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00:00 - "Ma santé", c'est peut-être un grand mot pour une petite chose,
00:04 maintenant. Je m'accommode de ce qui va mal, plus exactement.
00:08 Ma vue est basse. Mon ouïe laisse souvent à désirer. Mais pour
00:12 le reste, la mémoire est intacte et Dieu sait qu'elle recèle
00:16 des milliers de souvenirs, des souvenirs qui sont
00:20 toujours là. Et je pense que c'est ce qui va me faire
00:24 plus de respect et Dieu sait qu'elle recèle des milliers
00:30 de souvenirs pittoresques, drôles, enfin, qui m'ont
00:34 permis de publier 69 livres.
00:38 - Est-ce que le temps qui passe vous fait peur,
00:40 Philippe Bouvard?
00:41 - Oui, bien sûr, parce que le temps qui passe est un temps
00:45 qui va s'arrêter. Et je ne me vois pas passer dans un autre
00:51 monde où je connais personne, ou enfin où j'ai connu beaucoup
00:55 de monde, mais où personne ne me donne plus signe de vie.
00:59 - Qu'est-ce qui est le plus compliqué pour vous avec
01:04 ces 93 ans?
01:06 - Ce qui est le plus compliqué, c'est d'abord de jouer au poker,
01:12 parce que c'était un de mes vices, et de poker de casino.
01:18 Alors, je continue à aller jouer de temps en temps, mais je suis
01:24 accompagné par quelqu'un qui me renseigne sur les cartes
01:29 du croupier, parce qu'on joue pas contre d'autres joueurs,
01:33 mais contre un casino.
01:35 - Est-ce que c'est un vice qui vous a coûté cher, Philippe
01:38 Bouvard?
01:39 - Oui, oui, le jeu m'a coûté cher. Alors, c'est un bon prix,
01:44 mais si ce qu'il m'a coûté m'a valu des plaisirs en rapport
01:50 avec la dépense, mais j'en suis pas sûr.