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Son témoignage glaçant chez nos confrères de So Foot a révélé des travers révoltants dans l'arbitrage français. Désormais retiré de ce monde, Nicolas Pottier entend bien dénoncer le système de l'arbitrage français profondément homophobe. Selon lui, des portes lui ont été fermées en raison de son homosexualité. Il se dit également victime d'un viol en 2009. Nicolas Pottier était l'invité de l'After Foot, ce lundi.

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Transcription
00:00 - Aujourd'hui dernier sortait le dernier numéro de SoFoot avec Nicolas à la une.
00:03 Avec ce titre, "L'homme qui fait trembler le football français", on va en parler ensemble.
00:09 Nicolas, ancien arbitre de Ligue 1, assistant. - C'est ça.
00:13 - Salarié de la Fédé. - C'est ça.
00:16 - Aujourd'hui président également du district de Mayenne. - C'est également ça.
00:21 - Et le témoignage que tu donnes dans SoFoot décrit une gestion de l'arbitrage
00:28 totalement hallucinante au sein de la Fédération.
00:32 Alors pour tout bien mettre sur la table et tout contextualiser,
00:37 toi, on peut se tutoyer ? - On se tutoie.
00:40 - Très bien. Toi, Nicolas, tu assumes ton homosexualité,
00:44 tu l'as toujours fait dans le cadre de tes fonctions arbitrales.
00:47 Et en fait, vraisemblablement, ça t'a amené des problèmes incroyables au sein de la Fédé,
00:52 à tel point que ça t'a coûté ta carrière d'arbitre.
00:55 On va y revenir. Tu as également été victime d'un viol après un match de Ligue 2.
01:02 Et aujourd'hui, tu avais la volonté de raconter l'envers du décor,
01:06 tout ce que tu as subi. Première question, Nicolas, comment ça va aujourd'hui ?
01:09 Après tous ces malheurs qui se sont abattus sur ta vie de passionné de foot ?
01:16 - Tout simplement très bien. Et je dirais que la sortie du magazine,
01:21 c'est peut-être le soulagement ultime et l'aboutissement de ce travail de 12 ans
01:26 de quête de vérité. Parce que moi, depuis le début,
01:30 j'ai toujours été convaincu qu'il y avait eu quelque chose d'anormal autour de ma carrière.
01:34 Et au bout de 12 ans, on dit que des fois, il faut être patient.
01:38 Moi, ça a mis 12 ans avant de découvrir cet élément qui me manquait,
01:44 parce qu'en fait, il me manquait juste cet élément.
01:46 Et juste pour recontextualiser ce que vous avez dit tout à l'heure,
01:50 ce que je dénonce, c'est la période à laquelle j'ai participé globalement.
01:54 Donc ma carrière a commencé en 2005.
01:57 Elle s'est terminée, on va dire, sur le terrain en 2014.
02:01 J'ai traîné jusqu'en 2016, puisque après, avec les rétrogradations et autres...
02:05 - Le patron de l'arbitrage était Marc Bata ?
02:07 - Moi, j'ai eu un mixte de Marc Bata et de l'arrivée de Pascal Garibian.
02:15 Donc voilà, moi, c'est la période et c'est important de le recontextualiser
02:19 pour les auditeurs.
02:22 Après, il y a des choses qui sont dites dans ce foot.
02:26 Si vous avez bien lu attentivement, moi, je ne donne aucun nom.
02:29 On raconte son histoire.
02:31 - Pourquoi tu ne veux donner aucun nom ?
02:33 - Alors moi, tout simplement parce qu'il y a des plaintes en cours.
02:36 Il y a trois plaintes.
02:37 Les trois plaintes sont contre X,
02:39 parce que je sais qu'aujourd'hui, je n'ai pas affaire à une seule personne.
02:43 J'ai affaire à une bande de personnes que je n'arrive pas à déterminer.
02:48 Mais c'est, je dirais clairement, des psychopathes, des manipulateurs,
02:53 des menteurs dont l'objectif, clairement, est de faire passer les gens
02:57 sains pour des abrutis ou clairement pour des fous.
03:02 D'ailleurs, je crois que la fin de l'article, c'est l'orientation qu'on
03:06 chercherait à faire. Alors moi, je veux bien être fou,
03:08 mais vous l'avez fait dans la présentation.
03:09 Je suis président de l'industrie.
03:11 - La fin de l'article, pour revenir, c'est que ça fait référence au viol, carrément.
03:13 - Oui, c'est ça.
03:14 - La fin de l'article, c'est l'une des personnes qui est mise en cause,
03:19 potentiellement dans cette affaire de viol, et qui estime,
03:23 qui est interrogée par ce foot, qui a répondu, et qui estime qu'en gros,
03:28 tu racontes n'importe quoi, que tu affabules, qu'il n'a jamais été mêlé à cela,
03:32 et que c'est sans doute parce que ta santé mentale n'est pas très bonne que...
