SMART BOURSE - Emission du mercredi 14 juin

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Mercredi 14 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Patrick Guérin (Directeur de la Gestion, Bordier & Cie à Paris) et Sphia Salim (Responsable de la stratégie taux Europe, Bank of America)

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00:00 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur
00:11 Bismarck, chaque jour à la mi-journée 12h30-13h et en fin d'après-midi la grande édition
00:15 pendant une heure à partir de 17h, rediffusée à 20h sur Bismarck TV, émission que vous
00:20 retrouvez chaque jour en replay sur Bismarck.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:25 Au sommaire de cette édition de la mi-journée, des records en série sur les marchés américains
00:30 et les marchés japonais.
00:32 La série continue avec de nouveaux plus hauts en clôture, hier pour le Nasdaq et le S&P
00:37 500, des plus hauts depuis un an maintenant, depuis l'été 2022.
00:41 Quant au Japon, le Nikkei lui continue de battre des records de plus de 30 ans avec
00:46 un intérêt renouvelé de la part des investisseurs globaux pour le marché japonais.
00:52 On notera la bonne tenue quand même des indices actions en Europe, même si les records récents
00:58 remontent à quelques semaines maintenant en arrière.
01:00 Le dernier record historique du CAC 40 date de fin avril je crois, mais on reste quand
01:04 même sur une zone de prix relativement élevée avec un indice parisien autour de 7350 points
01:10 à mi-séance.
01:11 Et on notera du côté des devises, un début d'épuisement du rebond du dollar qu'on a
01:17 observé depuis quelques semaines.
01:19 Le dollar tient le niveau de 1,08 avant la décision de la réserve fédérale américaine
01:24 ce soir qui communiquera donc sur l'idée et le concept de pause.
01:29 Une pause que tout le monde attend, tiltée plutôt à la hausse avec le risque de voir
01:34 peut-être encore un ajustement de 25 points de base au cours du prochain meeting du mois
01:40 de juillet.
01:41 Voilà à peu près le consensus qui s'est dessiné ces derniers jours et ces dernières
01:44 semaines.
01:45 Une précision à suivre à 20h heure française et conférence de presse de Jérôme Pohel
01:49 qui marquera le début de la séquence Banque Centrale de la semaine avec demain bien sûr
01:53 la réunion de la Banque Centrale Européenne et vendredi la réunion de la Banque du Japon.
01:58 Voilà pour le panorama du moment sur les marchés financiers.
02:01 Nous en parlons avec nos invités dans un instant et nous évoquons également la stratégie
02:06 d'investissement.
02:07 Nous arrivons bientôt à mi-parcours de cette année 2023 et quand on regarde les performances
02:11 des grandes classes d'actifs depuis le 1er janvier, les marchés d'action mondiales
02:16 sont leaders avec des performances à deux chiffres depuis le 1er janvier.
02:20 A quoi faut-il se préparer en termes de schéma de marché pour la deuxième partie de cette
02:25 année 2023 ? Voilà un des sujets de discussion que nous aborderons dans cette demi-heure.
02:28 Mais d'abord commençons avec la séquence Banque Centrale qui commence ce soir avec
02:43 la Fed et demain la Banque Centrale Européenne.
02:45 C'est Sfia Salim qui est avec nous en plateau, responsable des vues stratégiques sur les
02:49 taux Europe de Bank of America.
02:51 Bonjour Sfia.
02:52 Bonjour.
02:53 Merci beaucoup d'être avec nous.
02:54 On va parler de vos vues chez Bank of America mais c'est vrai que vous apportez, Bank of
03:00 America apporte chaque mois des enquêtes réalisées auprès d'investisseurs.
03:04 Des enquêtes qui sont des enquêtes de référence.
03:06 Les marchés adorent les enquêtes et pour le coup les enquêtes de BOFA en la matière
03:11 sont des enquêtes de référence avec un historique long et des investisseurs qui sont toujours
03:16 très attentifs au résultat de ces enquêtes mensuelles.
03:19 Sfia, les dernières enquêtes ont été publiées pour vous ces derniers jours.
03:24 Est-ce que l'inflation est encore un sujet de préoccupation chez les investisseurs quand
03:28 on sait que l'inflation globale aux Etats-Unis aura sans doute été divisée par trois en
03:34 un an au mois de juin ?
03:35 Oui tout à fait.
