Fonds Marianne : "Marlène Schiappa s'est largement défaussée"

  • l’année dernière
"Marlène Schiappa s'est largement défaussée. La stratégie de ce fonds m'échappe. La mémoire de Samuel Paty ne mérite pas d'être salie. Le comportement qu'elle a eu pendant l'audition est éloigné de l'ambition qu'elle disait porter" rapporte Jean-François Husson, sénateur (LR) de la Meurthe-et-Moselle, rapporteur général de la commission des finances.

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Transcript
00:00 – Bonjour Jean-François Huisson. – Bonjour.
00:01 – Merci beaucoup de nous accompagner durant cette première demi-heure.
00:03 Vous êtes sénateur Les Républicains de la Meurthe et Moselle,
00:05 rapporteur général du budget et rapporteur de la commission d'enquête sur le fonds Marianne,
00:09 dont on va évidemment longuement parler dans quelques instants.
00:12 Mais d'abord un mot du budget, plusieurs actualités ce matin.
00:15 D'abord dans un entretien à la Tribune, Geoffroy Roudbézieux,
00:18 le patron du MEDEF, se montre assez alarmiste.
00:20 Il dit "Nous allons vers un ralentissement de l'économie assez net.
00:23 La France ne sera pas en récession mais certains signaux montrent qu'on s'en approche".
00:27 Vous partagez ses propos ?
00:29 – Oui, d'ailleurs j'ai lu également que le ministre de l'économie Bruno Le Maire
00:35 annonce un ralentissement de la croissance.
00:37 Il a revu à la baisse les chiffres.
00:40 De toute façon en économie il n'y a pas de miracle.
00:42 À la fois il y a une interdépendance de nos économies par les échanges mondiaux
00:47 mais vous êtes d'autant plus en bonne santé que vous avez vos indicateurs,
00:53 nationaux notamment, au vert.
00:56 Ça n'est pas le cas de la France.
00:59 On a, je dirais, un niveau de dépense publique très important,
01:03 on a un niveau d'impôt qui est très élevé
01:06 et on est en déficit préoccupant du commerce extérieur.
01:12 Et quand dans le même temps vous avez une remontée des taux d'intérêt,
01:18 fatalement on va se retrouver dans un temps de difficultés économiques.
01:23 – Donc avec un risque de récession ?
01:25 – Il ne faut pas le souhaiter.
01:28 – Mais vous ne l'excruez pas ?
01:29 – On ne peut rien exclure parce qu'on le voit,
01:32 la prévision, on a des indicateurs qui normalement devraient nous mettre à l'abri
01:38 mais il suffit parfois de peu de choses.
01:41 Il y a le moral évidemment et la confiance à la fois des entreprises
01:46 mais aussi du pays.
01:47 Et donc il faut arriver aujourd'hui à remobiliser les Français
01:53 pour donner un coup de collier supplémentaire et consentir à des efforts
01:58 mais il ne nous a pas échappé que le climat dans lequel nous sommes aujourd'hui,
02:03 post-retraite, n'est pas le climat le plus favorable.
02:08 – Vous préparez le budget 2024, le ministre des Finances, Gabriel Attal,
02:13 le ministre des Comptes publics le prépare aussi, Gérard Larcher,
02:15 ce matin dans un entretien à l'AFP, il dit que la période budgétaire
02:19 va être difficile car il y a un risque d'accidentologie pour l'exécutif
02:23 et il n'exclut pas une censure si le budget ne s'emploie pas
02:28 à redresser les finances publiques.
02:29 Les Républicains iront jusque-là ?
02:32 – Je ne suis pas à l'Assemblée nationale mais je crois que…
02:35 – Gérard Larcher non plus mais ça ne l'empêche pas de le dire.
02:37 – Non mais bien sûr, mais premier élément, je pense que nous avons,
02:41 je le dis, des comptes très dégradés.