03:36 - Alors moi, je vais très bien, je n'ai pas de problème.
03:39 Je ne dirais pas que tout le monde est la même chose.
03:41 Moi, ce que je sais, c'est que j'ai un article initial qui faisait dix pages.
03:45 Il a été publié en huit pages.
03:47 Il faut juste se poser les questions de savoir qui a fait quoi.
03:51 Et donc, si des gens ont un droit de réponse,
03:52 alors qu'ils n'apparaissent plus à la fin dans l'article,
03:56 moi, j'aimerais que ces personnes-là puissent s'exprimer et dire pourquoi...
03:59 - Tu parles de l'article de sauf foot, là ?
04:01 - Oui, l'article de sauf foot, oui.
04:02 - Nicolas, pour qu'on rentre dans le concret des révélations, finalement,
04:09 dans ce sauf foot, il y a deux volets à l'histoire.
04:12 Il y a ton affaire personnelle, c'est le drame que tu as vécu,
04:16 c'est la façon dont ta carrière a évolué personnellement.
04:20 Et l'autre volet, c'est finalement la découverte de quelque chose
04:23 qu'on pouvait peut-être comprendre parce que dans les choix
04:27 de certains arbitres ou pas d'autres arbitres,
04:30 parfois, on se posait des questions, comme par exemple,
04:32 quand on a vu les récompenses UNFP,
04:34 enfin, c'est même pas l'UNFP d'ailleurs qu'on a eu ces récompenses-là,
04:37 mais bref, quand on a su qui était l'arbitre de l'année,
04:39 qui était le deuxième, troisième, c'est le monde des arbitres.
04:43 Ce monde-là, cette carrière-là, d'ailleurs, tu en parles
04:46 pas dans ce sauf foot, dans une autre interview que tu as donnée,
04:49 c'est comment ces carrières se font, se défondent,
04:52 on a l'impression que c'est impitoyable.
04:53 Tu dis, je crois que c'est une carrière qui représente
04:56 200 000 euros à l'année. - Aujourd'hui, oui.
04:58 - Et que finalement, tout le monde s'accroche à ça,
05:01 que pour avoir la bonne note, les mecs sont prêts à tout,
05:04 que vraiment, c'est dallas, quoi.
05:08 Donc dans ce que tu racontes, il y a vraiment les deux volets,
05:10 ton cas perso et le monde des arbitres,
05:12 avec donc l'ADNA dont on parle souvent, qui favorise,
05:16 pourquoi c'est un tel qui arbitre le gros match,
05:18 pourquoi c'est pas un tel, le côté obscur des notes
05:21 qu'on comprend pas toujours, ça, t'en parles trop grand,
05:24 toi, Gilbert, de ça. Et nous, le truc des arbitrages,
05:27 avant ton cas perso, il y avait eu toutes les histoires à l'époque
05:30 que Derrien nous avait racontées sur la façon dont...
05:34 - Il avait sorti un bouquin à l'époque qui dénonçait
05:37 beaucoup de choses, Bruno Derrien.
05:38 - C'est un monde de fou, le monde des arbitres.
05:40 - En fait, aujourd'hui, j'ai une palette assez complète
05:43 puisque je suis président de district,
05:45 j'étais arbitre haut niveau
05:48 et en étant salarié aujourd'hui de la Fédération,
05:51 et c'est pas ce titre-là que je m'extrime, bien évidemment.
05:54 Moi, j'ai constaté avec le recul, et on me disait que j'étais toujours
05:57 un peu en avance sur mon temps, mais moi, je me sentais pas à l'aise
06:00 en fait, dans ce milieu, parce que c'est un milieu
06:04 qui est entièrement fermé, c'est-à-dire que la nouveauté,
06:07 globalement, c'est difficile.
06:10 Et puis, en fait, on a l'impression qu'il faut être coopté,
06:13 en fait, pour avoir droit de citer sur quelque chose.
06:17 Et je vais être violent dans ce que je dirais,
06:20 mais il y a un côté maso dans l'histoire.
06:22 Il y a juste à regarder des fois les classements des arbitres.
06:25 Moi, à mon époque, les arbitres qui montaient,
06:27 c'était ceux qui avaient... Ils étaient en dernière année.
06:29 C'est-à-dire qu'on avait l'impression qu'il y avait un malin plaisir
06:31 à les faire durer cinq, six ans. Et puis, là où il y avait une chute,
06:35 si vous ne montiez pas au bout de cinq ans,
06:37 eh bien, en fait, ils montaient à ce moment-là.
