Gagner à la loterie n'est qu'une chimère pour la plupart des gens, mais pour Abraham Shakespeare, c'est une réalité. Après avoir gagné un jackpot de 30 millions de dollars, il se lie d'amitié avec quelqu'un qui veut écrire un livre sur lui. La vie est belle - jusqu'à ce qu'il finisse par mourir.
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00:00 Le quenais sur la côte d'azur le 2 novembre 2014.
00:07 Evelyne, une retraitée de 70 ans, reçoit un coup de téléphone qui va changer sa vie à jamais.
00:17 C'est au sujet de sa tante Jacqueline Imbert, 92 ans, que l'on voit ici à gauche sur la photo.
00:28 - Ma soeur m'a appelée en me disant Jacqueline a été transportée aux urgences à l'hôpital de Cannes.
00:37 Quand elle a revu sa tante, effectivement, celle-ci était dans le coma.
00:42 Elle n'en est jamais sortie jusqu'à ce qu'elle ait décédé sans reprendre connaissance.
00:47 - Ça ne me paraissait pas anormal qu'elle ait eu un problème de santé.
00:54 Elle a dû décéder pendant son sommeil.
00:58 Et pourtant, des années plus tard, Evelyne va découvrir que sa tante a peut-être été assassinée.
01:06 Et qu'elle ne serait pas la seule victime.
01:13 - C'est une histoire de fou.
01:16 - J'avais l'impression de vivre un mauvais roman policier.
01:21 - On était vraiment à deux doigts du crime parfait.
01:25 - Il a bousillé ma vie quand même.
01:28 - Franchement, il n'a pas le profil du tout d'un tueur.
01:29 - Moi, je ne peux pas y croire. J'avoue, je ne peux pas y croire.
01:33 - Les policiers se disent on est face à un empoisonneur en série.
01:38 Cette incroyable affaire débute en réalité six mois plus tard avec une toute autre histoire.
01:50 Nous sommes le 7 avril 2015.
01:54 Gabriel Marino, 62 ans, lui aussi un habitant du Canet, est chez lui en train de déjeuner.
02:01 A cet instant, il est loin d'imaginer que les heures qui vont suivre vont marquer à jamais sa vie.
02:10 - C'était 2h30, comme ça, 3h.
02:15 Et le téléphone sonne.
02:18 Je suis comme ça, je regarde et je vois un bail.
02:24 - Bailly, c'est Suzanne Bailly, une femme de 85 ans qui habite au Canet et qui est une femme dont il s'occupe.
02:33 Il fait des petits travaux chez elle, il la connaît bien. C'est une vieille dame.
02:37 - Et je dis allô et là, elle n'arrêtait pas de parler de suite.
02:41 Elle me dit Gabi, je ne me sens pas bien.
02:46 Elle me dit qu'est ce que je dois faire en fait?
02:53 Au téléphone, Suzanne Bailly est totalement confuse.
02:55 Elle est en panique complète.
02:56 Elle est limite incohérente.
02:59 On comprend pas ce qu'elle raconte, mais ce qu'il comprend, en revanche, c'est qu'il y a un problème.
03:04 - Je prends la voiture, je m'en vais.
03:05 Je fonce chez elle.
03:08 Gabriel n'habite qu'à quelques minutes du domicile de Suzanne Bailly.
03:14 Il se précipite alors en voiture chez la vieille dame.
03:19 Et en arrivant chez elle, il découvre une scène à glacer le sang.
03:26 Au sol, son amie gît dans un état second.
03:31 - Elle était par terre, elle bavait.
03:33 Elle avait des convulsions et les yeux étaient retournés déjà.
03:38 On voyait bien qu'il y avait un problème.
03:41 Elle n'arrivait pas à bien respirer.
03:43 Quand elle me parlait, je ne comprenais pas ce qu'elle disait.
03:47 Paniquée, Gabriel appelle immédiatement les secours.
03:50 Alertée par le bruit, Annie Roy, la voisine de Pallier, arrive à son tour dans l'appartement.
03:58 Suzanne Bailly est à présent dans un état très inquiétant.
04:02 En effet, la retraitée est en pleine crise de démence.
04:08 - Elle est partie dans le tirage, raconter n'importe quoi.
04:15 Elle est en pleine phase hallucinatoire, elle est totalement incompréhensible.
04:19 - Elle disait qu'on avait refait sa cuisine, mais en carton.
04:24 Après, il y avait un cheval au plafond.
04:26 Enfin, n'importe quoi.
04:27 Il est 18 heures lorsqu'enfin, deux ambulanciers prennent en charge Suzanne Bailly.
04:35 La vieille dame est transportée de toute urgence à l'hôpital de Cannes.
04:40 Et ses proches imaginent alors le pire.
04:45 - Quand tu vois une personne comme ça, tu dis elle va mourir.
04:47 C'est fini.
04:48 - J'ai dit qu'on la reverrait plus.
04:50 A l'hôpital, Suzanne Bailly est entre la vie et la mort.
05:00 Gabriel a suivi l'ambulance pour veiller sur son amie Suzanne.
05:11 Pour lui, vous allez le voir, la soirée est loin d'être terminée.
05:15 - J'ai donné ma carte vitale, ses papiers, j'ai donné mon numéro de téléphone.
05:20 Et ils m'ont dit vous pouvez rien faire pour elle, rentrer chez vous.
05:25 Impuissant, Gabriel reprend donc sa voiture pour regagner son domicile.
05:32 Mais ce trajet ne va pas du tout se passer comme prévu.
05:38 Car Gabriel Marino est sur le point de vivre l'enfer.
05:42 - Très rapidement, lui aussi commence à sentir des troubles qui sont tout à fait inhabituels.
05:52 D'abord des troubles de la vision.
05:55 Puis une sudation importante.
06:00 Il sent qu'il ne maîtrise plus sa conduite.
06:03 - Je ne savais pas où j'étais.
06:08 Je n'arrivais pas à me situer sur la route.
