Gilles Artigues est l'invité de TL7

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00:00 Cette interview a été enregistrée ce jeudi en fin de journée, juste avant la diffusion de l'enquête prévue ce soir sur le service public
00:08 consacrée à l'affaire du chantage présumé à la vidéo intime à Saint-Etienne.
00:12 Bienvenue sur TL7, bienvenue Gilles Hartig.
00:15 Vous êtes l'ancien premier adjoint du maire de Saint-Etienne Gaël Perdriot et pour résumer vous êtes la victime dans cette affaire
00:21 de chantage présumé qui secoue la ville depuis le 26 août dernier dans laquelle quatre personnes sont mises en examen
00:28 dont le maire de Saint-Etienne. Pourquoi vous sortez du silence cette semaine ?
00:32 Oh tout simplement parce que de nombreux médias m'avaient demandé de m'exprimer,
00:37 que j'avais toujours dit que je ne le ferais que lorsque
00:41 l'enquête aurait avancé, qu'il y aurait eu des choses de posées.
00:46 C'est le cas maintenant puisqu'il y a eu des gardes à vue, des mises en examen et que mon statut de victime
00:52 est maintenant avéré.
00:54 On est dix mois à peu près après la révélation de l'affaire par Mediapart, ça fait déjà plusieurs semaines qu'on connaît les mises en examen.
01:02 Pourquoi vous avez choisi cette semaine ? Il y a eu un reportage sur Mediapart lundi, ce soir une enquête sur France Télévisions.
01:08 C'est votre retour cette semaine ?
01:10 Je souhaitais que mes interventions au niveau national et local se fassent en même temps.
01:15 Il a fallu aussi
01:18 du temps parce qu'au début j'étais en état de choc, je le suis toujours,
01:23 mais je suis arrivé, en me faisant accompagner,
01:26 à mettre des mots sur ce qui m'était arrivé. Et puis j'entends des choses parfois horribles qui sont dites,
01:33 des
01:35 désinformations, des méchancetés et je voulais aussi y répondre.
01:39 Huit ans de chantage, c'est ce que vous dites, ça a duré huit ans. Comment on tient pendant huit ans ?
01:46 Eh bien
01:48 on tient avec difficulté. Il y a des moments de grand désespoir puisque, comme vous le savez,
01:54 j'ai envisagé de mettre fin à mes jours face à ce harcèlement, cette torture morale. Je ne voyais pas d'issue.
02:02 Et c'est ce qui m'a poussé à enregistrer ces conversations terribles
02:08 pour pouvoir montrer à ma famille si je commettais un acte irréparable
02:13 ce que je subissais. Donc ça a été vraiment
02:18 un enfer pendant tout ce temps. Et vous n'en avez parlé à personne ? Non, je n'en ai parlé à personne parce que je considérais qu'on
02:25 ne me croirait pas.
02:27 J'étais sous une emprise terrible, c'était d'une grande violence. D'ailleurs, je pense que vous l'avez entendu
02:32 justement dans les enregistrements,
02:35 puisqu'on s'est attaqué à mes enfants,
02:37 on voulait qu'ils soient harcelés. Alors je sais que la politique c'est parfois rude,
02:42 mais là on a quand même voulu détruire une personne, une famille et ça dépasse tout l'entendement.
02:48 Votre famille apparaît à vos côtés dans les reportages, ils ont été
02:53 d'un grand soutien depuis le mois d'août ? Oui bien sûr, mon épouse, mes quatre enfants
02:58 ont tout appris quelques jours avant la diffusion, le 22 août très précisément.
03:04 Quel mot avez-vous choisi pour leur expliquer ce qui allait se passer ?
03:07 Je leur ai dit tout simplement qu'il y avait quelque chose d'important que je devais leur dire.
03:12 Et ils m'ont évidemment tout de suite cru, ils m'ont dit
03:17 qu'ils allaient se battre à mes côtés, qu'il fallait qu'on ne se laisse pas faire et qu'on allait tous être solidaires.
03:24 Par contre c'est vrai qu'ils m'ont reproché de ne pas leur en avoir parlé plus tôt.