06:39 Donc, il y a presque un système qui était quasiment maso, en fait.
06:43 Et ce côté maso, aujourd'hui, moi, je le comprends,
06:45 parce qu'en fait, il est beaucoup plus large.
06:47 Moi, je comprends aussi pourquoi il est difficile aujourd'hui
06:49 pour un joueur ou un arbitre d'assumer son homosexualité.
06:53 La société française, elle est quand même un peu balade,
06:55 quand même, on ne va pas se mentir.
06:56 Et comment voulez-vous aujourd'hui qu'un joueur de renom international
07:01 ou même, je dirais, lambda en Ligue 1, il ne peut pas vivre ?
07:05 Moi, quand j'ai décidé, en tout cas, quand je suis arrivé en Ligue 1,
07:08 je n'avais pas envie de me prendre la tête avec tout ça.
07:10 Donc, moi, sur les sites de rencontres, effectivement, il y avait ma tronche.
07:13 Et c'est là où j'ai commencé à comprendre qu'il y avait un effet.
07:15 - C'est là que tu as commencé à avoir des problèmes ?
07:16 - Oui, en fait, dès 2008, j'ai commencé à avoir des emmerdes
07:19 quand, clairement, il y avait ma photo et on a commencé à me dire
07:23 "tu ne devrais pas, ce n'est pas prudent".
07:26 Moi, j'avais 29 ans, j'avais quand même l'envie...
07:29 - Comment ça, ce n'est pas prudent ?
07:30 - C'était sous-entendu, qu'il ne fallait pas se montrer.
07:33 - Ah ouais, en gros, ça va t'afficher, quoi.
07:35 - Alors attends, justement, ce qui est paradoxal sur l'homosexualité,
07:38 en lisant l'article de "Sofoot", c'est que tu dis,
07:41 enfin, il est même dit, c'est même le journaliste aussi qui a fait son enquête,
07:45 que pour des raisons d'ailleurs, une explication qui est assez étonnante
07:48 sur la raison qui a présidé à cela, il y a beaucoup d'homosexuels
07:53 dans le monde de l'arbitrage, et donc, comme tu le dis, peu,
07:56 qui font leur coming out.
07:58 Bon, ça, peu importe, t'es pas obligé de faire ton coming out.
08:01 Mais ce qui est assez étonnant, c'est que le fait d'être homosexuel
08:06 a pu être un avantage aussi par rapport à certaines personnes en poste,
08:11 et ça a pu être, tu l'as dit pour ton cas par exemple, aussi un inconvénient,
08:14 parce que des personnes, peut-être elles-mêmes homosexuelles d'ailleurs,
08:17 ont sans doute fait pression sur d'autres,
08:19 et les ont mis sous pression par rapport à ce que tu es raconté,
08:22 notamment dans les messageries de rencontres,
08:26 enfin, les sites de rencontres et autres.
08:27 Donc, là où on voit, ce que dit Daniel, que ce monde est totalement fou,
08:32 c'est-à-dire que l'homosexualité, passer au-delà de ça,
08:38 ce serait rater quelque chose apparemment dans le monde de l'arbitrage.
08:41 - En fait, je crois.
08:42 - Donc, je rappelle juste que j'ai appris en lisant ça,
08:44 que pourquoi, d'après vous, parce qu'on peut se dire,
08:46 pourquoi il y aurait pour le coup plus d'homosexuels dans la profession d'arbitre
08:50 que dans une profession X ou Y, que dans la société française,
08:52 et c'est une raison liée à l'autorité, à une...
08:56 Enfin, j'ai lu ça dans l'article.
08:58 - Il y a certainement en partie des raisons autres,
09:01 mais c'est pas mon métier.
09:04 - La raison sociologique qui explique ça, c'est vrai que c'est étonnant.
09:06 - Mais ça s'explique par d'autres paramètres probablement.
09:08 Après, là, moi, je tiens aussi à dire, le comportement que je dénonce,
09:12 c'est pas la majorité des arbitres non plus,
09:13 et la majorité des encadrants.
09:15 Je pense que c'est une partie des encadrants ou des arbitres,
09:19 mais ce ne sont pas tous, et ça aussi, je tiens à éviter de faire l'amalgame.
09:22 Mais puisque moi, j'aime bien aussi, à un moment, donner des choses,
09:26 parce que moi, j'ai choisi de faire l'article sans preuve.
09:30 Juste, par exemple, je vais vous donner un extrait en cinq diapos.
09:35 Quand on m'interpelle, on me dit "bonjour".
09:37 Je réponds "bonjour", deuxième phrase, "toujours aussi salope".
09:41 Voilà.
09:43 - Qui dit ça ?
09:44 - C'est anonyme, bien évidemment, mais ça, c'est pendant un stage d'arbitre,
09:47 ou dans un stage à la fédération.
