«L'accueil des réfugiés par le trottoir est insupportable», réagit Yann Manzi, cofondateur d'Utopia 56

  • l’année dernière
Quelques 450 réfugiés qui occupaient une école désaffectée du 16e arrondissement, dans l'ouest parisien depuis le 4 avril se sont installés mardi 20 juin, vers 20 heures sur la place du Palais Royal, face au Conseil d'État.

Dans une ambiance tendue et au milieu de bousculades, les forces de l'ordre mobilisées en nombre ont procédé au cours de la soirée au démontage des tentes, une par une avant de faire usage de gaz lacrymogène pour réaliser l'évacuation.

Yann Manzi, cofondateur de l'association d'aide aux réfugiés Utopia 56 réagit à cette violente expulsion et souligne l'urgence de mettre à l'abri tous ces jeunes réfugiés.
Transcript
00:00 ça a été très dur pour tout le monde.
00:01 On a eu 10 personnes à l'hôpital quand même,
00:04 2 qui ont été orientées vers des hôpitaux psychiatriques,
00:06 tellement la violence des faits et ce que vivent ces gens à la rue est traumatique.
00:14 N'oublions pas que ces gens font partie des bateaux qui sombrent dans la Méditerranée
00:19 et pour lesquels, pour ceux qui arrivent à passer entre les mailles de ce piège incroyable
00:24 que nous avons construit et que nous finançons à grand renfort de millions d'euros,
00:28 nous Français et Européens,
00:30 tous ceux qui ont passé les mailles du filet,
00:32 on peut imaginer que l'accueil par le trottoir voulu par la France est tout simplement insupportable.
00:38 Ces gens sont déjà tous traumatisés,
00:41 ces gens sont tous devenus au cours de leur parcours,
00:43 avec les drames qu'ils ont vécu des réfugiés,
00:46 à mettre à l'abri, à protéger.
00:48 Et non, cette politique de l'accueil par le trottoir voulu par la France
00:52 continue à s'appliquer sur ces populations et c'est tout simplement un drame pour nous,
00:56 mais un drame pour notre société et un drame de mon fort en fait.
00:59 Je me rappelle des mots de M. Darmanin, "Humanité et fermeté".
01:03 On est bien sûr toujours dans cette réalité d'un tout petit peu d'humanité
01:08 et je ne sais pas où elle était hier soir cette humanité,
01:10 parce qu'elle n'est pas apparue, elle n'était pas visible.
01:13 Par contre, la fermeté et le message,
01:15 bien sûr pour aller flatter l'électorat du Front National, on le sait très bien,
01:18 tout ça ne sont que des bassesses et des manœuvres politiques,
01:22 tout simplement d'un autre âge.
01:23 Par contre, derrière, les êtres humains subissent cette violence incroyable
01:27 et je répète la question, c'est où on va en fait en laissant faire ça
01:31 sur des gens qui tout simplement essayent d'avoir un avenir meilleur ?
01:37 Qu'est-ce qu'on fait à mettre tous ces jeunes à l'abri dans la rue
01:40 et derrière de dénoncer la délinquance des MNA ?
01:44 L'État crée aujourd'hui la violence qu'elle dénonce
01:48 au travers de la non prise en charge de tous ces jeunes,
01:51 qu'ils soient mineurs ou non mineurs,
01:53 qu'est-ce qu'on fait à laisser des jeunes sur les trottoirs de nos villes
01:56 en les accueillant comme ça ?
01:58 C'est quoi le projet ?
02:00 Ils ne vont pas disparaître, ça c'est sûr et certain.
02:03 Ils vont être dispersés, parce que les campements à Paris,
02:06 comme l'a dit le préfet Nouniez dans le début d'année, ce n'est plus possible.
02:10 Et c'est ce qu'on vit.
02:11 Donc, le harcèlement va se resserrer autour de toutes ces populations
02:15 et l'accès aux soins, l'accès aux droits,
02:17 l'accès aux humanitaires, l'accès aux assos,
02:20 va être très compliqué.
02:22 Et nous derrière, nous allons mettre en place
02:24 au moins une assistance de première urgence,
02:27 de façon à ce que les plus vulnérables puissent être orientés,
02:31 et bien sûr, en cas de violence policière,
02:33 qu'ils puissent nous prévenir de façon à ce qu'on puisse documenter la réalité de ce qui se passe.
02:36 Et puis on va continuer à se battre,
02:38 parce que les droits fondamentaux pour nous, pour les citoyens,
02:42 qu'ils soient français ou étrangers d'ailleurs,
02:45 ce sont des droits qui ne doivent pas se perdre.
02:47 Parce que si on perd ces droits-là,
02:48 on peut imaginer que tous les autres,
02:51 ils n'existeront pas en fait.
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