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Mercredi 7 juin 2023, SMART JOB reçoit Marianne Mercier (Consultante-philosophe pour les organisations)

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Transcription
00:00 Smart, philo, le regard des autres en entreprise, c'est pas simple.
00:07 Évidemment parfois on se sent observé, on se sent un peu nu finalement.
00:10 On en parle avec Marianne Mercier.
00:12 Bonjour Marianne.
00:13 Bonjour Arnaud.
00:14 Consultante, philosophe pour les organisations, vous êtes enseignante.
00:16 C'est le sujet que vous avez souhaité nous parler aujourd'hui.
00:20 Pourquoi le regard des autres, commençons par le début, est si difficile à porter ?
00:24 Alors déjà, il faut savoir ce qu'on entend par regard.
00:27 Juste rappeler que le regard déjà c'est une perception, qui est forcément limitée
00:32 par ce qu'on veut voir, par ce qu'on peut voir de la situation.
00:36 Donc subjectivité.
00:37 Voilà, donc déjà.
00:38 Et ensuite, ce qui fait peur dans ce regard qu'on va porter sur nous, en fait c'est
00:41 pas tellement ce regard en lui-même, mais ça va être plutôt la peur du jugement qu'on
00:46 va ressentir, le fait d'être regardé par l'autre, de se dire "que va-t-il penser
00:50 de moi ?" Donc là on est tout de suite sur une question de projection.
00:54 Donc là-dessus, on peut tout de suite penser à Sartre qui nous dit "l'enfer c'est
00:58 les autres".
00:59 Voilà, l'enfer c'est les autres.
01:01 En fait là, ce qu'il veut nous dire c'est que l'enfer c'est justement ce jugement
01:04 qu'on va porter sur nous, qui va nous révéler des choses qu'on n'a pas du tout envie
01:08 de voir sur nous-mêmes, donc des choses dont on a honte, des choses aussi dont on peut
01:12 avoir pas du tout envie de parler et être dans une forme de déni.
01:16 Donc finalement c'est là-dessus que la difficulté va se poser.
01:18 Alors ça devient passionnant parce que vous y mettez, et il y en a un d'ailleurs, un
01:22 enjeu dans le monde du travail.
01:23 C'est un enjeu.
01:24 Bien sûr, parce que le monde du travail, comme tout espace d'interaction humaine,
01:30 forcément on est soumis au regard des autres.
01:32 Les réunions.
01:33 C'est ça, et aussi ça a des conséquences très concrètes, cette peur du jugement des
01:37 autres, parce que déjà ça va nous créer de l'anxiété, donc ça va avoir un impact
01:41 direct sur notre bien-être, et aussi de façon beaucoup plus pratico-pratique, si j'ai
01:46 peur de ce que les autres vont penser de moi, je vais prendre moins d'initiatives, je vais
01:49 moins oser, je vais moins m'affirmer.
01:51 Et du coup, ça aussi, ce sont des choses qui vont avoir un impact sur ma carrière potentiellement,
01:55 m'empêcher de me développer, de grandir.
01:57 Donc cette question du regard des autres au travail, ce n'est pas du tout anodin.
02:01 Question fondamentale, comment on s'affranchit de ce regard, et est-ce que c'est possible,
02:05 parce que le regard est permanent ?
02:06 C'est ça, en fait, on peut être tenté de se dire, pour s'émanciper, pour s'affranchir,
02:13 l'idée c'est de se dire, je dois prendre mes libertés, je dois me distancier vis-à-vis
02:18 de ça, parce que c'est ça l'émancipation, c'est se dire, je prends mon indépendance,
02:25 ça ne me regarde pas, j'utilise mon propre entendement, je pense par moi-même, mais
02:30 sauf qu'effectivement, dans le monde du travail, on ne peut pas se défaire de ça, on est nécessairement
02:33 en train d'interagir avec les autres.
02:34 Et ce regard-là a un impact sur nous, encore une fois, sur l'évolution de notre carrière,
02:38 si on va avoir une promotion ou pas, quelles missions on va nous attribuer, donc on ne
02:42 peut pas faire comme si ça n'existait pas.
02:43 Donc on ne peut pas l'ignorer.
02:44 Voilà.
02:45 On ne peut pas l'ignorer, on est d'accord, c'est-à-dire qu'on vit avec et il faut s'en
02:48 accommoder.
02:49 Comment gérer le poids de ce regard et justement en faire autre chose qu'une pression et en
02:53 faire un élément constructif ? Comment on fait ?
02:55 Alors aussi, je voudrais préciser, là on ne parle pas de situation non plus de harcèlement.
03:00 Non, non, situation normale.
03:01 Situation normale, on peut avoir au quotidien.
03:03 Je préfère préciser parce que, évidemment, dans les cas de harcèlement, là ça nécessite
03:07 d'autres prises de mesures et d'autres types d'actions.
03:09 C'est vrai.
03:11 Mais concrètement, il y a plusieurs points d'action qu'on peut avoir.
03:14 Déjà, avoir conscience de ce regard, se dire même si je fais comme s'il n'était pas là,
03:20 il peut m'impacter.
