"Ma grossesse m'a sauvé la vie."
Virgilia Hess a été diagnostiquée d'un cancer du sein alors qu'elle était enceinte de 5 mois et demi. Elle explique comment elle a géré sa grossesse entre les chimios et les rendez-vous médicaux.
Virgilia Hess a été diagnostiquée d'un cancer du sein alors qu'elle était enceinte de 5 mois et demi. Elle explique comment elle a géré sa grossesse entre les chimios et les rendez-vous médicaux.
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00:00 c'est ma grossesse qui m'a sauvé la vie.
00:01 J'ai été diagnostiquée d'un cancer du sein
00:03 lorsque j'étais enceinte de presque 6 mois.
00:05 Entre les rendez-vous chimiaux et les rendez-vous liés à ma grossesse,
00:09 je vais vous expliquer comment j'ai géré ça.
00:11 J'étais enceinte de 5 mois et demi.
00:14 Je me rends chez mon obstétricienne et comme à son habitude, elle me palpe.
00:17 Et là, elle me dit "Tiens, il y a une masse dans ton sein,
00:21 on procède à une biopsie, les résultats tombent.
00:23 On m'annonce à quasiment 6 mois de grossesse que j'ai un cancer du sein."
00:26 C'est irréel, on est censé vivre les plus beaux moments de notre vie,
00:29 et là, on nous annonce qu'on a un cancer,
00:32 donc on associe forcément le cancer à la mort, à la maladie.
00:35 Mes premières questions, c'est déjà "Est-ce que je vais mourir ?
00:38 Est-ce que je vais voir mon bébé grandir ?
00:40 Est-ce que je vais pouvoir avoir mes traitements enceinte ?
00:43 Est-ce qu'il y aura un impact sur mon bébé ?
00:45 Est-ce que le bébé, potentiellement, il peut avoir aussi des cellules cancéreuses ?
00:49 Il peut être impacté par la chimiothérapie ?"
00:51 Donc j'ai pu avoir deux chimiaux en étant enceinte.
00:54 Ça n'a pas du tout impacté mon bébé.
00:56 J'ai beaucoup mieux supporté mes chimiaux lorsque j'étais enceinte.
00:59 J'avais un petit peu l'impression de former un duo avec ma fille.
01:02 Les moments où j'allais en chimio, c'était assez difficile
01:05 parce qu'on a l'impression d'être un ovni à ce moment-là.
01:09 On me regardait un petit peu en mode "Qu'est-ce qu'elle fabrique ici ?
01:12 Qu'est-ce qu'elle fait là, celle-là, avec son gros ventre ?"
01:14 Du coup, je ne regardais pas les gens parce que je n'avais pas envie que quelqu'un me dise
01:18 "Tu t'es trompée de département, mademoiselle, ce n'est pas là la maternité,
01:21 là, on est au département de chimio."
01:23 J'avais dû raser mes cheveux parce qu'ils commençaient vraiment à tomber énormément.
01:28 Je les retrouvais vraiment partout, sur l'oreiller, dans mon dos, sur le ventre,
01:32 parce que je me mettais de l'huile d'amande douce.
01:34 J'avais des cheveux qui se collaient dessus, c'était un enfer.
01:37 Quand j'étais enceinte, je faisais pas mal d'activités autour de ma grossesse,
01:41 notamment des cours de natation-maternité.
01:44 Ça, je ne me voyais plus y aller, même si on a un bonnet de bain,
01:47 parce que ça faisait trop d'un coup.
01:49 Psychologiquement, c'est dur de se voir totalement changée.
01:53 En fait, on a l'impression de perdre totalement son identité.
01:56 On n'a plus la même silhouette parce qu'on est enceinte.
01:58 Et en plus de ça, on n'a plus la même tête parce qu'on n'a plus de cheveux.
02:01 Donc là, je ne me voyais pas retourner normalement à ces cours de natation.
02:05 J'avais peur qu'on me pose des questions.
02:07 Je me suis rabattue sur le yoga prénatal, du coup,
02:09 où là, il n'y a pas besoin de se mettre en maillot,
02:11 il n'y a pas besoin de mettre un bonnet de bain.
02:14 Je pouvais mettre la nouvelle chevelure, la perruque,
02:17 et tout le monde n'y voyait que du feu.
02:19 Aujourd'hui, ma fille a deux mois et demi.
02:21 Heureusement que mon conjoint est là aussi pour s'en occuper,
02:24 parce que les dix jours qui suivent une chimio,
02:26 je ne suis vraiment pas du tout apte à m'en occuper.
02:29 C'est très difficile déjà pour moi de me sortir du lit à ce moment-là.
02:32 Je vais quand même lui faire des bisous à ce moment-là,
02:34 parce que c'est une bouffée d'oxygène et c'est important pour moi de pouvoir la voir.
02:39 Mais elle me manque dans ces moments-là, c'est sûr qu'elle me manque,
02:41 même si elle est dans la pièce à côté.
02:42 La bonne nouvelle, c'est que visiblement, la chimio agit de manière positive sur la tumeur
02:48 parce qu'elle a déjà été diminuée de plus de la moitié.
02:51 Donc, il me reste trois chimios.
02:53 Ensuite, on devra me faire une opération.
02:56 Normalement, c'est une tumorectomie.
02:58 Et de là, je devrais démarrer de la radiothérapie entre trois et huit semaines.
03:03 Et après ça, ce sera de l'hormonothérapie pendant au moins cinq ans.
03:07 Ça évite d'avoir une rechute du cancer.
03:11 Alors, j'ai décidé d'en parler publiquement parce que j'avais envie à ce moment-là
03:15 de sensibiliser sur le fait que oui, un cancer du sein enceinte, c'est possible,
03:20 et aussi un cancer à la trentaine, c'est possible.
03:23 Je me suis rendu compte que ce n'est pas systématique
03:25 qu'une gynécologue ou un médecin, une obstétricienne, vérifie la poitrine.
03:29 Déjà, on ne nous apprend pas à nous faire l'autopalpation,
03:32 alors qu'en fait, il faudrait le faire même quand on a 30 ans, même 25 ans, c'est possible.
03:38 C'est ça qui est très important parce que quand c'est diagnostiqué rapidement,
03:42 le cancer du sein, ça peut être pris en charge et ça peut être soigné.
03:45 J'étais à un stade 1, mais comme j'étais assez jeune, c'est un grade 3.
03:50 Ça veut dire que ça se propage assez rapidement.
03:52 Et donc, il fallait commencer les traitements très, très vite.
03:55 Très clairement, pour moi, c'est ma grossesse qui m'a sauvé la vie.
03:58 Si je n'avais pas été enceinte, je n'aurais jamais eu cet examen par mon obstétricienne
04:02 et elle ne m'aurait jamais diagnostiqué le cancer du sein,
04:05 ou du moins, elle ne me l'aurait pas diagnostiqué à ce stade.
04:07 Et ça aurait pu vraiment être plus grave si le diagnostic avait été posé quelques mois après.
04:13 [Sous-titres par Christophe Chassol]
04:18 [Musique]