09:50 Après, tu me connais d'où ?
09:52 Tu es un habituiste de ce site, petite pute.
09:56 Tu es sûr de toi ? Oui, mon petit, tu es dans le foot.
10:00 Derrière, t'inverte pas trop parce que tu t'angoisses très vite.
10:04 Après, je vais vous garder la dernière quand même pour la bonne.
10:07 Tu as des tripes particuliers parce qu'en fait, ce mec est obsédé, en fait.
10:10 C'est un obsédé, il ne pense qu'au cul, en fait, sans arrêt.
10:12 C'est le cul H24.
10:13 - Et ça, c'est le nom que tu ne veux pas donner ?
10:16 - Moi, je n'ai pas donné de nom.
10:17 - Mais c'est qui c'est qui t'a envoyé ça au final ?
10:19 - Mais toi, c'est qui c'est ?
10:20 - Oui, oui, j'ai aucun doute.
10:21 - C'est quelqu'un connu dans le monde de l'arbitrage ?
10:23 - Bien évidemment.
10:24 - Mais un arbitre ou quelqu'un qui...
10:25 - En fait, c'est une application qui marche par géolocalisation.
10:28 Donc, vous pouvez faire 2 mètres.
10:30 Moi, à un moment, quand même, je travaillais aussi,
10:33 j'étais conseiller technique en arbitrage.
10:34 Donc, on avait accès à toutes les adresses.
10:36 On avait accès à toutes les adresses.
10:38 C'est arrivé pendant un stage.
10:40 Je suis allé avec trois personnes.
10:41 On était à l'adresse, on était à 2 mètres.
10:44 Bon, voilà, c'est clair.
10:46 - C'est un arbitre ou c'est quelqu'un qui était responsable dans l'arbitrage français ?
10:50 - Il y en a qui cumulent les deux fonctions.
10:51 - D'accord.
10:53 Bon, donc voilà l'ambiance, quoi.
10:54 En gros...
10:57 - Des plus machiavéliques, oui.
10:58 - Machiavélique, et ça t'a coûté clairement ta progression.
11:01 C'est-à-dire qu'à un moment, on t'a dit, toi,
11:03 du fait de ton homosexualité affichée, tu n'iras pas plus haut.
11:06 - On ne me l'a pas dit comme ça, en fait,
11:07 parce qu'au début, moi, je n'ai rien compris de tout ça, en fait.
11:09 Je l'ai compris beaucoup plus tard.
11:11 Moi, en fait, il y a le viol en 2009.
11:13 En 2011, je rate un test physique
11:16 une semaine après le suicide du garçon que j'avais rencontré.
11:20 Je devais aller au championnat d'Europe Espoir au Danemark.
11:24 Je rate le test physique, mais je ne dis rien à personne
11:26 parce qu'à un moment, je pense que je peux gérer les choses.
11:29 Je ne les gère pas.
11:30 Ce test physique, je me retrouve suspendu de la fin du championnat de France
11:34 alors que c'était un test physique pour une compétition européenne,
11:36 donc ça n'avait pas de sens.
11:37 Et aussi aujourd'hui, et ça, je le comprends que maintenant,
11:42 au début, on ne pense pas à tout ça.
11:43 Et puis après, en 2013, je retourne.
11:45 Au bout de deux ans d'arrêt maladie, on va le dire,
11:48 moi, j'ai perdu pied.
11:50 Le club de Laval m'a aidé pour remonter,
11:54 mais ça a duré quatre mois.
11:54 En fait, au bout de quatre mois, je ne me reconnaissais pas du tout là-dedans.
11:57 Et aujourd'hui...
11:59 - C'est ce qui partie avec éclat, on voit dans l'article,
12:01 tu racontes le stage en grand bras d'honneur à tout le monde.
12:05 - Deux doigts d'honneur, je crois.
12:06 Mais en fait, ce que je veux aussi expliquer,
12:09 c'est que souvent, dans les stages d'arbitre, on parle de résilience,
12:12 mais la résilience par l'argent, ça n'a pas trop de sens à mon avis.
12:15 Moi, je préfère mon courage et mon combat depuis le départ
12:18 parce que le combat, on ne l'a pas dit tout à l'heure,
12:20 ce n'est pas mon combat personnel.
12:21 En fait, moi, aujourd'hui, je m'en fiche de ma carrière.
12:24 Elle ne reviendra jamais.
12:25 Moi, aujourd'hui, je suis convaincu de ce que je peux faire,
12:28 de mon expérience et pour tous les gamins ou tous les jeunes
12:32 qui subissent les mêmes choses et dans tous les sports.
12:34 Parce que ce que j'ai vécu là, c'est dans tous les sports,
12:37 on ne va pas se mentir.
