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Vendredi 23 juin 2023, BE SMART reçoit Arnaud Marion (Fondateur, Marion & Partners, Institut des Hautes Études en Gestion de Crise)

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00:00 Et on commence donc comme chaque mois avec notre rendez-vous avec Arnaud Marion.
00:10 Bonjour Arnaud. Bonjour Aurélie. Fondateur de l'Institut des hautes études en gestion de crise et tous les mois vous venez m'aider à y voir un petit peu clair dans toute cette actualité des entreprises françaises notamment.
00:19 Et là évidemment on sort d'une longue longue séquence sur la tech, les startups VivaTech, Elon Musk, investissement pour l'IA. On a eu l'impression d'avoir une France championne du monde de la startup.
00:32 Pourtant évidemment c'est qu'une seule face de la French Tech. Il y a aussi celle qui marche un peu moins bien. On va y revenir. Mais si vous voulez on va commencer par ce qu'il y a de positif.
00:39 D'abord VivaTech, un succès, l'édition de tous les records, plus de visiteurs que le CES de Las Vegas même si le salon en surface est plus petit. Qu'est-ce que ça dit de nous ? Qu'est-ce qui explique un tel succès déjà ?
00:52 Je crois qu'en fait on est toujours en train de se plaindre sur nos échecs. Je crois qu'il y a quelque chose qui a vraiment été réussi. C'est tout cet écosystème qui a été créé autour de la French Tech,
01:04 autour des startups, autour de l'innovation, autour des levées de fonds avec au cœur de tout ça quand même BPI France qui a été là. Mais pas que.
01:13 Et effectivement on a en 2019, il y a eu le premier plan Tibi. 6 milliards. C'était colossal déjà avec 23 investisseurs à l'époque.
01:25 Ce sont des investisseurs privés. Des investisseurs institutionnels essentiellement, des assureurs en fait et qui flèchent une partie dans leur asset management vers de la startup.
01:37 Et en fait ça a correspondu à environ avec l'EcoInvest à peu près 30 milliards finalement et au capital de 14 licornes et de 43 du Next 40 et de l'indice 120 de la French Tech.
01:53 Donc ce que ça dit c'est qu'il y a un écosystème vraiment qui s'est créé. En tout cas du seed, enfin vraiment de l'amorçage jusqu'à la vie de l'entreprise.
02:05 Le vrai enjeu maintenant c'est que dès qu'on est dans ce qu'on appelle "late stage" là, souvent c'est les Américains et les étrangers ou les Chinois ou autres qui viennent récupérer la mise.
02:20 Donc du coup c'est là où on a un gros effort à faire. Mais VivaTech, avec Maurice Lévy qui reçoit Elon Musk, vraiment star interplanétaire.
02:31 Cette rencontre aussi entre Elon Musk et Bernard Arnault sur les toits du Cheval Blanc à la Samaritaine et autres.
02:39 Ça montre que la France n'est pas anecdotique dans ce paysage et que finalement c'est en train de développer maintenant un nouveau type d'investissement.
02:50 Et il y a eu le plan Tibi2, alors avec 7 milliards, un milliard de plus. Mais là ils veulent aller, c'est assez intéressant, early stage, late stage, coté, non coté.
03:00 Donc c'est-à-dire en fait tous azimuts, comment aider, comment faire effet de levier pour cet environnement.
03:06 Avec des secteurs peut-être plus ciblés que d'autres ?
03:08 Oui, alors ils ont sorti effectivement 125 lauréats sur des aspects stratégiques en fait de la French Tech à 75%.
03:20 Ça concerne la transition énergétique, ça concerne la santé, ça concerne l'agriculture, enfin l'agri-food au sens large.
03:29 Donc effectivement le focus est là. Mais je crois que c'est positif qu'il y ait des gens du niveau d'Elon Musk qui se déplacent à VivaTech.
03:40 Ça veut dire que c'est pas anecdotique et on a appris quand même à cette occasion que sur les 250 personnes qui comptent dans le monde sur l'intelligence artificielle,
03:48 il y en a qu'au Corrico, une centaine en France. Et ça c'est bien maintenant, il faut qu'ils restent en France.
