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Pierre Barnabé est directeur général de Soitec, qui conçoit et fabrique des matériaux semi-conducteurs. Il est l'invité éco de franceinfo, alors que la France a annoncé 2,9 milliards d'investissements pour un site de production de semi-conducteurs en Isère.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonjour à tous, les puces électroniques,
00:07 elles sont partout dans nos ordinateurs, nos téléphones portables, nos voitures.
00:11 Et la période post-Covid nous a montré combien nous étions dépendants de l'Asie.
00:16 D'où des investissements de l'ordre de quasiment 3 milliards d'euros dans les semi-conducteurs
00:21 annoncés ces jours-ci par l'État français dans l'usine montée par ST Microelectronics et Global Foundries à Kroll, près de Grenoble.
00:29 Investissement donc de l'ordre de 2,9 milliards d'euros.
00:32 Pierre Barnabé, bonsoir.
00:34 Bonsoir.
00:35 Vous êtes le directeur général de Soitec, vous concevez et produisez des matériaux pour ces semi-conducteurs.
00:41 Est-ce que ces investissements dont je viens de parler sont une bonne nouvelle pour vous ? Est-ce que vous en profitez ?
00:46 Alors Soitec effectivement associe des matériaux semi-conducteurs pour faire des produits
00:52 et ces produits viennent à la base de composants qui après rentrent dans la fabrication des voitures, des téléphones, des objets connectés.
01:00 Donc ça veut dire que par exemple ST Microelectronics est un de vos clients ?
01:03 Alors effectivement ST Microelectronics est un de nos clients.
01:07 Donc l'annonce des 3 milliards d'aides et du 7,5 milliards d'investissement total pour l'usine de Kroll est une bonne nouvelle.
01:16 Pour ST Microelectronics qui est un client et partenaire nous en félicitons.
01:19 Pour Global Foundries qui est également un client et partenaire nous en félicitons.
01:23 Et pour Soitec puisque derrière c'est la technologie dite FDSOA, je ne vais pas rentrer dans le détail,
01:29 mais qui est une technologie de silicium sur isolation et qui va être utilisée pour la fabrication de composants dans cette usine.
01:38 Donc c'est effectivement une très bonne nouvelle pour l'ensemble de la chaîne de valeur des semi-conducteurs en Europe et pour Soitec.
01:45 Et ça veut dire que si ST Microelectronics et Global Foundries fabriquent plus de semi-conducteurs, c'est plus de travail également pour vous ?
01:55 Oui tout à fait, ça veut dire plus de produits semi-conducteurs qui permettent effectivement de fabriquer ces composants
02:02 que nous allons livrer à cette usine de Kroll qui va permettre après à ST Microelectronics et Global Foundries de fabriquer les composants pour plein d'objets, la voiture en étant un.
02:12 Alors si l'État peut mobiliser tout cet argent public, c'est parce que l'Union Européenne a mis en place un CHIP Act
02:17 qui assouplit les règles en matière de subventions publiques pour reconquérir des parts de marché au niveau mondial, 43 milliards au total,
02:25 pour que les semi-conducteurs européens représentent 20% du marché mondial en 2030. On en est loin. Est-ce que ça va suffire à votre avis Pierre Bernabé ?
02:34 Déjà commençons par ça, parce que les États-Unis ont annoncé un équivalent CHIP Act, la Chine même si les communications sont moins ouvertes,
02:44 investit également pour conquérir le marché des semi-conducteurs et puis d'autres grandes nations industrielles.
02:50 Et l'Europe s'est effectivement organisée sous la houlette du commissaire-Breton pour investir massivement et reconquérir certaines chaînes de valeur dans les semi-conducteurs
03:01 avec l'usine de Kroll c'était un exemple, mais il y a beaucoup beaucoup de projets qui sont mis en place et d'ailleurs Soitec en bénéficie
03:07 puisque nous avons une extension d'usine pour la voiture électrique qui est pratiquement terminée, que nous allons inaugurer d'ici à la fin de l'année
03:15 et qui va bénéficier d'argent public.
03:20 Et est-ce que les ordres de grandeur sont les mêmes ? Vous avez parlé des États-Unis qui investissent massivement, de la Chine aussi.
03:28 Est-ce que vous pensez que l'Europe peut avoir vraiment un rôle à jouer, peut retrouver une part de souveraineté dans ce marché mondial qui est extrêmement concurrentiel ?
03:37 Alors il faut de l'argent, il y en a, mais pas que. L'Europe a la chance de bénéficier de grands centres de recherche, de grandes universités, écoles de formation
03:47 qui sont les meilleurs au monde dans le monde des semi-conducteurs et d'industriels comme ASML, NXP, STMicroelectronics, on en a parlé, Infineon
03:56 et puis des grands industriels utilisateurs de ces composants, les fabricants d'automobiles, les fabricants d'objets, qui sont à la fin très utiles dans cette chaîne de valeur.
