[VIDEO] à la découverte des métiers de la santé !
️ Aujourd'hui nous écoutons Aude Bernheim, chercheuse en biologie. Aude Bernheim est microbiologiste et généticienne de l’Inserm (Laboratoire « Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution »), lauréate de la Fondation Jacques Monod pour son projet Battra-t-on les virus grâce aux bactéries ? Elle cherche à comprendre comment ces micro-organismes résistent et neutralisent leurs virus qu’on appelle des phages.
️ Aude est également Lauréate 2021 du Prix de la Recherche Médicale de la Fondation de France.
️ Aujourd'hui nous écoutons Aude Bernheim, chercheuse en biologie. Aude Bernheim est microbiologiste et généticienne de l’Inserm (Laboratoire « Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution »), lauréate de la Fondation Jacques Monod pour son projet Battra-t-on les virus grâce aux bactéries ? Elle cherche à comprendre comment ces micro-organismes résistent et neutralisent leurs virus qu’on appelle des phages.
️ Aude est également Lauréate 2021 du Prix de la Recherche Médicale de la Fondation de France.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Je m'appelle Aude Bernem, j'ai 31 ans et je suis chercheuse en génétique microbienne.
00:08 Alors je sais qu'il y a beaucoup de scientifiques qui disent que quand ils étaient petits,
00:19 ils décortiquaient les choses dans leur jardin. Moi pas du tout. Je ne savais pas du tout que
00:24 je voulais devenir chercheuse. C'est venu, on va dire, sur le tard. J'ai toujours été très curieuse
00:29 de beaucoup de choses et du coup j'ai eu beaucoup de problèmes d'orientation dans le sens où faire
00:34 un choix me paraissait dramatique alors qu'il y avait tant de choses intéressantes à faire et à
00:38 étudier. Donc j'ai fait on va dire des études assez généralistes d'ingénieur en biologie et
00:44 on va dire pendant ces études, je faisais un moment plus des politiques publiques et j'avais un peu
00:51 arrêté de faire de la biologie et ça m'a manqué. Donc je me suis dit "ah je vais refaire un petit
00:55 stage pour me le sortir de mon système" et il se trouve qu'un stage, je me suis dit "je ne me suis
01:00 pas encore totalement sortie de mon système, je vais en faire un autre" et il y a eu un moment où
01:05 je suis tombée au bout du deuxième stage sur un stage en recherche qui était absolument fascinant
01:10 et dans un environnement extraordinaire et du coup j'ai attrapé vraiment le virus de la recherche à
01:16 ce moment-là et je me suis dit "ah bah du coup je vais faire ça pour commencer puis on verra par
01:20 la suite" et depuis je crois que plus j'en fais, plus j'aime ça. Donc depuis ça m'a plus du tout lâché.
01:27 Un des intérêts du métier de chercheuse c'est que c'est très très varié. Donc mes journées
01:34 peuvent avoir des têtes très différentes, c'est à dire que je vais donner on va dire aussi une
01:39 journée type sur ce que va être une journée expérimentale mais je vais faire de la science
01:42 mais on me demande d'écrire des articles donc il y a des jours où je suis écrivaine, je dois faire
01:46 des très jolies figures en biologie donc où je me retrouve à faire du graphisme. Il y a bien sûr
01:50 des moments où je vais aller en conférence et je me retrouve à faire des speeches devant plein
01:54 de gens donc là ça va être vraiment de la communication. Donc c'est un métier on va dire
02:00 très varié et qui permet aussi d'aller sur certains terrains dans lesquels on va être plus ou moins
02:05 à l'aise et d'approfondir certaines choses. Mais en tant qu'on va dire chercheuse expérimentale,
02:10 ben quand j'arrive je vais faire des expériences et donc moi je fais de la microbiologie c'est à
02:14 dire que je m'intéresse aux bactéries et donc souvent ce que j'ai fait c'est que juste la
02:19 dernière chose que j'ai fait dans une journée c'est de lancer des bactéries en culture. Donc
02:22 je vais juste mettre des bactéries dans un milieu où il y a on va dire de l'eau et du sucre et le
02:26 matin la première chose que je fais c'est que je les sors d'un incubateur où il a fait 37 degrés
02:31 et elles ont poussé toute la nuit et donc je vois mes petites bactéries et ce matin et ben je les
02:36 vois et je vais commencer à expérimenter avec elles, c'est mon matériel. Donc c'est vraiment
02:41 j'arrive au laboratoire, je sors ça et je sors aussi mes expériences de la veille parce que tout
02:45 se fait ce qu'on appelle sur une nuit donc overnight et du coup je sors mes boîtes et je regarde mes
02:52 résultats. Et pour moi c'est souvent le meilleur moment de la journée ou le plus triste, c'est
02:57 très émotionnel parce qu'on voit si l'hypothèse qu'on a eue et l'expérience qu'on a fait a marché.
