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Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, est l'invitée du Grand Entretien. Plus d'info :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-20-novembre-2023-7941081

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00:00 Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le grand entretien du 7-10 la ministre des
00:05 solidarités et des familles.
00:07 Questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:13 Aurore Berger, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:16 Et bienvenue à ce micro.
00:17 Beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:19 En cette journée internationale des droits de l'enfant, le gouvernement va dévoiler
00:24 aujourd'hui un plan attendu contre les violences faites aux enfants.
00:27 Mais d'abord, un autre âge de la vie, le grand âge.
00:31 Revient à l'Assemblée aujourd'hui l'examen d'une proposition de loi sur le bien vieillir
00:36 portée par la majorité présidentielle.
00:39 On va en parler tout de suite.
00:40 Mais vous avez annoncé il y a quelques jours une loi de programmation pour le grand âge.
00:45 C'est une promesse d'Emmanuel Macron qui remonte au début de son premier quinquennat,
00:50 qu'il a toujours suspendue ou reportée.
00:53 Alors, cette loi de programmation, c'est vraiment sûr ? Et c'est pour quand ?
00:58 Alors, c'est vraiment sûr, parce que de toute façon le défi démographique, il est
01:02 devant nous.
01:03 Lui, il ne va pas se décaler ou se reporter.
01:04 En 2030, il y aura 20 millions de personnes qui auront plus de 60 ans dans notre pays.
01:09 Ce qui est très étonnant, c'est à quel point le discours d'ailleurs, à cet égard,
01:12 a profondément changé.
01:13 Il y a 5 ans, 10 ans, on trouvait quand même que c'était formidable.
01:16 Formidable que notre espérance de vie augmente.
01:18 Formidable qu'on profite plus longtemps aussi de nos familles, c'est-à-dire de nos
01:22 parents, de nos grands-parents.
01:23 Et puis progressivement, par de l'angoisse aussi que ça peut générer par rapport à
01:27 la perte d'autonomie, par rapport à la dépendance.
01:30 On voit finalement le grand âge comme une contrainte, comme une charge, comme une difficulté.
01:35 Donc, il faut qu'on arrive à faire les deux.
01:36 Qu'on arrive en effet à planifier, à programmer, à avoir une vraie trajectoire financière.
01:40 C'est l'objet de la loi de programmation.
01:42 Alors, elle est pour quand ?
01:43 Alors, moi ce que je veux, c'est déjà qu'on ait une nouvelle méthode sur la manière
01:46 avec laquelle on construit la loi.
01:48 J'ai appris ça aussi en étant présidente de groupe à l'Assemblée nationale.
01:51 C'est qu'on doit faire différent de ce qu'on faisait auparavant.
01:54 Et notamment dans la co-construction réelle.
01:56 C'est-à-dire qu'on n'arrive pas avec un projet de loi qui est déjà écrit et qu'on
02:00 soumet à l'Assemblée nationale et au Sénat.
02:02 On l'écrit ensemble.
02:03 En tout cas, moi c'est ce que je veux proposer à l'ensemble des groupes représentés à
02:06 l'Assemblée et au Sénat.
02:07 Mais pourquoi il a été… On entend, et vous le dites, qu'effectivement le grand âge,
02:11 on ne peut pas, le problème est là devant nous.
02:13 Pourquoi il a été reporté autant de fois ? Pourquoi d'une certaine manière, il passait,
02:20 il n'était pas prioritaire ce projet de loi grand âge ?
02:22 Je pense qu'il y a eu d'autres enjeux.
02:24 Après, il y a toujours des sujets de priorité, etc.
02:27 Mais il y a eu aussi d'autres manières de le traiter.
02:28 On l'a traité un peu d'un point de vue financier budgétaire.
02:32 On a créé ce qu'on appelle la cinquième branche.
02:33 Ça peut paraître très barbare ou très techno.
02:36 Mais en vérité, c'était aussi se donner les outils pour avoir des possibilités de
02:40 financement.
02:41 Et donc ça, on l'a fait.
02:42 On a attribué une fraction de la CSG pour financer cette branche autonomie.
02:46 C'est quand même 2,6 milliards d'euros.
02:48 Donc c'est pas rien.
02:49 Maintenant, ce qu'il faut, c'est surtout de dire que c'est pas dire rien.
02:51 L'idée, c'est de dire à un candidat en 2017 qui dit ça va être une priorité.
