Sandrine Rousseau, député EELV, était l'invitée de franceinfo le 16 juin 2023.
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00:00 - Mercredi, un navire transportant des migrants a fait naufrage au large de la Grèce.
00:04 Hier, Marine Le Pen était à votre place et elle s'en est prise au rôle des ONG, complices des passeurs, selon elle.
00:11 Est-ce qu'on peut s'interroger sur le rôle des ONG ?
00:14 - Non, mais c'est scandaleux. Les ONG sont là pour sauver des vies, pour permettre à des personnes de ne pas se noyer.
00:22 Là, ça n'a pas permis cela. Mais je rappelle que l'année dernière, il y a eu 1300 morts dans la Méditerranée.
00:28 1300 personnes. Aujourd'hui, la Méditerranée est un cimetière.
00:32 Et nous, ce qu'on dit, c'est "On va faire de l'immigration, uniquement si ça nous sert économiquement.
00:39 On va criminaliser les ONG, on va criminaliser l'accueil. Je voudrais qu'on retrouve un petit peu d'humanisme dans cette affaire."
00:48 Et en l'occurrence, le réchauffement climatique, puisqu'on en parlait tout à l'heure, est aussi un facteur de migration très fort.
00:54 On prévoit qu'il y ait près de 216 millions de réfugiés climatiques dans les prochaines années.
01:01 - Vous voulez créer un statut de réfugié climatique, comme le prône les insoumis ?
01:03 - Oui, et puis surtout, j'ai envie de vous dire que plus on ferme les frontières, plus on est dans quelque chose de l'ordre du policier, de la répression.
01:14 Alors que si on ouvre les frontières, si on permet aux gens de venir et de repartir, on crée une espèce de flux qui nous permettrait d'arrêter d'être dans la violence contre ces personnes.
01:29 Parce que les parcours de migration, aujourd'hui, sont des parcours extrêmement violents.
01:33 - Vous croyez vraiment qu'ils vont repartir ?
01:35 - Je pense notamment aux femmes migrantes qui souvent subissent des viols et des violences sexuelles le long de leur parcours de migration.
01:42 Et nous, on accepte ça. Même, j'ai envie de dire, quand Marine Le Pen dit que les ONG sont le problème, elle accepte que les gens meurent, en fait, dans la Méditerranée. C'est ça qu'elle fait.
01:53 - Elle accepte que les gens meurent, Marine Le Pen, vous dites ça ?
01:55 - Oui, elle accepte que les gens meurent en Méditerranée et qu'ils ne soient pas sauvés. Eh bien, ça, c'est inadmissible. C'est inadmissible.
02:02 - Elle dit qu'il faudrait les sauver et les renvoyer au port d'origine.
02:05 - Non, parce qu'elle ne veut pas qu'il y ait Frontex, elle ne veut pas qu'il y ait les ONG qui les sauvent.
02:10 - Ce qu'elle a expliqué hier, c'est qu'elle veut que Frontex vienne en aide aux personnes pour les renvoyer dans le port d'origine.
02:16 - Non, mais elle ne veut pas mettre d'argent sur Frontex. Non, mais en fait, non. Elle ne veut pas mettre d'argent sur Frontex.
02:21 Et par ailleurs, ça n'est pas en les renvoyant comme ça. Je rappelle quand même que l'essentiel de la migration est intra-africaine aujourd'hui.
02:27 C'est-à-dire que l'essentiel des migrants sont accueillis par des pays qui sont bien plus pauvres que nous et qui sont en bien moins grande capacité à les accueillir.
02:34 - Vous ouvrez les frontières, vous avez la certitude, vous êtes convaincu que ces personnes viendraient chez nous, mais repartiraient aussi.
02:41 - Mais c'est ce qui s'est passé dans les années 50 et 60. C'est-à-dire qu'on a fait venir des travailleurs migrants parce que l'industrie française, en l'occurrence, en avait besoin.
02:49 Et puis, ils pouvaient venir et repartir. Et là, plus on durcit les conditions, plus on oblige les gens, en quelque sorte, à prendre des décisions définitives sur leur vie.
