L'affaire Bree
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00:21 Tuscumbia est une communauté très soudée. Presque toute la population a fréquenté le même lycée, Deschler.
00:29 Le match du vendredi soir est une institution. La petite ville est alors quasiment déserte, tout le monde est au lycée pour assister au match.
00:41 Ce qu'on ressent quand on joue pour le lycée de sa ville, c'est incomparable. Les spectateurs vous transmettent une telle énergie, ça vous galvanise, c'est dingue.
00:56 Briony Rutland, la légende de la Little League, s'était taillé une belle réputation.
01:03 La première fois que je l'ai vu jouer, il était en sixième, il jouait en Little League. Il faisait déjà parler de lui et j'ai compris pourquoi.
01:13 Je me souviens d'un match comptant pour le championnat de l'Alabama. Il était en dernière année, c'était en 2003, au Legend Field de Birmingham.
01:22 Brie a créé l'exploit dès le coup d'envoi. Il a récupéré le ballon dans son propre camp et il est parti tout seul.
01:31 Il s'est frayé un chemin en trompant ses adversaires.
01:35 Il a marqué le touchdown tout seul.
01:38 Après une course de 80 mètres, record de l'État, j'avais rarement vu ça.
01:45 Dans le public, c'était du délire. J'ai tellement crié que je m'en suis cassé la voix.
01:51 Il était doué.
01:55 Après le match, je lui ai dit « Waouh ! Avec ton touchdown, t'as établi un nouveau record ! » Il m'a répondu « Je m'en moque, on n'a pas gagné. »
02:03 Il considérait qu'il était au service de son équipe. Il brillait, mais il voulait surtout faire briller.
02:09 Quelques années plus tard, avant son diplôme universitaire, on l'avait recruté pour entraîner nos running backs. Il a accompli un travail formidable à son poste.
02:22 Bri, comme entraîneur, il ne me lâchait pas d'une semelle. Il nous faisait bosser. Il voulait qu'on réussisse. Mais ça ne se limitait pas qu'au sport. Il voulait aussi qu'on progresse en tant que personne.
02:36 C'était un pilier de la communauté. Il était généreux avec les autres et il faisait en sorte que la vie soit plus belle à Tuscumbia.
02:46 Le jour où Bri a découvert son fils
02:50 J'oublierai jamais la naissance de Jaylen, son fils. En le regardant, Bri a fondu en larmes. Je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit « Tu te rends compte ? C'est mon fils ! »
03:06 Oui, oui, j'ai une photo. La voilà. Tenez. C'est Bri et son fils.
03:16 Bri était vraiment un père extraordinaire.
03:23 Bri et la mère de Jaylen, Ashley, ont vécu ensemble pendant un certain temps. Ils ont tout fait pour que ça fonctionne, mais ils ont fini par se séparer. Ils sont restés en bons termes, donc Jaylen passait du temps avec ses deux parents.
03:37 Bri élevait Jaylen. Il l'emmenait à l'école tous les jours et il venait le chercher ou il s'arrangeait pour que quelqu'un le fasse à sa place. Ça se passait très bien.
03:48 Le matin du 26 novembre, Bri est venu à l'école. Nous avons pas mal discuté des prochaines échéances. Au moment de partir, il m'a dit « J'ai une course à faire et des affaires à récupérer. J'ai un entraînement cet après-midi. »
04:16 Et ensuite il est sorti. Nous venions d'avoir notre dernière conversation.
04:20 Le même jour, on m'a appelé pour me demander si j'avais de ses nouvelles. Finalement, il n'était pas revenu. J'ai appelé les collègues pour savoir si quelqu'un l'avait vu ou lui avait parlé.
04:35 Mais il demeurait introuvable. J'étais sûr qu'il y avait un problème.
04:42 Le jour où Bri est sorti de l'hôpital.
04:55 Ce mercredi-là, je travaillais. Je faisais partie du service de réanimation. J'étais dans la chambre d'un patient quand un de ses proches m'a dit « Désolée pour la disparition de votre frère ». J'étais sous le choc. « Quelle disparition ? Mais mon frère n'a pas disparu ? »
05:22 Pour le coup, j'arrivais pas à joindre Bri. Alors j'ai téléphoné à Morgane, la copine de Bri. Elle m'a appris que Bri n'était pas rentrée chez lui depuis la veille au soir.
05:33 Et même qu'elle avait passé la nuit à l'attendre.
05:41 Ensuite, j'ai eu Ashley, la mère de Jalen, au téléphone. Elle a dû prendre ses dispositions pour pouvoir aller chercher Jalen à l'école. Mais elle ne se doutait pas que c'était parce que Bri avait disparu. Sur le coup, elle a dû mettre ça sur le compte d'un retard ou d'un oubli.
05:58 On peut sentir qu'il y a un problème sans savoir lequel.
06:01 J'étais de passage à Toscombia pour le long week-end de Thanksgiving. C'est ma sœur qui m'a demandé si j'étais au courant pour Bri. Personne n'avait de nouvelles.
06:20 Donc j'ai essayé de le joindre. Ça sonnait pas. Et sur son autre numéro, c'était pareil.
06:30 Ne pas décrocher, c'est quelque chose qui lui ressemblait pas.