02:56 Le grand âge, c'est très important.
02:58 Et qui, au fur et à mesure des années qui passent, estiment que c'est pas forcément
03:03 la priorité.
03:04 Alors certes, il y a d'autres priorités.
03:05 Il y a eu le Covid et tout ça.
03:06 Je ne dis pas, mais j'essaie de comprendre comment un sujet aussi brûlant passe en dessous
03:10 de la pile.
03:11 Si on est un peu lucide, il est passé un peu en dessous de la pile de beaucoup de gens,
03:14 y compris même médiatiquement.
03:15 Je pense qu'il y a une forme de déni.
03:17 Je ne sais pas, peut-être de déni individuel face à notre propre vieillissement, de déni
03:20 collectif parce que c'est extrêmement violent et brutal de voir vieillir ceux qu'on aime,
03:24 de voir vieillir ses proches.
03:25 Et donc finalement, on l'a assez peu traité.
03:28 Regardez aussi la manière avec laquelle on parle des personnes âgées.
03:31 Même la pudeur sur les mots.
03:32 Les associations qui, justement, militent sur ces sujets-là, en ont ras-le-bol qu'on
03:37 dise « personnes âgées », ils disent « mais assumez, dites les vieux ». Après
03:39 tout, pourquoi avoir tant de pudeur ? Il y a eu un contre-salon des vieilles et des
03:43 vieux qui a été organisé.
03:45 Laura Adler, par exemple, y était.
03:46 Donc il y a aussi ça, c'est-à-dire quel est le discours ambiant qu'on a ? Le discours
03:50 ambiant, c'est que quand vous voulez montrer dans une émission une personne âgée, immédiatement
03:55 la représentation que vous en avez, c'est une personne dépendante.
03:58 Donc oui, il y a l'enjeu de la perte d'autonomie.
04:00 Oui, il y a l'enjeu de la dépendance.
04:02 Oui, il y a l'enjeu majeur du modèle économique de nos EHPAD.
04:05 Mais à la fin, par exemple, les EHPAD, c'est 700 000 personnes versus 20 millions de personnes
04:10 qui auront plus de 60 ans.
04:11 Donc vous voyez, il y a aussi toute la société qu'on doit réussir à faire progresser.
04:16 Culturellement sur ces sujets et qu'on doit faire évoluer.
04:19 Il ne faut pas qu'on limite ce seul sujet, comme on l'a trop souvent fait, à une question
04:22 sanitaire ou à une question médico-sociale.
04:24 Mais or, Berger, les associations disent « fixer un cadre pour 2030, une loi de programmation
04:29 pour 2030 », très bien.
04:30 Mais là, elles attendent des moyens et des moyens tout de suite.
04:35 Il y a les moyens qu'on a mis déjà sur la table.
04:37 Évidemment, je n'ignore pas la situation notamment des EHPAD.
04:40 La situation des EHPAD, elle est extrêmement difficile.
04:42 Extrêmement difficile parce qu'il y a des modèles économiques qui changent.
04:45 Extrêmement difficile parce que beaucoup d'entre eux sont en déficit.
04:48 Parce qu'il y a eu de l'inflation.
04:49 Malgré le bouclier énergétique, il y a eu aussi, malgré tout, une évolution des prix.
04:53 Il y avait la nécessité de mieux rémunérer les professionnels.
04:56 Mais ça veut dire que mieux rémunérer les professionnels, c'est aussi des coûts supplémentaires
05:00 évidemment pour les établissements.
05:01 Il y a aussi le développement de nouvelles maladies.
05:04 Les maladies neurodégénératives qui sont de plus en plus prévalentes dans notre société.
05:08 Donc ce n'est pas la même chose si vous voulez.
05:10 La conception des années 70, quand on avait de l'EHPAD, un peu de cette maison de retraite,
05:14 c'était "vous avez plus de 70 ans, vous allez en EHPAD".
05:17 Déjà les plus de 70 ans, ils ont des vies extraordinairement différentes les unes des
05:21 autres et encore une fois, des niveaux de dépendance ou d'autonomie extrêmement différents.
05:25 Donc c'est tout ce modèle qu'on doit réussir à repenser.
05:27 En amont de l'examen de cette proposition de loi, vous avez présenté la stratégie
05:33 interministérielle consacrée au bienveillir, aménagement des logements grâce à MaPrimeAdapt,
05:41 accessible dès 2024 aux plus de 70 ans, accessibilité renforcée des gares, mais aussi des enceintes
05:47 sportives, accès à la culture.