06:11 J'étais à droite ou à gauche.
06:13 Les gens, je ne les voyais pas bien.
06:15 Mais plus rien qu'il y allait.
06:16 - Il est au limite du malaise.
06:18 Il fait des embardés avec sa voiture.
06:20 Il va même toucher le rebord d'un trottoir.
06:23 - En fait, je suis rentré dans la piste incitable avec la voiture.
06:25 J'ai tapé, tapé à droite, à gauche, j'ai tapé, j'ai cassé toute la voiture, tout le côté droit de la voiture.
06:32 - Il a laissé sa voiture, tant bien que mal, si je puis dire, devant son domicile.
06:37 Il monte les escaliers à quatre pattes.
06:39 Il réussit à ouvrir sa porte.
06:43 Il rentre à l'intérieur et il s'effondre littéralement.
06:47 - J'ai vu qu'il n'y avait pas ma femme à la maison et que je ne pouvais plus bouger.
06:52 Je ne pouvais plus respirer.
06:54 J'étais perdu et à un moment donné, je me suis dit c'est fini.
07:05 Incroyable, trois heures à peine après avoir accompagné son ami Suzanne Bailly.
07:10 Gabriel Marino se retrouve à son tour, hospitalisé aux urgences de Cannes.
07:16 Il est pris en charge par les mêmes médecins qui se posent à présent de sérieuses questions.
07:22 - Comment se fait il que ces deux personnes, qui plus est,
07:33 se sont côtoyées dans l'après midi, puissent se retrouver dans une situation identique?
07:37 Intrigués, les médecins ordonnent tout de suite des prélèvements d'urine et de sang sur leurs deux patients.
07:44 - À ce stade, on est loin de s'imaginer que cette affaire va déboucher sur un dossier criminel incroyable.
07:52 Car ce mystérieux mal qui touche ces deux habitants du Canais,
07:58 cache en réalité un drame sans précédent.
08:02 Et pour le découvrir, il faut se plonger dans la vie de Suzanne Bailly et de Gabriel Marino.
08:09 Au Canais, dans la résidence où vit Suzanne Bailly, Gabriel Marino est un peu le bon samaritain.
08:21 Ce mécanicien est toujours disponible pour effectuer de menus travaux et d'épanouir les retraités dans leur quotidien.
08:30 - Il est rentré en contact avec ces vieilles dames de la résidence par le biais de sa femme, qui elle est femme de ménage.
08:39 Et donc, les vieilles dames avaient besoin toujours d'un éclatien, d'un plombier, d'un raccord de peinture ou de quelques bricoles.
08:47 - En fait, c'est de bouche à oreille, comme ça, vous avez besoin de quelque chose.
08:51 Il m'appelait, Gabi, est-ce que tu peux faire ça?
08:53 Donc, j'allais voir si je peux le faire, je le faisais, quoi.
08:57 Et parmi ces retraités qui font appel à Gabi, il y a justement Suzanne Bailly.
09:04 Cela fait 3 ans qu'ils se connaissent. Ils sont même devenus amis.
09:09 - Je l'amenais plusieurs fois en voiture quand elle avait mal aux genoux pour faire le chauffeur, quoi, c'est tout.
09:16 Donc, il y a une sorte de complicité un petit peu qui se crée entre ces 2 là. Cette femme de 85 ans et ce presque retraité de 62 ans.
09:28 Depuis qu'elle est à la retraite, Suzanne Bailly partage sa vie entre Belfort, sa région d'origine, et le Canet, dans le sud de la France.
09:43 - Elle vient tous les hivers ici parce qu'il fait meilleur que chez elle.
09:49 - Elle m'a dit, maître, j'adore la couleur des mimosas. Et pour moi, le sud de la France, c'est le jaune des mimosas.
09:56 - Donc, voilà, les dernières années, elle voulait les passer tranquillement, quoi.
10:06 Suzanne aspirait à une vie douce et paisible, mais cela, c'était sans compter ses mystérieux malaises.
10:14 Car celui qu'elle vient d'avoir n'est en fait que le dernier d'une longue série.
10:33 En effet, cela fait déjà maintenant 2 mois que la santé de Suzanne Bailly se dégrade.
10:39 Tout a commencé un jour, en fin d'après-midi. Elle appelle à l'aide sa voisine, Annie Roy.
10:49 - Cette fois-ci qu'elle m'a appelée en me disant "Venez, je ne peux plus bouger".
10:55 - Je l'ai trouvé, elle était affalée sur sa table.
11:00 - Les pompiers sont venus, ils l'ont emmenée à l'hôpital. On a cru que c'était un rêvessier.
11:05 - C'est les premières inquiétudes pour ses voisines parce qu'elle, qui avait une santé de fer, d'un coup, se retrouve hospitalisée dans un état grave.
11:14 Pour ce premier malaise, Suzanne restera 10 jours à l'hôpital.
11:19 Mais pour les médecins, rien d'anormal. Passés un certain âge, les problèmes de santé sont courants.
11:26 - On se dit qu'une dame de 85 ans qui arrive avec un malaise, qui fait de la rythmie, c'est des choses qui malheureusement sont dans l'ordre des choses.
11:39 Seulement voilà, à peine remise de ce premier malaise, un mois plus tard, c'est la rechute.
11:48 Mais là encore, l'âge de Suzanne Bailly va troubler le jugement des médecins.
11:56 Et ce deuxième épisode n'éveillera encore une fois aucun soupçon.
12:00 Ce jour-là, Gabriel Marino reçoit l'appel de la voisine de la vieille dame, Madame Roy.
12:07 - Elle m'appelle le soir, elle me dit "Madame Bailly, elle est à l'hôpital, elle a eu de nouveau un attaque".
12:17 Et là, elle me dit "elle reviendra pas".
12:23 La première idée, c'est sans doute, c'est une dame qui est en fin de vie.
