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Thierry Breton, Commissaire européen pour le marché intérieur, est l'invité du Grand entretien. Il revient d'un voyage aux États-Unis où il a rencontré des dirigeants des grandes entreprises de la tech mondiale. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-26-juin-2023-1766099

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00:00 Clément Chagny.
00:01 Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le commissaire européen au marché intérieur.
00:05 Questions, réactions, amis auditeurs, amis auditrices, au 01 45 24 7000 et sur l'application
00:11 de France Inter.
00:12 Thierry Breton, bonjour.
00:13 Bonjour.
00:14 Et bienvenue à ce micro, vous revenez d'un voyage important aux Etats-Unis où vous
00:18 avez rencontré les patrons des grandes entreprises de la tech.
00:21 On va en parler dans quelques instants.
00:23 Mais d'abord, évidemment, la situation en Russie, le pays a connu ce week-end des heures
00:28 surréalistes et sidérantes avec le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evgeny Prigojine,
00:35 qui a lancé ses troupes sur Moscou avant de faire volte-face.
00:39 Avez-vous tout simplement compris ce qui s'est passé ?
00:42 Vous avez eu beaucoup d'observateurs qui se sont exprimés à votre micro.
00:47 Je crois que tout le monde est un peu sidéré évidemment par cette situation.
00:51 En ce qui nous concerne, nous, à la Commission européenne, d'abord, et je le redis parce
00:58 que la guerre continue, la guerre qu'a voulu Vladimir Poutine sur le front du Donbass,
01:09 elle est difficile.
01:10 Évidemment, on aurait espéré, on espère que ce qui se passe puisse avoir des répercussions.
01:18 En ce qui nous concerne, nous continuons, y compris après avoir discuté, analysé
01:23 ce qui se passe, à soutenir tant qu'il le faudra sur la durée l'Ukraine parce
01:30 que voilà, on ne peut absolument pas tirer de conséquences en ce qui concerne encore
01:35 une fois le front.
01:36 On constate du reste que les combats continuent, qu'ils sont vigoureux et donc il ne s'agit
01:43 surtout pas pour l'Ukraine de baisser la garde et pour nous de continuer, c'est
01:49 indispensable, il s'agit pour nous de continuer à fournir ce dont l'Ukraine a besoin.
01:52 On va parler des armes dans un instant, mais juste pour revenir sur ce moment qui est quand
01:56 même...
01:57 On comprend la prudence des institutions européennes et des chancelleries à réagir à ce qui
02:03 s'est passé, mais vous voyez François Hollande par exemple le dit, c'est le système de Vladimir
02:07 Poutine qui a craqué.
02:09 Est-ce que vous partagez cet avis ? Est-ce que vous avez l'impression que le système
02:12 ou que le régime Poutine a vacillé à un moment, que ça a affaibli le maître du Kremlin
02:18 ou pas vraiment ?
02:19 Léa Salamé, je crois qu'il ne s'agit ni de prudence ni d'excès, il s'agit de voir
02:24 ce qui se passe et au fond, bien sûr, c'est très spectaculaire, mais enfin on a là
02:31 affaire à des mercenaires, à des clans armés.
02:35 Du reste, il y a des questions qui vont se poser.
02:38 Wagner est une milice et une milice, ça se fait payer.
02:43 Il y a des questions qui vont se poser j'imagine.
02:45 Qui paye Wagner aujourd'hui pour aller se battre sur le front ukrainien ? Il ne fait
02:51 pas ça uniquement pour être bienveillant avec le pouvoir.
02:58 Ça coûte très cher.
02:59 Est-ce qu'il a été payé ? Est-ce qu'il veut être payé ? On sait très bien qui
03:03 paye Wagner.
03:04 Quand Wagner est en Afrique, par parenthèse, j'observe ce qui se passe, à savoir que
03:11 quand peut-être, peut-être je dis, il y a des problèmes et notamment de financement,
03:17 ça devrait faire réfléchir ceux qui aujourd'hui font appel à Wagner.
03:22 Je pense en particulier au Mali, je pense en particulier au Burkina Faso, où on voit
03:26 très bien que ces milices se font payer plus que grassement, pient du reste ces États.