06:34 Ici en Alabama, le match à ne pas rater, c'est l'Iron Bowl, qui oppose les universités rivales d'Alabama et d'Auburn. C'est justement la semaine où Bri a disparu.
06:50 La rumeur disait que Bri était parti tôt pour y assister. Il y avait là-bas un étudiant dont il était le mentor, un certain Dion. Certains ont donc imaginé qu'il était là-bas avec lui.
07:04 Les théories allaient bon train. Peut-être qu'il est là-bas, qu'il a perdu son téléphone, qu'il se prépare pour l'Iron Bowl. Mais Bri n'agissait pas de la sorte.
07:14 Non, il serait jamais parti sans rien dire. Il nous aurait prévenus.
07:18 Il y avait tellement de rumeurs qui circulaient. C'était compliqué de démêler le vrai du faux. Ma seule certitude, c'est que je m'accrochais à l'espoir de le revoir.
07:27 Sa petite amie m'a expliqué qu'elle avait voulu signaler la disparition de Briony le mardi 26, mais que c'était trop tôt. La disparition d'un adulte ne peut être signalée qu'au bout de 24 heures.
07:47 Le lendemain, après 24 heures sans nouvelles, je suis allée au commissariat de Tuscumbia en compagnie de ma sœur et nous avons signalé la disparition de Bri.
07:57 Je connais ce Bri, je l'avais vu jouer. Il avait toujours le sourire. C'était un gars très décontracté, très avenant, surtout dès qu'il était question de sport.
08:08 Pendant leurs dépositions, ses sœurs, Michelle et India, ont donné beaucoup de noms. On a essayé d'établir une chronologie pour déterminer son itinéraire durant les heures qui ont précédé sa disparition.
08:22 Les enquêteurs du comté nous ont contactés presque aussitôt pour nous demander de diffuser son signalement le plus vite possible. J'ai partagé sa photo et tout ce qu'il fallait savoir.
08:35 J'ai publié l'avis de recherche sur les réseaux. Au bout de quelques heures, des rumeurs circulaient déjà.
08:43 Nous sommes en milieu rural. Les rumeurs se propagent toujours très vite dès qu'un événement survient. Elles se répandent comme une traînée de poudre.
08:54 Les joueurs, les entraîneurs, tout le monde était prêt à nous venir en aide.
09:02 Tout le monde voulait contribuer à la résolution de ce mystère. C'était du jamais vu.
09:09 On espérait récolter quelques infos. Mais au début de l'enquête, on n'avait rien. On n'avait rien parce que personne ne savait rien. Il avait disparu. Point.
09:24 On nous a demandé si Bri avait des problèmes ou s'il était en conflit avec quelqu'un. J'ai informé la police d'une petite dispute avec le compagnon d'Ashley quelques jours plus tôt.
09:36 Bri trouvait qu'il avait tendance à se prendre pour le père de son fils. Ça l'avait fait réagir. Je le vois tous les jours, c'est pas toi qu'il élève, alors évite de dire ça. Il lui avait dit ça quelques jours plus tôt.
09:50 Ma première réaction a donc été de me demander qui était cette personne.
09:54 Un beau jour, Bri est né. Mais je me demandais combien de temps l'accouchement allait durer. C'était interminable. Et finalement, à 5 heures du matin, il est arrivé.
10:12 J'étais folle de joie. C'était mon jouet. Il avait 16 ans de moins que nous. Bri, c'était le bébé. Un bébé inattendu, une bénédiction, une surprise.
10:23 Et un choc. Maman nous avait dit que d'après le médecin, elle ne pourrait plus enfanter.
10:28 J'adorais jouer avec lui, le changer. Je l'aimais plus que tout.
10:35 Il n'allait jamais au-devant des problèmes. Il ne faisait jamais ce qu'il n'était pas censé faire.
10:41 C'était un très bon élève. Bri ramenait souvent de bonnes notes. À l'école, il avait certaines facilités.
10:49 C'était un petit génie. Il voulait se dépasser et aider les autres à faire pareil. Il voulait des bonnes notes pour tout le monde.
10:57 Il prenait son rôle d'entraîneur très à cœur. Il suivait ses jeunes en dehors des terrains. Il voulait les garder dans le droit chemin. On a eu de la chance de l'avoir parmi nous.
11:08 Bri et le petit ami d'Ashley ont eu un différent. Bri lui reprochait de se prendre pour le père de son fils. Un jour, il lui a dit « C'est pas toi qu'il élève ».
11:18 C'était troublant.
11:19 Ils ne se sont pas bagarrés ni rien, mais c'est à lui que j'ai pensé en premier. À part lui, je ne connais personne qui se soit disputé avec Bri.
11:29 Il faut toujours établir une liste pleine de noms, dont ceux des membres de la famille. C'est notre première liste de suspects. On cherche aussitôt à en écarter, à rayer un maximum de noms de cette liste.
11:39 Mais ce monsieur s'est montré très coopératif au téléphone. Et on a recoupé son alibi.
11:51 Au cours de nos échanges, il n'avait pas l'air de mentir. Conclusion, nous pouvions exclure cet homme de la liste des personnes impliquées dans cette affaire.
12:01 La police nous a demandé si nous avions autre chose à signaler.
12:08 Michelle et India nous ont alors appris que Bri faisait partie de la famille de Bri.
12:14 La police nous a demandé si nous avions autre chose à signaler.
