• l’année dernière
Alliance LR / Renaissance : "Il n'y a pas d'alliance possible sans programme commun. Si nous étions satisfaits du gouvernement, nous ne serions pas dans l'opposition. Il y a de grandes évolutions à mettre en oeuvre du côté de la majorité", précise Philippe Bas, sénateur (LR) de la Manche.

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Transcription
00:00 Merci Philippe de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:02 Vous êtes élu de la Manche, membre du groupe Les Républicains,
00:05 caisseur du Sénat et on va évidemment parler du texte.
00:07 Donc vous êtes le rapporteur texte sur la reconnaissance biométrique.
00:10 On va voir ça dans quelques instants.
00:11 Mais d'abord, l'actualité, on l'a vu, c'est cette motion de censure
00:14 qui a donc été rejetée hier à 50 voix.
00:17 Il a manqué 50 voix pour faire tomber le gouvernement.
00:21 C'est la 17e motion de censure.
00:23 Est-ce que hier, le gouvernement peut dire merci aux Républicains ?
00:28 Voter une motion de censure,
00:32 c'est être prêt à opposer un gouvernement
00:37 et à une politique et à un programme d'action.
00:41 Un autre gouvernement, une autre politique,
00:45 un autre programme d'action.
00:48 Vous ne pouvez pas faire une politique avec le Rassemblement national,
00:53 avec la NUPES.
00:55 Et par conséquent, vous ne pouvez pas voter avec eux une motion de censure.
01:00 Sinon, vous êtes irresponsables.
01:03 Il n'y a pas de coalition possible pour nous, avec les extrémistes.
01:09 Nous les combattons.
01:12 Et par conséquent, il était hors de question, je pense,
01:15 de s'associer à cette initiative.
01:18 Ce qui n'a pas empêché lors de la précédente motion de censure,
01:20 une vingtaine de députés républicains de la voter avec la NUPE,
01:24 de s'associer avec le Rassemblement national.
01:26 J'ai condamné déjà, et pour les mêmes raisons, cet acte.
01:30 On peut bien sûr être opposé à la réforme des retraites.
01:33 On peut dire que le dialogue social n'a pas eu lieu.
01:36 Souvenez-vous, en 2003, la réforme des retraites avait donné lieu
01:40 à un accord avec la CFDT et la CGC.
01:44 Le gouvernement avait fait des concessions, celui-ci n'en a pas fait.
01:47 Et par conséquent, je comprends qu'aujourd'hui,
01:50 il y ait toujours de l'amertume face à cette réforme.
01:54 Même si une réforme était nécessaire,
01:56 elle aurait pu être évidemment différente.
02:00 Mais en tout état de cause, le principe démocratique,
02:05 c'est que vous ne votez pas de motion de censure
02:08 si vous n'êtes pas prêt à gouverner avec les autres groupes politiques
02:13 qui ont déposé la motion de censure.
02:15 Regardez la NUPES.
02:16 Est-ce qu'on peut décemment, quand on est un démocrate républicain responsable,
02:23 s'associer à une formation politique qui a fait de la véhémence,
02:28 de l'invective, de l'obstruction, des attaques personnelles,
02:34 son fonds de commerce politique ?
02:36 Et je réponds non, évidemment.
02:38 Non à l'extrémisme.
02:39 Retournons à une pratique démocratique des institutions,
02:43 véritablement respectueuse des idées de chacun et responsable.
02:48 – On entend les oppositions dire que Yael Brown-Pivet,
02:52 ces derniers jours, en activant l'article 40, a abîmé le Parlement.
02:56 Est-ce que vous partagez cet avis ?
02:58 – Véritablement, ne personnalisons pas le débat ainsi.
03:02 Je crois qu'il y a des règles dans notre Constitution.
03:05 Il appartient à la présidente de l'Assemblée nationale
03:09 de les faire respecter quand le président de la Commission des finances
03:12 n'a pas fait son devoir.
03:14 – Il a fait de la politique à lui comme à elle.
03:15 – Et je crois qu'en réalité, la marge de manœuvre
03:18 pour interpréter l'article 40 de la Constitution est très faible.
03:22 Et n'eut-elle pas fait ce qu'elle a fait ?
03:25 Le Conseil constitutionnel aurait été obligé de le faire.