03:21 Donc ça, c'est la première étape.
03:22 Ensuite, il y a plein de petites choses qu'on peut faire pour essayer de se distancier.
03:27 C'est se dire déjà, est-ce que c'est un jugement ou est-ce que c'est une critique constructive ?
03:31 Parce qu'aussi, on peut avoir tendance, évidemment, à se dire, oh là là, on m'a fait une remarque
03:35 là-dessus, en faire toute une montagne et se sentir très très mal.
03:38 Donc parfois, il y a aussi, évidemment, des retours qu'on nous fait, nos supérieurs
03:43 nous font des remarques sur ce qu'on fait, c'est normal.
03:45 Il faut les accepter.
03:46 Il faut les accepter.
03:47 Enfin, en tout cas, les intégrer.
03:48 Ensuite, on peut se dire, est-ce que finalement, ce jugement qu'on émet sur moi, donc là,
03:54 sous ce qui est comérage, etc., ça peut arriver.
03:57 Les bruits de couloir, oui.
03:59 En fait, ça aussi, se rappeler que finalement, ça va plus en dire sur la personne qui les
04:03 émet que sur la personne qui est concernée par ses propos.
04:06 Donc aussi, pareil, replacer ça dans le contexte, se dire, bon, on dit ça sur moi, mais après
04:12 tout, ça reste une perception, un jugement et cette personne-là elle-même a ses propres
04:18 projections.
04:19 Ensuite…
04:20 Quel travail sur soi-même !
04:21 Oui, mais c'est ça en fait, c'est se regarder constamment soi-même, c'est se regarder
04:25 constamment soi-même et aussi se dire, est-ce que je ne peux pas être aussi en train d'observer
04:29 mes propres émotions, ce que ça génère en moi ? Parce qu'en fait, ça m'apprend
04:32 des choses aussi.
04:33 C'est vrai.
04:34 C'est dire, pourquoi j'ai peur de ça ? Pourquoi j'aurais peur qu'on pense ça
04:35 de moi ?
04:36 En fait, est-ce que ce n'est pas en train de révéler quelque chose sur, je ne sais
04:39 pas, mon syndrome de l'imposteur, mon envie de perfectionnisme ? Voilà, donc se dire,
04:44 en fait, cette peur-là, je peux aussi l'analyser et me dire, voilà, ces émotions-là m'apprennent
04:48 des choses.
04:49 Mais juste avant de nous quitter, s'affranchir, c'est-à-dire être dans sa liberté totale,
04:54 vous nous dites globalement que ça ne reste pas possible en entreprise.
04:57 C'est peut-être vrai quand on est dans la rue et dans une ville ou à la campagne,
05:01 mais dans l'entreprise, quoi, on est obligé de porter un masque ? On est obligé quand
05:04 même de beaucoup se regarder et faire attention à l'image qu'on donne ?
05:09 Alors, je ne dirais pas qu'il ne faut non plus porter un masque et faire semblant, parce
05:14 qu'aussi, on a besoin d'être authentique et d'être un minimum humain.
05:16 Et ça se voit.
05:17 Et en plus, ça se voit.
05:18 Mais par contre, se dire, effectivement, je ne peux pas non plus faire comme si les
05:21 autres n'existaient pas.
05:22 Parce qu'une entreprise, c'est une aventure humaine.
05:24 De toute façon.
05:25 En fait, c'est plus dans ce sens-là.
05:26 Et se dire aussi, enfin, c'est un petit peu un mot de la fin que j'aimerais laisser,
05:32 c'est se dire, moi aussi, j'exerce un regard sur les autres et finalement, se rappeler
05:36 de notre responsabilité également qu'on porte.
05:39 Parce qu'on n'est pas tout seul, on n'est pas dans une bulle et nous-mêmes, on peut
05:42 exercer ce regard-là.
05:43 Il y a donc une réciprocité du regard.
05:46 Et n'ayez pas peur uniquement du regard de l'autre.
05:48 Sachez que vous pouvez aussi vous-même apporter des critiques positives en s'entendant.
05:53 Parce que sinon, c'est la guerre.
05:54 Tout à fait.
05:55 On passe son temps à se juger et donc forcément à se déstabiliser.
05:58 Merci, Marianne, de nous avoir éclairés.
05:59 C'est un sujet d'une très grande subtilité, la question du regard qui est très très
06:03 fin.
06:04 Consultante-philosophe pour les organisations, merci de nous avoir rendu visite et je vous
06:07 dis à très bientôt.
06:08 On tourne une page, le cerclérage, évidemment, après la pause.
06:12 On va parler des saisonniers, des intérimaires.
06:14 C'est la grande pénurie, tant dans les parcs de loisirs que, évidemment, pour les métiers
06:20 de la terre, les métiers agricoles.
06:21 Comment faire pour engager, donner envie et faire en sorte, évidemment, que ces postes
06:26 soient pourvus, post-saisonniers et en intérim.
06:28 On en parle avec des experts, ils sont là et c'est le cercle RH.

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