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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'intervention du président de la République au Mont-Saint-Michel.
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00:00 18h15, soyez les bienvenus dans Punchline en direct sur CNews et sur Europe.
00:19 On va continuer évidemment à évoquer la mobilisation de demain concernant la manifestation
00:24 250 cortèges prévus partout en France contre la réforme des retraites et à la veille
00:29 d'une nouvelle journée de mobilisation syndicale.
00:31 Emmanuel Macron poursuit son itinéraire mémoriel.
00:34 Il est au Mont-Saint-Michel aujourd'hui pour célébrer le millénaire de la fondation
00:38 de l'ABI.
00:39 Demain, il lancera également les préparatifs du 80e anniversaire du débarquement allié
00:44 du 6 juin 44 qui aura donc lieu l'année prochaine.
00:48 Sur place, c'est Gauthier Lebré qui suit ce déplacement du président de la République.
00:53 Bonsoir Gauthier.
00:54 Vous nous dites que le président de la République a été plutôt bien accueilli, ce qui n'est
00:59 pas si courant pour lui ces derniers temps, n'est-ce pas ?
01:01 Oui, mais j'ai envie de vous dire que dans les ruelles du Mont-Saint-Michel, vous croisez
01:07 plutôt des touristes que des opposants à la réforme des retraites, donc c'est normal
01:10 que cet accueil soit plutôt positif, même s'il y a quelqu'un qui l'a tout de suite
01:14 interpellé lui disant, je cite, "la France crève la dalle" sur donc le thème du pouvoir
01:18 d'achat.
01:19 Alors Emmanuel Macron va s'exprimer d'ici 15 minutes sur la France éternelle, la France
01:24 est bâtisseuse et on sent bien cette volonté un peu cynique de l'opposer à la France
01:27 qui manifestera demain.
01:29 Emmanuel Macron s'est d'ailleurs exprimé sur cette nouvelle journée de mobilisation.
01:31 Il dit comprendre que les oppositions manifestent dans les rues de France, c'est légitime
01:36 selon lui, mais il faut avancer pour le président de la République et par contre il a condamné
01:41 toutes les formes de violence.
01:44 Alors vous l'avez dit, Emmanuel Macron va rester demain en Normandie, il rendra hommage
01:47 aux 177 Français du commando Kieffer qui ont débarqué il y a 79 ans sur les plages
01:54 normandes, en présence du dernier survivant Léon Gauthier, le tout en présence également
01:59 de sa première ministre Elisabeth Borne et c'est un fait politique important puisque
02:03 c'est la première fois qu'on les reverra à deux depuis le recadrage qu'a subi Elisabeth
02:08 Borne en Conseil des ministres la semaine dernière.
02:10 Il s'est d'ailleurs exprimé sur ce recadrage, Emmanuel Macron, il a dit "c'est du savon
02:14 qui ne fait même pas de bulles" balayant d'un revers de la main ce recadrage, mais
02:18 on sent la volonté de l'Elysée de cultiver ces thèmes mémoriels en ces journées de
02:23 manifestation car vous le savez dans ces cas-là, les casserolades ne sont pas du tout les bienvenus.
02:26 On l'avait vu quand il s'était rendu le 8 mai à Lyon pour rendre hommage à Jean Moulin
02:31 dans la prison où il avait été torturé.
02:32 Les casserolades à cette époque-là avaient déclenché la polémique.
02:35 Merci beaucoup Gauthier Lebré en direct du Mont-Saint-Michel.
02:38 Donc on a bien compris, Éric Revelle, que le président de la République, il a tourné
02:42 la page, il a un mot sur les réformes des retraites pour mettre en garde quelque part
02:46 les manifestants en leur disant "vous avez le droit de manifester mais en respectant
02:49 les personnes et les biens" et puis il y a ces deux décrets d'application qui ont été
02:55 publiés hier au journal officiel.
02:58 Les choses suivent leur cours ? La stratégie du président de la République fonctionne
03:01 normalement ?
03:02 Lui en tout cas, il donne l'impression que tout fonctionne normalement et qu'il ne reculera
03:07 pas.
03:08 D'ailleurs on ne voit pas comment il pourrait reculer même après la manifestation de demain.
03:10 Mais si vous le permettez quand même, sur la visite du Mont-Saint-Michel, je trouve
03:14 ça très intéressant.
03:15 Parce qu'il y a quelques jours, le président de la République a employé le mot de "décivilisation",
03:19 n'est-ce pas ? Ça renvoie à la civilisation.