02:44 Et l'an passé, le ministre de l'Économie avait annoncé un budget à l'euro près,
02:51 allant, améliorant, enfin dépensant davantage et demandant au Parlement
02:55 de réduire la voilure. Zéro pointé sur la copie, il n'y a eu aucune économie.
03:00 Et on est cette année dans un nouveau duo assez surprenant.
03:05 Le ministre de l'Économie explique qu'il va falloir serrer la vis.
03:08 La première ministre demande à chacun de ses ministres
03:12 de réduire de 5% un nouveau phénomène de rabot.
03:16 Et pendant ce temps, le Premier ministre, à chacune de ses sorties,
03:20 annonce des milliards de dépenses supplémentaires.
03:23 C'est incohérent, il n'y a pas d'argent facile, il n'y a pas d'argent magique.
03:27 Il faut de l'argent efficace pour redresser la situation de la France.
03:31 C'est cet impératif.
03:33 Je pense qu'on peut amener les Français sur cet objectif.
03:36 Mais pour ça, il faut de la cohérence, il faut de la convergence
03:39 et il faut se mettre réellement au travail.
03:42 – Mais qu'est-ce qu'il faut qu'il y ait dans le budget pour vous satisfaire ?
03:45 – Il faut d'abord définir des priorités et effectivement,
03:48 il faut alléger le fardeau de la dette.
03:51 – Mais comment ? Parce que le chef de l'État,
03:53 il parle de nouvelles baisses d'impôts pour les classes moyennes
03:55 d'ici la fin du quinquennat, il faut y renoncer ?
03:57 – Attendez, le chef de l'État, il fait beaucoup d'annonces,
04:00 souvent pas celui qui est fait.
04:02 Et peut-être que certaines des baisses d'impôts qu'il annonce
04:06 n'interviendront jamais, y compris avant 2027,
04:09 puisque j'ai bien compris que la perspective, la fenêtre de tir,
04:12 ce serait dans la dernière année de son mandat,
04:14 du deuxième mandat présidentiel.
04:16 Je pense que le sujet est suffisamment sérieux
04:18 pour ne pas abuser d'annonces non suivies de l'endemain heureux.
04:25 – On va parler de la commission d'enquête sénatoriale sur le fonds Marianne,
04:28 puisque vous en êtes le rapporteur.
04:30 Hier, vous avez auditionné deux ministres,
04:31 dont la très attendue Marlène Schiappa, à l'origine de la création de ce fonds.
04:35 On va voir les temps-formes de cette audition avec Audrey Vuétaze.
04:39 [Générique]
04:46 Bonjour Audrey. – Bonjour.
04:47 – Et Audrey, la commission d'enquête sénatoriale sur le fonds Marianne
04:50 auditionnait donc hier l'ancienne ministre chargée de la citoyenneté,
04:53 Marlène Schiappa, une audition très attendue,
04:55 parce que c'est elle qui est à l'origine de ce fonds
04:57 lancé après l'assassinat de Samuel Paty.
04:59 Alors, qu'est-ce qu'on peut retenir de cette audition ?
05:00 – Eh bien, après plus de trois heures d'audition,
05:03 la ministre semble avoir joué la carte de l'évitement.
05:06 D'après elle, elle aurait lancé le fonds, certes,
05:08 mais elle se serait ensuite rapidement éloignée
05:10 pour laisser son cabinet et l'administration gérer les appels à projets
05:15 et la sélection des lauréats.
05:16 Voilà pour sa position, sauf qu'au fil des auditions,
05:19 on se rend compte que la ministre est intervenue.
05:22 Petit rappel des faits sur l'un des points.
05:25 Parmi les lauréats fléchés par le comité de sélection,
05:28 on trouve l'association SOS Racisme.
05:30 Dans un premier temps, elle obtient une promesse de 100 000 euros.
05:33 À ce moment-là, le cabinet de Marlène Schiappa demande
05:36 à ce qu'on temporise un peu et que ce soit acté par la ministre,
05:39 car elle aurait, d'après son directeur de cabinet,
05:42 un passif avec le président de SOS Racisme.