12:21 Michelle et India nous ont alors appris que Bri faisait partie d'un groupe composé d'anciens camarades d'école qui aimait parier de l'argent sur des matchs de division universitaire et professionnel.
12:29 Nous leur avons indiqué que c'était Bri qui était en charge de la collecte de l'argent provenant des paris sur les matchs de football.
12:39 Bri et ses camarades de jeu avaient l'habitude de parier des petites sommes comme ça entre amis.
12:44 Mais comme on peut facilement l'imaginer, ça peut déboucher un jour sur des paris plus conséquents avec à la clé des sommes d'argent bien plus importantes.
12:53 Et ça peut entraîner toutes sortes de choses, y compris des mauvaises.
12:59 Ça nous a ouvert tout un champ d'investigation.
13:05 Car perdre de l'argent, ça énerve.
13:08 On s'est demandé avec qui Bri avait l'habitude de parier de l'argent.
13:13 Ça nous a permis d'établir une liste de noms avec quelques amis du lycée, dont Chris et Kenny.
13:22 Je suis en poste depuis longtemps, donc j'ai connu ces gamins.
13:27 Tuscumbia, c'est une petite ville.
13:29 Nous n'avons pas mis longtemps à localiser tout le monde.
13:34 De la part de Chris et Kenny, c'est surtout de l'inquiétude qui prédominait.
13:38 Ils scrutaient leur téléphone et ils lui envoyaient des SMS.
13:42 "Appelle-moi, t'es où ?"
13:44 Eux aussi faisaient tout leur possible pour le retrouver.
13:49 Et puis, ils venaient à nous sans crainte.
13:52 Ils se rendaient disponibles et ils cherchaient toujours un bon moyen de nous aider.
13:57 Leur attitude a joué un rôle important dans la confiance qu'on pouvait leur accorder.
14:03 Nous avons vérifié leurs allées et venues ou leur présence au travail en interrogeant leurs collègues.
14:09 Après divers recoupements, nous avons pu conclure qu'ils avaient de bons alibis.
14:16 Les réseaux sociaux n'ont pas tardé à relayer ces petits paris sportifs entre amis.
14:25 De nouvelles rumeurs sont nées, faisant de lui un bookmaker violent.
14:29 On a fait passer mon frère pour ce qu'il n'était pas.
14:32 Ouais, j'ai entendu parler de son petit business de Paris Sportif.
14:37 C'est quelque chose qui circulait dans la ville, mais ça m'a pas empêché de dormir.
14:41 Et ça n'a jamais changé le regard que je pouvais porter sur Brie.
14:46 Mais disons qu'il y avait suffisamment de rumeurs qui circulaient pour que je garde mes distances.
14:52 Toutes les personnes qui ont voulu le diaboliser, ne vous en faites pas.
14:58 Ils jouent aussi. Dans d'autres États, en ligne, ils jouent chez d'autres.
15:04 Ça revient au même, non ?
15:05 Brie, il pariait de l'argent avec des gars qu'il connaissait depuis des années,
15:10 y compris des camarades de l'école primaire ou du lycée.
15:14 Il passait même des soirées chez eux.
15:17 Dans ce petit groupe, il y a des garçons qu'on voyait chaque jour ou chaque week-end.
15:21 C'était juste pour s'amuser, c'était pas bien méchant.
15:24 Ils faisaient ça pour passer le temps.
15:27 Après avoir interrogé quelques-uns de ses amis,
15:30 nous avons pu déterminer que Brie effectuait toutes ses transactions le mardi après le match du lundi soir.
15:35 Soit pour encaisser l'argent qu'on lui devait, soit pour régler ses propres dettes.
15:39 Par conséquent, le fait que la collecte se fasse le mardi,
15:44 conjugué à sa disparition un mardi, ça a soulevé un certain nombre de questions.
15:50 C'était pendant la semaine de Thanksgiving.
15:52 C'était une journée semblable aux autres.
15:55 Nous étions en train de remettre de l'ordre dans la paperasse.
15:58 Nous avons reçu un avis de recherche de la police de Tuscumbia concernant Briony Rutland.
16:04 Dans l'après-midi du 27 novembre, Morgan Presley, la petite amie de Briony Rutland,
16:12 a contacté la police.
16:13 Elle a été interrogée par les policiers.
16:17 Elle a demandé à ce que des effectifs la rejoignent là où elle était.
16:20 Elle a publié sur les réseaux sociaux,
16:24 « Ne cherchez pas à joindre Brie. J'essaie de localiser son téléphone et sa batterie est presque vide. »
16:30 En utilisant une appli de localisation,
16:34 elle avait rejoint, selon l'application, la position du téléphone de son compagnon.
16:38 Elle ignorait totalement pour quelle raison il se serait rendu au point de disparaître.
16:46 Pour telle raison, il se serait rendu de l'autre côté du fleuve Tennessee.
16:49 Elle a donc appelé pour que des policiers l'aident dans ses recherches.
16:53 Les policiers ont passé toute la zone au peine fin.
16:57 L'attention d'un des agents en question s'est portée sur le collecteur d'eau pluviale.
17:02 L'agent a donc fait glisser la dalle de béton pour accéder au puitsard.
17:08 Il a trouvé le portefeuille et les deux téléphones portables appartenant à Brie Rutland.