12:39 Et donc, du coup, oublions Nicolas Pottier sur cette histoire-là.
12:42 Moi, ça ne m'intéresse absolument plus.
12:44 Je suis présent de district, j'aspire à autre chose,
12:46 mais dans des projets pour essayer de faire évoluer les choses.
12:48 - Il y a une question à Daniel Ferrand.
12:50 Samedi, il y avait l'Assemblée générale de la Fédération.
12:53 En tant que président de district, forcément, tu étais sur place.
12:56 J'imagine qu'évidemment, les gens étaient quand même au courant de ce foot.
13:00 Que t'as dit le président actuel de la Fédé ?
13:03 Je ne sais pas, les membres du Comec ?
13:04 Enfin, comment est-ce que ça s'est passé ?
13:05 Est-ce que tu as senti une sorte d'ouverture au dialogue ou toujours rien ?
13:09 - Alors, ça a été différent parce qu'en fait, le vendredi,
13:13 il y a eu l'Assemblée générale de la Ligue du foot amateur.
13:17 Philippe Diallo, directement, a pris parole et a presque tenu
13:21 une bonne dizaine de minutes sur l'histoire, on va dire, sans me nommer.
13:26 Et parce que je pense que c'est aussi sa manière de gérer le dossier.
13:29 Donc, moi, je ne vais pas commenter cette décision-là.
13:33 Je crois qu'aujourd'hui, il y a une réelle prise de conscience
13:36 qu'il y a un problème.
13:37 Que le problème que je soulève chez les arbitres,
13:39 il n'est peut-être pas que chez les arbitres, d'ailleurs.
13:41 On peut aussi envisager que c'est un spectre beaucoup plus large.
13:44 Moi, en fait, je me dis juste que je suis porteur de quelque chose.
13:47 Ce n'est pas parce que c'est un sujet qu'il y a la mode.
13:49 C'est un moment où il faut avancer, il faut avoir du courage.
13:53 Dans le foot, si on n'a pas de courage, on ne va pas y arriver.
13:56 Je vais vous donner un exemple.
13:56 Dans mon district, on a pris la décision, nous, quand il y a une bagarre générale,
14:00 c'est match perdu pour les deux équipes.
14:01 On ne cherche même plus à perdre du temps, à réunir les gens en commission.
14:04 De toute manière, on n'a jamais la vraie vérité.
14:05 Donc, autant mettre tout le monde par terre.
14:07 - Oui, et puis tout le monde dit "mais c'est l'autre qui a commencé, ça s'est passé comme ça".
14:11 - Sauf qu'on m'a reproché après l'an dernier d'avoir exclu un club avec les deux équipes
14:15 parce que pour les mêmes faits.
14:16 Aujourd'hui, ce club, je peux vous assurer qu'il vient me remercier
14:18 parce qu'il nous dit "vous nous avez aidé à faire le ménage".
14:21 À un moment, je pense qu'il faut avoir du courage.
14:23 Là, mon histoire, je crois clairement, ce n'est pas la glorieuse, je ne la cherche pas.
14:29 J'ai arbitré une finale de Coupe de France, une finale de Coupe de la Ligue.
14:31 J'ai fait une vingtaine de matchs à peu près européens.
14:35 Et tout ça à moins de 31 ans.
14:36 Donc globalement, ma carrière a été très courte, mais plutôt très complète.
14:40 D'ailleurs, certains de mes collègues l'ont fait savoir.
14:43 Moi, aujourd'hui, je suis porteur pour aider ou en tout cas pour apporter autre chose.
14:48 - Mais ce serait quoi le message que tu voudrais apporter ?
14:51 - En fait, aujourd'hui, je pense qu'il y a un problème plus large et qui dépasse les fédérations.
14:55 Je pense que même l'État a un rôle, probablement.
14:59 Aujourd'hui, vous avez des associations où on confère aux fédérations des activités,
15:04 par exemple sur les enjeux sociétaux, mais à la base, ce n'est pas le rôle d'une fédération sportive.
15:09 Elle peut peut-être, mais en tout cas, ce n'est certainement pas son rôle initial.
15:12 Donc moi, je pense qu'il y a des choses à créer ou en tout cas à réinventer.
15:17 On dit qu'il y avait un ancien monde, un nouveau monde.
15:20 Peut-être qu'à un moment, on peut aussi adapter et puis moderniser ces institutions qui méritent...
15:26 - Ce combat, je le comprends, mais dans ton histoire perso,
15:32 toi, tu souffres de ta sexualité parce que ce sont d'autres homos qui te veulent du mal.
15:40 - Non, moi, je n'en souffre pas.
15:41 - C'est comme un règlement de compte, finalement, dans ton histoire perso.