12:27 Pour le dernier malaise qui vient d'avoir lieu, il y a quelque chose qui ne colle pas.
12:34 Souvenez-vous, Gabriel Marino a lui aussi été victime d'un malaise.
12:41 Et ce, seulement quelques heures à peine après la vieille dame.
12:49 Pourquoi l'homme de 20 ans sont cadets aurait-il les mêmes symptômes que Suzanne Bailly ?
12:55 Étrange.
12:57 Dès le lendemain, il va faire une révélation fracassante aux médecins.
13:09 Qui va lever le voile sur ce mystérieux syndrome ?
13:13 Vers 7h30 du matin, Gabriel se réveille dans sa chambre d'hôpital.
13:19 Il a retrouvé ses esprits et ne comprend pas ce qu'il fait là.
13:24 - Je comprenais pas ce qui se passait.
13:29 Qu'est-ce que je fais à l'hôpital ? Je me suis retrouvé attaché avec les mains et les pieds attachés.
13:33 Qu'est-ce que c'est ? Il y a un problème, là. Je lui demande des tâches.
13:37 Et la pauvre, je l'ai traité de tout, l'infirmière.
13:40 Gabriel Marino est à présent tiré d'affaires.
13:45 L'homme semble suffisamment cohérent pour raconter aux médecins la journée qui a précédé son hospitalisation.
13:52 - Les médecins lui demandent un peu s'il a bu ou mangé avec Mme Bailly.
14:02 Gabriel Marino raconte alors l'après-midi passé au chevet de Suzanne Bailly en attendant les secours.
14:10 Et il va lui revenir en mémoire un détail capital.
14:15 - Malgré le fait que Mme Bailly soit dans un état d'excitation de quasi perte de conscience,
14:21 elle va avoir suffisamment de recul pour prononcer une phrase.
14:26 "Goutte l'eau". "Goutte l'eau", je la trouve très amène.
14:38 - En fait, instinctivement, je prends l'eau, je goutte.
14:42 Et là, je sais pas moi, allez, en 15 secondes, la bouche, elle est devenue toute... Elle collait.
14:53 Mes lèvres, tout ça, ça collait. C'était... Et c'était amer.
14:57 Et donc, je posais le verre et je dis à Mme Roy... "Gouttez, Mme Roy, on dirait que l'eau, elle est amer".
15:06 Moi, je l'ai tout de suite recrachée, c'était tellement mauvais.
15:09 - Et c'est comme ça qu'évidemment, les médecins commencent à faire le lien entre l'eau minérale ingérée par Mme Bailly
15:20 et le verre d'eau goûté par Gabriel.
15:24 Les médecins suspectent un empoisonnement.
15:29 10 doutes qui vont très vite être levés par les résultats des analyses toxicologiques réalisés sur Suzanne Bailly et Gabriel Marino.
15:37 - Il se trouve que dans les urines et dans le sang autant de Gabriel que de Suzanne, on retrouve des traces d'une substance qui s'appelle l'atropine.
15:54 - L'atropine, c'est un accélérateur cardiaque et à eau de dos, ça peut devenir un poison mortel.
16:00 Aucun doute possible, il s'agit donc bien d'un empoisonnement d'origine criminelle.
16:07 Le corps médical prévient alors immédiatement la police de Cannes.
16:12 Alors, quelqu'un en voulait-il à Suzanne Bailly et Gabriel Marino au point de les empoisonner ?
16:22 Qui d'autre avait accès à cet appartement ?
16:25 Pour le découvrir, les policiers vont devoir mener l'enquête dans la résidence de Suzanne Bailly.
16:32 Et ils ne le savent pas encore, mais ils vont mettre à jour une affaire des plus rocambolesques.
16:45 Au Canais, l'appartement de Suzanne Bailly est immédiatement inspecté de fond en comble par les policiers.
16:52 C'est ici même qu'ils vont y faire la découverte d'un indice déterminant.
16:58 - Les techniciens d'investigation criminelle font des recherches d'empreintes. Ils saisissent la bouteille d'eau minérale.
17:08 - Et puis on va prélever le verre aussi dans laquelle les victimes ont pu porter leur lait.
17:14 Et là encore, les analyses menées sur les éléments saisis dans l'appartement de la vieille dame vont parler.
17:24 Une forte concentration d'acropines est retrouvée dans la bouteille d'eau qui se trouvait sur la table de chevet.
17:32 - Il y a quelqu'un qui a mis siamon, du poison dans l'eau minérale de madame Bailly.
17:38 C'est donc bien Suzanne Bailly qui était visée. Gabriel Marino n'est qu'une victime collatérale de cet empoisonnement.
17:50 De toute évidence, quelqu'un dans l'entourage proche de la retraitée avait intérêt à la voir mourir.
17:58 Mais qui ?
18:05 Les investigations menées dans son immeuble vont très vite mettre à jour qu'ici, personne ne lui voulait du mal.
18:14 - Parmi les huit propriétaires de ces appartements, vous avez six dames retraitées, célibataires, vivant seules dont madame Bailly.
18:25 - Ces dames ont beaucoup d'affection l'une pour l'autre.
18:29 - C'était une très bonne entente.
18:31 - Ah oui, c'est des amis, hein. Toutes là, maintenant. Ça fait plus de dix ans qu'on se connaît, alors...
18:37 - J'ai presque envie de décrire cela comme une forme de petite colonie de vacances.
18:41 - Puis c'est rassurant un petit peu quand on est tout seul.
18:43 - Dès qu'il y en avait une qui avait un problème, les autres accouraient pour l'aider.
18:50 Et c'est justement le témoignage d'Annie Roy, la voisine de palier de Suzanne Bailly, qui va mettre les enquêteurs sur une piste.
18:59 La retraitée raconte un épisode à faire froid dans le dos qui s'est déroulé dans l'appartement de Suzanne Bailly, seulement quelques heures avant le dernier malaise de la vieille dame.
