• il y a 3 mois
La députée Europe-Écologie les Verts de Paris Sandrine Rousseau accuse le président Emmanuel Macron "de mettre le Rassemblement national au cœur du jeu politique, c'est une responsabilité lourde". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-26-septembre-2024-3834333

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00:00Sonia Devillers, 7h49, votre invitée ce matin est députée Europe Écologie-Les Verts de Paris.
00:05Bonjour Sandrine Rousseau, la parité est respectée dans le gouvernement Barnier mais
00:09au final, les ministères régaliens, intérieur, armée, justice, économie, affaires étrangères
00:14ont tous été confiés à des hommes, même à un trio d'hommes à l'économie.
00:18Par ailleurs, 20 associations sont montées au créneau pour dénoncer l'absence d'un
00:22ministère de plein exercice sur le droit des femmes.
00:24En 2024, le pouvoir est-il toujours un non-masculin ?
00:28Absolument, et ce gouvernement en est la preuve.
00:32Et ce qui est fascinant c'est à quel point ça n'est pas interrogé.
00:37C'est-à-dire qu'on a toujours des espèces d'annonces sur le fait que les gouvernements
00:41doivent être paritaires et en fait on ne s'interroge pas sur où sont les femmes,
00:45qu'est-ce qu'elles font et on renvoie toujours les femmes à leurs compétences supposément
00:48naturelles des ministères sociaux, des ministères de santé, des ministères de la solidarité
00:53et jamais les ministères régaliens.
00:55Alors, première semaine de ce nouveau gouvernement Barnier.
00:58Le ministre de l'économie voulait exclure le Rassemblement National de ses consultations.
01:03Il s'est fait recadrer par Michel Barnier qui a téléphoné à Marine Le Pen, ça a
01:06été beaucoup commenté pour s'excuser.
01:07Gérard Larcher, président du Sénat, s'est exprimé hier à ce micro.
01:11L'attitude de tout le gouvernement doit être de parler à tout le monde.
01:16Vous êtes d'accord ?
01:17Non, je ne suis pas d'accord mais ça prouve qu'il y a un soutien sans participation
01:21du Rassemblement National à ce gouvernement et ça prouve à quel point le choix qu'a
01:26fait Emmanuel Macron est de mettre le Rassemblement National au cœur du jeu politique et je le
01:30pose comme ça.
01:31C'est une responsabilité lourde.
01:33Emmanuel Macron met peut-être le Rassemblement National au cœur du jeu politique mais il
01:37tient compte aussi des pas loin de 11 millions d'électeurs qui ont choisi le Rassemblement
01:42National.
01:43Oui, très bien, sauf qu'on a fait un désistement républicain et qu'on l'a fait au nom des
01:45valeurs de la République et que là, ce qui est en train de se passer, c'est qu'on donne
01:49tout pouvoir au Rassemblement National de faire chuter ou pas ce gouvernement.
01:54Donc en fait, le Rassemblement National tient en joue le gouvernement Bernier et c'est pour
01:58cela qu'il doit s'excuser auprès du Rassemblement National.
02:01On a franchi une ligne rouge, on a franchi une ligne rouge, jamais ça ne s'est produit
02:05dans la Ve République.
02:06Alors, l'affaire qui secoue l'actualité et la classe politique, justement, le meurtre
02:10de Philippine que Patrick Cohen vient d'en rappeler les grandes lignes du dossier.
02:14Le meurtrier présumé, un homme de 22 ans, né au Maroc, déjà condamné pour viol et
02:19sous le coup d'une QGF non exécutée, on vient de le dire.
02:22Vous avez réagi sur Twitter, Sandrine Rousseau, que ce féminicide méritait d'être jugé
02:28et puni sévèrement, tout en ajoutant que l'extrême droite allait tenter d'en profiter
02:34pour répandre sa haine raciste et xénophobe.
02:37Votre première préoccupation dans ces cas-là, c'est la récupération par l'extrême droite ?
02:43Non, c'est pour ça que j'ai commencé en disant que c'était un féminicide et qu'il
02:46fallait le punir sévèrement.