15:44 On t'en veut pour quoi, au fond ?
15:45 - En fait, à l'époque, clairement, je pense qu'on est deux.
15:49 Moi, je suis le plus jeune quand j'arrive au tout départ.
15:52 - Tu fais de l'ombre à d'autres.
15:53 - Donc, on fait de l'ombre.
15:54 Moi, je sais qu'à la fin de la Coupe de France en 2009, je me souviens maintenant, mais pas au départ.
15:58 Moi, à la finale, à la fin, j'ai des étoiles dans les yeux comme un gamin de 15 ans.
16:02 Sauf que le stage d'après, c'est en gros...
16:04 - Finale 2009, c'est le PSG ?
16:06 - Rennes-Guinan.
16:07 - Ah, c'est le 2010.
16:08 - Et ça se transforme en, en gros, que je suis le failleau de service,
16:13 qu'en principe, c'est le cadeau à 43 ou 44 ans,
16:16 et que moi, j'arrive, j'ai deux saisons.
16:17 - Donc, en gros, jalousie générale.
16:18 - Mais c'est jalousie générale.
16:19 - Donc là, on revient à ce que je disais, c'est vraiment un monde impitoyable.
16:22 Les servites, c'est la guerre entre vous.
16:23 - Mais oui, mais à l'époque, c'était pour 5-6 000 balles par mois en plus.
16:26 Donc, on ne va pas se mentir, mais il y avait le vieux monde.
16:29 Et le vieux monde, c'est cette difficulté à s'assumer.
16:31 - Tu n'as pas eu envie à un moment de dire stop au monde du foot
16:34 et de laisser tomber tout ça ?
16:36 Parce que là, finalement, tu es encore dans le système aujourd'hui à te battre.
16:39 - Je l'ai quitté en fait en 2017, parce que j'étais aussi conseiller technique
16:41 en arbitrage au sein de la Ligue du Mène,
16:44 qui est devenue la Ligue des Pays de Loire.
16:46 Moi, je m'étais dit que je retournerais à un petit dirigeant dans mon district
16:50 où j'avais commencé ma carrière professionnelle en tant que salarié.
16:53 En 2020, je m'étais dit que pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ?
16:56 Donc, je me suis pris au jeu.
16:57 Et puis après, il y a Frédéric Thiriez, moi, qui m'a contacté en 2021
17:01 pour être le porteur d'un projet arbitrage sur sa liste.
17:06 Je crois que c'est comme ça que globalement, j'ai un peu marqué les esprits,
17:08 puisque ce projet a été globalement unanimement plutôt apprécié.
17:12 D'ailleurs, à 90 %, c'est celui qui est en train de se mettre en place actuellement à la Fédération.
17:17 Donc, ça donne une certaine forme de légitimité à tout ça.
17:21 Moi, aujourd'hui, je veux juste faire comprendre qu'on m'a peut-être sacrifié à un moment.
17:25 Ils ne me sacrifient vraiment pas sur une deuxième partie.
17:27 Et c'est eux qui sont venus me rechercher en août dernier,
17:30 puisque là, ça ne fait que neuf mois que je suis à la Fédération.
17:33 Et quoi qu'il arrive, je ne peux que les remercier,
17:35 parce qu'ils m'ont permis de découvrir le dernier élément qui me manquait.
17:40 - Juste, est-ce qu'il n'y a pas, être président de district et salarié de la Fédération,
17:43 est-ce qu'il n'y a pas un conflit d'intérêt entre les deux postes ?
17:47 - Aujourd'hui, dans les statuts, il n'y a rien qui l'indique.
17:49 - Il y en a qui l'interdit.
17:51 - Après, je ne vous cache pas qu'au départ...
17:53 - Être à la fois élu et salarié, ça peut paraître étrange.
17:56 - Mais on pourrait aussi envisager que l'idée de départ était qu'on vous embauche,
18:01 vous démissionnez de président de district.
18:03 Une fois que vous êtes démissionné de président de district,
18:05 on vous vire et vous redevenez Nicolas Delaval, inexistant, inaudible.
18:10 Dis ça, dis rien.
18:11 - Les arbitres d'aujourd'hui, tu les connais, la nouvelle génération ?
18:13 Tu as reçu des messages de soutien,
18:17 des arbitres de maintenant qui souffrent du côté impitoyable de ce monde.
18:23 - Pour être très clair, aujourd'hui, j'ai 10 personnes de tout niveau
18:28 qui me dénoncent des choses, sur toute la France.
18:31 Il n'y a pas de secteur qui leur vienne.
18:35 Mes anciens collègues, en fait, je réponds ponctuellement.
18:38 Certains, je ne répondrai pas.