03:30 – On va parler de l'immigration puisque ce qui s'est passé à Annecy
03:33 jeudi dernier, cette attaque au couteau,
03:36 a reposé la question de la politique migratoire et du droit d'asile.
03:39 Est-ce que pour vous il faut réformer le droit d'asile ?
03:42 – Nous devons, et c'est l'honneur de la France,
03:45 accueillir des personnes persécutées dans leur pays
03:49 en raison de leur religion, de leurs origines, de leurs actions politiques.
03:56 C'est une obligation morale.
03:59 Mais nous constatons depuis longtemps et dans la période récente
04:03 de plus en plus qu'un certain nombre de migrants,
04:07 en réalité en situation irrégulière,
04:12 essayent de se prévaloir d'un droit qu'ils n'ont pas
04:15 et qui ne leur sera d'ailleurs pas reconnu
04:17 quand on aura terminé la procédure devant la Cour nationale du droit d'asile.
04:22 Ce sont plus de 60% des candidats à l'asile qui sont déboutés
04:27 et tous ces déboutés savent très bien qu'ils n'ont pas le droit à l'asile
04:32 et le demandent quand même parce que pendant toute la période d'étude
04:35 de leur dossier, ils sont en situation temporairement tolérée sur notre territoire.
04:40 – Donc ça devient une filière d'immigration le droit d'asile aujourd'hui ?
04:43 – Et aujourd'hui nous avons tout de même des réseaux de trafiquants,
04:48 d'êtres humains qui se comportent d'une manière extrêmement violente.
04:54 Nous avons des migrants qui arrivent en France,
04:56 non seulement ils ont bravé tous les dangers de la mer,
04:59 mais enfin nous avons des jeunes femmes qui ont été violées,
05:02 qui portent avec elles les enfants du viol.
05:05 Et qui arrivent sur notre territoire national
05:07 après avoir épuisé leurs maigres économies pour payer les passeurs.
05:12 C'est indigne et ne serait-ce que pour des raisons humanitaires,
05:16 il faut réformer ce droit d'asile pour qu'il ne fasse pas autant de victimes qu'aujourd'hui.
05:21 – Est-ce qu'un compromis vous semble possible avec le gouvernement
05:24 sur un texte d'immigration ?
05:26 Il y a notamment une ligne rouge de votre part,
05:29 c'est cette question de la régularisation des travailleurs dans les métiers en tension,
05:33 mais il y a une ligne rouge sur votre texte de la part du gouvernement,
05:35 c'est la question de faire primer le droit national sur le droit européen.
05:39 Gérald Darmanin dit que c'est un Frexit migratoire,
05:41 Edouard Philippe dit que c'est un Frexit juridique,
05:43 est-ce qu'ils n'ont pas raison ?
05:45 – Je crois profondément que si nous devons mettre en œuvre un choc,
05:54 une rupture avec une politique d'immigration qui a été trop laxiste
05:59 et qui a entraîné de grandes difficultés du point de vue de notre cohésion nationale et sociale,
06:07 il va falloir prendre des mesures réellement énergiques.
06:11 Et oui, s'il y a sur tel ou tel des dispositions à prendre,
06:18 des difficultés du point de vue du droit européen,
06:20 il faudra d'abord en discuter avec nos partenaires pour faire évoluer le droit européen,
06:26 car la France a un rôle déterminant dans les règles qui sont appliquées en Europe
06:31 et elle a un rôle déterminant dans les traités européens.
06:34 Et si nous n'y parvenons pas, alors oui, il faut se poser la question
06:38 de savoir si ponctuellement nous ne devons pas modifier notre constitution
06:43 pour faire en sorte que des dispositions raisonnables
06:47 qui relèvent de notre étroit état de droit républicain puissent être mises en œuvre.
06:52 Ce ne sont pas toutes les dispositions de la politique de l'immigration,
06:55 nos marges de manœuvre sont grandes.
06:57 La politique de l'immigration ne relève que partiellement des questions européennes,
07:03 de la libre circulation, des frontières européennes.
07:07 Elle relève aussi du droit d'entrée et de séjour en France.
07:11 Nous avons nos propres exigences et nous devons les affirmer.
07:16 Nous regardons d'ailleurs ce qui se passe dans un certain nombre de pays
07:20 qui explorent jusqu'aux marges leurs droits souverains en matière de contrôle des frontières.