03:33 Et si jamais un jour, elles n'ont plus les moyens de les payer, on peut voir ce qui
03:38 peut se passer.
03:39 J'ajoute également que en ce qui concerne cet épisode, c'est invraisemblable, je
03:46 vous le concède.
03:47 C'est vrai que dans un mois, entre le 22 et le 24 août, se tiendra le sommet des
03:53 BRICS en Afrique du Sud.
03:55 Je vous rappelle que Vladimir Poutine ne peut pas y aller parce qu'il y a un mandat
04:00 d'arrêt international qui est porté à son encontre, comme vous le savez.
04:03 Et quelle va être l'image par rapport à ce Sud global, dont on parle, je n'aime
04:08 pas tellement l'expression, qui voyait un peu pour certains d'entre eux la Russie
04:12 comme le fer de lance.
04:14 - Vous parlez de Lula par exemple ?
04:15 - Mais entre autres, mais pas que.
04:17 Je parle aussi du président d'Afrique du Sud.
04:19 Quelle est l'image aujourd'hui de Vladimir Poutine ? Au fond, il apparaît aux yeux
04:23 de tous ce que nous savons.
04:25 C'est en fait un chef, je dirais, de gang qui sont armés.
04:31 Et avec ses milices, il faut évidemment maintenant en tenir compte.
04:36 Vous savez, quand, et puis je conclurai là-dessus, quand le système s'affaiblit, et clairement
04:43 il est affaibli, c'est pas non plus automatiquement un bon signe chez les autocrates.
04:49 Donc nous sommes plus vigilants que jamais.
04:51 - Thierry Breton, vous disiez récemment aux Parisiens « nous sommes déterminés à
04:55 fournir à l'Ukraine tout le soutien dont elle a besoin, nous le faisons et nous le
04:58 ferons, nous nous organisons pour faire comme si cette guerre allait durer encore plusieurs
05:03 mois, voire davantage ». En a-t-on les moyens, Thierry Breton ? L'UE a déjà fourni à
05:08 l'Ukraine 14 milliards d'euros d'aides et de munitions depuis un an et demi.
05:12 A-t-on les moyens d'assurer l'aide d'une guerre qui s'éternise ? On voit que la contre-offensive
05:18 ukrainienne a commencé maintenant depuis plusieurs semaines, qu'elle est coûteuse
05:21 en hommes comme en matériel.
05:23 Zelensky lui-même reconnaît que son pays enregistre des progrès plus lents que ce
05:27 qui était souhaité.
05:28 - Mais il faut s'en donner les moyens.
05:31 - Mais on les a ? - Je vous confirme, on doit se les donner,
05:34 bien sûr.
05:35 On vient du reste de proposer pour les années qui viennent une enveloppe de 50 milliards
05:39 d'euros.
05:40 J'ajoute que le soutien total à l'Ukraine depuis le début de cette guerre, c'est 72
05:46 milliards d'euros, à peu près équivalent du reste entre les Européens mais également
05:51 les Américains.
05:52 - Les Américains mettent beaucoup plus, pardon.
05:55 - Non, au total on est pareil.
05:57 Quand on prend tout l'impact l'air salamé de la guerre, y compris évidemment l'accueil
06:01 des réfugiés, ce que ça coûte aujourd'hui ce soutien, ce sont des enveloppes qui sont
06:04 similaires.
06:05 Et je vous le redis très clairement.
06:07 - En armement, ils mettent beaucoup plus ?
06:09 - Bien sûr, il y a les armements, il y a les soutiens économiques, parce qu'évidemment
06:13 il y a ces moins 35 à 38% de PNB en moins, donc il y a évidemment tous ces soutiens
06:19 qui sont des soutiens apportés aujourd'hui par l'Union Européenne à l'Ukraine.
06:24 En ce qui concerne donc le soutien à venir, donc c'est une enveloppe de 50 milliards sur
06:29 les années qui viennent qui a été proposée parce que oui, il faut vraiment se donner
06:33 les moyens.