05:50 Mais les critiques sont dures sur ces différents points.
05:53 Le député socialiste Jérôme Guedge déplore un catalogue imprécis de mesures existantes.
06:00 De même, Yann Lagné, délégué général de l'Association des petits frères des pauvres,
06:04 qui regrette qu'il n'y ait rien de concret.
06:06 Au parisien, il dit que le dispositif n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
06:11 Stop aux annonces instagrammables, joliment présentées avec ministres sur estrade, mais
06:16 pas efficaces.
06:17 Vous leur répondez quoi ?
06:18 Déjà que c'est la première fois qu'il y a une stratégie interministérielle qui
06:20 est présentée, c'est important.
06:21 Il n'y a pas que le ministère des Solidarités et des Familles ou que le ministère de la
06:25 Santé par exemple qui doit porter cette question.
06:27 Parce qu'on doit parler logement, on doit parler mobilité, on doit parler culture,
06:30 on doit parler sport, on doit parler citoyenneté, on doit parler environnement.
06:33 En fait, c'est l'ensemble de la société qui doit se mettre au niveau pour être en
06:37 capacité encore une fois de faire face à ce qu'il y a encore une fois, je le rappelle,
06:41 plutôt une chance et une opportunité dans notre société de se dire qu'espérance
06:44 de vie va progresser.
06:45 Vous entendez ce qu'ils disent ? Ils disent que vous avez des catalogues, vous faites
06:48 l'interministériel, il y a des mesures que vous annoncez, mais ils disent que les associations
06:52 disent que ce sont des mesures sympathiques et cosmétiques, que le problème est tel
06:56 aujourd'hui où il y a un manque de bras dans les EHPAD, il y a un manque de bras
07:00 d'aide à domicile, les métiers ne sont pas attractifs, les gens ne veulent pas y
07:06 aller, que là, les petites mesurettes que vous...
07:09 C'est ce que disent les associations.
07:11 Pas tous, vous en avez cité deux, je pourrais en citer bien d'autres qui eux se sont félicitées
07:14 sans s'arrêter au robinet, par exemple sur la Fédération Hospitalière de France,
07:17 qui se félicitent par exemple des annonces.
07:18 Mais vous entendez ce qu'on dit ? C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il y a une montagne
07:22 à faire et qu'ils disent pas "vous faites rien", ils disent "c'est très peu".
07:26 Il y a les deux, je suis désolée, mais il y a à la fois des mesures précises qui
07:30 doivent être prises pour que partout, que ce soit dans nos villes, dans nos villages,
07:35 dans nos services publics, dans l'ensemble des ministères et des opérateurs de l'État
07:39 et des administrations, on se mette à niveau.
07:41 C'est ça qu'on a présenté, c'est cette trajectoire qu'on donne.
07:45 Il y a une loi de programmation.
07:46 La loi de programmation va faire quoi ? Elle va se dire face aux défis démographiques
07:49 concrètement comment on fait ? Comment on fait avec les départements ? Parce qu'à
07:53 la fin, au départ, c'était une compétence des départements la question de l'autonomie.
07:56 Comment les départements vont réussir à faire face ? Comment on garantit qu'on
08:00 ait la même personne âgée, quel que soit le territoire dans lequel on est ? Qu'on
08:03 va avoir le même niveau de prise en charge, le même type d'accompagnement et comment
08:07 on garantit d'avoir des professionnels en face ?
08:08 Et comment on garantit d'avoir des professionnels en face ? Il faut revaloriser ce métier ?
08:13 On a déjà revalorisé le métier et il faut continuer à le faire, je pense en particulier
08:17 aux aides à domicile.
08:18 Les aides à domicile, c'est le métier le plus féminin de notre pays.
08:22 On ne dit pas 100%, on dit 99%.
08:25 Mais c'est aussi l'un des métiers où il y a le taux de pauvreté qui est le plus
08:27 important.
08:28 On est à 19% de taux de pauvreté.
08:30 Pour plein de raisons.
08:31 Déjà parce que pendant longtemps, ce n'était pas considéré comme des métiers.
08:33 C'était les femmes avant qui occupaient ces fonctions-là.
08:36 C'est les femmes qui s'occupaient de leurs parents, de leurs grands-parents, des personnes
08:39 en situation de handicap, des personnes en perte d'autonomie.