03:37 Au final quand on regarde les résultats de l'enquête qu'on a conduite avec les fonds
03:44 d'investissement obligataires, on se rend compte que l'inflation rebondit de nouveau
03:52 dans la liste des inquiétudes.
03:55 Le mois dernier, on avait vraiment énormément d'investisseurs qui restaient très inquiets
04:01 par rapport à la fragilité des marchés financiers, à la situation des banques régionales aux
04:10 Etats-Unis, plus d'un tiers pensaient que la fragilité des marchés était la provocation
04:16 la plus importante.
04:17 Cette fois-ci, on a eu un rebond des inquiétudes sur l'inflation.
04:21 On a plus de 60% des investisseurs qui considèrent qu'une inflation assez élevée, toujours
04:29 assez "sticky" comme on dit, persistante, représente leur inquiétude principale.
04:35 Parce qu'aujourd'hui, en effet, la majorité des investisseurs sont déjà longs au niveau
04:42 des obligations.
04:43 Et donc l'inflation persistante représente le risque numéro un de cette position.
04:48 Comment vous évaluez effectivement les motivations de ces investisseurs ? Pourquoi est-ce que
04:54 cette inquiétude remonte peut-être au premier rang aujourd'hui ? Et quelle est la vue que
04:59 vous avez chez BOFA sur la trajectoire d'inflation qu'on peut avoir en tête pour les prochains
05:06 mois, pour la deuxième partie d'année 2023, si on essaie de se fixer des horizons de temps
05:11 à peu près raisonnables du point de vue de la prévision de l'inflation sphère ? Encore
05:15 une fois, en un an, l'inflation globale aux Etats-Unis aura été divisée par trois.
05:19 Qu'est-ce qui peut se passer ensuite ?
05:21 C'est assez intéressant de voir ces inquiétudes émerger de nouveau parce qu'au final, dans
05:26 les derniers prints, que ce soit en zone euro ou hier aux Etats-Unis, on a vu quand même
05:32 une baisse continue.
05:34 Et même en zone euro, on a eu une surprise à la baisse pour le mois de mai.
05:41 Donc d'où vient ce rebond d'inquiétude ? Je dirais c'est plutôt par rapport au fait
05:45 que les données économiques restent très résilientes.
05:50 Et donc on s'inquiète du fait qu'au final, l'inflation sur les services en particulier
05:56 pourrait de nouveau rebondir.
05:58 Par rapport à nos vues à Bank of America, on pense qu'aux Etats-Unis, les signes sont
06:06 quand même très encourageants que la baisse continuera.
06:10 On a vu hier en particulier ce qui a dominé l'inflation sous-jacente, c'était les prix
06:17 des voitures d'occasion.
06:18 Oui, à nouveau, et les loyers.
06:21 Et les loyers, exactement.
06:22 Mais autrement, le signal reste très encourageant et on pense qu'on verra des baisses supplémentaires
06:27 sur l'inflation sous-jacente.
06:29 C'est une question de temps.
06:31 Voilà.
06:32 Par contre, en zone euro, pour les mois prochains, il se peut qu'en effet l'inflation sous-jacente
06:37 reste très stable à des niveaux encore très élevés, au-dessus des 5%.
06:41 On a des facteurs saisonniers en particulier qui vont jouer un grand rôle.
06:45 Un grand rôle, oui.
06:48 Les moteurs de l'inflation en Europe, aujourd'hui de l'inflation endogène, de l'inflation sous-jacente,
06:55 celle qui peut durer dans le temps, sont des moteurs différents désormais de ce qu'on
07:00 a pu observer aux Etats-Unis, Sphira ?
07:02 Un peu plus, en effet.
07:04 On a par exemple des entreprises qui essayent de maintenir les marges et donc qui ne font
07:13 pas passer assez rapidement la baisse des prêts énergétiques dans les produits, par
07:20 exemple, en consommation.
07:22 Et puis on a aussi une saison touristique à venir qui pourrait, en effet, aussi soutenir
07:28 les prix au service.
07:29 Beaucoup plus que ça n'est le cas aux Etats-Unis.
07:34 Du côté des décisions de politique monétaire, désormais, la Fed livrera sa décision ce
07:40 soir avec une série de nouvelles projections économiques également réalisées par le
07:45 staff de la Fed.
07:46 Le staff de la BCE réalisera et dévoilera également ces nouvelles projections demain.