03:55 Voilà c'est ça, c'est cent et quelques français effectivement. Mais où sont-ils et vont-ils rester en France ? C'est aussi ça tout l'enjeu.
04:02 La levée de fonds de Mistral quand même, un mois d'existence Mistral AI, plus de 100 millions de levées de fonds.
04:11 Je trouve que c'est un bel exploit, c'est un peu à l'américaine, on table sur des cerveaux.
04:18 Je trouve que c'est très intéressant. Alors on est à la fois avec ce paradoxe parce qu'on est français, il y a toujours un paradoxe.
04:24 Le paradoxe c'est qu'on a deux fois moins de formation scientifique qu'en Allemagne.
04:29 En revanche ceux qu'on forme, on les forme de très haut niveau et ils partent très vite.
04:34 Je crois qu'il faut donner envie finalement à maintenant à tout le monde de rester.
04:40 Je crois que c'est ça l'enjeu futur de la French Tech.
04:43 Et ce type d'événement, ce type d'engouement qu'on peut voir autour de ce type d'événement, ça contribue à faire rester cet écosystème en France ?
04:49 Oui parce que finalement c'est un écosystème vertueux, ça va faire venir des investisseurs de plus en plus gros.
04:56 On a des grosses sociétés finalement. Alors bien sûr on n'a pas des capitalisations boursières façon à l'américaine,
05:04 mais les américains sont quand même beaucoup plus gros que nous en France.
05:08 Toutes choses étant égales par ailleurs, c'est pas si mal.
05:11 Et donc comment on arrive finalement à un moment quand une entreprise a besoin de 500 millions, à lever 500 millions ?
05:19 Il y a cette sensibilité à la souveraineté maintenant, alors on va dire au moins au niveau européen.
05:26 Et c'est peut-être quelque chose de très très nouveau depuis la guerre en Ukraine bien sûr,
05:30 on a vu à quel point c'était important, mais depuis aussi les pénuries au moment du Covid sur les microprocesseurs ou autres.
05:37 Donc c'est bien, c'était le vivatec de la maturité et de la prise de conscience.
05:43 C'est intéressant ce que vous dites sur le fait qu'effectivement il faut avoir conscience de cette souveraineté,
05:47 mais néanmoins pour une start-up ou une scale-up qui a besoin de passer à l'étape d'après et d'avoir des financements,
05:54 elle va aller là où elle les trouve ? Et c'est là toute la question, c'est-à-dire qu'à un moment elle n'a pas le choix non plus.
06:00 Elle les trouve plus facilement là-bas qu'ici on va dire, et donc comment faire pour réussir à développer ?
06:06 Je crois qu'il y a eu quand même des gros gros efforts de fait depuis une dizaine d'années.
06:12 Je crois qu'on commence à récolter les fruits. Ce n'est pas un écosystème qui est vain.
06:18 Alors c'est sûr il y a beaucoup plus de licornes encore en Angleterre, il y a beaucoup plus de levées de fonds en Angleterre,
06:24 donc pas loin de nous en Europe en tout cas au sens géographique du terme, mais on est sur la bonne voie.
06:32 Et en tout cas ce qui est bien c'est qu'on est dans le peloton de tête.
06:35 Vous me parliez de la French Tech qui va plutôt bien, on va parler de celle qui va un peu moins bien.
06:40 On commence à voir et on en parle ensemble régulièrement des petits cas de licenciements, de faillite, de choses qui vont...
06:47 Voilà la vie normale finalement des entreprises et là on a encore eu un cas cette semaine puisqu'on a eu l'AssureTech,
06:54 Louko, qui a donc fait l'objet d'une procédure et puis qui a finalement été reprise.
07:00 Quel est le sujet avec Louko ? Est-ce que c'est un problème de modèle ? Est-ce que c'est juste une question de timing
07:05 qui fait qu'en ce moment c'est plus difficile de lever les fonds que peut-être il y a six mois ?
07:09 Oui c'est toujours ce paradoxe. Alors pour Admiral, gestion qui va reprendre, c'est une accélération fantastique,
07:16 c'est 450 000 clients d'un coup, mais Louko c'était 70 millions de levées, mais c'était quand même pas loin de 50 millions de dettes,
07:25 c'était pas de la rentabilité, fallait encore financer le développement. Je pense que c'est ça, c'est la rapidité d'équilibre du modèle.