07:26 Et nous devons, nous, ne pas être en dessous du niveau d'exigence qu'attendent les Français
07:31 pour assurer leur cohésion nationale.
07:33 Nous devons partager avec les gens qui viennent en France
07:37 les mêmes exigences du point de vue de la vie quotidienne, du mode de vie.
07:42 Nous devons, pour l'accès à la nationalité, faire en sorte que l'assimilation soit réelle
07:49 et ce faisant, nous montrerons que la République française
07:53 est décidée à défendre ses frontières d'autre part,
07:56 mais aussi à accueillir ceux qui respectent notre droit et respectent nos modes de vie.
08:02 – On va parler de ce qui s'est passé au Sénat hier,
08:04 puisque le Sénat a voté un texte sur la reconnaissance biométrique,
08:07 vous en êtes le rapporteur.
08:08 On va voir les explications et les temps forts de cette séance avec Alex Poussin.
08:12 [Générique]
08:19 – Bonjour Alex. – Bonjour Ariane.
08:20 – Bonjour Philippe Bas.
08:21 – Et Alex, cette proposition de l'ONU, la majorité de droite sénatoriale,
08:24 propose d'encadrer et d'expérimenter la reconnaissance faciale de notre pays.
08:28 – Oui, ce texte prévoit d'expérimenter d'une manière générale
08:30 la reconnaissance biométrique, c'est-à-dire toutes les techniques informatiques
08:34 qui permettent de reconnaître automatiquement un individu
08:38 à partir de ses caractéristiques physiques, biologiques, voire même comportementales.
08:41 Alors cela comprend plein de techniques, la reconnaissance par empreinte digitale,
08:45 par le son de la voix, par le scan de l'iris,
08:48 mais on pense surtout à la reconnaissance faciale.
08:51 Alors ce texte de la majorité sénatoriale, d'abord il définit un cadre juridique clair
08:57 à l'utilisation de la reconnaissance biométrique,
08:59 avec plusieurs interdictions qui sont fixées.
09:02 D'abord interdiction de catégoriser des personnes en fonction de leurs données biométriques,
09:06 et puis interdiction de les reconnaître en temps réel dans l'espace public.
09:11 Mais ce cadre juridique voulu par les sénateurs,
09:13 eh bien il permet des dérogations et des expérimentations
09:17 de certaines techniques de reconnaissance biométrique dans des cas très précis.
09:22 Par exemple, on pourrait utiliser cette reconnaissance biométrique
09:25 pour accéder à certains grands événements à risque,
09:28 pour des enquêtes judiciaires, pour des infractions d'une extrême gravité.
09:33 Et puis ce texte propose même d'expérimenter la reconnaissance faciale en temps réel
09:38 dans des cas vraiment extrêmes, notamment lors d'attaques terroristes.
09:42 Alors ces expérimentations se feraient sur une durée de 3 ans
09:46 et elles seraient contrôlées strictement par le Parlement.
09:50 Des expérimentations qui sont jugées nécessaires par Marc-Philippe Dobrès,
09:53 le sénateur Les Républicains du Nord, auteur de ce texte,
09:56 et puis auteur aussi d'un rapport sur le sujet. On l'écoute.
10:00 J'ai été maire pendant près de 30 ans.
10:03 Mon souvenir le plus douloureux, c'est celui de l'annonce que j'ai dû faire
10:07 à une famille de mes administrés, que leur fils de 27 ans avait été assassiné
10:12 au Bataclan par la barbarie islamiste et terroriste.
10:16 Et je m'étais juré à l'époque, comme parlementaire,
10:19 que nous ferions tout pour garantir que plus jamais ça en matière de terrorisme.
10:25 Bien sûr, le risque zéro n'existe pas,
10:27 mais il faut donner à nos forces de l'ordre le maximum d'outils pour y arriver.
10:30 Voilà, alors dans le débat, la gauche sénatoriale a dénoncé un texte
10:34 qui prépare selon elle une société de surveillance.
10:36 On va écouter le sénateur écologiste Thomas Dossieux.
10:39 À chaque fois, on commence par des expérimentations, des dispositifs réduits,
10:43 des initiatives que l'on nous jure strictement encadrées
10:46 et qui aboutissent invariablement à leur généralisation.
10:49 Nos libertés publiques deviennent secondaires
10:51 pour les apprentis de la société de surveillance.