17:16 Alors qu'on le recherche activement, voilà qu'on retrouve ses téléphones et son portefeuille.
17:21 Tout le monde s'est demandé ce que les téléphones faisaient là.
17:26 La petite amie de Brie a donc publié un nouveau message.
17:37 Nous avons retrouvé les téléphones et le portefeuille de Brie.
17:43 Je savais que c'était mauvais signe.
17:45 C'était difficile à encaisser.
17:47 J'arrivais pas à y croire.
17:50 Après avoir appris que les portefeuilles et les téléphones avaient été retrouvés,
17:58 plusieurs membres de la communauté ont décidé de constituer des équipes de recherche
18:03 avec pour première mission de localiser sa voiture.
18:06 Il y avait un monde fou pour nous aider.
18:11 Des sportifs, des enfants, il y avait tous les profils dans ces équipes de recherche.
18:15 Ils ont battu le terrain sans relâche, inspecté chaque buisson.
18:19 L'élan de solidarité a été incroyable.
18:22 Ça faisait chaud au cœur.
18:24 Ça montrait bien à quel point Brie était apprécié et combien il comptait dans la population.
18:29 Celle de Tuscumbia, de Deschler bien sûr, mais ça allait au-delà de ça.
18:33 La seule chose qu'on espérait, c'était qu'il soit en vie.
18:37 Mauvaise rencontre, rendez-vous qui a mal tourné peut-être,
18:40 mais nous, ce qu'on voulait, c'était le revoir.
18:43 On espérait trouver sa voiture.
18:46 On y croyait, on se disait, tiens, on n'a pas cherché là-bas, allons-y.
18:50 Peut-être qu'elle va déboucher au coin d'une rue.
18:54 Malgré nos efforts, c'est pas nous qui l'avons trouvée.
18:58 Dans des affaires similaires, lorsqu'on recherche une personne disparue,
19:07 on s'adresse à la dernière personne qui l'a vue.
19:10 Sa petite amie a réussi à accéder à l'historique des Appels de Brie.
19:13 Elle a reconnu plusieurs noms dans la liste,
19:16 dont celui de ses amis Kenny Henry ou Chris Willingham.
19:19 Mais il y avait aussi une personne dont nous n'avions encore jamais entendu parler.
19:23 Un certain Jeremy Williams.
19:25 J'ai demandé à mon collègue de contacter et de convoquer ce Jeremy Williams au poste,
19:32 seulement pour qu'il nous dise ce qu'il faisait ce soir-là.
19:35 Il nous a répondu qu'il n'était pas disponible.
19:38 Je crois qu'il avait une réunion de famille à l'occasion de Thanksgiving.
19:42 Il serait de retour le lendemain.
19:45 Bon, c'était Thanksgiving, ça n'avait rien d'anormal.
19:49 Mais à un moment donné, chaque minute compte.
19:52 On souhaitait lever le doute au plus vite.
19:55 On avait pris l'habitude de fêter Thanksgiving chez notre cousine Juanita.
20:07 Brie était fidèle à ce rendez-vous.
20:09 Il ne ratait jamais l'occasion de nous montrer qu'il avait un bon coup de fourchette.
20:13 Après, il restait pour regarder les matchs de Thanksgiving à la télé.
20:17 Mais en 2013, l'ambiance était différente.
20:23 La famille s'était réunie, Juanita a cuisiné comme d'habitude, tout le monde était là.
20:29 J'y suis allée avec mes enfants, mais ce n'était pas pareil.
20:33 Il y avait une question qui nous hantait.
20:36 Mais où est Brie ?
20:37 Je consultais mon téléphone sans arrêt, je guettais l'arrivée du moindre message et je priais.
20:44 Pour que Brie revienne.
20:50 Le même jour, M. Setliff m'a appelée pour me dire qu'on avait trouvé du sang sur un pont.
21:00 J'étais en train de fêter Thanksgiving en famille lorsque j'ai reçu un appel de notre officier d'astreinte.
21:11 Il m'a fait savoir que des promeneurs avaient signalé des traces de sang sur l'ancien pont ferroviaire.
21:20 En me rendant sur les lieux, j'ai appelé l'inspecteur Setliff pour lui dire que,
21:26 sans vouloir être pessimiste, étant donné que la disparition de Brie remontait à plusieurs jours,
21:31 j'avais comme un mauvais pressentiment.
21:34 Nos craintes pouvaient se résumer en une phrase.
21:38 Si on a retrouvé du sang là-bas, il y a de fortes chances que ce soit le sien.
21:42 En arrivant sur les lieux, j'ai tout de suite vu, à une cinquantaine de mètres du bout du pont,
21:51 une énorme flaque de sang.
21:55 Il y en avait sur les planches et sur les rails.
21:58 La quantité de sang constatée correspondait au moins à des blessures importantes.
22:09 Il se faisait tard. Nous avons décidé de laisser passer la nuit et de reprendre nos recherches à la lumière du jour.
22:22 En rentrant au poste de police pour mettre sous scellée les preuves que nous venions de recueillir,
22:27 l'inspecteur Setliff m'a appris que la voiture de Brie avait été retrouvée.
22:32 Sa voiture était tout sauf tape à l'œil. C'était un modèle comme on en croisait tous les jours.