07:34 Et on ne peut pas comparer Louko, qui est effectivement l'AssureTech, qui a pris une part de marché énorme,
07:40 c'est énorme d'avoir pris 450 000 clients aussi rapidement, avec les faillites retentissantes de Gorillas, Gaityr,
07:49 qui quittent la France, qui sont au redressement judiciaire avec 200 millions de dettes, et qui finalement n'ont transformé aucun essai,
07:57 comme aucun acteur, comme Flink avant, aucun acteur du secteur. Donc il y a du nettoyage naturel, là je parle de Gorillas et de Gaityr,
08:06 et puis finalement il y a de la maturité, c'est-à-dire que je pense qu'il y a beaucoup de startups qui initient quelque chose,
08:14 mais qui, pour se développer, ont besoin de s'adosser. Donc elles sont reprises, elles s'adossent, ou à l'inverse, vous savez,
08:24 on voit les banques s'intéresser aux fintechs, parce que les fintechs vont beaucoup plus vite qu'elles.
08:30 Je crois que c'est un mouvement normal d'innovation, en fait moi je trouve ça très sain. Ça y est, il y a des redressements judiciaires,
08:38 il y a des sauvegardes, Luco s'était mis en sauvegarde par exemple, Gaityr et Gorillas ont choisi le redressement judiciaire.
08:47 C'est quelque chose de sain, en termes de maturité dans la vie d'une entreprise. Ça prouve aussi qu'on est plus simplement dans la startup
08:58 qui n'est jamais rentable et dont on n'exige jamais la rentabilité. Ça prouve qu'on vient dans un cycle d'affaires normal,
09:05 et ça va se normaliser. Vous savez, le tournant des années 2000, c'était presque il y a 25 ans au niveau de la tech.
09:14 Ça ne nous rajeunit pas vraiment.
09:16 Mais c'est le tournant de l'internet et autres. Donc voilà, on exige ça, les investisseurs exigent ça, et c'est certainement très sain,
09:27 en tout cas, parce que ça montre qu'il ne suffit pas simplement de se développer, de vouloir prendre des parts de marché,
09:34 de dépenser, dépenser, recruter ou autre. Il s'agit aujourd'hui de trouver des feuilles de route pertinentes.
09:41 Et celles qui trouvent des feuilles de route pertinentes, sauf les paris, l'intelligence artificielle, on est dans des paris aujourd'hui.
09:47 Et on a un besoin, je dirais, de ne pas être absent. L'Europe a quand même loupé, je dirais, la troisième révolution industrielle,
09:57 qui était celle des technologies de l'information, en fait. Et donc du coup, aujourd'hui, la raison revient.
10:05 Après, la raison revient, mais moi, je vois passer beaucoup de dossiers, en tout cas sur le plan de l'investissement,
10:11 beaucoup de multiples qui ne baissent pas, en fait. C'est-à-dire qu'il y a encore une appétence.
10:17 Et il y a encore beaucoup de concurrence sur du private equity pour prendre des entreprises, qu'elles soient de la tech ou pas,
10:26 à des multiples qui ne sont pas basses. Ça ne s'est pas du tout effondré. La valorisation des entreprises ne s'est pas effondrée,
10:32 mais il y a un tri naturel. C'est une sélection naturelle qui est en train de se faire.
10:36 – Bon, à propos de sélection naturelle, on a les défaillances d'entreprises qui sont revenues largement au-dessus du niveau pré-pandémique.
10:42 C'est les chiffres de la Banque de France cette semaine. On a déjà parlé ensemble du secteur de l'habillement qui est particulièrement touché.
10:48 D'ailleurs, cette semaine, je crois, on a eu "Don't call me Jennifer", qui a priori est en difficulté aussi.
10:53 – Assez étonnant. En plus, il y a une contradiction. Ils disent, on a choisi de se mettre en redressement judiciaire
11:01 pour réfléchir et rebondir. Généralement, on choisit la sauvegarde quand c'est le cas, plutôt que le redressement judiciaire.