19:12 - C'était un matin normal et je ne sais pourquoi j'étais inquiète. J'ai eu des antennes de temps en temps. Donc j'ai pris mes clés, je suis allée voir.
19:24 En rentrant, je l'appelle. Suzanne, vous êtes là ?
19:31 - Elle va entendre une voix lui répondre depuis la salle de bain. Une voix qu'elle ne reconnaît pas.
19:40 - Je lui dis mais vous allez bien ? Oui, oui. Je lui dis oh mais c'est bizarre, vous avez une brûle de voix, je ne vous reconnais pas votre voix.
19:48 - Puis c'est là que mon téléphone a sonné.
19:51 Au domicile d'Annie Roy, de l'autre côté du palier, son téléphone fixe sonne.
20:00 Elle quitte donc l'appartement de Suzanne pour aller répondre chez elle.
20:04 - Elle décroche, il n'y a personne au bout du fil et quand elle revient dans l'appartement, la salle de bain est ouverte.
20:11 - Et là, il n'y a plus personne dans ce domicile, ni dans la salle de bain, ni dans les toilettes. Plus aucun bruit, plus aucun mouvement, plus personne pour répondre à ses questions.
20:21 - Ce qu'elle va trouver choquant.
20:24 - J'ai dit ah bah quand même, je suis inquiète pour elle puis la voilà qui file comme ça, qu'est ce qui lui prend ?
20:32 Annie Roy est en colère, ce comportement ne ressemble pas du tout à son amie.
20:38 Alors quand elle l'entend monter les escaliers une heure plus tard, elle l'interpelle et lui demande des comptes.
20:46 - Je lui dis mais enfin Suzanne, qu'est ce qui vous a pris ce matin ? Elle me dit quoi ce matin ?
20:52 - Je lui dis quand on s'est parlé, elle me dit c'est pas possible, j'étais chez le coiffeur, vous avez pas pu vous parler.
21:01 - Alors je lui dis mais en tout cas, il y avait quelqu'un chez vous qui se faisait passer pour vous.
21:07 Annie Roy, la voisine de Suzanne, aurait-elle surpris sans le savoir l'empoisonneur de son amie ?
21:16 Les policiers en sont persuadés mais à ce stade de l'enquête, impossible de mettre un nom sur cet individu mystère.
21:25 Peut-être que Suzanne Bailly détient la pièce manquante du puzzle.
21:31 Problème, la vieille dame est toujours entre la vie et la mort.
21:36 A l'hôpital de Cannes, cela fait maintenant une semaine que Suzanne Bailly est hospitalisée.
21:49 Lorsque miracle, elle recouvre enfin ses esprits.
21:54 En mesure de parler, elle est interrogée sur son lit d'hôpital et ce qu'elle va révéler va donner un véritable coup d'accélérateur à l'enquête.
22:05 - Elle a décidé de vendre son appartement viagé.
22:09 - La particularité du viagé, c'est qu'on ne devient propriétaire qu'à la mort de l'ancien propriétaire.
22:15 Le nouveau propriétaire de Suzanne Bailly le voici.
22:21 Il s'appelle Olivier Capelaire.
22:23 C'est un chef d'entreprise de 38 ans à l'époque, un homme sans histoire.
22:33 - Au début de leur relation d'affaires, si je puis dire, il n'y a aucun souci particulier.
22:39 - Monsieur Capelaire règle ses rentes mensuellement.
22:43 - Il n'y a pas davantage de contacts.
22:45 - Il se voit de manière très exceptionnelle.
22:49 Mais ces derniers mois, chose troublante, monsieur Capelaire était devenu beaucoup plus présent.
23:00 - A partir de janvier 2015, c'est vrai qu'il vient fréquemment dans la résidence voir madame Bailly, sous des prétextes divers.
23:10 Il vient notamment poser un détecteur de fumée.
23:13 - En fait, il est venu 4 fois, 5 fois en 3 mois.
23:17 - Il va ensuite prendre des contacts aussi assez réguliers avec son entourage
23:22 pour prendre des renseignements sur la santé de madame Bailly.
23:27 - Il venait sonner à ma porte. Il venait prendre des nouvelles.
23:32 Monsieur Capelaire intrigue.
23:36 Son attitude prévenante à l'égard des autres propriétaires de la résidence n'est pas normale.
23:42 Et ses visites commencent à faire jaser.
23:50 - On en plaisantait parce que à chaque fois qu'elle allait à l'hôpital, il venait dans des nouvelles.
23:57 Après, on riait, puis elle me disait "Oh bah, viens voir si je suis morte".
24:02 Coïncidence frappante, les visites d'Olivier Capelaire correspondent quasiment jour pour jour au malaise de Suzanne Bailly.
24:13 Alors l'homme se serait-il introduit chez elle pour l'empoisonner ?
24:18 Les voisines auraient-elles vu juste ?
24:22 Rien n'est moins sûr.
24:24 Car en réalité, les enquêteurs vont découvrir que finalement, le profil de cet homme ne colle pas du tout avec celui d'un meurtrier.
24:45 Olivier Capelaire a grandi à Nice dans une famille aimante.
24:50 En 1996, il se marie avec une jolie canoise, Karine.
24:57 Ensemble, le couple vit confortablement.
25:01 Il faut dire qu'à 31 ans, Olivier se voit offrir la chance professionnelle de sa vie par son père.
25:11 Monsieur Capelaire, fils, va donc prendre progressivement la place de son papa qui était directeur d'une grosse société de découpe de viande.
25:20 C'est quelqu'un qui travaillait, qui travaillait, qui travaillait.
25:23 On voyait bien les horaires qu'il avait. Déjà, c'était pas facile.
25:26 Mais il aimait ce qu'il faisait. On le sentait.
25:33 Grâce à son nouveau poste de dirigeant d'entreprise, Olivier Capelaire change de statut social et de niveau de vie.
25:41 Il investit alors dans l'immobilier et affiche un luxe ostentatoire.