06:34 Et en ce qui concerne les moyens militaires, et c'est le sujet dont je m'occupe, je peux
06:38 vous dire qu'évidemment on a pris l'engagement de fournir, vous savez, un million de munitions
06:44 gros calibre donc à l'Ukraine sur une année, mais aussi, et c'est très important de le
06:49 faire en augmentant nos capacités industrielles européennes.
06:53 Parce que oui, on voit que ce monde est un monde extrêmement incertain, on voit bien
06:58 les évolutions géopolitiques, il est absolument indispensable.
07:01 - Mais on y est, on est en économie de guerre, vous avez visité les usines d'armement, vous
07:05 avez le sentiment que la cadence est suffisamment élevée ?
07:09 - Oui, alors c'est vraiment une question importante, il a fallu un petit peu de temps pour y rentrer,
07:15 je le dis aujourd'hui, le changement c'est vraiment aujourd'hui mis en oeuvre.
07:21 Et je vois une accélération très nette, donc depuis quelques mois, de la production,
07:26 c'est important, mais aussi de l'augmentation de nos capacités.
07:29 Il va falloir continuer, nous avons donc le Parlement européen qui dans cette affaire,
07:33 je tiens à le dire, joue un rôle très important, soutient absolu à l'Ukraine, par parenthèse
07:38 ça risque de poser un certain nombre de problèmes pour ceux qui soutenaient plus Poutine.
07:42 - Orbán ?
07:43 - Non, je parle au Parlement européen aussi, pour ceux qui soutenaient plus Poutine, et
07:49 on les connaît, on voit bien que la ligne de fracture aujourd'hui, elle est intenable
07:52 pour ceux-là.
07:53 Mais globalement, le Parlement européen soutient massivement ces démarches, y compris de reste
08:00 le fait que nous allons mettre des moyens financiers pour augmenter notre outil industriel
08:05 européen et de façon, pour la première fois, et c'est très important, coordonnée.
08:08 - Allez, venons-en maintenant aux patrons de la tech que vous avez rencontrés lors
08:12 d'un voyage de plusieurs jours à San Francisco.
08:15 Mark Zuckerberg, patron de Meta qui détient Facebook et Instagram.
08:19 Elon Musk, patron de Twitter, ainsi que Sam Altman, le directeur général d'OpenAI, la
08:25 start-up qui est derrière Chad GPT.
08:27 Se sont-ils, monsieur le commissaire Breton, engagés à appliquer la loi européenne,
08:32 la fameuse Digital Service Act, qui réglemente notamment les plateformes, les réseaux sociaux,
08:38 se sont-ils engagés à respecter ce que vous avez préparé, qui entre en vigueur dans
08:42 huit semaines ? Ou est-ce qu'ils traînent des pieds ?
08:45 - Non, ils ne traînent pas de pieds, je tiens vraiment à le dire.
08:48 Alors, ils se sont engagés, encore une fois, personne ne force quiconque à venir offrir
08:55 ses services sur le marché européen.
08:58 Mais nous sommes un continent ouvert.
09:00 Il se trouve que maintenant, et depuis bientôt quatre ans que je suis commissaire, dès le
09:05 premier jour, j'ai travaillé avec mes équipes à bâtir progressivement une régulation,
09:10 une régulation dans cet espace informationnel qui n'était pas régulé.
09:13 Donc, on essaie de la faire équilibrer, préservant l'innovation, mais protégeant les libertés
09:18 individuelles.
09:19 Cette régulation, vous venez de le dire, elle rentre en vigueur en ce qui concerne l'aspect
09:23 réseau social le 25 août.
09:26 Et oui, bien sûr, ils se sont tous engagés fermement, parce qu'ils ont tous envie de
09:30 continuer à offrir des services sur ce qui est quand même le premier marché numérique
09:35 du monde libre.
09:36 On est une fois et demie plus important que le marché américain.
09:39 Je le rappelle souvent parce que les gens l'oublient, y compris du reste aux Etats-Unis.
09:43 Donc, personne, personne ne peut être dans une situation où ils n'auraient pas accès.
09:48 Alors maintenant, cette régulation, elle est stricte, elle est rigoureuse, elle a été
09:52 très difficile à mettre en œuvre, là encore, et je le dis avec...