11:09 Mais le travail de "Don't call me Jennifer" était quand même assez intéressant.
11:13 D'abord, 1,3 million de communautés Instagram chez les 12-19 ans, quelque chose comme ça.
11:20 C'est-à-dire, donc, une marque qui est très en prise avec la Gen Z, globalement,
11:25 qui avait fait… Enfin, Sébastien Bismuth, quand il avait repris "Jennifer", il a voulu faire l'inverse.
11:31 Donc, il a appelé "Don't call me Jennifer", ne m'appelait plus "Jennifer", en fait.
11:35 – D'ailleurs, cette campagne signée Bussman avait reçu un trophée très significatif, effectivement.
11:41 – Bien sûr. – Parce que le message était très fort.
11:44 – Oui, c'est ça. Et bien, malgré ça, chiffre d'affaires en baisse, problème de pouvoir d'achat, bien évidemment.
11:52 C'est compliqué d'exister, effectivement, dans ce secteur.
11:55 Donc, on va voir comment ça va évoluer.
11:57 Il faut rappeler quand même que les mêmes, ils ont acheté la marque Camailleux, comment dirais-je, il y a 4 mois.
12:03 – Ah oui, c'est une question qui… – Célio, Bismuth, Célio…
12:08 – Ça va être un dossier intéressant à suivre parce que, effectivement, ça pose pas mal de questions.
12:13 – Voilà.
12:14 – On avait parlé aussi ensemble des petits commerces, de la restauration rapide, on ne va pas y revenir.
12:18 Mais vous me dites, attention, il y a un nouveau secteur, c'est le secteur de la santé.
12:21 – Oui.
12:22 – Et ça, qu'est-ce qui se passe sur ce secteur de la santé ?
12:24 – En fait, c'est un peu la conjonction de beaucoup de choses.
12:28 Vous avez vu fleurir dans les villes des centres dentaires, des centres d'ophtalmologie,
12:34 et en fait des centres de santé, ce qu'on aurait appelé avant des dispensaires,
12:38 sauf que ce n'est pas public, c'est privé.
12:40 Et vous connaissez, tout le monde connaît la difficulté qu'il y a parfois
12:45 à trouver des rendez-vous de médecins, de spécialistes ou autres.
12:49 Et encore, on a aujourd'hui une appli comme Doctolib qui nous simplifie la vie
12:53 quand on recherche quelque chose.
12:55 Et tout ça a fleuri au cours des 4-5 dernières années.
13:00 Et en fait, ça a créé une déconnexion entre les autorités régionales de santé et ces centres.
13:07 Je m'explique, l'autorité régionale de santé, elle a bien sûr une tutelle sur un praticien,
13:13 monsieur ou madame machin, qui est médecin, qui est ophtalmo, qui est médecin généraliste ou autre.
13:19 Là, finalement, elle est en prise avec une structure, une structure commerciale.
13:25 Et donc, on s'aperçoit que d'abord, il y a beaucoup de faillites,
13:29 beaucoup de centres qui sont en train de fermer,
13:32 qu'il y a eu beaucoup d'abus sur des soins qui ont été indument facturés,
13:36 et qu'il y a eu beaucoup de plaintes de patients qui considèrent qu'ils ont été mal soignés
13:42 ou pas soignés comme il le fallait, voire même surfacturés.
13:46 Donc, il y a beaucoup de contentieux, il y a beaucoup de centres comme ça.
13:51 Et il y en a un qui a fait un redressement judiciaire retentissant il y a à peu près 3 semaines, c'est le COSEM.
13:57 Pour les parisiens, on connaît ça assez facilement parce que c'est dans l'huitième à Saint-Augustin,
14:03 et c'est à la gare Saint-Lazare.
14:05 Et là aussi, il y a eu beaucoup de centres qui ont fleuri, mais c'est une association.
14:09 Il y a un contentieux entre le CSE et le dirigeant, et puis finalement, il y a eu beaucoup d'argent de dépensés.
14:17 Alors, d'aucuns disent qu'il y a eu des fuites ou autre, ça, on verra, la justice traitera ça.