03:22 La civilisation c'est partager en commun dans une même société des valeurs, des racines,
03:27 des objectifs et des projets.
03:28 Et pour le coup, moi je vois au travers de la visite du chef de l'État au Mont-Saint-Michel
03:33 le rappel de nos racines judéo-chrétiennes.
03:36 C'est ça aussi, me semble-t-il, qu'il veut dire.
03:38 Parce que quand vous dites "on est en voie de décivilisation", le symbole du Mont-Saint-Michel,
03:43 au-delà du fait qu'il est connu dans le monde entier, il incarne bien ses racines judéo-chrétiennes.
03:47 Pardonnez-moi mais c'est un fait important.
03:49 Vous avez sans doute raison, c'était évidemment le déplacement du président de la République.
03:53 Il aurait pu essayer de tourner la page sur une autre visite.
03:56 Je veux vraiment qu'on reste sur la réforme des retraites.
03:59 Je vais vous dire un mot sur la réforme des retraites.
04:02 Parce que quand même, il y a un sujet économique qui est fondamental.
04:05 En gros, on nous disait au début, vous vous souvenez, que ça allait économiser 18 milliards d'euros d'ici 2030.
04:10 18 milliards d'ici 2030.
04:13 Et je vous rappelle que la hausse des taux d'intérêt sur le service de la dette française,
04:17 c'est 20 milliards d'euros de plus par an.
04:19 Ce n'est pas du tout à la même échelle.
04:23 Donc cette réforme des retraites de manière comptable, elle n'a pas prouvé son efficacité.
04:28 En tout cas, elle a été promulguée, les décrets de l'application se sont publiés,
04:31 en partie au journal officiel de Ragnel.
04:33 Est-ce qu'Emmanuel Macron, il est en train de gagner ?
04:36 Il a gagné son bras de fer avec les syndicats ?
04:38 Alors, objectivement, oui, sur la question de la réforme des retraites.
04:42 Alors, c'est gagné avec "il y a du sang partout".
04:45 Ça a été quand même assez difficile, à la fois avec les syndicats,
04:49 et puis le spectacle qui a été donné aux Français n'était quand même pas terrible,
04:52 avec un gouvernement qui, jusqu'à Noël, a essayé de tendre la main aux partenaires sociaux,
04:58 montrer que le gouvernement était dans le dialogue.
05:00 Et puis, en fait, patatras, il n'y a pas de dialogue possible.
05:03 Le gouvernement qui utilise l'article 49.3 de la Constitution.
05:07 Donc ça, pour le coup, ça a laissé des traces,
05:09 et c'est quelque chose qui va être compliqué à régler, en tout cas à court et moyen terme.
05:13 Et effectivement, vous l'évoquiez tout à l'heure,
05:15 dans la visite du président au Mont-Saint-Michel,
05:19 j'y vois une illustration pour montrer qu'effectivement, tout ça est derrière lui.
05:24 Demain, il sera avec le, notre vétéran du commando Kieffer,
05:29 à l'occasion du 79e anniversaire du débarquement.
05:34 Et puis, il y a des petits signaux que je trouve intéressants.
05:37 Typiquement, vous voyez, dans la délégation qui accompagnait Emmanuel Macron au Mont-Saint-Michel,
05:42 le président a proposé à l'écrivain Camille Pascal, l'historien,
05:46 qui était celui qui écrivait les discours de Nicolas Sarkozy, de venir, de le rejoindre.
05:51 Et il s'avère que Camille Pascal, c'était vraiment l'auteur de tous les grands discours
05:56 de Nicolas Sarkozy sur la France éternelle.
05:59 C'était le discours du puy en volet, c'était vraiment tous les discours
06:02 qui faisaient référence à la chrétientéo, aux racines judéo-chrétiennes.
06:05 Et donc, Emmanuel Macron, lui, a proposé la convier dans son déplacement.
06:10 Et je pense qu'Emmanuel Macron veut adresser deux signaux.
06:14 Le premier, c'est qu'effectivement, la crise sociale est derrière lui.
06:17 Et le deuxième, c'est tenter d'une certaine manière de mettre le cap un tout petit peu à droite,
06:23 à la droite des valeurs, la France éternelle.
06:25 Après, la seule question qui compte, c'est est-ce que cette droite-là va être sensible à cette carte postale ?
06:31 Je rappelle simplement une chose, et je t'ai terminé.
06:33 Le dernier homme politique à s'être rendu politiquement, en tout cas au Mont-Saint-Michel,
06:37 c'était Éric Zemmour, pendant sa campagne.