10:54 Nous sortons à peine d'une loi, là aussi d'exception,
10:57 pour légaliser la surveillance algorithmique durant les Jeux olympiques
11:00 que les fanatiques du flicage nous proposent déjà d'aller plus loin.
11:04 Le risque antiterroriste sert comme à chaque fois de faunée à la surveillance globale.
11:08 – Oui, alors donc au final, la majorité de droite et du centre du Sénat
11:11 a adopté ce texte sur la reconnaissance biométrique,
11:15 mais peu de chance qu'il soit utilisé pour les Jeux olympiques
11:18 puisque le gouvernement est opposé à la reconnaissance faciale
11:20 et d'ailleurs Gérald Darmanin s'était exprimé sur le sujet devant les sénateurs.
11:24 Philippe Bas, quand on met le doigt dans l'engrenage de ces nouvelles technologies,
11:28 notamment de la reconnaissance faciale,
11:30 est-ce qu'il n'y a pas le risque qu'on tombe dans une société de la surveillance ?
11:34 – Alors d'abord, ça n'était pas un débat droite-gauche hier
11:37 parce que la proposition de loi est issue d'un rapport
11:42 adopté à l'unanimité par la Commission des lois
11:46 et dont l'un des co-auteurs est membre du groupe socialiste.
11:49 – Jérôme Durand qui finalement était opposé à ce texte.
11:52 – Oui, parce qu'il considérait qu'il fallait attendre le texte européen
11:56 et il ne s'est pas prononcé contre le fond du texte,
11:59 c'est lui qui d'ailleurs était l'orateur du groupe socialiste.
12:02 Je crois qu'il faut prendre garde à ne pas prendre des positions
12:08 qui soient des positions en réalité extrêmes et sans nuance.
12:12 Depuis la maîtrise du feu jusqu'à la découverte de l'atome,
12:16 nous connaissons bien l'ambivalence de tout progrès scientifique.
12:19 Mais si l'homme préhistorique, il y a maintenant près de 400 000 ans,
12:24 avait dit "le feu tue, c'est dangereux, je n'y touche pas",
12:28 eh bien il n'aurait pas progressé dans sa santé en cuisant les aliments.
12:33 Et donc oui, tout progrès scientifique porte en lui le bien et le mal.
12:38 Et l'homme, sa force, c'est d'essayer d'en tirer tout le bien possible
12:46 sans verser dans les menaces, les dangers que ce progrès technologique amène.
12:52 Moi, je vois bien, comme vous, comme nous tous,
12:54 ce qu'on en fait en Chine de la reconnaissance faciale.
12:57 Je vois bien que dans l'espace public, grâce à la reconnaissance faciale,
13:03 on est en train de classer les individus en fonction de leur comportement
13:08 et on leur donne des notes,
13:10 ce qui permet de distribuer des avantages à certains quand ils cumulent les points,
13:15 comme si on pouvait augmenter ses points de permis
13:16 pour prendre de l'avance en cas d'excès de vitesse.
13:20 Et puis, être pénalisé quand on ne se comporte pas bien,
13:24 quand on ne traverse pas dans les clous, par exemple.
13:26 Ceci, nous posons un interdit pour l'empêcher en France.
13:31 Ce qui se passe dans un régime autoritaire,
13:34 nous n'en voulons pas dans une République démocratique, à l'évidence.
13:38 Mais est-ce que pour autant, quand il s'agit de lutter contre le terrorisme,
13:42 quand il s'agit de retrouver un enfant qui a été enlevé,
13:48 quand il s'agit de combattre la grande criminalité
13:51 et avec des garanties, l'autorité judiciaire,
13:55 quand il s'agit d'enquêtes judiciaires,
13:57 la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement
14:01 et le Conseil d'État,
14:02 quand il s'agit d'actions de renseignement ou de police,
14:06 le contrôle des juridictions,
14:10 l'obligation de configurer les logiciels de traitement
14:16 avec une règle posée par décret en Conseil d'État,
14:21 la reconnaissance du rôle de la Commission nationale
14:24 de l'informatique et des libertés,
14:25 bref, quand vous posez toutes ces garanties
14:28 et que vous restreignez fortement les finalités
14:31 de l'usage de la reconnaissance faciale
14:33 à des objectifs absolument essentiels et même vitaux,
14:37 alors vous faites ce travail de recherche d'un bon équilibre
14:41 qui permet justement d'incorporer à la vie de la société
14:46 les progrès technologiques et scientifiques
14:48 tout en mettant à l'écart les risques qu'ils comportent.