05:45 Je vous propose, pour mieux comprendre,
05:46 d'écouter un extrait de l'audition du préfet Jallet, son directeur de cabinet.
05:50 C'était la semaine dernière, sous serment,
05:52 suivi hier de la réponse de Marlène Schiappa, sous serment elle aussi.
05:56 Nous avons sur cette association une réserve de la ministre,
06:02 en raison d'un historique de relations assez ancien,
06:07 donc qui a bien eu, sur les décisions arrêtées en comité de sélection,
06:12 pour l'un de ses lauréats, une infirmation par la ministre.
06:17 Mon ancien directeur de cabinet fait état de relations personnelles,
06:21 de désaccords personnels que j'aurais avec monsieur le président de SOS Racisme.
06:26 Je n'ai pas, là non plus, on me prête beaucoup de relations personnelles,
06:29 mais je n'ai pas de relations personnelles ni de désaccords personnels,
06:32 anciens ou récents, avec monsieur le président de SOS Racisme.
06:36 – Son directeur de cabinet aurait donc mal compris d'après elle.
06:40 Elle ajoute aussi que si elle n'a pas octroyé les 100 000 euros à l'association,
06:43 c'est parce qu'elle a considéré que l'offre de SOS Racisme
06:46 ne répondait pas complètement à l'appel à projet,
06:48 même si le comité de sélection en avait décidé autrement précédemment.
06:53 Autre moment un peu cocasse que j'ai choisi,
06:55 mais qui résume bien finalement la tonalité de l'audition.
06:58 Avant d'expliquer pourquoi elle n'avait pas octroyé la subvention,
07:00 Marianne Schiappa a concédé ne pas se souvenir de certains détails à cette période.
07:04 Ça a donné lieu à une réponse un peu ironique du président Claude Reynaud.
07:08 On les écoute tous les deux.
07:10 – Je n'avais aucun souvenir du fait qu'il y ait eu des discussions
07:13 sur SOS Racisme dans le cadre du fonds Marianne.
07:16 Aujourd'hui, d'après ce qu'on me dit, d'après ce que je retrouve dans les échanges…
07:21 – Ce qu'on vous dit madame, c'est ce que vous savez quand même,
07:23 vous n'oubliez pas tout de votre vie quand même.
07:26 – Ça peut prêter à sourire, mais finalement ça résume bien l'audition.
07:29 La ministre semble s'être désintéressée de ce sujet du fonds Marianne.
07:35 Monsieur Huchon, une réaction ?
07:36 – Je pense qu'elle s'est largement défaussée.
07:39 Effectivement, ces extraits sont assez révélateurs d'une stratégie qui m'échappe.
07:48 Je veux peut-être resituer la naissance du fonds Marianne,
07:53 l'assassinat avec un acte de barbarie innommable de Samuel Paty,
07:58 le pays et moi est saisi par l'effroi,
08:02 une cérémonie en hommage à laquelle je participais dans la cour de la Sorbonne
08:10 où il y avait une émotion très forte et une responsabilité encore plus forte.
08:16 Assez fidèle à elle-même, elle met en scène avec un fonds Marianne,
08:22 allégorie de la République, avec un lancement, je dirais, très médiatique.
08:28 Et puis finalement, quand on regarde aujourd'hui
08:33 le déroulement de la procédure, l'organisation, elle s'est comme envolée.
08:39 Elle ne participe à rien, elle regarde de loin,
08:42 elle ne s'occupe de rien, ni avant, surtout où elle ne connaît personne.
08:47 Lorsque le fonds Marianne est accéléré pour qu'il en soit décidé,
08:51 sélectionné en trois semaines, surtout elle reste à distance.
08:54 Vous comprenez bien, je sais de faire la synthèse de ce que nous avons entendu hier.
09:01 Et puis à l'issue, pas davantage.
09:04 Et même après, il n'y a plus de suivi, il n'y a plus de communication.
09:08 Et deux ans après, elle essaie de retrouver dans ses souvenirs, dans quelques notes.