08:42 Donc déjà, on a mis du temps à reconnaître que oui, c'était un métier.
08:44 Que oui, c'était un métier qui était technique.
08:46 Moi, je ne sais pas aller au domicile de quelqu'un pour le lever, pour le porter, pour l'accompagner,
08:51 pour le doucher.
08:52 Et donc, c'est un métier qui nécessite aussi une meilleure rémunération.
08:56 Aujourd'hui, il y a un vrai problème qui existe sur ce métier où vous êtes en permanence
09:00 à faire des temps de trajet parce que vous allez d'un domicile à l'autre.
09:03 Et ces temps de trajet, ils ne sont pas valorisés.
09:05 Ce qu'on appelle des temps invisibles.
09:07 Il n'y a pas que le temps où vous êtes aux côtés de la personne.
09:09 Il y a le temps aussi où vous y allez.
09:11 C'est le seul métier dans notre pays où vous avez autant la nécessité de ce trajet.
09:15 Et alors, comment vous allez faire ?
09:16 Comment vous allez regarder ?
09:17 C'est de revoir la manière…
09:18 Ça, les faits, effectivement, ils ont été très bien décrits par François Rémy.
09:19 C'est de revoir la manière avec laquelle c'est financé.
09:21 C'est Bruno Bonnel de chez vous, de Renaissance, qui avait fait tout un travail sur les adresses.
09:24 Il y a Rémy El Khomri aussi qui a beaucoup travaillé sur ce sujet récemment.
09:27 Oui, alors quoi ?
09:28 Revoir la manière avec laquelle c'est financé.
09:29 Aujourd'hui, il y a une tarification qui est une tarification à l'heure.
09:32 Ça ne marche pas.
09:33 D'ailleurs, en général, vous savez qu'on a fait des tarifications à l'acte ou des
09:36 tarifications à l'heure.
09:37 Ça s'est souvent retourné contre les professionnels et donc contre la prise en
09:40 charge des personnes.
09:41 Donc, c'est ça, évidemment, qu'on doit revoir en lien avec les départements.
09:44 Quand ? Comment ?
09:45 Aujourd'hui, dans la proposition de loi qu'on examine, puisque je propose un amendement
09:48 du gouvernement pour qu'on puisse, avec des départements pilotes qui souhaitent s'engager
09:52 à nos côtés, revoir cette tarification.
09:55 Parce que de toute façon, c'est notre intérêt commun.
09:57 On ne saura pas recruter si on ne valorise pas ces métiers dans la société et si
10:01 donc on ne les reconnaît pas à leur juste valeur, y compris d'un point de vue budgétaire, financier.
10:05 Passons par le standard d'Inter.
10:06 Fabienne nous y attend.
10:08 Bonjour Fabienne.
10:09 Oui, bonjour Monsieur Demorand, Madame Berger.
10:13 Alors, moi, je voulais mettre l'accent sur un problème qu'il y a en Ehpad.
10:17 Je pense que vous avez vu, comme moi, ce qui s'est passé dans l'article de 60 millions
10:22 de consommateurs.
10:23 C'est exactement ce que vivent les gens en Ehpad, c'est-à-dire des produits de
10:27 mauvaise qualité, mal préparés, mal présentés, souvent froid.
10:33 Et donc, je pense que là, vous parlez argent.
10:36 Je pense que quand on sous-traite… Bon, moi, l'Ehpad dans lequel est maman, c'est
10:41 Elior, mais ils font la même chose dans les cantines.
10:45 Et donc, moi, je voulais mettre l'accent sur le moment des repas, parce que c'est
10:49 un moment que les gens attendent.
10:51 Et donc, je fais partie du conseil de vie sociale de la maison de retraite.
10:56 À chaque fois, nous alertons là-dessus et visiblement, la direction est à l'émalier
11:01 avec le contraint qu'elle a avec les multinationales de l'alimentation.
11:06 Voilà, je vous en prie.
11:07 Merci Fabienne.
11:08 Merci pour cette question et ce témoignage.
11:11 Pourquoi si peu d'argent pour l'alimentation dans l'Ehpad dont parle notre auditrice ?
11:17 Et sur la question de l'alimentation en général dans ces établissements, Aurore ?
11:21 La question de l'alimentation, c'est non seulement un moment qui est un moment de
11:24 vie sociale, évidemment, surtout en France, mais c'est aussi un moment de santé.