25:48 En fait, il est décrit comme un homme qui aime l'argent, qui aime les belles choses.
25:54 Il collectionne les montres de luxe. Il a un joli 4x4. Il a plusieurs voitures.
25:59 Il est propriétaire de nombreux biens immobiliers. Il possède cinq viagers différents.
26:04 Il possède également sa maison Lucanée et puis un appartement de villégiature secondaire à Isola 2000 pour y aller au ski.
26:13 Manifestement, c'est quelqu'un qui mène grand train.
26:15 Olivier Capelaire a tout de l'homme qui a réussi, ce qui a le mérite d'ailleurs d'inspirer confiance aux retraités à qui il achète des appartements en viagé.
26:28 Il est même devenu au fil du temps une véritable coqueluche auprès des vieilles dames.
26:34 C'était un bel homme.
26:40 Toujours bien mis, élégant, aimable, avenant, agréable, physiquement grand, un peu rondouillard.
26:52 Il a un peu ce côté gendre idéal, Olivier Capelaire. Il plaît aux mamies qui croient avoir leur fils.
27:00 Un gendre idéal. Alors les enquêteurs sont ils sur une fausse piste? Pas si sûr.
27:08 Car ce sont les relevés téléphoniques d'Olivier Capelaire qui vont parler.
27:19 Souvenez vous, alors qu'Annie Roy, la voisine, se trouvait dans l'appartement de Suzanne Bailly, son téléphone fixe avait sonné, l'obligeant à sortir.
27:31 L'identité du mystérieux correspondant est donc sur le point d'être révélée.
27:37 Le numéro de téléphone qui a appelé Madame Roy sur son fixe chez elle est celui de Monsieur Capelaire. C'est une certitude.
27:48 Le téléphone même de Monsieur Capelaire est borné, c'est à dire géocalisé dans ou autour de l'appartement de Madame Bailly au moment précisément où cet appel téléphonique sera passé sur le téléphone fixe de Madame Roy.
28:00 Les policiers savent désormais que l'intrus le matin des faits est bien Olivier Capelaire.
28:15 Le 20 avril 2015, Olivier Capelaire est placé en garde à vue. Il va devoir s'expliquer.
28:23 Et la surprise, l'homme ne nie pas. Oui, c'est bien lui qui a pénétré chez Madame Bailly avec un jeu de clé que la vieille dame lui avait confié quelques mois plus tôt.
28:37 Il explique qu'il avait besoin de prendre quelques photographies des lieux parce qu'il envisageait de revendre ce bien immobilier et ne voulant pas perturber le quotidien de Madame Bailly, lui annoncer qu'il ne serait plus son légitime propriétaire.
28:51 Il avait voulu faire ça dans la plus grande discrétion.
28:54 Quand il va prendre des photos, il est surpris par la voisine. Là, il se réfugie dans les toilettes.
28:59 Il a un réflexe qui est complètement peu idiot, mais il explique en disant je suis très gêné d'être chez elle dans une... Alors que je ne peux pas m'y trouver.
29:09 Et pour que Madame Roy s'en aille, il téléphone à Madame Roy.
29:16 Une explication qui pourrait tenir la route, sauf que lors de la perquisition de son domicile, les policiers font une découverte qui va faire voler en éclat l'explication d'Olivier Capellaire.
29:34 -Ils vont trouver, non dissimulé d'ailleurs, dans un placard de cuisine, des colires à usage vétérinaire. Colires qui contiennent de la tropie.
29:46 Le 22 avril 2015, Olivier Capellaire est mis en examen pour l'empoisonnement avec préméditation de Suzanne Bailly et l'empoisonnement de Gabrielle Marine.
30:00 L'homme est détenu à la maison d'arrêt de Grasse. Mais malgré les charges qui pèsent contre lui, Olivier Capellaire, depuis sa cellule, continue de clamer son innocence.
30:23 -C'est quelqu'un qui est extrêmement choqué, qui est très amateur et qui n'a de cesse de protester de son innocence.
30:31 -Les victimes l'ont concoursé chez Constance, qu'il s'est introduit chez Madame Bailly à son insu, mais que ce qui a fait que Madame Bailly a été victime du fait d'empoisonnement, il y est complètement étranger.
30:40 -Il proteste, il est désespéré.
30:43 Alors, Olivier Capellaire est-il l'empoisonneur sans scrupule de Suzanne Bailly ou l'homme est-il victime d'une effroyable erreur judiciaire ?
30:53 Deux ans plus tard, alors qu'il attend son procès, un incroyable rebondissement va faire basculer l'affaire dans une autre dimension.
31:10 Car cette fois-ci, il ne sera plus question de viéger, mais d'un juteux héritage.
31:18 Le 12 avril 2017, Evelyne, une retraitée de 73 ans, ouvre son journal comme tous les matins.
31:33 Et l'article qu'elle y découvre va lui glacer le sang.
31:38 -J'ai eu la surprise de voir un article concernant une dame âgée du Canet que l'on avait tenté d'assassiner par empoisonnement.
31:48 -L'article précisait que monsieur Olivier C. était donc soupçonné d'avoir attenté à la vie de cette dame.
31:56 -Donc j'ai lu évidemment l'article jusqu'au bout et ce Olivier C. m'a tout de suite interpellée.
32:04 Evelyne est pétrifiée. Olivier C. accusé d'avoir empoisonné Suzanne Bailly, elle le connaît.
32:13 C'est un ami de sa tante, Jacqueline Imbert, cette vieille dame décédée en novembre 2014 à l'âge de 92 ans.
32:29 C'était tout juste, 5 mois avant l'empoisonnement de Suzanne Bailly et Gabrielle Marine.
32:36 Alors pour en savoir plus, Evelyne appelle l'homme qui est interviewé dans le journal.
32:47 -Bien le soir, à 10h du soir, j'en sors un coup de fil, je réponds et c'est une dame. Elle me dit voilà j'ai votre article devant moi du journal que... quand vous avez été empoisonné.