09:14 Elle a une activité tellement intense que tout ça, lui, a un peu échappé.
09:20 Je pense que la mémoire de Samuel Paty ne mérite pas d'être salie.
09:26 Nous avons un devoir et une exigence de dignité et d'éthique.
09:31 - Qu'elle n'a pas, Marianne Schiappa ?
09:33 Elle a manqué de dignité, hier, vous trouvez, pendant cette audition ?
09:36 - Je pense que le comportement qu'elle a eu lors de l'audition
09:41 était éloigné de l'ambition qu'elle disait porter.
09:45 Je pense que c'est évidemment dur, c'est cruel, mais c'est ce que je ressens.
09:52 Et je pense que c'est aussi ce qui apparaît cruellement,
09:56 au-delà des dysfonctionnements, de la légèreté d'une maille très lâche
10:03 sur le suivi de la mise en œuvre de ce projet,
10:09 qui cherchait à utiliser intelligemment le réseau associatif
10:16 pour combattre les discours séparatistes.
10:19 - Mais comment vous l'avez compris, cette ligne de défense ?
10:21 Est-ce que vous avez senti chez elle une volonté d'en dire le moins possible,
10:24 de donner le moins de prises possibles en vue d'éventuels poursuites judiciaires,
10:27 puisqu'une enquête est ouverte ?
10:28 - On est une commission d'enquête, donc on se garde bien, on l'a dit,
10:34 j'ai d'ailleurs rappelé les trois procédures, parce que je crois qu'il ne faut pas mélanger.
10:38 On est dans un pouvoir de contrôle de l'action du gouvernement.
10:42 On essaie de s'y tenir et la stratégie d'évitement permanent, de défause,
10:47 de ne jamais répondre aux questions que je pourrais considérer aujourd'hui
10:52 comme embarrassantes sur des déroulés, des faits chronologiques
10:56 qu'elle n'a jamais contesté, qu'elle a refusé de reconnaître
10:59 en disant "je n'ai pas le même avis".
11:01 À ce moment-là, elle donne son avis, elle explique,
11:04 il y a une erreur ici, il y a une erreur là, ça n'a jamais été le cas.
11:08 - Elle dit s'éloigner en même temps à l'arbitre sur l'affaire,
11:13 peut-être pas affaire, mais en tout cas sur le sujet SOS Racisme,
11:15 quel regard vous portez là-dessus ?
11:17 - Si vous voulez, c'est confondant de contradiction.
11:23 Finalement, c'est dans le droit fil de son propos introductif
11:27 lorsqu'elle utilise les mêmes mots que le rapport
11:31 de l'inspection générale de l'administration,
11:33 manque de transparence, manque d'équité, enfin c'est manque et absence.
11:38 Je lui dis donc c'est un aveu et là, imperturbable, elle répond pas du tout.
11:43 Mais écoutez, les deux mêmes mots utilisés de la même manière,
11:46 avec le même sens, cherchez l'erreur.
11:50 - Audrey, il a été aussi question pendant cette audition
11:52 des fonds octroyés à l'association de Mohamed Sifawi,
11:55 la première bénéficiaire de ce prix par lien avec 355 000 euros.
11:58 - Oui, et tout part d'un mail dont se félicite d'abord la ministre.
12:01 D'après elle, autour du 20 avril 2021, elle aurait fait part de sa stupeur
12:07 concernant le montant alloué à l'association de Mohamed Sifawi
12:10 qu'elle a affirmé pendant votre audition ne connaître d'aucune manière.
12:14 Je vous propose de l'écouter sur ces deux sujets.
12:16 - Je n'ai aucune relation personnelle d'aucune sorte avec M. Sifawi
12:21 et je n'en ai jamais eu.
12:23 Je ne suis pas, avec M. Sifawi, membre de mêmes organisations.
12:28 J'ai des membres de mon cabinet qui reçoivent M. Sifawi à une reprise
12:32 lorsqu'il présente un projet.