14:52 – Alors pour vous, toutes les garanties juridiques
14:54 pour préserver nos libertés sont posées ?
14:56 – Ça a été mon travail, j'en ai rajouté même.
14:59 – Concernant les Jeux Olympiques,
15:00 le gouvernement est contre la reconnaissance faciale
15:02 pour sécuriser l'événement, c'est une erreur ?
15:05 – En ce qui concerne les Jeux Olympiques,
15:07 il aurait dû effectivement considérer que l'expérimentation,
15:09 car il s'agit d'une expérimentation,
15:12 lui aurait permis d'améliorer la sécurité.
15:14 Nous avons mis dans le texte qui a été adopté hier
15:18 une règle assez simple pour les personnels ou les bénévoles,
15:21 les intervenants, et seulement pour certains lieux,
15:24 et seulement avec des caméras dédiées,
15:26 et seulement en cas de risque avéré d'attentat terroriste,
15:30 une surveillance par reconnaissance faciale biométrique
15:34 doit être rendue possible.
15:37 Mais que le gouvernement accepte de l'expérimenter
15:41 pour faire rehausser encore les garanties de sécurité,
15:47 qu'il le fasse pour la Coupe du monde de rugby,
15:48 de toute façon, les règles que nous avons posées hier,
15:51 si elles sont adoptées par l'Assemblée nationale,
15:53 tombent automatiquement au bout de 3 ans,
15:56 et il y aura un contrôle du Parlement pendant leur mise en œuvre
15:59 pour vérifier que les choses se sont bien passées
16:02 et qu'elles ont permis d'améliorer la sécurité
16:06 sans mettre en cause le respect de la vie privée et des libertés.
16:10 – Merci Alex. – Merci.
16:11 – A tout à l'heure. – On parlera du droit d'asile.
16:13 – Ce sera le débat du Club à suivre.
16:15 On va voir l'actualité dans votre département ?
16:17 – S'il vous plaît.
16:17 – On va à Saint-Lô, retrouver Édouard Frémy.
16:20 Bonjour Édouard, merci beaucoup d'être avec nous,
16:21 rédacteur en chef adjoint à La Manche Libre.
16:24 Édouard, avec vous, on va parler de la pénurie de logements,
16:27 du manque de foncier disponible qui sévit dans votre région.
16:30 – Oui, et les choses risquent de s'aggraver.
16:33 C'est vrai qu'aujourd'hui, c'est difficile pour une famille
16:35 de trouver un appartement, de trouver une maison avec jardin
16:38 dans le département de La Manche.
16:39 Les agents immobiliers, d'ailleurs, ne font même plus la pub.
16:42 Ils ont des listes d'attente.
16:43 Et je disais que les choses vont s'aggraver
16:44 parce qu'il y a depuis 2021, vous le savez,
16:47 la loi Climat et Résilience qui institue le ZAN,
16:51 le Zéro Artificialisation Net des sols.
16:55 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en 2050,
16:57 en 2050, dans moins de 30 ans, pour un hectare construit,
17:00 un hectare où on déroule du bitume ou du béton,
17:03 il faudra rendre un hectare à la nature.
17:06 Alors, en ville, il y a des friches industrielles,
17:09 en ville, il y a des grandes surfaces commerciales,
17:11 en ville, on peut construire en hauteur, mais à la campagne,
17:13 à la campagne, vous avez l'église, vous avez le bourg historique autour,
17:16 vous avez peut-être une salle des fêtes,
17:18 vous avez à l'autissement parfois une zone d'activité pour des TPE, PME,
17:23 mais tout autour, vous avez de la campagne.
17:25 Alors, vous ne pouvez rien enlever de tout cela si vous voulez construire.
17:29 Vous ne pourrez pas rendre de l'artificialisation des sols
17:34 pour prendre sur la nature.
17:35 Alors, ça s'apparente, en tout cas, c'est le risque que pressentent les élus locaux,
17:39 à une mise sous cloche des territoires ruraux
17:42 où finalement, rien ne bouge.