09:56 Vous savez, notre législation, c'est le Parlement européen et c'est le Conseil européen qui
10:00 représente les Etats.
10:01 Des parlementaires, parce qu'on les sent souvent critiqués, qui travaillent depuis
10:05 quatre ans, nuit et jour, qui sont parmi...
10:07 Je les connais bien, je connais bien ce qui se passe aussi dans le monde, c'est mon travail,
10:11 qui sont parmi les plus, aujourd'hui, au fait de ces questions, et qui ont travaillé pour
10:15 faire en sorte que nous ayons maintenant cette régulation.
10:18 Alors, les Etats-Unis, eux, ne l'ont pas.
10:20 Ils n'arrivent pas à la mettre en œuvre, et pour une raison évidente, parce que politiquement,
10:24 c'est compliqué de trouver un consensus sur ces questions, et en particulier les Etats-Unis.
10:27 - Alors, juste, pour qu'on parle concrètement, parce que vous les avez rencontrés, vous
10:30 avez rencontré Elon Musk, vous avez rencontré la nouvelle PDGR, Linda Iaccarino, c'est ça ?
10:35 - Voilà, c'est ça.
10:36 - Vous avez rencontré Mark Zuckerberg...
10:37 - Je crois qu'elle est en place depuis trois semaines seulement.
10:39 - Oui, vous l'avez rencontrée quand même.
10:41 Est-ce qu'on peut dire, pardon de simplifier les choses, mais est-ce qu'on peut dire que
10:44 par exemple, Facebook et Instagram font partie des bons élèves, qu'ils ont mis mille personnes
10:50 pour se conformer aux exigences européennes, mais que pour Twitter, pour Elon Musk, à
10:54 ce stade, c'est plus compliqué pour ne pas dire "il est dans les mauvais élèves".
10:57 - Alors écoutez, d'abord, je ne suis pas là pour donner des bons points ou pas des
11:01 bons points, je suis là pour, à partir du 25 août, mettre en place cette régulation,
11:06 l'appliquer.
11:07 Je rappelle que si elle n'est pas appliquée, c'est des sanctions financières très importantes,
11:10 et si ça ne suffit pas, c'est une interdiction temporaire ou définitive d'opérer sur le
11:16 territoire européen.
11:17 Donc tout le monde le connaît, et mon rôle, c'est bien d'expliquer tout cela.
11:20 - Et quand vous le dites à Musk, il vous répond quoi ?
11:22 - Il me répond "le DSA c'est formidable, ça correspond exactement à ce que je veux
11:26 faire, et je vais tout faire pour le faire".
11:29 Très bien, donc il a lancé, ils ont lancé avec ses équipes, un certain nombre de chantiers,
11:34 et j'ai même proposé de façon à les préparer, parce qu'au fond c'est ça ce que nous souhaitons,
11:38 c'est de les préparer.
11:39 Donc de faire des tests en blanc.
11:42 On a du reste, j'ai des équipes socialisées qui sont venues avant moi du reste pour dérouler
11:47 ces tests en blanc, donc je ne vous donnerai pas évidemment le résultat, parce qu'il
11:51 n'a pas à être public, ce sont des entreprises et je n'ai pas à le faire, mais voilà,
11:55 je peux vous dire qu'il y a encore du travail.
11:57 - Mais c'est ça, est-ce que vous pouvez nous dire...
11:58 - Je vous dis ce matin, Léa Salamé, qu'il y a encore du travail, ils le savent, on est
12:02 là encore une fois, on fera la même chose.
12:03 - Qu'est-ce qui va changer le 25 août pour que les gens comprennent ?
12:06 - Le 25 août il va changer...
12:07 - Que change la loi en fait ?
12:08 - La loi, il va changer...
12:09 Si, moi je vais sur Twitter et que j'insulte quelqu'un, ça va changer pour moi ?