07:50 Pour la Fed, quelle est la vue de Bank of America à ce stade ?
07:53 Comment est-ce que vous comprenez le concept ou l'idée de la pause qui a été vendue
07:58 par Jerome Powell il y a un peu plus d'un mois maintenant, Sphira ?
08:01 Alors, il faut dire que la Fed est déjà en zone très restrictive et ils reconnaissent
08:09 qu'il y a quand même un décalage entre le moment où ces hausses de taux sont délivrées
08:13 et le moment où elles ont vraiment un impact sur l'économie.
08:17 Donc l'idée, c'est de faire une pause pour voir l'évolution de la transmission de la
08:25 politique monétaire.
08:26 Et le niveau d'inflation qui a été publié hier, encore une fois, est très encourageant.
08:35 Ça leur permettra, on pense, de s'embarquer dans cette pause.
08:40 Maintenant, il faudra, comme vous l'avez souligné, qu'ils gardent une marge de manœuvre
08:47 parce qu'on a vu que le marché de l'emploi reste très robuste.
08:51 Donc il y a toujours une incertitude quant à l'évolution de l'inflation et à la transmission
08:59 de la politique monétaire.
09:01 Donc il faudra qu'ils indiquent qu'il y a une hausse de taux potentiellement à venir.
09:06 Et c'est bien le marché du travail qui va être la clé de la décision de politique
09:13 monétaire future, désormais ?
09:15 On pense que ça restera sur l'inflation mais en effet le marché du travail fait que la
09:22 Fed a besoin de garder cette nationalité.
09:25 Et on pense qu'une manière de l'ancrer, c'est de changer la projection du taux de
09:36 fin d'année dans leur dot plot.
09:39 Relever un petit peu les perspectives des différents membres du comité pour la fin
09:44 d'année ?
09:45 On pense qu'il y aura une hausse d'environ 25 BP dans ce dot plot.
09:50 Et puis le fait que la banque de Canada, la banque d'Australie ont haussé les taux
09:59 après avoir entretenu l'idée d'une pause, cela aussi va ancrer cette possibilité dans
10:07 l'état d'esprit des investisseurs américains.
10:12 Très clair.
10:13 Du côté de la banque centrale européenne, qui est très clairement votre domaine d'expertise
10:17 et vous êtes responsable des vues stratégiques des taux Europe, chez Bank of America, beaucoup
10:22 ou tout le monde considère que la tâche pour la banque centrale européenne n'est pas
10:26 encore terminée quand la Fed s'en approche, que la situation d'inflation est même peut-être
10:32 plus complexe aujourd'hui en zone euro avec un risque même de persistance plus important
10:37 que ce qu'on a pu observer sur un an aux Etats-Unis.
10:40 Est-ce que c'est la vue que vous avez également chez Bank of America ? Et comment est-ce que
10:45 vous comprenez la fonction de réaction de la banque centrale européenne à ce stade ?
10:49 Absolument.
10:50 On pense que tout d'abord l'inflation restera plus persistante sur les mois à venir.
10:58 Deuxièmement que la BCE se préoccupe beaucoup plus de l'inflation actuelle que des projections
11:07 à venir alors que la Fed est déjà un peu dans un mode d'anticipation.
11:12 Très clair.
11:15 Et on voit que leur fonction de réaction est vraiment dépendante de ces niveaux d'inflation
11:28 sous-jacents dans le particulier.
11:30 Donc on anticipe en fait qu'il y aura toujours une hausse de taux cette semaine, une hausse
11:36 de taux à venir en juillet et peut-être même une hausse de taux en septembre.
11:40 Aussi en termes de baisse cette fois-ci, on pense que le marché aussi est trop optimiste
11:48 avec l'idée qu'on aura des baisses de taux en début 2024 parce qu'il faudra vraiment
11:55 attendre que l'inflation soit très proche des 2% pour que cette banque centrale soit
12:00 confiante, rassurée, suffisamment rassurée.
12:03 Exactement, et délivre une baisse.
12:05 Quand on a développé ces perspectives, Sfira, quelles sont les implications pour
12:10 les investisseurs notamment ? Alors sur les taux européens, on peut parler des taux
12:15 américains également, sur l'ensemble de la courbe là, est-ce qu'il y a déjà des
12:19 niveaux et des points d'intérêt pour les investisseurs ? Et je comprends que la situation
12:24 peut-être entre les Etats-Unis et l'Europe de ce point de vue là peut être différente.