14:23 Mais ça se retrouve quand même en redressement judiciaire.
14:26 Donc, effectivement, c'est un secteur qui est touché, c'était assez disruptif.
14:30 Finalement, peut-on faire du lucratif sur de la santé ?
14:35 C'est toujours le débat, on en revient au débat d'Orpea.
14:38 Bien sûr, parce que Orpea, en plus, si ma mémoire est bonne, ça fait un an qu'il y a eu la première conciliation,
14:43 on en avait parlé ensemble.
14:45 Où est-ce qu'on en est dans ce dossier ? Est-ce que j'ai l'impression qu'on en entend quand même beaucoup moins parler, là ?
14:48 C'est assez complexe.
14:50 Bon, eux, ils sont dans leur sauvegarde financière accélérée.
14:55 Je rappelle que pour 100% du capital aujourd'hui, vous allez vous retrouver avec 0,4% du capital après dilution,
15:03 c'est-à-dire après transformation des créanciers, des fonds en capital,
15:11 et bien évidemment de l'entrée de la Caisse des dépôts et consignations à plus de 50%.
15:15 Donc, je dirais que la partie financière du sauvetage est bouclée.
15:19 Quand même, pour 4,7 milliards de chiffre d'affaires, il y a eu 4 milliards de pertes, quand même,
15:26 avec des dépréciations énormes sur les actifs immobiliers.
15:32 Il y a beaucoup de contestations, il y a beaucoup de contentieux, à la fois des actionnaires d'une certaine catégorie de créanciers
15:39 qui ne sont pas du tout d'accord, qui se battent aujourd'hui à la Cour d'appel.
15:43 Et logiquement, ils devraient pouvoir boucler leurs plans d'ici le mois de juillet.
15:50 Est-ce que ça va déborder sur le mois d'août ? On verra.
15:54 Donc, ils sont dans cette logique aujourd'hui.
15:56 Mais il y a un fonds contentieux, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas réussi à pacifier.
16:00 Ils n'ont pas réussi à aligner.
16:02 Vous savez, il y a tout le temps des contestations.
16:04 Quand on se fait diluer, ce n'est jamais drôle.
16:06 Mais au bout d'un moment, il y a une résignation.
16:08 Là, il n'y a pas de résignation.
16:10 Il y a beaucoup d'acteurs qui sont extrêmement remontés de cette fait trompée,
16:17 considèrent qu'ils se sont fait tromper à l'issue de la première conciliation.
16:20 Il y avait le sujet d'avant, le livre.
16:23 Les abus, là aussi, étaient en cause, bien sûr.
16:27 Un sous-effectif par rapport à des facturations, voire des surfacturations.
16:34 Donc, il y a le contentieux d'avant, qui sera essentiellement pénal.
16:38 Et puis, il y a le contentieux de cette restructuration.
16:41 Un dernier dossier, toujours dans cette histoire de restructuration, faillite, contentieux.
16:47 C'est un dossier dont on ne compte plus les rebondissements.
16:51 J'ai l'impression qu'il y a un article par jour dans la presse sur le sujet de Casino.
16:55 Et à la fin, moi-même, je m'y perds.
16:57 Cette semaine, je crois qu'on a eu encore des ventes d'actifs.
17:00 Un accord avec l'État sur un report de charge.
17:03 On a toujours, en fond de dossier, une bataille entre Daniel Kretinsky et Aniel Pighaszaoui,
17:09 après l'exit, c'est vrai, inattendu d'Invivo, qui était là, qui n'est plus là.
17:12 Où est-ce qu'on en est dans ce dossier, Arnaud ? Expliquez-moi.
17:15 Je ne crois que personne ne sait, mais les négociations sont en cours.
17:19 Ça fait partie de ces dossiers un peu boomerang.
17:22 C'est-à-dire qu'on sait depuis le début que cette société a toujours été surendettée,
17:27 mais on sait qu'elle avait beaucoup d'actifs.
17:29 Donc, effectivement, ils ont mis en vente les derniers actifs brésiliens, de Açai, en tout cas.
17:36 Il y a 6 milliards de dettes à traiter.
17:40 Vous savez, dans ce cas-là, il y a des hiérarchies.