12:12 - Eh bien à ce moment-là, Twitter aura l'obligation de le dénoncer immédiatement, de le retirer
12:17 immédiatement, de dénoncer si jamais c'est le cas auprès des autorités judiciaires,
12:23 et s'il ne le fait pas, un, donc on va tout de suite aller voir pourquoi il ne l'a pas
12:26 fait, sanction, correction, et si ce n'est pas corrigé, interdiction, la loi s'appliquera,
12:33 c'est tout, c'est pour le louvoir.
12:34 - Mais en même temps, Elon Musk est le défenseur d'une liberté d'expression totale, absolue.
12:38 C'est sa position philosophique.
12:41 Est-ce qu'elle est, à vos yeux, respectable et défendable ?
12:43 - Mais elle n'est pas totale ni absolue.
12:46 Moi quand j'en parle avec lui, il est parfaitement conscient que ce qui est interdit, ce qui
12:50 est interdit, Nicolas Demorand, dans l'espace physique, doit l'être aussi dans l'espace
12:54 informationnel.
12:55 Et il est d'accord, et tout le monde est d'accord avec ça.
12:57 Et vous savez pourquoi tout le monde est d'accord avec ça ? Parce que désormais, c'est la
13:00 loi européenne.
13:01 Alors qu'est-ce qui a changé dans la relation sur les GAFA américaines, notamment, par
13:05 rapport à l'Europe ?
13:07 C'est que désormais, l'Europe est respectée en tant que telle.
13:11 Parce qu'il y a deux éléments importants.
13:13 Un, on a une régulation qui est équilibrée, et donc c'est important, parce que quand
13:17 on vient chez nous, en Europe, désormais, on sait ce qu'on peut faire, on sait ce qu'on
13:21 peut pas faire, c'est important pour les entreprises.
13:22 Elles ont beaucoup lutté, vous savez, pour éviter cela.
13:25 Parce qu'évidemment, c'est des contraintes supplémentaires.
13:26 Vous l'avez rappelé tout à l'heure, mille personnes qui travaillent à plein temps chez
13:30 META, donc sous la direction de Mark Zuckerberg lui-même, qui connaissaient parfaitement
13:34 le sujet.
13:35 C'était très impressionnant de voir qu'il connaissait tous les articles de la loi, et
13:38 qu'il était là pour les faire respecter.
13:39 On verra bien derrière.
13:40 Mais ce que je veux dire, c'est que, autant les Etats-Unis, et je le dis très clairement,
13:45 ont quand même freiné pour cette régulation, parce qu'ils n'arrivaient pas à la faire
13:48 eux-mêmes.
13:49 Maintenant que c'est fait, les choses changent, et je l'ai dit également au président, par
13:53 exemple, de Nvidia, qui est la plus grosse entreprise aujourd'hui, qui fait les composants
13:56 pour supercalculateurs, en Europe désormais, qu'est-ce qu'on a ? Parce qu'on oppose
14:00 souvent la régulation à l'innovation.
14:03 D'abord, on sait exactement ce qu'on va pouvoir faire de nos données et pas faire, c'est
14:06 très important.
14:07 Deuxièmement, on va avoir la plus grande puissance de calcul, je le dis bien pour vos
14:12 auditeurs, la plus grande puissance de calcul qui va être disponible pour toutes les entreprises
14:16 et les start-up, beaucoup plus importante que celle qui est disponible aux Etats-Unis.
14:19 Or, on sait que pour ces applications, en particulier l'intelligence artificielle, ce
14:22 qu'il faut c'est bien savoir ce qu'on peut faire avec les données, et avoir un accès
14:25 à la plus grande puissance de calcul.
14:27 Donc, tous ceux qui vont vouloir venir développer précisément les algorithmes, l'intelligence
14:31 artificielle, c'est des données, des algorithmes et de la puissance de calcul vont être les
14:35 bienvenus en France.
14:36 Et beaucoup m'ont dit, en particulier OpenAI, non seulement qu'ils respectaient cela...
14:41 - Ah oui, parce que pardon, OpenAI, puisque vous citez OpenAI qui est donc la boîte
14:45 qui a fait Chaljipiti, son patron Sam Altman avait déclaré quand même sur votre loi,
14:51 parce que vous voulez aussi réguler l'intelligence artificielle, nous allons essayer de nous
14:54 conformer à la loi européenne, mais si nous ne le pouvons pas, nous allons cesser d'opérer
14:57 en Europe.