12:34 Et c'est à cette occasion que mon cabinet m'adresse un mail.
12:37 C'est la seule trace écrite que j'ai relative à un rendez-vous
12:41 entre des membres de mon cabinet et M. Sifawi.
12:44 Et dans ce mail, il m'explique ce projet.
12:47 C'est à ce mail d'alors que je réponds, puisqu'il me détaille les montants du projet.
12:52 Et je réponds, pardon pour la familiarité, mais c'est un échange qui a évocation
12:55 à ce moment-là, personnelle.
12:57 Je réponds ceci, 300 KE d'argent de l'État pour ce projet, ça me paraît énormissime.
13:04 - Sauf que ce mail, qu'elle date du 20 avril, vous la reprenez à ce moment-là
13:07 parce qu'il a été envoyé en réalité le 6 avril,
13:10 quelques jours avant même le dépôt de dossier de l'association
13:13 et le comité de décision qui interviendra le 13 avril.
13:17 On se rend compte que des arbitrages ont commencé avant même l'envoi
13:20 et l'analyse des dossiers.
13:21 Alors M. Husson, est-ce que comme l'inspection générale de l'administration,
13:24 vous trouvez que les conditions d'attribution du fonds Marianne
13:27 n'ont été ni transparentes ni équitables ?
13:29 - Ça paraît clairement.
13:32 L'exemple que vous donnez, effectivement, c'est un mail du 6 avril.
13:35 Le 13 avril, ce n'est pas un comité de décision, c'est un comité de programmation.
13:39 Mais ce n'est pas grave.
13:40 Et l'histoire finit de toute façon à 355 000.
13:44 Donc, ce qui est énormissime, sous-entendu,
13:48 "circuler, il n'y a rien à voir, il faut faire autrement",
13:50 finit à 355 000 sans sourcier des yeux.
13:55 C'est juste de la contradiction permanente.
13:59 Et c'est pour moi grave parce que ça donne ou ça conforte
14:06 celles et ceux qui ne croient plus à certaines valeurs de la République.
14:10 On est sur un engagement, je le rappelle, un engagement fort,
14:13 une ambition de combat contre le séparatisme,
14:16 de travailler avec le monde associatif sur un sujet délicat,
14:22 sur lequel, pardon, pour la première fois,
14:25 moi, je touche les choses de près.
14:26 Donc, on comprend la difficulté de mener ce combat.
14:30 Et tout ça est balayé d'un verre de main par des légèretés,
14:33 par même des, je dirais, à ce stade, une absence de vérité.
14:39 On ne reconnaît aucune erreur, pas de faute.
14:43 Écoutez, pour moi, c'est inconcevable.
14:48 Il y a une espèce de déni, puisque je l'ai dit,
14:51 chaque fois, c'est du contournement, de la défausse.
14:54 Ce n'est pas moi, c'est le comité de sélection.
14:56 Dans le comité de sélection, il y a juste trois membres de son cabinet.
14:59 "Ah mais mon cabinet, c'est mon cabinet."
15:01 Enfin, c'est juste, c'est pitoyable.
15:04 – Parmi les manquements que vous avez relevés aussi,
15:05 c'est le manque de suivi, finalement, à la fin,
15:07 on n'a qu'une feuille Excel avec le nom des associations retenues,
15:11 les montants qui leur sont alloués,
15:12 pas de bilan pour une demande de subvention.
15:15 – Il n'y a pas de bilan, ça n'est même pas renseigné en termes de méthode,
15:19 pour quelle raison on attribue tel ou tel montant.
15:21 Et puis après, normalement, il y avait un suivi qui était prévu.
15:24 Tout ça est fait de manière, je l'ai dit, très lâche, très léger.
15:29 – Ça veut dire que vous, là, parce que vous avez commencé vos travaux
15:32 il y a quand même quelques semaines, vous ne savez pas,
15:34 vous n'arrivez pas à voir à quoi ont servi ces fonds,
15:36 qu'ont produit les associations bénéficiaires ?