12:28 Oui, tout à fait.
12:29 Aujourd'hui aux Etats-Unis, on recommande déjà aux investisseurs de se positionner
12:34 loin de la ration, d'acheter les obligations américaines à partir de 3,75.
12:40 D'accord, mais 3,80 ce matin, ça va sur 10 ans.
12:44 Voilà, donc pour nous on est déjà en territoire attractif d'achat.
12:48 Par contre, en zone euro, la fonction de réaction de la BCE qui est très différente, les données
12:57 qui risquent en fait de se reprendre un peu plus à la hausse aussi dans les mois à venir,
13:02 étant donné que le consensus a déjà révisé énormément la baisse des projections.
13:06 Et puis troisièmement, les émissions, le poids des émissions obligataires à venir,
13:13 en particulier d'ici aujourd'hui à septembre, pour nous c'est trois facteurs, soulignent
13:21 la possibilité d'une hausse supplémentaire des taux.
13:25 Donc une baisse de la valeur des obligations, c'est ça ?
13:27 Exactement.
13:28 Encore possible devant nous.
13:29 C'est trop tôt pour s'embarquer dans des positions très larges, de longue duration.
13:36 Un mot également, alors l'offre d'émissions obligataires va être importante cet été.
13:43 Il y a aussi cette partie de remboursement de Teltero qui arrive.
13:48 Ce sera peut-être d'ailleurs un sujet pour la réunion de la BCE demain et la conférence
13:51 de presse de Christine Lagarde.
13:53 On est autour de 500 milliards qui vont être remboursés par les banques de la zone euro
13:58 dans les prochains jours.
13:59 C'est la fin du mois de juin.
14:01 Est-ce que le marché est à l'aise avec cette situation qui va être quand même un choc
14:05 de liquidité un peu négatif à encaisser ? On n'a pas l'habitude.
14:09 Les impacts potentiels sont connus ? On a réussi à les comprendre ou c'est encore
14:17 à voir ?
14:18 Je dirais que c'est encore à voir.
14:20 Au final on a environ 500 milliards qui vont être remboursés à la BCE en fin de mois.
14:26 Quand on regarde les différents systèmes bancaires européens, on voit que par exemple
14:35 en Italie, les banques ont moins de cash à la BCE que d'autres, même sur les Teltero.
14:45 Donc elles n'ont pas assez de cash a priori pour tout rembourser.
14:49 Maintenant, l'opération de juin a été très connue, très déjà anticipée.
14:58 Donc on pense que les préparations ont été effectuées.
15:02 On a eu énormément d'émissions obligatoires de la part des banques en premier trimestre.
15:06 Mais ce qui nous inquiète, c'est vraiment les remboursements supplémentaires au-delà
15:11 de juin.
15:12 Et aujourd'hui, on pense que le marché sous-estime l'impact en particulier des remboursements
15:18 en début 2024.
15:20 On ne voit pas du tout de stress sur les taux courts.
15:24 Il faudra voir par exemple si au final le marché ne s'attend pas déjà à ce que
15:30 la BCE offre une autre option.
15:33 Mettre à nouveau des opérations sur la table.
15:35 Voilà.
15:36 Donc peut-être qu'il faudrait avoir un peu de découragement cette semaine si la BCE
15:43 ne communique pas plus précisément sur cette question-là.
15:46 On verra.
15:47 Dans les dernières réunions, le sujet n'avait pas été abordé ou très peu.
15:49 On verra si cette fois le sujet prend un peu plus d'ampleur peut-être dans les discussions
15:54 et la conférence de presse de Christine Lagarde.
15:55 Merci beaucoup Sia.
15:56 Sia Salim qui était avec nous en plateau, responsable des vues stratégiques sur les
16:00 taux Europe de Bank of America.
16:01 Parlons marché et marché action à présent avec Patrick Guérin, directeur de la gestion
16:16 de Bordier & Compagnie à Paris qui est avec nous en plateau également.
16:19 Bonjour Patrick.
16:20 Bonjour Grégoire.
16:21 Merci beaucoup d'être avec nous.
16:22 C'est la grande question technique du moment depuis que le S&P 500 notamment a repris 20%
16:28 et plus par rapport à son point bas d'octobre 2022.