22:39 Dans la rue, vous aurez beau passer cent fois devant, jamais vous ne la remarquerez.
22:44 Mais ce qui distinguait la sienne des autres, c'était la plaque personnalisée à l'avant.
22:50 C'est un entraîneur du lycée d'Eschler qui avait repéré la voiture de Brie à proximité d'un immeuble locatif situé dans le village de Sheffield.
22:58 Le soir de Thanksgiving, M. Pounders a pris le volant et demandait à sa femme de l'accompagner.
23:08 Il lui a dit "Viens, on va essayer de retrouver la voiture de Brie".
23:12 Dès qu'il a vu cette plaque, il a dit "Je vais la chercher".
23:17 Dès qu'il a vu cette plaque, il a su que c'était la bonne voiture. Il a tout de suite appelé la police de Sheffield.
23:24 Elle était garée devant un immeuble locatif.
23:28 C'était bizarre, elle semblait abandonnée en pleine rue.
23:32 À notre connaissance, rien ne reliait Brie à qui que ce soit dans ce secteur.
23:38 C'est quand la voiture a été retrouvée que vraiment, j'ai craint de ne jamais revoir mon frère.
23:46 J'ignorais s'il était en vie, mon obsession c'était qu'on le retrouve.
23:50 Le lendemain matin, le soleil était de la partie, donc j'y voyais bien mieux.
23:59 Et j'ai constaté que sur la balustrade en bois, ça avait cogné.
24:03 À quelques centimètres, il y avait deux traînées de ce qui ressemblait à de la poussière de béton.
24:10 J'en ai rapidement conclu qu'on avait attaché quelque chose, ou quelqu'un, à des parpaings.
24:16 Et que le tout avait été jeté à l'eau.
24:19 On m'a appelé pour me dire qu'il y avait du nouveau au pont ferroviaire.
24:27 J'ai demandé à une connaissance de nous emmener en bateau au pied du pont.
24:32 Depuis le bateau, je voyais tout ce qui se passait sur le pont et autour.
24:37 Les opérations de recherche attiraient beaucoup de curieux.
24:40 Dès que les médias ont appris qu'il y avait peut-être du nouveau,
24:44 on a vu rappliquer toutes les chaînes de télévision locale près du pont.
24:48 Je prenais un maximum de photos, et je filmais tout ce que je pouvais filmer.
24:53 Je voulais pouvoir illustrer les dernières avancées de l'enquête, à mesure que les événements me parvenaient.
24:59 Sur le promontoire, j'ai pas mal discuté avec les policiers et les amis de Brie.
25:04 C'était dur pour tout le monde.
25:07 À ce moment-là, ils craignaient le pire.
25:09 Le responsable des secouristes du comté de Colbert nous a appris que ses collègues avaient détecté quelque chose grâce à leur caméra.
25:19 Un corps.
25:22 Alors le responsable s'est mis en rapport avec la police de Florence, la ville voisine, pour qu'elle envoie son équipe de plongeurs.
25:31 Une fois sur place, les plongeurs ont clairement identifié un corps qui était apparemment enchaîné à des parpaings.
25:38 On a vu le plongeur remonter.
25:42 Il avait attaché une corde à quelque chose, qu'il a commencé à remonter petit à petit.
25:48 J'avais l'estomac noué parce que j'étais convaincu que c'était le corps de Brie qu'ils étaient en train de repêcher.
25:58 Quand finalement le corps est apparu à la surface, l'inspecteur Settliff a confirmé qu'il s'agissait de Brie.
26:06 Juste après, il est parti s'isoler pendant plusieurs minutes.
26:13 Il avait l'air de dormir.
26:18 Le visage paisible.
26:20 Je n'arrivais pas à le croire.
26:24 Je n'en croyais pas à mes yeux.
26:27 Comment on peut avoir l'idée de faire une chose pareille à quelqu'un comme Brie ?
26:31 Qui serait assez méchant et tordu pour vouloir lui faire ça ?
26:37 Je savais que ce serait dur à accepter pour les élèves, pour les entraîneurs, pour sa famille.
26:44 On allait devoir leur dire qu'ils ne fouleraient plus jamais cette pelouse.
26:56 J'ai reçu un coup de fil du policier chargé de l'enquête qui m'a dit "nos plongeurs ont remonté un corps, celui de Brie".
27:05 Et il a ajouté qu'il l'avait identifié lui-même pour qu'on n'ait pas à le faire.
27:11 Il le connaissait bien.
27:13 Je l'ai remercié d'avoir tout fait pour le retrouver.
27:18 Quand on entend ça, on a beau être assis, on a beau craindre le pire, car vous savez qu'on va vous l'annoncer,
27:28 le fait de l'entendre comme ça, de vivre voir...
27:33 On n'est jamais préparé à ça.
27:38 Quand on dit "Tuskumbia", on pense à Brie.
27:42 C'était un pilier de la ville.
27:44 Sa mort a touché beaucoup de gens.
27:47 Elle a fait souffrir plein de monde.
27:49 Le lycée en a pris un coup.
27:52 Un sérieux coup.
27:54 C'était la pire fin possible.
27:57 Il menait une vie merveilleuse, brillante, qui commençait à peine et qui inspirait tant de monde.
28:02 Et elle s'arrêtait déjà.
28:04 Maintenant, la question était de savoir qui a fait ça.