14:58 - Et vous avez vu qu'il a corrigé ensuite en disant "on m'avait mal compris", il me
15:00 l'a redit et il a du reste retweeté, puisque vous avez fait un tweet, il a fait un tweet,
15:05 il l'a retweeté en disant "merci commissaire Breton de parler de moi, de tout ce qu'elle
15:09 enseigne, bien sûr nous allons respecter la loi et bien sûr nous allons être en Europe
15:13 et bien sûr nous allons également appliquer ce qu'on appelle le watermarking, c'est-à-dire
15:17 le fait que quand une application sera générée par l'intelligence artificielle, il faudra
15:21 que ce soit mentionné et c'était quelque chose auquel il s'opposait par rapport à
15:24 l'intelligence artificielle.
15:25 - Et ça, ça va être le cas ? C'est-à-dire demain, la photo du pape en doudoune, il y
15:29 aura une petite marque ?
15:30 - C'est exactement ce qui est aujourd'hui proposé par le Parlement européen et que
15:33 nous soutenons et qui finira entre 9h et 9h.
15:35 - On dira "image créée par l'intelligence artificielle".
15:36 - C'est exactement ce que nous proposons, la réponse est oui, y compris pour les textes.
15:39 - Alors sur le respect des lois, nous sommes en ligne avec Brice au Standard Inter, bonjour.
15:44 - Bonjour.
15:45 - Vous avez un doute Brice sur le sujet ?
15:49 - Oui, merci de prendre ma question, justement tout à l'heure Léa Salamé parlait de donner
15:54 l'exemple, si elle insulte quelqu'un sur internet, qu'est-ce qui se passe ? Je voulais demander
15:59 en gros à quand cette régulation s'applique-t-elle aussi au gouvernement, non seulement sur le
16:03 web mais aussi dans les grands médias comme France Inter, des gouvernements qui nous mentent
16:07 et nous insultent à longueur de temps, d'un malin qui traite des militants écolo-terroristes
16:10 et dissout un soulèvement nécessaire pourtant à la cause écologiste, et il a toujours
16:14 la parole sans être mis en question, même les journalistes, ils ne le remettent pas en
16:17 question là-dessus, pour moi c'est un scandale.
16:18 Je finirais juste par une citation de Coluche, pour moi c'est très important encore, il
16:23 y a encore raison ce fameux Coluche, les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques
16:28 mais ils les répètent.
16:29 Voilà, merci.
16:30 - Merci Brice, vous voyez que vous avez eu la parole ce matin Brice, c'était important
16:35 pour vous d'accéder au standard de France Inter, vous pouvez le faire en toute transparence,
16:40 c'est pas la peine de mentir aux standardistes et à l'équipe du 7930 si vous voulez parler,
16:45 vous le dites, vous le dites en toute transparence et vous passez à l'antenne.
16:50 Pierre-Yves est en ligne maintenant depuis de la ville de Tours, bonjour Pierre-Yves.
16:55 - Oui, merci, bonjour Monsieur Breton.
16:57 Alors vous évoquiez intelligence artificielle et liberté individuelle, moi je voudrais
17:02 parler de 4GPT et des droits des universitaires.
17:05 Je suis universitaire, professeur de droit, de droite de l'Union Européenne d'ailleurs,
17:10 et on observe attentivement la sortie du prochain règlement sur l'intelligence artificielle.
17:16 4GPT pose un vrai problème, au-delà de l'usage que peuvent en faire les étudiants par exemple,
17:22 et notamment pour les droits d'auteur, et juridiquement actuellement, les droits d'auteur
17:28 ne sont pas préservés de 4GPT, ne sont pas respectés, et je prends un exemple très
17:33 simple, les universitaires, toutes disciplines confondues, procèdent souvent à un dépôt
17:38 de leurs ouvrages, de leurs thèses, de leurs articles, de leurs recherches, sur une plateforme
17:43 française qui s'appelle HAL, c'est d'ailleurs au passage le nom du robot dans 2001, si c'est
17:50 ce qu'il se passe, c'est comment ça s'est terminé, et bien on s'aperçoit qu'en réalité
17:54 tout ce savoir académique de très très haut niveau constitue la matière première
17:58 de 4GPT.
