Que nous disent les bourses occidentales sur la robustesse de nos économies. Vouloir prêter du sens à des signaux prix éminemment spéculatifs, mimétiques, sujets au court-termisme peut sembler incongru. Pour autant, la bourse c'est aussi une lecture agnostique de la santé des économies, vue à travers le prisme des groupes multinationaux leaders, supposés entraîner le tissu sous-traitant. Basées sur les sur les comptes des grandes groupes, l'analyse financière et un ensemble de croyance qui peuvent avoir force auto-réalisatrice, les bourses portent un regard et nous racontent une histoire qui part d'un substrat empirique, théorique, voire fantasmatique autre que la macroéconomie traditionnelle. A ce titre elles méritent notre attention [...]
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00:00 Que nous disent les bourses occidentales sur la robustesse de nos économies ?
00:14 Vouloir prêter du sens à des signaux prix éminemment spéculatifs, mimétiques, sujets au court-termisme, peut sembler incongru.
00:22 Pour autant, la bourse, c'est aussi une lecture agnostique de la santé des économies, vue à travers le prisme des groupes multinationaux leaders,
00:31 supposés entraîner le tissu des sous-traitants.
00:35 Basés sur les comptes des grands groupes, l'analyse financière et un ensemble de croyances qui peuvent avoir force autoréalisatrice,
00:43 les bourses portent un regard et nous racontent une histoire qui part d'un substrat empirique, théorique, voire fantasmatique autre que la macroéconomie traditionnelle.
00:53 A ce titre, elles méritent notre attention.
00:56 Avant de se pencher sur les derniers sous-bressaux, regardons en premier lieu ce que les indices disent sur le long terme.
01:03 Prenons ici comme point de départ le pic des bourses avant la crise financière de 2008.
01:09 Et ce qui frappe en premier lieu, c'est l'étanchéité des bourses à toute idée de changement de régime de la croissance.
01:16 Les économies ont traversé une crise financière planétaire, une crise sanitaire majeure,
01:21 une accélération du dérèglement climatique, un bouleversement de l'ordre géopolitique mondial.
01:27 Le leadership mondial de l'Occident et notamment des États-Unis n'a jamais semblé aussi contesté.
01:32 Et ce que nous disent les bourses, c'est que le leadership financier demeure encore et toujours américain.
01:38 Car ce sont d'abord les technologies et le commerce en ligne qui portent la cote américaine.
01:44 Et même l'indice de Shenzhen chinois, plus orienté vers les entreprises technologiques,
01:49 les industries légères et les entreprises de croissance émergente, fait pâle figure aux côtés des indices US,
01:55 accréditant l'idée que l'archaïsme financier de la Chine la condamne au rôle de challenger dans la mondialisation.
02:02 Concernant l'Europe, les bourses enterrinent la fracture nord-sud,
02:06 avec des pays du sud à faible potentialité de création de valeur et perdant toujours plus de terrain.
02:12 Et chose plus étonnante, la France déficitaire et l'Allemagne ultra-excédentaire au plan commercial
02:18 demeurent à parité lorsque l'on resserre l'analyse sur les multinationales.
02:23 La France du luxe, de l'aéronautique et du B2B de pointe fait jeu égal avec la puissance de feu industrielle allemande en termes de promesses de valeur.
02:32 Resserrons maintenant l'analyse sur le moyen terme, en comparant les pointes des marchés boursiers avant Covid jusqu'au mois de mai 2023.
02:41 Les marchés ont parié sur la résilience.
02:44 Prenant le pouls des grandes multinationales, ils ont fait preuve de plus de discernement et de sang-froid jusqu'à ce jour
02:51 que bien des macro-économistes, emportés par un catastrophisme excessif, que ce soit lors du Covid que lors de la guerre en Ukraine.
03:00 Ce qui ressort de la hiérarchie des performances boursières, c'est toujours le même crédeau en l'invulnérabilité américaine,
03:08 même si les valeurs technologiques ont connu une forte instabilité.
03:12 Mais c'est aussi la prise de conscience de la vulnérabilité des pays industriels d'Europe.
03:17 L'Espagne, certes, en tant que pays de gamme intermédiaire, mais l'Allemagne surtout, en dépit de la puissance de sa spécialisation.
03:26 Si la montée de la zone Indo-Pacifique pose un problème, c'est d'abord à l'Europe industrielle,
03:32 bien plus qu'à l'hyperpuissance technologique et commerciale américaine.
03:37 Enfin, si la Russie décroche, la guerre ne l'a pas totalement disqualifiée et sa contre-performance demeure contenue dans des zones qui ne la sortent pas du jeu.
03:46 Alors certes, la nervosité s'empare à nouveau des marchés boursiers depuis la mi-juin.
03:52 Les opérateurs ne sont plus aussi sûrs du dosage de la thérapie monétaire qui leur sera administrée pour faire revenir l'inflation dans le tube.
04:00 Ce n'est pas la première fois et nous avions anticipé cette phase de doute que traverseraient les marchés
04:06 lorsque la trajectoire de désinflation viendrait buter sur son noyau dur.
04:11 Nouvelle séquence d'instabilité sans doute et risque de correction en vue donc.
04:16 C'est un épisode que l'on peut minimiser si l'on s'en tient uniquement à des considérations conjoncturelles.
04:23 Mais il suffit d'un peu de recul pour prendre conscience de la montagne de confiance sur la suprématie occidentale,
04:31 de conservatisme sur la représentation du monde qui sous-tend le niveau des valeurs actuelles.
04:37 L'édifice de nos valorisations repose sur un socle de croyances incroyablement étanche aux transformations du monde.
04:45 Et chaque petite étincelle fait craindre une prise de conscience brutale des marchés,
04:50 dont on ne sait bien mesurer s'ils sont aveugles ou simplement pragmatiques.
04:55 [Musique]