28:09 Qui a tué Brie ?
28:16 Avec mon collègue, on a mené une enquête de terrain pour obtenir un maximum d'informations sur Jeremy Williams.
28:21 Au moment de Thanksgiving, il nous a dit qu'il n'était pas là.
28:26 Quatre semaines plus tard, ce serait Noël.
28:30 Alors oui, nous devions absolument retrouver sa trace, parce qu'à notre connaissance, personne n'avait vu Brie après lui.
28:37 Nous avons découvert que Williams demeurait à Florence, à quelques maisons de l'endroit où les téléphones de Brie ont été retrouvés.
28:46 Brie, tu le connais bien ?
28:47 On a grandi dans la même ville, lui et moi, donc...
28:50 On ne peut pas dire qu'on était copains-copains.
28:54 On n'a jamais traîné ensemble les week-ends, rien de ce genre.
28:57 On se voyait parce qu'on a un centre d'intérêt en commun, lui et moi, les paris sportifs.
29:03 Toutes les semaines ? Vous pariez chaque semaine sur les matchs ?
29:07 Oui.
29:10 De ce qu'on sait, tu serais la dernière personne à avoir vu Brie.
29:14 Est-ce que tu peux nous raconter en détail comment s'est passée sa dernière visite chez toi ?
29:21 Ouais, il m'a envoyé un texto, vers 11h, je crois bien.
29:25 Tu as répondu -1034. Tu lui devais cette somme ?
29:29 C'est sa réponse à lui.
29:31 De toute évidence, Williams ne disait pas tout. Il était très nerveux.
29:36 On a retrouvé ses portables et son portefeuille à deux pas de chez toi.
29:40 Il paraît, ouais.
29:42 Tu ne trouves pas que les apparences...
29:46 Les apparences...
29:48 Elles jouent contre moi, je crois. Je crois aussi.
29:53 Mais moi, j'y suis pour rien.
29:55 D'instinct, je me suis dit qu'il en savait plus que ce qu'il voulait bien nous dire.
30:01 Ce qui fait que, de fil en aiguille, on lui a demandé s'il voulait bien qu'on aille jeter un petit coup d'œil chez lui.
30:07 Chez moi ?
30:09 Oui.
30:10 Il y a des substances illégales.
30:11 Ça, c'est pas grave. On n'aura pas de mandat de perquisition. On te demande juste si t'es d'accord.
30:16 Non, ou alors, il faudrait que j'aie le temps de bouger des trucs, mais...
30:20 Là, tu rêves.
30:22 Non, non, pas question. Alors ?
30:28 C'était quoi ce que tu voulais bouger comme truc illégaux ?
30:31 De l'herbe.
30:35 D'accord.
30:36 Des pipes à herbe, de l'herbe et plein d'accessoires.
30:38 Beaucoup d'herbe ?
30:40 Quelle quantité ?
30:42 Des kilos ?
30:44 Plusieurs livres ?
30:47 Ouais.
30:49 C'est une affaire de drogue ?
30:51 Non, Brie, touche pas à ça.
30:53 C'est pas ce que dit la rumeur.
30:57 À ma connaissance, il y a jamais touché.
30:59 Alors, on parle de kilos, de livres ?
31:02 On lui a dit...
31:05 T'en fais pas, c'est pas la marijuana qui nous intéresse.
31:08 On est à la recherche de Brie.
31:10 Rassure-toi, tu plongeras pas pour l'herbe.
31:13 Peut-être pas ici, mais...
31:15 À Florence non plus, je les ai appelés.
31:17 Mais si tu nous obliges à demander un mandat de perquisition,
31:22 je peux pas te garantir que Florence ne retiendra rien contre toi.
31:26 Si tu nous donnes ton accord...
31:27 Avec un mandat de perquisition, tu risques plus gros.
31:30 C'est vrai.
31:32 Si tu nous laisses entrer de plein gré, on ferme les yeux sur l'herbe.
31:36 Sauf si tu mens et qu'il y en a 30 kilos.
31:38 Là, c'est plus la même chose.
31:40 Plus la discussion avec William s'avance,
31:43 et plus la quantité de cannabis augmente.
31:45 Me dis pas que tu ignores combien t'en as.
31:48 Allons.
31:50 J'en sais rien, elle est pas à moi.
31:55 Tu la caches pour qui ?
31:56 Une personne impliquée ?
32:03 Non, je pense pas.
32:06 Mais si j'avais su...
32:09 Jeremy, combien à ton avis ?
32:11 Si ça se trouve, on m'a déjà tout piqué,
32:15 vu que tout le monde sait que je suis ici.
32:17 Admettons que non, combien y en avait ?
32:20 Plus d'une livre ?
32:25 Un.
32:26 Deux.
32:28 Dix livres.
32:33 On lui a rappelé à de nombreuses reprises
32:37 que ce qui nous inquiétait n'était pas la drogue,
32:40 mais la disparition de Brie.
32:42 J'ai demandé à la police de Florence
32:46 de bien vouloir se rendre chez le dénommé Jeremy Williams
32:49 pour garder les lieux jusqu'à notre venue.
32:52 On a conduit Williams jusqu'à chez lui pour une fouille consentie.