15:39 – Si, si, on en a auditionné, donc on a des éléments de bilan,
15:44 il y en a qui ont très bien travaillé.
15:46 On a fait des auditions, il y a des productions, je dirais,
15:50 de qualité où on comprend, on mesure le travail qui est fait.
15:55 La difficulté, et ça, on aurait pu le comprendre.
15:57 – C'est le cas de l'association de Mohamed Sifawi, par exemple ?
15:59 – Ah non, là, vous avez bien vu, lors de l'audition,
16:03 il y a énormément, enfin, c'est même plus de la légèreté,
16:07 il y a quasiment une absence de production,
16:09 une fois par semaine, des contenus très légers.
16:13 C'est pour ça que c'est préoccupant, parce que ça met en difficulté
16:17 le gouvernement et la ministre, je le redis, par rapport à l'annonce.
16:22 On est normalement dans une stratégie de combat,
16:27 ce qui est institutionnel, et puis là, avec le réseau associatif
16:31 pour essayer de pénétrer et de combattre les jeunes,
16:35 notamment par la voie des réseaux sociaux.
16:37 Et donc, annoncer pour ne pas faire, c'est à la fois salir la mémoire,
16:43 mais ce n'est pas être à la hauteur de la responsabilité ministérielle
16:47 et des équipes qui doivent, au contraire, montrer l'exemple
16:51 pour donner le meilleur d'elles-mêmes en s'appuyant sur les associations.
16:55 C'est un pari, et je pense que le pari, il est chargé aujourd'hui d'amertume,
16:59 c'est le moins qu'on puisse dire pour celles et ceux qui ont pu croire,
17:03 ou croient encore, à la nécessité de ce combat.
17:06 – Le président Claude Reynald dit que c'est un fiasco, c'est votre avis aussi ?
17:09 – Oui, je pense qu'on utilisera différents mots, certainement dont celui-ci, mais moi je…
17:15 – C'est quoi le vôtre ? Est-ce que vous seriez chouque à parler d'un scandale d'État ?
17:19 – Écoutez, c'est difficile à dire, moi je place d'abord,
17:23 enfin excusez-moi, mais au-dessus de tout ça,
17:26 je place le combat pour les valeurs et qui a été sali, la promesse n'est pas tenue,
17:35 et ça a un côté…
17:38 je ne vais pas être… voilà, je n'utiliserai pas le mot que j'ai à la bouche
17:43 parce qu'il est vulgaire et je pense qu'il faut vraiment rester
17:49 à la hauteur de la promesse qu'on a faite,
17:53 et je pense qu'il faut s'employer à la tenir, remettre l'ouvrage sur le métier,
17:57 c'est-à-dire se remettre au combat, parce qu'une des conclusions
18:02 que je tire à titre personnel à cet instant, c'est qu'on n'a pas réussi,
18:06 en fait il n'y a que quelques associations, c'est un combat qu'il faut mener
18:10 sur le territoire national, mais certainement également au-delà,
18:15 – Sur la lutte contre ces paradis.
18:16 – Oui bien sûr, avec les réseaux sociaux, donc il va falloir changer de modèle,
18:23 être beaucoup plus ambitieux, mettre des moyens,
18:26 parce qu'il faut envoyer un signal à ceux qui nous veulent du mal,
18:31 à ceux qui veulent mettre à bas notre République de manière pernicieuse,
18:36 et on ne peut pas laisser faire des choses comme ça sur le territoire national,
18:39 c'est une question de fierté et aussi de souveraineté.
18:43 – Vous avez entendu Marlène Schiappa pendant un peu plus de trois heures hier,
18:45 est-ce qu'au vu de cette audition elle peut rester en poste aujourd'hui ?
18:49 – C'est une décision qui appartient au Premier Ministre,
18:52 chacun dans son rôle.
18:54 – Mais vous, qu'est-ce que vous en dites ?
18:57 Vous n'avez pas le pouvoir de décision évidemment, mais qu'est-ce que vous en dites ?