03:00 Et compte tenu, encore une fois, de la difficulté que ça représente, faut bien comprendre que, parfois, les familles se ruinent pour faire passer un des leurs.
03:10 - Ce ne sont pas les plus pauvres qui arrivent à faire la traversée. Parce que ça coûte un certain montant.
03:14 - Non seulement ce n'est pas les plus pauvres, mais en plus, c'est souvent les personnes les plus dégourdies, les plus diplômées, qui ont ce qu'on appelle un capital social le plus important.
03:21 Et nous, on les traite comme s'ils étaient inhumains, comme si ça n'était plus des humains. Et là, je crois qu'il faut revenir à la raison, Mathieu.
03:28 - Marine Rousseau, la gauche est assez inaudible en matière d'immigration. Est-ce que ce n'est pas tout simplement parce qu'il y a autant de lignes que de couleurs au sein de la NUPEF ?
03:35 On a du mal à comprendre quelle est la direction. Est-ce que c'est Fabien Roussel qui s'en prend aux frontières passoires ?
03:40 Ou est-ce que c'est vous qui voulez accueillir plus largement ?
03:43 - Non mais je ne crois pas qu'il y ait de différence de ligne, pour le coup, sur les lignes.
03:46 - Ah si, il y a des différences de ligne au sein de la NUPEF.
03:48 - Fabien Roussel avait corrigé en disant que c'était les questions économiques, enfin c'était les marchandises et non pas les personnes.
03:54 - Je suis allée visiter par exemple des centres de rétention administrative dont il faut se dire quand même que ce sont des zones de non-droit.
04:00 Aujourd'hui en France, ce sont des zones qui sont fermées et dans lesquelles sont retenues des personnes qui juste sont étrangées
04:08 et sont retenues dans des conditions parfois vraiment extrêmement difficiles.
04:12 Quand je visite des centres de rétention administrative, je le fais avec des députés de toutes les forces de la NUPEF.
04:18 Et c'est ça aussi la force de la NUPEF, c'est de mettre les droits humains avant les questions d'intérêt économique.
04:26 - Justement. - Pour la migration comme pour tout le reste.
04:29 - Sandrine Roussel, les sociétés se droitisent, l'opinion se droitise, est-ce que vous n'êtes pas en décalage avec ce programme
04:34 en disant il faut accueillir plus à un moment où il y a une crise patient ?
04:38 - Je ne sais pas si l'opinion se droitise parce que j'observe aussi beaucoup de solidarité.
04:42 Je salue par exemple, je vous conseille d'ailleurs de lire le livre de Cédric Ayroult qu'il a sorti dans la collection Libel
04:50 où il explique combien les populations se mobilisent pour accueillir des gens qui sont en détresse.
04:54 - Cédric Ayroult, je précise, c'est un berger des Alpes-Maritimes qui a aidé des migrants à traverser la frontière.
05:00 - Et Sandrine Roussel, quand on essaie de relocaliser des migrants dans des départements, dans des régions,
05:04 ça pose très souvent des problèmes, ce n'est pas si facile que ça.
05:07 - Oui, mais là-dessus, il faut vraiment distinguer une forme de violence qui est exercée par des groupuscules d'extrême droite
05:16 et qui sont peu nombreux et une population qui, elle, est beaucoup plus incline à accueillir
05:21 à condition que ce soit dans des conditions correctes, à condition que ce soit dans des conditions où il n'y a pas de parquage de ces gens
05:27 et que ça ne crée pas de problème autre que juste l'accueil.
05:32 Mais au contraire, les Français se mobilisent pour les accueillir et la France est un pays traditionnellement d'accueil.
05:38 Donc, moi, je pense qu'il ne faut pas se laisser avoir par une espèce de guerre culturelle qui est en train d'être menée par des groupuscules
05:45 et qui sont racistes, xénophobes et qu'au contraire, on doit renouer avec la tradition d'accueil et de tolérance qui est celle de la France
05:53 et de droits humains puisque l'essentiel quand même des gens qui arrivent là ont connu des atteintes énormes à leurs propres droits humains.
06:01 que ce soit dans leur pays d'origine ou sur le parcours de migration.