32:55 Alors qu'on venait tout juste d'entrer dans la localité,
32:59 la police de Florence nous a appelés
33:01 pour nous demander d'attendre son fauver
33:03 avant de nous présenter chez Williams,
33:05 car elle venait de trouver des indices suspects
33:08 aux abords de son appartement.
33:10 Elle avait trouvé des gouttes de sang sur le Porsche,
33:16 des traces de sang sur la face externe de la porte d'entrée
33:20 et encore des gouttes de sang sur le trottoir.
33:23 En ouvrant la porte arrière,
33:26 les collègues ont été comme saisis par la chaleur
33:29 qui régnait à l'intérieur de la maison
33:31 et aussi par l'odeur des produits de nettoyage.
33:34 Ça empestait.
33:35 La police scientifique utilise du luminol
33:38 pour révéler les taches de sang.
33:40 Lorsqu'elle a vaporisé la zone, tout était bleu.
33:43 Tout ce sang était la conséquence d'une grande violence.
33:50 [Musique]
33:54 Bon.
33:55 Il m'a envoyé un message pour me dire qu'il montait à Florence.
34:01 C'était quel jour ?
34:03 Le mardi.
34:04 Jeremy Williams nous a révélé qu'il pariait avec Briony Rutland
34:10 sur des matchs de football américains.
34:12 Il avait perdu son pari le week-end précédent,
34:15 le mardi en question.
34:18 Il devait à Brie une somme avoisinant les 1 000 dollars.
34:22 C'était toujours le mardi que Briony encaissait ses gains
34:26 ou qu'il réglait ses dettes.
34:28 Au cours de l'enquête,
34:30 on nous a affirmé que lorsque Brie encaissait ses gains,
34:33 il n'insistait jamais pour qu'on lui règle la somme en totalité.
34:37 Être à court d'argent, ça peut arriver, et il le savait.
34:40 Il n'y avait pas d'urgence.
34:41 Bref, il s'est pointé.
34:48 Et j'avais pas d'argent.
34:50 Zéro dollar.
34:52 Zéro dollar, zéro cent.
34:55 D'accord.
34:56 Au début, il souriait parce qu'il a cru que je bluffais,
35:00 mais il a compris que je disais la vérité, alors...
35:03 Il...
35:05 Il m'a pris à la gorge et il me l'a serré.
35:09 Il m'a juré que si jamais...
35:13 Si jamais je crachais pas son putain de fric,
35:15 il hésiterait pas à me couper les doigts, un par un,
35:19 à chaque fois que nos chemins se croiseraient.
35:22 J'ai essayé de lui faire la chéprise, de rabattre son bras,
35:26 mais c'est quelqu'un de balèze.
35:28 Il était debout derrière moi, en position d'étranglement,
35:32 comme s'il cherchait à m'endormir.
35:34 Je me suis mis à genoux. Il avait réussi à m'endormir.
35:37 Et quand je me suis réveillé,
35:39 il était en train de me couper le petit doigt.
35:43 Il m'a montré sa main.
35:45 Il l'avait enrubanée dans des bandages de fortune.
35:48 Il les a enlevés pour me montrer une coupure.
35:50 Bien.
35:51 Il avait tendance à se donner le beau rôle dans toute cette histoire.
35:58 Il ne voulait que du bien et on lui voulait du mal.
36:01 Je trouvais sa version un peu trop belle.
36:03 J'ai voulu me relever, le couteau a roulé.
36:06 Il était là, à portée de main.
36:08 J'ai pas cherché, je l'ai poignardé.
36:10 Et j'ai recommencé plusieurs fois.
36:12 Après, il a encore voulu m'agresser, alors je l'ai encore poignardé.
36:16 D'accord. Et ensuite ?
36:20 J'ai couru dans ma chambre pour prendre un flingue caché dans un placard.
36:24 Oui.
36:26 Il était juste derrière moi.
36:29 Vous l'avez blessé ?
36:30 Ouais, mais je sais pas où. J'ai tiré...
36:33 en fermant les yeux. J'ai pressé la gâchette et il est tombé.
36:37 Il avait un téléphone sur lui ? Un portefeuille ou autre chose ?
36:41 J'ai pris ma voiture.
36:43 J'ai fait le tour du quartier en me demandant ce que j'allais faire.
36:48 J'ai jeté ce téléphone dans les gouts.
36:51 Plus tard, il a déplacé la voiture de Brie qui était garée devant chez lui
36:57 et il l'a déposée à Sheffield.
37:00 Et il a appelé sa petite amie pour qu'elle vienne le chercher là-bas.
37:04 J'ai pris sa voiture pour me rendre à l'hypermarché.
37:08 Pour acheter quoi ?
37:11 Des chaînes, des cadenas et aussi une poubelle.
37:16 Tu l'as enveloppée dans quelque chose ?
37:20 Je l'ai enfermée dans la poubelle.
37:22 Ensuite, il a rempli plusieurs sacs poubelles.
37:26 Il y a mis des serviettes, les vêtements de Brie,
37:29 ses propres vêtements, le fameux couteau, le pistolet.
37:32 Il a chargé le tout dans le coffre de sa voiture
37:35 et s'est rendu au pont ferroviaire de Sheffield.
37:38 Il a commencé par transporter quelques parpaings jusqu'au pont.
37:42 Après les avoir déposés, il est revenu chercher le sac
37:45 contenant tout ce dont il voulait se débarrasser
37:48 et il l'a balancé à l'eau.