16:32 Est-ce qu'on est dans la fin d'un bear market rally qui aura été impressionnant ou est-ce
16:38 qu'on est au début d'une nouvelle histoire qui s'appellerait « bull market » Patrick ?
16:43 La question n'est pas facile à répondre.
16:46 J'ai l'impression que le marché a envie d'y croire.
16:47 C'est clair qu'aujourd'hui la dynamique est clairement en faveur de la poursuite de
16:53 la hausse.
16:54 Cela veut dire déjà concrètement que ne pas suivre cette dynamique nous mettrait en
16:58 difficulté potentielle, même si en effet depuis le début de l'année le parcours vous
17:03 l'avez souligné est impressionnant.
17:05 Et si comme cela a probablement déjà été dit ici, la hausse s'est concentrée sur
17:11 un nombre extrêmement limité de valeurs, moins de 10.
17:15 Cela complexifie encore l'exercice puisque par définition quand on est gérant privé,
17:25 notre métier, la base de notre métier c'est de diversifier nos risques.
17:29 Donc hors de question d'être exposé à seulement 7 valeurs dans un portefeuille, pour parler
17:35 des Etats-Unis, ou à un indice, par exemple l'indice du luxe, je parle du CAC, qui serait
17:42 effectivement quelque chose qu'on pourrait nous reprocher.
17:45 Bon, ça c'est le constat.
17:47 Donc on fait quoi avec ça ? Déjà je pense que comme ça a déjà été souligné ici
17:54 auparavant, les valeurs de la tech américaine, je parle des big, des méga cap, présentent
18:00 ce caractère défensif qui fait qu'on peut difficilement rester à l'écart.
18:06 Oui, mais c'est un point important Patrick.
18:08 Évidemment on ne peut pas tout mettre sur 7 valeurs, mais c'est quand même déjà
18:12 important d'être confortable avec la valorisation, les perspectives, les prix qu'on peut avoir
18:19 pour ce groupe de valeurs.
18:21 Bien sûr, on a tous en tête le parcours de ces valeurs en 2022.
18:26 Je les cite, c'est les GAFA, Microsoft, Nvidia, Tesla, voilà c'est les 7 magnifiques
18:31 aujourd'hui qui font quasi 100% de la performance du S&P 500 depuis le début de l'année.
18:36 Juste peut-être pour préciser ce point, sur les 500 valeurs du S&P 500, mécaniquement
18:44 ça veut dire qu'il y en a 493 qui font un parcours moins fluorescent on va dire, et
18:50 si on raisonne en équipondérés, parce que c'est aussi important de le voir, la performance
18:54 elle est de 13% pour le S&P et elle est seulement de 4% en équipondérés.
18:58 Donc déjà ça resitue un peu le sujet.
19:00 Mais encore une fois, la diversification elle est indispensable.
19:04 On n'oublie pas, parce que quand on gère, on a aussi un oeil sur le passé, on n'oublie
19:09 pas les performances de 2022.
19:11 Donc les valeurs dont on vient de parler se sont crashées littéralement, donc ont perdu
19:15 entre -40, -50, parfois même plus.
19:18 Donc on pourrait dire que finalement ce n'est qu'un phénomène de rattrapage.
19:23 Mais il se trouve que pour des raisons qui tiennent notamment à leur caractère défensif,
19:29 qui tiennent aussi au fait que ce sont des entreprises qui délivrent de la croissance,
19:33 qui sont cash, qui ont dans leur bilan, qui ont une diversification aussi à l'intérieur
19:40 de leur business, ce sont des éléments qui rassurent.
19:44 Alors bien sûr on raccroche à ça l'actualité de l'intelligence artificielle évidemment,
19:50 qui n'a fait que contribuer à apporter du carburant à ses valeurs.
19:55 Mais nouvelle perspective pour dire les choses.
19:57 Oui bien sûr.
19:58 Mais la hausse elle ne date pas du mois de avril.
20:01 Ce que je veux dire c'est que si on est aujourd'hui à peu près à 40% en moyenne de hausse du
20:06 Year to Date sur ses valeurs, c'est un phénomène qui a été progressif et qui résulte, comme
20:11 vous l'avez très bien dit tout à l'heure, d'un sentiment que quelque part on est au
20:17 bout du chemin sur le parcours de resserrement monétaire de la Fed et donc ça génère
20:23 forcément quelque chose qui rassure pour les investisseurs par rapport à cette inquiétude
20:27 de valorisation.