11:28 Le risque de dénutrition chez les personnes âgées, c'est l'un des principaux risques
11:32 ensuite pour leur santé.
11:34 On a mis en place un vaste plan de contrôle des Ehpad.
11:37 En deux ans, on aura réussi à contrôler les 7500 Ehpad de notre pays.
11:41 Et quand on dit les contrôler, ce n'est pas juste la question des malversations financières
11:44 qui avaient malheureusement prévalu au sein d'Orpea et qui avaient été révélées
11:49 dans un livre notamment et dans une enquête, mais c'est contrôler la qualité de la prise
11:54 en charge, la sécurité des personnes.
11:56 Donc la question de l'alimentation, la question du risque de dénutrition, c'est évidemment
12:00 au cœur des contrôles qui sont mis en place.
12:02 Gérard est en ligne, vous nous appelez de la Nièvre.
12:05 Bonjour, bienvenue.
12:07 Bonjour à toute l'équipe et bonjour Madame Berger.
12:10 Bonjour.
12:11 On vous écoute.
12:12 J'avais cette question toute simple.
12:14 Que fait-on pour les 3000 enfants qui dorment encore dans la rue à notre époque et dans
12:18 notre pays ? Merci beaucoup pour votre réponse.
12:21 Merci à vous Gérard pour votre question.
12:23 Aurore Berger.
12:24 On a mis en place avec l'UNICEF, parce que c'est l'UNICEF qui a beaucoup travaillé
12:29 sur cette question-là, un observatoire.
12:31 Alors je dis ça, ça peut paraître donnant de dire qu'il y a besoin d'un observatoire.
12:35 Mais c'était une demande de l'UNICEF France de dire à un moment on veut savoir concrètement
12:38 ce qui se passe et pourquoi on a encore des enfants qui peuvent dormir à la rue de manière
12:42 à aller les chercher, les accompagner.
12:44 On a garanti aussi les places d'hébergement d'urgence.
12:47 203 000 places d'hébergement d'urgence pour garantir évidemment qu'il n'y ait pas
12:51 un enfant qui puisse continuer à dormir à la rue.
12:53 Et puis ensuite, il y a la qualité de cet hébergement d'urgence.
12:56 Typiquement quand vous y êtes avec des enfants en bas âge, mais que dans ces hébergements
12:59 vous n'avez pas les moyens de faire à manger.
13:02 Parce qu'il n'y a pas de cuisine, que vous ne pouvez pas préparer les repas de vos enfants,
13:05 c'est un problème.
13:06 Donc là encore, on a renforcé les moyens financiers dans le cadre du Pacte des Solidarités
13:11 pour garantir que 1) il n'y ait pas un enfant qui dorme à la rue, pour le faire en lien
13:14 avec les associations, pour garantir des places d'hébergement d'urgence et pour le faire
13:18 dans des conditions où ces enfants seront accueillis dignement.
13:21 Ce n'est pas juste dormir dans une chambre ou dans un lit, c'est aussi leur garantir
13:24 l'accès à des services qui sont des services essentiels.
13:27 Enfin, c'est qu'il y ait des médiateurs en lien avec l'éducation nationale, parce
13:30 qu'on a trop d'enfants qui, dans le cadre de ces types d'hébergement, ne vont pas à l'école.
13:35 Et ne pas aller à l'école, c'est évidemment une perte de chance phénoménale sur leur avenir.
13:39 Et c'est aussi l'accès, là encore, au sport, à la culture, à l'apprentissage.
13:43 Donc c'est tout ce plan-là qu'on met en place pour qu'évidemment, on n'ait plus d'enfants
13:47 qui puissent dormir à la rue dans notre pays.
13:49 Une question sur les violences conjugales, Aurore Aubergé, parce que vous avez un portefeuille
13:52 qui est très large.
13:53 Vous avez l'enfance, vous avez les personnes âgées, les vieux, comme vous dites, on en
13:57 a parlé.
13:58 Et il y a aussi les femmes et les violences faites aux femmes.
14:01 245 000 victimes de violences conjugales ont été recensées en 2022.
14:04 C'est 15% de plus que l'année d'avant.
14:07 Les associations y voient le signe d'une meilleure prise en compte de leurs paroles,
14:10 certes, certes.
14:11 Mais ce chiffre est sidérant et ne baisse pas.
14:13 118 femmes ont perdu la vie aussi l'an dernier.