37:50 Ensuite, il est revenu chercher la poubelle dans laquelle il avait enfermé Brie.
37:54 Il a sorti le jeune homme de la poubelle
37:58 et l'a attaché au bloc de béton à l'aide des chaînes qu'il venait d'acheter.
38:02 Quand tu l'as sorti de la poubelle, tu as vu qu'il y avait des chaînes
38:06 et quand tu l'as sorti de la poubelle, tu as fait quoi ?
38:09 Je l'ai jeté dans le Tennessee.
38:15 Au terme de l'interrogatoire, nous avons inculpé Jeremy Williams
38:22 du meurtre de Brioni Rutland.
38:24 Avant, j'attendais toujours la rencontre entre Alabama et Auburn avec impatience.
38:36 Depuis 2013, cette date ne m'évoque que l'autopsie de mon frère.
38:40 Le match est secondaire.
38:44 Juste après le drame, je pensais uniquement à tout ce que Brie avait pu subir.
38:51 Dans son rapport d'autopsie, le médecin légiste a pu établir
38:56 que Brie avait reçu plus de 70 coups de couteau,
39:00 qu'on lui avait tranché la gorge, qu'il avait été touché à la jugulaire,
39:04 que sa moelle épinière avait été sectionnée à deux endroits différents
39:09 et qu'enfin il avait reçu une balle dans l'œil.
39:12 La seule conclusion qu'on peut en tirer est celle d'un déferlement de rage
39:18 de la part de Jeremy Williams.
39:20 Je ne vois pas comment on peut invoquer la légitime défense.
39:24 Williams prétend que Brie l'a poursuivi jusque dans sa chambre.
39:29 Il aurait juste eu le temps de récupérer son arme et de tirer.
39:33 Mais avec une moelle épinière déjà sectionnée,
39:36 Brie se trouvait déjà dans l'incapacité de courir ou même de se lever.
39:40 J'ai rien d'autre à dire sur Williams.
39:43 J'aime autant qu'on n'en parle plus du tout.
39:45 Comment peut-on faire ça à quelqu'un avec qui on a grandi
39:49 et dont on est censé être l'ami ?
39:51 En entendant ce nom, Jeremy Williams,
39:57 je me suis dit non.
39:59 Je ne l'avais pas vu depuis des années.
40:02 Jeremy, pour moi, ça a toujours été un gringalet.
40:05 Brie était sportif, il était en pleine forme, du coup...
40:09 Je me suis dit que ça ne tenait pas la route.
40:12 Mais quand j'ai lu le rapport d'autopsie, je me suis dit...
40:15 Ah, d'accord.
40:16 J'en revenais pas.
40:27 Toutes ces personnes qui s'étaient déplacées...
40:31 Le gymnase était plein.
40:33 Il n'y avait plus une place de libre.
40:37 J'étais touchée de voir autant de monde.
40:40 Ça m'a fait du bien de ressentir le soutien de la population.
40:43 Tout ce monde...
40:45 C'était fou.
40:49 Nos élèves et le personnel de l'école ont vécu une période très triste.
40:55 À titre personnel, j'ai eu du mal à comprendre ce qui s'était passé.
41:00 Au sens premier du terme, je ne comprenais pas.
41:03 Le tribunal a ensuite établi qu'au moment des faits,
41:10 Jeremy Williams ne possédait que deux dollars sur ses deux comptes en banque.
41:15 Brie, il n'a jamais rien pris, il donnait.
41:20 Quand toute la lumière a été faite durant le procès,
41:24 les SMS ont montré qu'elle était la vérité.
41:29 À aucun moment, mon frère n'a exigé de Jeremy
41:32 qu'il lui donne l'argent qu'il lui devait.
41:34 Au contraire, il lui a dit qu'il n'avait pas à s'inquiéter,
41:38 qu'il viendrait un autre jour.
41:40 C'est Jeremy qui lui a envoyé plein de SMS,
41:43 qui lui a dit de venir.
41:45 Il a tendu un piège à mon frère,
41:47 comme une araignée qui attire une mouche dans sa toile.
41:50 Ce n'était entre guillemets qu'invulnérable.
41:54 [Musique]
42:11 Depuis ce drame, le lycée d'Eschler a créé le prix Brie Rotland.
42:15 Chaque année, il vient récompenser l'élève
42:17 qui se distingue non seulement sur le plan sportif,
42:20 mais aussi au sein de la collectivité.
42:22 À travers le nom de Brie Rotland,
42:24 le but était de récompenser l'élève qui cherche à faire le bien.
42:27 [Musique]
42:34 Je n'ai pas assisté à un seul match à Deschler depuis la mort de Brie.
42:38 Je n'allais même plus chez ma sœur
42:41 parce qu'elle habite juste derrière le stade.
42:43 Chez moi, tous les vendredis soirs, je m'allonge,
42:46 j'écoute la clameur du stade,
42:48 et aussitôt je pense à Brie.
42:50 [Musique]
42:52 Brie et les valeurs qu'il incarnait
42:54 resteront à jamais gravées dans notre mémoire collective.
42:57 Il fait partie de l'histoire de Deschler,
43:00 et nous veillerons à ce que son message soit transmis et partagé.
43:04 [Musique]
43:10 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]