18:40 Moi, je n'oublie pas que quand j'ai arrêté ma carrière,
18:42 il n'y en a que cinq qui ont gardé contact avec moi au départ, sur à peu près 90.
18:45 Aujourd'hui, il y en a deux.
18:47 Par contre, bizarrement, en janvier, quand j'ai commencé à gesticuler un petit peu
18:50 et quand j'ai dit que je porterais plainte,
18:53 j'ai eu à peu près entre 16 et 20 appels.
18:55 Je n'ai pas vérifié, mais entre 16 et 20.
18:57 Et bizarrement, aujourd'hui, c'est un peu plus.
19:01 Donc, le degré de sincérité, il existe certainement chez certains.
19:05 - Mais quel genre de ménage il faudrait faire dans le monde des arbitres ?
19:08 Qui gère directement les arbitres aujourd'hui ?
19:11 - Aujourd'hui, s'il vous plaît, il y a la direction de l'arbitrage,
19:14 donc la DA, puisqu'il n'y a plus le P maintenant.
19:16 Donc, Anthony Gauthier qui est arrivé...
19:19 - Anthony Gauthier, c'est le patron des arbitres.
19:20 - C'est le patron des arbitres.
19:21 - Il y a le rôle de Borghini, qui est membre du COMEX.
19:24 - Après, Anthony Gauthier, c'est l'arbitre avec qui j'ai fait une partie de ma carrière.
19:28 - Qui est arbitre central.
19:29 - Qui est arbitre central, voilà.
19:30 Et après, vous avez la Commission fédérale d'arbitrage,
19:33 donc la CFA, et aujourd'hui, je crois que c'est six personnes.
19:36 Et c'est cette structure qui a, je dirais, la main sur toutes les décisions importantes.
19:43 - En fait, on a l'impression, de vue de l'extérieur,
19:45 d'un monde à la fois sans pitié et à la fois sans cap et sans gouvernance.
19:49 Enfin, moi, on a parlé beaucoup d'Eric Borghini,
19:52 le patron de la Ligue sud-est, la Ligue Méditerranée,
19:57 voilà, c'est comme ça qu'elle s'appelle, Ligue Méditerranée,
19:59 qui était au milieu des histoires avec Legret il y a quelques semaines et tout.
20:03 Au final, il sert à quoi, en fait, ce bonhomme ?
20:05 Qu'est-ce qu'il fait ?
20:05 Il était incapable de déceler tout ça, incapable de prendre des décisions ?
20:08 - Il y a autre chose sur Borghini, parce que dans le papier, justement,
20:11 on va peut-être y revenir,
20:13 il y a des allégations qui le concernent sur son attitude avec des jeunes arbitres.
20:18 Moi, vous me permettrez de ne pas porter de jugement ouvertement,
20:23 puisque je reste sur ce que j'ai dit et moi, je n'ai pas donné le nom.
20:26 - Il a fait un communiqué après la publication de "Sofoot"
20:27 - Borghini, c'est le "Gret Boy" !
20:29 - En disant qu'il pensait que "Sofoot" était un journal qui mettait en valeur le football.
20:32 Ils font leur boulot de journalistes, "Sofoot".
20:34 - Moi, je n'ai pas communiqué, on nous avait demandé de ne pas communiquer,
20:37 j'ai respecté la règle.
20:39 - Bon, en tout cas, voilà, il s'en occupe.
20:41 - En tout cas, puisque tu parles de l'Ancien Monde,
20:43 puisque je reprends ton expression,
20:44 Nicolas, "Ancien Monde, Nouveau Monde",
20:46 par rapport à ce que dit Daniel,
20:47 les vestiges de l'Ancien Monde,
20:51 ce ne sont pas que des vestiges, aujourd'hui, à la FED.
20:52 C'est ça, l'histoire.
20:53 Donc, que dit Allo, et je le crois sincère,
20:56 mais sincère dans le sens où il sait qu'il est obligé de le faire.
21:00 Amélie Boudéa-Casterat aussi a pris la main là-dessus dans d'autres fédérations,
21:04 puisque tu parlais d'un problème général, je crois que c'est très intéressant de dire ça.
21:07 Je pense que ce que tu montres là,
21:09 peut-être de manière très exacerbée,
21:11 parce que le professionnalisme et l'argent
21:13 qui a accompagné ceux-là, les fameux 200 000 par an,
21:16 Bruno Derien en avait aussi parlé,
21:18 a généré forcément une violence extrême
21:21 dans ce milieu-là particulièrement.
21:23 Mais pour revenir à tout ce qui est homophobie,
21:27 ou même pire,
21:31 violence sexuelle est peut-être pire,
21:33 là, tu as raison, d'autres fédérations,
21:35 on ne cesse de l'entendre,
21:36 et la ligne qui a été mise en place,
21:38 je crois pour recueillir des témoignages,
21:40 elle en a déjà recueilli beaucoup,
21:42 y compris pour le foot bien sûr,
21:43 et on peut même penser que c'est une minorité par rapport à la réalité.