02:48Mais je suis inquiète du fait que l'extrême droite utilise quelques faits divers comme
02:55ça et en font un sujet de société.
02:59Et moi, quand j'entends que le sujet, c'est l'OQTF, je m'inquiète quand même du fait
03:02que nous n'ayons aucune espèce de considération sur le fait que ce type est dangereux, manifestement,
03:08puisqu'il a tué Philippine et que s'il était dans un autre pays, il est tout aussi
03:12dangereux et il met tout autant en danger d'autres femmes.
03:15Donc en fait, la question, ce n'est pas tant l'OQTF, c'est comment on prend en compte...
03:19La question, c'est est-ce que c'est ou non la récupération par l'extrême droite ?
03:23C'est ça qui a beaucoup choqué dans votre réaction.
03:25Oui, mais là, il y a quelques mois, par exemple, on a arrêté en France un des dix plus grands
03:33pédocriminels du monde.
03:35Il s'appelait Mathieu, il était proche de Bordeaux.
03:38Pour autant, ça n'a pas du tout ému l'extrême droite.
03:41Le procès de Mazan n'émeut pas l'extrême droite.
03:44Donc en fait, la question des femmes se résout à dire et à porter le message que les femmes
03:50sont en danger à cause des immigrés, à cause des personnes sous OQTF, ce qui n'est
03:57pas vrai.
03:58Ce qui n'est pas vrai, c'est-à-dire que les femmes sont en danger de mille et une
04:01manières dans notre pays, sous la violence des hommes, de beaucoup d'hommes et des hommes
04:05de toutes couleurs et de toutes situations.
04:07Donc en fait, c'est incroyable de laisser à penser.
04:10Je rappelle que dans les violences et dans les viols, dans neuf cas sur dix, on connaît
04:15l'agresseur.
04:16Les femmes connaissent leur agresseur.
04:18Donc en fait, cette espèce de fantasme du viol qui arriverait dans la rue par des personnes
04:23qui seraient étrangères, là on a un cas, c'est vrai et ça existe, mais c'est minoritaire
04:28dans les violences que subissent les femmes.
04:29Alors que faire face à cette quérielle de décision judiciaire tout simplement inapplicable ?
04:35Mais comme vient de le dire Patrick Cohen, on fait des OQTF à tour de bras sans se préoccuper
04:42finalement de l'applicabilité des mesures que l'on prend.
04:47Donc en fait, on se fait plaisir d'une certaine manière, on se donne bonne conscience, on
04:51se dit « ben voilà, on a fait des OQTF, des OQTF ». Et puis à la fin, ça ne résout
04:54rien.
04:55Aujourd'hui, la question c'est quelle est la situation de ces personnes et comment
04:58on fait en sorte que quand elles doivent être jugées, elles sont jugées correctement ?
05:02Je rappelle aussi qu'on a en France une surpopulation carcérale de 130%, 130% que l'administration
05:10pénitentiaire n'arrive plus à recruter suffisamment de personnes pour accompagner,
05:15pour diagnostiquer, pour faire des évaluations, pour suivre les personnes qui sont en prison.
05:18Et qu'il y a par ailleurs, de manière structurelle dans notre société, une sous-estimation
05:23de la récidive du viol.
05:25Donc voilà, ça fait partie des problèmes de sécurité auxquels nous sommes confrontés.
05:29C'est un problème qu'une nouvelle loi, une énième loi d'immigration ne permettra
05:35pas de résoudre.
05:36Parce que pendant ce temps-là, Lucie Castex, sur un plateau avant-hier, déclarait en son
05:41nom qu'elle ne s'opposait pas à l'idée de régulariser tous les sans-papiers.
05:46Oui, et dans le programme du NFP comme de la NUPES, on a parlé de la régularisation
05:52des personnes qui travaillaient.
05:53Et je pense qu'on doit commencer par celle-ci parce qu'elles travaillent, elles ont souvent
05:57des métiers extrêmement difficiles par ailleurs.
05:59Et donc elles méritent que l'on se regarde bien aussi.
06:02Revenons à ce nouveau gouvernement, Sandrine Rousseau.