17:59 Donc nous ne serons pas cités, nos droits d'auteur ne seront pas respectés, j'ai
18:05 alerté à plusieurs reprises les universités.
18:07 Bon, c'est un petit peu le silence radio.
18:09 Donc là ça pose un vrai problème, et bien ma question est simple, M.Breton, est-ce que
18:13 la Commission Européenne va initier un règlement permettant de garantir nos libertés universitaires
18:19 et surtout nos droits d'auteur liés à ce pillage industriel, payant évidemment pour
18:23 ceux qui ont l'eurodusage, mais qui n'aura pas de contrepartie pour nous-mêmes ?
18:27 - Bien reçu, bien reçu Pierre-Yves, merci pour cette question, Thierry Breton vous répond.
18:32 - Puisque vous êtes universitaire, monsieur, vous savez que ce n'est pas la Commission
18:38 Européenne qui fait la loi, la Commission Européenne propose un texte, et nous avons
18:41 proposé un texte précisément de régulation de l'intelligence artificielle, on a travaillé
18:45 pendant maintenant près de 4 ans.
18:46 Il est maintenant voté, parce que c'est ça dont il s'agit, et débattu par le Parlement
18:52 et par le Conseil, le Conseil avait pris sa position, le Parlement vient de la prendre
18:55 il y a maintenant 10 jours, et nous rentrons en trilogue.
18:58 Et ça veut dire que c'est donc dans cette instance que les co-législateurs, qui n'est
19:03 pas la Commission Européenne, je le redis encore une fois, c'est le peuple qui est
19:06 représenté par le Parlement, ce sont les Etats qui sont représentés par le Conseil,
19:11 qui vont donc maintenant, je dirais, harmoniser les positions, et dans cette harmonisation,
19:15 oui, il y a effectivement la proposition, et je ferai tout en restant à ma place, puisque
19:22 ce n'est pas moi qui suis le co-législateur, mais pour qu'on atterrisse dans cette proposition,
19:26 oui, les droits d'auteur seront préservés, et notamment, parce que je rappelais tout
19:30 à l'heure ce qu'on appelle en anglais le "watermarking", c'est-à-dire le fait
19:33 d'avoir une traçabilité, précisément, de ce qui a été utilisé en matière d'intelligence
19:38 artificielle, et notamment des données qui ont été utilisées, pour préserver droits
19:41 d'auteur, droits à l'image.
19:42 - On a quelques petites minutes et des questions d'actualité très courtes, et d'abord, vous
19:46 avez présenté le 16 septembre dernier, aux côtés de la vice-présidente de la Commission
19:49 Européenne, Vera Zhurdova, le "Media Freedom Act", un projet de règlement européen pour
19:54 la liberté des médias, qui suscite aujourd'hui de vives inquiétudes des associations de
19:57 journalistes.
19:58 Elle craigne un risque de censure par les plateformes, elle craigne aussi d'être surveillée,
20:01 que les journalistes soient surveillés par des logiciels espions.
20:04 "C'est la bronca des médias contre votre texte", disent les échos ce matin.
20:07 Comment vous rassurer ?
20:08 - Non, ce n'est pas la bronca des médias contre notre texte.
20:10 - C'est les échos qui disent ça.
20:11 - Ils disent exactement, c'est la bronca des médias contre ce que le Conseil et un
20:16 certain nombre de pays, dont la France, et ce n'est pas la Commission Européenne, ont
20:20 voulu précisément ajouter, et c'est dans la logique que je viens de rappeler, donc
20:24 effectivement, c'est contre précisément maintenant dans les temps de discussion, donc
20:29 au Conseil et au Parlement.
20:32 Le Parlement a pris une position très ferme, qui est celle qui est soutenue par la Commission.
20:36 - Qui n'est pas celle soutenue par la France et Gérald Darmanin.
20:38 - Qui est celle soutenue par la Commission, qui n'est évidemment pas de surveillance
20:42 des journalistes.