14:16 C'était la grande cause nationale d'Emmanuel Macron depuis 6 ans et les chiffres ne baissent
14:21 pas de ce point de vue-là.
14:22 Reconnaissez-vous une impuissance à faire bouger les choses ?
14:26 Si on reconnaît une impuissance, ça veut dire qu'on arrête toute politique publique
14:29 et qu'on laisse tomber.
14:30 On ne pouvait pas être autrement du gouvernement et dire que ça ne sert à rien.
14:35 Parce que la formation des policiers et des gendarmes, la capacité évidemment à accompagner
14:39 les femmes, la manière avec laquelle on en parle depuis quelques années, je pense que
14:43 non.
14:44 Heureusement, il y a quand même des choses qui ont changé.
14:46 C'est Bérangère Couillard qui est ministre déléguée en charge de la lutte contre les
14:48 violences faites aux femmes, notamment.
14:50 A partir du 1er décembre, on va généraliser ce qui a été voté à l'Assemblée qui
14:54 est une aide d'urgence.
14:55 Aujourd'hui, en moyenne, une femme qui est victime de violences, elle va faire 7 allers-retours.
14:59 7 allers-retours entre le moment où elle prend la décision de vouloir partir et le
15:04 moment où elle part effectivement.
15:06 Alors il y a la question de l'emprise dont on a beaucoup parlé, mais au-delà de ça
15:09 en vérité, c'est aussi que concrètement, partir, elle n'en a pas forcément les moyens.
15:13 Elle fait comment en fait pour prendre un train, pour aller rejoindre sa famille ?
15:17 Elle fait comment pour avoir une première nuit d'hôtel ?
15:19 Elle fait comment face parfois à une espèce d'imbroglio des services publics des différents
15:24 opérateurs ?
15:25 Elle fait comment à partir du 1er décembre ?
15:28 Toutes les CAF dans notre pays qui sont très bien identifiées ou en ligne, elle pourra
15:32 demander une aide d'urgence qui lui sera automatiquement versée, minimum de 600 euros,
15:37 pour lui garantir justement ses premiers jours, ses 2-3 premières semaines où elle pourra
15:41 partir.
15:42 Et ensuite, surtout évidemment, ce n'est pas juste une aide financière, c'est être
15:45 accompagnée, être soutenue et avoir l'ensemble des services de l'État qui se mettent à
15:49 sa disposition pour garantir que le départ soit un départ réel et qu'elle ne retourne
15:54 pas.
15:55 Donc là c'est une annonce que vous faites ce matin, c'est-à-dire qu'à partir du
15:58 1er décembre, une femme qui est victime de violences conjugales doit appeler sa CAF ?
16:05 Elle appelle sa CAF, elle se rend dans sa CAF, elle va sur le site internet de la CAF et
16:08 elle aura accès dans les 3 à 5 jours maximum à une aide d'urgence qui sera débloquée
16:14 minimum de 600 euros.
16:15 C'est plus si elle a des enfants par exemple, parce que l'idée c'est évidemment qu'elle
16:18 puisse partir avec les siens.
16:20 Je crois que là c'est une vraie simplification, mais c'est surtout une réponse immédiate
16:24 à des problèmes très concrets.
16:25 On ne peut pas avoir des femmes qui confondent une fois cette allère.
16:27 Parce qu'aujourd'hui c'était comment ? Ça prenait trop de temps ?
16:29 Il n'y avait pas vraiment d'aide d'urgence, il y avait des aides parfois soutenues par
16:32 certaines CAF, ici par certaines associations.
16:34 Bref, le problème c'est qu'à partir du moment où vous vivez les violences conjugales
16:38 et à partir du moment où vous avez le courage de vous dire que pour votre survie ou pour
16:43 celle de vos enfants il faut partir, en fait c'est toute la société qui doit se mettre
16:46 à votre disposition pour que ça puisse être possible.
16:49 Donc c'est ça qu'on fait à partir du 1er décembre.
16:51 Retournons au standard où d'autres questions nous parviennent sur l'âge, les âges, le
16:57 grand âge.
16:58 Chantal, bonjour !
16:59 Oui, bonjour !
17:00 On vous écoute, soyez la bienvenue !
17:02 Merci, merci Nicolas.
17:04 J'ai 76 ans aujourd'hui et je me dis que demain ça va avancer très vite.
