Sophie Binet: "C'est probable qu'il y ait d'autres manifestations au vu de la situation sociale dans le pays"

  • l’année dernière
Les opposants à la réforme des retraites, promulguée le 15 avril dernier, se donnent rendez-vous pour la quatorzième fois dans la rue ce mardi 6 juin, à deux jours de l'examen par l'Assemblée nationale du projet de loi pour l'abrogation de la réforme. Selon les autorités, les rassemblements devraient réunir entre 400.000 et 600.000 personnes dans l'ensemble de la France, dont 40.000 à 70.000 pour la ville de Paris.
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00:00 Ce que nous voulons, je l'ai dit depuis le début, c'est de vraies négociations, c'est-à-dire
00:03 qu'on n'est pas là pour discuter ou pour compter les carreaux de la nappe, nous on
00:06 est là pour négocier et négocier sur la base de nos exigences.
00:10 C'est la raison pour laquelle l'intersyndical a publié une plateforme revendicative avec
00:15 des propositions, nous, nous voulons négocier sur cette base.
00:18 Par contre, négocier sur la base d'un agenda gouvernemental ou patronal régressif, c'est
00:22 sans nous.
00:23 Nous, ce que nous voulons, c'est négocier pour augmenter les salaires, négocier pour
00:27 réviser en profondeur les ordonnances Macron, la révision du code du travail par ordonnance
00:32 qui a fait beaucoup de mal dans les entreprises, qui a fragilisé la négociation collective
00:37 et facilité les licenciements des salariés.
00:39 Nous voulons négocier pour que enfin l'égalité femmes-hommes soit une réalité sur le terrain,
00:44 nous voulons négocier pour que enfin le défi environnemental soit pris en compte dans les
00:48 entreprises.
00:49 Les manifestations dans la rue, c'est peut-être la dernière ou l'une des dernières de ce
00:52 mouvement ?
00:53 A chaque manif, vous nous posez la même question.
00:56 On va décider ensemble des suites et c'est quand même probable qu'il y ait d'autres
01:04 manifestations au vu de la situation sociale dans le pays parce que la colère sociale
01:09 est énorme, notamment en matière de salaire.
01:11 Il y a un refus aussi des politiques d'austérité.
01:14 La question c'est à quelle échéance et selon quelle modalité et nous le déciderons
01:19 ensemble.
01:20 Les retraites ça restera toujours un combat et l'intersyndicale restera soudée pour
01:28 dire que cette réforme elle est violente socialement, injustifiée économiquement
01:32 et qu'elle doit être retirée, abrogée, ne pas être appliquée.
01:35 Et ça nous continuerons à le dire, à le marteler dans toutes les enceintes où on
01:39 donnera la parole et nous continuerons à utiliser tous les moyens à notre disposition
01:44 pour faire en sorte que cette réforme ne s'applique pas.
01:46 Mais par contre, comme depuis le début du conflit, nous disons que la priorité c'était
01:50 pas cette réforme, la priorité c'est au contraire de répondre aux problématiques
01:54 des salariés que sont ce décrochage massif des salaires par rapport à l'inflation avec
02:00 un tassement salarial et un déclassement sans précédent.
02:03 C'est extrêmement inquiétant.
02:05 Nous voulons répondre aux préoccupations des salariés en matière d'amélioration
02:08 des conditions de travail.
02:09 C'est pourquoi nous demandons à réviser les ordonnances Macron, la réforme violente
02:14 du code du travail qui nous a été imposée en 2017 et qui a notamment mis fin au CHSCT
02:18 qui permettait de prévenir les risques et de protéger la santé des salariés en entreprise.
02:23 Nous voulons parler d'égalité femmes-hommes en matière salariale et en matière de violences
02:28 sexistes et sexuelles.
02:29 Ce que je rappelle qu'il y a encore 30% des femmes qui sont victimes de harcèlement sexuel
02:32 au travail.
02:33 Nous voulons parler de la conditionnalité des aides publiques en entreprise puisque
02:37 chaque année les entreprises bénéficient de 200 milliards d'euros d'exonération
02:41 fiscale et sociale sans qu'il n'y ait aucune condition en matière de salaire des patrons,
02:45 de dividendes versés aux actionnaires ou de politique environnementale des entreprises.
02:49 Bref, nous voulons parler de tous ces sujets mais par contre pas question pour nous qu'on
02:55 nous impose encore un agenda régressif et qu'on nous dise très bien on va discuter
02:59 sur la conditionnalité du RSA.
03:01 Ce n'est pas le RSA qu'il faut conditionner, c'est les aides publiques aux entreprises.
03:06 Il ne faut quand même pas se tromper de combat.
03:08 La soi-disant fraude sociale en France c'est marginale selon même les études de la Cour
03:13 des comptes puisque ça serait en tout 5 milliards et ce qui est le fruit des individus ça serait
03:19 quelques centaines de millions d'euros.
03:21 Par contre les aides fiscales et sociales aux entreprises sans condition c'est 200 milliards
03:26 chaque année.
03:27 La fraude fiscale c'est 80 milliards.
03:29 La fraude aux cotisations sociales organisées par les entreprises c'est 35 milliards.
03:33 C'est de ça dont il faut parler plutôt que de la stigmatisation des personnes qui sont

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