20:43 C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a un certain nombre de pays, dont la France, qui veulent
20:46 la surveillance.
20:47 Ce qui est autorisé aujourd'hui dans le texte, c'est uniquement dans des cas très exceptionnels.
20:51 Au fond, un journaliste n'est pas non plus au-dessus des droits, des lois bien entendu.
20:55 Et notamment, on pourra surveiller uniquement dans 4 cas s'il y a un risque de pédopornographie,
21:03 suspicion d'homicide, de viol ou de terrorisme.
21:07 - Pourquoi rajouter ça ?
21:09 - Non, c'est uniquement sous le contrôle des juges.
21:13 - C'est évidemment que sur ces 4 cas, les journalistes ne sont pas au-dessus des droits.
21:16 Alors pourquoi ils sont inquiets les journalistes d'un réseau de censure et de surveillance ?
21:19 - Parce que précisément, un certain nombre de pays ont souhaité élargir la surveillance.
21:22 - Dont la France, qui est en tête.
21:24 - Et je pense que c'est une mauvaise idée.
21:27 Parce qu'évidemment, si ce texte est proposé et débattu, c'est pour préserver la liberté
21:33 d'expression, la liberté des médias et en particulier dans les pays, notamment européens,
21:38 qui sont sous des régimes dits illibéraux.
21:41 Et c'est la raison pour laquelle, avec le Parlement européen, nous ferons tout ce que
21:46 nous pouvons pour que l'on revienne au texte initial.
21:49 - Sur les médias toujours, question de Paul sur l'application d'Inter et la presse française
21:54 pour l'interrogation.
21:55 N'êtes-vous pas inquiet de la situation au JDD ? Vous, commissaire européen, c'est
22:00 de votre rôle d'empêcher cette concentration des médias par Bolloré et son idéologie.
22:06 Réponse Thierry Breton.
22:07 - D'abord, je n'interviens pas directement sur tel ou tel média, vous le comprendrez.
22:10 Ce que je dis, c'est que sur ce texte-là, on ne va pas dire comment il faut gérer,
22:17 évidemment, telle ou telle rédaction.
22:20 Mais il est fait, et j'espère qu'il sera appliqué et pas dénaturé, par rapport à
22:26 ce qu'on vient de dire à l'instant, pour, précisément, préserver la liberté d'expression.
22:30 On a indiqué, c'est très intéressant, on a indiqué dans ce texte un certain nombre
22:34 de bonnes pratiques.
22:35 On a vu qu'il y a beaucoup de groupes européens qui gèrent vraiment cette spécificité,
22:39 parce que l'information que vous traitez tous les jours, ce n'est pas un bien comme
22:43 les autres.
22:44 Et donc, beaucoup de groupes, aujourd'hui, en particulier d'Europe du Nord, ont su trouver
22:48 des moyens formidables pour préserver, évidemment, je dirais, la liberté d'expression, l'indépendance.
22:54 Ces exemples y figurent, et nous espérons vivement que tous les groupes, que tous les
22:58 groupes en Europe, y compris français, le suivront.
23:00 Beaucoup le suivent déjà.
23:01 D'autres auront sans doute, peut-être, trouveront intérêt à le faire.
23:06 - Toute petite question, il nous reste 10 secondes sur votre ancienne casquette.
23:09 Vous avez été patron d'une très grande boîte qui s'appelle Atos, qui est leader
23:12 international du numérique, plus de 100 000 salariés, qui a perdu la valeur depuis que
23:16 vous l'avez quitté, et qui traverse une zone de turbulence.
23:19 Quel regard vous avez ?
23:20 - Je vois qu'Atos est l'entreprise qui permet, parce que ce n'était pas le cas du reste,
23:26 il y a 15 ans, elle est devenue le numéro 1 européen en matière de puissance de calcul,
23:31 de cybersécurité.
23:32 C'est un atout formidable pour l'Europe et aussi pour l'intelligence artificielle.
23:37 - Et vous êtes inquiet de ce qui se passe ?
23:38 - Je viens de vous dire ce que je viens de vous dire.
23:42 - Merci.
23:43 - Merci, monsieur le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton.

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