06:39 Alors, pour vous évoquer les signaux qu'envoie ici et là le président de la République,
06:42 un signal envoyé en tout cas aux manifestants qui seront dans les rues de Paris et de France,
06:47 demain, en règle générale.
06:49 Écoutez donc l'avertissement, quelque part, du président de la République.
06:54 Je pense qu'il est légitime que dans notre démocratie, qui est vivante,
06:59 elle l'a montré encore ces derniers mois,
07:01 celles et ceux qui veulent s'opposer puissent s'opposer,
07:04 dans le respect des biens et des personnes,
07:05 parce qu'on ne peut pas, quand il y a des violences, les déplorer et puis les encourager d'un autre côté.
07:10 Donc, j'ai toujours eu cette même règle, rigueur absolue sur ce sujet.
07:14 Ça doit se faire dans le calme, dans le respect de chacun, dans le respect des biens et des personnes.
07:18 Mais c'est normal que les oppositions puissent s'exprimer.
07:20 Maintenant, le pays doit aussi continuer d'avancer.
07:23 Mon objectif est que, après cette séquence,
07:25 l'ensemble des organisations patronales et syndicales qui y sont prêtes
07:28 puissent venir pour qu'on ouvre le jeu de la négociation la plus large
07:32 et qu'on laisse, sans tabou d'ailleurs,
07:34 discuter l'ensemble des partenaires sociaux d'un agenda important pour les conditions du travail.
07:39 Il faut que cet agenda puisse être défini d'ici à l'été.
07:42 On voit bien que le chef de l'État affiche une forme de sérénité en réalité désormais.
07:49 Alors, est-ce que c'est une sérénité de façade ou est-ce qu'elle est réelle ?
07:52 J'ai plutôt l'impression qu'elle est réelle. Je peux me tromper ?
07:54 Oui, alors, nul n'est censé ignorer la loi,
07:56 nul n'est censé non plus, en tant que président de la République,
07:58 ignorer la conflictualité sociale qui grouille depuis des semaines en France,
08:02 notamment en référence aux manifestations contre la réforme des retraites.
08:06 Maintenant, moi, j'observe, en sociologie, qu'il y a une transformation,
08:12 c'est-à-dire qu'on est passé de la convergence des luttes à la convergence des rages.
08:17 Et ces manifestants, cette marginalité sociale qui manifeste d'année en année,
08:22 ne s'en prend plus simplement aux institutions, mais aux individus,
08:25 et notamment les forces de l'ordre.
08:26 Ces gens sont parfaitement outillés, ils ont leur technique avec des moyens,
08:30 des parapluies, des kalachnikovs, des cocktails Molotov,
08:33 enfin, je parle sous votre contrôle, mais ce sont des gens qui sont littéralement armés.
08:36 Donc, je ne pense pas qu'il faille relativiser les manifestations,
08:40 bien au contraire, les prendre très au sérieux,
08:42 sachant qu'en plus, nous avons en face, lorsqu'on observe les mouvements de la société,
08:49 de moins en moins d'unités de maintien de l'ordre,
08:52 et de plus en plus de problèmes de maintien de l'ordre.
08:54 Et à cela, j'observe que le politique ne sait pas répondre réellement
08:58 par ou la voie législative ou la voie réglementaire.
09:01 On a eu une loi anti-casseurs de 2019, dont l'article 3 a été censuré
09:04 par le Conseil constitutionnel, qui interdit au préfet de pouvoir interdire
09:08 justement des manifestations qui peuvent être chaotiques
09:11 et nuire non pas aux manifestants, mais également aux forces de l'ordre,
09:14 ceux qui sont censés protéger les manifestants et les passants
09:17 qui circulent à côté de ces manifestants.
09:19 Donc là, on est dans un statu quo et je ne vois pas de réponse politique
09:22 courageuse et fiable à ce sujet.
09:25 Mathieu Vallée, est-ce qu'il faut craindre demain la dispersion de la manifestation
09:29 et éventuellement la création de cortèges sauvages,
09:33 auxquels on a pu assister dans les différentes manifestations précédentes ?
09:36 Dans l'après-midi, on va avoir le cortège qui part des invalides.
09:39 Il ne faut pas qu'en tête de cortège, on laisse se constituer une nébuleuse
09:42 d'extrémistes et de gens radicalisés, majoritairement de l'ultra gauche,
09:44 de l'ultra jaune, ou parfois des personnes qui, par opportunité,
09:47 quand ils voient de la casse matérielle et humaine,
09:49 se joignent pour se mêler à la fête que font ces gastronomes.