20:28 Très clair.
20:29 Et donc ça c'est des éléments qui nous incitent, on n'est pas obligé, mais qui
20:35 nous incitent à conserver des positions non nulles, pour le dire publiquement, sur la
20:42 Tech US.
20:43 On gère le poids de ses valeurs dans les portefeuilles, on ne peut pas avoir des pondérations trop
20:47 importantes mais par contre on est toujours content de ce que peut apporter ce groupe
20:51 de valeurs.
20:52 On est content de ce que ça peut apporter et en plus on se pose systématiquement la
20:55 question bien sûr de dire que fait-on avec un portefeuille que l'on construit ? Est-ce
21:01 qu'on inclut dans ce portefeuille aussi ces valeurs ? La réponse est oui parce que c'est
21:06 impossible de faire autrement.
21:07 Après il y a certaines d'entre elles, pour ne pas la citer Nvidia, aujourd'hui compte
21:13 tenu de son parcours depuis le début de l'année, il serait probablement un peu irréaliste
21:16 de remettre encore un peu dans les portefeuilles parce que là ce serait très très restable.
21:21 On ne s'est pas réveillé plus tôt et le faire maintenant c'est dire qu'on a raté
21:24 le cours.
21:25 Voilà, ça c'est un premier point.
21:28 Deuxième point, ce que je constate aussi c'est que c'est un phénomène qui est relativement
21:34 récent mais la hausse notamment aux Etats-Unis a tendance un peu à concerner aussi d'autres
21:41 segments de marché.
21:42 Par exemple, même si c'est très récent, les small et les mid-cap, le Rossel 2000 enfin
21:49 se réveille.
21:50 La semaine dernière a été une semaine, alors est-ce que c'est un tournant durable ou pas
21:54 mais pour la première fois on a vu cet indice des valeurs moyennes américaines surperformer,
21:59 même le Nasdaq.
22:00 Oui, donc on est à peu près sur cet indice des valeurs moyennes US, de croissance, on
22:06 est à 9%, 8% et en Year to date on monte 9% mais c'est évidemment un retard très
22:13 important par rapport aux autres indices américains mais peut-être que c'est le moment pour
22:19 nous de se dire tiens les investisseurs ont envie finalement de répartir leurs risques
22:23 et de ne pas rester simplement investis sur des superbes boîtes mais qui dans la valorisation
22:30 est un peu élevée et dont les perspectives de valorisation future sont très incertaines,
22:35 on ne sait pas.
22:36 Le mouvement va peut-être se poursuivre mais il n'est pas exclu que ce soit un peu moins
22:40 le cas.
22:41 En termes de gestion des risques, la prime de risque n'est plus tout à fait suffisante
22:45 sur ces valeurs-là aujourd'hui pour être totalement confortable.
22:48 C'est aussi pour cette raison qu'on a vu les investisseurs s'intéresser récemment
22:54 également aux valeurs de santé qui sont elles aussi des valeurs défensives mais dans
23:01 une perspective beaucoup plus longue donc avec un retour sur investissement qui ne va
23:05 pas être le même mais néanmoins qui vont chercher à réduire leurs risques globalement.
23:10 L'exercice est un peu différent en Europe parce que la comparaison entre l'indice par
23:17 exemple CAC 40 et l'indice Equipondéré c'est moins parlant, c'est moins vrai parce
23:21 que d'autres sociétés ont aussi des performances importantes mais je pense qu'on n'est pas
23:25 arrivé au bout et donc en tant que gérant privé il est important d'être aussi présent
23:32 sur le marché européen.
23:33 On voit effectivement l'Europe sous-performe depuis quelques semaines maintenant mais c'est
23:39 ce que je disais, on peut à peine parler de correction et le niveau des prix sur les
23:43 indices reste quand même soutenu.
23:45 On n'a pas du tout abandonné ou lâché le momentum qu'on a vu sur les actions européennes
23:50 depuis des mois et des trimestres maintenant.
23:52 Le thème de l'IA spécifiquement, comment vous le regardez ? Avec évidemment la ligne
24:00 de conduite d'une maison suisse comme Bordier, c'est très enthousiasmant, on a tous un peu
24:06 l'intuition que c'est quand même un thème puissant, sans doute assez large, assez global
24:11 qui va nous accompagner peut-être sur des horizons de moyen long terme désormais et
24:16 on sous-estime peut-être d'ailleurs à moyen long terme l'impact de ce phénomène IA
24:21 génératif même jusqu'à un point macro.