17:45 Les gens des villes viennent passer le week-end gentiment
17:48 et puis rentrent le dimanche soir chez eux
17:50 et puis rien ne se développe dans les territoires ruraux.
17:54 La question qui se pose et que je pose à Philippe Bas,
17:58 sénateur de La Manche, c'est, la France rurale a-t-elle encore un avenir ?
18:01 Ne risque-t-on pas de devenir, comme dit l'un de vos collègues,
18:05 une réserve d'Indiens finalement où plus rien ne bouge ?
18:10 Philippe Bas.
18:11 Édouard Fréby pose une question absolument fondamentale.
18:15 Je crois que dans notre territoire rural et littoral,
18:18 c'est la question numéro un.
18:21 Regardez, nous posons des règles qui sont pertinentes
18:26 pour des espaces urbains et périurbains saturés
18:30 et encombrés d'embouteillages tous les jours, de pollution,
18:34 avec une qualité de vie de plus en plus médiocre.
18:37 Et nous déterminons ces règles pour ces territoires métropolitains
18:42 et nous les appliquons au monde rural où il y a de l'espace.
18:45 Or, il se trouve justement qu'un département comme le nôtre,
18:49 dont la population était de 500 000 habitants et maintenant tend vers 490 000,
18:54 c'est une érosion lente, mais beaucoup d'urbains,
18:58 surtout depuis le confinement, le Covid, veulent changer de mode de vie.
19:04 Ils viennent dans nos villages, ils demandent à nos élus
19:08 « Est-ce qu'il y a des maisons à vendre ?
19:09 Est-ce qu'il y a du terrain constructible ? »
19:12 Et les maires leur répondent « Non, je n'ai plus le droit,
19:15 à cause du zéro artificialisation net,
19:19 dont la justification, évidemment, n'est pas pertinente dans le monde rural.
19:26 Nous avons une chance en France, avec notamment le télétravail,
19:31 de pouvoir rééquilibrer notre aménagement du territoire
19:35 entre le monde rural et le monde urbain.
19:37 C'est vertueux pour le monde urbain, dont on desserrait l'étau,
19:42 et c'est nécessaire pour le développement du monde rural.
19:46 Et nous allons à des règles imaginées par des polytechniciens,
19:50 qui sont des règles mathématiques.
19:52 On compte le foncier national et on le répartit entre les départements,
19:57 puis entre les bassins de vie avec les plans locaux d'urbanisme,
20:01 avec des règles régionales qui se surajoutent,
20:05 et on se retrouve dans la situation de ne pas pouvoir permettre
20:09 à des jeunes foyers avec enfants de s'installer
20:13 pour que les enfants aillent dans nos écoles,
20:15 pour maintenir celles-ci,
20:16 pour assurer le développement de notre territoire,
20:18 qui est pratiquement au plein emploi,
20:20 et qui a besoin, en plus, de main d'œuvre.
20:23 Et donc, nous luttons, j'ai déposé, avec Béatrice Gosselin
20:26 et quelques collègues, un certain nombre de textes,
20:29 une proposition de loi très importante
20:31 sur le rééquilibrage des territoires.
20:35 Nous avons voté ici, au Sénat, le mois dernier,
20:38 une loi pour assouplir le ZAN.
20:40 Nous avons demandé au gouvernement de l'inscrire à l'Assemblée nationale.
20:44 Il a accepté de le faire le 19 juin.
20:48 Cette loi ne va peut-être pas au bout du chemin,
20:51 et nous devrons aller plus loin, franchir de nouvelles étapes,
20:54 mais nous souhaitons qu'elle entre en vigueur,
20:56 car elle comporte ce que nous avons appelé la garantie rurale.
20:59 Aucune commune rurale ne pourra se voir interdire,
21:03 à l'intérieur du bourg, de construire moins de 1 hectare,
21:07 si elle souhaite le faire,
21:09 s'il y a une demande de nos familles pour pouvoir y construire.
21:12 Mais naturellement, nous devons aussi être vertueux,
21:15 c'est-à-dire que, quand il y a des logements vacants,
21:18 nous devons tout faire pour les réinjecter dans l'offre de logement.
21:23 Mais nous avons besoin de logement,
21:24 nous devons le faire dans le respect de l'agriculture,
21:26 nous devons le faire dans le respect de nos zones naturelles,
21:29 mais il y a encore de l'espace dans la Manche,
21:32 et il y a un mode de vie extrêmement attractif.