03:02 Et je compare souvent ce sentiment là quand on fait une grosse expérience et qu'on va voir les
03:07 résultats le matin en arrivant. Moi j'ai tendance à arriver assez tôt au laboratoire, je suis assez
03:13 souvent, il y a une ou deux personnes maximum ou toute seule et j'ai un petit moment moi à sortir
03:18 ces boîtes là et à voir ce qui s'est passé. Et je suis la première personne au monde à avoir fait
03:22 cette expérience et à voir ce qui s'est passé. Et ça c'est un sentiment de découverte quand ça
03:26 marche qui est génial ou un sentiment de désespoir profond quand ça n'a pas marché mais c'est très
03:32 excitant. Et du coup on va regarder et quand ça marche c'est vraiment qu'il y a de fabuleux. Donc
03:38 ça c'est le début de ma journée, après je vais lancer en route des expériences. Et du coup ça
03:42 veut dire en gros les expériences en biologie, les gens les définissent comme mélanger des liquides
03:46 transparents ensemble, c'est assez juste, dans différents volumes et voilà. Donc suivre des
03:51 protocoles. Mais ça va être aussi beaucoup pendant que je fais mes expériences, je suis quelqu'un
03:55 d'assez bavard donc moi je discute beaucoup. Donc ça va être discuter avec les gens pendant... c'est
03:59 un peu comme quand on fait de la cuisine, il y a des moments où il faut être concentré puis il y a
04:02 des moments c'est automatique donc on peut discuter avec les gens en parallèle, discuter de science,
04:06 bon discuter aussi de la pluie et du beau temps, mais aussi discuter de science. Et donc la journée
04:11 va se dérouler comme ça, à faire des expériences et de temps en temps à discuter du coup avec des
04:17 collègues ou à me poser devant mon ordinateur pour analyser des résultats.
04:20 Récemment j'étais pas en France dans mon métier, je travaillais à l'étranger dans un laboratoire pour ce qu'on
04:31 appelle un post-doctorat. Et dans ce post-doctorat j'avais une hypothèse qui était qu'un certain
04:38 nombre de gènes étaient efficaces pour se défendre contre les virus. Et c'était quelque chose qui était
04:43 très important et j'avais travaillé disons un mois pour mettre en place une expérience qui justement
04:49 allait permettre de savoir si c'était vraiment le cas, si cette hypothèse était correcte. Et j'avais
04:57 je sais pas 300 boîtes, donc faut s'imaginer c'est vraiment beaucoup beaucoup de volume. Et je suis
05:01 venue très tôt le matin pour regarder les boîtes parce que c'était à 8h30 ou à 9h, j'avais une
05:08 présentation devant mon laboratoire, ça tombait par hasard le même jour, où je présentais où j'en
05:13 étais. Et je suis arrivée et là j'ai vu que tout avait marché. Mais ça n'arrive jamais en biologie,
05:19 quand on a 10% qui marche on est super content, mais là tout avait marché. Et c'était quelque
05:24 chose qui vraiment, c'est un sentiment exceptionnel de voir ces, on va dire, c'est sous ses yeux,
05:32 quelque chose que personne n'a décrit avant. Et j'étais complètement surexcitée, mais vraiment
05:38 surexcitée, et j'ai ensuite allé présenter les résultats à mon labo. Et c'était une espèce de
05:44 communion parce que j'étais dans un laboratoire où on travaille énormément en équipe, donc tout le
05:48 monde était au courant de mes expériences, de mes choses, donc voilà. Et là je leur annonçais
05:52 cette nouvelle extraordinaire que tout avait fonctionné, et donc j'étais comme une puce à
05:56 vouloir montrer à tout le monde "regarde cette boîte, regarde cette boîte, ça marche super
05:59 bien". Et du coup ça a été une matinée où il y a eu ce moment de la découverte qui est vraiment
06:04 indescriptible, et ensuite ce partage avec tous les gens qui aussi comprennent ce que cette
06:10 découverte veut dire. Alors, il faut savoir que la science souffre de beaucoup de stéréotypes,
06:19 notamment en science. Enfin moi comment je l'imaginais, surtout ici, c'est quelque chose de
06:25 très sérieux. On remplit des cases, on est voilà, quelque chose de très sérieux, et souvent pour, on
06:31 va dire, des vieux hommes blancs avec des cheveux blancs, voilà, c'est ça qu'on a en tête, alors
06:36 que pas du tout. Et surtout, il y a plein de possibilités de travailler dans les sciences,
06:42 c'est-à-dire qu'on n'est pas tous... on peut viser de devenir, je sais pas, Marie Curie, mais il y a
06:47 aussi plein d'autres choses à faire dans ce domaine. Et c'est beaucoup, beaucoup plus varié, et il y a
06:52 beaucoup plus de possibilités que ce qu'on pense. Pour des gens hyper-créatifs, pour des gens au
06:57 contraire qui sont hyper, on va dire, sérieux et qui aiment faire les choses dans un ordre très précis,
07:02 tout est possible. Et je pense que ce qui fait que ce métier est fabuleux, c'est justement le fait
07:08 qu'on va quand même beaucoup travailler en équipe, et aussi aller vers des choses que
07:14 personne d'autre ne fait, et quand même aussi se sentir utile. Enfin moi, j'étais déjà convaincue
07:19 que mon métier était utile, mais après la crise qu'on est en train de traverser encore aujourd'hui,
07:24 j'avoue que tous les jours, en me disant qu'il faut travailler pour essayer d'améliorer nos
07:27 connaissances sur tout ce qui est le vivant, et moi dans mon cas sur les virus des bactéries,
07:31 je n'en vois que plus l'utilité. Et du coup, ça veut dire que dans ces domaines, on a besoin
07:36 de absolument tous les talents, et les talents sont répartis sur tout le monde, donc il n'y a
07:41 pas de raison de ne pas essayer.
07:44 [Musique]