La musique, c’est du viagra - Lisa Delmoitiez n’a pas compris
Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-lisa-delmoitiez
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AmusantTranscription
00:00 Nabiliza, d'elle moitié ! Nabiliza, avez-vous compris pourquoi Zazie et Julie étaient nos invités ?
00:06 J'ai très bien compris Nagui, tout à fait, je vous remercie de me donner la parole.
00:10 Julie, Zazie, il faut qu'on parle.
00:13 Vous venez présenter le festival Sœurs Jumelles, qui donc plutôt que de les distinguer, célèbre
00:18 le lien entre la musique et l'image, avec des concerts, des projections de films, mais
00:21 fait rare, pas de compétition entre les films.
00:24 Quel bouffé d'air frais ! Enfin un concept qui ne compare pas les artistes.
00:28 Julie, votre festival, c'est un projet noble, humaniste, militant.
00:31 C'est donc aussi une énorme erreur marketing.
00:34 Aïe aïe aïe Julie, pas de compétition en 2023, pas de losers à éliminer, ohlala,
00:39 des valeurs vintage la meuf ! Ok donc c'est l'école des fans en plein air, c'est ça ?
00:44 Mais Zazie, Zazie, mais enfin, vous êtes jurée de The Voice, vous savez bien que ça
00:48 met un peu de piment quand les équipes rivalisent.
00:50 Oui, je le sais pourtant.
00:51 Aujourd'hui, tout le monde s'affronte tout le temps, pas seulement les artistes à Top
00:54 Chef pour les cuisiniers, Koh Lanta pour les crossfiters, il y a même 4 mariages et une
00:57 lune de miel pour les futurs divorcés.
00:59 On est dans une société de la performance, elle n'a tenu qu'une saison.
01:03 Mais je rappelle qu'en France, il y a eu un jour l'émission « Ouf, quel chien sera
01:06 à la hauteur ? » Tu devais élire le meilleur toutou.
01:09 Non mais oh, c'est quoi la suite ? La politique ? Vous verrez, bientôt, ils vont nous demander
01:12 de voter pour notre candidat préféré.
01:14 Je vois le truc arriver, c'est plus 2023, c'est 1984 ici.
01:17 Un peu de culture, un peu de chiffre, c'est aussi ça le service public.
01:21 Encore en France, on est encore soft, mais aux Etats-Unis, ils n'ont plus le limite.
01:25 Déjà, ils ont des bouteilles de Coca de 5 litres, mais surtout, ils ont « Who's
01:28 your daddy ? C'est qui ton papa ? » qui est donc une émission télé, à ne pas confondre
01:32 avec le film « Who's your daddy ? » qui est excellent aussi, mais pas vraiment le
01:36 genre qu'on projette au festival sœur/jumelle, si vous voyez ce que je veux dire.
01:39 Quoique je me demande si les deux baby-sitteuses qui se font déboîter dans la vie ne sont
01:43 pas sœurs justement.
01:44 Bref, revenons à l'émission « Who's your daddy ? » C'est donc 8 hommes qui
01:52 s'affrontent pour convaincre une pauvre fille adoptée qu'ils sont son père biologique.
01:59 Donc voilà, aucune dignité dans le programme.
02:01 Cela dit, ce qui est bien, c'est que peu importe lequel de ces trous du cul est finalement
02:05 ton père, t'es bien contente qu'il t'ait abandonné au final.
02:07 Donc arrête de chialer, il y a un moment, il faut aller de l'avant.
02:10 Tout ça, cela dit, au festival sœur/jumelle, ici, personne ne s'affronte.
02:15 Tous les artistes sont célébrés, on met à l'honneur la musique, les films, la musique
02:20 dans les films du coup, très importante.
02:22 Cela dit, moi j'ai un drôle de rapport avec les bandes originelles.
02:25 Je parle pas de l'émission, quoi que.
02:27 Non mais les bandes originelles de films, d'un côté j'adore ça quand il y a de la
02:32 bonne musique au cinéma, d'un autre côté, je trouve que c'est un peu de la triche.
02:36 Je trouve qu'il y a des films qui se reposent trop là-dessus.
02:38 Soyons honnêtes, t'enlèves la musique, I'm giving you a night called Don't Drive, le film
02:42 c'est juste l'histoire de Ryan Gosling qui fait un créneau.
02:44 Parfois je vois bien ce que fait le réalisateur, il voulait me faire pleurer mais son histoire
02:50 elle est pas à la hauteur, ses dialogues ils sont à chier, le coco il s'en rend compte
02:53 en studio de montage, il panique et il m'envoie du John Williams et tout l'orchestre de Philadelphia
02:56 dans la tronche.
02:57 Alors oui je pleure, mais c'est pas de gaieté de cœur.
02:59 Comme je dis toujours, la musique, c'est le Viagra du cinéma.
03:02 On est tous les deux contents que t'y aies pensé, mais si je peux jouer Irsan, c'est
03:05 quand même bon cinéma.
03:06 Cela dit, je fais pareil.
03:11 Moi je fais pareil, quand ma vie est nulle, je mets aussi de la musique pour compenser.
03:15 Si je fais deux abdos et demi, je me prends pour Rocky parce que j'ai Eye of the Tiger
03:18 dans les oreilles.
03:19 Si le mec que j'ai ramené chez moi s'avère être nul, je me donne du courage en montant
03:22 le volume.
03:23 Ça je fais d'une pierre deux coups.
03:24 De un, j'entends plus ce qu'il me raconte.
03:26 « Alors en fait avec des potes on brasse notre bière nous-mêmes ».
03:28 Oh ta gueule !
03:29 Et de deux, je m'évade grâce à la musique.
03:36 J'envoie la BO de Gauz justement.
03:37 Je suis plus chez moi avec l'autre brasseur du dimanche.
03:40 Je suis à un atelier de poterie avec Patrick Swayze.
03:42 Si le volume est assez fort et que je ferme les yeux, je peux presque me convaincre que
03:45 c'est sur de la terre glace que je suis en train de m'acharner.
03:47 Je suis pas sur sa demi-molle.
03:48 Donc si vous aussi la musique vous aide à vous évader, à rêver à une vie meilleure,
03:53 rendez-vous du 27 juin au 1er juillet à Rochefort pour le festival Sœurs Jumelles.
03:57 Vous pouvez pas vous tromper là-bas, tout le monde a gagné.
03:59 Merci !
04:01 (applaudissements)