09:53 C'est une certitude, ils sont annoncés quelque part.
09:55 Oui, mais ils sont annoncés.
09:56 Mais vous savez, on a pu intercepter, en tout cas, on a pu,
09:59 le ministre de l'Intérieur, administrativement, a pu interdire
10:01 à des gens venus d'étrangers de pouvoir arriver en France
10:03 ou en tout cas faire l'objet d'une interdiction qui est une bâche juridique
10:06 pour les interpoler s'ils viennent quand même sur le territoire national
10:08 pour intégrer les manifestations, pour les désagréger, si j'ose dire,
10:12 par la casse, par la violence et par les agressions sur nos collègues.
10:14 Mais on n'a qu'à faire la même chose pour nos casseurs nationaux.
10:17 Aujourd'hui, on le voit avec l'actualité de ce week-end,
10:19 notamment à Ajaccio, on a un oligarisme assez exacerbé
10:22 qui transforme les stades en champs de bataille.
10:24 Dans les manifestations, c'est pareil.
10:26 On a des extrémistes, on a des factieux
10:28 qui transforment les manifestations en champs de bataille.
10:31 La facilité, en fait, pour les autorités administratives,
10:33 c'est que quand on fiche ces individus que les services de renseignement connaissent,
10:36 on ne fait pas selon le fait du prince, mais selon le fait de renseignements précis,
10:39 documentés, analysés, tracés de ces personnes qu'on connaît que trop bien,
10:43 ça permet ensuite, par le préfet, de les interdire d'aller dans les stades
10:46 ou, si on le veut, d'aller dans les manifestations.
10:49 Et le Conseil constitutionnel disait une chose très simple,
10:51 l'article 3 de la loi d'avril 2019, elle est mal rédigée,
10:55 mais le principe fondé de pouvoir interdire les individus violents
10:58 d'aller dans les manifestations est très, très bien orienté.
11:01 Donc, il faut mieux rédiger les lois.
11:02 C'est un peu le problème aujourd'hui qu'on a,
11:03 c'est qu'on a beaucoup de lois qui ont été censurées.
11:05 Je rappelle que l'article 24 de la loi Sécurité globale,
11:07 qui devait protéger l'identité et le visage des policiers,
11:10 a été censurée parce qu'elle était aussi mal rédigée, changée par le Sénat.
11:12 Éric Revelle, 14e journée d'action demain,
11:15 est-ce que vous avez le sentiment qu'il y en aura une 15e,
11:17 ou demain c'est vraiment la dernière fois ?
11:19 Je pense que c'est la dernière fois.
11:20 Je ne vois pas comment l'intersyndicale va pouvoir continuer à mobiliser.
11:23 Si les chiffres que donnait Louis de Raguenel sont justes,
11:25 il n'y a pas de raison d'en douter.
11:27 La mobilisation attendue pour demain, elle est moins forte.
11:30 De mémoire, c'était 700, 800 000 sur la manifestation précédente.
11:34 Donc déjà, on voit que ça va...
11:35 Mais juste concrètement, sur les 17 personnes
11:39 que le ministre de l'Intérieur souhaite ne pas voir venir en France,
11:41 puisque administrative...
11:43 Vous croyez vraiment, monsieur le commissaire,
11:45 qu'ils vont prendre l'avion ou le train ?
11:48 Ils vont venir en voiture ?
11:49 Et comme l'espace Schengen a ôté nos frontières,
11:52 bon courage si vous ne les retrouvez pas,
11:54 une fois qu'ils sont en train de casser aux Invalides ou quasi-tels...
11:56 Non mais on a la chance d'avoir la police, les transports en Ile-de-France
11:59 et même des unités de sécurisation de transport en commun en province,
12:01 que je n'oublie pas la province,
12:03 qui permettent de contrôler énormément de personnes qui prennent les transports.
12:05 Et quand on a des individus qui sont frappés de ces interdictions administratives,
12:08 il y a une interpellation qui est possible,
12:10 de manière à ce qu'ils ne puissent pas rejoindre les cortèges.
12:12 C'est un outil supplémentaire.
12:14 Après, pour l'immigration, pour le terrorisme
12:15 ou pour l'extrémisme lié aux manifestations,
12:17 évidemment que l'Europe est complètement une passoire
12:20 et qu'il faudrait renforcer sa législation et ses frontières.

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