17:10 Je suis pour l'instant en capacité de m'occuper de moi, mais demain avec la petite retraite
17:17 que j'ai et si j'arrête de travailler parce que je suis obligée de travailler encore
17:21 aujourd'hui pour payer un loyer, j'ai regardé dans les maisons de retraite, il n'y en a
17:27 aucune au prix où elles sont qui pourront m'accueillir.
17:30 Alors parler des solidarités, c'est un peu noyer le poisson.
17:34 C'est de la solidarité dont il faut parler.
17:38 C'est le mot tout seul avec son "la" solidarité.
17:43 Parce que je fais comment ? Je ne peux pas aller habiter chez mes enfants, je ne veux
17:47 pas les embêter.
17:48 Et aucune maison de retraite ne me recevra.
17:51 Donc je dormirai où ? Je fais comment pour vivre demain ?
17:54 Vous travaillez encore ? Vous dit Chantal, que faites-vous ? Quel métier ?
17:59 Je suis dans la psychothérapie, je reçois encore un petit peu de patients parce que
18:04 mon esprit est bon, mais demain ça galope la vieillesse et je devrais m'arrêter peut-être
18:11 bientôt.
18:12 Voilà.
18:13 Et le physique peut suivre aussi, donc je fais comment ?
18:17 Merci, merci Chantal pour ce témoignage.
18:22 Comment répondre à l'inquiétude qu'on vient d'entendre ?
18:26 Il y a l'inquiétude pour soi-même, il y a l'inquiétude immédiatement aussi qui est
18:29 formulée pour ses proches en disant "je ne veux pas devenir une charge demain pour mes
18:32 enfants, pour mes petits-enfants".
18:33 Oui, puis "je n'ai pas les moyens".
18:34 Et il y a le "je n'ai pas les moyens".
18:36 Déjà, il n'y a pas une seule réponse parce que Chantal, comme beaucoup d'autres, la seule
18:40 réponse ce n'est pas forcément l'EHPAD.
18:42 La plupart des Français, quand on leur demande, ils veulent continuer à vivre chez eux parce
18:45 que c'est là où ils se sentent bien, c'est là où ils ont leurs souvenirs, c'est là
18:48 où ils ont leur vie tout simplement.
18:50 Donc il y a ce qu'on fait sur le logement, concrètement, parce qu'à un moment, quand
18:54 on a une perte d'autonomie, si on a une chambre à l'étage, c'est des choses très pratiques,
18:58 mais ça fait que vous ne pouvez pas forcément continuer à vivre chez vous.
19:00 Donc à partir du 1er janvier, il y aura une aide dont Chantal, je pense, pourra donc bénéficier
19:05 vu à la fois son âge et son niveau de revenu qui va lui permettre d'adapter son logement.
19:09 Il vaut mieux l'anticiper, évidemment, il ne faut pas attendre d'être déjà en perte
19:12 totale d'autonomie pour pouvoir le faire.
19:14 Et puis, il y a en effet, on en parlait, la question des aides à domicile.
19:17 C'est-à-dire qu'encore une fois, parfois, il y a l'adaptation du logement, mais on a
19:20 quand même besoin de quelqu'un qui vient nous aider, nous accompagner.
19:23 Et puis enfin, il y a tout le parcours des personnes.
19:26 Parfois, on a chuté chez soi.
19:28 Et donc, on ne se sent plus rester à domicile.
19:30 Pour autant, on n'a pas envie d'aller dans un EHPAD.
19:33 Eh bien, on a d'autres solutions qui existent, d'habitat inclusif, d'accueil familial,
19:38 de résidence senior.
19:39 C'est ça qu'on veut évidemment développer.
19:41 Et puis, il y a évidemment l'EHPAD, qu'on a besoin d'une solution qui est plus médicalisée.
19:45 Et là, pour les personnes qui ont les plus faibles niveaux de revenus, à ce qu'on appelle
19:48 l'habilitation à l'aide sociale, qui fait qu'il y a des places qui sont réservées,
19:52 qui ne sont pas au prix, j'allais dire, que vous pouvez lire sur Internet, et qui
19:56 peuvent garantir que les personnes qui ont les revenus les plus fragiles puissent évidemment
20:00 être accueillies dans les réhabilitations.
20:01 - Or, Berger, deux réactions, pardon, sur ce que vous vous êtes annoncé sur les violences
20:05 faites aux femmes et "appelez la CAF", et on vous versera une nette d'urgence de 600 euros.