04:05 Donc il y a des actifs européens qui ne demandaient qu'à être activés par des fonds pour aider à cette remise à niveau de l'Europe dans le monde des semi-conducteurs.
04:16 Donc franchement, ces 20% qui est l'objectif qui a été donné est en marche.
04:22 Et quatre fois plus qu'aujourd'hui, mais déjà Kroll, c'est une énorme avancée et d'autres projets, on en parlait un peu partout en Europe, sont en train de voir le jour.
04:31 Et Soltech fait partie de ces projets.
04:33 Voilà, c'est ce que vous venez de dire, que vous bénéficiez également de cet argent public.
04:36 Alors il vous sert à quoi ? A moderniser vos lignes de production ? A agrandir vos usines ? A recruter ? A former ? A quoi en priorité ?
04:43 Alors à agrandir notre capacité de production, puisqu'il y a besoin de plus en plus de composants dans l'ensemble des objets.
04:50 Les voitures moyennes, c'est 1200 composants, alors qu'il y a quelques années c'était quelques centaines à peine.
04:57 Quand on va vers les voitures très haut de gamme, on n'est pas loin de 10 000 composants embarqués dans les voitures de type électrique très haut de gamme.
05:03 Les téléphones, aujourd'hui, c'est plusieurs centaines de composants, alors qu'il y en avait quelques dizaines avant.
05:07 Les objets connectés, on est entouré d'objets de plus en plus connectés, de plus en plus équipés de composants et de semi-conducteurs.
05:14 Donc effectivement, il faut être capable de produire de plus en plus, parce que c'est une industrie qui est en forte croissance,
05:20 parce qu'aussi le volume de données, l'intelligence artificielle, demandent cela.
05:24 Donc il faut avoir des usines de plus en plus efficaces et de plus en plus présentes et fortes sur le territoire européen,
05:32 pour pouvoir fournir les besoins des Européens et même du monde entier.
05:35 - Et est-ce qu'on peut être compétitif en termes de prix ? Est-ce que demain, dans nos téléphones portables, on peut avoir des puces européennes plutôt que des puces qui viennent de Taïwan ?
05:44 - Alors il y a déjà des puces européennes, parler d'ASTMicroelectronics et d'autres acteurs qui fabriquent des composants et des puces électroniques en Europe
05:51 pour des produits qui sont d'ailleurs partout dans le monde.
05:55 95% de nos productions dans les usines de Bernins à côté de Grenoble sont exportées partout dans le monde.
06:04 Et ce sont après qu'on va retrouver nos galettes de semi-conducteurs, nos produits, dans énormément de produits.
06:11 On fournit 100% des smartphones. 100% des smartphones 4G et 5G sont équipés de substrats de produits Soitek.
06:19 C'est vraiment une part de marché très importante. Et bien ça on le voit dans plein d'autres composants fabriqués en Europe ou ailleurs.
06:25 - Donc ça veut dire juste qu'on est compétitif aujourd'hui ? Vous êtes compétitif ? Vous allez juste produire plus ?
06:32 - A la preuve honnête, on croit de manière très significative. On a annoncé effectivement 19% de croissance encore pour cette année, ce qui est assez remarquable.
06:42 Donc on va continuer de se développer. On vise 2,1 milliards de dollars de revenus d'ici à début de l'année 2026.
06:50 Donc c'est effectivement une croissance qui est très soutenue. On va continuer de nous développer là où on est à Grenoble mais également dans notre usine de Singapour.
06:57 - Justement, et ce sera ma dernière question, aujourd'hui vous avez 2300 salariés dont 1600 en France.
07:02 Est-ce que cette croissance, elle sera notamment au bénéfice de la France ? Est-ce que vous avez l'intention d'embaucher dans le prochain an ?
07:07 - Bien évidemment. Pas loin des deux tiers de notre production se fait à partir de la France et continuera de se faire.
07:14 Et donc pour pouvoir produire, avoir des usines qui sont aussi de développement durable, mais aussi avoir des personnes qui vont les faire vivre ces usines,
07:26 parce que c'est 24h/24 et 7h/7, il faut des ingénieurs, il faut des docteurs, il faut des techniciens, il faut aussi des opérateurs.
07:33 Et je suis très fier d'ailleurs d'être à la tête de cette société avec des collaborateurs qui sont remarquables.
07:40 - Merci beaucoup Pierre Barnabé, directeur général de Soitec. Invité Echo de France Info ce soir.

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