21:35 – Edouard ?
21:36 – Oui, peut-être un sujet connexe, Philippe Bas,
21:39 qui touche le logement, qui est plus saisonnier,
21:43 vous me voyez venir, je voudrais vous parler d'Airbnb.
21:46 Alors le département de la Manche, je vous l'avais dit,
21:48 est un très beau département qui attire beaucoup de touristes,
21:51 soit en week-end, soit en vacances,
21:54 et c'est vrai que Airbnb et Consor
21:57 constituent une concurrence au logement des travailleurs locaux
22:01 qui n'ont évidemment pas le pouvoir d'achat,
22:03 des gens qui viennent des grandes villes
22:05 et qui peuvent dépenser beaucoup pour un week-end ou pour une semaine.
22:10 Et le sujet, vraiment, de cette concurrence du logement par Airbnb
22:14 vis-à-vis des travailleurs locaux commence à se poser.
22:18 Faut-il entraver, limiter ou mettre des quotas pour Airbnb,
22:23 en particulier sur les zones littérales,
22:25 pour préserver le logement pour les travailleurs de la Manche ?
22:29 – Oui, c'est simple, vous voyez, il y a des logements disponibles,
22:33 c'est plus avantageux pour leur propriétaire de les louer pour les vacances
22:36 que de les louer à un jeune ménage d'ouvrier
22:40 ou de salarié de l'industrie agricole.
22:46 Enfin, il faut donc essayer de faire en sorte que ces logements aillent aux familles
22:52 et non pas systématiquement aux touristes, même si nous devons, nous,
22:57 parce que l'industrie touristique dans la Manche est très très importante.
23:00 Je vous recommande d'ailleurs de venir nous voir,
23:02 vous le constaterez et vous verrez, notre département est beau.
23:06 Mais, point d'excès, la priorité c'est le logement des familles
23:12 et par conséquent j'ai voté au SÉDA une disposition qui n'a pas été retenue
23:17 parce que le gouvernement s'y est opposé à l'Assemblée Nationale
23:21 pour faire en sorte que les locations temporaires Airbnb
23:27 soient davantage contrôlées et taxées.
23:31 – Merci Edouard, merci beaucoup pour toutes ces questions
23:34 et ces sujets évidemment très concernants.
23:36 On regarde la une de la Manche libre, une exclusivité,
23:39 les policiers de la Manche vous ont ouvert leur stand de tir Edouard,
23:42 au tir avec les policiers, c'est à la une de votre journal aujourd'hui.
23:45 Merci beaucoup d'avoir été avec nous Edouard Frémy.
23:48 Un mot de votre parti, Les Républicains,
23:50 Philippa, il y aura des États généraux de la droite samedi,
23:54 qu'est-ce que vous attendez de ces États généraux ?
23:56 – D'abord je suis content que cette formation politique
24:02 qui connaît de grandes difficultés, se soit remise au travail.
24:06 Parce que c'est le fond qui compte,
24:08 ce n'est pas les apostrophes, la véhémence et la polémique.
24:14 Et je crois que si une force politique qui a une tradition
24:19 de force de gouvernement veut retrouver sa crédibilité,
24:23 il faut qu'elle aille au fond des choses.
24:26 Les Français ne feront pas confiance à une formation politique
24:31 qui fait la course à la démagogie.
24:32 En revanche, ils peuvent faire conscience à une formation politique fiable,
24:38 avec des idées, des idées à la fois fortes et raisonnables.
24:44 Et c'est cette crédibilité qu'il faut construire.
24:47 J'observe ce qui est en train de se passer avec ces conventions,
24:52 avec espoir bien sûr, et je crois qu'un certain nombre de Français
24:55 qui ne veulent pas se laisser enfermer entre le soutien au gouvernement
25:00 et les extrémismes, ont envie qu'émerge une force nouvelle.
25:05 – Mais comment les faire entendre et comment les mettre en œuvre ?
25:07 Les quatre de Renaissance vont se réunir à la demande du chef de parti,
25:11 Stéphane Séjourné, le 21 juin pour discuter d'une alliance avec vous,
25:15 avec les Républicains. Qu'en pensez-vous ?
25:17 – Mais il n'y a pas d'alliance possible sans qu'il y ait un programme commun.