03:28 Pour justifier votre présence sur les vidéos qui ont été publiées par Mediapart,
03:32 vous dites qu'on vous a fait boire. Au mois d'août, vous pensiez avoir été drogué, qu'est-ce qu'il en est ?
03:39 Eh bien effectivement j'ai été piégé, c'est un guet-apens terrible qui m'a été tendu.
03:45 Lorsque je suis entré dans la chambre d'hôtel pour rejoindre mon collègue Samy Kéfi-Jérôme,
03:51 puisqu'on devait... - Un des quatre protagonistes.
03:54 - Oui, on devait aller dîner, nous étions à Paris après une réunion pour la mairie de Saint-Etienne,
03:58 et il m'a demandé d'entrer, il m'a dit qu'il avait un ami qu'il connaissait sur Paris
04:03 et je ne me suis pas méfié parce que Samy Kéfi-Jérôme avait su gagner ma confiance aussi,
04:09 celle de ma famille pendant quelques années,
04:11 et
04:13 au cours de cette discussion que j'ai eue avec cette personne,
04:16 on m'a fait boire plusieurs verres, et c'est vrai que j'ai pas trop l'habitude de boire,
04:22 et à partir de là je ne me souviens plus de rien.
04:24 - Est-ce qu'on vous a drogué ?
04:26 - Je ne sais pas, je ne pourrais pas le prouver si vous voulez, mais
04:30 quand j'ai revu les images qui m'ont été données par le juge,
04:34 je vois bien que je ne suis pas dans mon état normal, que j'agis comme un automate, que ma voix
04:40 est aussi un peu bizarre, donc je ne pourrais jamais le prouver,
04:45 mais j'ai de sérieux doutes.
04:47 - Alors une enquête est en cours, je le disais, quatre personnes sont mises en examen,
04:50 pour vous Gilles Arthégue, est-ce qu'il y a un responsable quand même ?
04:52 - C'est l'enquête qui le dira,
04:54 la question qui doit se poser c'est qui est le commanditaire,
04:57 moi je sais ce que chacune des personnes a pu faire,
05:00 je sais que lorsque Samy Kéfigéro m'a piégé, tout de suite je suis allé voir Gaël Perdriot
05:06 pour lui expliquer les choses, qu'il m'a écouté mais qu'il n'a rien fait,
05:09 il n'a absolument pas dénoncé les faits, même pire,
05:12 quelques semaines après, alors que nous avions eu un petit différent,
05:16 il m'a dit "tu ne me feras plus jamais ça, tu seras toujours d'accord avec moi,
05:20 sinon je diffuserai les images que tu sais".
05:22 Donc s'agissant de Gaël Perdriot, j'ai compris qu'il ne dénoncerait rien,
05:26 qu'il ne dirait rien contre Samy Kéfigéro mais qu'au contraire,
05:31 il utiliserait ces images pour me nuire
05:35 et ça a été le cas avec son directeur de cabinet pendant toutes ces années,
05:39 dans son bureau, avec des menaces qui étaient tout à fait horribles.
05:44 - Des enregistrements qu'on a entendu publiés sur Mediapart,
05:47 qu'est-ce que vous avez pensé de cet emballement médiatique,
05:50 est-ce que vous vous y attendiez ?
05:51 - Non, je ne m'y attendais pas, c'est vrai que ça a été assez terrible
05:54 pour ma famille et pour moi-même,
05:56 le fait que mon nom soit comme ça jeté en pâture dans toute la France,
06:00 que je sois associé à cette histoire.
06:02 - Vous avez accepté la publication de cette enquête par Mediapart ?
06:06 - Alors j'ai tout fait pour que ça ne soit pas publié
06:08 parce que je n'avais pas envie que ça le soit
06:11 mais quand j'ai vu que de toute façon, il y aurait cette révélation,
06:15 j'ai porté plainte et j'ai accepté avec les conseils de mon avocat,
06:20 l'encouragement de mon épouse, de me battre
06:23 mais ce n'était vraiment pas ma volonté que cette affaire devienne publique.
06:26 Je m'attendais à porter cette histoire jusqu'à la fin de mes jours.