32:58 -Et je l'ai relu et relu et relu, je sais pas combien de fois, que ça veut dire Olivier C.
33:04 -Elle m'a dit est-ce que ça veut dire Olivier Capeller.
33:09 -J'ai dit oui.
33:12 *Musique triste*
33:17 -Sur le moment j'avoue que je ne voulais même pas y croire, j'ai pensé que peut-être après tout il était pas étranger au décès de notre tante.
33:32 Mais au fond d'elle, Evelyne ne peut s'empêcher de faire le rapprochement entre l'empoisonnement de Suzanne Bailly cité dans le journal et pour lequel Olivier Capeller est incarcéré.
33:44 Et celui d'Olivier Capeller dont le nom figure en haut du testament de sa tante Jacqueline Imbert.
33:52 La vieille dame lui avait légué à sa mort un patrimoine estimé à près d'un million d'euros.
34:02 *Musique triste*
34:05 -C'était son argent, elle était libre d'en disposer comme elle le voulait, monsieur Capeller avait toujours été au petit soin pour elle, plein de sollicitude et par conséquent bon il me semblait pas non plus anormal qu'elle veuille lui laisser quelque chose venant d'elle.
34:25 Donc ça ne m'a pas choqué.
34:29 Seulement aujourd'hui, Evelyne ne voit plus du tout les choses de la même façon.
34:34 Avec sa soeur, elles se rendent au commissariat de Cannes pour faire part aux policiers de leur doute.
34:46 Elles vont expliquer que depuis la mort de son mari, leur tante vivait seule et qu'Olivier Capeller, vous allez le voir, va profiter de cette solitude pour prendre une place de premier choix dans la vie de la vieille dame.
35:05 Jacqueline Imbert est née à Cannes en 1921, elle y passe toute son enfance avant de rencontrer Emile, l'homme de sa vie que toute la famille appelle Milou.
35:17 Le couple se marie en 1947 et mène une vie simple et heureuse.
35:25 Un bonheur presque complet sauf qu'ils n'ont pas eu d'enfant.
35:31 Ils n'ont jamais eu d'enfant et ça, Jacqueline en a été très malheureuse parce qu'elle aimait beaucoup les enfants.
35:39 Et je pense qu'elle a d'ailleurs reporté cet amour maternel inassouvis sur ma soeur et sur moi.
35:47 Au moment de leur retraite, Jacqueline et Milou profitent de la vie avec insouciance jusqu'au début des années 2000.
35:58 Atteint de la maladie d'Alzheimer, Milou est de plus en plus dépendant de sa femme.
36:03 Et lorsqu'il meurt en 2009, il laisse un vide immense dans la vie de Jacqueline.
36:13 Donc pour elle, évidemment, ça a été dramatique parce que c'était sa moitié qui partait.
36:22 Et là, aussi bien Martine que moi, on l'a bien entouré du maximum pour l'aider à passer cette épreuve.
36:35 Mais quelqu'un d'autre va se montrer particulièrement prévenant.
36:42 Un voisin de palier, Olivier Capelère, devenu au fil des années un ami proche et qui a su rapidement se rendre indispensable.
36:53 -Il gérait ses comptes, il s'occupait d'elle, il emmenait faire ses courses, il emmenait chez le coiffeur, il a déjeuné très souvent avec elle.
37:04 -Et quand on rencontrait madame Abert, "Mais Olivier, si je l'avais pas, mais qu'est-ce que je ferais ? Mais qu'est-ce que je ferais ?"
37:11 -Il était omniprésent.
37:13 Au fil des années, Olivier Capelère avait noué avec Jacqueline Abert une relation d'amitié et de confiance unique en son genre.
37:23 -J'ai toujours eu l'impression qu'ils étaient très proches. Comme une mère et leur fils, on sentait un amour inconditionnel des deux.
37:36 -Une amitié profonde. Je suis un peu... Ca m'a bouleversée, je suis désolée. Je me disais que c'est beau, c'était beau.
37:54 Et si cette belle amitié n'avait été qu'une façade ? Est-ce possible que ce confident si gentil et si attentionné soit en réalité un assassin froid et manipulateur ?
38:09 -Sachant qu'elle était veuve, sans enfants, qu'elle n'avait que des nièces qui étaient en fait des parents éloignés, je pense qu'à ce moment-là, il a pensé que c'était une croix facile.
38:24 Alors lorsque les policiers entendent Evelyne et sa soeur leur parler de Jacqueline et de son confident Olivier Capelère, ils font le rapprochement avec l'homme qui va être jugé prochainement pour l'empoisonnement à la tropine de Suzanne Bailly.
38:43 Les enquêteurs décident de s'intéresser au meurtre présumé par empoisonnement de Jacqueline Abert.
38:52 -On va demander à la famille son autorisation, elle la donne et on va procéder à l'exhumation du cercueil de Jacqueline.
39:01 Le corps de Jacqueline Abert est transporté à l'institut médico-légal pour subir une batterie d'examens et d'expertise toxicologiques.
39:11 Pendant ce temps, ses nièces attendent les résultats en proie au doute et à la culpabilité.
39:22 -Donc ça a été des mois d'inquiétude, des mois d'incertitude, des mois où je passais par je dirais l'espoir et le désespoir parce qu'en mon fort intérieur, malgré tout j'espérais m'être trompée et qu'en définitive on nous allait nous dire que Jacqueline était décédée de mort naturelle.
39:47 Mais en janvier 2018, 6 mois après l'exhumation de Jacqueline Abert, le verdict tombe enfin.
39:55 -Et là c'est un coup de théâtre quand même assez extraordinaire, c'est qu'ils découvrent des traces d'atropine dans le corps de Jacqueline Abert.
40:09 -A la fois dans le coeur et dans le foie, il y avait une surdose d'atropine, une surdose d'atropine qui était la cause de la mort et qui avait été administrée avant la mort en thé mortel.