19:01 – Je veux… comment dirais-je ? Je pense que Marlène Schiappa…
19:05 – On a l'impression dans vos propos que vous trouvez qu'elle a quelque part abîmé la République,
19:08 est-ce que du coup elle peut rester en poste ?
19:10 – La question, je vais vous dire, c'est aussi d'une certaine manière
19:14 une question personnelle pour elle et de dignité,
19:18 y compris de la responsabilité qu'elle a acceptée,
19:21 je pense que c'est elle de bien regarder face à sa conscience
19:27 et d'en tirer certains enseignements.
19:30 – Vous auditionnez Mohamed Sifawi ce matin,
19:32 est-ce qu'il y a d'autres auditions de prévues ?
19:34 – On est plutôt dans la phase finale, on a trois mois maximum
19:42 et de toute façon on avait comme objectif que pour au plus tard à la mi-juillet
19:47 nous rendions notre rapport définitif.
19:51 – On suivra évidemment vos travaux Jean-François Huisson,
19:54 on va continuer avec vous, on va remercier Audrey, à tout à l'heure ?
19:56 – À tout à l'heure, on va parler d'un tout autre sujet, les Jeux Olympiques Paris 2024,
20:00 et on va jouer. – On va jouer, Audrey, à tout à l'heure,
20:01 ce sera à suivre dans le club, on va voir l'actualité dans votre département,
20:04 pour terminer Jean-François Huisson, on va à Nancy, on retrouve Mickaël Demault,
20:08 bonjour, merci beaucoup d'être avec nous Mickaël,
20:10 directeur départemental de la Meurthe et Moselle.
20:13 Pour l'Est républicain, on va parler d'un tout autre sujet,
20:16 c'est cette inquiétude après l'incendie qui a touché le département des Vosges
20:20 et qui a ravagé 30 hectares, est-ce que la Meurthe et Moselle est aussi menacée ?
20:24 – Oui, bonjour, la Meurthe et Moselle est menacée
20:26 puisque la Meurthe et Moselle est en alerte orange depuis le début de la semaine.
20:30 Alors ma question, M. le sénateur, elle est simple,
20:33 est-ce que nous sommes prêts à affronter cet été qui s'annonce déjà dangereux ?
20:37 Et est-ce que les pompiers ont les moyens d'affronter les semaines qui viennent ?
20:43 – Alors je pense, d'abord bonjour Mickaël Demault,
20:47 la Lorraine et le nord de la Loire connaît une météo plutôt inversée
20:54 puisque nous sommes dans des phases de forte chaleur
20:57 alors qu'on n'est même pas au début de l'été, ce qui est assez inhabituel.
21:03 Et pour répondre à vos questions, oui,
21:05 je pense qu'en tous les cas les équipes des pompiers dans les départements
21:12 mettent en œuvre beaucoup de moyens, se préparent,
21:16 puisque ça ne vous a pas échappé,
21:18 les sapeurs-pompiers dans les centres départementaux d'incendie et de secours
21:23 se préparent au combat de sécheresse et d'incendie d'été.
21:28 Ils apportent d'ailleurs, souvent, jusqu'à maintenant,
21:33 les équipes qui sont au nord de la Loire viennent en renfort,
21:36 là où il y a des incendies, et jusqu'à maintenant c'est plutôt au sud de la Loire,
21:41 des formations spécifiques sont conduites,
21:43 des moyens supplémentaires sont déployés
21:45 parce que nous sentons bien venir des besoins nouveaux
21:49 et malheureusement l'incendie de forêt qui vient de se produire dans les Vosges
21:53 en est l'illustration.
21:55 – À lire également, Mikaël, aujourd'hui dans l'Est républicain,
21:58 c'est d'ailleurs votre une,
21:59 et un dossier sur le renouvellement des papiers d'identité
22:01 qui devient un véritable cassette, particulièrement pour les petites communes.
22:05 – Oui, c'est vraiment un des sujets du moment dans les territoires.