21:47 Donc il y a quand même un mouvement,
21:49 et Diallo,
21:51 est-ce qu'il se pense obligé d'accompagner le mouvement,
21:54 ou est-ce qu'il est sincère ?
21:55 En tout cas, il le prend en compte.
21:57 - Moi, je suis persuadé qu'il est sincère,
21:58 parce que j'ai eu une discussion avec lui
22:00 avant d'ailleurs de découvrir une partie de mon histoire,
22:03 donc je sais l'échange et le contenu de celui-ci.
22:08 Moi, je crois que sincèrement,
22:09 aujourd'hui, il faut enfoncer les portes.
22:11 Il faut accepter déjà de vivre avec la société telle qu'elle est.
22:16 Je vais vous raconter une petite anecdote,
22:18 mais il y a trois semaines,
22:19 j'étais parrain du tournoi international de la fédération LGBT.
22:23 J'étais contacté au mois de décembre,
22:25 donc ça n'avait rien à voir avec toute mon histoire,
22:27 et j'ai accepté tout de suite,
22:28 parce qu'aujourd'hui,
22:29 je n'ai pas envie d'être
22:31 celui qui représente le foot gay dans toute la France.
22:35 C'est juste que je maintiens que c'est par l'exemple
22:39 et par des fortes personnalités
22:42 que vous pouvez faire passer des messages.
22:44 Demain, vous mettez à Mbappé un message sur le racisme,
22:48 c'est évident que c'est un impact réel.
22:51 Moi, je me dis que si ça peut être modestement
22:53 ma contribution pour la partie homo,
22:56 je pense avoir réussi ma mission.
22:59 - Sauf que quand on lit ton témoignage dans ce foot,
23:03 un jeune arbitre aujourd'hui homo pourrait se dire,
23:07 si je dois encore, parce que le système fonctionne encore,
23:10 si je dois subir tout ça,
23:13 ce n'est pas forcément une sinécure.
23:16 - Ce n'est pas une sinécure, et après, il y a les deux côtés.
23:19 Parce que pour bien comprendre le milieu,
23:22 vous pouvez avoir des gamins qui savent comment ça marche
23:25 et donc qui vous disent, c'est eux qui vont être à l'initiative.
23:28 Et puis après, vous avez les dossiers qui sont connus sur la place publique,
23:31 ou les fameuses histoires du chantage à la pipe.
23:34 C'est comme ça que ça s'appelle.
23:36 - C'est quoi ça ?
23:37 - Oui, chez les amateurs, effectivement, c'est arrivé.
23:39 - C'est comme ça que ça s'appelle.
23:40 - Effectivement, c'est un patron des arbitres en Ile-de-France
23:41 qui se fait virer, notamment pour une affaire de ce type.
23:43 - Et donc, c'est comme ça qu'on l'appelle l'histoire.
23:46 Mais à un moment, c'est le triste sort.
23:49 Mais moi, je pourrais vous dire aussi qu'il y a des hétéros
23:52 qui se font passer pour des homos juste parce que ça avait excité le mec d'en face.
23:56 - De quoi ?
23:57 - Mais c'est comme ça que ça marche.
23:59 Mais ce que je vous raconte là, ça marche, ce n'est pas qu'en France.
24:02 J'ai eu aussi des arbitres étrangers qui m'ont parlé depuis trois jours.
24:07 Et donc, du coup...
24:09 - Mais c'est quoi ce monde des arbitres ?
24:11 - Il y a un truc, mais...
24:12 Non, parce que je crois que là où on se trompe,
24:14 c'est que ce n'est pas chez les arbitres.
24:15 Je le disais tout à l'heure.
24:17 Les joueurs, aujourd'hui,
24:19 quel joueur peut prendre le risque de s'afficher ouvertement ?
24:21 - On en avait parlé à Kio.
24:22 - Le Maire, qui est venu dans la fête.
24:24 - Ça, c'est des choses qu'on a évoquées un an.
24:27 - La différence juste avec l'arbitrage,
24:29 c'est qu'il y a comme un lien de désignation et de notation.
24:34 C'est beaucoup plus violent et beaucoup plus terrible et pervers.
24:38 - Nicolas Potier, merci d'être venu pour ce témoignage.
24:42 Et on suit tous ces dossiers dans l'after.
24:44 Je vous renvoie au soft foot, qui est en kiosque,
24:47 si vous voulez lire cette longue enquête.
24:49 À bientôt dans l'after. Merci d'être venu.
24:50 - Merci.
24:51 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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