06:30 - Vous êtes toujours élu aujourd'hui à la mairie de Saint-Etienne,
06:32 vous êtes maintenant troisième adjoint en charge des affaires administratives,
06:36 des hommages publics, encore des anciens combattants
06:38 et pourtant depuis le mois d'août, on ne vous a pas vu à la mairie,
06:41 vous avez toujours un salaire de la mairie de Saint-Etienne ?
06:44 - Alors la question s'est posée éventuellement de démissionner
06:48 mais je n'ai pas voulu le faire sous les conseils de mon avocat
06:51 parce que démissionner, ça pouvait laisser supposer
06:55 que je me sentais coupable de quelque chose qui n'est absolument pas le cas.
06:59 J'ai été élu par les Stéphanois
07:02 et ce n'est pas parce que cette histoire est arrivée que je devais fuir.
07:07 Alors je continue mon travail, bien sûr de manière un peu différente,
07:11 je suis de l'ensemble de mes dossiers.
07:14 - Ça veut dire quoi concrètement ?
07:16 Vous travaillez de chez vous, c'est ça ?
07:18 Et vous touchez vos indemnités d'adjoint ?
07:20 - Oui parce que je fais mon travail tout à fait normalement
07:23 et je voudrais dire que si je ne peux pas retourner en mairie,
07:25 particulièrement au conseil municipal,
07:28 c'est parce que les médecins d'une manière très claire m'ont déconseillé
07:32 de revenir face à mon bourreau.
07:34 Et puis depuis quelques temps, il y a aussi une raison beaucoup plus forte
07:38 qui est celle du contrôle judiciaire
07:40 puisque Gaël Perdriot, il l'a caché d'ailleurs à beaucoup de personnes
07:44 mais ça a été révélé, Gaël Perdriot est sous contrôle judiciaire
07:47 avec interdiction d'entrer en contact avec l'ensemble des protagonistes
07:51 dont la victime que je suis,
07:53 ça signifie que nous ne pouvons pas être en même temps,
07:56 ensemble, au même endroit.
07:58 Et puis me retrouver soit au conseil municipal,
08:01 soit au conseil métropolitain,
08:03 dans des débats qui parlent de l'affaire de manière publique,
08:07 on peut comprendre que ça n'est pas possible pour moi.
08:11 Mais mon travail est fait et à partir de ce moment-là,
08:15 il n'y a aucune raison que je ne sois pas pleinement élu.
08:17 La suite, j'ai l'article pour vous, est-ce que la politique s'est terminée ?
08:21 Ça je ne peux pas le dire,
08:23 c'est en tout cas pas ma priorité,
08:26 je ne réfléchis pas à l'avenir politique
08:28 parce qu'il faut que je passe cette épreuve qui est difficile.
08:32 Actuellement c'est l'épreuve de pouvoir parler,
08:34 après on verra ce qu'on pourra faire.
08:37 Mais ce qui m'intéresse plus aujourd'hui,
08:39 c'est que tout ce que j'ai vécu,
08:41 mes souffrances puissent être utiles aux autres
08:44 et c'est la raison pour laquelle je lance une plateforme
08:47 pour recueillir des témoignages
08:49 parce que je sais que dans tous les milieux de pouvoir,
08:53 il y a ce genre de pression,
08:54 que ce soit bien sûr en politique,
08:56 mais aussi dans le milieu économique,
08:57 dans le milieu des médias, le sport, la culture.
09:00 Et je pense que c'est important qu'on puisse venir
09:04 en secours, en accompagnement de ces personnes.
09:07 Peut-être qu'on travaille auprès des parlementaires
09:09 parce que la loi doit évoluer,
09:11 la justice doit être plus sévère, plus rapide.
09:14 Donc vous voulez travailler maintenant auprès des victimes,
09:17 c'est ça, des victimes de chantage ?
09:19 C'est mon nouveau combat et je lance donc une plateforme
09:23 qui s'intitule "Lutte contre le chantage à l'image intime",
09:29 L2C2I.fr.
09:33 Et à partir de là, j'envisagerai peut-être des actions concrètes.
09:36 Elle est ouverte depuis quand cette plateforme ?
09:38 Depuis le jeudi 15 juin.
09:41 Merci beaucoup Gilles Hartig d'avoir accepté de répondre à nos questions.

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