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Le secteur de la banque et de l'assurance est aux avant-postes du mouvement de dématérialisation qui anime nos économies : informatisation généralisée des process, massification des données, usage d'algorithmes sophistiqués assurant des transactions automatisées, et que l'on peut assimiler aux prémices de l'intelligence artificielle. Dès les années quatre-vingt, les analystes sont saisis par la vitesse des bouleversements et les pronostics vont bon train, prophétisant la fin de la banque physique, un tsunami destructeur sur l'emploi, une hyper-concentration du secteur. Les processus décisionnels étant largement fondés sur des modèles mathématiques déterministes, tout paraît automatisable et « robotisable » et notamment toutes les tâches de back-office de saisie des données et de traitement des données, tous les métiers de guichet supplantés par les automates et les services en ligne, les métiers du trading ou de l'analyse de données, etc. [...]

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00:00 Le secteur de la banque et de l'assurance est aux avant-postes du mouvement de dématérialisation qui anime nos économies.
00:16 Informatisation généralisée des process, massification des données, usage d'algorithmes sophistiqués,
00:22 assurant des transactions automatisées et que l'on peut assimiler aux prémices de l'intelligence artificielle.
00:28 Dès les années 80, les analystes sont saisis par la vitesse des bouleversements et les pronostics vont bon train,
00:35 profitisant la fin de la banque physique, un tsunami destructeur sur l'emploi, une hyperconcentration du secteur.
00:42 Les processus décisionnels étant largement fondés sur des modèles mathématiques déterministes,
00:48 tout paraît automatisable et robotisable, et notamment toutes les tâches de back-office,
00:54 de saisie des données et de traitement des données, ainsi que tous les métiers de guichet supplantés par les automates et les services en ligne,
01:02 les métiers du trading ou de l'analyse de données, etc.
01:06 Et il est vrai que le bouleversement a bien eu lieu.
01:09 Les courtiers en bourse, les opérateurs de saisie des transactions, les calculateurs de marge qui opéraient manuellement ont été balayés.
01:16 Idem pour les métiers de caisse en front-office rendus obsolètes par la diffusion des distributeurs automatiques.
01:22 Sans parler des traders, les fameux Golden Boys, stars des années 80, ringardisés en l'espace de quelques années.
01:29 Bref, la finance a expérimenté avant les autres secteurs les affres et les opportunités du numérique et surtout de l'intelligence artificielle, faisant figure d'éclaireur.
01:41 Pourtant, son évolution invalide toutes les prophéties alarmistes des années 80,
01:46 les mêmes que l'on plaque aujourd'hui sur le reste de l'économie avec l'irruption de l'IA.
01:52 Premier constat, en dépit de tous les bouleversements de métiers, l'emploi dans le secteur financier au sens large n'a pas été balayé, loin de là.
02:02 Prenons les cas français, britanniques et américains.
02:05 Sur longue période, l'emploi continue à progresser de part et d'autre de l'Atlantique et résiste à haut niveau au Royaume-Uni.
02:12 D'abord parce que la mue du secteur a drainé de nouvelles compétences fortement qualifiées, dédiées à la digitalisation.
02:21 Data scientist avec l'essor de la collecte massive de données,
02:24 analyste quantitatif pour l'évaluation des risques ou le profilage des stratégies d'investissement,
02:30 développeur concernant notamment les algorithmes de trading et les systèmes de gestion des risques,
02:35 analyste en cybersécurité, expert en finances comportementales, etc.
02:41 Ensuite, parce que concernant le front office, l'automatisation a moins détruit d'emploi
02:46 qu'elle a réduit les files d'attente face à des guichets physiques saturés
02:51 et en incapacité de nouer un échange de qualité avec la clientèle.
02:55 On l'oublie souvent, la technologie permet d'abord de soulager l'engorgement des systèmes,
03:01 maintenu sur des fonctions basiques et dysfonctionnelles faute de moyens suffisants.
03:05 Tout comme les chatbots ne font qu'évacuer les questions les plus récurrentes qui saturent le système,
03:11 permettant de personnaliser et d'améliorer les échanges interpersonnels.
03:15 Et in fine, en dépit de la robotisation des prestations basiques via les automates,
03:21 la disparition si souvent annoncée des guichets physiques n'a pas eu l'ampleur annoncée.
03:26 Les conseillers clientèle dédiés au placement de produits et de services,
03:30 de plus en plus sophistiqués, ont juste supplanté les guichetiers d'antan.
03:35 L'outil numérique a ainsi permis de dégager des ressources pour démultiplier les prestations,
03:41 sophistiquer l'offre, adresser la clientèle.
03:44 Cette dernière s'est notamment déplacée vers le conseil, la gestion ou la couverture des risques.
03:50 Le secteur s'est finalement enrichi en tirant parti de sa complexité et de son instabilité spéculative croissante,
03:57 pour monnayer de nouvelles prestations irrémédiables.
04:01 Nouveaux problèmes, nouvelles solutions,
04:03 c'est toute l'ironie de secteurs qui s'enrichissent sur leur propre dysfonctionnement.
04:09 Le cœur de métier de la finance s'est déplacé vers la gestion de fonds,
04:12 qui a pris l'ascendant sur le métier d'intermédiation historique, autrement dit prélever l'épargne pour prêter.
04:19 Le chiffre d'affaires du secteur financier s'est déplacé vers les commissions facturées à la clientèle,
04:25 tandis que l'épicentre du secteur a dérivé vers la gestion d'actifs.
04:29 Enfin, et peut-être surtout, le métabolisme interne de la finance, non directement dédié à la clientèle, a explosé.
04:38 Les volumes de transactions quotidiens atteignent des montants vertigineux,
04:42 se comptant en dizaines ou centaines de milliards de dollars sur les marchés interbancaires,
04:48 les marchés de change ou d'action, et même à plus de 6 000 milliards de dollars sur les marchés dérivés.
04:55 Une explosion liée à l'interopérabilité croissante des systèmes, au pricing en continu,
05:02 à l'affolement induit des opérations d'arbitrage, et surtout à la montée en fréquence des opérations jouant la microseconde.
05:11 Il est loin le temps de la compensation manuelle et de la corbeille qui n'ouvrait que 2-3 heures le matin et l'après-midi.
05:19 C'est in fine cette hyperinflation des transactions internes à la finance qui mobilise au premier chef les hommes et les ordinateurs.
05:27 Gonflant les process, mais avec à la clé une productivité du secteur qui ne fait pas le figure quand on la mesure sur la base de l'output final.
05:37 Et si l'on raisonne par analogie, on se dit que la diffusion de l'intelligence artificielle a moins vocation à détruire les emplois
05:46 qu'à transformer nos organisations en fourmilières agitées, avec une utilité sociale qui reste à démontrer.
05:54 [Musique]

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