20:11 Deux réactions immédiates.
20:12 Sonia, "appelez la CAF en cas d'urgence", on voit bien que Mme Berger n'a jamais essayé
20:16 de les joindre.
20:17 Sophie, "téléphonez à la CAF en urgence", vous avez déjà essayé ?
20:21 - Alors, déjà, il y a des agents, quand même, et qui sont heureusement compétents
20:25 et efficaces.
20:26 Il y a différents moyens de joindre la CAF.
20:28 Il y a les appeler, il y a aller sur place, il y a aller sur Internet.
20:32 Je pense que la plupart des gens aujourd'hui peuvent aller faire leur démarche et parfois
20:35 le font aussi.
20:36 Donc, il y a tout ça.
20:37 D'ailleurs, on augmente le nombre de personnes dans les CAF, pour qu'il y ait un accueil
20:41 beaucoup plus humain aussi, pour qu'on ait justement, enfin, quelqu'un au bout du fil,
20:45 quelqu'un derrière un guichet, quelqu'un qui accompagne.
20:48 L'avantage des CAF, c'est quoi ? C'est qu'il y en a partout sur le territoire.
20:51 Il y en a partout dans les départements.
20:52 C'est des gens qui se sont identifiés.
20:54 C'est des agents qui en ont confiance.
20:56 Parce que l'objectif, c'est ça.
20:57 C'est que la personne qui a déjà vécu les violences, elle ait une démarche simple
21:01 à effectuer, à réaliser auprès d'interlocuteurs qu'elle connaît et en qui elle peut avoir
21:05 confiance.
21:06 C'est la raison pour laquelle on a pensé aux CAF.
21:08 Et puis parce qu'ils peuvent immédiatement aussi permettre de faire le versement en
21:11 quelques jours à peine sur un compte bancaire.
21:13 Dernière question, Ror Berger.
21:14 Emmanuel Macron a promis une loi sur la fin de vie.
21:17 Faudrait-il un référendum sur une question de ce genre ?
21:20 Et vous, à titre personnel, quelle est votre position sur le fond de ce sujet ?
21:25 Ce qu'il faut un référendum, ce n'est pas à moi de le dire.
21:27 Ce sera au président de la République évidemment de l'arbitrer.
21:29 C'est sa prérogative.
21:30 Je pense que c'est quand même un très beau débat qui mérite non seulement un débat
21:34 de société, évidemment avec les Français, mais qui mérite aussi un beau débat à l'Assemblée
21:38 nationale et au Sénat.
21:39 J'espère qu'il y aura aussi un climat dans ce débat qui permettra d'avoir quelque
21:43 chose de respectueux.
21:44 C'est un débat qui est beaucoup trop sensible, beaucoup trop humain, beaucoup trop intime.
21:49 Quelle est votre intime conviction à vous ?
21:50 Moi, mon intime conviction...
21:51 C'est qu'il faut aller plus loin que la loi Claes-Leonetti ?
21:54 C'est déjà qu'il faut que la loi Claes-Leonetti soit appliquée partout sur le territoire.
21:58 C'est pour ça que dans le projet de loi qui est travaillé par Agnès Firmin-Lebaudot,
22:01 il y a d'abord la question des soins palliatifs et de la proposition qui doit être faite
22:05 systématiquement d'avoir accès aux soins palliatifs.
22:07 On ne meurt pas bien de la même manière en France.
22:10 Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas partout accès aux soins palliatifs.
22:13 C'est ça déjà qu'il faut résoudre.
22:15 Et après, écoutez, on va travailler ensemble et conjointement sur un projet de loi qui
22:19 doit respecter le libre choix des personnes.
22:21 Moi, ma conviction, c'est d'abord d'avoir un débat de qualité, de permettre que les
22:25 soins palliatifs soient réels partout sur le territoire et que surtout, surtout, ce
22:30 débat ne donne pas l'impression aux personnes, notamment aux personnes les plus fragiles
22:34 ou en situation de handicap, qu'elles ne seraient pas un atout pour notre société
22:38 parce que c'est une de leurs craintes.
22:40 Ok, on n'a pas vraiment la réponse.
22:42 Alors plutôt contre.
22:43 Si j'arrive à bien dire, c'est plutôt contre.
22:45 C'est difficile de vous répondre en 15 secondes.
22:47 On entend l'ultra-son comme vous dites.
22:48 Merci beaucoup.

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