25:22 – Il est possible ce programme commun avec la majorité présidentielle ?
25:26 – Nous devons d'abord déterminer nos propres positions
25:29 et les comparer à celles du gouvernement.
25:31 Mais si nous étions satisfaits de ce gouvernement,
25:34 nous ne serions pas aujourd'hui dans l'opposition.
25:36 Or nous le sommes pour un certain nombre de raisons.
25:39 Nous avons parlé tout à l'heure du zéro artificialisation net.
25:42 Ce n'est pas notre politique d'aménagement du territoire.
25:45 La situation des finances publiques,
25:47 ce n'est pas notre politique des finances publiques.
25:49 La situation de l'immigration, ce n'est pas notre politique de l'immigration.
25:54 Et par conséquent, il y a vraiment de grandes évolutions
25:59 à mettre en œuvre du côté de la majorité,
26:02 si elle veut rejoindre petit à petit les propositions
26:07 que nous jugeons nécessaires pour le pays.
26:10 – Mais un terrain d'entente vous semble possible ?
26:11 – Mais le terrain d'entente ne sera possible
26:15 que quand ce travail aura été fait.
26:17 Je ne vois pas pourquoi nous mettrions une exclusive a priori.
26:21 Mais en revanche, je ne vois pas pourquoi a priori,
26:23 alors que nous avons fait une opposition constructive,
26:26 jamais d'obstruction.
26:28 Et nous avons voté un certain nombre de textes après les avoir modifiés.
26:32 Je ne vois pas pourquoi nous exclurions des rapprochements,
26:34 mais je ne vois pas pourquoi nous postulerions
26:36 que ces rapprochements sont pour demain.
26:38 – Est-ce qu'après les sénatoriales en octobre,
26:40 un Premier ministre issu de vos rangs est envisageable pour vous ?
26:42 – Mais il y a déjà eu, vous l'avez remarqué,
26:45 deux Premiers ministres issus de nos rangs.
26:47 Ça n'a rien changé, car s'il s'agit de maintenir un gouvernement
26:52 subordonné au Président de la République,
26:55 qui est le véritable obstacle à tout rapprochement,
26:58 et bien à ce moment-là, c'est impossible.
27:01 En revanche, si nous respectons le jeu des institutions parlementaires
27:06 et qu'il y a un accord majoritaire à l'Assemblée nationale et au Sénat
27:10 sur un programme d'action, c'est toute autre chose.
27:12 Mais ça n'est pas un Premier ministre LR,
27:14 puisque le jour où il se met sous l'autorité du Président de la République,
27:18 il n'est plus LR.
27:19 Et donc la question n'est pas de savoir d'où vient le Premier ministre,
27:22 mais s'il est indépendant du Président de la République
27:25 et s'appuie sur une majorité parlementaire
27:27 pour mettre en œuvre un programme de réforme
27:30 qui serait susceptible de recevoir notre approbation politique.
27:34 A l'évidence, ce n'est pas le cas aujourd'hui,
27:36 et ce n'est pas non plus la volonté du Président de la République,
27:38 qui veut garder sa mainmise sur le gouvernement.
27:41 Je vous rappelle que le gouvernement, dans la Constitution,
27:44 conduit la politique de la nation, la détermine,
27:47 et il doit donc être indépendant du Président de la République.
27:51 Ça a l'air surprenant, puisqu'on a pris l'habitude du contraire.
27:54 Mais c'est ça, le Président est l'arbitre.
27:57 Il doit assurer la stabilité du gouvernement,
28:01 mais il ne doit pas le commander comme il veut à tout prix le faire,
28:05 même si c'est au prix du fait que ce gouvernement
28:08 est minoritaire à l'Assemblée nationale.
28:11 – Merci beaucoup Philippe Bas,
28:12 merci d'avoir été notre invité pendant cette première demi-heure.
28:15 Dans 20 minutes, dans le Club des territoires,
28:17 faut-il réformer le droit d'asile ?
28:18 Ce sera le débat entre la sénatrice Les Républicains Valérie Boyer
28:21 et le porte-parole de Renaissance Loïc Signor.
28:24 Mais d'abord, on va accueillir notre prochaine invitée,
28:26 C'était Nicolas Meier-Rossignol, nous rejoins.
28:28 [Musique]

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