caméras de partout.
22:15À un moment donné, s'il y a des agressions,
22:17s'il y a des salut nazis, s'il y a des choses qui se passent,
22:19ils le savent forcément.
22:21Moi, j'ai plus l'impression, c'est qu'ils veulent garder l'équilibre
22:23et qu'ils voient ce qui se passe,
22:25mais ils n'agissent pas concrètement.
22:27Sur les incidents racistes
22:29et la présence des militants d'extrême droite
22:31dans les tribunes, j'ai voulu
22:33confronter l'OL.
22:35J'ai pu poser mes questions à Xavier Pierrot.
22:37Il est directeur général adjoint de l'OL Group
22:39et surtout, il est chargé de la gestion du Groupama Stadium.
22:41Je vais commencer par les hooligans néo-nazis
22:43de la Medza Lyon.
22:45C'est un groupe qui existe depuis 2006.
22:47Comment vous vous expliquez qu'il soit toujours
22:49présent dans les tribunes lyonnaises ?
22:51Ce n'est pas un groupe officiel de l'OL.
22:53Ce n'est même pas une association de 1901.
22:55Que des membres de ce groupe uscule soient dans le stade
22:57à Gerland ou au Groupama Stadium ou à l'extérieur,
22:59sans doute,
23:01et vous avez entièrement raison,
23:03je vais aller plus loin, mais comment je le sais,
23:05je ne peux pas. Cette question me chauffe toujours
23:07un petit peu parce qu'on a l'impression
23:09qu'on ne fait rien, alors que,
23:11je vous retourne ma question, qu'est-ce qu'on devrait faire
23:13pour le savoir ? Comment on fait pour le savoir ?
23:15Mais récemment, il y a eu un procès à Marseille.
23:17Il y a des noms qui ont été rendus publics.
23:19Il y a des identités qui circulent.
23:21Ah mais donc, moi en tant que privé,
23:23j'aurais le droit
23:25d'interdire sur la base
23:27de rumeurs
23:29ou de choses qui circulent sur les réseaux
23:31un individu
23:33sans que la justice me le demande ?
23:35Et au stade, est-ce que vous donnez à la sécurité,
23:37à vos stadiers, des consignes particulières
23:39sur la présence de la Medza ?
23:41Pas la Medza, tous les groupes non officiellement reconnus
23:43par le club. L'étendard Medza,
23:45on le faisait enlever,
23:47non pas pour des raisons de racisme,
23:49on le faisait juste enlever parce qu'il
23:51n'était pas d'un groupe officiel
23:53de l'Olympique lyonnais, donc ça allait contre le règlement intérieur.
23:55Il y a un dernier point que je voulais évoquer.
23:57Comme vous le savez, un jeune homme
23:59qui s'appelle Kandjoura a été tabassé
24:01et victime d'insultes racistes à la sortie
24:03d'un match Lyon-Marseille, c'était en
24:05avril 2023. Est-ce que vous avez
24:07mené une enquête en interne ? Bien sûr,
24:09puisque j'ai relu personnellement l'intégralité
24:11des images. Et vous avez identifié les
24:13supporters lyonnais ? Tout à fait.
24:15Pas pour les propos racistes, pour la bagarre.
24:17Sur ces individus-là, il y avait une partie qui appartenait
24:19à Lyon 1950 et une partie qui n'appartenait
24:21pas à Lyon 1950. On a donné les images
24:23aux forces de l'ordre puisque c'est eux qui sont en charge
24:25de faire les enquêtes, ce n'est pas l'Olympique lyonnais.
24:27Est-ce que vous comptez prendre des sanctions ?
24:29Sinon, il faut que je sanctionne tout le monde, l'Orienté,
24:31Marseillais et les Lyonnais.
24:33En l'occurrence,
24:35ce n'est pas si clair. On attend de voir ce que la justice,
24:37l'enquête de police d'abord, puis la justice
24:39après prendra comme condamnation
24:41sur cette affaire, qui a ma connaissance
24:43depuis avril 2023,
24:45donc ça va faire un peu plus d'un an.
24:47Sauf, si on a loupé quelque chose,
24:49on n'a pas avancé. Voilà, c'est la fin de ce
24:51premier épisode de COP. Merci de l'avoir
24:53regardé jusqu'au bout. On se retrouve chaque
24:55semaine pour un nouvel épisode, alors abonnez-vous
24:57pour ne pas les louper.

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