22:09 – Alors selon le maire de Blamont, que vous connaissez M. le sénateur,
22:13 il y a 10 millions de titres à produire en ce moment,
22:16 mais seulement 2 750 mairies équipées actuellement en France,
22:20 est-ce qu'il va pas falloir revoir un peu l'organisation ?
22:24 Parce que vraiment ça coince en ce moment.
22:26 – Alors si, et je vais vous dire, ça me met en colère.
22:30 J'ai interpellé par une question écrite en avril 2022 Bruno Le Maire,
22:34 je n'ai peu de réponses.
22:35 J'ai obtenu à la fin de la discussion budgétaire de décembre dernier,
22:40 des moyens supplémentaires accordés aux collectivités
22:44 pour pouvoir répondre mieux encore à un service,
22:49 je le dis, qui relève de la responsabilité de l'État
22:51 et qui a été transféré aux communes sans mettre les moyens correspondants.
22:55 Et je vais même vous dire plus loin.
22:58 Aujourd'hui, la première ministre va annoncer
23:01 un certain nombre de dispositifs de France ruralité.
23:04 – Écoutez, ce n'est pas Radio Nostalgie que j'écoute,
23:07 mais je vais vous donner quelques éléments.
23:08 Premièrement, il fut un temps pas si lointain
23:11 où quand vous habitiez la plus petite commune
23:12 de 3 habitants de mon département,
23:14 vous alliez en mairie, vous donniez vos papiers,
23:16 un mois après vous aviez vos papiers d'identité.
23:18 Aujourd'hui on a numérisé, au début de la numérisation,
23:22 parce que j'ai refait le point avec l'initiateur du dispositif
23:25 il y a peu de temps, en moins d'une semaine,
23:28 vous aviez votre nouveau titre numérisé.
23:31 Donc on a perdu sur toute la ligne.
23:33 On a dégradé la qualité de service en réduisant la proximité,
23:36 en mettant des contraintes et en désorganisant les services publics.
23:41 Tout le monde est mécontent.
23:42 Les demandeurs, le coût pour les mairies,
23:45 l'État qui n'est pas à la hauteur.
23:47 On a une chaîne d'organisation qui finalement est un empilement,
23:51 c'est un espèce de labyrinthe qui ralentit l'efficacité du service.
23:56 Il faut simplifier, il faut retrouver une ligne directe.
24:01 Le pari qu'on devrait faire c'est de revenir au début et de dire
24:04 le document est prêt, 8 jours après je l'ai à la maison,
24:08 ou en tous les cas je vais le rechercher à la mairie.
24:10 C'est ça qu'on doit rechercher.
24:11 Et dans les territoires ruraux aujourd'hui,
24:13 ça participe avec la dégradation d'un certain nombre de services,
24:17 avec des qualités de route qui ne sont plus les mêmes,
24:20 avec des services qui ne sont pas plus toujours aussi accessibles,
24:23 à un sentiment de déclassement.
24:25 Et moi qui suis originaire d'un village de 50 habitants,
24:28 je n'oublie pas cette responsabilité qui est d'offrir
24:31 une qualité de service la meilleure possible à tous les habitants
24:35 de tous les territoires de notre beau pays de France.
24:38 – Merci Michael d'avoir été avec nous,
24:40 et c'est la une de l'Est républicain, on le disait, papier d'identité,
24:43 patience et il en faut effectivement.
24:45 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin Michael,
24:47 et merci Jean-François Husson d'avoir été notre invité
24:50 pendant cette première demi-heure.
24:51 Dans 20 minutes dans le Club des territoires,
24:53 on parlera des Jeux Olympiques 2024.
24:55 La France est-elle prête alors que les inquiétudes sont là
24:57 sur le coût de l'événement et sur la sécurité
24:59 pour les athlètes et les spectateurs ?
25:01 On va en débattre dans 20 minutes.
25:03 D'abord on accueille notre prochaine invitée, c'est Bruno Retaillez.
25:05 [Musique]

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