40:21 Désormais plus de doute possible, Jacqueline Abert est bien morte empoisonnée à l'atropine.
40:30 La même substance que celle qui a failli tuer Suzanne Bailly et Gabriel Marino.
40:36 Cette même substance retrouvée sous forme de colire pour chien lors de la perquisition chez Olivier Capellaire.
40:45 Pour les proches de Jacqueline, c'est un cataclysme.
40:50 -J'avais l'impression de vivre un mauvais roman policier.
41:00 -Vous savez c'est le genre de chose qui n'arrive qu'aux autres ou qui n'arrive que dans les livres mais pas dans la vraie vie.
41:09 -Et puis elle méritait pas ça avec l'amour qu'elle lui avait donné. C'est affreux.
41:15 -Moi je peux pas y croire, j'avoue je peux pas y croire.
41:19 -Quelqu'un que vous aimez bien, que vous appréciez et d'un seul coup on dit qu'il est... c'est un assassin.
41:28 -Non franchement j'arrive pas y croire.
41:34 Mais alors pourquoi cet homme si charmant et au train de vie fastueux aurait-il voulu se débarrasser de deux retraités qu'il appréciait ?
41:47 L'hypothèse semble absurde mais peu à peu l'enquête va mettre à jour qu'Olivier Capelère n'est pas l'homme fortuné qu'il prétend être.
41:57 Pire, il serait même un piètre chef d'entreprise.
42:03 -Certains, et ils sont nombreux, sont assez critiques sur ses compétences professionnelles.
42:13 -Ses collaborateurs disent qu'il parle beaucoup, qu'il parle très bien mais que finalement il est pas très efficace.
42:19 -Et il a sans doute pas toutes les capacités pour diriger une entreprise.
42:23 -Olivier Capelère va se révéler être un très mauvais gestionnaire.
42:31 -Il a pas le talent de son père même s'il en a pris les fonctions et la succession. Petit à petit la boîte commence à perdre de l'argent jusqu'au moment où c'est la catastrophe financière.
42:44 -Il va couler l'entreprise et donc couler avec l'entreprise.
42:49 En novembre 2014, la société va si mal qu'Olivier Capelère est démis de ses fonctions.
42:59 Au bord du gouffre, il risque de perdre tout ce qu'il a construit.
43:03 -Et lui se retrouve au chômage sans indemnité.
43:08 -Adieu le salaire de 5000 euros ou de 6000 euros par mois.
43:12 Cette situation financière alarmante aurait-elle été un détonateur ? La peur de la ruine et de l'humiliation aurait-elle poussé Olivier Capelère au meurtre ?
43:27 -Et on s'aperçoit, coïncidence des dates, que quelques temps plus tard, très peu de temps plus tard, Jacqueline va passer de vie à trépas.
43:37 -Donc tout ça a une cohérence judiciaire si vous voulez.
43:41 -Le mobile de Monsieur Capelère, c'est le plus vieux mobile du monde, c'est le mobile crapeleux.
43:46 -Dans le premier cas c'est un viagé, dans le deuxième cas il était le légataire universel, donc aucun doute sur la cupidité du crime.
43:57 -Je veux dire, il était dans une telle situation qu'il a été obligé de passer à l'acte, ça c'est pas vrai.
44:03 -Sa situation financière, elle avait changé, puisqu'il ne percevait plus son salaire, mais elle n'était pas préoccupante, il n'était pas aux abois.
44:12 Un meurtre, deux empoisonnements, Olivier Capelère pourrait-il être un tueur en série dont la course meurtrière aurait été enrayée ?
44:25 Et surtout une question vient forcément à l'esprit, existent-ils d'autres victimes ?
44:32 Déjà mis en examen pour l'empoisonnement de Suzanne Bailly et Gabriel Marino, Olivier Capelère doit à présent s'expliquer sur l'assassinat présumé de Jacqueline Imbert.
44:52 Il est extrait de sa cellule où il est incarcéré depuis trois ans dans l'attente de son procès.
44:58 Et contre toute attente, l'homme va raconter aux enquêteurs un scénario auquel il ne s'attendait pas.
45:06 -Selon sa version Jacqueline ne va pas bien, elle a envie d'en finir.
45:13 -Il a rendu service à Jacqueline, il l'a aidé à mourir, qui n'est en aucun cas son assassin.
45:21 -C'est une sorte de suicide assisté, d'empoisonnement par compassion.
45:25 -C'est encore quelque chose de très difficile pour lui à vivre, parce qu'en plus c'est chez quelqu'un dont il était très proche.
45:35 Jacqueline Imbert se serait donc procuré elle-même de l'atropine. Et Olivier Capelère l'aurait seulement accompagné et soutenu jusqu'au bout.
45:47 Pour les proches de la vieille dame, cette version est totalement invraisemblable.
45:52 -C'est un mensonge, c'est pas vrai, c'est faux, c'est faux, c'est faux, c'est monstrueux de dire ça.
46:01 -Jacqueline n'avait absolument pas envie de mourir.
46:04 -Très peu de temps avant sa disparition, on l'avait rencontré.
46:11 -J'ai pas senti débrouillir du tout. Bon, il nous racontait toujours son histoire de Milou, ça c'était normal, mais bon, sans plus, pas plus qu'avant.
46:21 -C'est ignoble de la part de monsieur Capelère d'abîmer et de salir la mémoire de Jacqueline en prétendant qu'elle a voulu se suicider.
46:29 Car loin du chevalier servant, au fil des investigations, c'est plutôt le portrait d'un prédateur qui semble se dessiner.
46:41 Et si Suzanne et Jacqueline n'étaient que deux victimes d'une liste beaucoup plus longue ?
46:48 -Les policiers se demandent s'ils n'ont pas affaire à un tueur en série, un tueur en série de personnes âgées, un tueur en série spécialisé dans le viagé, parce que Capelère a cinq viagés.
47:02 Les policiers s'intéressent donc aux autres viagés d'Olivier Capelère. Et l'un d'entre eux va tout particulièrement éveiller leur soupçon.
