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00:00 - On accueille François Codé sur ce plateau.
00:02 Bonjour à vous. Vous êtes ancien capitaine de vaisseau
00:06 et trésorier de l'Association française du Titanic.
00:09 François Codé, il y avait 96 heures d'autonomie,
00:13 de réserve d'oxygène à bord de ce sous-marin.
00:16 Théoriquement, ces réserves sont épuisées à l'heure actuelle.
00:20 Un de vos confrères disait qu'il était déjà trop tard.
00:24 C'est aussi votre sentiment ?
00:26 - C'est probable, oui.
00:28 En fait, c'est progressif.
00:31 L'atmosphère se dégrade
00:34 et vous avez un phénomène de narcose
00:36 qui fait que l'on perd progressivement conscience.
00:39 En plus, ils sont en hypothermie,
00:41 puisque l'eau est glacée.
00:43 Comme il n'y a pas de chauffage dans le sous-marin,
00:47 probablement, les deux phénomènes conjugués
00:50 font qu'ils perdent conscience assez rapidement.
00:53 - Même s'il y avait encore une fois
00:55 ces quelques heures de réserve d'oxygène,
00:57 à bord de ce submersible,
00:59 il y a des personnes aguerries,
01:01 habituées à ce genre de voyage sous mer,
01:04 est-ce qu'on peut imaginer qu'ils aient adapté leur comportement,
01:08 qu'ils aient pu économiser cet oxygène
01:11 ou encore quelques heures d'espoir devant eux ?
01:14 - Certains sont expérimentés.
01:16 Par exemple, Narjolet, qui est un des plongeurs
01:20 les plus confirmés qu'on puisse imaginer.
01:23 Les autres sont des passagers
01:24 qui ne sont pas forcément familiers avec ce genre d'atmosphère.
01:28 Il faut voir que le sous-marin est minuscule,
01:30 il fait 6,5 m de long,
01:32 même pas 3 m de large,
01:33 et un peu plus de 2 m de haut.
01:35 Ils sont cinq, là-dedans.
01:37 Comment voulez-vous vous allonger confortablement,
01:40 respirer le plus lentement possible,
01:43 ne pas paniquer ?
01:44 - Ne pas céder à la panique.
01:46 - Et puis, rien ne dit,
01:47 on parle de leur réserve d'oxygène,
01:49 que l'accident n'ait pas été plus brutal
01:52 et plus...
01:54 Enfin, sans issue possible.
01:57 On ne peut pas l'écarter.
01:58 À l'heure actuelle, on ne sait rien.
02:00 Comme c'est un petit sous-marin,
02:02 il est peu probable que des sismographes
02:05 aient détecté une anomalie, etc.
02:07 Ce qui est arrivé avec des sous-marins militaires
02:09 de gros tonnages, on a réussi à détecter
02:12 le moment où ils avaient un plosé.
02:14 Mais ça peut être le cas de celui-là.
02:16 - La difficulté de le localiser, c'est celle-ci,
02:19 la profondeur, 4000 m de profondeur,
02:23 c'est aussi ce très large périmètre
02:26 de 20 000 km2.
02:27 Qu'est-ce qui explique qu'on n'arrive pas à localiser,
02:30 à identifier l'origine des bruits
02:32 entendus il y a 24 heures ?
02:34 - D'abord, il est tout petit.
02:36 Donc, le localiser, c'est pas évident.
02:38 Il a une coque en fibre de carbone
02:40 qui doit être moins facile à détecter
02:42 au rayon ultrasonore.
02:44 Et théoriquement, il est descendu
02:46 à la verticale du Titanic,
02:48 puisque c'est là qu'il allait.
02:50 Il a pu toucher le fond à 500 m,
02:52 mais il doit pas être loin du Titanic.
02:54 - Il est pas suffisamment équipé
02:56 pour qu'on puisse le détecter,
02:58 pour que des ondes puissent être diffusées ?
03:00 La conception même de ce sous-marin pose question.
03:03 C'est ce qui fait défaut dans cette situation ?
03:06 - Oui, alors, moi, j'ai découvert des choses
03:08 sur ce sous-marin. Je savais qu'il existait,
03:11 je savais qu'il était d'une conception novatrice,
03:14 mais on a l'impression qu'ils sont allés un peu loin et vite.
03:17 J'avais pas de compétences sur la fibre de carbone,
03:20 mais je découvre que c'est pas du tout
03:22 le matériau idéal pour ce genre d'activité.
03:25 - Il y a eu une négligence dans la conception ?
03:28 - Vous avez passé une vidéo
03:29 où il y a ce monsieur Sibosle,
03:31 qui est un spécialiste,
03:33 et qui dit que jamais on ne l'aurait fait monter
03:35 dans ce véhicule.
03:37 Et tout le monde est surpris que Narjolet,
03:39 qui est quelqu'un qui a pratiqué la plongée
03:42 depuis des lustres,
03:44 ait accepté...
03:48 de piloter le véhicule
03:50 dans des conditions qui sont quand même limites.
03:53 Donc, à l'heure actuelle,
03:55 l'espoir de les retrouver est vraiment plus que mince.
04:01 Ce qui va se passer,
04:02 c'est qu'actuellement, des robots descendent vers le fond,
04:05 du côté du Titanic,
04:07 et qu'ils ont une chance au moins de voir s'il est là.
04:11 Mais même sur le fond,
04:13 il peut être dissimulé par des sédiments.
04:16 Le fait qu'il soit aussi petit pose un problème.
04:19 - Il ne facilite pas les recherches.
04:21 Les gardes-côtes disent poursuivre leurs opérations de sauvetage.
04:24 On se parle encore, on est en train de tenter de les retrouver.
04:28 On reste mobilisés.
04:29 Qui, selon vous, peut décider d'interrompre ces recherches ?
04:33 - À mon avis, en tout cas,
04:36 l'amiral qui commande les gardes-côtes
04:40 et chargé de la coordination des sauvetages,
04:42 il a des spécialistes avec lui.
04:45 Si vraiment, on pense qu'il n'y a aucun espoir de les retrouver vivants,
04:49 il peut au moins diminuer l'ampleur des recherches.
04:52 Mais il est important de les retrouver, quoi qu'il arrive,
04:55 de façon à comprendre ce qui s'est passé
04:58 et à affronter les suites de l'événement.
05:01 On ne peut pas considérer que c'est une banalité.
05:04 Il s'est passé quelque chose de grave.
05:07 - Et ce seraient quoi, les suites de l'événement ?
05:10 - Les suites juridiques, par exemple.
05:12 Chaque personne à bord du sous-marin a signé une convention
05:16 disant qu'en participant à cette sortie,
05:19 il risque des blessures graves, voire la mort.
05:23 C'est écrit dans le contrat.
05:24 Vous imaginez ce qui peut en découler
05:27 dans un procès en limitation de responsabilité ?
05:30 Et le PDG de la société est dans le bateau.
05:33 - Il y aura un avant et un après ?
05:35 On va mettre un terme à ce type d'exploration commerciale ?
05:39 - Je pense que...
05:41 Ca ne va pas se passer sans péripéties.
05:44 Les Langues des Lilles, j'ai parcouru des sites Internet.
05:47 Il y a au moins deux passagers des excursions précédentes
05:51 qui ont dit qu'ils avaient eu des expériences
05:54 extrêmement pénibles et qu'ils n'étaient pas surpris
05:58 de voir que ça avait mal tourné.
06:01 - Ca pose la responsabilité de l'entreprise Ocean Gate.
06:05 Merci beaucoup, François.