24:23 Maintenant il faut prendre des décisions aujourd'hui quand on est investisseur pragmatique,
24:29 comment on s'expose à ce thème sans prendre le risque de se brûler les ailes ? Alors
24:34 vous avez cité l'exemple d'NVIDIA en disant si vous en aviez en janvier, très bien, si
24:39 vous n'en avez pas aujourd'hui, est-ce que c'est vraiment le moment d'y aller ? C'est
24:42 une question ouverte, sans doute que certains diront oui il faut y aller, il y a encore
24:46 des perspectives mais comment on est attentif quand même à ces phénomènes d'engouement
24:50 boursier qui sont légitimes, il y a sans doute des fondements très légitimes à ça mais
24:55 on connaît tous l'exubérance possible de Mister Market.
24:59 Je dirais que précisément parce qu'on mesure bien, on pèse bien la profondeur du thème,
25:10 on ne peut pas rester à l'écart et la meilleure manière d'être présent sur ce thème c'est
25:14 d'être investi à travers ces méga caps, pardon je redis la même chose mais c'est
25:20 important, ces méga caps qui ont une trésorerie ample, qui ont une diversification dans leur
25:25 business qui fait qu'elles sont ultra présentes, elles investissent des dizaines de milliards
25:30 peut-être probablement un peu plus sur une durée un peu plus longue de dollars sur le
25:35 développement de l'intelligence artificielle et je pense que c'est la meilleure façon
25:39 de faire.
25:40 On ne va pas aller par exemple mettre de l'argent, juste petit clin d'œil même si c'est sûrement
25:43 une très belle boîte dans Mistral.
25:45 Oui, ça c'est le job des Vici, c'est ce que je disais ce matin, c'est normal, c'est
25:51 d'appeler à eux, de mettre des tickets sur ces projets-là, ça fait un mois que la boîte
25:56 est créée, c'est pour des Vici, évidemment, je n'imagine pas que ce soit pour…
26:00 Oui, mais pour autant rester à l'écart n'aurait aucun sens mais de toute façon
26:04 même si on le voulait, on ne pourrait pas puisqu'on achète en Microsoft ou Google
26:09 ou Alphabet, on achète aussi, on embarque aussi l'intelligence artificielle donc très
26:14 bien.
26:15 Ce qui est fascinant c'est quand ChatGPT a été révélé au monde en novembre dernier,
26:20 une des premières réactions que j'ai vues chez les investisseurs ça a été de dire
26:23 "Ah ça y est, disruption et donc les leaders d'hier ne seront pas les leaders de demain".
26:29 On se disait "Mais ça y est Google c'est fini, la rente du moteur de recherche Google
26:35 va exploser avec ChatGPT".
26:37 Quelques mois après j'ai l'impression qu'on est revenu à quelque chose d'un
26:40 peu plus pragmatique peut-être.
26:42 Un peu d'humilité aussi peut-être.
26:44 Non mais ce n'est pas dit que ces boîtes-là n'arrivent pas à capter effectivement
26:48 cette nouvelle thématique et toute la croissance que ça implique.
26:51 Je ne suis même absolument pas exclu qu'elles vont être capables de la capter bien sûr.
26:54 Donc on en a pour dix ans encore avec les GAFA.
26:56 C'est vrai que c'était très intéressant parce que l'année dernière on avait envie
27:02 de les plier, de dire "Merci c'est fini, on n'est plus un centime sur ce sujet".
27:07 On est en juin et on voit qu'on aurait quand même eu un petit peu tort pour employer
27:11 une litote.
27:12 Merci beaucoup Patrick pour votre éclairage sur cette situation de marché.
27:17 Voilà, ces recommandations, cette ligne de conduite en matière de stratégie d'investissement
27:21 pour Bordier et compagnie.
27:22 Vous êtes directeur de la gestion de Bordier à Paris.
27:24 Patrick Guérin qui était avec nous en plateau pendant cette demi-heure d'émission à la
27:28 mi-journée.
27:29 On se retrouve à 17h pour la grande édition de Smart Bourse en direct sur vSmart.
27:32 [Musique]

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