17:42 Votre dette est-elle sécurisée ou pas ?
17:44 Si elle n'est pas sécurisée, ça ne vaut pas grand-chose.
17:46 Si elle est sécurisée, ça vaut plus.
17:48 Et puis ensuite, il y a le "new money", comme on dit, c'est-à-dire l'argent frais qui est apporté.
17:53 Alors, c'est un peu nébuleux.
17:55 Ils sont en conciliation.
17:57 Ils discutent avec tout le monde.
17:58 Il y a énormément de parties prenantes, bien évidemment.
18:02 On a à la fois le trio qu'ils appellent les 3F maintenant.
18:05 Ce n'est plus Teract, mais c'est Niel Pigaz-Vawahi, qui disent qu'on a l'intention de...
18:14 C'est une lettre d'intention d'intention, si j'ose dire.
18:17 On va mettre un milliard et on va trouver ça.
18:21 On va lever des fonds.
18:23 Sachant qu'on sait que le plus riche de tous, en termes de liquidité, Xavier Niel,
18:27 n'a pas tout à fait l'intention de tout financer.
18:30 C'est un euphémisme.
18:32 En plus, ce n'est pas du tout son secteur d'habitude.
18:35 Ce n'est pas son secteur.
18:36 Et puis, on s'éloigne à la limite de Teract.
18:38 On nous dit qu'en relief, il y aurait quand même un accord industriel avec Teract.
18:42 Mais tout ça est assez flou, finalement, par rapport à la volonté d'Invivo de prise de contrôle,
18:48 qui, il y a encore un mois et demi, sur les plateaux de télé, disait "non, non, mais nous, on est là pour prendre le contrôle".
18:54 Donc, il y a eu un volte-face.
18:56 Il ne faut pas oublier qu'Invivo, c'est une coopérative.
18:58 Moi, je m'interroge sur ce volte-face, quand même.
19:00 Je me dis...
19:02 Ça donne quand même l'impression, mais peut-être que je me trompe,
19:05 que Casino a voulu courir un peu tous les lièvres à la froid,
19:10 et qu'au final, voilà, arrive ce qui arrive.
19:13 C'est-à-dire qu'au bout d'un moment, les gens sont un peu lassés.
19:15 Oui, mais la stratégie de Jean-Charles Nahori,
19:18 ce n'était pas de discuter avec une personne et de se faire manger,
19:21 mais c'était de créer une concurrence.
19:23 Alors là, pour le coup, il y a une concurrence.
19:26 Alors, elle est assez déséquilibrée, parce que finalement, du côté ex-Teract,
19:31 ou Teract plus les trois actionnaires, les trois F,
19:34 ils apportaient une solution industrielle qui n'était qu'on avait commentée ici.
19:38 Oui, tout à fait.
19:39 Que moi, j'ai toujours trouvé assez intéressante, mais pas de liquidité.
19:43 Ils ne résolvaient pas le problème de la dette, et ça, on l'avait dit,
19:46 quand on en avait parlé ensemble, en disant,
19:48 oui, mais il faut d'abord résoudre le problème de la dette.
19:50 Et Daniel Kretinsky, lui, qui apportait beaucoup de liquidité,
19:54 et disait, il faut d'abord régler le problème de la dette,
19:57 ce en quoi il a raison.
19:58 Daniel Kretinsky plus Marc Ladret de La Charière.
20:00 Cette semaine, il est passé assez inaperçu,
20:03 mais Marc Ladret de La Charière, il y a eu une annonce de fait
20:07 qu'il est créancier aussi de Casino,
20:09 et il a un accord pour récupérer des titres,
20:13 et donc il a 12% du capital.
20:15 C'est-à-dire, tout d'un coup, il passe de 2 à 12,
20:18 Daniel Kretinsky ayant 10%.
20:20 C'est ça, ça commence à peser un peu quand même.
20:22 Ça commence à peser, ça fait pas loin du quart du capital,
20:27 en dessous des 30%,
20:29 mais en plus, ils remettent, on nous dit à peu près 1 milliard à eux deux d'argent frais.
20:35 Ça, ça compte beaucoup dans la conciliation.