47:13 En effet, cinq ans avant les empoisonnements de Suzanne Bailly et Jacqueline Imbert, une troisième retraitée décède mystérieusement alors qu'Olivier Capelère vient d'entrer dans sa vie.
47:30 -On a découvert pour l'une d'entre elles qu'elle était décédée sept mois seulement après la souscription du viagé, ce qui est très rapide.
47:39 -Là, on a tenté à connaître plus avant les causes de la mort et on a vérifié si cette dame-là avait pu faire l'objet d'une intoxication.
47:50 Avec l'accord de sa famille, son corps est aussitôt exhumé pour être analysé. Mais cette fois-ci, les résultats s'avèrent négatifs, aucune trace d'atropine.
48:02 Alors la décomposition avancée du corps aurait-elle pu effacer toute trace de poison ? C'est possible, mais pas certain.
48:16 Seule conviction pour les enquêteurs, Olivier Capelère ne ciblerait pas ces personnes âgées au hasard.
48:24 -Parce qu'en fait, ce qu'ils se sont aperçus, c'est que les viagés qu'il a, c'est toujours des personnes seules. Y'a pas de famille.
48:31 -Principalement des dames âgées, des dames seules, des dames qui n'étaient pas entourées.
48:37 -Y'a un côté très méthodique dans le mode opératoire criminel employé par Olivier Capelère. C'était quand même très pensé tout ça.
48:45 -On peut se demander s'il n'avait pas été stoppé par l'enquête de la police judiciaire de Cannes, s'il aurait pas continué son parcours terrible.
48:57 -Le grain de sable, c'est Gabriel Marino.
49:00 -Vraiment, j'y pensais. Heureusement. Heureusement que t'étais là. Sinon, il aurait pu continuer à tuer du monde sans le savoir, quoi. Sans que personne ne le sache, quoi.
49:12 Olivier Capelère va répondre de ses actes devant une cour d'assises pour les empoisonnements de Suzanne Bailly et Gabriel Marino.
49:21 Quant au meurtre de Jacqueline Imbert, c'est lors d'un second procès qu'il sera jugé beaucoup plus tard.
49:37 Le lundi 4 mars 2019, le procès d'Olivier Capelère s'ouvre devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes. Ce sont les deux empoisonnements, dont un avec préméditation, que l'on juge. L'ancien chef d'entreprise risque la réclusion criminelle à perpétuité.
50:01 -Le dossier de Jacqueline planait au-dessus de cette cour d'assises. Même s'il n'était pas officiellement poursuivi pour le crime de Jacqueline, tout le monde savait qu'il y a encore ce dossier.
50:14 Olivier Capelère ne pourra pas compter sur le soutien de ses proches pour se défendre. Seule sa soeur a fait le déplacement. Malgré tout, dans le box des accusés, loin de s'effondrer, l'homme continue de se présenter en victime d'une erreur judiciaire.
50:34 -Il veut donner l'apparence de quelqu'un sûr de lui, sûr de pouvoir prouver son innocence. C'est un homme qui se donne une certaine contenance, qui n'hésite pas à regarder dans les yeux Suzanne Bailly.
50:47 -Je dis "C'est pas possible comment on peut faire du mal comme ça à une personne comme ça et être tel qu'il était là, froid, sans quoi que ce soit".
51:02 Mais le troisième jour du procès, un rebondissement de taille va mettre à terre toute la défense de l'accusé.
51:09 Le président de la cour sort de sa manche des écoutes téléphoniques qui font l'effet d'une bombe.
51:19 -Le frère d'Olivier Capelère parla à sa soeur. Il faut savoir que le frère revenait du parloir où il avait vu Olivier Capelère.
51:30 Et lors de cette conversation, le frère d'Olivier Capelère déclare...
51:35 -Il était pas du tout dans le déni. J'ai vu que ça lui faisait un truc, que ça le libérait, même si on voyait que ça lui coûtait d'admettre qu'il a commis un acte impardonnable.
51:45 -Olivier Capelère aurait reconnu sa culpabilité, expliquant qu'il était dans une situation financière fâcheuse.
51:57 -Sa famille ne l'a pas pensé coupable. Il y a eu une conversation, on sélectionne les mots et on dit "ben voilà, votre frère pense que vous pourriez être coupable".
52:06 -Un procès, je trouve, pour le moins, regrettable.
52:10 Mais ce n'est pas tout. Dans une autre écoute, c'est sa mère qui le charge et le dénigre. Une petite phrase extraite d'une de ses conversations va choquer toute la cour.
52:24 -Il a déconné. Il a sérieusement déconné. Tout ça pour un appart pourri, une bicoque pourrie.
52:30 -C'est la propre mère d'Olivier Capelère qui tient ses propos au téléphone. Donc en fait, d'abord, on sent que la famille le lâche complètement, mais on sent aussi qu'ils savent.
52:42 -C'est vrai que je l'ai vu à ce moment précis du procès s'éponger à plusieurs reprises le front et là, il a montré ses faiblesses.
52:53 Des aveux rapportés, les faits désastreux.
52:58 A l'issue des trois jours d'audience, Olivier Capelère est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
53:07 L'homme a fait appel de cette décision. Il est donc toujours présumé innocent.
53:19 Les victimes devront donc affronter un nouveau procès. Une épreuve de plus avant de pouvoir tourner la page.
53:29 -Ce qui me chagrine encore plus maintenant, c'est de recommencer tout, de savoir que je dois tout recommencer.
53:36 -C'est ça. Et j'espère que Mme Baillet sera toujours là avec moi.
53:44 -Parce que le plus important maintenant, c'est de lui faire voir qu'on est en bille et en santé.
53:49 Quant à l'empoisonnement de Jacqueline Imbert, le dossier est toujours en cours d'instruction.
53:59 Olivier Capelère pourrait bientôt être jugé pour assassinat.
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