06:04Annie Genevard, nouvelle ministre de l'Agriculture, si l'on s'en tient à son discours lors
06:09de la passation de pouvoir, elle affirme, je la cite, « vouloir défendre une profession
06:13difficile qui subit des procès très injustes face à des activistes qui détruisent les
06:17moyens de production.
06:18Elle a martelé pas d'interdiction sans solution concernant les pesticides.
06:22Elle a souhaité alléger la paperasse et réduire les interdits ». Le message est très clair, non ?
06:27Le message est « on ne peut plus clair ». Et le message est à l'inverse des enjeux
06:30écologiques majeurs qui sont face à nous.
06:32L'Europe de l'Est a croulé sous les inondations, il y a des dégâts monumentaux, on a eu des
06:39sécheresses.
06:40Là, le réchauffement climatique est en train de s'emballer, mais de s'emballer
06:45d'une manière qu'on ne mesure pas, d'une manière, d'une dangerosité pour nos conditions
06:50de vie sur Terre qui sont incroyables.
06:52Et là, on en est à dire que finalement, autoriser les néonicotinoïdes, c'est la
06:57priorité alors que les néonicotinoïdes, ça met en danger les pollinisateurs et que
07:01les pollinisateurs, c'est absolument essentiel par ailleurs pour la fertilité de l'agriculture.
07:05Donc en fait, on est dans un monde qui n'a plus de sens aujourd'hui.
07:08Et la question de l'agriculture, ça n'est pas la norme environnementale.
07:11La question de l'agriculture, c'est le revenu des agriculteurs, c'est le prix de
07:14vente des produits qu'ils fabriquent, qu'ils produisent et qu'ils mettent en vente.
07:19C'est ça le sujet, c'est les marges de la grande distribution.
07:22On rappelle quand même que Michel Barnier a été ministre de l'Environnement dans
07:27les années 90 et là, manifestement, Annie Gennevard prend des positions qui sont proches
07:35de celles de la FNSEA après la crise.
07:38Elles sont suppléantes et de la FNSEA et Annie Gennevard s'est toujours distinguée
07:42dans ses prises de position sur des phrases et des mots et des amendements qui sont le
07:47relais finalement des revendications de la FNSEA.
07:50Je rappelle que la FNSEA a un projet politique qui est d'être sur une concurrence mondiale
07:56et de permettre aux agriculteurs français d'être sur les normes minimales qui sont
08:01appliquées dans le monde.
08:02Ça n'est pas notre projet.
08:03Ça n'est pas notre projet.
08:04L'eau est le bien le plus essentiel.
08:06Les pifasses sont en train de polluer l'essentiel des nappes phréatiques, on ne peut pas continuer
08:10comme ça.
08:11Je pense que tout le monde le sait en fait, tout le monde le sait et on ne peut pas être
08:15dans les mains de lobbies économiques, je le pose aussi.
08:17Pour autant, il faut protéger les agriculteurs et particulièrement ceux qui sont en vulnérabilité
08:22et en difficulté financière.
08:23Un mot sur les retraites, Sandrine Rousseau, dans un mois, le RN va proposer à l'Assemblée
08:28une abrogation de la réforme des retraites, la gauche se divise, Fabien Roussel et les
08:32communistes n'excluent pas de la voter.
08:34Et vous ?
08:35Moi je ne la voterai pas, je ne voterai pas la proposition de loi du RN pour les raisons
08:39que j'ai dites au début de cette interview, c'est qu'il y a eu un désistement républicain,
08:44que le RN a eu 15 positions différentes sur les retraites et qu'en fait c'est juste
08:49une instrumentalisation pour encore une fois être au cœur du jeu.
08:51Par contre, en tant que rapporteur du budget du PLFSS, donc de la sécurité sociale sur
08:57les retraites, nous sommes en train d'étudier toutes les voies possibles pour l'introduire
09:01dans le PLFSS et derrière il y a la niche des insoumis qui pourra aussi nous permettre
09:05de poser une proposition de loi.
09:07Merci Sandrine Rousseau.
09:08Et merci Sonia De Villers.

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