20:37 N'oublions pas qu'on est aujourd'hui, avec la nouvelle directive européenne,
20:42 je dirais qu'il y a tout ce qui est mandat ad hoc conciliation,
20:45 on est dans le temps des entrepreneurs.
20:47 Dès lors même qu'on passe en sauvegarde, redressement judiciaire,
20:52 on est dans le temps des créanciers.
20:54 Aujourd'hui, on est encore dans le temps des entrepreneurs,
20:56 parce que les créanciers, plus il y a des gens qui mettent de l'argent,
21:00 qui prennent des engagements, qui créent de la valeur sur l'entreprise,
21:04 plus ils sont protégés.
21:05 Là encore, il y a cette dichotomie, créanciers garantis ou non garantis.
21:12 Donc, on est dans ce temps-là aujourd'hui.
21:16 Visiblement, on comprend que Jean-Charles Nauri préfère cette solution,
21:21 parce qu'il n'y a pas de...
21:23 ni animosité, c'est toujours assez friendly quand Daniel Kretinsky arrive quelque part en fait.
21:30 Il n'arrive pas pour faire une révolution,
21:32 il n'arrive pas comme un activiste qui veut tout chambouler,
21:36 qui veut régler des comptes avec le passé.
21:38 Ce n'est pas du tout sa façon de faire.
21:41 Il sait être sleeping quand il le faut, on le voit en tout cas sur Fnac Darty.
21:45 Ce qui restera sleeping longtemps, si à Casino on verra,
21:48 ce sera un autre enjeu.
21:50 Il ne faut pas oublier que Casino est actionnaire de ses discounts quand même.
21:53 Donc, voilà, ça mettra une autre actualité.
21:58 Mais pour Jean-Charles Nauri, c'est une aubaine d'avoir plusieurs qui s'y intéressent.
22:03 Ce que je note, c'est que le trio Niel Pigasuari,
22:07 ils faisaient beaucoup de com', notamment quand il y avait Invivo.
22:10 Ils ont essayé de continuer à en faire, mais ça reste de la com'
22:13 et il n'y a pas de concret pour l'instant sur le plan financier.
22:17 La bonne nouvelle, c'est qu'une entreprise sur-endettée comme ça,
22:21 malgré une baisse des parts de marché, continue à intéresser beaucoup de monde.
22:25 On va terminer ensemble avec l'insolite que vous avez déniché très aimablement pour moi ce mois-ci.
22:31 C'est Omega qui a acheté aux enchères, pour 3,2 millions d'euros,
22:37 une fausse montre de la même marque.
22:40 Comment c'est possible un truc pareil ?
22:43 C'est possible parce qu'il y a eu des complicités entre trois employés d'Omega
22:49 et le directeur du musée Omega qui a dit qu'il faut absolument acheter cette montre,
22:54 cette montre est un garde-temps exceptionnel de 1957, etc.
22:58 Et en fait, il s'avère que cette montre, qu'on appelle une montre Frankenstein,
23:02 c'est-à-dire une vraie fausse montre,
23:04 elle est faite avec des vrais éléments de montre Omega,
23:07 mais venant de différentes montres et elle a été un peu reconstituée.
23:10 Elle était complètement bâtarde, la supercherie a été bien évidemment vue et démantelée,
23:17 il y a des plaintes pénales dans tous les sens.
23:20 Mais bon, 3 millions d'euros quand même pour acheter un joyau qui n'en est pas un,
23:25 on va retenir la montre Frankenstein, finalement elle va peut-être avoir une valeur en tant que telle
23:30 de celle d'avoir berné une marque aussi prestigieuse.
23:34 Mais bon, malheureusement, il y avait beaucoup d'indélicatesse par rapport à ça.
23:41 Merci beaucoup pour vos éclairages Arnaud Marion, fondateur de l'Institut des Hautes Etudes en Gestion de Crise,
23:46 et merci d'avoir été avec moi tout au long de cette saison.
23:48 Dans un instant, un entretien exceptionnel que j'ai enregistré en milieu de semaine
23:54 avec le footballeur Raï qui venait de recevoir un trophée d'honneur
23:58 pour son action autour de l'inclusion dans le sport.

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